• Des groupes pétroliers auraient joué un rôle dans la guerre en Irak

    "Des memos secrets dévoilent les liens entre compagnies pétrolières et invasion de l'Irak", titre le journal britannique The Independant.

    Selon le quotidien, des discussions entre le gouvernement et de grandes sociétés étaient en cours l'année précédant la décision du Royaume-Uni de prendre part au conflit. Cinq mois avant le début guerre, le ministre du Commerce aurait annoncé à British Petroleum (BP) que les firmes énergétiques devraient récupérer une part des immenses réserves de pétrole et de gaz irakiens, en récompense de l'engagement militaire de Tony Blair aux côtés des Américains. En 2003, des rapports faisant état de ces arrangements avaient été qualifiés de "hautement imprécis" par Shell, tandis que BP avait nié "tout intérêt stratégique en Irak".

    Les contrats sur 20 ans signés dans la foulée de l'invasion de l'Irak ont été les plus importants dans l'histoire de l'industrie pétrolière, rappelle le quotidien.

    Source du texte : COURRIER INTERNATIONAL

    Télécharger l'article : Secret memos expose link between oil firms and invasion of Iraq

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  • Londres discutait avec BP et Shell avant d'envahir l'Irak

    Mis à jour le 19.04.11 à 07h26

    La Grande-Bretagne discutait de l'exploitation du brut irakien avec les géants pétroliers britanniques cinq mois avant d'envahir l'Irak avec les Etats-Unis, rapporte ce mardi le quotidien The Independent.

    Citant des documents obtenus par l'activiste Greg Muttitt, spécialiste du pétrole irakien, le journal affirme que des responsables gouvernementaux ont rencontré à cinq reprises aux moins les compagnies BP et Royal Dutch Shell en octobre et novembre 2002. Le but était, selon des propos qu'aurait tenu à l'époque le responsable du Moyen-Orient au Foreign Office, d'assurer à ces deux entreprises britanniques une part des grandes ressources pétrolières de l'Irak après la chute de Saddam Hussein.

    Une part des réserves de gaz et de pétrole de l'Irak en contrepartie?

    La participation de la Grande-Bretagne à l'invasion de l'Irak en 2003 a été la décision la plus controversée de Tony Blair lors de son passage à Downing Street. De nombreux Britanniques ont accusé le Premier ministre d'avoir menti sur les raisons de l'intervention militaire, les armes de destruction massives n'ayant jamais été trouvées sur le sol irakien. Selon les documents révélés par The Independent, BP a dit au ministère des Affaires étrangères que l'Irak «était plus important que tout ce qu'on avait vu depuis bien longtemps».

    La ministre du Commerce de l'époque, Elizabeth Symons, aurait dit au groupe pétrolier que, compte tenu du soutien apporté par Blair au projet du président américain George W. Bush, les entreprises britanniques obtiendraient probablement une part des réserves de gaz et de pétrole de l'Irak. Une porte-parole du Foreign Office n'a pas souhaité faire de commentaire dans l'immédiat. BP et Shell n'étaient pas joignables dans l'immédiat.

    Reuters

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  • L'irak d'une guerre à l'autre

     

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    Nous y sommes. C'est la guerre. Le président des États-Unis envisage même l'usage de mini armes atomiques contre ce qu'il est désormais convenu d'appeler un axe du mal.

    Mais que savons nous au juste? Quels sont les véritables enjeux des guerres successives en Irak?

    A l'heure où George Bush fils envisage d'achever le travail du père, il nous paraît essentiel de comprendre quel type de guerre se trame : depuis celle du Golfe dont on croyait qu'elle avait été gagnée, celle qui se poursuit de manière plus feutrée avec l'embargo, et la nouvelle, dont on ne nous a pas livré les raisons alors qu'elle est déjà programmée.

    Ce film part du point de vue européen ou occidental du conflit pour aller vers la perception qu'en ont les irakiens, celle officielle du régime et surtout celle des simples citoyens et des représentants de communautés traditionnellement opposées à Saddam Hussein (catholique, chiite, juive...).

    Devant une délégation de 120 «inspecteurs de la paix» qui ont répondu à un appel sur internet du journaliste Michel Collon, essentiellement d'Europe mais aussi du Maghreb, bien des portes autrement fermées s'ouvrent. Parmi eux, deux vétérans britannique et français de la guerre du Golfe, qui depuis ont quitté l'armée, nous permettent de percer le double mur de silence qui emprisonne la population irakienne. Lors de rencontres avec d'autres soldats irakiens, des scientifiques ou des artistes, leur regard decille le nôtre sur la prétendue volonté de libérer les Irakiens.


    L'Irak d'une guerre à l'autre
    Cargado por clap36. -

    source : clap36.net


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  • L'Irak revendique les troisièmes réserves de pétrole au monde

     

    L'Irak revendique les troisièmes réserves de pétrole au monde

    Mais M. Chahristani avait indiqué en juin que l'objectif était de produire d'ici quelques années entre 10 à 12 mb/j pour devenir le premier producteur et le premier exportateur de brut. Bagdad a notamment attribué l'an dernier dix contrats à des compagnies étrangères pour l'exploitation de 10 champs pétroliers.

    L'Irak a fait état lundi d'une nette augmentation de ses réserves prouvées de pétrole, qui les placerait au troisième rang mondial devant l'Iran, lors d'une annonce fortement symbolique pour un pays qui mise sur le brut pour se relever de décennies de guerres et de sanctions.

    Le ministre irakien du Pétrole, Hussein Chahristani, a affirmé que son pays disposait de réserves "exploitables" de 143,1 milliards de barils, un chiffre supérieur de 24% aux estimations communément admises jusqu'alors, mais qui demeure en-deçà des réserves saoudiennes et vénézuéliennes, selon l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).

    Pour de nombreux experts du secteur, les réserves officielles irakiennes -auparavant de 115 milliards de barils- ont longtemps été sous-estimées faute de recherches approfondies depuis la nationalisation du secteur dans les années 1970, et de vastes portions du territoire irakien restent toujours à sonder.

    "L'Opep sera informée aujourd'hui des nouveaux chiffres de nos réserves", a indiqué M. Chahristani lors d'une conférence de presse à Bagdad, tout en faisant état de réserves supplémentaires de 33,4 milliards de barils, mais qui ne sont "pas exploitables" dans l'immédiat.

    Il a précisé que ces chiffres n'incluaient pas le brut de la région autonome du Kurdistan.


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  • GB: vers la réouverture de l'enquête sur la mort de David Kelly

    Par Catherine Gouëset, publié le 13/08/2010 à 12:00

    Des experts médicaux britanniques demandent la réouverture de l'enquête sur la mort, en 2003, du spécialiste en armement non conventionnel mêlé aux accusations sur les mensonges ayant justifié la guerre en Irak. L'enquête officielle avait conclu à un suicide.

    L'ancien Premier ministre Tony Blair sera-t-il rattrapé par l'affaire David Kelly? Un groupe d'experts en médecine légale a demandé, ce vendredi 13 juillet, la réouverture de l'enquête sur la mort de David Kelly. Ce dernier, l'un des meilleurs experts britanniques en armement chimique et biologique s'est -officiellement- suicidé en 2003 après avoir été identifié comme la source d'un journaliste accusant le gouvernement de Tony Blair d'avoir exagéré la menace irakienne.  

    Des doutes sur le rapport qui justifie le déclenchement de la guerre

    En septembre 2002, à l'appui des accusations de l'administration Bush qui accuse l'Irak de posséder des armes de destruction massive (ADM), Tony Blair promet de fournir des preuves et ses services publient un rapport dont le sérieux sera par la suite mis en doute. Tony Blair obtient néanmoins l'appui d'une majorité des députés à la Chambre des communes pour déclencher la guerre, en mars 2003.  

    En mai 2003, un journaliste de la BBC, Andrew Gilligan, spécialiste des questions de défense, affirme que le contenu du dossier sur les armes de destruction massive publié avant le conflit a été "gonflé" et rendu "plus sexy" afin de justifier plus facilement la guerre. Le nom de David Kelly comme source d'Andrew Gilligan circule dans les médias. L'expert est convoqué devant la commission des Affaires étrangères. Deux jours plus tard, le 18 juillet 2003, son corps sans vie est retrouvé dans un champ proche d'Oxford.  

    L'enquête sur les circonstances de sa mort est confiée à un juge de la cour d'appel, lord Hutton (Lire l'enquête détaillée de l'Express sur cette affaire: le roman des armes de destruction massive).  

    Rendu public en janvier 2004, le rapport Hutton blanchit le gouvernement Blair et charge la BBC: David Kelly s'est suicidé "en s'ouvrant le poignet gauche" et sa mort a été "accélérée" par les tablettes de Coproxamol qu'il a absorbées. Le rapport estime probable que l'expert se soit considéré comme humilié publiquement pour avoir été identifié comme la source de Gilligan.  

    En revanche, le rapport conclue que Tony Blair et son équipe n'ont rien fait pour "muscler" le document sur les ADM. Cette accusation "très grave", lancée par le journaliste Andrew Gilligan, est, selon le rapport Hutton, "infondée", et la BBC est "fautive" de ne pas avoir mieux enquêté après les démentis du gouvernement. Andrew Gilligan démissionne de la BBC après la publication du rapport Hutton.  

    Le dossier médical interdit d'accès pendant 70 ans

    Aujourd'hui, huit médecins et experts en médecine légale demandent la réouverture de l'enquête. Ils considèrent en effet que la section de l'artère du poignet de David Kelly n'aurait pas suffi à menacer sa vie.  

    Le Guardian rapporte qu'une enquête judiciaire a été interrompue par le ministre de la justice de l'époque, Lord Falconer, avant la création de la commission Hutton, et n'a pas été relancée ensuite.  

    En janvier dernier, précise le quotidien, cinq médecins qui demandaient la réouverture de l'enquête, se sont vu répondre que Lord Hutton avait, en 2003, fait en sorte que le dossier médical et les photos soient fermés pour une durée de 70 ans. Interrogé, Lord Hutton aurait déclaré qu'il ne fallait pas aggraver la "détresse de la famille".  

    C'est le changement de gouvernement qui permet aux protagonistes d'espérer la réouverture de l'enquête. Le procureur général Dominic Grieve, a déclaré avant les élections, en avril, que les Conservateurs réfléchissaient à la réouverture de l'enquête sur la mort de David Kelly. 


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  • La mort en poussière

     

    les munitions à uranium appauvri et leur impact sur notre planète pour 4.5 milliards d'années.

