• Le Sud-Soudan proclame son indépendance

    LEMONDE.FR avec AFP http://www.lemonde.fr/afrique/article/2011/07/09/le-sud-soudan-proclame-son-independance_1546977_3212.html

     

    Le Sud-Soudan a formellement proclamé samedi 9 juillet son indépendance lors d'une cérémonie officielle à Juba en présence de dirigeants étrangers. C'est le chef du Parlement sud-soudanais, James Wanni Igga, qui a annoncé la "déclaration d'indépendance du Sud-Soudan", devant des dizaines de milliers d'habitants en liesse.

     

    Le Sud à majorité chrétienne se sépare ainsi du Nord musulman après des décennies de guerre qui ont fait des millions de morts. Le gouvernement de Khartoum a été le premier à reconnaître le Sud, quelques heures avant que la séparation des deux entités devienne officielle. Ce geste d'apaisement n'a toutefois pas fait disparaître les inquiétudes concernant l'avenir. Les dirigeants du Nord et ceux du Sud ne se sont toujours pas mis d'accord sur un ensemble de questions sensibles, dont les plus importantes concernent le tracé de la frontière et le partage des revenus tirés du pétrole, essentiels pour l'économie des deux Etats (voir notre article : "Quelles relations entre le Soudan et le nouvel Etat du Sud-Soudan").

    Pour l'heure, l'ambiance était à la liesse dans les rues de Djouba, la capitale du nouvel Etat. Depuis vendredi soir, les Soudanais du Sud, qui se sont prononcés par référendum au mois de janvier en faveur de l'indépendance, sont à la fête et brandissent dans les rues le drapeau de leur nouvel Etat.


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  • Des drones US au Yemen


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  • Le Yémen plonge dans la guerre à outrance

    samedi 04 juin 2011
     

    Le président Ali Abdallah Saleh, de plus en plus isolé, a été blessé par des obus tirés contre son palais. Des milliers d'habitants tentent de fuir les combats dans la capitale.

    Peut-on encore parler de « Printemps arabe » au Yémen ? Il semble loin le temps où des milliers d'habitants de Sanaa réclamaient pacifiquement, sur la place de l'Université, le départ du président Ali Abdallah Saleh, 69 ans, au pouvoir depuis 1978. C'était il y a seulement quatre mois. Ces opposants campent toujours devant l'université, protégés par la 1re division blindée du général Ali Mohsen, l'ex-numéro 2 du régime qui a changé de camp.

     

    Mais désormais, c'est la poudre qui parle dans Sanaa, que des dizaines milliers d'habitants, privés de gaz et d'eau, tentent de fuir. En dix jours, des affrontements y ont fait au moins 155 morts. Ils opposent des combattants de la tribu des Hached ¯ la plus grande du pays ¯ à la garde présidentielle commandée par un fils de Saleh. Hier, ces combats pour le contrôle des ministères ont failli être fatals au Président. Une salve d'obus s'est abattue sur la mosquée du palais, en pleine prière du vendredi.

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  • Toxic Somalia - L'autre piraterie

    ce soir 24/05/2011 sur ARTE


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  • Le président Saleh accepte de quitter le pouvoir contre l'immunité

    Politique étrangère dimanche 24 avril 2011 source
     

     

    Le président yéménite Ali Abdallah Saleh a accepté samedi de quitter le pouvoir en échange de son immunité, comme le propose le plan des médiateurs du Golfe.

    Les manifestations pour le départ immédiat de Saleh, au pouvoir depuis 33 ans, se sont poursuivies samedi. Mais dans la soirée, le vice-ministre de l'Information à la presse a annoncé que le président acceptait le plan du Conseil de coopération du Golfe (CCG), qui prévoit qu'il quitte le pouvoir.

    De son côté, l'opposition yéménite, qui a peu d'influence sur les manifestants, a fait bon accueil aux principaux éléments du plan, tout en refusant de participer à un cabinet d'union nationale.

    Gouvernement de transition

    Ce plan prévoit un transfert du pouvoir en trois mois. Les six Etats membres du CCG, alliance régionale militaire et politique, proposent au président Saleh de remettre les rênes du pays à son vice-président un mois après la signature d'un accord. Un responsable de l'opposition serait censé prendre la tête d'un gouvernement intérimaire chargé de préparer une élection présidentielle deux mois plus tard.

    Le projet accorde l'immunité à Saleh, à sa famille et à ses conseillers, qui ne pourraient pas faire l'objet de poursuites judiciaires comme le réclament leurs adversaires.

    Cette question posait problème jusqu'ici. Mais la coalition des partis d'opposition qui réclame le départ de Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans, semble s'y être pliée.

    Scepticisme de la rue

    Les Etats-Unis ont accueilli favorablement les développements du jour, engagant les deux parties «à agir rapidement pour mettre en oeuvre les termes de l'accord» .

    Des manifestations inspirées des soulèvements qui ont renversé les dirigeants de la Tunisie et de l'Egypte se poursuivent presque chaque jour depuis plus de deux mois au Yémen, mobilisant des dizaines de milliers de personnes qui dénoncent une pauvreté endémique et la corruption ambiante.

    Des dizaines de contestataires ont été tués depuis le début des troubles.

    Les manifestants rencontrés samedi ne semblaient pas faire confiance aux hommes politiques pour trouver un accord, qui ne quitteront pas la rue tant que le président Saleh n'aura pas quitté le pouvoir.


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  • Yémen: le président Saleh accusé par son rival

    SANAA — Des dizaines de milliers de manifestants exigeaient mercredi au Yémen la démission du président Ali Abdallah Saleh, accusé par son principal rival d'avoir voulu l'assassiner, alors que Washington pressait son allié dans la guerre antiterroriste à une transition rapide.

    Un manifestant a été tué par balle mardi soir à Taëz, au sud de Sanaa, selon des témoins, portant à au moins 25 morts en deux jours le bilan de la vague de violences à Taëz, Hodeïda, sur la mer Rouge, et dans la capitale Sanaa.

    Des dizaines de milliers de manifestants réclamant la fin du régime étaient de nouveau mercredi dans les rues à Taëz, tout comme à Aden (sud) où des milliers de protestataires ont manifesté et huit activistes arrêtés par la police.

    Le général Ali Mohsen al-Ahmar, commandant de la région nord-est et de la première division blindée, qui s'est rallié le 21 mars au mouvement de contestation, a accusé le chef de l'Etat d'avoir cherché à l'éliminer lors d'un guet-apens sanglant mardi à Sanaa.

