• Clotilde Reiss, une libération pas affranchie de questions

    Clotilde Reiss, une libération pas affranchie de questions

    Iran. Caution, marchandage… le Quai d’Orsay reste discret sur l’accord passé pour relâcher la jeune universitaire française.

    Elle a certes quitté dimanche soir sa cellule de la prison d’Evin, mais l’universitaire française Clotilde Reiss, 24 ans, reste sous contrôle judiciaire. Assignée à résidence à l’ambassade, elle attend le verdict de son procès devant le tribunal révolutionnaire pour «espionnage», des accusations jugées «totalement fantaisistes» par les autorités françaises comme par son entourage. L’affaire n’est donc pas finie et les proches du dossier préfèrent, à raison, rester discrets.

    Quelle caution a été versée ?

    Le procureur de Téhéran, Saïd Mortazavi, a déclaré hier à l’agence iranienne Mehr que la jeune femme avait été mise en liberté «après le dépôt d’une caution de 300 millions de tomans», soit près de 213 000 euros. Interrogée par l’AFP, l’ambassade de France à Téhéran s’est refusée à tout commentaire. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, cité par le Monde, a reconnu le versement de la caution tout en précisant qu’elle n’avait «rien d’énorme et ne se montait pas à des centaines de milliers d’euros». Une caution a aussi été payée pour la Franco-Iranienne Nazak Afshar, employée depuis dix-huit ans aux services culturels de l’ambassade de France, remise en liberté le 11 août et assignée à résidence. De tels paiements n’ont a priori rien de honteux : il ne s’agit pas de rançons payées à des ravisseurs, même si ces prisonniers sont les otages d’un régime contesté après la réélection, le 12 juin, du président Ahmadinejad grâce à des fraudes massives. Le versement d’une caution par Paris signifie néanmoins la reconnaissance d’une procédure dénoncée comme un simulacre de justice par les principales organisations de défense des droits de l’homme et l’opposition iranienne. Nombre de ses représentants en exil regrettent en outre que «la focalisation sur ce cas fasse oublier le sort de centaines d’autres personnes arrêtées». L’activisme montré par les autorités françaises, y compris au plus haut niveau, a pu également avoir un effet contre-productif. «Le ton employé par Paris a donné aux Iraniens les arguments qu’ils recherchaient pour montrer à leur opinion publique qu’il y avait bien eu une intervention étrangère», soupire Yann Richard, spécialiste de l’Iran (1).


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