     


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  • L’IRAK AN VII : Chronique d’un pays en miettes

    juillet 14, 2010 par fonzibrain

    «Cette conjonction entre un immense establishment militaire et une importante industrie privée de l’armement est une nouveauté dans l’histoire américaine. (…) Nous ne pouvons ni ignorer, ni omettre de comprendre la gravité des conséquences d’un tel développement. (…) nous devons nous prémunir contre l’influence illégitime que le complexe militaro-industriel tente d’acquérir, ouvertement ou de manière cachée» Général Eisenhower (Discours de fin de mandat 17 janvier 1961)

    La visite du vice-président américain Jo Biden le 4 juillet à Baghdad nous a fait nous ressouvenir de l’Irak qui a disparu des écrans de l’information depuis les élections il y a quatre mois. On s’aperçoit alors qu’il n’y a toujours pas de vainqueur et que l’Irak est en roue libre. Certes, cela ne change pas grand-chose au quotidien des Irakiens sommés de survivre avec chaque jour son lot d’horreur. On apprend que le 14 juin, le nouveau Parlement irakien s’est réuni sans résultat plus de trois mois après les législatives du 7 mars, qui ont laissé le pays englué dans une crise politique. Avant cette séance inaugurale, les tractations vont bon train. Le Premier ministre sortant, Nouri al-Maliki et son rival Iyad Allaoui, se sont rencontrés pour la première fois depuis ce scrutin sans vainqueur net. Arrivé de peu en tête des élections (91 sur 325 sièges), le Bloc irakien (Iraqiya) du chiite laïque Allaoui, soutenu par la minorité sunnite, risque de ne pas obtenir les fruits de son succès électoral à la suite de divisions internes et du rapprochement de ses adversaires chiites. Le Bloc irakien se bat aujourd’hui pour obtenir des postes-clés au gouvernement. Un accord négocié en coulisses entre les deux principales coalitions chiites, avec l’aide de l’Iran, a en effet donné naissance à un nouveau bloc, l’Alliance nationale. Cette «super-coalition» rassemblant l’AED de M. Maliki et l’Alliance nationale irakienne (ANI), est destinée à priver le Bloc irakien du pouvoir avec une majorité parlementaire relative de 159 sièges. Dans une tribune publiée dans le Washington Post, Iyad Allaoui a accusé Nouri al-Maliki de défier «la volonté du peuple» en créant la nouvelle alliance pour s’emparer du pouvoir. M.Maliki «refuse de reconnaître sa défaite et le clair désir de changement et de progrès des Irakiens», écrivait-il. Selon une source proche des négociations, Iyad Allaoui pourrait aussi être disposé à accepter la présidence, un poste essentiellement protocolaire, ce qui permettrait à Nouri al-Maliki de conserver la tête du gouvernement.

    Le prix payé par les Irakiens
    L’Irak, héritier d’une grande civilisation qui remonte à l’ancienne Mésopotamie, deuxième producteur de pétrole après l’Arabie Saoudite, a constitué pour George W.Bush une sorte d’obsession et la personnalité de Saddam Hussein un objet de haine. Comme l’écrivait si bien en 1962 Pierre Rossi dans un magistral livre intitulé L’Irak des révoltés, L’Irak constituait un «pays où se mêlent trois mondes, asiatique, arabe et européen, une croisée de routes commerciales propices à l’établissement de grands empires, des richesses pétrolières moins miraculeuses qu’on en croit». «Vague après vague, le peuple irakien a essuyé toutes les guerres et tous les fléaux naturels possibles et imaginables, sans jamais plier le dos, comme si, ayant bu à la mort avant la mort, il détenait une puissance de résurrection inconnue en Occident.» Qu’il eût fallu, dans l’esprit de l’administration républicaine des Etats-Unis qui a succédé en l’an 2000 à William Clinton, se débarrasser de celui qui a incarné la dictature et la répression, en l’occurrence Saddam Hussein et ses compagnons, autorisait-il en somme, une guerre désastreuse, un lynchage en bonne et due forme d’un homme, la mobilisation la plus ahurissante des armées de l’Amérique, la gabegie des centaines et centaines de milliards de dollars et puis cette armada déployée dans la région du Golfe dont les conséquences politiques, économiques, sociales, humaines, culturelles et religieuses sont, à coup sûr, énormes et même catastrophiques?
    Quel est le bilan de la dernière croisade? La guerre d’Irak, opération Iraqi Freedom a débuté comme on le sait le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak. Les raisons invoquées officiellement étaient: la «lutte contre le terrorisme», Etat soutenant Al Qaîda, l’élimination des armes de destruction massive qu’était censé détenir l’Irak. Ces accusations ont depuis été démontrées comme non fondées. Certains observateurs parlent de raisons officieuses: les liens entre les néo-conservateurs au pouvoir à Washington et des entreprises d’exploitation pétrolière, notamment le Groupe Carlyle, Enron, Halliburton Energy Services et Unocal. Après leur victoire, les troupes de la coalition ont cherché à «pacifier l’Irak». En outre, la majorité des villes se trouvent dans une situation difficile: pillages, affrontements, règlements de compte… Selon J. Stieglitz, le coût global de la guerre en Irak serait de 3000 milliards de dollars.
    Si on devait faire honnêtement une comptabilité macabre de la période des 35 ans de pouvoir sans partage de Saddam Hussein, elle est à n’en point douter et sans faire de la concurrence victimaire moins tragique. Il n’est pas question,ici, de faire croire que Saddam Hussein était un saint, C’était un dictateur qui ne s’embarrassait pas de solutions expéditives. Antoine Sfeir analyse les raisons pour lesquelles la rue arabe a quasi unanimement soutenu le régime de Saddam Hussein. Refusant de voir en lui le boucher de l’Irak, elle a au contraire glorifié le «Bismarck du Monde arabe», l’homme qui avait fait de l’Irak un «pays qui avance, où la manne pétrolière était distribuée», se distinguant d’un monde arabe plongé dans la désolation.(..) Nul n’était mieux placé que Sami Zubaïda, sociologue irakien, pour faire le bilan de 35 ans de dictature bassiste sur la société irakienne. Elle montre comment le Baâs de Saddam Hussein a manipulé la société irakienne, détruisant certaines classes, en créant d’autres, plaçant tout le monde sous un système d’espionnite généralisé, nationalisant les entreprises et la terre, puis les dénationalisant, détribalisant la société puis la retribalisant, la laïcisant puis l’islamisant, en fonction des évènements et des vicissitudes d’un régime qui dépendait de la rente pétrolière. Il conclut en soutenant que le chaos actuel n’est pas le fruit d’une «nature» particulière de l’Irak, mais bien le résultat de 35 ans de
    dictature. (1)
    En octobre 2006, la revue médicale The Lancet estimait le nombre de décès irakiens imputables à la guerre à 655.000. L’institut Opinion Research Business a estimé à plus de 1000.000 le nombre de victimes irakiennes entre mars 2003 et août 2007. La guerre a provoqué l’exode d’au moins deux millions d’Irakiens. Ceci sans parler des dégâts occasionnées par le programme pétrole contre nourriture: plus de 500.000 enfants seraient morts de maladie et de malnutrition. Les dommages aux infrastructures civiles sont immenses: les services de santé sont pillés. Il y a eu une détérioration des canalisations d’eau et la dégradation des bassins hydrographiques du Tigre, de l’Euphrate. Il y a de plus, augmentation de l’insécurité générale (pillages, incendies et prises d’otage), suite à la désorganisation totale des différents services publics tels que les forces de l’ordre. De nombreux centres historiques ont été détruits. Le Musée national d’Irak a été pillé.
    L’épidémiologue américain Lee Roberts a publié à l’époque une enquête sur la mortalité en Irak après l’invasion, dans le magazine médical britannique The Lancet, provoquant une grande controverse aux Etats-Unis. Quand j’étais en Irak en 2004, je demandais à toutes les personnes que je rencontrais:» Pourquoi pensez-vous que les Américains sont venus?» Invariablement, leur première réponse était spontanément: «A cause du pétrole!» Si nous pensons aux attaques du 11 Septembre et réalisons que l’Irak a une population à peu près équivalente à celle de la zone métropolitaine de New York, ce nouveau bilan du gouvernement irakien suggère que les Irakiens ont connu un nombre de morts violentes équivalant à deux attaques similaires au 11 Septembre par mois pendant les trois premières années de l’occupation. Ça, c’est d’après le gouvernement irakien. Quant à notre enquête, elle estime l’équivalent de six «11 Septembre» par mois!» (2)

