• Espagne: « Pour toutes ces raisons, je suis indigné »

    La Puerta del Sol, à Madrid, est littéralement prise d'assaut par les Indignados. Mais qui sont-ils et que revendiquent-ils? Bertrand Renouvin, sur son blog, publie leur manifeste, traduit de l'Espagnol par David Novarro.


     

    ( capture d'écran Dailymotion - euronews - cc )
    ( capture d'écran Dailymotion - euronews - cc )
    Nous sommes des personnes normales et tout ce qu’il y a de plus ordinaires. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent le matin pour étudier, pour travailler ou pour chercher du travail, des gens qui ont de la famille et des amis. Des gens qui travaillent dur tous les jours pour vivre et offrir un avenir meilleur à ceux qui nous entourent.

    Certains d’entre-nous se considèrent comme davantage progressistes, d’autres plus conservateurs. Les uns croyants, les autres non. Certains ont des idéologies bien définies… d’autres enfin se considèrent comme apolitiques. Mais nous sommes tous préoccupés et indignés par le panorama politique, économique et social qui nous entoure. Par la corruption des politiques, des entrepreneurs, des banquiers… Par le mépris des citoyens ordinaires.

    Cette situation nous fait mal tous les jours. Mais si nous nous unissons tous, nous pouvons la changer. Il est l’heure de se mettre en mouvement, l’heure de construire pour tous une société meilleure. Pour cela, nous soutenons fermement ce qui suit :

    Les priorités de toute société avancée doivent être l’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès à la culture, l’équilibre écologique et le développement, le bien-être et le bonheur des personnes.

    Il existe des droits basiques qui doivent être garantis dans toute société : le droit au logement, au travail, à la santé, à l’éducation, à la participation politique, au libre développement personnel, et le droit à la consommation des biens nécessaires à une vie saine et heureuse.

    Le fonctionnement actuel de notre système économique et gouvernemental ne porte pas attention à ces priorités et constitue un obstacle au progrès de l’humanité.

    La démocratie vient du peuple (démo =peuple ; cratie =gouvernement) et le gouvernement doit être celui du peuple. Toutefois, dans ce pays, la majeure partie de la classe politique ne veut pas nous écouter. Son rôle devrait être d’élever notre voix à la hauteur des institutions, en facilitant la participation politique citoyenne suivant un cours direct et pour le bénéfice de la société, et non de s’enrichir et de prospérer à nos frais, attentifs seulement aux diktats des grands pouvoirs économiques et s’affairant au pouvoir à travers une dictature des partis à la tête desquels on trouve les inamovibles sigles du PPSOE.

    La soif et l’accumulation de pouvoir chez quelques uns génère les inégalités, crispation et injustice, ce qui conduit à la violence, que nous refusons. L’obsolète et antinaturel modèle économique en vigueur bloque les mécanismes de la société en une spirale qui se consume elle-même, enrichissant quelques uns et faisant entrer les autres dans la pauvreté et l’indigence. Jusqu’à l’effondrement final.

    La fin et les moyens du système résident dans l’accumulation de l’argent, primant par dessus tout l’efficience et le bien-être de la société. En gaspillant les ressources, en détruisant la planète, tout en gérant le chômage et des consommateurs aux besoins jamais assouvis.

    Les citoyens sont une partie de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir une minorité qui ne sait rien de nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de tout cela n’existerait. C’est pourquoi nous sommes décidés à apparaître au jour, puisque c’est nous qui faisons avancer le monde.

    Si, comme société, nous apprenons à ne plus lier notre futur à une abstraite rentabilité économique qui jamais ne profite à la majorité, nous pourrons faire disparaître les abus et carences dont nous souffrons.

    Une révolution éthique est nécessaire. Nous avons placé l’argent au dessus de l’être humain au lieu de le mettre à notre service ; nous sommes des personnes, pas des produits de marché. Ce qui me définit, ce n’est pas seulement ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

    Pour toutes ces raisons, je suis indigné.

    Je crois que je peux le changer.

    Je crois que je peux y aider.

    Je sais, qu’unis, nous le pouvons.

    Descends dans la rue avec nous. C’est ton droit.

     

    Traduction de David Novarro.

    Retrouvez Bertrand Renouvin sur son blog.

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  • Si l’Espagne tombe, l’euro tombe

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    Ca commence à faire peur du côté de l’eurozone.

    La peur de la contamination se répand comme une trainée de poudre, réplicant le motif déjà vu avant le sauvetage de la Grèce. Un article du Spiegel expose de façon très utile les défis auxquels font face les pays de la zone euro qui sentent se rapprocher le vent du boulet en ce moment – la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne, avec une place toute chaude réservée pour l’Italie.

    L’Espagne est le test décisif pour l’Europe, nous dit l’article :

    « Des centaines de milliers d’Espagnols ont perdu leur maison et 1,2 millions leur travail [apès l'éclatement de la bulle immobilière]. Aujourd’hui, des mauvaises dettes se montant à 180 milliards d’euros plombent les institutions, dont la moitié pour les banques de détail. »

    Le chômage en Espagne est à 20%, et celui des jeunes deux fois plus haut, au niveau fou de 40%.

    L’année prochaine, l’Espagne doit lever 65 milliards d’euros pour refinancer de la dette plus ancienne. Le problème c’est que ça pourrait se révéler extrêmement onéreux. Le taux sur les bonds du trésor espagnols est monté à plus de 5% hier pour la première fois depuis 2002, alors que les marchés prennent peur que l’Espagne n’est qu’à un doigt de subir le même sort que l’Irlande. L’exposition qu’a ce pays au problème des mauvaises dettes portugaises n’aide pas non plus.

    Comme le note Der Spiegel :

    « Il y a beaucoup en jeu – pour l’Allemagne. Premièrement, parce que les banques allemandes ont prêté 134 milliards d’euros aux banques et entreprises espagnoles. Deuxièmement, parce que le paquet de renflouement européen, doté de 750 milliards d’euros, n’a pas été conçu pour la faillite d’un aussi grand pays que l’Espagne. En d’autres mots : si l’Espagne tombe, l’euro tombe. »

    Pendant ce temps là, un article de Reuters « Pense l’impensable, un éclatement de la zone euro », citant des gens qui avancent l’argument que ça va bien se passer, parce que ce n’est qu’une question d’ « écarts de taux de bonds du trésor », et que la volonté politique est trop forte pour que l’euro ne croule.

    C’est vrai, la force politique derrière l’euro est puissante, et il y a des politiciens qui n’abandonneront pas leur projet phare avant le gel de l’enfer.

    Mais, sérieusement, tous ces gens qui se sont plantés sur l’euro au départ doivent bien commencer à réaliser que la volonté politique seule ne peut pas éliminer les lois économiques et la réalité.