    Dans un communiqué, il a expliqué que des émissaires tribaux se sont présentés au QG de la 1ère division blindée qu'il commande et ont demandé à le voir pour une médiation entre lui et M. Saleh.

    Lorsqu'il s'est présenté à eux, des "individus de la garde du président disséminés parmi ces émissaires ont brandi des armes et commencé à tirer en sa direction ainsi que sur les émissaires tribaux", selon le texte.

    Fin mars, le général Ahmar avait promis de contribuer au départ de M. Saleh après l'avoir "porté au pouvoir il y a 32 ans".

    Sous pression, M. Saleh a accepté une médiation des monarchies du Golfe qui ont invité son gouvernement et l'opposition "à une rencontre à Ryad pour une sortie de crise".

    Cette initiative, destinée à "préserver la sécurité, la stabilité et l'unité du Yémen", lui a été communiquée lundi soir par les ambassadeurs d'Arabie saoudite, du Qatar et d'Oman, a rapporté mercredi l'agence officielle Saba.

    M. Saleh maintient qu'il ne peut céder le pouvoir que dans le cadre d'un processus constitutionnel après un retour au calme. Ses opposants disent de leur côté n'être prêts à discuter que de son "départ immédiat".

    Le regain de violences au Yémen a suscité de vives réactions dans le monde.

    La Maison Blanche a "condamné fermement l'usage de la violence par les forces gouvernementales".

    "Le président Saleh doit trouver une solution à l'impasse politique avec l'opposition pour qu'un changement politique digne puisse se produire à court terme de façon ordonnée et pacifique", a insisté mardi son porte-parole, Jay Carney.

    Le New York Times avait affirmé dimanche que le gouvernement américain était en train de retirer son soutien au président Saleh et de faciliter son départ.

    A Londres, le ministre des Affaires étrangères William Hague a sommé M. Saleh de "dire clairement qu'il est prêt à s'engager dès à présent dans un processus global de transition politique" et de mettre en place une "feuille de route en vue d'élections libres et équitables".

    Le ministère italien des Affaires étrangères a souhaité "l'amorce au plus tôt d'un dialogue constructif avec ceux qui réclament pacifiquement le début d'une nouvelle période de réformes".

    L'Union européenne a appelé pour sa part M. Saleh à entamer "sans délai" une transition politique.

    Amnesty International a mis en garde contre tout accord qui garantirait l'impunité aux responsables des violences ayant provoqué la mort de dizaines de manifestants, notamment lors du "vendredi noir", le 18 mars, pendant lequel 52 protestataires ont été tués par balles.

    Copyright © 2011 AFP.

    note Webrunner : ceux qui n'ont pas compris que tout cela est téléguidé par l'Empire sont des glands !


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  • Les projets secrets pour le Yémen

    Le 25 décembre 2009 les autorités états-uniennes arrêtaient un Nigérian, Abdulmutallab, à bord du vol de la Northwest Airlines reliant Amsterdam à Detroit ; il était accusé d’avoir tenté de faire exploser l’avion avec une bombe qu’il avait dissimulée à l’embarquement. Les jours suivants, de nombreuses dépêches se succédaient sur CNN, dans le New York Times et dans d’autres medias selon lesquelles il était « soupçonné » d’avoir suivi un entraînement au Yémen pour cette mission terroriste. C’est ainsi que le monde a vu émerger une nouvelle cible de la Guerre contre le terrorisme états-unienne, un État isolé et démuni de la péninsule arabique : le Yémen. En observant de plus près le contexte d’apparition de cette supposée menace, l’agenda secret du Pentagone et des services secrets états-uniens pour le Yémen apparait plus clairement.

    Depuis quelques mois, le monde assiste à l’intensification soutenue des opérations militaires états-uniennes au Yémen, un pays désespérément pauvre, voisin de l’Arabie Saoudite par sa frontière septentrionale, de la mer Rouge à l’ouest, et du golfe d’Aden au sud qui donne accès à la mer d’Arabie, bordant un autre pays désolé ayant également fait la une des médias récemment : la Somalie. Les preuves collectées portent à croire que le Pentagone et les services secrets états-uniens positionnent des unités militarisées autour de l’un des goulots d’étranglement stratégiques du trafic mondial de pétrole, Bab el-Mandab. Profitant des actes de piraterie en Somalie et des annonces faites à propos de la réémergence de la menace d’Al-Qaïda depuis le Yémen, les États-Unis visent à militariser l’une des voies d’acheminement de pétrole les plus vitales. Plus encore, les réserves de pétrole non-exploitées au Yémen et en Arabie Saoudite seraient les plus importantes au monde.

    Le Nigérian âgé de 30 ans, accusé de la tentative d’attentat ratée, Abdulmutallab, aurait avoué que cette mission lui avait été confiée par Al-Qaïda pour la péninsule arabique (AQAP), basée au Yémen. Cette déclaration opportune permet de tourner l’attention de l’opinion publique sur le Yémen en le faisant apparaitre comme le nouveau centre névralgique de ce que l’on désigne comme l’organisation terroriste Al-Qaïda.

    C’est précisément ce que soutient sur son blog Bruce Riedel (un ancien agent de la CIA durant trente ans, qui a conseillé le président Obama pour élaborer la politique du surge en Afghanistan) en évoquant les liens supposés entre le terroriste présumé et le Yémen : « La tentative de destruction du vol 253 de la Northwest Airlines entre Amsterdam et Détroit le jour de Noël démontre l’ambition grandissante de la branche d’Al-Qaïda au Yémen, qui, partie d’un programme d’action auparavant centré sur le Yémen, joue depuis un an un rôle dans le jihad islamique mondial. Le gouvernement affaibli du président yéménite Ali Abdallah Saleh, qui n’est jamais parvenu à contrôler entièrement le pays et qui fait à présent face à d’innombrables problèmes, aura besoin d’un fort soutien des États-Unis pour contrer l’AQAP. » [1]

    Éléments introductifs à la géopolitique du Yémen

    Avant de poursuivre notre propos au sujet de cet incident, il faut regarder de plus près la situation actuelle du Yémen. Plusieurs éléments s’avèrent déconcertants dès lors qu’ils sont mis en parallèle avec les annonces répétées de Washington quant à la résurgence de la menace d’Al-Qaïda dans la péninsule arabique.