    Diviser pour mieux régner
    Sous le joug de Saddam, il y eut, dit-on, plusieurs milliers de morts sur une période de 35 ans. Est-ce que la démocratie aéroportée a apporté la paix aux Irakiens? Il est permis d’en douter. Pour rappel, en novembre 2008, les gouvernements irakien et américain ont signé un pacte bilatéral incluant le Status of forces agreement (Sofa) qui fixe à la fin 2011 le terme de la présence militaire des États-Unis. Les Américains avec la satisfaction du devoir bien fait, notamment par une mainmise sur les ressources pétrolières par multinationales américaines interposées, rentrent au pays. En fait, la situation est plus que jamais dangereuse. L’Irak est un pays profondément meurtri. Les haines séculaires interconfessionnelles et tribales maîtrisées du temps de Saddam Hussein ont été boostées par les Etats-Unis. Appliquant la politique du «diviser pour régner», les Américains enlisés en Irak, s’allient alternativement aux chiites contre les sunnites et inversement. La guerre civile larvée entre chiites et sunnites, qui a ensanglanté l’Irak après la destruction de la mosquée de Samarra, a été gelée par la nouvelle stratégie anti-insurrectionnelle mise en oeuvre par le général Petraeus en 2007, avec le renforcement, ou «surge», du corps expéditionnaire décidé par George Bush en 2007. Les Américains avaient alors pris sous leur aile et financé les milices de combattants sunnites, s’en faisant des alliés dans la lutte contre les jihadistes, tout en les protégeant contre les incursions des paramilitaires chiites, mettant fin ainsi au cycle des représailles. (…)» (3)
    «En morcelant la société irakienne, l’occupant s’est pris à son propre piège: il ne peut pas quitter le pays sans prendre le risque de le livrer définitivement au chaos. A l’inverse, sa présence prolongée attise non seulement la résistance armée à l’occupation, mais aussi les rivalités entre forces antagonistes. Et il doit en payer le prix, qui s’alourdit chaque jour davantage: pertes humaines, coût financier, discrédit international. Fascinée par le modèle communautaire à la libanaise et obsédée par le souci de diviser pour régner, la coalition s’est interdite de reconstruire un Etat unitaire, garant de la stabilité politique de la nation irakienne.
    Jouant au pompier-pyromane, il cultiva le particularisme des uns et des autres avant de s’en offusquer hypocritement aussitôt après. Trop tard: la boîte de Pandore est aujourd’hui grande ouverte et le pays au bord du chaos. Punis par l’occupant, les sunnites sont exclus du système institutionnel mis en place avec la bénédiction occidentale. Les chiites espèrent toucher les dividendes de leur supériorité numérique, les Kurdes préparent une indépendance qui finira par les opposer aux sunnites et aux chiites. Minoritaires, les forces laïques et progressistes tentent de surnager à la surface de cet océan communautariste. (3)
    Michel Collon va plus loin, il écrit: «L’essence du plan Gelb, c’est de plonger l’Irak dans une guerre civile de longue durée afin de sauver l’occupation coloniale US et de pouvoir continuer à voler le pétrole.» Le New York Times publie le 25 novembre 2003 un éditorial signé Leslie Gelb. Homme influent qui présidait jusqu’il y a peu le très important Council of Foreign Affairs, groupe de réflexion regroupant CIA, ministère des Affaires étrangères et hauts bonnets de multinationales US. Le plan Gelb? Remplacer l’Irak par trois petits Etats: «kurde au nord, sunnite au centre et chiite au sud». Objectif? «Placer le maximum d’argent et de troupes chez les Kurdes et les chiites. (…) Mais en fait, diviser l’Irak est aussi un vieux rêve israélien. En 1982, Oded Yinon, un responsable des Affaires étrangères, écrivait: «Dissoudre l’Irak est encore plus important pour nous que la Syrie. A court terme, c’est la puissance irakienne qui constitue la plus grande menace pour Israël. Une guerre Iran – Irak déchirera l’Irak et provoquera sa chute. Toute espèce de conflit interarabe nous aidera et accélérera l’objectif de briser l’Irak en divers morceaux.» (…) Sa théorie des Etats purs, c’est celle d’Hitler: «Ein Volk, ein Reich, ein Führer» (un peuple, un empire, un chef). C’est aussi celle des sionistes rêvant d’un Israël «purifié des Arabes «. Le danger de cette folle théorie dépasse de loin l’Irak ou la Yougoslavie. La moitié des Etats existant aujourd’hui sur cette planète sont «multinationaux «. (…) Mais si on admet cette théorie des «Etats purs «, les USA auront des prétextes pour faire exploser n’importe quel pays «multinational «qui leur résisterait.» (4)
    Quel est l’avenir de l’Irak? En fait, la seule solution pour l’Irak serait un état laïc comme l’avait fait Saddam Hussein. En attendant, si le communautarisme irakien profite aux puissances étrangères (Iran, Etats-Unis, Al Qaîda), il ne profite pas du tout à l’Irak qui s’affaiblit de jour en jour. Rien n’arrêtera en fait, l’Empire et le complexe militaro-industriel et sa soif de matières premières, notamment d’énergie. Les guerres seront de plus en plus récurrentes et le président Eisenhower met en garde les États-Unis contre les dangers du «complexe militaro-industriel»: «(…) Nous ne pouvons ni ignorer ni omettre de comprendre la gravité des conséquences d’un tel développement. (…) Rien, en vérité, n’est définitivement garanti. Seuls des citoyens alertes et informés peuvent prendre conscience de la toile d’influence tissée par la gigantesque machinerie militaro-industrielle et la confronter avec nos méthodes et objectifs démocratiques et pacifiques, afin que la sécurité et les libertés puissent fleurir côte à côte.»
    Il vient que la partition du monde en unités techniques va sonner le glas des Etats Nations. On se rappelle que dans le cadre du Grand Moyen-Orient (Mepi) même l’Arabie Saoudite, pourtant allié des Etats-Unis, devait être divisée en un émirat religieux autour de La Mecque et un autre au nord-est (là où il y a les puits de pétrole).. Le Soudan est en route pour la partition (Timor-Oriental arraché à l’Indonésie, indépendance du Darfour probable en janvier prochain). Si les pays possédant des richesses, notamment pétrolières ne prennent pas les précautions nécessaires en allant de plus en plus vers l’autonomie (sous le modèle des landers allemands voire des Etats américains) et en se dépérissant du jacobinisme hérité (encore que la France accorde de larges autonomies aux régions) un schéma de partition de fait, sera imposé aux Etats faibles. Nous voilà avertis.

    1. Chris Kutschera: Le Livre Noir de Saddam Hussein. OH Editions, Paris, 2005
    2. Judith Weinstein: Combien de «11 Septembre» par mois en Irak? 08/05/2008
    3. Pascal Riché: Les élections irakiennes pour les nuls. Rue 89 06/03/2010
    4. Michel Collon: Washington a trouvé la solution «Divisons l’Irak comme la Yougoslavie!» http://perso.wanadoo.fr/polex/irak_resit/Irak les dessous de la guerre civile.htm

    Pr Chems Eddine CHITOUR

    Il faut un nouveau Nuremberg,(pas besoin d’inventer des preuves cette fois) et juger et condamner des dizaines de milliers de personnes à travers le monde, ceux qui ont décidé, ceux qui ont propagé les fausses informations et ceux qui ont éxécuté ces ordres morbides seraient immanquablement exécutés.

    ce soldat pose avec ce qui symbolise la vacuité de son engagement...


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  • L'invasion de l’Irak planifiée 8 mois avant le 11 Septembre

    reportage de CBS sur les révélations fracassantes de Paul O’Neill, Secrétaire au Trésor dans le premier gouvernement Bush. O’Neill nous apprend que l’Administration Bush avait planifié l’invasion de l’Irak 8 mois avant le 11 Septembre tout en prévoyant le partage des riches réserves pétrolières du pays :

     




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  • L’une des plus grandes catastrophes culturelles de tous les temps.

    par Joëlle Pénochet

    Le patrimoine de l’Irak, berceau de l’humanité, déjà gravement endommagé par la 1ère “guerre du Golfe” et par treize années d’embargo, a subi de nouvelles pertes irréparables depuis l’agression anglo-américaine de 2003 : musées saccagés ou bombardés, sites archéologiques pillés, tablettes cunéiformes riches de notre passé. Or ces opérations seraient été minutieusement organisées par des mafias au service de riches collectionneurs, voire de musées.

    « L’Irak est le berceau de la civilisation. Là sont apparues les premières cités, la première écriture, les premières réflexions sur les rapports de l’homme avec Dieu, sur la Mort, la première littérature connue… » McGuire Gibson, PR d’archéologie mésopotamienne à l’université de Chicago (in Science, 21 mars 2003)

    La Mésopotamie (l’actuel Irak) a été redécouverte au XIXe siècle, après deux mille ans d’oubli. La reconstitution progressive de sa civilisation a permis de connaître nos plus lointains ancêtres en ligne directe, grâce aux archéologues et surtout aux déchiffreurs de textes cunéiformes. Mais la plus grande partie des vestiges archéologiques de l’Irak, et donc des pans entiers de notre passé, restent à découvrir. Or, les recherches sont aujourd’hui très menacées par les conséquences de la destruction du pays commencée en 1990 avec l’embargo, et parachevée par sa conquête par l’alliance anglo-américaine en 2003.

    Il y a huit mille ans, à l’époque où la plupart des peuples de la planète étaient des chasseurs-cueilleurs, les populations de Mésopotamie, entre le Tigre et l’Euphrate, avaient inventé l’agriculture et l’irrigation, qui leur avait permis de fertiliser le désert. A Sumer furent inventés les fondamentaux de toutes les civilisations ultérieures: l’écriture, les mathématiques, l’urbanisation, l’administration (4), l’astronomie, le calendrier, la codification des lois, l’économie, la médecine, la littérature (avec la poésie épique)… La première cité du monde, Uruk (-2900), bâtie sous le roi légendaire Gilgamesh, fut à l’origine de la révolution urbaine qui s’étendit aux côtes méditerranéennes, à la presqu’île arabique, à l’Egypte et à l’Inde (2).

    L’Histoire commence à Sumer avec l’invention de l’écriture.

    « … des civilisations prestigieuses se sont développées dans le futur espace arabe plusieurs siècles avant notre ère alors que les pays occidentaux étaient encore des barbares. Les Européens connaissent l’histoire de la Grèce et de la Rome antique, mais rien des véritables sources de la civilisation, au mieux quelques images stéréotypées comme les Contes Mille et Une Nuit.  » Charles Saint-Prot.

    une tablette sumérienne

    Les Sumériens ont inventé il y a cinq mille ans la première forme d’écriture, dite “cunéiforme” (“en forme de clou”), qui aurait, selon le sumérologue Jean Botéro, inspiré les systèmes archaïques ultérieurs, égyptien, indien et chinois. Leurs premiers documents, écrits à l’aide d’un roseau (calame) sur des tablettes d’argile, sont antérieurs de 1.500 ans aux plus anciens écrits bibliques et grecs ; ils contiennent les grands thèmes repris par leurs successeurs, tels ceux de l’Eden, du Déluge, de la création de l’Homme à partir de l’argile ou encore la Descente aux enfers. Cette écriture a été utilisée pendant trois mille ans dans des langues très différentes. La centaine de millions de tablettes enfouies en Irak, dont un million seulement a été exhumé à ce jour, représente une bibliothèque inestimable relatant toutes les facettes de la civilisation et la vie quotidienne de nos plus lointains ancêtres, curieusement négligés de nos livres d’histoire.

    Malgré les peuples très divers qui se sont établis depuis huit mille ans en Irak, en raison de sa position géographique stratégique (Akkadiens, Assyriens, Babyloniens, Perses, Grecs, Ottomans, Arabes…), il existe une continuité culturelle, entretenue par une longue tradition d’acculturation réussie et de transmission de génération en génération. La population, qui avait bénéficié jusqu’à 1990 d’un enseignement de qualité, obligatoire pour garçons et filles, était très fière et respectueuse de son patrimoine, dont les sites archéologiques font partie de l’environnement familier.

    Un taureau assis datant de 3000 ans av. J.-C. du musée du Louvre

    L’Irak : « Un seul site archéologique immense » à lui seul, en grande partie inexploré

    Le nombre de sites est estimé à plus d’un demi million, dont 25.000 sites majeurs, sur lesquels moins de la moitié ont été fouillés à ce jour. En réalité, “il n’est pas exagéré de décrire l’Irak comme un seul immense site archéologique virtuel”, selon John Curtis, assyriologue du British Museum3. Ainsi, 99% des collines (Tell) correspondent aux remblais d’anciens villages, installés successivement sur les fondations des précédents depuis le XIe millénaire. Chaque tertre est donc formé d’une superposition de strates d’époques différentes pouvant chacune receler des milliers de pièces.

