• Collaboration Militaire Russie-Iran

    Géopolitique et stratégie

    Collaboration Militaire Russie-Iran : D'abord En Mer Caspienne, Ensuite......Dans Le Golfe Persique ?


    Les Etats Unis aimeraient considérer la Russie comme un partenaire stratégique lorsqu'il s'agit de l'Iran. En réalité, les tensions géostratégiques entre Washington et Moscou restent suffisamment puissantes pour nécessiter une approche commune de la Russie et de sa voisine à l'Est, l'Iran, en matière de stratégie de dissuasion à l'égard d'une superpuissance occidentale intrusive.

     


    Collaboration Militaire Russie-Iran : D'abord En Mer Caspienne, Ensuite......Dans Le Golfe Persique ?

    Collaboration rapprochée Russie-Iran

    Cette semaine, un signal petit mais significatif s'est manifesté lors d'exercices militaires conjoints Russie - Iran en Mer Caspienne impliquant 30 navires de guerre. Cela a été en partie dissimulé sous un prétexte environnemental mineur.

    La manoeuvre, intitulée " Regional Collaboration for a Secure and Clean Caspian" ( Collaboration Régionale pour une Caspienne Sûre et Propre) inclut des objectifs à la fois sécuritaires et maritimes en Mer Caspienne, le lac le plus étendue du monde et aussi une zone riche en ressources énergétiques donnant lieu à diverses initiatives pour le transport de ces ressources. C'est le signal d'une nouvelle tendance dans la coopération militaire Russie-Iran.

    Elle va certainement se développer à court et moyen terme à cause du statut d'observateur de l'Iran au sein de la Shangai Coopération Organisation (SCO). L'actuel blocage en ce qui concerne le programme nucléaire de l'Iran devrait avoir un impact sur le réchauffement de ces relations.

    La volonté de l'Iran de se joindre à ces exercices représente un volte face complet de ce qui s'était passé il y a 7 ans. En Mai 2002, Téhéran avait réagi vigoureusement à un exercice militaire russe en Mer Caspienne - qui s'était déroulé juste après un sommet infructueux - en refusant même d'envoyer un observateur militaire à la manoeuvre.

    Malgré tous les hauts et les bas des relations Iran -Russie depuis, le poids des considérations géopolitiques et géo - économiques pour les deux pays a fait qu'ils se sont de plus en plus orientés vers une coopération, au grand dam de Washington qui essaie par tous les moyens d'isoler L'iran "en voie de nucléarisation".

    Au moment où Moscou estime son pouvoir sapé par les projets de pipeline soutenus par les US dans la région, de même que déçu par l'absence de compromis de l'Administration Obama en ce qui concerne l'installation programmée d'un bouclier anti missile en Europe de l'Est, l'intention de Moscou d'intensifier ses relations militaires avec Téhéran est calculée. Le signal envoyé à Washington c'est que la Russie ne tolère aucun scénario direct ou indirect de "changement de régime" en ce qui concerne l'Iran, un pilier majeur du sentiment anti US dans la région.

    Les exercices militaires de deux jours dans la région sont observés attentivement par les autres états du littoral dans la région - Azerbaïdjan, Turkmenistan, et Kazakhstan - de même que par les pays voisins dans le Caucase et en Asie Centrale, certains étant alignés sur l'Occident et craignant un accroissement des liens militaires Russie-Iran.

    Si la Russie remplit sa promesse d'activer la centrale nucléaire de Bushehr qu'elle a aidé à construire en Iran et dont la mise en service à longtemps été retardée, une grande partie des malentendus iraniens concernant la Russie vont disparaître. Après tout, la Russie est le seul partenaire nucléaire de l'Iran et le Président russe, Dmitry Medvedev, a ouvertement repoussé la tentative d'Obama lors de sa récente visite à Moscou de lier le nouveau traité sur la limitation des armements avec la question de nouvelles sanctions contre l'Iran.

    Ce n'est donc pas surprenant que, la veille de l'exercice militaire conjoint Russie -Iran, la secrétaire d'état US, Hillary Clinton, a manifesté une approche US plus dure envers l'Iran en déclarant catégoriquement que les US étaient opposés à ce que l'Iran possède un programme "d'enrichissement complet d'uranium" alors même que cela est autorisé dans les articles du TNP dont l'Iran est signataire. La déclaration de Clinton est à l'opposé de celle qu'Obama a faite lors de sa visite à Prague, quand il a dit que les US était prêts à accepter le programme d'enrichissement d'uranium de l'Iran à condition qu'il soit sous contrôle total de l'AIEA.