    Dès le début de l’année 2009, les pièces se sont mises en mouvement sur l’échiquier yéménite. Tariq al-Fadhli, un ancien chef de guerre jihadiste, originaire du Sud-Yémen, brisait l’alliance qu’il avait passée quinze ans auparavant avec le gouvernement yéménite du président Ali Abdallah Saleh. Tariq al-Fadhli annonçait alors qu’il rejoignait la large coalition d’opposition réunie dans le Mouvement du Sud. À la fin des années 1980, Tariq al-Fadhli participait au mouvement des Moudjahidine en Afghanistan. Sa rupture avec le gouvernement de Saleh fut annoncée dans les médias yéménites et arabes en avril 2009. La prise de distance de Tariq al-Fadhli avec la dictature yéménite donna un nouveau souffle au Mouvement du Sud. Al-Fadhli est d’ailleurs devenu l’une des figures majeures de la coalition.

    Le Yémen est un agrégat artificiel, créé après la dislocation de l’URSS en 1990, alors le principal soutien de la République démocratique populaire du Yémen (Sud-Yémen). L’unification de la République arabe du Yémen (Nord-Yémen) et du Sud-Yémen généra un optimisme rapidement étouffé par la courte guerre civile de 1994. Les factions de l’armée du Sud-Yémen avaient alors organisé une révolte dénonçant la corruption et le caractère oligarchique du pouvoir du président Ali Abdallah Saleh. Celui-ci dirige seul le pays depuis 1978, d’abord au titre de président de la République arabe du Yémen, puis en tant que président du Yémen unifié depuis 1990. La rébellion menée par l’armée du Sud-Yémen échoua après l’alliance du président Saleh avec Tariq al-Fadhli, avec d’autres leaders salafistes yéménites, partisans d’une interprétation conservatrice de l’Islam, et avec des jihadistes. Cette manœuvre fut exécutée pour peser face à l’héritage marxiste du Parti socialiste du Sud-Yémen.

    Avant 1990, Washington et le Royaume d’Arabie Saoudite soutenaient et apportaient leur aide à Saleh dans sa politique d’islamisation ; ils faisaient alors le pari de contenir les ambitions communistes du Sud-Yémen [2]. Depuis lors, Saleh s’est appuyé sur les puissantes mouvances salafistes jihadistes pour affermir son pouvoir despotique. La rupture d’al-Fadhli avec le pouvoir et son ralliement au groupe d’opposition du sud aux côtés de ses anciens ennemis socialistes portèrent un sérieux revers au président Saleh.

    Le 28 avril 2009, immédiatement après l’annonce du ralliement d’al-Fadhli à la coalition du Mouvement du Sud, les mouvements de protestation se sont intensifiés dans les provinces de Lahij, Ad Dali et Hadramaout. Des dizaines de milliers de personnes, exerçant dans le civil ou dans l’armée, s’estimant abandonnées, manifestèrent pour réclamer de meilleurs salaires et davantage de protection sociale. Ces manifestations ne cessent de se multiplier depuis 2006. Pour la première fois, al-Fadhli fit une apparition publique lors des manifestations d’avril 2009. Sa présence a transformé le mouvement socialiste du Sud-Yémen, alors moribond, en une puissante vague nationaliste. Elle a également poussé le président Saleh à l’action, et celui-ci, inquiet des conséquences possibles du mouvement dans toute la péninsule arabique, demanda l’aide de l’Arabie Saoudite et des autres États du Conseil de coopération du Golfe.

    Dans le nord du Yémen, Saleh fait face à une rébellion chiite d’obédience zaydite menée par al-Houthi, ce qui complique encore un peu plus la situation de ce pays manqué, comme le qualifient certains. Le 11 septembre 2009, lors d’une interview pour Al-Jazeera, Saleh accusait le leader de l’opposition chiite d’Irak, Moqtada al-Sadr, ainsi que l’Iran, d’apporter leur soutien aux rebelles du Nord-Yémen appartenant à la mouvance chiite ralliée à al-Houthi. Le président Saleh déclarait : « Nous ne pouvons pas accuser l’administration officielle iranienne, mais des Iraniens nous ont confié qu’ils étaient préparés à établir une médiation. Ceci signifie que l’Iran a des contacts avec [les partisans d’al-Houthi], étant donné que les Iraniens veulent intervenir entre le gouvernement yéménite et ces rebelles. De même, Moqtada al-Sadr, depuis Nadjaf en Irak, demande à être choisi comme médiateur. Cela montre qu’ils sont tous en contact les uns avec les autres. » [3]

    Les autorités yéménites ont annoncé la découverte de caches d’armes obtenues via l’Iran. De leur côté, les partisans d’al-Houthi affirment avoir mis la main sur des équipements de l’armée du Yémen portant la marque d’une fabrication en Arabie Saoudite ; ils donnent ainsi un fondement à l’accusation qu’ils prononcent contre le gouvernement de Sanaa (la capitale du Yémen et le siège de l’ambassade des États-Unis) d’être aux ordres de l’Arabie Saoudite. L’Iran a démenti la découverte d’armes iraniennes dans le Nord-Yémen, qualifiant d’infondées les accusations qui font de l’Iran un soutien aux rebelles. [4]

    Que dire d’Al-Qaïda ?

    Le portrait qui se dégage à présent du président Saleh est celui d’un dictateur aux abois, soutenu par les États-Unis, en perte fulgurante de pouvoir, après deux décennies de despotisme dans le Yémen unifié. L’économie du pays a connu une phase de ralentissement spectaculaire en 2008, lorsque le prix du pétrole s’est effondré. Près de 70% des richesses du Yémen proviennent de l’exploitation du pétrole. Le gouvernement central de Saleh est installé à Sanaa, dans le nord du pays, tandis que le pétrole se trouve dans le sud du Yémen. Pourtant, c’est bien Saleh qui contrôle les flux de capitaux issus du pétrole. Pour Saleh, l’amoindrissement des bénéfices provenant du pétrole a rendu inévitable la redite de l’option à laquelle il a l’habitude de céder : celle de corrompre les groupes d’opposition.

    C’est dans ce contexte intérieur chaotique, qu’est intervenue, en janvier 2009, l’annonce, abondamment reprise sur des sites Internet soigneusement sélectionnés, selon laquelle Al-Qaïda, la supposée organisation terroriste créée par le Saoudien, autrefois entraîné par la CIA, Oussama ben Laden, aurait développé une branche importante au Yémen dédiée aux opérations en Arabie Saoudite et au Yémen.

    Le 20 janvier 2009, Nasir al-Wahayshi, le chef d’Al-Qaïda au Yémen, annonçait, via les forums jihadistes en ligne, la formation d’un groupe unique à ses ordres pour la péninsule arabique. Selon al-Wahayshi, ce nouveau groupe, Al-Qaïda pour la péninsule arabique, serait composé des membres d’Al-Qaïda au Yémen, rejoints par ceux du réseau démantelé d’Al-Qaïda en Arabie Saoudite. Il est intéressant de constater que la presse a alors affirmé que le Saoudien Abu-Sayyaf al-Shihri, un ancien détenu de Guantanamo (n° 372) officierait en tant qu’adjoint d’al-Wahayshi.

