• Bavure à Bagdad

    Bavure à Bagdad : la "démocratie" est en bonne voie

    La vidéo ci-dessous met l'armée américaine dans l'embarras. Elle montre des militaires américains tirer sur ce qu'ils croient être des insurgés, à Bagdad.

    Il n'en est rien.

    Ce qu'ils prenaient pour des armes étaient en fait des appareils photos... Les soldats ont ainsi abattu un photographe de l'agence de presse Reuters, son assistant, ainsi que les personnes qui ont tenté de les secourir.

    La scène est tirée des images prises à bord d'hélicoptères de l'armée. La vidéo intulée "Collateral murders" a été mise en ligne hier, lundi, par le site Wikileaks, trois ans après les faits qui se sont produits le 12 juillet 2007 (voir l'article sur l'origine de la vidéo).

    Elles s'opposent à la version officielle selon laquelle les victimes s'étaient retrouvées au milieu d'un combat entre l'armée et des "insurgés". Un responsable de l'armée américaine précisa aussi qu'aucun civil n'avait été tué "délibérément".

    Attention, les images sont très violentes.


    Le document publié dure 38 minutes. Wikileaks en a réalisé un montage pour obtenir une version plus courte de près de 18 minutes, en ajoutant des sous-titres (en anglais) pour comprendre le dialogue entre les militaires.

    Si vous n'avez pas le temps de regarder l'intégralité de la vidéo, voici les dix points forts à retenir de cette terrible méprise.


    1. Les photographes pris pour des hommes armés

    Les soldats américains signalent des individus qui leur paraissent suspects. "L'un d'eux a une arme", note un militaire au début du document.

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    La caméra zoome alors sur les suspects, supposés armés. Nous les avons vernés de rouge. En fait, il s'agit du photographe et de son assistant qui tiennent les appareils photo en bandoulière.

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    Les militaires prennent les suspects dans leur ligne de mire. On entend alors l'un d'eux les insulter : "fucking prick" ("sales enculés").

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    A ce moment, les militaires sont définitivement convaincus d'avoir affaire à des insurgés. "On a des indivus armés", dit un soldat. "On a 5 ou 6 individus armés d'AK 47 [des kalachnikov, ndlr]", précise un autre.

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    2. Les militaires demandent l'autorisation de tirer

    Dès lors, les soldats engagent une procédure. "Demande permission de tirer", somme un soldat.

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    "Vous pouvez tirer", lui répond-on rapidement. "Ok, on va tirer", enchaîne un soldat. A l'image, le photographe et son assistant sont toujours dans la ligne de mire des Américains.

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    Les soldats patientent un peu avant de tirer, gênés par le bâtiment derrière lequel marchent le photographe, son assistant et des civils qui sont avec eux.

    La tension monte.

    Alors que le photographe se penche sur son appareil photo à l'angle du bâtiment, les militaires croient qu'il est armé d'un lance-roquette : "We got a guy with an RPG", lâche un militaire, persuadé que le suspect s'apprête à tirer.

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    "Quand vous les avez dans le viseur, tirez-leur dessus", ordonne un autre militaire.

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    3. L'armée américaine les abats

    Un hélico fait le tour de l'immeuble pour avoir les cibles dans son champ.

    Juste avant que les soldats ne fassent feu, Wikileaks a pointé sur la vidéo le photographe Namir, qui s'apprête à prendre une photo, et son assistant Saeed qui est au téléphone. Nous les avons entourés de rouge.

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    Les militaires tirent... Le photographe de 22 ans, son assistant et les personnes qui les entourent tombent à terre...

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    L'un d'eux tente de s'échapper mais se fait rattraper par les balles. En parrallèle, on entend "Keep shooting" ("continuez de tirer") ordonné par un militaire à de multiples reprises.

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    4. Un soldat s'amuse d'avoir tué une cible

    Les images montrent alors un homme qui tente de s'échapper. Selon Wikileaks, il s'agit de l'assistant du photographe.

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    "On voit deux oiseaux", lâche un soldat. On peut supposer qu'il s'agit du nom de code pour les personnes tentant de fuir. "On continue de tirer", enchaîne-t-il. Les soldats font feu.

    On entend alors le rire gras d'un militaire :. "Haha, je les ai eus".

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    Le feu cesse. Les militaires tentent de "trouver d'autres cibles".

     

    5. Les militaires abattent deux survivants

    La caméra de l'hélico zoome sur les corps des victimes. Wikileaks croit reconnaître le corps de Namir, le photographe, pointé par une flêche.

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    "Il y a un mec qui rampe", lâche alors un militaire. "On tire encore".

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    Les militaires observent le carnage. "Sympa", lâche l'un d'eux. "Bons tirs", conclut-il.