    Au début de 2003, une équipe des plus éminents archéologues du monde entier, soutenue par des institutions internationales, avait réitéré leurs démarches auprès des autorités américaines et britanniques, et des Nations Unies pour leur demander de « tout mettre en oeuvre pour protéger le patrimoine de l’humanité », en respect de la Convention de La Haye de 1954 pour la protection des biens culturels en cas de conflit armé (ratifiée par 102 pays, dont l’Irak), et de la Convention de l’UNESCO de 1970. Ils avaient présenté aux responsables du Pentagone une liste des quatre mille sites les plus menacés par les bombardements, en insistant sur le fait « qu’il ne s’agissait que d’une partie infime des sites iraquiens ». D’énormes sigles « UNESCO » peints sur le toit des musées rappelaient aux agresseurs qu’il s’agissait d’établissements protégés par les lois internationales.

    Les archéologues craignaient les bombardements et les pillages, alors que, “depuis sa fondation en tant qu’Etat moderne, et jusqu’en 1990, l’Irak a détenu un record enviable dans le domaine de la protection de son héritage culturel” soulignait le professeur Gibson. Des monuments avaient été restaurés, comme la ziggourat d’Ur(4). un temple et un palais de Nimroud ; la ville de Babylone (dont les somptueux palais de Nabuchodonosor) avait été en partie reconstruite dans les années 80, et de nouveaux projets étaient très avancés, les autorités ayant le projet d’ouvrir le pays au tourisme.

    La ziggourat d'Ur de nos jours

    Les bombardements de 1991 et les conséquences de l’embargo avaient déjà gravement endommagé le pratrimoine irakien.

    Le PR Gibson, qui dirige des fouilles en Iraq depuis 1964, a dénoncé les dégâts des bombardements de la première « Guerre du Golfe » sur des merveilles de l’architecture mondiale, comme la ziggourat d’Ur (-2100), touchée par quatre cents obus (l’armée irakienne avait installé des avions à proximité, préjugeant que la ville de naissance d’Abraham ne serait pas attaquée), l’arche de briques monumental de Ctésiphon, le plus vieux du monde (- 400), un palais d’Assourbanipal à Ninive et une église du Xe siècle à Mossoul. Des villages antiques reconvertis en sites militaires US avaient été détruits, comme Kirkuk, dont les maisons traditionnelles de la citadelle ont été rasées, ou Tell El-Lahm (au sud d’Ur), dont les ruines ont été écrasées par des bulldozers américains avant d’être pillées par les soldats. Le poids des tanks ou les chocs d’un bombardement réduisent en poussière les précieuses tablettes et autres pièces fragiles.

    Par ailleurs, l’embargo est responsable de la détérioration irréversible de pièces uniques du patrimoine de l’humanité. Les mauvaises conditions de conservation dues au manque de produits chimiques nécessaires à l’entretien des collections (interdits d’importation), à des infiltrations d’eau souterraine et à la chaleur (à la suite de l’arrêt de la climatisation), ont entraîné la dégradation irrémédiable de milliers d’objets.

    Selon le droit international, la puissance occupante porte l’entière responsabilité des pillages et des saccages commis

    « Ce fut une véritable invasion. Ils ont brisé de lourdes statues, des lions(4) babyloniens et des fresques de l’empire néo-babylonien. Ils ont pris des pièces, des têtes, des masques mortuaires sumériens. C’était horrible » Un assyriologue irakien cité par Aymeric Marchall5(6).

    Rappelant que le ministère du pétrole fut protégé par l’armée dès les premières minutes de la prise de Bagdad, le Dr Donny George, directeur général des recherches archéologiques du musée, accuse les forces occupantes d’avoir refusé d’intervenir, « alors qu’un seul tank et quelques soldats auraient suffi à empêcher ces actes ». Des actes criminels qui se sont déroulés cinq jours durant, sous l’œil indifférent ou narquois des soldats présents dans les tanks parqués à proximité du musée.

    Pour le Dr Gorge, les pilleurs étaient des professionnels : ils savaient exactement les pièces qu’ils devaient voler (ils dédaignèrent toutes les copies, comme celle du code Hammourabi), et ils étaient très bien équipés (diamants et de ventouses pour découper les vitrines, pieds de biche et burins pour desceller les fresques et les statues).

    Plusieurs dizaines de milliers de pièces du musée (le chiffre exact ne pourra être connu avant plusieurs années) ont été détruites ou volées, parmi lesquelles la tête de taureau de la fameuse harpe d’Our, la statue du roi Naram-Sin (- 2250), une statue monumentale akkadienne, des pièces d’ivoire sculpté (vers – 800), des marbres de Hatra (3), la porte d’une mosquée de Mossoul du XIIe siècle, et les monnaies et les ivoires contenues dans les carrés.

    En outre, plusieurs musées ont été bombardés par l’alliance anglo-américaine, comme ceux de Tikrit (au motif qu’il s’agissait de la ville natale du président Saddam Hussein) et de Mossoul ; l’arche monumentale qui marque l’entrée du musée de Bagdad a été traversée par un obus. Et le bilan des bombardements est loin d’être définitif.

    Lorsqu’il a été demandé à Donald Rumsfeld, ministre de la Défense, de faire cesser les pillages, il a ricané, affirmant que la télévision diffusait en boucle l’image d’un unique vase sous différents angles, et il a assimilé le pillage des musées « à des événements imparables, commis par des garnements, comparables aux émeutes lors des matchs de football » ! Son attitude a entraîné la démission du conseiller culturel principal de la Maison Blanche, Martin Sullivan aussitôt remplacé… par un marchand d’art ! « Les marchands d’art ont généreusement financé la dernière campagne présidentielle et comptent beaucoup d’amis au gouvernement » explique Martin Sullivan6.

    Le musée de Bagdad était au moins aussi riche que le Louvre et le British Museum

    Le directeur du musée de Bagdad

    Des pièces uniques, comme un vase sacrificiel sumérien âgé de 5.000 ans, des bas-reliefs et des statues monumentales intransportables en raison de leur poids (plusieurs tonnes) ont été fracassés à coups de marteau de forgeron et de haches. Leurs fragments seront revendus à prix d’or sur le marché de l’art. Des dizaines de milliers d’objets auraient également été dérobés dans les réserves des musées. Les pièces, dont certaines dataient de plus de 7.000 ans, avaient été excavées par les équipes d’archéologues au prix de décennies d’efforts. Le régime de Saddam Hussein châtiait sévèrement les voleurs d’antiquités ; en 1991, des vandales coupables d’avoir décapité un taureau ailé du musée de Mossoul furent exécutés.

    Certains objets inestimables ont été retrouvés, souvent très endommagés, comme le fameux vase de Warka en albâtre orné de sculptures (- 3100). D’autres trésors du musée de Bagdad, comme des malles remplies de bijoux et d’objets en or et en pierres précieuses, avaient été mis à l’abri dans les réserves de la Banque centrale, dont l’un des deux bâtiments a brûlé, bombardé par un missile. La communauté des archéologues s’est indignée contre la campagne médiatique lancée pour minimiser les pertes et dédouaner l’alliance anglo-américaine des saccages et des vols, commis sous son entière responsabilité.

    Les collectionneurs sont approvisionnés par des réseaux organisés. 

    Les vols et les pillages de biens culturels ont connu un essor sans précédent au cours des deux dernières décennies. La grande majorité des vols est le fait de bandes organisées au service de marchands d’art qui alimentent les collections particulières, dont les certaines n’ont rien à envier aux plus grands musées du monde. Des responsables irakiens avaient souligné l’appétit des anglo-saxons pour leurs richesses, pétrolières, et aussi archéologiques. Depuis dix ans, le site Internet d’enchères américain « E-Bay » propose régulièrement aux collectionneurs des antiquités irakiennes, bijoux sumériens et tablettes cunéiformes, parfois bradées à moins de cent dollars.

    Plusieurs filières d’approvisionnement existeraient, l’une partant vers Israël via la Jordanie, « plaques tournantes » d’un trafic qui aboutit à Londres et à Tokyo, une deuxième traversant l’Arabie Saoudite et une autre le Kurdistan. Un magasin de l’aéroport de Tel-Aviv vend même des antiquités irakiennes « hors taxes » (Cf. Aymeric MARCHAL). Selon un journaliste spécialiste des mafias, les objets d’art joueraient un rôle croissant dans le blanchiment de l’argent sale en Suisse. Les courts délais de prescription jouent en faveur des trafiquants. Ainsi, un objet volé et stocké en Suisse pendant cinq ans peut être présenté aux acheteurs potentiels comme provenant d’une collection particulière.

    L e pillage des sites archéologiques est encore plus catastrophique pour le patrimoine mondial que les pertes subies dans les musées.

    Cependant que les archéologues étaient empêchés de travailler en raison de l’embargo, les fouilles sauvages n’ont jamais cessé : depuis 1991, des milliers d’antiquités sont exportées illégalement chaque mois, et le DR George ne peut aller sur le terrain « sans une kalachnikov en bandoulière » ou des gardes armés. Les pillards, munis de cartes détaillées, fouillent la seule couche contenant l’objet commandé, n’hésitant pas à détruire les strates supérieures.

    Depuis son invasion et le chaos qui en a résulté, les pillages ont lieu à très grande échelle dans tout le pays, perpétrés par des bandes d’une centaine de personnes, qui creusent nuit et jour à la pelle ou à la pelleteuse, protégés par des hommes munis d’armes semi-automatiques. « Ce sont des bandes organisées qui travaillent à l’échelle internationale, appuyés par des financiers et des acheteurs potentiels » affirme l’assyriologue autrichien Walter Sommerfeld (6). Ces fouilles sauvages sont encore plus catastrophiques que les pertes subies dans les musées.

    Les immenses champs de pétrole irakiens sont gardés par des dizaines de milliers de soldats, mais les principaux sites archéologiques sont livrés sans vergogne aux pillards au service de mafias. Le saccage systématique des quinze principaux sites archéologiques irakiens se poursuit. Après le site d’Isin (-2000), totalement dévasté en une semaine, c’est au tour de celui de Larsa. Les vestiges mésopotamiens qui avaient survécu à plusieurs millénaires ont été anéantis à tout jamais en quelques semaines.

    Or, les archéologues estiment qu’entre 80 et 90% de l’information détenue par un objet est perdue si son contexte culturel n’est pas connu, car « ils ne recherchent pas les objets pour eux-mêmes, mais pour l’histoire qu’ils représentent », ainsi que le souligne Richard Zettler.