    Quelques jours plus tard, une vidéo était mise en ligne par al-Wahayshi, sous le titre alarmant : « Nous partons d’ici, et nous nous retrouverons à Al-Aqsa ». Al-Aqsa fait référence à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem, que les Juifs nomment le Mont du Temple, le site où s’élevait le temple de Salomon, et que les Musulmans appellent Al-Haram Al-Sharif. Dans cette vidéo, des menaces sont d’abord formulées contre les dirigeants musulmans – dont le président du Yémen Saleh, la famille royale saoudienne et le président égyptien Moubarak. La vidéo affirme ensuite la volonté de l’organisation terroriste d’exporter le jihad du Yémen vers Israël afin de « libérer » les sites sacrés de l’Islam et la bande de Gaza, des opérations qui pourraient déclencher un troisième conflit mondial si certains sont assez fous pour aller jusque-là.

    Outre les propos de l’ex-détenu de Guantanamo al-Shihri, la vidéo citent ceux d’Abu Hareth Muhammad al-Awfi, présenté comme un chef militaire, et qui aurait été le détenu n°333 à Guantanamo. Étant entendu que la torture échoue à récolter des confessions fiables, certains analystes ont envisagé que l’objectif réel des interrogatoires menés par la CIA et le Pentagone à Guantanamo depuis 2001 était d’utiliser des techniques brutales afin d’entraîner ou de recruter des cellules terroristes dormantes, activées sur ordre des services secrets états-uniens, une accusation aussi difficile à prouver qu’à réfuter. On ne peut que s’interroger sur la présence de ces deux anciens « hauts diplômés » de Guantanamo au sein de la nouvelle cellule d’AQAP.

    En apparence, al-Fadhi et le Mouvement du Sud dont le soutien populaire s’est étendu, considèrent Al-Qaïda au Yémen comme infréquentable. Dans une interview, al-Fadhi déclarait : « J’entretiens des relations très proches avec tous les mouvements jihadistes du nord, du sud et d’ailleurs, mais pas avec Al-Qaïda. » [5] Cela n’a pas empêché le président Saleh d’affirmer que le Mouvement du Sud et Al-Qaïda ne faisait qu’un, une position commode pour s’assurer le soutien de Washington.

    Selon des rapports des services secrets états-uniens, le sud du Yémen abriterait tout au plus 200 membres d’Al-Qaïda. [6]

    En mai 2009, al-Fadhi s’est démarqué d’Al-Qaïda et affirmait dans la presse : « Il y a quinze ans, nous [le Sud-Yémen] avons été envahis et nous subissons une occupation immorale. Nous sommes donc attelés à servir notre cause et nous ne servons aucune autre cause sur la planète. Nous voulons notre indépendance et mettre un terme à cette occupation. » [7]. Le jour même, profitant de l’aubaine, Al Qaïda promouvait son action et affichait son soutien à la cause du Sud-Yémen.

    Le 14 mai 2009, dans une bande sonore diffusée sur Internet, al-Wahayshi, le leader d’AQAP, exprimait sa sympathie envers le peuple des provinces méridionales dans sa tentative de défense contre « l’oppression » qu’il subit et déclarait : « Ce qui se passe dans les gouvernorats de Lahij, d’Ad Dali, d’Abyan, de Hadramaout et dans les autres provinces du sud est inacceptable. Nous devons soutenir et aider [les sud-yéménites]. » Il promettait également des représailles : « L’oppression que vous subissez ne saurait se passer de punition… le meurtre de Musulmans dans la rue constitue un crime grave et injustifié. » [8]

    La prétendue émergence d’Al-Qaïda au Sud-Yémen, une base modeste dont on ne cesse pourtant pas de parler, sur les terres du Mouvement du Sud dans lequel certains observateurs voient un paravent au programme radical d’Al-Qaïda, est opportunément interprétée par le Pentagone comme un casus belli et sert de prétexte à l’intensification des opérations militaires de cette région stratégique.

    En effet, après avoir déclaré que le conflit interne au Yémen était l’affaire du seul Yémen, le président Obama a ordonné des frappes aériennes sur le pays. Le Pentagone a déclaré que les attaques des 17 et 24 décembre avaient tué trois membres importants d’Al-Qaïda ; rien n’a cependant pu le prouver. À présent, le conte de Noël du terroriste de Détroit revivifie le programme de la Guerre contre le terrorisme au Yémen. Obama propose désormais un soutien militaire au gouvernement du président Saleh.

    Les pirates somaliens de plus en plus actifs

    En même temps que les titres de CNN égrainaient les nouvelles menaces terroristes venues du Yémen, sortaient comme d’un chapeau les annonces de l’intensification des attaques, devenues monnaie courante, de pirates somaliens sur la marine commerciale empruntant le golfe d’Aden et la mer d’Arabie depuis le sud du Yémen [9] ; une intensification faisant suite à une réduction des contrôles de patrouilles internationales.

    Le 29 décembre 2009, la chaîne de télévision russe RAI Novosti rapportait que des pirates somaliens avaient capturé un cargo grec dans le golfe d’Aden au large de la Somalie. Plus tôt au cours de la même journée, un chimiquier britannique et les vingt-six membres de son équipage étaient également interceptés par des pirates dans le golfe d’Aden. Prouvant sa maitrise de l’utilisation des médias occidentaux, le chef des pirates, Mohamed Shakir, annonçait par téléphone au journal britannique le Times : « Nous avons intercepté un navire battant pavillon britannique dans le golfe d’Aden tard hier soir. » Un compte-rendu des services secrets états-uniens (cité par Stratfor) rapporte que le Times, propriété de Rupert Murdoch, soutien financier des néo-conservateurs, est parfois utilisé par les services secrets israéliens pour faire germer des histoires accommodantes.

    Ces deux derniers événements portèrent le nombre des attaques et des détournements de navires à un niveau record. Pour l’année 2009, au 22 décembre, les attaques par des pirates somaliens dans le golfe d’Aden et au large de la côte orientale de la Somalie s’élevaient à 174, et concernaient 35 navires détournés et 587 personnes prises en otage ; cela représente la quasi-totalité des attaques de piraterie réussis dans le monde, selon le Centre de surveillance de la piraterie du Bureau maritime international. Une question se pose à présent : Auprès de qui les “pirates” somaliens obtiennent-ils les armes et la logistique leur permettant d’éviter les patrouilles internationales dépêchées par de nombreux États ?