    Un article du blog d’Open Europe repris avec l’aimable autorisation de ses responsables.


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  • Espagne : le compte à rebours a commencé

    « Je ne suis pas anti système, le système est anti moi » ; « Banquiers plein de fric, citoyens indignés » ; « Mai 2011 le peuple parle : nous cherchons la solution que “ les politiques ne nous donnent pas ” » Ces trois slogans parmi d’autres, criés par les Espagnols qui se mobilisent de plus en plus dans les rues et sur les places de Madrid, résument particulièrement bien le désarroi des opinions européennes, en particulier dans les pays dit « périphériques » qui se heurtent à de colossales difficultés d’endettement.

    Depuis des mois, je n’ai cessé - dans des interventions à l’Assemblée et lors de manifestations nationales organisées par DLR, mais aussi dans le livre « l’arnaque du siècle » que je viens de publier - de mettre en garde les dirigeants européens sur l’impasse de la politique économique et sociale menée en Europe.

    Si aujourd’hui le peuple espagnol se réveille, ce n’est pas par hasard. C’est la conséquence directe de la politique d’austérité décidée par le gouvernement Zapatero sous l’influence, pour ne pas dire l’oukase, de l’Allemagne et de l’oligarchie de Bruxelles.

    Une politique d’autant plus insupportable qu’elle est à la fois inefficace et injuste.

    Inefficace, car on n’a jamais vu un plan de rigueur fonctionner quand la monnaie est surévaluée et empêche la reprise de la croissance. L’Argentine alignée sur la zone dollar s’y est essayée en son temps pour aboutir à la ruine, avant de se résoudre enfin à dévaluer sa monnaie et restructurer sa dette. Ce n’est qu’à partir de ce moment-là que son économie a pu redémarrer, l’emploi repartir et l’espoir de sa population renaître.

    Il en va exactement de même pour la Grèce, l’Espagne, le Portugal et bientôt l’Italie et, au-delà, la France. Seule la sortie de l’euro permettrait à ces pays de retrouver leur compétitivité et d’offrir une perspective à leur jeunesse.

    La révolte populaire espagnole s’explique aussi par l’injustice de la politique menée aujourd’hui. Au-delà du chômage de masse et de la baisse du pouvoir d’achat, c’est la dignité des citoyens qui est atteinte. Car au moment où l’on demande toujours plus d’efforts au peuple, une petite minorité se nourrit de privilèges toujours plus importants, les banques offrent à nouveau des bonus mirobolants aux traders, les grands patrons s’arrogent des salaires exorbitants.

    On comprend dans ces conditions la colère du peuple espagnol qui sait que les plans mis en œuvre ne serviront à rien et le condamnent à toujours plus de souffrances. Ce qui est nouveau, cependant, c’est qu’aucune force politique n’a été capable de s’extraire de cette dépendance psychologique et financière à l’égard des nouvelles puissances. La classe politique a été absorbée, achetée par une classe dirigeante aveugle, sourde et totalement cynique.

    La rue reste le seul exutoire. Ce qui se passe en Espagne devrait faire réfléchir les dirigeants européens, les obliger à renoncer à leur dogme. Mais en sont-ils seulement capables ?

    Le compte à rebours a commencé. A nous, pour ce qui concerne la France, de lui offrir une vraie issue politique.

     

    par Nicolas Dupont-Aignan (son site) mardi 24 mai 2011


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  • Restructuration de la dette ou comment sauver la Grèce

    PARIS, 20 mai (Reuters) - "Brutale" ou "douce", l'hypothèse d'une restructuration de la dette grecque fait son chemin et avec elle le risque d'en faire partager le fardeau aux banques et investisseurs privés, estiment des professionnels des marchés de taux.

    Ils soulignent toutefois que la Banque centrale européenne, résolument hostile à cette solution, dispose de sérieux moyens d'y faire barrage.

    "Re-profilage, restructuration douce", depuis que le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Junker a lâché le mot, les hypothèses vont bon train.

    "Le lapin est sorti du chapeau", s'exclame Christoph Rieger, stratégiste taux chez Commerzbank.

    "Une extension volontaire de la durée (de la dette) n'a de chances de succès que si les politiques décident de pénaliser les investisseurs qui détiennent des emprunts d'Etat grecs. Nous en doutons", explique-t-il dans une note.

    Il juge plus probable "une restructuration ou un défaut" en 2013 à moins que l'assistance financière à la Grèce soit accordée indéfiniment.


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  • Les socialistes espagnols enregistrent une lourde défaite aux élections locales

    LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 23.05.11 | 07h23  •  Mis à jour le 23.05.11 | 07h28

     

    L'écart de presque dix points vient sanctionner les socialistes, au pouvoir depuis 2004, à dix mois des législatives de mars 2012 et au moment où le pays est proie à une vague de contestation menée par les jeunes.

    L'écart de presque dix points vient sanctionner les socialistes, au pouvoir depuis 2004, à dix mois des législatives de mars 2012 et au moment où le pays est proie à une vague de contestation menée par les jeunes.REUTERS/JUAN MEDINA

    Les socialistes au pouvoir en Espagne ont subi, dimanche 22 mai, une très lourde défaite aux élections municipales. Le PSOE, avec 27,81 % des voix, arrive très loin derrière les conservateurs du Parti populaire (37,58 %), selon des résultats quasi définitifs. Les socialistes enregistrent leur plus mauvais score à des élections municipales depuis l'avènement de la démocratie en 1978, après la fin de la dictature de Franco.


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  • Comprendre la révolution espagnole

    Alors que l'Espagne fait sa révolution sous nos yeux, Enrique Dans, professeur et blogueur reconnu, nous donne les clefs pour comprendre ce soulèvement massif du peuple espagnol.

    par Enrique Dans Le 21 mai 2011


    COMPRENDRE LA REVOLUTION ESPAGNOLE


    [tous les liens de ce billet sont en espagnol, sauf mention contraire]

    Enrique Dans est professeur des systèmes de l’information à la IE Business School et blogueur reconnu en Espagne. Il s’intéresse notamment aux effets des nouvelles technologies sur les populations et les entreprises. Dans ce billet publié sur son blog le 18 mai, il explique en sept points les causes de ce soulèvement.

    Vous entendez toutes sortes de bêtises sur les mobilisations à Sol1 et dans de nombreuses villes d’Espagne : des théories conspirationistes absurdes [émission de radio] de ceux qui voient des ombres derrière toutes choses, jusqu’à la simplification grossière2 de ceux qui mettent l’étiquette “anti-système” alors même qu’ils ont la réponse sous les yeux. Ou encore la stupidité de de ceux3 qui prétendent être d’accord avec les manifestants [pdf], alors que ceux-ci protestent précisément contre eux, ce qu’ils ont fait et contre ceux qu’ils représentent.