    Les tombes royales d'Ur datant de 2600 av. J.-C.

    Le marché de l’art est le cinquième au monde par le chiffre d’affaire.

    “Le marché de l’art regorge d’antiquités irakiennes, dont la quasi-totalité a été volée” constate amèrement le PR John M. Russell du Massachusetts College of Art, qui a vu y apparaître au milieu des années 90 des fragments de sculptures et des bas-reliefs assyriens qu’il avait photographiés dans un palais du roi Sennacherib à Ninive avant la guerre du Golfe. Depuis 1991, 4.000 objets répertoriés dans un catalogue officiel ont été retrouvés sur le marché de l’art à New York et à Londres, notamment à la galerie Mospief, condamnée par les tribunaux à restituer à l’Irak plus de deux cents objets volés, dont deux seulement ont été rendus (une tête de Méduse du site de Hatra pesant 250 kg et un bas-relief d’un rempart du palais de Ninive).

    Des pièces inestimables, datant de l'âge d'or babylonien, retrouvées par la police irakienne

    La disparition des catalogues et des ordinateurs lors de la mise à sac des locaux administratifs des musées rend impossible l’identification des pièces mises sur le marché de l’art, évitant ainsi tout risque de poursuites judiciaires. Les archives écrites les plus anciennes du monde du musée, de la Grande Bibliothèque, des Archives de Bagdad et de la Bibliothèque du Coran ne seraient pas toutes parties en fumée : selon des témoins, les bâtiments auraient été incendiés après le vol des manuscrits les plus précieux.

    Le « Conseil américain pour la politique culturelle » (ACCP), un groupe de pression constitué de riches collectionneurs, de marchands d’antiquités et d’avocats spécialisés créé en 2001 en vue d’une modification de la législation qui permettrait d’importer plus facilement des antiquités irakiennes aux Etats-Unis, a déclenché les foudres de la communauté des archéologues pour laquelle tout assouplissement de la loi (qui interdit l’exportation des antiquités) serait « absolument monstrueuse ». « Je crains le pire, il y a un vrai marché mondial de la tablette cunéiforme » révèle Jean-Jacques Glassner, historien de la Mésopotamie. Or, sans l’appoint des textes, des pans entiers de notre passé resteront à tout jamais incompréhensibles.

    Quel avenir pour les recherches dans un pays devenu un immense champ de mines et une poubelle radioactive ?

    Le black-out sur le nombre et les lieux d’impact des nouvelles armes de destruction massive utilisées lors de l’invasion de 2003 ne laisse pas d’inquiéter, tant sur le sort des populations locales et de leur descendance, que sur celui des vestiges archéologiques. Des armes toujours plus sophistiquées, plus puissantes et plus destructrices (chacune pouvant tout anéantir en profondeur sur plusieurs Km) ont été de nouveau testées sur le sol irakien, devenu depuis 1991 un champ d’expérimentations militaires grandeur nature.

    La vie des chercheurs sera désormais mise en danger par les quantités énormes de mines non explosées disséminées sur le territoire irakien. L’association Human Right Watch, qui avait recensé quatre mille victimes de ces mines en 2002 (trente millions de sous munitions avaient été tirées en 1991), affirme qu’en 2003 la quasi-totalité du pays a été touchée. Par ailleurs, l’utilisation intensive d’uranium appauvri aurait causé une pollution radioactive et chimique très supérieure à celle de 1991. Les Etats-Unis ont refusé d’entreprendre des travaux de décontamination et de déminage.

    Comment limiter l’ampleur de la catastrophe ?

    Le Conseil International des Musées (ICOM) a appelé les marchands d’antiquités, les collectionneurs et les musées à ne plus acquérir d’objets provenant de la région et « d’observer la plus grande vigilance pour ne pas participer aux atteintes irréparables du patrimoine de l’humanité. » L’UNESCO doit utiliser tous les moyens pour faire respecter les conventions de 1954 et de 1970. La présentation des principales pièces volées sur son site Internet, ceux d’Interpol et de l’Institut oriental de l’université de Chicago permettra peut-être de récupérer quelques-uns des trésors appartenant au Patrimoine de l’Humanité, mais les pièces non recensées sont à jamais perdues. Sur les 4.000 pièces des musées volées en 1991, seules quatre d’entre elles ont été retrouvées. Les spécialistes sont très pessimistes quant à la possibilité de stopper ce marché illégal extrêmement lucratif, en passe de surpasser le narcotrafic. La destruction du patrimoine irakien est un crime contre l’humanité, au même titre que le génocide de sa population (12).

    Joëlle Pénochet est anthropologue et journaliste indépendante. Article repris de Combat-Nature par plusieurs sites, et l’université de Mainz:http://www.ub.uni-mainz.de/Dateien/frankreichforschung_zeitschrifteninhalte_2003_2.pdf

    Article paru dans le trimestriel « Combat-Nature » n° 143. Seule la reproduction intégrale de l’article (avec la bibliographie) avec un lien actif vers le site est autorisée. L’article a été repris par plusieurs sites et l’université de Mainz. (PDF disponible en allemand)


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  • Bavure à Bagdad : la "démocratie" est en bonne voie

    La vidéo ci-dessous met l'armée américaine dans l'embarras. Elle montre des militaires américains tirer sur ce qu'ils croient être des insurgés, à Bagdad.

    Il n'en est rien.

    Ce qu'ils prenaient pour des armes étaient en fait des appareils photos... Les soldats ont ainsi abattu un photographe de l'agence de presse Reuters, son assistant, ainsi que les personnes qui ont tenté de les secourir.

    La scène est tirée des images prises à bord d'hélicoptères de l'armée. La vidéo intulée "Collateral murders" a été mise en ligne hier, lundi, par le site Wikileaks, trois ans après les faits qui se sont produits le 12 juillet 2007 (voir l'article sur l'origine de la vidéo).

    Elles s'opposent à la version officielle selon laquelle les victimes s'étaient retrouvées au milieu d'un combat entre l'armée et des "insurgés". Un responsable de l'armée américaine précisa aussi qu'aucun civil n'avait été tué "délibérément".

    Attention, les images sont très violentes.


    Le document publié dure 38 minutes. Wikileaks en a réalisé un montage pour obtenir une version plus courte de près de 18 minutes, en ajoutant des sous-titres (en anglais) pour comprendre le dialogue entre les militaires.

    Si vous n'avez pas le temps de regarder l'intégralité de la vidéo, voici les dix points forts à retenir de cette terrible méprise.


    1. Les photographes pris pour des hommes armés

    Les soldats américains signalent des individus qui leur paraissent suspects. "L'un d'eux a une arme", note un militaire au début du document.

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    La caméra zoome alors sur les suspects, supposés armés. Nous les avons vernés de rouge. En fait, il s'agit du photographe et de son assistant qui tiennent les appareils photo en bandoulière.

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    Les militaires prennent les suspects dans leur ligne de mire. On entend alors l'un d'eux les insulter : "fucking prick" ("sales enculés").

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    A ce moment, les militaires sont définitivement convaincus d'avoir affaire à des insurgés. "On a des indivus armés", dit un soldat. "On a 5 ou 6 individus armés d'AK 47 [des kalachnikov, ndlr]", précise un autre.

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    2. Les militaires demandent l'autorisation de tirer

    Dès lors, les soldats engagent une procédure. "Demande permission de tirer", somme un soldat.

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    "Vous pouvez tirer", lui répond-on rapidement. "Ok, on va tirer", enchaîne un soldat. A l'image, le photographe et son assistant sont toujours dans la ligne de mire des Américains.

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    Les soldats patientent un peu avant de tirer, gênés par le bâtiment derrière lequel marchent le photographe, son assistant et des civils qui sont avec eux.

    La tension monte.

    Alors que le photographe se penche sur son appareil photo à l'angle du bâtiment, les militaires croient qu'il est armé d'un lance-roquette : "We got a guy with an RPG", lâche un militaire, persuadé que le suspect s'apprête à tirer.

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    "Quand vous les avez dans le viseur, tirez-leur dessus", ordonne un autre militaire.

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    3. L'armée américaine les abats

    Un hélico fait le tour de l'immeuble pour avoir les cibles dans son champ.

    Juste avant que les soldats ne fassent feu, Wikileaks a pointé sur la vidéo le photographe Namir, qui s'apprête à prendre une photo, et son assistant Saeed qui est au téléphone. Nous les avons entourés de rouge.

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    Les militaires tirent... Le photographe de 22 ans, son assistant et les personnes qui les entourent tombent à terre...

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    L'un d'eux tente de s'échapper mais se fait rattraper par les balles. En parrallèle, on entend "Keep shooting" ("continuez de tirer") ordonné par un militaire à de multiples reprises.

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    4. Un soldat s'amuse d'avoir tué une cible

    Les images montrent alors un homme qui tente de s'échapper. Selon Wikileaks, il s'agit de l'assistant du photographe.

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    "On voit deux oiseaux", lâche un soldat. On peut supposer qu'il s'agit du nom de code pour les personnes tentant de fuir. "On continue de tirer", enchaîne-t-il. Les soldats font feu.

    On entend alors le rire gras d'un militaire :. "Haha, je les ai eus".

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    Le feu cesse. Les militaires tentent de "trouver d'autres cibles".

     

    5. Les militaires abattent deux survivants

    La caméra de l'hélico zoome sur les corps des victimes. Wikileaks croit reconnaître le corps de Namir, le photographe, pointé par une flêche.

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    "Il y a un mec qui rampe", lâche alors un militaire. "On tire encore".

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    Les militaires observent le carnage. "Sympa", lâche l'un d'eux. "Bons tirs", conclut-il.

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    6. Un survivant tente de s'en sortir

    Quelques minutes s'écoulent entre la fin des tirs et l'observation d'un militaire : "Il y a un mec qui bouge en bas, mais il est blessé".

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    "Il essaie de partir en rampant", précise un autre soldat. Selon Wikileaks, il s'agit de Saeed, l'assistant du photographe.

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    L'homme tente de se lever. "Est-ce qu'il est armé ?", demande un militaire. "Non, je n'ai rien vu", répond un autre.

    Pendant d'interminables secondes, on observe la victime tenter péniblement de se lever, alors qu'un militaire le garde dans sa ligne de mire. "Si on voit une arme, on tire", précise un militaire.

    7. Les secours se font tirer dessus

    L'armée observe alors qu'une camionnette bleue s'approche et "ramasse les corps".

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    La caméra zoome. Un soldat se demande alors si le chauffeur de la camionnette n'est pas aussi en train de ramasser des armes.

