• Géopolitique du Yémen

    Géopolitique du Yémen

       



    Le Yémen couvre l'un des itinéraires pétrolier les plus stratégiques, Bab el-Mandeb


          Début 2009, les pièces d’échec ont commencé à bouger sur l’échiquier du Yémen. Tariq al-Fadhli, un ancien leader du djihad originaire du Sud Yémen, a brisé une alliance de 15 ans avec le gouvernement du Président yéménite, Ali Abdullah Saleh, et a annoncé qu'il se joignait à la large coalition de l'opposition, connue sous le nom de Mouvement du Sud. Al-Fadhli avait été membre du mouvement Moudjahidin en Afghanistan à la fin des années 80. Sa séparation du gouvernement a été signalée dans les médias arabes et yéménites en avril 2009. La rupture d’Al-Fadhli avec la dictature du Yémen a donné une nouvelle énergie au Mouvement du Sud. Il est devenu une figure de proue de l'alliance.


          Le Yémen lui-même est un agglomérat artificiel, créé après la débâcle de l'Union soviétique en 1990, quand, au sud, la République démocratique populaire du Yémen (RDPY) a perdu son principal sponsor étranger. L’unification de l’État du Nord, la République arabe du Yémen, et de l’État du Sud, la RDPY, a donné lieu à un optimisme éphémère qui s'est terminé par une brève guerre civile en 1994, car des factions de l'armée du sud ont organisé une révolte contre le Président Ali Abdullah Saleh de l'Etat du Nord, qu'ils considéraient comme un dirigeant corrompu par le copinage. Le Président Saleh tenait un gouvernement personnel depuis 1978, d'abord comme Président du Nord Yémen (République arabe du Yémen), et depuis 1990 en tant que Président du nouveau Yémen unifié. La révolte armée du sud avait échoué car Saleh avait engagé Al-Fadhli et d’autres Yéménites salafistes, adeptes d'une interprétation conservatrice de l'Islam, et des djihadistes pour combattre les forces autrefois marxistes du Parti socialiste du Sud Yémen.


          Avant 1990, pour tenter de contrôler le Sud communiste (2), Washington et le Royaume Saoudien appuyaient et soutenaient Saleh et sa politique d'islamisation. Depuis lors, Saleh s'est appuyée sur un fort mouvement de djihad salafiste pour conserver son régime égocentrique dictatorial. La rupture d’Al-Fadhli avec Saleh et son ralliement au groupe d'opposition du sud, à ses anciens ennemis socialistes, a marqué une déconvenue majeure pour Saleh.


          Peu de temps après qu’Al-Fadhli ait rejoint la coalition du Mouvement du Sud, le 28 avril 2009, les manifestations se sont intensifiées dans les provinces du Sud Yémen, Lahj, Dalea et Hadramout. Il y a eu des manifestations de dizaines de milliers de militaires et d’employés civils qui réclamaient de meilleurs salaires et avantages sociaux, des manifestations qui se sont déroulées en nombre croissant depuis 2006. Les manifestations d'avril ont donné lieu pour la première fois à l’apparition publique d’Al-Fadhli. Sa venue a permis de transformer l’interminable mouvement du sud socialiste moribond en une plus vaste campagne nationaliste. Elle a aussi galvanisé le Président Saleh, qui a alors appelé à l'aide l'Arabie Saoudite et les autres États du Conseil de coopération du Golfe, en avertissant que la totalité de la Péninsule Arabique subiraient des conséquences.


          Pour compliquer la situation dans ce que certains appellent un État en déliquescence, Saleh a affronté dans le nord une rébellion chiite al-Houthi Zaydi [une ramification chiite, ndt]. Le 11 septembre 2009, dans une interview sur Al-Jazeera TV, Saleh a accusé Moqtada al-Sadr, le leader de l'opposition chiite en Iraq, et aussi l'Iran, de soutenir les rebelles chiites houthistes au Nord Yémen. Au Yémen, Saleh a déclaré : " Nous ne pouvons pas accuser le camp officiel iranien, mais des Iraniens nous contactent en disant qu'ils sont prêts à une médiation. Étant donné qu'ils veulent servir de médiateurs entre le gouvernement yéménite et eux [les Houthistes], cela veut dire que des Iraniens ont des contacts avec eux. Par ailleurs, à Nadjaf en Iraq, Muqtada al-Sadr demande d'être accepté comme médiateur. Cela signifie qu'ils ont un lien. " (3)


          Les autorités yéménites affirment avoir saisi des caches d'armes fabriquées en Iran, alors que les Houthistes affirment s’être emparés d’équipements yéménites, avec des marques saoudiennes, et accusent Sanaa (capitale du Yémen et site de l'ambassade des États-Unis) de se comporter en mandataire saoudien. L'Iran a rejeté les affirmations de découvertes d’armes iraniennes au Nord Yémen et qualifie de sans fondement les dires de soutien aux rebelles. (4)


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :