• ctaubira

    Nicolas
    Gauthier

     

    Journaliste, écrivain.
    Nicolas Gauthier est auteur avec Philippe Randa des Acteurs de la comédie politique. 29 € À commander en ligne sur francephi.com.

    Ce mardi dernier, Christiane Taubira, garde des Sceaux, a fait passer une circulaire tendant à favoriser la naturalisation d’enfants issus de mères porteuses et conçus à l’étranger. Pourtant fignolée en loucedé, l’affaire commence à faire du bruit.

    Christiane Taubira est-elle politiquement fiable ?

    Insolite pour une dame ayant voté l’investiture du gouvernement Balladur en 1993. Pour ensuite rallier la liste Énergie radicale menée par Bernard Tapie, parangon d’humanisme comme chacun sait, l’année suivante aux élections européennes. On ajoutera que c’est encore grâce à cette « antiraciste » invétérée qu’un certain Jean-Marie Le Pen a pu accéder au second tour de l’élection suprême, un certain 21 avril 2002, tout ça parce que Christiane Taubira aura grignoté à Lionel Jospin les quelques voix qui lui manquaient… En 2008, cela ne la dérangea pas non plus d’être chargée par Nicolas Sarkozy d’une mission relative aux « accords de partenariats économiques entre les pays de l’Union européenne et ceux de l’ACP », comprendre « Afrique, Caraïbes et Pacifique ». Il n’est pas interdit de s’interroger…

    Christiane Taubira est-elle raciste ?

    Ayant donné son nom à la loi n°2001-434, votée le 10 mai 2001 – notez la référence mitterrandienne – et tenant la traite négrière pour « crime contre l’humanité », la donzelle néglige les responsabilités arabes et noires dans l’ignoble trafic. Mise en cause par des historiens de tous bords, elle assure qu’il fallait éviter « d’évoquer la traite négrière arabo-musulmane afin que jeunes Arabes ne portent pas sur leur dos tout le poids de l’héritage des méfaits des Arabes. » Malgré l’emberlificotage du bidule, on peut conclure, sans grand risque de se tromper, qu’il est tout à fait possible d’être une racialiste noire, de donner dans la xénophobie antiblanche tout en pratiquant un racisme patelin vis-à-vis des Arabes. Là, plus que de s’interroger, on peut aussi se perdre en conjectures…

    Christiane Taubira est-elle humaniste ?

    Hormis son discours grotesque à l’Assemblée nationale de ce même mardi, conclu par des vers de mirliton et dignes d’une classe de cinquième, il ne faut pas perdre de vue ce que nous dit sa circulaire en question. Laquelle permet d’officialiser le fait voulant que, par la seule grâce du portefeuille, seul devienne Français celui dont les parents auront les moyens de s’offrir cette naturalisation. Alors que ces infortunés nourrissons, monnayés sur Internet, auront été conçus d’ignoble façon. Soit des malheureux dont le ventre de la mère, pauvre et issue de ce tiers-monde social et ethnique que le ministre en question fait pourtant mine de défendre, auront été loués en CDD par un couple de milliardaires, avec monsieur impuissant et madame ménopausée. Un peu comme d’autres, jouant les marchands de sommeil, louent à prix d’or des taudis à des miséreux. Pierre Bergé assurait que l’intérieur des femmes était marchandise semblable aux bras des hommes. D’accord, puisque tout n’est désormais plus que mercantilisme. Mais dans son infernale logique, Christiane Taubira présente des arguments qui n’en sont pas. À l’en croire, il faudrait donner un statut à ces enfants sans père ni mère. Loin de lutter contre l’injustice, elle donne seulement un cadre légal à cette dernière, tout en accompagnant décadence et ignominie.

    Nicolas Gauthier, le 31 janvier 2013

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  • Cet entretien fait suite à la conférence : Aux sources du mondialisme de décembre dernier.