    Ainsi, le 3 janvier 2009, le président Saleh a reçu un appel téléphonique du président de la Somalie Sharif Sheik Ahmed ; ce dernier l’informait des derniers développements de la situation en Somalie. Sharif Ahmed, dont le propre pouvoir à Mogadiscio est si faible qu’il est parfois surnommé le président de l’aéroport de Mogadiscio, déclara à Saleh qu’il partagerait avec lui toutes les informations à sa disposition concernant les activités terroristes initiées en Somalie qui menaceraient la stabilité et la sécurité du Yémen et de la région.

    Le goulot d’étranglement pétrolier et autres affaires pétrolières

    L’importance stratégique de la région située entre le Yémen et la Somalie revêt ici une signification géopolitique particulière. C’est en effet là que se trouve le site de Bab el-Mandab, que le gouvernement états-unien classe parmi les sept principaux goulots d’étranglement stratégiques dans le domaine du transport pétrolier. L’Agence de l’information sur l’énergie (EIA) états-unienne précise que « la fermeture de Bab el-Mandab pourrait empêcher les tankers du Golfe Persique d’atteindre le Canal de Suez et le complexe d’oléoducs de Sumed, les déroutant par le sud de l’Afrique. Le détroit de Bab el-Mandab est un goulot d’étranglement entre la corne africaine et le Moyen-Orient, ainsi qu’un pont stratégique entre la Mer Méditerranée et l’Océan Indien. » [10]

    Au carrefour du Yémen, de Djibouti et de l’Érythrée, Bab el-Mandab relie la Golfe d’Aden à la Mer d’Arabie. Le pétrole et les autres marchandises en provenance du Golfe Persique doivent franchir Bab el-Mandab avant d’entrer dans le Canal de Suez. En 2006, le Département de l’énergie à Washington rapportait qu’un volume d’environ 3,3 millions de barils de pétrole transitait chaque jour par cette étroite voie navigable vers l’Europe, les États-Unis et l’Asie. L’essentiel du pétrole, soit environ 2,1 millions de barils par jour, prend la direction du nord par Bab el-Mandab vers le complexe de Suez/Sumed qui débouche sur la Méditerranée.

    Un prétexte pour une militarisation par les États-Unis et l’OTAN des eaux entourant Bab el-Mandab serait l’occasion pour Washington de prendre un nouvel nouvel avantage dans sa poursuite du contrôle des sept goulots d’étranglement pétrolier les plus essentiels dans le monde, ce qui représente une part importante de toute future stratégie états-unienne destinée à priver de leur approvisionnement en pétrole la Chine, l’Union européenne ou toute autre région ou pays s’opposant à la politique US. Sachant que des volumes importants de pétrole saoudien transitent par Bab el-Mandab, le contrôle miliataire de ce point par les États-Unis servirait à dissuader l’Arabie Saoudite de contracter de futures ventes de pétrole avec la Chine, ou d’autres, dans une monnaie autre que le dollar, comme l’expliquait récemment Robert Fisk, le journaliste du quotidien britannique The Independent.

    Les États-Unis seraient en outre en position de menacer le transport pétrolier chinois depuis Port-Soudan sur la Mer Rouge, juste au nord de Bab el-Mandab, un cordon d’approvisionnement vital pour les besoins énergétiques nationaux de la Chine.

    Au-delà de sa situation géopolique en tant qu’important goulot d’étranglement du transit pétrolier mondial, le Yémen est en outre doté de réserves de pétroles importantes. Les bassins de Masila et de Shabwa récèlent d’après les compagnies pétrolières internationales de potentielles « découvertes de premier choix » [11]. Le Français Total et plusieurs autres compagnies pétrolières internationales de moindre taille sont engagés dans le développement de la production pétrolière yéménite. Il est possible que les préoccupations récentes de Washington concernant le Yémen aillent bien au-delà d’une simple organisation Al-Qaïda de bric et de brac dont l’exsitence même en tant qu’organisation terroriste globale a été mise en doute par de nombreux experts avisés de l’Islam.

    [1] « The Menace of Yemen », par Bruce Riedel, The Daily Beast, 31 décembre 2009.

    [2] « Yemen : Intensifying Problems for the Government », Stratfor, 7 mai 2009.

    [3] Cité dans « Yemen President Accuses Iraq’s Sadrists of Backing the Houthi Insurgency », Terrorism Monitor, Jamestown Foundation, Volume : 7 Numéro : 28, 17 septembre 2009.

    [4] NewsYemen, 8 septembre 2009 ; Yemen Observer, 10 septembre 2009.

    [5] Albaidanew.com, le 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op.cit.

    [6] « Despite U.S. Aid, Yemen Faces Growing al-Qaeda Threat » , par Abigail Hauslohner, Time, 22 décembre 2009.

    [7] Tariq al Fadhli, dans Al-Sharq al-Awsat, 14 mai 2009, cité par la Jamestown Foundation, op. cit.

    [8] Interview d’al-Wahayshi, al Jazeera, 14 mai 2009.

    [9] « Pirates, corsaires et flibustiers du XXIe siècle », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 25 juin 2010.

    [10] Département de l’énergie, Energy Information Administration (gouvernement états-unien), consulté ici

    [11] Adelphi Energy, « Yemen Exploration Blocks 7 & 74 ».


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  • Hillary Clinton : "Répression" en Libye, "défense" au Bahreïn

    Le Bahreïn a "le droit souverain" de faire appel à ses voisins du Golfe (alliés des Etats-Unis) pour sa défense, a estimé samedi 19 mars la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. 

    Bahrein.jpg"Bahreïn a bien sûr le droit souverain d'inviter des forces du CCG sur son territoire en vertu de ses accords de sécurité et de défense", a dit Hillary Clinton lors d'une conférence de presse à Paris.

    Le Bahreïn accueille le commandement de la Ve flotte américaine.


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  • Yemen : 30 manifestants tués

    Plus de 30 personnes ont été tuées et plus de cent blessées lors de tirs sur une manifestation réclamant le départ du président yéménite Ali Abdallah Saleh ce vendredi à Sanaa, selon des sources médicales. 

    Selon des témoins, des partisans du régime ont ouvert le feu sur la manifestation depuis les toits des habitations proches de la place de l'Université, où se tient depuis le 21 février un rassemblement pour réclamer le départ du président Saleh.