    Je suis totalement d’accord avec Periodismo Humano : quelque chose de grand est en train de se passer ici. Le rejet des théories conspirationnistes stupides est absolu et radical, l’interprétation est claire et convaincante : les gens descendent dans la rue parce qu’ils réclament un changement. Un changement sur le fond dans la manière de faire de la politique et d’exercer la démocratie.

    Analyser les demandes des uns et des autres est un exercice vain : parmi les gens que je vois manifester dans la rue, très peu soutiendraient explicitement ces demandes. Beaucoup arrêtent de les lire parce qu’elles n’en valent tout simplement pas la peine : les citoyens descendent dans la rue avec une contre-pétition, appelant à un changement radical, parce que les partis politiques et le système ne les représentent déjà plus. Ils en représentent d’autres.

    En ce qui concerne les demandes concrètes… cela viendra plus tard, pour le moment, nous sommes dans un processus de changement. De quoi ? Il est trop tôt pour le savoir, et il possible d’espérer que, quel qu’il soit, ce changement soit pacifique, ordonné et civilisé. Je suis entièrement d’accord avec le billet d’Antonio Ortiz à cet égard.

    la suite sur ce blog


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  • La paëlla va être trop épicée(rediff du 12/2010)

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    Les grands du monde se sont réunis à Dubaï début décembre. Lors des échanges, un scénario, hélas vraisemblable, de panique financière, à partir des banques espagnoles, a circulé. Mais chut ! il ne faut pas que cela se sache…

     

    Réunie à Dubaï, le World économic Forum (célèbre pour organiser chaque début janvier le Forum de Davos) a été le lieu de débats discrets mais instructifs. Selon un des 700 participants, les « grands du monde » présents (notamment l’inévitable Klaus Schwab, fondateur du Forum, un ponte du FMI, un représentant chinois, un ministre sud-afriacain, tous le gratin du Golfe arabique, des Européens en nombre, etc) n’avaient qu’une angoisse : quand arrivera la prochaine crise systémique, modèle Lehmann Brothers 2008, mais en bien pire ?

    Le scénario préféré des financiers mondiaux commence par le défaut d’une banque espagnole. « Les banques espagnoles sont très grosses. Elles sont empêtrées jusqu’au cou dans la bulle immobilière, et chargées de créances irrécouvrables. Ces banques peuvent très bien connaître une crise de liquidité gigantesque, qui mettrait en péril d’autres grandes banques américaines et européennes qui sont leurs contreparties», explique un éminent invité du WEF.

    Ensuite le scénario vire à la tragédie planétaire. Car, à la différence de l’automne 2002, les budgets publics ne peuvent plus absorber un choc aussi violent que la faillite d’une grande banque systémique.

    L’Espagne qui aura en 2011 une dette publique de plus de 70 % du PIB sera dans l’obligation de garantir ses banques. « Pour les banques irlandaises, cela a coûté près de 40 milliards. On les a trouvés. Mais dans le cas de l’Espagne, il faudra peut-être multiplier le chiffre par 10 ! A ce moment-là les marchés, qui sont irrationnels par nature, risquent de refuser de prêter à l’Etat espagnol, comme il l’ont fait pour la Grèce et l’Irlande. Et le fonds européen de stabilisation de l’euro n’est pas dimensionné pour un tel enjeu… ».

    La fin du scénario est un véritable cauchemar : les marchés « irrationnels » retirent toute confiance aux dettes souveraines, les taux d’intérêts montent partout (sauf pour quelques Etats) et provoquent une récession majeure… Ces discussions, bien sûr, n’ont pas fait l’objet d’une quelconque publicité, le « off » ayant été accepté par tous les participants.

    Les citoyens lambdas, néanmoins épargnants et contribuables, se contenteront des communiqués bien plus rassurants du FMI et de la BCE, selon lesquels l’Espagne est absolument à l’abri de toute crise financière.

    Dormez bonne gens…


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  • Affaire Tapie : le rapport secret qui accable Christine Lagarde
     
     
     

    Présentée comme l'une des favorites des Européens pour succéder à Dominique Strauss-Kahn comme directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde est lourdement mise en cause par un rapport confidentiel de la Cour des comptes sur l'affaire Tapie. Mediapart en met en ligne une version quasi intégrale. De très nombreuses irrégularités sont relevées par les magistrats financiers. Elles vont nourrir les procédures engagées devant la Cour de justice de la République, devant le Conseil d'Etat et devant la Cour de discipline budgétaire.

    source : médiapart


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  • Le mouvement du 15-mai est "une contestation de fond de la société"

    LEMONDE.FR | 21.05.11 | 17h46  •  Mis à jour le 21.05.11 | 19h24


    A Madrid, vendredi 20 mai.

     

    A Madrid, vendredi 20 mai. AFP/PEDRO ARMESTRE

    Des milliers d'Espagnols continuaient à occuper, samedi 21 mai,  les principales places des grandes villes de la péninsule ibérique pour protester contre le chômage et les mesures d'austérité. Ils bravent ainsi une interdiction de manifester avant des élections locales de dimanche qui s'annoncent défavorables aux socialistes au pouvoir. Ils étaient plus de 25 000 vendredi soir à la Puerta del Sol, principale place de Madrid.

     

    Ils appellent au boycott des deux grands partis du pays, le PSOE au pouvoir et le PP (opposition de droite), aux élections municipales et régionales prévues dimanche dans 8 116 communes et 13 des 17 régions du pays. Craignant de violents affrontements, le gouvernement socialiste n'a pas fait appliquer par la force l'interdiction de manifester, qui est entrée en vigueur à minuit et rend illégales les rassemblements politiques une veille d'élections.

    Des centaines de lecteurs du Monde.fr, pour la plupart des Espagnols ou des Français vivant en Espagne, ont témoigné de la situation dans le pays alors que le mouvement du 15-mai (le "15-M") prend de l'ampleur. Si les perspectives économiques maussades ont fédéré une partie de ces "indignés", leurs revendications sont plus larges. A la veille d'élections locales, ils fustigent le système qui voit s'affronter le PP et le PSOE, sans que les partis de gouvernemetn ne les représentent. Ils déplorent également un système qui ne donne au citoyen qu'une "valeur de consommateur".

    • Caractère altruiste, par Victoire P.

    Ce qui frappe dans les revendications des manifestants c'est leur caractère altruiste. Le peuple espagnol a compris que la crise était trop profonde pour pouvoir y remédier à coup d'actes individualistes. (...) Les espagnols veulent s'en sortir, ensemble. Il me semble qu'on va même plus loin qu'une simple revendication économique d'accès au travail et d'augmentation du pouvoir d'achat. Non, ce qui est remis en question c'est la place même de l'être humain dans sa société.