    Pierre Hillard est docteur en sciences politiques et essayiste français. Dans cet entretien il dresse pour les non-alignés une vue d’ensemble des méthodes et projets du mondialisme. Il remonte ensuite à travers les siècles jusqu’aux sources messianiques les plus anciennes de ce projet. Il nous livre ici une analyse encore inédite des ambitions et des visées mondialistes. L’avènement d’un État mondial est-il inéluctable ? Quelle métaphysique sous-tend cette ambition totalitaire ? Qui veut rebâtir Babel ? A quoi devons-nous nous préparer et une alternative est-elle encore envisageable ?


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  • Nouveau mot d'ordre de BHL : " L'Algérie "doit connaitre" son printemps arabe !" C'est à dire : mettre l'Algérie à feu et à sang ? C'était il y a quelques mois lors d'un colloque à Marseille. Depuis, les hirondelles du printemps arabe n'ont pas envahi le ciel algérien, et ceux qui, en Tunisie, en Egypte et en Libye, criaient victoire il y a deux ans, bronzent aujourd'hui sous le soleil brûlant de la démocratie islamiste, de la faillite économique et de la misère sociale.

     
    Ce faux chef de la diplomatie française durant la crise libyenne vient de déclarer lors du colloque tenu à Marseille intitulé « La guerre d’Algérie…cinquante après » : « L’Algérie n’est pas un pays arabe ni islamique mais un pays juif et français, sur un plan culturel » et il ajouta « que l’Algérie connaîtra elle aussi un printemps arabe ».
    BHL nous annonce, à son insu, ce que nous savons déjà, que les révolutions arabes sont le fruit de conspirations étrangères et une punition collective infligée aux pays qui n’acceptent pas les diktats israélo-américains. BHL n’a-t-il pas déclaré aussi que : « Ces printemps arabes, c’est bon pour Israël. »

    Le tout premier intellectuel à avoir démasqué l’imposture du « printemps arabe » est l’ancien Ambassadeur de la Tunisie à l’UNESCO, M.Mezri Haddad. En effet, dès janvier 2011, alors que tout le monde vibrait pour la « révolution du jasmin », il a tout de suite vu dans cette hystérie collective un danger pour la Tunisie et pour l’ensemble du monde arabe. Tout de suite après l’intellectuel algéro-canadian Ahmed Bensaada, dans son livre "Arabesque Américaine", Mezri Haddad a publié en septembre 2011 "La face cachée de la révolution tunisienne. Islamisme et Occident : une alliance à haut risque", dans lequel il a qualifié Bernard Henri Lévy de Lawrence de Libye, ayant induit en erreur la France en « l’entrainant dans une croisade néocoloniale qui lui a coutée 200 millions d’euros et qui a fait en Libye près de 100 000 morts, pour la plupart des civils ». Si BHL se félicite et s’auto-félicite d’avoir « sauvé Benghazi d’un bain de sang » imaginaire et d’avoir agi par amour de la démocratie et par respect des droits de l’homme, pour Mezri Haddad, BHL est « complice de crime de guerre et de crime contre l’Humanité…qui a agi contre les intérêts de la France et pour les intérêts exclusifs de sa seule et véritable patrie, Israël ». Selon le philosophe tunisien, BHL n’est pas le « pape du sionisme en France, mais le relais du sionisme américain au pays de De Gaulle ». Pour lui, le « feu du printemps arabe dont la première flamme s’est déclenchée en Tunisie, va détruire le peu qui reste de la dignité arabe et mènera à la vassalisation du monde arabe à l’hyper-puissance américaine. Ce n’est ni plus ni moins que le déploiement du projet de Grand-Moyen-Orient qui a démarré en Irak, en 2003 ». Mezri Haddad parle clairement d’un « pacte islamo-sioniste », sous la houlette du Qatar, qui consiste à faire imploser le monde arabe en minuscules Etats néo-wahhabites, radicalement opposés à l’Iran chiite ».