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    6. Un survivant tente de s'en sortir

    Quelques minutes s'écoulent entre la fin des tirs et l'observation d'un militaire : "Il y a un mec qui bouge en bas, mais il est blessé".

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    "Il essaie de partir en rampant", précise un autre soldat. Selon Wikileaks, il s'agit de Saeed, l'assistant du photographe.

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    L'homme tente de se lever. "Est-ce qu'il est armé ?", demande un militaire. "Non, je n'ai rien vu", répond un autre.

    Pendant d'interminables secondes, on observe la victime tenter péniblement de se lever, alors qu'un militaire le garde dans sa ligne de mire. "Si on voit une arme, on tire", précise un militaire.

    7. Les secours se font tirer dessus

    L'armée observe alors qu'une camionnette bleue s'approche et "ramasse les corps".

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    La caméra zoome. Un soldat se demande alors si le chauffeur de la camionnette n'est pas aussi en train de ramasser des armes.

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    Un soldat demande plusieurs fois l'autorisation de faire feu. "Allez, laissez-nous tirer", s'énerve un autre. Pendant ce temps, des civils tentent d'évacuer le survivant.

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    Les militaires obtiennent le feu vert. Feu. La camionnette est criblée de balles, puis disparaît sous un nuage de poussière.

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    Pour être sûr de ne laisser aucune chance aux passagers de la camionnette, l'hélicoptère tire en encerclant le véhicule.

    Les hélicos tournent autour de la scène pour faire un état des lieux et compter les victimes, évaluées entre 12 et 15. De nouveau, on entend un militaire rire en observant le carnage.

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    8. Les tanks écrasent les corps

    La vidéo continue avec un texte rappelant la version officielle :

    "Huit minutes après la scène, une équipe terrestre arriva sur place", explique Wikileaks qui reprend le témoignage d'un capitaine : "Je les [les soldats, ndlr] ai entendus dire qu'ils ne pouvaient pas aller plus loin avec les tanks parce qu'il y avait trop de corps, et ils ne voulaient pas leur rouler dessus".

    Mais quelques secondes plus tard, on voit les images d'un tank, et l'on entend par-dessus le commentaire de soldats : "Haha, il a roulé sur un corps".

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    9. Des enfants blessés négligés

    On voit ensuite des soldats américains inspecter la camionnette. A l'intérieur, ils trouvent deux enfants blessés. Wikileaks pointe sur la vidéo un soldat en train d'évacuer l'un des deux :

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    Un soldat demande alors à sa hiérarchie de les faire soigner par le médecin de l'armée américaine. "Négatif", répond le haut commandement, ordonnant que les enfants soient évacués dans un hôpital local.

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    Comme pour se déculpabiliser de ne pas offrir les meilleurs soins aux enfants, un militaire lâche : "C'est de leur faute s'ils ont emmené leurs gosses au milieu du combat".

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    10. L'armée a nié tout dérapage

    La vidéo se conclut par un rappel de Wikileaks sur le déroulé officiel des faits.

    "Aucun civil innocent n'a été délibérément tué par nos troupes", avait déclaré à l'époque l'état major au Washington Post. "Je sais que deux enfants ont été blessés. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour les aider. Je ne sais pas comment ils ont été blessés."

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    La vidéo revient alors sur la camionnette bleue avant qu'elle ne soit prise pour cible. Wikileaks pointe ce qu'il affirme être les deux enfants, à l'avant du véhicule.

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    L'armée américaine a reconnu tous les faits qui se sont déroulés dans cette vidéo. "Nous avions des insurgés et des reporters dans une zone où les forces américaines allaient tomber dans une embuscade", a expliqué un responsable de le l'état major américain, sous couvert d'anonymat, cité par France24. "A ce moment là, nous ne pouvions pas discerner si (les employés de Reuters) portaient des caméras ou des armes."


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  • Commentaires

    1
    Lisa Sion
    Jeudi 8 Avril 2010 à 01:22
    Slu,

    il y a presque vingt ans, ces monstres engageaient une guerre qui devait être éclair et dont ils se vantaient qu'elle était due à leur capacité à exécuter des " frappes chirurgicales "...??? Primo, cette guerre s'est enlisée et ils ne s'en vantent plus. Ensuite ils en ont démarré une autre dont ils ne savent pas où elle va, et maintenant ils en envisage une troisième et avec notre consentement...

    En tous cas, joli travail de montage vidéo, c'est clair et net, ils ont été formatés aux jeux vidéos. Merci à toi. L.S.
    2
    webrunner Profil de webrunner
    Jeudi 8 Avril 2010 à 07:49
    ils ne veulent pas savoir où ils vont...qu'il y ait la guerre leur suffit. Je parle des dirigeants. Pour l'individu qui appuie sur la gachette, et qui se croit dans un jeu video, alors là, ça relève de la psychiatrie.
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