    Ce qui m'a aussi surpris fut l'incroyable pacifisme de la manifestation. Il n'y eu aucun incident avec la police. Extrêmement surprenant quand on sait qu'il était théoriquement interdit de manifester et que bien souvent, pour une simple victoire du FC Barcelone, la police sort l'artillerie lourde pour disciper les attroupements festifs sur les places de la ville.

    • Un fossé entre la classe politique et la population par Clémente N.

    Il est important de remarquer que le surnom des manifestants "los indignados" s'est directement inspiré du livre de Stéphane Hessel Indignez-vous, publié très récemment ici.

    Depuis que ce mouvement a pris de l'ampleur, tous les journaux espagnols publient des interviews de l'homme politique où il affirme notamment être « très agréablement surpris par les mouvements de contestations et d'indignations pacifistes et respectueux en Espagne ». Etudiant actuellement à Madrid, j'ai pu voir l'expansion impressionnante de ce mouvement.

    Les manifestants cherchent principalement à dénoncer l'énorme fossé entre toute la classe politique et la population – comme en France ? – et une de leurs principales revendications est de pouvoir tout simplement avoir des outils afin de montrer l'ampleur de ce fossé (en comptant les votes blancs lors des élections par exemple).

    Les Espagnols en ont assez des mensonges, du manque d'initiatives concrètes face à la crise et de l'immobilisme face à la montée du chômage. Et les réactions des politiques, qui cherchent par tous les moyens à stopper ce mouvement, sont tout simplement suicidaires et ne font qu'attiser le mouvement. Je pense sincèrement que la police ne délogera pas les manifestants car le risque de débordement violent serait trop important. Est-ce-que ce mouvement continuera après les élections régionales et municipales de dimanche? C'est une question que tous les Espagnols se posent

    • On a trop tiré de la corde, elle a fini par casser, par Jenni

    Je suis Espagnole et j'habite a València. (...) Ce n'est pas seulement une révolution de jeunes qui n'ont pas de travail... Dans les manifestations, on peut voir des gens de tous âges trahis par nos politiciens, qui n'hésitent pas à présenter dans leurs listes des politiques accusés de voler l'argent du peuple. Des gens qui voient ses salaires descendre sans explication, des gens qui s'indignent quand de voir les aides sociales diminuer alors que les banques perçoivent de grosses sommes. On a trop tiré de la corde, elle a fini par casser. Vive le 15-M !

    • Le réveil de la jeunesse espagnole, par Hugo A.

    Etant étudiant à Madrid, j'ai pu voir à l'université les affiches invitant la jeunesse "sin futuro" à se mobiliser le 15 mai. C'est cette courte manifestation d'un kilomètre seulement, qui s'est finalement transformée en un sit-in dont la durée reste la grande inconnue. Bien que le message officiel est de tenir jusqu'aux élections, certains envisagent de prolonger le mouvement en espérant qu'il se propage en Europe, et que l'Espagne serve de pont entre le l'Afrique du nord et le vieux continent. Des drapeaux grecs et islandais flottent d'ailleurs aux cotés de la banderole égyptienne.

    Etonnamment pacifiste pour un Français habitué à voir des fins de manifestations dégénérer, la mobilisation peut paraître numériquement faible, mais elle s'organise, dure, et prend de l'ampleur. Tandis que sur la toile l'évènement a engendré le plus grand nombre de tweets à l'échelle mondiale, la Plaza del Sol commence à être trop petite pour accueillir les "indignés" qui débordaient vendredi sur les rues adjacentes.

    Contrairement à la France, où l'on entend certains médire sur l'excès de contestations, ici, l'immobilisme règne et par temps de crise, exaspère. Pour preuve, cette pancarte sur laquelle on pouvait lire : "les Français et les Grecs luttent pendant que les espagnols gagnent au foot". Si les conséquences de ce mouvement ne s'avèrent pas à la hauteur des espoirs suscités, il aura au moins le mérite de réveiller une jeunesse espagnole qui subit un chômage de près de 50%.

    • Manque de respect de la classe politique, par Eugenia Q.

    Je suis Espagnole. J'habite à Gérone. J'ai 52 ans et je suis professeur. Je suis tout à fait pour ce mouvement de protestation en Espagne. Le motif de mon indignation est le manque de respect de la classe politique espagnole envers les citoyens. Ces hommes politiques ne voient que leur petit monde, sans écouter, même pendant ces jours-ci, le cri des milliers de personnes qui protestent contre la perte de notre pouvoir d'achat, des droits sociaux, contre le chômage de près de 5 millions de personnes, contre la corruption des hommes politiques. (...)

    Les Espagnols réclament un vrai système démocratique qui donne voix réelle aux citoyens. Ni les partis politiques, ni les syndicats ne nous représentent. On est déçus d'un système pour lequel nous ne sommes qu'une marchandise. Nous avons une valeur qu'en tant que consommateurs.

    J'espère que ce mouvement ne s'arrêtera pas après les élections. On a besoin d'un changement de modèle social et politique, et cela ne sera pas possible dans le cadre du système actuel qui donne de plus en plus de privilèges aux privilégiés et fait augmenter les inégalités sociales.

    • Une leçon pour la France, par François R.

    Même si beaucoup de jeunes participent aux manifestations, c'est plus un mouvement intergénérationnel, mélange des catégories sociales. (...) On est très loin d'une révolte étudiante à proprement parler, mais bien dans une contestation de fond de la société espagnole dans son ensemble et dans sa diversité.

    Je confirme l'aspect particulièrement sérieux de ce mouvement. En effet la "village" de la Puerta del sol est un espace organisé et on n'assiste pas à des scènes d'alcoolisation comme on pourrait en voir en France dans un contexte similaire. Je pense donc que la France, si fière de sa culture de la manifestation, a des leçons à prendre pour ne pas que ses contestations soient classées par catégories socio-culturelles et pour que les manifestants gagnent en sérieux, tout cela pourra redonner un peu d'impact à ces manifestations.

    • Un souffle d'air frais dans un quotidien étouffant, par Jean-François A.

    Les campements qui se multiplient aujourd'hui à la vitesse du Web sont un souffle d'air frais dans l'ambiance sociale et économique étouffante qui règne en Espagne. Ils sont la réponse logique à une crise structurelle dont ni le PP, ni le PSOE n'ont su apporter ne serait-ce qu'une idée pour améliorer la situation, bien trop occupés à se jouer la guéguerre ou a gérer leur petites magouilles et corruptions qui enfoncent encore plus ce pays. Ce mouvement va vite...  et je crois qu'il a déjà plusieurs longueurs d'avance.

    • Democracia real, par Baptiste R.