    C’est dans le même livre que l’ancien Ambassadeur tunisien écrit « C’est en cela que l’Algérie, dont l’attitude face au conflit libyen honore les enfants d’Abdelkader, restera dans le collimateur des bédouins du Qatar et de leurs maîtres israélo-américains. Et dans ce combat de la démocratie contre la dictature, Bernard-Henri Lévy sera encore plus motivé que dans sa croisade contre la Libye. Ne témoigne t-il pas depuis des années son attachement affectif, plus exactement affecté, pour l’Algérie algérienne ? ».

    Selon le magazine français Afrique-Asie de décembre 2011, Bernard-Henri Lévy, encore et toujours, « l’intellectuel faussaire », dénoncé par le politologue Pascal Boniface, a jeté le masque. Evoquant sa « mission » en Libye, il a déclaré le 21 novembre, lors de la première convention nationale du Conseil représentatif des organisations juives de France (CRIF) : « C’est en tant que juif que j’ai participé à cette aventure politique, que j’ai contribué à définir des fronts militants, que j’ai contribué à élaborer pour mon pays une stratégie et des tactiques…Je ne l’aurais pas fait si je n’avais pas été juif…J’ai porté en étendard ma fidélité à mon nom et ma fidélité au sionisme et à Israël ».

    On comprend bien maintenant la phrase du philosophe tunisien Mezri Haddad, dans son interview à France Soir : « Allah est grand et Bernard-Henri Lévy est son prophète ».

    On se souviendra longtemps de cette formule de l'ancien Ambassadeur tunisien, qui a été reprise par Thierry Ardisson dans son émission Salut les Terriens, le 26 novembre 2011
    Tunisie-secret.com

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  • ONU : Israël boycotte une session spéciale qui lui est consacrée


    Israël a boycotté mardi une session spéciale du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU qui lui est consacrée, une première dans l'histoire de cette instance.

    "Je constate que la délégation israélienne n'est pas dans la salle", a déclaré le président du Conseil, Remigiusz Henczel, à l'ouverture de la session.

    Il a ensuite suspendu la séance, indiquant qu'elle reprendrait à 15H00 (14H00 GMT) afin que les pays membres du Conseil puissent "évaluer la situation et parvenir à une décision".

    Israël n'est pas un des 47 membres du Conseil, mais il a l'obligation, comme tous les pays membres de l'ONU, de se soumettre à cet examen (appelé Examen périodique universel).

    "Nous avons coupé tous les contacts avec le Conseil en mars dernier", a rappelé un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, ajoutant: "Notre politique n'a pas changé".

    Israël a coupé les ponts avec le Conseil des droits de l'Homme lorsque celui-ci a décidé en mars 2012 de lancer la première mission d'enquête internationale indépendante sur les conséquences de la colonisation en "territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est".

    Le 10 janvier, la mission israélienne auprès de l'ONU avait notifié par téléphone au président du Conseil qu'elle souhaitait reporter la session.

    Mais depuis, "il n'y a eu aucune nouvelle communication", a expliqué mardi le président du Conseil aux diplomates réunis à Genève.

    Une coalition de 15 ONG israéliennes et palestiniennes a dénoncé dans un communiqué les "lourdes conséquences" de ce boycottage par Israël.

    "Ce manque de transparence signifie non seulement qu'Israël évitera une critique rigoureuse de ses violations du droit international mais l'Examen périodique universel sera miné par la perte de deux de ses principes fondamentaux: l'égalité et l'universalité", selon le texte.

    Dans un courriel envoyé en octobre à l'AFP, la mission israélienne auprès de l'ONU à Genève avait expliqué qu'Israël entendait suspendre ses relations avec le Conseil "aussi longtemps qu'il sera traité différemment des autres pays".

    Outre l'enquête sur les implantations israéliennes, Israël déplore notamment le fait qu'il soit le seul pays avec un point fixe à l'ordre du jour de chacune des trois sessions annuelles du Conseil.

    Israël dénonce aussi le fait qu'il soit l'un des pays sur lesquels le Conseil a voté le plus grand nombre de résolutions.

    Pour sa part, M. Henczel, a déploré mardi la décision d'Israël et demandé aux autorités "de coopérer à nouveau".

