• Il n’y a pas et il n’y aura pas de reprise économique

    Il n’y a pas et il n’y aura pas de reprise économique

    Par Clovis Casadue

    Alors que le G20 de Toronto n’a servi à rien, sinon à enterrer l’idée d’une taxe bancaire internationale, une troisième phase de la crise se profile, sur fond de bruits de bottes en Iran.

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    Un G20 inutile de plus, avec son lot de promesses qui ne seront pas tenues, et l’abandon définitif de l’idée d’une taxe bancaire internationale, puisqu’elle est laissée au “libre arbitre des États” qui voudront bien s’en accommoder. C’est-à-dire à peu près personne, ou alors de manière symbolique, comme les États-Unis qui, dans le cadre de leur nouvelle réforme financière, vont instaurer une taxe sur les institutions bancaires qui devrait rapporter… 19 milliards de dollars. Une somme bien maigre en regard de ce que les contribuables ont dû payer depuis 2008.

    Mais ces derniers n’ont pas fini d’en baver, car une troisième phase de la crise se profile, qui sera d’une violence extrême, puisque les finances publiques sont détruites et l’économie mondiale moribonde.

    C’est la banque nationale suisse (BNS) qui tire la sonnette d’alarme (1), car les premiers symptômes d’emballement sont d’ores et déjà perceptibles. Dans son « Rapport sur la stabilité financière », publié le 17 juin dernier, la BNS n’y va pas par quatre chemins : la discipline à laquelle les banques s’étaient astreintes dans l’attribution de leurs crédits hypothécaires depuis la crise commence à s’étioler, estime-t-elle.

    Il n’y a certes pas encore péril en la demeure, mais la situation pourrait rapidement dégénérer si l’économie devait replonger en récession, provoquant, comme il y a deux ans, une réaction en chaîne sur tous les pans de l’économie mondiale.

    « Sub-subprimes »

    Depuis le début de la crise en 2008, l’administration américaine a soutenu le marché immobilier sinistré en rachetant pour 1 425milliards de dollars d’actifs pourris. Pour cela, il aura fallu accorder des crédits d’impôts à hauteur de 8 000 milliards de dollars aux ménages américains qui, de fait, sont insolvables et faire tourner la « planche à billets », surévaluant ainsi le dollar de 35 fois sa valeur réelle. Ces 8 000 milliards d’impôts sont arrivés à terme en avril et en mai dernier. Ils ont été en partie couverts par les crédits hypothécaires d’emprunteurs insolvables, dit NINJA (No Income, No Job, NoAsset : sans revenu, sans emploi, sans garanties) ou en train de le devenir, pris en charge par FannieMae, FreddieMac et GinnieMae, qui couvrent la totalité des crédits hypothécaires privés aux États-Unis, garantis à 100 % par le gouvernement depuis 2009. L’administration américaine a donc mis une couche de subprimes sur les anciens ou nouveaux subprimes, ce que nous pourrions appeler les « sub-subprimes ».

    Barack Obama a donc fait pire que l’ancien Directeur de la Fed, Alan Greenspan, et Georges Bush réunis. Cette troisième phase de la crise ne devrait plus tarder à se faire sentir. Ce n’est qu’une question de semaines.

    Il n’y a pas et il n’y aura pas de reprise

    Pendant trente ans, les États-Unis se sont permis de produire de la dette et de la vendre sur la planète qui en avait fait un objet de spéculation. Ce cycle létal est terminé, et la dette américaine ne vaut définitivement plus rien. En attendant, le niveau de consommation s’écroule, de même que la production. Les États-Unis ont perdu presque 12 millions d’emplois depuis 2007. Les chiffres réels du chômage doivent avoisiner les 18 ou 20 %, raison pour laquelle 52 sénateurs ont récemment voté contre un élargissement de l’allocation chômage, alors qu’il est le plus important depuis 1930.

    Le 7 juin 2010, l’Allemagne a lancé son plus grand plan d’austérité depuis 1945. 80 milliards d’euros devraient être économisés d’ici 2014, et ce sont principalement les chômeurs et les familles percevant des allocations familiales qui seront touchés.

    Pour assainir les finances des États,le FMI exige d’eux de rendre plus flexible le marché du travail et de réduire les aides au chômage pour y parvenir. En France, contrairement à ce qu’affirmait le Premier ministre François Fillon sur France télévision il y a quelques jours, la situation de la dette gouvernementale reste très tendue, et l’on peut s’attendre chaque matin à une dégradation de la note de la dette publique du pays par les agences de notation.

    Bruits de bottes en Iran

    Alors que la semaine dernière nous apprenions qu’une armada de navires de guerre américains et israéliens franchissait le Canal de Suez, puis prenaient la direction de la mer Rouge (2) – itinéraire le plus direct vers le Golfe persique depuis la Méditerranée – au moment où nous rédigeons ces lignes, Téhéran vient d’envoyer à sa frontière Nord des unités des Gardiens de la révolution afin de contrer “une attaque” (3).

    La banqueroute des États-Unis serait-elle de nature à provoquer un nouveau conflit au Moyen-Orient ? Pour faire diversion ou pour s’emparer des fabuleuses réserves d’hydrocarbures de l’Iran ? Dans l’immédiat, si cette guerre éclate et, par extension, cause la fermeture du détroit d’Ormuz où transitent 30 % des exportations mondiales de pétrole, c’est toute l’économie mondiale qui sera mise à genoux. Pour le seul bénéfice des États-Unis ?

    Clovis CASADUE, pour la revue FLASH


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