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    Un soldat demande plusieurs fois l'autorisation de faire feu. "Allez, laissez-nous tirer", s'énerve un autre. Pendant ce temps, des civils tentent d'évacuer le survivant.

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    Les militaires obtiennent le feu vert. Feu. La camionnette est criblée de balles, puis disparaît sous un nuage de poussière.

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    Pour être sûr de ne laisser aucune chance aux passagers de la camionnette, l'hélicoptère tire en encerclant le véhicule.

    Les hélicos tournent autour de la scène pour faire un état des lieux et compter les victimes, évaluées entre 12 et 15. De nouveau, on entend un militaire rire en observant le carnage.

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    8. Les tanks écrasent les corps

    La vidéo continue avec un texte rappelant la version officielle :

    "Huit minutes après la scène, une équipe terrestre arriva sur place", explique Wikileaks qui reprend le témoignage d'un capitaine : "Je les [les soldats, ndlr] ai entendus dire qu'ils ne pouvaient pas aller plus loin avec les tanks parce qu'il y avait trop de corps, et ils ne voulaient pas leur rouler dessus".

    Mais quelques secondes plus tard, on voit les images d'un tank, et l'on entend par-dessus le commentaire de soldats : "Haha, il a roulé sur un corps".

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    9. Des enfants blessés négligés

    On voit ensuite des soldats américains inspecter la camionnette. A l'intérieur, ils trouvent deux enfants blessés. Wikileaks pointe sur la vidéo un soldat en train d'évacuer l'un des deux :

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    Un soldat demande alors à sa hiérarchie de les faire soigner par le médecin de l'armée américaine. "Négatif", répond le haut commandement, ordonnant que les enfants soient évacués dans un hôpital local.

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    Comme pour se déculpabiliser de ne pas offrir les meilleurs soins aux enfants, un militaire lâche : "C'est de leur faute s'ils ont emmené leurs gosses au milieu du combat".

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    10. L'armée a nié tout dérapage

    La vidéo se conclut par un rappel de Wikileaks sur le déroulé officiel des faits.

    "Aucun civil innocent n'a été délibérément tué par nos troupes", avait déclaré à l'époque l'état major au Washington Post. "Je sais que deux enfants ont été blessés. Nous avons fait tout ce que nous pouvions pour les aider. Je ne sais pas comment ils ont été blessés."

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    La vidéo revient alors sur la camionnette bleue avant qu'elle ne soit prise pour cible. Wikileaks pointe ce qu'il affirme être les deux enfants, à l'avant du véhicule.

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    L'armée américaine a reconnu tous les faits qui se sont déroulés dans cette vidéo. "Nous avions des insurgés et des reporters dans une zone où les forces américaines allaient tomber dans une embuscade", a expliqué un responsable de le l'état major américain, sous couvert d'anonymat, cité par France24. "A ce moment là, nous ne pouvions pas discerner si (les employés de Reuters) portaient des caméras ou des armes."


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  • Le système d’information et la guerre contre l’Irak

    par Giulietto Chiesa*

    L’Empire du Mensonge, les Etats-Unis, a doté ses armées d’un Bureau d’influence stratégique qui a intoxiqué les médias du monde entier ; Pour « vendre » la guerre contre l’Irak, il a caricaturé la situation et inventé la menace des armes de destruction massive. Mais cette guerre n’est rien, pas plus que les autres conflits intermédiaires auxquels on nous prépare. La cible ultime, c’est la Chine, car elle se développe et il n’y a pas de place sur Terre pour une seconde puissance consommatrice de cette taille. C’est pourquoi, souligne Giulietto Chiesa, la paix exige le changement de nos modes de vie.

    Le système d’information et la guerre contre l’Irak

    Comment pouvait-on justifier une attaque contre l’Irak ? Il fallait au préalable fournir à l’opinion publique internationale la preuve que Saddam Hussein était en possession d’armes nucléaires et biologiques. À cette fin, on a fondé aux Etats-Unis ce que certains appellent le « Bureau pour l’information et la désinformation », en anglais l’Office of Strategic Influence (OSI). Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, c’est le Pentagone qui s’occupe directement de ces affaires-là. Avant, il existait bien quelque chose du même genre, mais ça dépendait du Département d’État. À présent, l’Office of Strategic Influence est aux mains de Donald Rumsfeld [1].

    Le Pentagone émet une série de documents que le système médiatique mondial se charge immédiatement de diffuser. On prépare ses amis, comme ils disent. On les (et ils nous) prépare en disant beaucoup de choses dont certaines sont vraies, d’autres à moitié vraies, d’autres encore complètement fausses. Il sera ainsi très difficile de faire la part entre information et désinformation. Nous le savons d’ailleurs, la guerre du Vietnam a commencé avec une formidable invention : l’accusation portée contre les perfides Vietnamiens d’avoir attaqué les navires états-uniens dans le golfe du Tonkin. Ce n’est que plusieurs années après, lorsque la guerre était terminée, qu’on a découvert qu’il n’y avait eu aucune attaque. Faire la liste de ces combines demanderait des ouvrages entiers. Ce qui est stupéfiant, c’est que les journalistes — les Italiens en premier lieu — se font toujours avoir et n’essaient même pas d’en tirer une leçon.

    La société civile états-unienne

    En ce qui concerne les États-Unis, il est très difficile d’espérer que les opposants à la guerre deviennent suffisamment nombreux pour obliger cette Administration à changer de cap. Les raisons en sont multiples et profondes, et nous devons encore y réfléchir à fond. Pendant des dizaines d’années, on nous a inlassablement présenté les États-Unis comme étant le modèle de la démocratie occidentale. Les choses en vont-elles ainsi ? Non ! L’Amérique n’est plus le modèle de la démocratie occidentale. Il y a belle lurette qu’elle ne l’est plus.

    En ce qui concerne le développement de la société civile, l’Europe est beaucoup plus en avance que les États-Unis. En regardant les choses en profondeur, même le système électoral états-unien — que nous avons cherché à copier sans comprendre que chaque démocratie avait sa propre histoire — se révèle beaucoup moins démocratique que nos scrutins proportionnels obsolètes [2]. Même dans les pays européens où l’on pratique le scrutin majoritaire, il s’agit de systèmes électoraux bien mieux articulés et moins embaumés que le bipartisme absolu des Etats-uniens, où les différences entre les deux partis sont désormais si ténues que choisir entre les deux apparaît dénué de sens. C’est pourquoi, en toute logique, la majorité ne se rend même plus aux urnes. Par ailleurs, le niveau de formation démocratique (et d’information politique) du citoyen états-unien est très bas.

    Il ne s’agit pas d’être pour ou contre les États-Unis. J’y ai pour ma part vécu et travaillé. J’ai connu une société dynamique et très diversifiée, mais aussi repliée sur elle-même, réduite à l’adoration du rendement et de la carrière et, dans sa majorité, incapable de défendre ses propres droits. En tout cas dépourvue d’organisations qui lui donnent la possibilité de les défendre. Ce n’est pas un hasard si, dans l’ensemble de l’Occident avancé, les États-Unis sont le seul pays qui maintienne la peine de mort. Le fait est que nous vivons dans un monde d’information où un pourcentage important des articles publiés dans les pages de nos journaux est consacré à l’exaltation de la démocratie états-unienne Des propos comme ceux que je tiens ne trouveraient probablement pas de place dans les pages d’un journal à grand tirage en Italie.

    Une dizaine de jours après le 11-Septembre, lorsque le président des États-Unis a transmis son message à son peuple, sur toutes les chaînes, il n’a rien trouvé de mieux à dire que cette phrase : « Retournez faire du shopping ». En l’écoutant, j’ai eu le frisson. N’y avait-il rien de mieux à faire que d’appeler à remplir les centres commerciaux, les temples de la consommation ? Quelques jours plus tard, nous avons vu les queues de milliers de consommateurs états-uniens qui s’étaient levés à six heures du matin pour aller aux soldes de fin de saison. Anticipés pour la circonstance. Alors si ce qu’on nous dit est vrai, que l’Amérique nous devance toujours de vingt ans, c’est nous-mêmes que nous risquons de voir en regardant dans ce miroir. Horreur.

    Peut-être que les Chinois aussi s’y reflètent, unis par l’idée qu’il faut consommer toujours plus, gaspiller toujours plus, s’amuser toujours plus et ainsi de suite dans une sorte de compulsion de répétition. Mais la compulsion est le symptôme d’une grave maladie mentale, et il m’est difficile de ne pas avoir l’impression que des millions d’Etats-uniens sont désormais arrivés à un haut degré de lobotomisation. Regardez leurs villes, construites à la mesure de et en fonction des malls, des centres commerciaux. On ne va plus faire une promenade, on va acheter quelque chose dans les malls, on va visiter les malls, comme on allait autrefois visiter un musée.

    C’est pourquoi il me semble improbable d’espérer de la part du peuple états-unien une réponse massive hostile à la guerre. Qui a été atteint par le virus de l’hyperconsommation, qui a parcouru jusqu’au bout la route le transformant en consommateur impénitent conçoit mal l’existence même des problèmes que nous soulevons ici. Il ne les voit pas, tout simplement. Il est devenu aveugle. S’il est vrai que — comme on l’a efficacement résumé — pendant les dix dernières années, les Etats-uniens se sont enrichis en dormant, comment leur faire comprendre qu’ils doivent se réveiller ? C’est difficile, pour eux. Pour nous aussi, très bientôt, ce sera difficile.

    On a aussi dit, justement, que les USA étaient l’unique pays au monde où l’épargne n’existait plus et où les gens dépensaient plus qu’ils ne gagnaient. C’est une situation absolument anormale. La dette des États-Unis envers le reste du monde s’élève à quelque 12 000 milliards de dollars et elle continue de croître au rythme de 12-15 milliards de dollars par mois. Comment peut-on imaginer vivre en paix dans un monde où un pays de 300 millions d’habitants consomme à lui seul un tiers des ressources mondiales, et qui se trouve à l’origine de près d’un quart de la pollution de l’environnement, notre maison commune ?

    La super-société globale

    La vérité est que nous nous dirigeons vers une super-société globale gouvernée par une super-classe globale de super-riches de toutes les régions du globe. Lesquels vivront dans leurs villes réservées, surveillés par leurs polices privées parce que les polices nationales seront destinées exclusivement au contrôle des pauvres. On assiste déjà à ce nouveau genre de configuration urbaine. À Johannesburg, en Afrique du Sud, les villes séparées des riches existent déjà. À Moscou, des quartiers entiers sont conçus tout exprès pour les riches, de grands bâtiments où l’on trouve tout — terrain de golf, salles de gymnastique, magasins, promenades, jardins d’enfants, écoles — avec une issue unique que surveillent des agents privés et de très hauts murs. Voilà l’image du futur.