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  • Somalie : « pirates » ou pêcheurs en lutte ?
    par Jeffrey St. Clair

    Moins souvent évoquées par la presse des pays du Nord que les mésaventures des otages, les conditions de vie des « pirates » somaliens et de leurs concitoyens rèvèlent qu’ils sont avant tout des pêcheurs en lutte contre le pillage occidental de la pêche et la décharge de déchets toxiques. Dans cet article retenu par le Projet Censuré 2010, la réalité des conséquences du chaos politique persistant en Somalie n’apparaît pas seulement sous l’aspect de la piraterie : en effet même l’ONU y fait depuis longtemps preuve de négligence quant aux traités en vigueur sur les déchets toxiques.

    la suite ici


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  • Somalie : un Afghanistan oublié....

    L’émergence des milices Al-Shabab en Somalie doit être resituée dans le contexte des décennies de mauvaise gestion, de dictature et d’abus qui les ont précédés. Suite à l’invasion éthiopienne soutenue par les Etats-Unis en 2006, la progression de l’UIC (Union of Islamic Courts) plus modérée, a été bloquée. L’exode de quelques 300 000 personnes vers le Yémen en a été la conséquence. Cet état de fait a libéré un véritable espace aux extrémistes d’Al-Shabab comme principale force hégémonique, issus pourtant du conglomérat de l’UIC. Et alors que les effets du bombardement de Kampala retombent, les gouvernements alliés aux Américains, l’Ethiopie et l’Ouganda, cherchent une fois de plus à faire du capital politique de la tragédie somalienne à des fins qui leur sont propres, avec un Obama complice.

    L’émergence d’Al-Shabab n’est pas un accident de l’Histoire. D’un point de vue technique, on pourrait s’attendre à ce que la Somalie soit une entité géographique unifiée. En effet, tous les Somaliens parlent une même langue et ne souffrent pas de contentieux liés à des différences ethniques, comme tant d’autres anciennes colonies en Afrique. Paradoxalement, la Somalie a toujours été marquée par de profonds clivages et dans le même temps l’élite somalie a toujours cultivé le rêve d’une ‘’Grande Somalie’’ en considérant qu’il est de leur devoir d’unir tous les peuples parlant le somali. Ce projet concerne également les Somalis qui vivent dans les pays voisins :

    - la région de l’Ogaden en Ethiopie,

    - les peuples Issas installés à Djibouti

    - les Somalis qui habitent une région connue sous le nom de Northern Frontier District au Kenya…

    La Corne de l’Afrique a dû faire face au même arbitraire en ce qui concerne les frontières héritées de l’époque coloniale ; des frontières qui ont séparé des peuples pourtant de même culture.

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  • Des Yéménites hostiles au gouvernement marchent sur le palais

    publié le 13/02/2011 à 13:28

    Des heurts ont éclaté dimanche au Yémen entre les forces de l'ordre et des manifestants anti-gouvernementaux qui tentaient de marcher sur le palais présidentiel de Sanaa, ont rapporté des témoins.

    Peu avant les affrontements, l'opposition a accepté d'entamer des pourparlers avec le président yéménite, Abdullah Saleh, qui tente de contenir la vague de révolutions dans la région.

    "Le peuple yéménite veut la chute du régime", "la révolution yéménite après la révolution égyptienne", ont scandé les manifestants lors du rassemblement qui a réuni 1.000 personnes. Quelque dizaines d'entre eux se sont ensuite détachés pour marcher sur le palais présidentiel.

    Début février, des dizaines de milliers de personnes avaient participé "au jour de colère" organisé par l'opposition pour réclamer un changement de régime.

    Des affrontements ont récemment éclaté entre partisans et opposants du gouvernement.

    Selon des responsables de l'opposition, dix manifestants ont été arrêtés à Sanaa, la capitale, et 120 ont été gardés à vue pendant la nuit dans la ville de Taiz où les autorités ont dispersé une manifestation samedi.

    Quatre personnes ont été blessés à Sanaa où la police a frappé avec des bâtons les manifestants qui leur jetaient des pierres, selon des témoins.

    Saleh, au pouvoir depuis plus de trente ans et qui redoute les répliques de la vague de contestation sans précédent qui touche plusieurs pays du monde arabe, s'est engagé à quitter le pouvoir à la fin de son mandat en 2013 et a promis que son fils ne prendra pas la tête du gouvernement. Il a invité l'opposition à des discussions.

    source


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  • Yémen : Dispersion au couteau

    voir aussi : corne de l'Afrique

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    -Yémen Dispersion au couteau

    Quelque 4000 jeunes Yéménites ont manifesté hier, dans le centre de la capitale Sanaa, appelant au départ du président Ali Abdallah Saleh. « Après Moubarak, c’est le tour d’Ali », ont scandé les protestataires, en majorité des étudiants. Aux cris de « Dégage, dégage Ali ! », « le peuple veut la chute du régime », les manifestants ont défilé de l’université de Sanaa vers le centre de la capitale. Ils sont parvenus jusqu’à la place Tahrir, où des partisans du parti au pouvoir, le Congrès populaire général (CGP), armés de bâtons et de gourdins, mais aussi d’armes blanches (photo), ont réussi à les disperser. Photo AFP


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  • La contestation se répand au Yémen

    À Sanaa, des milliers de manifestants ont demandé jeudi 27 janvier le départ du président Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis trente-deux ans. L’onde de choc de la révolution en Tunisie semble s’être propagée au Yémen, le plus pauvre des pays de la péninsule arabique.

    Que se passe-t-il au Yémen ?

    Des milliers de Yéménites ont manifesté jeudi 27 janvier à Sanaa pour réclamer le départ du président Ali Abdallah Saleh. Parmi les slogans scandés par les manifestants réunis à l’appel de la Rencontre commune, une coalition de l’opposition : « Non au renouvellement du mandat, non à la transmission héréditaire du pouvoir. »

     

    Quelles sont les particularités qui distinguent le Yémen de la Tunisie ?

    La situation au Yémen reste très différente de celle de la Tunisie. « Il n’y a pas le même phénomène de classe moyenne éduquée, consciente de faire fonctionner le pays », explique Samy Dorlian. Et « l’économie dépend en large partie de la rente pétrolière ».

    Si le peuple tunisien est homogène, culturellement et religieusement, le Yémen est un pays tribal, en proie à une guerre au nord, à un mouvement séparatiste au sud et à la menace terroriste avec Al-Qaida. « L’opposition risque donc de se diviser sur les demandes sociales et politiques, indique le spécialiste. De plus, la police et l’armée sont tenues par le président. Et, à la différence de la Tunisie, il n’y a pas de signe de sécession de l’armée par rapport au gouvernement. »

    Les manifestations ne sont pas seulement le fruit d’une propagation de la révolution tunisienne, les gens protestant surtout contre les amendements constitutionnels que le gouvernement est en train de faire passer. Autre différence, le Yémen est rongé par la pauvreté. Plus de 40 % des 23 millions d’habitants vivent avec moins de deux dollars par jour.