    A Bilbao, le mouvement du 15-M évolue à une vitesse surprenante. Ils n'étaient que 20 le 15 mai à protester devant l'ayuntamiento (la mairie) par solidarité avec les Madrilènes de la puerta. Ils sont aujourd'hui plus de 1 000 à avoir passé cette nuit du vendredi 20 mai devant le théâtre de l'Arriaga. Une cantine est installée, un écran de cinéma aussi. Sur la façade du majestueux théâtre surplombant le Nervion (le fleuve local) sont diffusés les tweets venus de toute l'Espagne pour appeler au cri muet de demain soir.

    Partout les mêmes revendications et la même indignation, celle de jeunes sans emplois mais aussi de retraités, de chômeurs, de ces "indignés" qui refusent le bipartisme et en appellent à un système plus transparent, à davantage de démocratie participative à travers les associations de voisinage, l'extension du référendum ou encore au vote des immigrés : "Ils partagent nos douleurs, ils partagent nos devoirs, mais ils n'ont pas nos droits", scandait ainsi un manifestant par le biais du micro et des enceintes, prêtées pour l'occasion.

    • Valeurs humaines, par Anaïs A.

    Il ne s'agit pas uniquement d'une réaction contre la crise économique. C'est surtout une réaction à la crise éthique, au manque d'honnêteté, à la manipulation des valeurs humaines, à leur négation face aux valeurs économiques. (...)

    • Je suis ému, par Joan A.

    Une affichette collée hier Place de la Catalogne a Barcelone peut résumer l'ambiance : "J'etais à Paris em mai 68 et je suis ému. J'ai 72 ans".

     

    LeMonde.fr




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  • Des milliers de manifestants à Madrid

    dimanche 22 mai 2011
     

    Malgré une interdiction de manifester, les jeunes Espagnols ont exprimé hier leur colère contre le chômage.

    La place Puerta del Sol, au centre de Madrid, était toujours occupée hier par des milliers de jeunes, déterminés à exprimer leur colère face à la crise en dépit d'une interdiction de manifester. « A notre âge, nos parents avaient du travail, une maison, des enfants. Quand aurons-nous tout cela ? », s'interroge Paula, 24 ans, sans emploi malgré son diplôme d'architecte, obtenu il y a deux ans. Le taux de chômage espagnol, établi à 21,2%, est le plus fort d'Europe, et les jeunes sont le plus durement touchés. Près de 45% des moins de 25 ans cherchent un emploi. Les autres ont souvent des contrats précaires ou à temps partiel.

    Le pays est appelé aux urnes aujourd'hui, dans 13 régions sur 17 et dans plus de 8 000 municipalités. Une loi interdit les rassemblements politiques la veille d'un scrutin. Les « indignés » qui manifestent un peu partout dans le pays sont donc illégaux depuis samedi minuit, mais le gouvernement socialiste, qui s'attend à essuyer un revers électoral, n'a pas fait appliquer l'interdiction par la force. « J'ai beaucoup de respect pour ces personnes qui manifestent », a déclaré le président José Luis Rodriguez Zapatero.

    La contestation est née en début de semaine pour éveiller la conscience de la classe politique avant le scrutin. Forts de leur succès, les manifestants parlent désormais de poursuivre leur action demain et au-delà. Sur certaines banderoles, les jeunes font le parallèle entre le printemps arabe et leur propre grogne. Leurs aînés évoquent de leur côté les soulèvements populaires de leur jeunesse. « J'ai vu les manifestations de mai 68, et le mouvement actuel est un mouvement similaire », affirme l'un d'eux. Plus de 200 jeunes Parisiens ont d'ailleurs témoigné leur soutien aux Espagnols vendredi soir, sur la place de la Bastille.


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  • Erreur système

    source

    19 mai 2011 El País Madrid
    "Erreur de système" : des manifestants répondant à l'appel de ¡Democracia Real Ya!, Madrid, le 17 mai.

    "Erreur de système" : des manifestants répondant à l'appel de ¡Democracia Real Ya!, Madrid, le 17 mai.

    Grandes manifestations le 15 mai, occupation de la Puerta del Sol à Madrid : après une longue période d'inaction face à la crise, les jeunes Espagnols ont investi la rue. Lancé à la veille d'élections locales, ce mouvement anti-système s'inspire de celui qui a fait tomber le gouvernement de Reykjavik en 2009.

    Un matin d’octobre 2008, Hördur Torfason s’est rendu devant ce que les Islandais appellent l’Althing, le Parlement, situé dans la capitale Reykjavik. A l’époque, la Kaupthing, la plus grande banque du pays, avait déjà fait faillite, et le système financier islandais était à terre. Torfason, avec sa guitare, s’est emparé d’un micro et l’a ouvert pour permettre aux gens qui le souhaitaient d’exprimer leur mal-être face à la dégringolade de leur pays. Le samedi suivant, l’initiative de Torfason réunissait des dizaines de personnes au même endroit.

    Cet automne-là, grâce à tous ces samedis de mobilisation autour du mouvement Voix du Peuple, les Islandais ont fini par obtenir la dissolution du Parlement et l’organisation d’élections, le 23 janvier suivant. Ce qu’ils ne savaient pas, c’est que leur cri citoyen serait repris par des milliers de manifestants réunis dans de nombreuses villes d’Espagne dimanche 15 mai : "L’Espagne debout, une autre Islande","Notre modèle : l’Islande", voici quelques-uns des slogans scandés dimanche dernier.

     500 organisations ralliées sans véritable fil conducteur

    Les Islandais n’en sont pas restés là. Ils ont ébranlé les fondations du gouvernement, poursuivi les banquiers qui les avaient conduits à la banqueroute et ont dit "non" par référendum [en mars 2010 et en avril 2011] au remboursement au Royaume-Uni et aux Pays-Bas de la dette de 4 milliards d’euros [cumulée par la banque Icesave]. Mieux encore : ils ont formé une assemblée de 25 citoyens élus chargée de mener une réforme constitutionnelle. Une révolution silencieuse, parallèlement à l’ultramédiatisation de ces révoltes arabes que l’indomptable voix des réseaux sociaux avait sauvées de l’oubli.

    Mais ce n’est pas seulement d’Islande, un pays de 320 000 habitants, que viennent ceux qui en appellent à une véritable démocratie. Ici en Espagne, l’organisation qui chapeaute les mobilisations, baptisée ¡Democracia Real Ya! [La vraie démocratie, maintenant !], a formulé une proposition en 40 points, qui vont du contrôle de l’absentéisme des parlementaires à la réduction des dépenses militaires, en passant par l’abrogation de la loi Sinde [contre le téléchargement illégal, notamment].