    Dans un projet de décision qu'il a présenté aux 47 Etats membres du Conseil, il a proposé "de reprogrammer la session sur Israël afin qu'elle ait lieu en 2013".

    http://www.lorientlejour.com/category/Derni%C3%A8res+Infos/article/798392/ONU_%3A_Israel_boycotte_une_session_speciale_qui_lui_est_consacree.html http://www.lorientlejour.com/category/Derni%C3%A8res+Infos/article/798392/ONU_%3A_Israel_boycotte_une_session_speciale_qui_lui_est_consacree.html


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  • manifpourtous

     
    Gabrielle
    Cluzel

     

    Tout le monde s’accorde à le dire, et même, du bout des lèvres, certains membres du gouvernement : la manif de ce 13 janvier est un immense, un inespéré succès.

    Un succès d’autant plus grand qu’elle a fait descendre dans la rue la France des taiseux, la France qui ne fait pas de bruit, la France bien élevée qui ne veut pas déranger, celle qui bosse et paie sans moufeter ses impôts, celle qui n’a jamais commis plus gros délit que de dépasser le temps imparti par un horodateur, celle qui cède sa place dans les transports en commun et aide les vieilles dames à monter leurs bagages dans le train.

    La France dont on ne parle pas au 20 heures, parce que ses enfants ne dealent pas, ne squattent pas, ne brûlent pas les voitures et ne cassent pas la gueule aux profs, la France qu’aucun gouvernement ne cherche à ménager tant on la sait docile, respectueuse des lois et de l’ordre établi. La gentille France familiale, catholique ou pas, qu’on prend quelquefois, il faut bien le dire, pour toutes ces raisons-là, au choix, pour une bonne poire ou pour une vache à lait.

    Et c’est cette France-là qui est venue manifester en masse, avec ses poussettes surchargées, ses innombrables jeunes perchés sur les chars, ses enfants ravis pour une fois d’échapper aux devoirs du dimanche, cette France-là qui est venue protester, crier, tempêter : « François, ta loi on n’en veut pas ! », « Taubira, t’es foutue, les familles sont dans la rue !»

    Fallait-il, pour que ces gens-là sortent de leurs gonds, que la cause les ait scandalisés, touchés, indignés.

    Parmi eux, pas de professionnels de la manif, de vieux routards syndicalistes que l’on voit fondre sur Paris comme les oiseaux migrateurs dès que la saison des conflits sociaux arrive et qui, entre grèves et cortèges, vous bloquent et vous prennent en otage un pays. Si innocents, ces manifestants du dimanche, qu’il a fallu leur expliquer quelques vieilles ficelles : que, pour le comptage de la police, par exemple, il fallait se déployer sur tout le boulevard, et ne pas rester scotchés les uns aux autres, ou que malgré le nombre, il ne fallait pas céder à la tentation d’envahir le trottoir qui, lui, ne serait pas considéré comme « manifestant ».

    Les CRS eux-mêmes, d’ailleurs, n’avaient pas leur tête tendue habituelle, conscients sans doute que gaz lacrymogènes et vitrines brisées étaient hautement improbables avec ces manifestants placides dont les longues heures d’attente à faire le pied de grue, non plus les affiches provocatrices sur les balcons ici et là n’arrivaient à entamer la bonne humeur. On vit même l’un d’eux sourire lorsqu’un appel au micro signala à quelques minutes d’intervalle la perte d’un iPhone, puis sa restitution. Dans une foule si compacte, un objet si prisé sagement rapporté aux objets trouvés, cela ne s’était jamais vu.

    Pour être honnêtes, ces manifestants-là ne sont cependant pas complètement abrutis. Et quand ils entendent parler du chiffre officiel de 340 000 manifestants quand certains d’entre eux, pour avoir organisé les JMJ par exemple, savent pertinemment que le Champ de Mars, très vite saturé ce dimanche et dans lequel nombre de manifestants n’ont pu entrer, peut contenir plus de 800 000 personnes, ils sentent bien « comme une embrouille ».