    Enfin, sur le plan diplomatique, la stabilité du Yémen est essentielle. « Les acteurs régionaux et internationaux n’ont pas intérêt à lâcher le président Saleh. Sanaa coopère avec les États-Unis sur le terrorisme et le Yémen est un itinéraire pétrolier stratégique. Même si le pays est fragile, conclut Samy Dorlian, je ne pense pas que le régime va tomber si facilement. »

    Lire la suite de l’article : la-croix.com


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  • Géopolitique de la corne de l'Afrique : la Somalie

    L’émergence des milices Al-Shabab en Somalie doit être resituée dans le contexte des décennies de mauvaise gestion, de dictature et d’abus qui les ont précédés. Suite à l’invasion éthiopienne soutenue par les Etats-Unis en 2006, la progression de l’UIC (Union of Islamic Courts) plus modérée, a été bloquée. L’exode de quelques 300 000 personnes vers le Yémen en a été la conséquence. Cet état de fait a libéré un véritable espace aux extrémistes d’Al-Shabab comme principale force hégémonique, issus pourtant du conglomérat de l’UIC. Et alors que les effets du bombardement de Kampala retombent, les gouvernements alliés aux Américains, l’Ethiopie et l’Ouganda, cherchent une fois de plus à faire du capital politique de la tragédie somalienne à des fins qui leur sont propres, avec un Obama complice.<o:p></o:p>

    L’émergence d’Al-Shabab n’est pas un accident de l’Histoire. D’un point de vue technique, on pourrait s’attendre à ce que la Somalie soit une entité géographique unifiée. En effet, tous les Somaliens parlent une même langue et ne souffrent pas de contentieux liés à des différences ethniques, comme tant d’autres anciennes colonies en Afrique. Paradoxalement, la Somalie a toujours été marquée par de profonds clivages et dans le même temps l’élite somalie a toujours cultivé le rêve d’une ‘’Grande Somalie’’ en considérant qu’il est de leur devoir d’unir tous les peuples parlant le somali. Ce projet concerne également les Somalis qui vivent dans les pays voisins : <o:p></o:p>

    la région de l’Ogaden en Ethiopie,<o:p></o:p>

    les peuples Issas installés à Djibouti<o:p></o:p>

    les Somalis qui habitent une région connue sous le nom de Northern Frontier District au Kenya…<o:p></o:p>

    La Corne de l’Afrique a dû faire face au même arbitraire en ce qui concerne les frontières héritées de l’époque coloniale ; des frontières qui ont séparé des peuples pourtant de même culture.

    Mais le projet d’un Etat culturellement homogène, englobant les minorités somalies voisines, était dès l’origine voué à l’échec et contraire à la Charte africaine qui impose et garantit le respect des frontières. Par conséquent, l’irrédentisme somalien visant le Kenya et l’Ethiopie nourrit et aggrave ainsi l’animosité historique avec l’Ethiopie. Pendant la Guerre Froide, la tension entre les deux pays a fourni à l’Union soviétique et aux Etats-Unis l’occasion de se servir de ces deux pays dans leurs conflits géopolitiques par nations interposées. La Corne de l’Afrique, dont fait partie la Somalie, est devenue le pendant de l’Afghanistan, du Vietnam et d’autres points chauds du globe de cette époque.

    L’Ethiopie et la Somalie se sont livrées deux guerres majeures, et notamment une qui incluait la participation de forces cubaines en 1997-1978. Une force combinée comprenant des Ethiopiens, 15 000 Cubains et 1 500 conseillers soviétiques et leur armement ont défait l’armée somalienne. Cette défaite a été le début de la fin d’un Etat somalien fonctionnel au vrai sens du terme. Elle a été suivie d’une longue guerre civile dans les années 1980 qui a abouti à la désintégration du pays. Des interventions maladroites que ce soit de la part des Etats-Unis ou des Nations Unies, au cours des années 1990, n’ont fait qu’empirer une situation déjà très dégradée.<o:p></o:p>

    Des seigneurs de guerre issus de clans ont remplacé la dictature centralisée de Mohammed Siad Barre qui gouvernait la Somalie de 1969 à 1991. Après la chute de Siad Barre, le Somaliland et le Puntland sont devenus deux entités séparées, relativement stables, mais non reconnues internationalement. Pourtant, à la fin juin 2010, le Somaliland a organisé et tenu des élections qui sont les seules de la région à avoir satisfaites aux standards internationaux. Le candidat de l’opposition, Ahmed M. Maha Silanyo a remporté les élections au détriment du président sortant, Dahir Riyale Kahin. Tandis que la guerre civile règne dans la Somalie du Sud et la région de Mogadishu depuis au moins deux décennies.<o:p></o:p>

    En 1993, suite à la mort de 18 marines et après que deux hélicoptères Black Hawk aient été abattus, les Américains se sont totalement retirés du territoire somalien. L’horrible scène d’octobre1993, qui montre la dépouille mortelle d’un soldat américain traînée dans les rues de Mogadishu - appelé l’effet CNN -, reste dans la mémoire de nombreux Américains. Elle a influé sur la décision de l’administration Clinton de retirer les troupes américaines du pays. La Somalie a connu un regain d’intérêt de la part des occidentaux seulement après le 11 septembre, par crainte qu’elle puisse devenir une pépinière pour le djihad global et un repaire pour des éléments d’Al Qaeda.<o:p></o:p>

    Il y a eu quatorze tentatives pour installer un gouvernement central en Somalie entre 1991 et 2010. L’actuel Transitional Federal Governement (TFG), dirigé par Sharif Sheikh Ahmed est la dernière version de ces tentatives. La plupart des Somaliens considère celui-ci comme une marionnette de l’Ethiopie, et ce même si Hillary Clinton déclarait à son propos « qu’il était le meilleur espoir du pays’’. Son gouvernement contrôle à peine deux quartiers de Mogadishu et seulement grâce à la protection d’environ 3000 soldats ougandais et environ 2000 soldats du Burundi qui représentent la mission mal conçue de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). L’intervention ougandaise, burundaise et éthiopienne est très mal acceptée par les Somalis quelle que soit leur obédience.<o:p></o:p>