    A cette fédération se sont déjà ralliées près de 500 organisations de tous les secteurs. Mais pas un seul parti politique. Ni un syndicat. Les cortèges se multiplient sans véritable fil conducteur, comme c’était le cas, à l’époque, pour ceux qui allaient se rassembler sous l’étendard de l’antimondialisation ou de l’altermondialisme (Attac soutient les manifestations espagnoles) et qui aujourd’hui, dix ans après leur adhésion au Forum social mondial de Porto Alegre (Brésil), évoluent dans un contexte plus modeste que lorsqu’ils affrontaient le très élitiste Forum économique mondial de Davos.

    "Quand on sera grands, on sera Islandais!"

    Et tout cela se fait aujourd’hui à une vitesse fulgurante grâce à Internet, qui amplifie l’écho du mécontentement, et qui, déjà, avait ouvert la voie du cyberactivisme à des collectifs comme celui des Anonymous, qui s’est fait connaître pendant la campagne de défense [du cofondateur de WikiLeaks] Julian Assange contre des gros groupes comme PayPal ou Visa.

    Internet a aussi soutenu l’explosion des révoltes dans le monde arabe en leur permettant de contourner la censure des dictatures tunisienne et égyptienne. Des révolutions qui ont pris de l’ampleur, mûri, pendant que les jeunes Français, Italiens, Anglais et Grecsdescendaient dans la rue pour s’opposer aux plans d’austérité sociale voulus par l’Europe pour enrayer la forte récession. L’Espagne, elle, attendait son heure.

    Le premier mouvement est venu de Nolesvotes ["ne vote pas pour eux"], une initiative qui invite les électeurs à ne pas mettre dans les urnes un bulletin du PP, du PSOE ou de CiU, accusés de profiter de la loi électorale pour se maintenir au Parlement, avec des "niveaux de corruption alarmants en Espagne". Il y a eu ensuite les appels lancés au Parlement par des mouvements comme Avaaz ou Actuable, pour que les listes électorales excluent toute personnalité politique mise en cause dans des affaires. Et ce furent près de 2 000 jeunes qui, le 7 avril, ont participé aux marches de Juventud sin Futuro [Jeunesse sans avenir], sorte de brouillon modeste de la clameur populaire qui devait exploser le 15 mai dans toutes ces villes d’Espagne.

    "Quand on sera grands, on sera Islandais !"
    , scandait l’un des animateurs de la manifestation du 15 mai devant un cortège de jeunes et de moins jeunes, de parents et d’enfants, d’étudiants et de travailleurs, de chômeurs et de retraités. Il a fallu bien des samedis à l’Islande pour que les citoyens obtiennent le changement qu’ils demandaient. Pour le moment, l’Espagne a eu un premier dimanche de mobilisation, puis un mardi – mais la route est sans doute encore longue.

    Contexte

    Un mouvement qui surprend la classe politique

    Un mouvement qui surprend la classe politique

    Ce mouvement de contestation a été baptisé 15-M après les manifestations qui ont réuni le 15 mai 2011, au cri de "Nolesvotes" [Ne vote pas pour eux] des milliers d'étudiants, retraités, employés mal rémunérés ou citoyens mécontents dans une cinquantaine de villes espagnoles. Répondant à l'appel de la plateforme ¡Democracia Real Ya!, ils se mobilisent par les réseaux sociaux comme Twitter (#spanishrevolution ou #nolesvotes) et Facebook. Les organisateurs ont décidé de manifester chaque soir jusqu'au dimanche 22 mai, jour des élections municipales et régionales. Le 18 mai, la commission électorale a déclaré illégal un rassemblement sur la Puerta del Sol, à Madrid, au prétexte quil pourrait "affecter la campagne électorale et la liberté des citoyens". Mais les "indignés" ont décidé de poursuivre l'occupation de la place.

    Pour ABC, il s'agit d'un mouvement "Hors la loi". Le quotidien conservateur estime que, effectivement, "il y a des raisons d'être mécontent face à la crise", mais que "objectivement", le responsable en est "un gouvernement de gauche, et non pas 'le système' " mis en cause par des manifestants. Ces derniers,  "sociologiquement de gauche", ne réclament pas "l'alternance mais la rupture, ce qui est une manière de rétrécir, en le déformant, le cadre démocratique: soit la gauche soit la réforme du système".

    "Le gouvernement permet la manifestation interdite et le PSOE [le Parti socialiste au gouvernement] soutient les protestations", dénonce quant à lui El Mundo. Dans cet autre quotidien conservateur, Victoria Prego souligne que, "de manière surprenante, les manifestants ne dirigent pas leurs protestations contre le gouvernement, mais contre le système dominant, sans responsables identifés", contrairement à l'opinion publique qui, dans les sondages, rend le gouvernement responsable de la crise actuelle. Mais, ajoute Prego, les dirigeants politiques ne se sont pas préoccupés des citoyens moyens, "parce qu'ils ne sont pas sortis dans la rue, ce qui, en réalité, est ce qui fait peur à nos dirigeants, voire les panique".

    Quand on sera grands, on sera Islandais


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  • FMI: Londres soutient la candidature de Christine Lagarde

    LONDRES — Le Royaume-Uni a apporté samedi son soutien à la ministre française des Finances Christine Lagarde comme candidate pour prendre la tête du FMI après la démission de son directeur général Dominique Strauss-Kahn, inculpé à New York de "crimes sexuels".

    "Du point de vue du mérite, je crois que Christine (Lagarde) est la candidate évidente pour le FMI, et c'est pourquoi la Grande-Bretagne va la soutenir", a déclaré dans un communiqué l'homologue britannique de la ministre française, George Osborne.

    "Elle a montré cette année ses qualités de leadership à l'échelon international comme présidente des ministres des Finances du G20. Elle a aussi été une avocate engagée en faveur des pays en difficulté avec de lourds déficits", a souligné M. Osborne.

    "Nous la soutenons parce qu'elle est la meilleure pour le poste, mais personnellement je pense aussi que ce serait une très bonne chose de voir pour la première fois une femme à la tête du FMI", a ajouté le ministre britannique.

    Cette annonce du ministre conservateur constitue une pierre dans le jardin de l'ex-Premier ministre travailliste Gordon Brown, dont le nom a été cité comme possible successeur de M. Strauss-Kahn.

    Mme Lagarde, 55 ans, est donnée comme favorite dans la course pour le poste de directeur général du FMI.

    Copyright © 2011 AFP.


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  • Le printemps espagnol serait-il en cours ?

    Alors que les Espagnols subissent durement la crise depuis 2007, des manifestations ont lieu dans tout le pays. Taux de chômage à 20%, surendettement qui poussent des familles à la rue, profits gigantesques des banques et impossibilité de sortir de l’alternance gauche-droite, tout ceci suscite un ras-le-bol général dans la société.

    La plaza del sol à Madrid est occupée par des milliers de manifestants, malgré les interdictions. Les médias francophones en parlent dans quelques brèves vite oubliées entre l’affaire DSK ou le bébé de Carla Bruni. Ici Investig’Action reproduit le manifeste de « Democracia Real Ya ! » (La vraie démocratie maintenant). Dimanche, se joueront des élections auxquelles beaucoup d’Espagnols ne croient plus.