    Les élites n’auront plus besoin de vivre dans un seul pays, elles vivront dans le monde, dans les endroits qui leur seront réservés. Il ne sera plus possible de mélanger les classes car ce sera devenu trop dangereux pour elles. Telle est l’idée qui s’impose aujourd’hui dans le monde. L’idée de ceux qui pourront consommer, et consommer énormément, tandis que les autres, l’écrasante majorité, resteront dehors. Une partie affectée aux services indispensables sera admise à l’intérieur et pourra bénéficier des retombées de ce bien-être. Les autres pourront crever, parce qu’ils seront inutiles. Et la preuve du fait qu’ils seront inutiles sera tautologique : ils seront inutiles car ils auront perdu la course au succès. Or, ceux qui perdent, dans cette super-société des puissants et des avides, auront de toute façon tort et aucun capitalisme compatissant ne viendra à leur secours. Pourquoi donc les laisser continuer impunément de consommer de l’air, de l’eau et de la nourriture ?

    Après la guerre en Irak

    On savait qu’il allait couler du sang, beaucoup de sang : on nous l’a montré, mêlé à la poussière du désert. Cette fois, ils ont décidé que ça fonctionnerait mieux ainsi. Il ne s’agissait plus de mission humanitaire, qui exige une certaine délicatesse. On allait en Irak pour faire peur aux réprouvés qui continuaient de peupler le monde. Il fallait donc que le sang se voie et qu’il soit suivi d’une punition exemplaire, dure, implacable. Une guerre emblématique, une guerre exemplaire, un avertissement. La deuxième guerre d’Irak des États-Unis a eu sa nécessaire chorégraphie impériale, réglée par avance, exécutée avec la plus grande précision.

    En réalité, il y a bien eu quelque raté. Les chaînes impériales devaient se contenter d’instiller la peur. Aucun autre type de message n’était prévu. Mais les télévisions arabes sont venues troubler la fête de cette quatrième guerre de l’Empire. Pour la première fois dans l’histoire des médias mondiaux (Kaboul n’avait été qu’une modeste avant-première), on a commencé à nous raconter la douloureuse histoire des perdants. Pis encore : non pas celle des perdants naïfs, qui cultivent en secret l’espérance de David — pouvoir abattre Goliath d’un seul coup de lance-pierre entre les yeux —.

    Non, les télévisions arabes nous ont raconté la guerre à travers les yeux des perdants qui savent qu’ils ne peuvent pas vaincre, qui ne se font pas d’illusions ; qui sont conscients que, dans le pire des cas, ils mourront comme des chiens et que dans le meilleur, ils ne sauveront leur vie et celle de leurs enfants que pour être asservis. Et puisque les télévisions occidentales ne pouvaient pas montrer grand-chose, enfermées qu’elles étaient dans de grands hôtels soigneusement exclus des cibles (à part ça, c’est bien connu, il y a toujours des erreurs de visée), voilà que le monde entier a vu, lors des deux premières semaines, les images des perdants plus que celle des gagnants. Cela a produit un effet fantastique.

    C’était comme assister à Hiroshima du côté des Japonais. Une primeur absolue même si, sous cette perspective, l’héroïsme des pilotes d’Enola Gay, ceux qui ont largué la Bombe, apparaissait moins clairement. Quoi qu’il en soit, il était malaisé d’interpréter ce que nous avions sous les yeux comme de l’héroïsme. Parce que ces attaquants aussi bien équipés, avec tous ces machins suspendus autour, avec tous ces avions au-dessus et ces hélicoptères à côté, avaient l’air de robots programmés pour apporter une liberté sans mode d’emploi.

    Comme des gens qui auraient débarqué sur une Lune complètement équipée pour la plantation de pommiers et de poiriers. Et le plus étrange semblait de découvrir que, depuis les anfractuosités de cette Lune, il y avait des gens qui résistaient et qui combattaient, sans aucun espoir de victoire. Ces pommiers et ces poiriers, ils n’en voulaient pas. Pouvait-on le prévoir ? Nombreux l’avaient prévu. Certes, George Bush et Tony Blair, eux, ne l’avaient pas prévu. Alors que je rédige ces lignes finales, le scandale des fausses armes de destruction massive, les mensonges proférés au monde entier pour faire la guerre contre l’Irak, ont déjà explosé. Gagnée en mai, la guerre irakienne se transforme en défaite au mois d’août. La guerre en Afghanistan se poursuit. L’illusion d’une paix palestinienne conçue en tant que capitulation des Palestiniens devant Sharon s’est envolée. La feuille de route est bonne à jeter. Bref, aucun des objectifs déclarés par George Bush n’a été atteint.

    La seule, la vraie, la grande guerre remportée par Bush est celle qu’il a menée contre l’Europe, en la divisant (par le biais de la guerre en Irak) et en préparant les dix chevaux qu’elle s’apprête à faire entrer dans ses murs. L’Europe, Troie mal assurée et ignorante du danger, abritera bientôt dix Achéens plus américains que l’Amérique. Dans ce contexte, le rôle qu’elle pourrait avoir de contenir la stratégie impériale américaine devient extrêmement problématique. La France et l’Allemagne tiennent bon mais Bush a de son côté Blair, Berlusconi, Aznar qui, dans la « vieille Europe », jouent le rôle d’alliés des « dix Achéens de la « nouvelle Europe ». Paris et Berlin sont écrasées.

    Quant à la Russie de Poutine, elle a perdu avant même de commencer. Exemple sans précédent dans l’histoire d’un pays qui se suicide, elle a assisté sans bouger à sa propre ruine. Elle a accepté l’annulation du traité ABM de 1972, apposant sa signature sous la déclaration formelle marquant la fin de sa puissance, même moyenne. L’élargissement de l’Otan à l’Est ne lui a arraché qu’une grimace. Enfin, elle a perdu l’Asie centrale sans broncher. Dans quinze ans, cette Russie sera tombée à moins de 100 millions d’habitants et elle flottera dans ses frontières actuelles comme les habits d’un géant sur le dos d’un nain. Peut-être aura-t-elle encore des missiles, qui ne lui serviront même plus (comme maintenant) à exercer une pression politique sur l’Empereur : ustensiles rouillés et inutiles.

    De la Chine enfin, on devra parler encore longtemps. Le destin et l’histoire lui ont attribué un rôle prépondérant dans le siècle qui vient de commencer. C’est la Chine, le vrai problème de Washington. C’est à la Chine qu’était consacré le PNAC, le « Projet pour le Nouveau Siècle Américain ». Les dirigeants chinois le savent pertinemment. Et aucune reprise, ou reprise partielle, de Wall Street ne permettra de se débarrasser du problème, qui contrecarrera l’axiome de Bush, qui fut aussi celui de Reagan : le niveau de vie états-unien n’est pas négociable. Très bientôt, il n’y aura plus de place sur cette planète pour deux Amériques, une blanche et une jaune. Même l’hypothèse d’englober la Chine (comme subalterne des États-Unis, évidemment) dans le marché occidental ne résoudrait pas la question. Tel est le véritable profil de la situation que notre génération et la suivante devront affronter : nous sommes arrivés au terminus.

    Le développement que le monde a connu ne peut pas se prolonger indéfiniment. Il faut choisir — si l’on accepte le tableau que j’ai dressé — qui peut survivre dans un univers déjà gravement « troublé ». Ceux qui pensent, même à gauche, en termes de « reprise » du vieux développement (sur le plan économique) et qui croient pouvoir modérer les prétentions de l’Empire (sur le plan politique) sont condamnés à la stupeur et à l’impuissance devant les événements tragiques qui s’annoncent.

    *Giulietto Chiesa est journaliste. Il fut correspondant de presse d’El Manifesto et d’Avvenimenti, et collaborateur de nombreuses radios et télévisions en Italie, en Suisse, au Royaume-Uni, en Russie et au Vatican. Auteur de divers ouvrages, il a notamment écrit sur la dissolution de l’URSS et sur l’impérialisme états-unien. Ancien député au Parlement européen (Alliance des démocrates et libéraux, 2004-2008), il est membre du Bureau exécutif du World Political Forum.

    [1] « Rumsfeld cible la France et l’Allemagne », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 2 janvier 2003.

    [2] « Un bon show ne fait pas une démocratie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 29 octobre 2008.


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  • L’Irak porte plainte contre les Anglo-Saxons pour pollution radioactive


    Le ministère irakien des Droits de l’homme entreprendra des poursuites judiciaires à l’encontre du Royaume-Uni et des Etats-Unis pour leur usage de bombes à uranium appauvri en Irak, indique le ministère irakien des Sciences et de l’Environnement

    Durant les premières années de l’invasion britannique et états-unienne de l’Irak, les deux Etats ont fait un usage répété des bombes à uranium appauvri.

    Selon les experts militaires irakiens, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont largué près de 2 000 tonnes de bombes à uranium appauvri dans les premières années de la guerre.

    Les radiations atomiques ont accru le nombre de bébés mal-formés dans les provinces méridionales de l’Irak. En outres, les médecins irakiens doivent faire face à une augmentation drastique des cancers, notamment dans les villes ayant été bombarées par les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

    Le taux élevé de malformation néo-natales et de cancers devrait s’étendre aux provinces centrales et septentrionales au fur et à mesure de la contamination des sols et des nappes phréatiques.

    Le ministère demandera une indemnisation des victimes.
    voltairenet.org




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  • Une société britannique a vendu des milliers de faux détecteurs de bombes au gouvernement irakien.