    La justification première de leur présence est ostensiblement le maintien de la paix. Mais il n’y a pas de paix à maintenir en Somalie. L’Ouganda et l’Ethiopie ont besoin de connaître la paix à l’intérieur de leurs propres territoires avant que de prétendre apporter la paix sur d’autres terres. Pour rappel, les insurrections en Ethiopie concernent celle menée par l’Ogaden National Liberation Front (ONLF) dont la lutte pour l’autodétermination en faveur de 4 millions de Somalis ethniques s’éternise. Elle a coûté des milliers de vie et a été désignée comme ‘’ un autre Darfour’’ par certains observateurs. Depuis les années 1980, la région du nord de l’Ouganda est ravagée par un groupe meurtrier connu sous le nom de Lord’s Resistance Army. (LRA).<o:p></o:p>

    La première justification de l’intervention éthiopienne repose sur son intérêt à entretenir une Somalie faible et désintégrée. L’Ethiopie bénéficie ainsi de l’assistance financière, militaire et politique des Etats-Unis en se présentant comme un allié sûr dans la ‘’guerre contre le terrorisme’’. Elle reçoit la plus grande part de l’aide américaine de tous les pays de l’Afrique subsaharienne. De même, l’Ouganda et le Burundi, bien que n’ayant pas de frontières communes avec la Somalie, interviennent afin de s’assurer d’un large soutien américain. En échange, les Etats-Unis restent muets lorsque ses dirigeants truquent les élections ou changent les termes de la Constitution afin de pouvoir se maintenir au pouvoir. De quelque côté que l’on se tourne, c’est un jeu machiavélique.

    Si la quête de la paix était réelle, l’Ethiopie serait le dernier pays africain à être encouragé à envoyer des troupes en Somalie. Pourtant, en 2006, l’Ethiopie est intervenue avec le soutien américain pour empêcher l’ascendance de l’Union of Islamic Courts (UIC), composée de musulmans relativement modérés. Cette intervention a permis d’imposer un semblant d’ordre pour la première fois en quinze ans. Mais elle a également permis qu’au sein de l’UIC, les extrémistes d’Al-Shabab triomphent comme force hégémonique. L’Ethiopie s’est officiellement retirée, mais seulement après s’être enlisée et avoir plongé la Somalie dans un chaos encore plus profond, déplaçant 300 000 Somalis et jetant le désarroi dans la société somalienne alors que des mouvements de sa base qui semblaient prometteurs ont été tué dans l’œuf par l’intervention éthiopienne. Malgré ce retrait officiel, les troupes éthiopiennes exécutent encore sporadiquement des incursions en Somalie.<o:p></o:p>

    Compte tenu de la nature prédatrice des gouvernements du Burundi, de l’Ethiopie et de l’Ouganda, qui sont principalement des dictatures militaires ou des pays à parti unique, peu de crédit peut leur être accordé en ce qui concerne l’amélioration de la stabilité politique régionale de la Corne de l’Afrique. Par exemple, lors de la dernière élection présidentielle, l’actuel président du Kenya, Mwai Kibaki, a été soupçonné d’avoir volé la victoire à Raila Odinga (qui appartient au même groupe ethnique que le père du président Barack Obama), devenu Premier ministre dans un gouvernement de coalition chancelant. Pourtant dans la région, le pays reste un allié en matière de sécurité et par conséquent à l’abri d’un examen sérieux de la part des Américains.<o:p></o:p>

    En 2006, l’administration Bush a fourni des renseignements à l’Ethiopie en prévision de l’invasion. Elle a aussi utilisé les installations à Djibouti, en Ethiopie et au Kenya à partir desquelles elle a perpétré, en 2007 et 2008, des attaques aériennes, et par missiles, contre des sites en Somalie soupçonnés d’appartenir à l’Al Qaeda. Les attaques aériennes ont causé la mort de plusieurs douzaines de civils et ont fait des centaines de blessés. En outre, elles ont révélé au grand jour l’implication américaine. Ces attaques aériennes périodiques se poursuivent sous l’administration Obama. Le meurtre de civils somalis ne fait rien d’autre que contribuer à pousser les gens plus loin dans le désespoir et l’extrémisme. D’autant que de nombreux rapports crédibles accusent l’AMISOM de la mort de civils et d’autres excès.<o:p></o:p>

    Les attentats de Kampala ont été revendiqués par les islamistes somaliens shebab ont fait 76 morts le 11 juillet dernier. Ces responsables ont été "arrêtés" le 12 août. Le chef des renseignements militaires ougandais a présenté à la presse quatre suspects. Les quatre hommes sont tous de nationalité ougandaise. Deux attentats avaient visé à Kampala un restaurant éthiopien et le bar d’un club de rugby qui retransmettaient la finale de la Coupe du monde de football. Dans le sillage des bombes de Kampala, Obama a déclaré « qu’Al Qaeda est raciste et ne se soucie pas des vies africaines ». Personne ne peut contester ces propos. Néanmoins la vraie question est de savoir si Obama est réellement soucieux des vies africaines. Si vraiment il a à cœur la vie des Africains, pourquoi soutient-il des dictateurs comme Meles Zenawi en Ethiopie et Yoweri Museweni en Ouganda ? Des dictateurs qui, délibérément, sacrifient leurs soldats et des vies innocentes en échange de dollars ? Dès lors, il n’est guère surprenant que Zenawi et Museweni manoeuvrent d’ores et déjà pour justifier des interventions élargies afin d’exploiter la tragédie de Kampala, avec la bienveillance d’Obama. L’ironie de l’affaire c’est qu’Al-Shabab espère aussi l’escalade et la régionalisation du conflit dans l’espoir de renforcer le soutien qui s’effiloche de la part des Somaliens en raison de la dure répression exercée par le mouvement et dont les Somaliens sont fatigués.<o:p></o:p>

    Se reposer sur l’Ethiopie, l’Ouganda et le Burundi pour le maintien de la paix en Somalie équivaut à envoyer des soldats indiens pacifier les zones tribales au Pakistan. C’est une contradiction dans les termes et une meurtrière méconnaissance du problème sur le fond. Cela mine les modérés et entretient le jeu des extrémistes. La volonté des Etats-Unis d’endosser les interventions est rarement assortie d’un engagement en faveur d’un effort global pour obtenir la paix. Avec l’enlisement en Afghanistan et en Irak, il n’y a guère de volonté politique aux Etats-Unis pour gérer la complexité des tenants et aboutissants en Somalie. La Somalie n’a pas besoin d’une occupation renforcée par des voisins qui servent leurs propres intérêts. Un point de départ possible pour reconstruire la Somalie pourrait être l’utilisation de l’argent gaspillé pour AMISOM afin d’aider les Somaliens et l’expérience démocratique naissante au Somaliland au vu du désert démocratique dont souffre la région.<o:p></o:p>

    par chibani84 lundi 30 août 2010


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