    Manifeste de « Democracia Real Ya ! »

    Nous sommes des per­son­nes cou­ran­tes et ordi­nai­res. Nous sommes comme toi : des gens qui se lèvent tous les matins pour étudier, pour tra­vailler ou pour cher­cher un boulot, des gens qui ont famille et amis. Des gens qui tra­vaillent dur tous les jours pour vivre et donner un futur meill­leur à celles et ceux qui les entou­rent.

    Parmi nous, cer­tain-e-s se consi­dè­rent plus pro­gres­sis­tes, d’autres plus conser­va­teurs. Quelques un-e-s croyants, d’autres pas du tout. Quelques unEs ont des idéo­lo­gies très défi­nies, d’autres se consi­dè­rent apo­li­ti­ques. Mais nous sommes tous très préoc­cupé-e-s et indi­gnés par la situa­tion poli­ti­que, économique et social autour de nous. Par la cor­rup­tion des poli­ti­ciens, entre­pre­neurs, ban­quiers,... Par le manque de défense des hommes et femmes de la rue.

    Cette situa­tion nous fait du mal quo­ti­dien­ne­ment ; mais, tous ensem­ble, nous pou­vons la ren­ver­ser. Le moment est venu de nous mettre au tra­vail, le moment de bâtir entre tous une societé meilleure. Dans ce but, nous sou­te­nons fer­me­ment les affir­ma­tions sui­van­tes :

    • L’égalité, le progrès, la solidarité, le libre accès a la culture, la développement écologique durable, le bien-être et le bonheur des personnes doivent être les priorités de chaque société avancée.

    • des droits basiques doivent être garantis au sein de ces sociétés : le droit au logement, au travail, à la culture, à la santé, à l’éducation, à la participation, au libre développement personnel et le droit à la consommation des biens nécessaires pour une vie saine et heurese.

    • Le fonctionnement actuel de notre système politique et gouvernemental ne répond pas à ces priorités et il devient un obstacle pour le progrès de l’humanité.

    • La démocratie part du peuple, par conséquent le gouvernement doit appartenir au peuple. Cependant, dans ce pays la plupart de la classe politique ne nous écoute même pas. Ses fonctions devraient être de porter nos voix aux institutions, en facilitant la participation politique des citoyens grâce à des voies directes de démocratie et aussi, procurant le plus de bienfait possible à la majorité de la société, et pas celle de s’enrichir et de prospérer à nos dépens, en suivant les ordres des pouvoirs économique et en s’accrochant au pouvoir grâce à une dictature partitocratique menée par les sigles inamovibles du PPSOE [1].

    • La soif de pouvoir et son accumulation entre les mains de quelques-uns crée inégalités, crispations et injustices, ce qui mène à la violence, que nous refusons. Le modèle économique en vigueur, obsolète et antinaturel, coince le système social dans une spirale, qui se consomme par elle-même, enrichissant une minorité et le reste tombant dans la pauvreté. Jusqu’au malaise.

    • La volonté et le but du système est l’accumulation d’argent, tout en la plaçant au-dessus de l’efficience et le bien-être de la société ; gaspillant nos ressources, détruisant la planète, générant du chômage et des consommateurs malheureux.

    • Nous, citoyens, faisons parti de l’engrenage d’une machine destinée à enrichir cette minorité qui ne connait même pas nos besoins. Nous sommes anonymes, mais, sans nous, rien de cela n’existerait, car nous faisons bouger le monde.

    • Si, en tant que société nous apprenons à ne pas confier notre avenir à une abstraite rentabilité économique qui ne tourne jamais à notre avantage, nous pourrons effacer les abus et les manques que nous endurons tous. Nous avons besoin d’une révolution éthique. On a placé l’argent au-dessus de l’Etre Humain, alors qu’il faut le mettre à notre service. Nous sommes des personnes, pas des produits du marché. Je ne suis pas que ce que j’achète, pourquoi je l’achète ou à qui je l’achète.

    A la vue de cela, je suis indi­gné/e Je crois que je peux le chan­ger. Je crois que je peux aider. Je sais que, tous ensem­ble, on le peut. Sors avec nous. C’est ton droit.


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    Des signes alarmants annoncent l’imminence d’une crise




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  • L'euro accentue ses pertes après un nouvel abaissement de la note grecque

    - Publié le 20/05/2011 à 18:00

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    L'euro accentuait sa baisse face au dollar vendredi, plombé par le nouvel abaissement par l'agence de notation Fitch de la note de la dette à long terme de la Grèce, sur fond de craintes de voir le pays restructurer sa dette.

    Vers 16H00 GMT (18H00 à Paris), la monnaie unique européenne valait 1,4185 dollar contre 1,4308 dollar jeudi à 21H00 GMT.

    L'euro baissait aussi face au yen à 115,86 yens contre 116,78 yens la veille.

    Le dollar se stabilisait face à la devise japonaise, à 81,67 yens contre 81,60 yens jeudi.

    L'agence de notation financière Fitch a annoncé vendredi avoir abaissé de trois crans la note de la dette à long terme de la Grèce, après l'avoir déjà abaissée d'un cran en janvier.

    Fitch a également prévenu qu'elle pourrait à nouveau la dégrader dans les prochains mois.

    Fitch a expliqué dans un communiqué que cette dégradation, à "B+" contre "BB+¨, reflète "l'étendue du défi" qui attend le pays pour mettre en oeuvre le programme de réformes fiscales et structurelles nécessaire pour réduire sa dette et son déficit.

    De plus, "les inquiétudes grandissantes sur les divergences d'opinion des dirigeants européens et de la Banque centrale européenne (BCE) sur les prochaines étapes à suivre pour gérer la situation grecque, font grimper la prime de risque pour les cambistes détenant de l'euro", expliquait Michael Hewson, analyste chez CMC Markets.

    Avant cette annonce, l'euro pliait déjà sous quelques prises de bénéfices.

    L'euro était monté à 1,4346 dollar vers 08H00 GMT, son plus haut niveau depuis près de 10 jours, face à un dollar toujours pénalisé par des indicateurs américains décevants.

    "Les mauvais indicateurs américains (publiés cette semaine, ndlr) ont confirmé l'idée que la politique monétaire des Etats-Unis va rester accommodante pendant de nombreux mois, tandis que (la hausse continue des prix) en zone euro renforce la probabilité d'une nouvelle hausse du taux d'intérêt directeur de la Banque centrale européenne (BCE) dès juillet", commentait Jane Foley, analyste chez Rabobank.