    Il faut se méfier de la France bien élevée et de son côté « diesel » : un peu longue à chauffer, mais lorsqu’elle est lancée, son moteur est increvable.

    Et là, c’est le gouvernement qui risque bien d’en baver un peu.

    Gabrielle Cluzel, le 14 janvier 2013

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  • Par Thierry Meyssan

    La France a organisé l’Armée syrienne libre (ASL), allant même jusqu’à lui donner son drapeau, celui du mandat français sur la Syrie (1920-1946).

    Elle lui a officiellement fourni des armes et des fonds, en violation des Traités internationaux. Et elle l’a officieusement encadrée avec des officiers et des formateurs pour renverser le gouvernement légal et légitime. L’ASL a détruit les principales infrastructures du pays et livré des combats qui ont coûté la vie à près de 60 000 Syriens, mais elle n’est pas parvenue à s’emparer du pouvoir.

    Constatant l’échec de sa guerre secrète et le soutien sans faille de la majorité de la population syrienne à son État, la France s’est désengagée de l’ASL au moment où elle se lançait dans une nouvelle aventure coloniale, au Mali.

    Furieux de cet abandon, les mercenaires de l’ASL se sont retournés sans attendre contre leur allié d’hier. La vidéo que vous aller voir a été tournée dans la « zone libérée de Bansh », non loin de la frontière turque, le vendredi 18 janvier 2013.

    À l’issue de deux ans de guerre secrète en Syrie, la France s’est coupée de la Syrie et est conspuée par l’ASL.


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  • Par la rédaction d’E&R

    Avec une prévisibilité sans faille, la presse française relaie actuellement dans les kiosques et sur l’Internet le « carton » opéré au box office par Django Unchained, dernier film de Quentin Tarantino.

    À en croire ces rapporteurs professionnels d’ « événements » souvent plus proches du fantasme que de la réalité, la France se presserait « en masse » dans les salles de cinéma pour admirer une production culturo-commerciale déjà érigée par certains au rang de « chef d’œuvre ». Et de fait, le film s’oriente à ce jour vers un énorme succès au box-office.

    Pourtant, une fois de plus, il y a fort à parier que ce qui préoccupe tant les « journalistes » indiffère voire révulse un grand nombre de Français. La France, ou tout du moins son petit peuple silencieux, ne verra pas le dernier Tarantino.

    Overdose d’Amérique

    Rappelons pour commencer une évidence : il s’agit d’un film américain de plus. Or contrairement à ce que l’on pourrait penser, une grande proportion de Français, si elle bouffe de la culture anglo-saxonne toute la journée, ne souhaite pas pour autant qu’on la gave davantage. Ils sont nombreux, ces habitants de la province française de l’empire qui, même s’ils n’ont pas de conscience politique claire, résistent par certains goûts culturels à l’américanisation de leur quotidien.

    Aux hyper-urbains qui en doutent, nous conseillons d’aller faire un tour en province, dans les villes moyennes et les campagnes, où seule une faible minorité de Français, bourgeoise ou non, essaie par tous les moyens de ressembler aux Américains et de s’abreuver de leur culture, ce qui se fait souvent d’ailleurs, outre le cinéma, par l’intermédiaire des goûts musicaux et styles vestimentaires des ghettos, qu’ils soient riches (par exemple, les yuppies de Manhattan ou les hipsters de San Francisco) ou pauvres (le style gangsta des banlieues ethniques). Concernant Tarantino, ces deux populations (le milieu bourgeois underground et branché et les ghettos où domine le culte de la violence) sont deux composantes assurées de son public, en France comme probablement ailleurs. Deux populations qui sont à la fois les plus américanisées dans les mentalités et les plus hostiles à la France dite « profonde », celle qui souhaite rester enracinée un minimum à son territoire et à son histoire et rejette en partie l’hégémonie culturelle anglo-saxonne en Occident.

