• FUKUSHIMA (suite 19) IMPARDONNABLE

    FUKUSHIMA (suite 19) IMPARDONNABLE !

    Impardonnable. Impardonnable le fait que l’agence de sûreté nucléaire japonaise, il y a quelques heures encore, ait nié la possibilité (1) qu’il y ait des fuites dans le réacteur n°3 de Fukushima. Un constat qui maintenant s’impose aux autorités du pays. Au fil des jours, la radioactivité n’a cessé de grandir (le combustible ne réchauffant au point de fondre, devenant incontrôlable) – il s’agit aussi bien d’un rayonnement gamma dur que de neutrons très pénétrants ou de particules alpha, venus des éléments radioactifs du cœur du réacteur. Ils sont désormais passés dans l’eau injectée qui fuite et envahit les lieux. Rappelons, pour mémoire, que toute une série d’éléments très dangereux, que nous avons mentionnés plusieurs fois dans ce blog (uranium, plutonium, produits de fission divers…) sont entraînés par cette eau.

    Mais à cette heure-ci, nous ne reviendrons pas sur le scénario de l’accident et les fragilités de la technique. A cette heure-ci, nous avons surtout deux pensées attristées. Pour ceux qui doivent continuer de tenter de maîtriser ce cœur fondu –en train de grignoter la base de l’enceinte de confinement (sans oublier les deux autres réacteurs, ainsi que les piscines où sont entreposées les barres de combustible usagé). On ne voit pas que ces hommes puissent être d’une quelconque manière réellement protégés des rayonnements très puissants émis actuellement.

    L’autre pensée est pour tous les évacués – près de 200 000. Il a été demandé par le gouvernement à ceux qui se trouvent actuellement dans la zone se trouvant entre 20km et 30km, de pratiquer une « évacuation volontaire », curieux concept qui ferait sourire s’il n’était un constat d’impuissance. le ravitaillement de la zone serait devenu trop difficile. On espère, à défaut d’informations précises à ce sujet, que ces milliers, dizaines de milliers voire plus d’une centaine de milliers de gens qui iront ainsi se réfugier ailleurs (où ?) pourront être suivis médicalement. Il est en effet extrêmement difficile, dans ce genre de situation, d’évaluer la dose réelle que chacun a reçue. De cette dernière, pourtant, dépend la santé ultérieure de l’individu, à différents niveaux, physiologique (cancers et autres types de maladie…), psychologique (dépression, grande fatigue …). Sans oublier, ce que l’on n’ose imaginer, qu’ils pourraient devenir victimes d’une certaine « stigmatisation sociale ». Rappelons-nous comment les « hibakushas », ceux qui avaient survécu aux bombes de Hiroshima et de Nagasaki, ont souvent été discriminés (parce que ces personnes irradiées faisaient peur. N’étaient-ils pas contagieux ? Dangereux ?). Il ne faudrait pas que les évacués de Fukushima deviennent de nouveaux « hibakushas ».

    Mais on anticipe. L’urgence, en ce moment, demeure de refroidir les réacteurs et les piscines de cette centrale devenue un enfer pour les humains, et pour cela il va falloir beaucoup de courage et de sacrifice. Alors que ce constat de la catastrophe maximale était fait – fonte d’un cœur de réacteur avec relâchement de radioactivité massive vers l’extérieur- s’est tenue une téléconférence, la première du genre, aux Nations-Unies. Le secrétaire général Ban Ki Moon a parlé au directeur général de l’AIEA (agence internationale de l’énergie atomique) ainsi qu’à Tibor Toth (secrétaire exécutif de la commission préparatoire de l’organisation du traité d’interdiction totale des essais nucléaires).  Cette catastrophe du nucléaire civil requiert en effet une réflexion globale, qui pourrait bien dépasser le niveau des Etats. Car preuve vient d’être assénée que dans un pays très avancé, la catastrophe technologique majeure arrive. Et cela demande une prise de conscience d’un nouveau genre. Ce n’est pas la fin de l’histoire, mais nous venons d’entrer dans une nouvelle ère. Celle du post-Fukushima.

    1)     Extrait de Kyodo news, dépêche du 25 mars, reprise en date du 26 mars (compter avec le décalage horaire de huit heures). Early Friday, concern grew that the high-level radiation leak detected with the workers' exposure Thursday could indicate possible damage to the No. 3 reactor vessel, but the government's nuclear safety agency later denied the possibility, saying no data, such as on the pressure level, have suggested the reactor vessel has cracked or been damaged. The No. 3 reactor used plutonium-uranium mixed oxide fuel for so-called ''pluthermal'' power generation.

    2)     Lire blogs depuis lundi dernier http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/21/fukushima-suite-15-le-coeur-du-reacteur-n-3-est-il-a-l-air.html


  • Commentaires

    1
    wendy
    Dimanche 27 Mars 2011 à 16:50
    catastrophe technologique majeure : ça y est. ! c'est fait ! 16h50 !

    le post Fukushima ça commence aussi. chiffres invérifiables, contradictoires ou/et absents. etc.
    la criirad se plaint des conditions dans les quelles elle travaille...
    donc c'est au moins 7/7. je relève unilatéralement le niveau de gravité. !

    merci pour ton blog !
    2
    webrunner Profil de webrunner
    Dimanche 27 Mars 2011 à 17:40
    merci à toi
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