    Les chiffres décevants sur l'immobilier et l'activité industrielle aux Etats-Unis cette semaine ont renforcé les craintes d'un ralentissement marqué de la reprise américaine, et ainsi balayé tout espoir de voir la Réserve fédérale américaine (Fed) mettre un terme anticipé à ses mesures de soutien à la première économie mondiale.

    La situation en Espagne était également source d'inquiétudes alors que le pays se prépare à la tenue dimanche d'élections locales à haut risque pour les socialistes au pouvoir, sur fond de fronde populaire contre le chômage et la crise économique.

    Le marché craint ainsi qu'une phase d'instabilité politique ne s'installe dans le pays, en proie à de graves difficultés budgétaires et sous le coup de sévères mesures d'austérité, notaient des analystes.

    Vers 16H00 GMT, la livre britannique gagnait du terrain face à l'euro à 87,5 pence, comme face au billet vert à 1,6220 dollar.

    La monnaie helvétique progressait face à l'euro à 1,2455 franc suisse pour un euro, comme face à la monnaie américaine à 0,8780 franc suisse pour un dollar.

    L'once d'or a terminé à 1.491 dollars au fixing du soir contre 1.493 dollars jeudi.

    Le yuan chinois a fini à 6,4920 yuans pour un dollar contre 6,5046 yuans la veille.


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  • Vent de "spanish revolution" dans les rues d'Espagne


    Un nouvelle marée humaine sur la place de la... por euronews-fr


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  • Vers un printemps espagnol : los "indignados" à la Puerta del Sol

    L'indignation a atteint l'Espagne. On peut l'entendre à travers ces cris poussés dans des mégaphones par des milliers de jeunes.
    Sélectionné et édité par Daphnée Leportois

     

    Vers un printemps espagnol ?

     

    Le décor est planté. Une place : la Puerta del sol à Madrid. Des manifestants : "los indignados" (les indignés). Un pouvoir paralysé : Zapatero au bord du gouffre électoral qui se joue le 22 mai.

     

    Depuis plusieurs jours déjà, un mouvement spontané de chômeurs et de précaires s’est rassemblé autour de la Puerta del Sol. Depuis le 14 mai, la foule afflue dans ce haut lieu de l’Espagne moderne. À la suite de manifestations organisées au niveau national pour dénoncer la précarité, un noyau dur de jeunes s’est lancé à Madrid dans une sorte de "printemps espagnol". Plus de 15.000 personnes, selon El País, sont concentrées autour de cet endroit symbolique de la capitale espagnole.

     

    Madrid Manif Viva la revolucion

     

    Habituellement, on y égrène les secondes avant le Nouvel An tout en mangeant quelques grains de raisin. Mais, là, une contestation est montée sans que le pouvoir ne puisse faire quoi que ce soit. Spontanée, totalement naturelle… une démonstration de force des "indignés" se fait jour sans que personne n’imagine une fin au mouvement. Les photos aériennes montrent la marée humaine. Des quotidiens parlent déjà de 22.000 personnes. Les slogans[1] :

    “Somos ciudadanos y tenemos derecho a indignarnos”

    “Indignados y organisados”

     

    Les jeunes sont très représentés. Leur condition sociale est désastreuse…. ceux qui n’ont pas de boulot, ceux qui en ont et n’arrivent pas à payer les factures. Du Zola version 2011.

     

    Sur la place, tout va vite. On échange beaucoup. C’est décrit comme extraordinaire par certains tweets… 15.000 hommes, femmes et enfants se sont massés et parlent, parlent et parlent encore. La parole s’est vraiment libérée. L’ambiance y est extraordinaire. Tous discutent entre eux et partagent leur vie d’indignés. Ils sont tous au chômage, sans espoir et confrontés aux réductions budgétaires que la crise a portées depuis plusieurs années. Rappelons que l’Espagne est lourdement touchée. Les chiffres de l’emploi sont catastrophiques avec 20 % de chômeurs et des aides sociales presque insignifiantes.

     

    Plus de 500 policiers surveillent le mouvement. Pas d’intention d’agir selon les manifestants. Pas de directive de la part de l’État. Seule une juridiction centrale a exigé la dissolution de la manifestation pour des raison électorales. Ne pas gêner le scrutin qui se déroulera le 22 mai.

     

    Mais autre chose se joue. Sur Twitter, on pétitionne déjà pour que les "indignés" puissent continuer leur mouvement. Twitter continue à donner le pouls de ce printemps espagnol pacifique et si fort. Alors que le FMI vient de perdre une tête pour des raisons obscures, les jeunes Espagnols se sont pris en main. Ils sont là au cœur de Madrid, partageant leur vie abrupte, discutant, parlant et faisant bloc.

     

    Certains disent n’avoir jamais vu autant d’échanges… C’est sûrement cela qui est nouveau. Comme si le flot de discussion qu’on trouve sur Facebook s’était matérialisé subitement à la Puerta del Sol.

     

    Los "indignados" sont sortis de chez eux, de leur torpeur, de leur précarité angoissante. Ils ont conflué vers un point symbolique comme pour rappeler que les décisions politiques actuelles sont vécues douloureusement. Les "15 miles de la Puerta del Sol" sont , incontournables. Le pouvoir est en face…

     

    Derrière ces hommes et femmes rassemblées, on sent un soutien populaire plus large. 20% d’un peuple sans emploi, c’est assez représentatif en termes de réservoir humain. Un printemps espagnol se dessine. Un peuple de précaire se lève, simplement, parlant, échangeant et refaisant le monde. Le printemps arabe a probablement ouvert les yeux d’une génération entière.

     

    C’est à Madrid, à la Puerta del sol. Cela aurait pu être une chanson de Mecano. C’est bien mieux : c’est l’Espagne de demain qui se lève. Oui, un peuple reprend peut être son destin en main. Pacifiquement…

     

     

    [1] Somos ciudadanos y tenemos derecho a indignarnos = nous sommes des citoyens et nous avons le droit de nous indigner

    Indignados y organisados = indignés et organisés

    source


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  • Jovanovic : "La chute de DSK est un nouveau 11-Septembre !"


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  • Une révolution citoyenne en Espagne ?

    Inspiré par la révolution égyptienne, le "Mouvement du 15 mai" a été lancé dans une cinquantaine de villes en Espagne sur les réseaux sociaux et relayé par des sms pour lutter contre le chômage et la corruption à quelques jours des élections municipales.

     

    En effet plus de 20% de la population active est sans emploi et près de la moitié des espagnols de moins de 25 ans n’a pas de travail.

     

    Une situation inacceptable pour les manifestants qui refusent de payer la crise du système bancaire qui frappe très durement leur pays et revendiquent l’instauration d’une "véritable démocratie maintenant".

     

    Est-ce bien là le début d’une révolution citoyenne en Espagne ?



    17 mai 2011 - Intervention musclée de la police... por LeSurHumain


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