    Outre ses aspects linguistique et culturel, Django Unchained déplaira également à une certaine partie de la France par sa thématique historique : le film raconte un épisode de l’histoire des États-Unis. Une fois de plus. Beaucoup de Français vont finir par en savoir davantage sur l’histoire américaine que sur la leur ; et beaucoup de ces Français, s’ils ne le formulent pas toujours clairement, aspirent à se retrouver un peu eux-mêmes dans les productions culturelles. En témoigne, par exemple, l’engouement récent d’un certain nombre d’entre eux pour l’histoire de France vue par Lorànt Deutsch dans son livre Métronome. Une histoire qu’on ne leur raconte plus de cette manière, certainement pas à l’école et encore moins au cinéma, où elle prend au contraire désormais la forme d’un roman antinational sombre et accusatoire.

    Dans le même esprit, rappelons cette autre évidence aux libéraux-libertaires qui constituent 99 % du public de Tarantino : ses films sont des produits commerciaux, et la France n’aime pas ça. En raison de sa consubstantialité au catholicisme, cette nation contient, au fond d’elle-même, une certaine hostilité au règne du commerce. Les marchands n’y sont pas toujours les bienvenus, encore moins ceux qui font profession de faire de l’argent en propageant des valeurs inversées. Mais nous reviendrons sur cette question morale.

    Bref, contrairement à ce que la presse mainstream et la bourgeoisie bohème des grandes villes – mais aussi la petite délinquance dealeuse de shit des banlieues – souhaitent de tout leur cœur, la France n’est pas un paradis libéral-libertaire anglo-saxon, et les films de Tarantino, qui incarnent à la perfection cette combinaison, déplaisent bien plus à la majorité des Français que les haut-parleurs officiels ne le disent.

    Orgasme médiatique

    Dans ses comptes-rendus sur Django Unchained, la presse française a montré, s’il en était besoin, combien la « critique » de cinéma se résume aujourd’hui à une séance de masturbation collective sous l’égide de la pensée unique. Tous les journalistes ont applaudi le « courage » de Tarantino de dénoncer l’un des épisodes « les plus sombres » de l’histoire américaine, tout comme ils avaient joui ensemble en constatant qu’Inglourious Basterds cassait du nazi. C’est « jubilatoire », disent-ils. Et tout comme les nazis furent dépeints sous les traits d’ignobles tortionnaires sadiques et fous, donc déshumanisés à l’extrême, gageons (mais nous n’irons pas vérifier), que les esclavagistes de Django Unchained apparaîtront au spectateur comme appartenant à une espèce non-humaine, celle des monstres, ou des diables. Dans la même veine, l’imminent Lincoln de Spielberg leur réservera probablement le même sort.

    Aucun d’entre nos « journalistes », si prompts à dénoncer les heures les plus sombres de l’histoire, ne s’indignera en revanche que dans Django Unchained, comme souvent chez Tarantino, les personnages « gentils » (c’est une façon de parler) placent la vengeance au-dessus de toutes les autres considérations morales, se livrant ainsi à un massacre très « Ancien Testament » contre leurs adversaires. La bourgeoisie journalistique n’a plus de morale depuis longtemps ; elle est donc incapable de comprendre que les valeurs qu’elle applaudit sont radicalement incompatibles avec celles que la culture française a portées pendant quinze siècles, et qu’une majorité de Français essaie tant bien que mal d’incarner encore. La culture catholique rejette la vengeance, et le « ni pardon, ni oubli » n’est pas son rayon. La presse semble au contraire y trouver ses orgasmes :

    « En puisant dans les codes bis des revenge movies de tous poils (américains, italiens, chinois), ce fantasme de toute-puissance fleurit sur la célébration d’une jouissance pure, une catharsis rudimentaire et libérée de toute contrainte. Son horizon, fatalement, ne peut être que celui d’un incendie : comme Inglourious Basterds, Django Unchained se conclut sur un brasier, un grand feu de joie où l’Histoire et le cinéma se consument ensemble »

    Source : Chronic’art.