    Le fossé entre Moscou et Washington concernant l'Iran est entrain indiscutablement de s'élargir, et cela aura certainement un impact sur les plans de l'Administration Obama concernant de nouvelles sanctions sévères en fin d'année. Téhéran a déjà subi plusieurs vagues de sanctions de l'ONU, de même que celles imposées unilatéralement par les US à cause de son programme nucléaire.

    Le secrétaire à la défense US, Robert Gates, lors d'une visite en Israël cette semaine, a dit à ses hôtes qu'il gardait "espoir" en ce qui concerne le dialogue de l'Administration US avec l'Iran dans les prochains mois, laissant entendre qu'il y aurait probablement une date butoir pour ce "dialogue", qui agace Israël de même que certains pays arabes modérés.

    Comparées aux hypothétiques discussions US-Iran, les relations entre la Russie et l'Iran se rapprochent d'une lune de miel sur la base de considérations géostratégiques. La manoeuvre conjointe dans la Caspienne pourrait se révéler être un point de départ pour une collaboration militaire plus soutenue entre les flottes russes et iraniennes, tout particulièrement si Moscou met de côté son refus précédent d'autoriser de nouveaux navires de guerre iraniens à entrer en Mer Caspienne via le Canal de la Volga.

    Les voisins de la Russie situés sur le pourtour de la Mer Caspienne - en particulier l'Azerbaïdjan - pourraient ne pas l'apprécier car il existe une dispute entreTéhéran et Baku à propos d'un champ de pétrole en Caspienne. Néanmoins, l'impératif d'une coopération Russie-Iran pour faire face à une influence occidentale impose qu'il y ait un renforcement de la présence navale de l'Iran en Mer Caspienne.

    Une question importante se pose concernant les ramifications possibles d'une coopération rapprochée militaire Russie -Iran sur le blocage concernant la propriété de la Mer Caspienne. La plupart de la Caspienne est déjà découpée par des accords bilatéraux et trilatéraux, impliquant la Russie, l'Azerbaïdjan et le Kazakhstan. L'Iran reste insatisfaite du manque de coopération de la Russie sur cette question.Cela a d'une certaine façon été compensé par le fait que les deux pays ont accepté l'utilisation conjointe de la surface de la Mer Caspienne, qui remonte à un accord de 1921 dit Accord d' Amitié Russie -Iran. Ce pacte est la base légale de la coopération navale actuelle entre les deux pays.

    Cependant, le sentiment dominant en Iran c'est que Moscou doit faire quelques concessions à l'Iran su le problème épineux de l'autorité légale sur la Caspienne afin d'obtenir la confiance totale de l'Iran. Même les responsables iraniens en charge des affaires de la Caspienne ne savent pas exactement ce que la Russie peut faire à propos de cette situation qui dépend partiellement de l'attitude des autres états du littoral de la Caspienne.

    Accuser la Russie du blocage concernant les droits légaux sur la Caspienne est le passe temps favori de certains réformistes en Iran qui éprouvent du ressentiment à l'égard de Moscou à cause de l'acceptation rapide après l'élection du 12 Juin de la victoire du Président Mahmoud Ahmadinejad. De telles critiques doivent être atténuées par un raisonnement à froid sur les limites de l'influence de la Russie sur ses voisins du littoral Caspien qui se sont partagés entre eux la mer intérieure.

    Autre question soulevée par les manoeuvres, cette fois en lien avec le Golfe Persique considéré comme de facto un "lac américain" où la France est entrée en scène par un accord avec les Emirats Arabes Unis d'installation d'une base permanente. La faible réponse de l'Iran à l'arrivée de la France, inexcusable selon les normes de politique étrangère iranienne, pourrait être rééquilibrée par des exercices identiques militaires Russie-Iran dans le Golfe Persique.

    Kaveh L. Afrasiabi 30/07/09 Copyright www.atimes.com

    Kaveh L Afrasiabi, PhD, est l'auteur de "After Khomeini: New Directions in Iran's Foreign Policy (Westview Press). Son dernier livre, "Reading In Iran Foreign Policy After September 11 (BookSurge Publishing , October 23, 2008)" est disponible.


    Traduction Mireille Delamarre

    Mercredi 29 Juillet 2009

    Source :
    http://www.alterinfo.net

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