    En guise de « revenge movie » et pour compléter ses références, nous conseillons à l’auteur de cette éjaculation à peine contenue la lecture d’ouvrages plus classiques, où il trouvera à n’en pas douter de nouvelles sources de plaisir dans les massacres sanglants et l’inversion de toutes les valeurs par une communauté vengeresse : le Deutéronome, le Lévitique, les Nombres.

    Le fait que la presse française soit quasiment unanime sur la qualité de Django Unchained doit nous inquiéter sur le contenu moral du film ; il est aussi un bon indicateur de l’adéquation totale de celui-ci avec les intérêts de l’empire. Car la presse mainstream n’est plus que cela : le haut-parleur de la domination politique. Ainsi, pour savoir qui domine aujourd’hui, il suffit de lire entre les lignes médiatiques. Si la presse applaudit au massacre des nazis et des esclavagistes, se demander notamment à quelle communauté ethno-confessionnelle ces deux épisodes extrêmement violents de l’histoire sont reliés, et pourquoi elle occupe tout l’écran lorsqu’elle est en position de victime (Inglourious Basterds) tandis qu’elle disparaît mystérieusement dès lors qu’elle fait partie des bourreaux. Tarantino évoque-t-il dans Django Unchained l’implication commerciale et logistique des juifs dans la traite négrière ? Ou se contente-t-il d’enfoncer avec son collègue Spielberg une porte idéologique grande ouverte en dénonçant les propriétaires d’esclaves, dernier maillon – blanc et chrétien – de la chaîne ? Nous laissons aux Français courageux et masochistes le soin d’aller le vérifier au cinéma.

    Nouveau concept : la violence comme progrès

    Quant à l’hyper-violence contenue dans le film, dont nous n’évoquerons absolument aucun détail, c’est avec une grande tristesse que nous constatons l’excitation qu’elle produit chez certains journalistes, mais aussi certainement sur une partie de ce public s’étant précipité dans les salles pour admirer « l’œuvre ». Surtout, il apparaît assez évident que la contemplation de la violence est en réalité la manifestation d’un désir de transgression qui, puisque la subversion politique est empêchée par tous les moyens dans la société française, s’incarne finalement dans un goût pour le « toujours plus loin » psychologique et moral aboutissant nécessairement au visionnage de comportements ignobles. Nos « critiques de cinéma » sont là bien sûr pour nous ressortir le prétexte de la « catharsis » grecque qu’ils ont, comme nous, entendue évoquer à l’école et dont ils subodorent vaguement le sens. Ils oublient bien souvent de préciser que cette extériorisation par procuration de la violence ne peut contenir de vertu « cathartique » que lorsque le déchaînement de massacres, tortures et autres est désigné comme valeur inférieure et non pas supérieure. La représentation d’une vengeance souveraine, sadique et finalement victorieuse ne soude pas une société : elle la détruit.

    Se féliciter de l’inversion des valeurs à l’écran en prétendant qu’elle soulage le quidam de ses penchants pour la violence est d’une bêtise et d’une hypocrisie que seul le journalisme professionnel peut atteindre. Mais il y a plus fort encore. Cette inversion serait en effet un progrès :

    « L’auteur est toujours au sommet et les attaques navrantes qui condamnent la violence outrée de “Django Unchained” ont visiblement 30 ans de retard : il n’y a rien de ludique ou de gratuit ici, le film atteignant même un degré de morbidité et de malaise tout à fait inédit dans l’œuvre du cinéaste. »

    Source : Nouvel Observateur.

    Merci au Nouvel Observateur pour cet éclairage inattendu des liens entre progressisme et morbidité.

    Fracture morale

    Au final, le cinéma de Tarantino est devenu une belle saloperie, et il ne doit étonner personne que la presse communie avec lui dans son apologie de la vengeance. Loin d’idéaliser la conscience morale de la population française, il est possible d’espérer tout de même que le fonds historique et culturel qui sommeille en elle pousse certains à déserter les salles de cinéma. Et ainsi, Django Unchained aura au moins contribué à jeter encore un peu plus de lumière sur l’antagonisme radical qui oppose les valeurs de nos élites actuelles à l’histoire bien comprise de notre pays.


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  • poker-uk

     

    Docteur en science politique et essayiste.

    Le discours du Premier ministre britannique, David Cameron, promettant d’organiser d’ici à 2017 un référendum pour ou contre l’appartenance du Royaume-Uni à l’Union européenne, indique que nous sommes à la croisée des chemins. En effet, plusieurs éléments se télescopent. L’idée circule que le Parlement européen s’autoproclamerait « Constituante » dans la foulée des élections européennes de 2014. Ainsi, l’équivalent d’une Grundgesetz (« la Loi Fondamentale »), régentant l’Europe selon les principes du fédéralisme germanique, s’imposerait. L’Angleterre devrait soit y adhérer – et se fondre complètement dans un cadre supranational – soit se retirer. Or, les cinq principes défendus dans le discours de Cameron au sujet de l’Europe (compétitivité, flexibilité, subsidiarité, démocratie et justice) ne sont valables que dans le cadre d’un marché unique. Pour le reste, le Royaume-Uni veut échapper au pouvoir supranational de Bruxelles. Les propos du Premier ministre anglais annoncent une nouvelle architecture de l’Europe en liaison avec le gendarme œuvrant en faveur d’une fédéralisation du vieux continent : l’Allemagne.

    D’ici à 2017, des pourparlers vont s’engager pour remodeler les structures liant la Grande-Bretagne à l’Europe. Il faut bien avoir à l’esprit que les élites britanniques, en particulier issues de la Fabian Society, sont acquises à l’idée d’unification continentale à la condition expresse que cela se fasse sous direction et selon les normes anglo-saxonnes. L’institut anglais Federal Union, créé en 1938 par l’oligarchie britannique, en particulier par Lord Lothian et Lionel Curtis, est membre de l’Union of European Federalists (UEF). Le but de l’UEF est de promouvoir le fédéralisme européen. Son dirigeant est le député anglais au Parlement européen, Andrew Duff, membre, entre autre, du très influent « Groupe Spinelli ». C’est le même Andrew Duff qui a joué un rôle déterminant, en liaison avec la Fondation Bertelsmann, pour relancer « la Constitution Giscard » devenue le Traité de Lisbonne.

    L’Angleterre ne quitte pas véritablement l’UE, elle se repositionne par rapport au continent. Dans la stratégie mondialiste, il a été décidé de créer un bloc euro-atlantique réunissant l’UE et l’Amérique du Nord (théoriquement entre 2014/2015). Le très puissant think tank, le Transatlantic Policy Network (TPN), dirigé par un autre député anglais au Parlement européen, James Elles, agit à marche forcée pour respecter l’échéance. L’objectif est d’aboutir à un « Accord de croissance économique transatlantique » (ACET) instaurant une zone de libre-échange levant toutes les barrières protectionnistes. Le débat lancé par David Cameron n’est que la conséquence d’un marchandage entre élites américaines, européennes et anglaises qui cherchent à se répartir la manne financière de la première zone économique du monde en cours de construction : le marché transatlantique. Nous assistons à la réalisation d’un projet énoncé, dès 1950, par Richard de Coudenhove-Kalergi, président de la Paneurope et porte-parole d’une élite silencieuse et efficace, appelant dans son discours à « la réunion d’une Constituante par des élections généralisées pour élaborer une constitution fédérale » assurant du coup la création d’une « Union atlantique », véritable « Fédération à trois » permettant à l’Angleterre de faire « le pont entre l’Amérique et l’Europe » (1). Les événements actuels montrent que nous sommes en train d’assister à un coup de poker magistral de la part de l’oligarchie.

    (1) http://www.karlspreis.de/preistraeger/1950/rede_von_richard_nikolaus_graf_coudehove_kalergi.html

    Pierre Hillard, le 26 janvier 2013

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