    Une société britannique a vendu en en Irak des milliers de « détecteurs de bombes » dont le seul et unique dispositif « électronique » était une étiquette anti-vol du type de celles utilisées dans le commerce de détail. A la suite d’une enquête de la BBC ayant révélé cette escroquerie sinistre, Le gouvernement britannique vient d’interdire l’exportation de cet « appareil ». Ces dernières semaines, plusieurs attentats sanglants ont frappé Bagdad, dont les forces de sécurité étaient confiantes dans le fonctionnement du détecteur. Par Caroline Hawley et Meirion Jones, BBC Newsnight, 22 janvier 2009 – extrait Le gouvernement britannique a annoncé l’interdiction d’exporter vers l’Irak et l’Afghanistan des matériels présentés comme des « détecteurs de bombe ». Cette décision intervient après l’enquête menée par les journalistes de Newsnight, un programme de la BBC, qui a révélé qu’un modèle de « détecteur » produit par une société britannique ne peut pas fonctionner. Le gouvernement irakien a dépensé 85 millions de dollars pour acquérir des détecteurs ADE-651 dont on peut supposer que l’inefficacité soit pour partie responsable dans des attaques à la bombe qui ont tué des centaines de personnes. L’interdiction de l’ADE-651 et d’autres dispositifs semblables débutera la semaine prochaine. Sidney Alford, l’un des principaux experts en explosifs qui conseille l’armée, a déclaré à Newsnight que la vente de l’ADE-651 était « absolument immorale ». « Cela pourrait provoquer la mort de dizaines de personnes, voire de centaines, » déclare-t-il. L’efficacité des ADE-651 a été remise en cause après les trois dernières vagues coordonnées d’attentats à la bombe à Bagdad. Après une attaque en décembre dernier qui a tué plus de 120 personnes, les Irakiens se sont demandé comment les bombes avaient pu franchir les points de contrôle de la ville. Les soupçons se concentrent sur l’ADE-651, le détecteur portatif à l’heure actuelle utilisé dans la plupart des postes de contrôle à Bagdad. Cet appareil est vendu par Jim McCormick, dont les bureaux sont situés dans le Somerset. Son efficacité n’a jamais été démontrée lors d’un test scientifique. Ce matériel n’est pas doté de piles. Il se compose d’une antenne orientable monté sur une poignée. Les critiques l’ont comparé à une « baguette de sourcier ». M. McCormick a déclaré à la BBC dans une précédente interview que « la théorie [scientifique] de la radiesthésie et la théorie utilisée dans notre méthode de détection des explosifs sont en fait très similaires ». Il affirme que le cœur de l’appareil est la boîte noire reliée à l’antenne, dans laquelle on introduit des « cartes programmées pour la détection de substances », dont chacune est « conçue pour s’accorder » à la fréquence d’une matière explosive ou autre, comme indiqué sur cette carte. Selon lui, dans des conditions idéales, on peut détecter des explosifs à une portée maximale de 1km. Le manuel de formation pour le dispositif indique que, pourvu d’une carte adéquate, il peut même détecter des éléphants, des humains et des billets de 100 dollars. La revendication d’une telle technologie, confinant à la magie, serait presque comique, si les conséquences potentielles n’étaient pas si graves. Newsnight s’est procuré un échantillon de ces cartes destinées à l’ADE 651 et les a soumises au laboratoire d’informatique de l’université de Cambridge, où le Dr Markus Khun a analysé une carte censée détecter le TNT. Elle ne contenait rien d’autre qu’une étiquette anti vol du type de celles utilisées dans les magasins de détail. Le Dr Kuhn déclare qu’il est « impossible » qu’elle puisse détecter quoi que ce soit et que cette carte n’a « absolument rien à voir avec la détection du TNT ». « Il n’y a rien de programmé dans ces cartes. Il n’y a pas de mémoire. Il n’y a pas de microcontrôleur. On ne peut y stocker aucune information », précise-t-il. Ces cartes qui sont censées être le coeur de ce système si onéreux ne coûtent qu’environ deux à trois centimes de livre. « Ces sont les dispositifs les moins chers que l’on puisse se procurer, qui ressemblent vaguement à de l’électronique et sont suffisamment plat pour tenir sur un carte », note le Dr Kuhn. L’ADE-651 a été vendu à plusieurs pays du Moyen Orient et jusqu’à Bangkok, à des prix stupéfiants, mais aucun gouvernement occidental ne l’utilise. L’Irak a payé chaque appareil environ 40 000 dollars. La BBC a appris qu’à la suite des attentats de décembre, le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a ordonné une enquête sur les détecteurs de bombe, dont les résultats devraient être connus dans les jours qui viennent. contre info


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  • WAKE UP

     

    (NB : ACTIVER LES SOUS-TITRES en cliquant sur le bouton du menu situé en bas à droite du lecteur vidéo)


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  • Un père de soldat anglais mort en Irak : « Je ne vous serre pas la main, car elle est pleine de sang


    Lors d’une cérémonie organisée le 9 octobre à la cathédrale Saint-Paul en l’honneur des soldats britanniques tombés dans la guerre d’Irak, en présence de la Reine, des membres de la famille royale, du Premier ministre britannique Gordon Brown et de son prédécesseur, Tony Blair, l’architecte de cette guerre, a eu la trouille de sa vie lorsqu’il a voulu serrer la main de Peter Brierley. Cet homme simple, dont le fils a été tué lors de cette guerre, lui a rétorqué : « Je ne vous serre pas la main, car elle est pleine de sang. » Tony Blair a aussitôt changé de couleur, aussi vite qu’il a tourné les talons pour fuir cet odieux miroir qu’on venait de lui tendre.

    M. Brierley a ensuite expliqué : « Je comprends qu’il y ait des soldats qui partent en guerre et qui meurent, mais ils doivent faire la guerre pour de bonnes raisons et être correctement équipés pour le combat. Je crois que Tony Blair est un criminel de guerre. Je ne supporte pas de me trouver dans la même pièce que lui. (…) Il a le sang de mon fils sur les mains, et celui de tous les hommes et les femmes qui sont morts là-bas. »

    Le lendemain, ces accusations étaient, indirectement, confirmées par… Cherie Blair, l’épouse de l’ancien Premier ministre. Lors du Festival littéraire de Cheltenham, elle a déclaré publiquement que même si les éléments justifiant une invasion de l’Irak n’étaient pas clairs et nets, son mari avait menti en prétendant l’inverse, afin de convaincre les autres de partir en guerre. Nous citons :

    « La plupart du temps, ces choix ne sont pas clairement tranchés. Ils ne sont pas tout blanc ou tout noir. Au lieu de 80/20, c’est plus souvent du 51/49. En prenant ce genre de décisions, Tony est capable de prendre du recul, d’emmagasiner toutes les informations avant de faire un choix. Il est aussi très bon pour convaincre tous les autres que c’était dès le début une décision à 70/30. Je pense que [la guerre en Irak] était une de ces questions à 51 contre 49. »

    Et voilà l’homme que l’on veut imposer aux citoyens européens comme Président permanent de l’UE !
    solidarité et progrès


    Nos dirigeants sont tellement coupables, ils sont responsables de tant de massacre, qu’il est très simple de les mettre face à leurs responsablités.

    C’est pour cela que Sakozy ne rencontre plus les ” vrais gens “, que tout ceux qui l’approche sont castés, militants ump, moins de 1m62, sympathisants…

    Tony Blair est mouillé jusqu’au cou dans les massacres en Irak et Aghanistan, les coups tordus, l’uranium appauvri, la mort du docteur Kelly, ce serait une véritable hérésie qu’il soit nommé Président de l’Europe.Devinez quel le premier dégénéré à donner du corps à cette idée berlusconi : ” “Tony Blair dispose de toutes les compétences nécessaires pour assurer le rôle de premier président de l’UE, tel qu’il est défini par le traité de Lisbonne, et pour être nommé à cette position dès qu’il sera juridiquement et politiquement possible d’appliquer la clause qui prévoit le renouvellement de la gouvernance de l’UE “.


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  • Les armes à uranium appauvri (UA)

     

    On estime entre 30% et 40% la proportion d’UA « aérosolisé » en fines particules d’oxyde d’uranium. Cela représente plus d’un million de livres de poussière dispersée en Irak.

    Le Dr Ahmad Hardan, conseiller spécial de l’OMS, des Nations Unies et du ministère irakien de la Santé, a étudié les effets de l’UA en Irak entre 1991 et 2002 :
    « Les forces armées américaines admettent avoir utilisé plus de 300 tonnes d’armes à l’UA en 1991. Le chiffre réel est plutôt de 800. Cela a provoqué une crise sanitaire qui a touché plus de 300 000 personnes. Et comme si ça ne suffisait pas, l’Amérique a continué sur sa lancée et lors de la récente invasion, elle en a encore utilisé 200 tonnes à Bagdad. Je ne sais pas ce qu’il en est des autres régions du pays. A Bassora, il nous a fallu 2 ans pour obtenir des preuves concluantes des effets de l’UA, mais nous savons maintenant ce qu’il faut chercher et les résultats sont terrifiants. »
    L’effet le plus ravageur est de loin celui sur les enfants à naître. Rien ne peut préparer quelqu’un à la vue de centaines de fœtus d’apparence à peine humaine. En Irak, on voit des bébés aux membres terriblement raccourcis, aux intestins situés à l’extérieur du corps, avec d’énormes tumeurs à la place des yeux, avec un œil unique comme les cyclopes, ou sans yeux, sans membres et même sans tête. Il est significatif que certaines de ces malformations soient quasiment inconnues. On ne les trouve guère que dans les ouvrages consacrés aux bébés nés près des sites d’essais nucléaires du Pacifique.
    Le Dr Hardan ajoute : « J’ai invité une délégation de l’hôpital d’Hiroshima à venir nous faire partager son expérience des maladies radiologiques auxquelles nous allons être confrontés à l’avenir. Elle m’a fait savoir que les Américains s’y opposaient et qu’elle ne viendrait pas. Un célèbre cancérologue allemand était d’accord de venir mais il n’a pas obtenu la permission d’entrer en Irak. »
    Non seulement nous empoisonnons les Irakiens et les Afghans, mais nous faisons des efforts concertés pour empêcher des spécialistes d’autres pays d’apporter leur aide. L’armée américaine ne veut pas que le reste du monde découvre ce que nous avons fait.
    Ce développement relativement rapide des cancers a été constaté par des médecins d’hôpitaux traitant des civils après les attaques aux bombes à l’UA en Yougoslavie en 1998-1999 et en Irak après l’invasion de 1991. Selon les experts médicaux, le phénomène des cancers multiples sans origine commune était inconnu jusqu’ici. C’est un syndrome nouveau associé à l’exposition interne à l’UA. 467 soldats américains exactement ont été blessés lors de la guerre du Golfe qui a duré trois semaines en 1990-91. Des 580 400 soldats qui ont participé à la première guerre du Golfe, 11 000 sont morts et en 2000, 325 000 souffrent d’invalidité permanente. Le nombre stupéfiant d’anciens combattants invalides signifie qu’une décennie plus tard, 56% des soldats de la première guerre du Golfe ont maintenant des problèmes de santé.
    UN SOLDAT SUR DEUX EST MALADE A CAUSE DE L URANIUM APPAUVRI.

    Dans un groupe de huit soldats de la coalition commandée par des Américains dont les bébés sont nés sans yeux, sept ont été exposés directement à de la poussière d’UA. Dans un groupe beaucoup plus important de 250 soldats exposés pendant la première guerre du golfe, 67% des enfants conçus après la guerre présentent des malformations.
    En octobre 2003, l’équipe de chercheurs du Dr Durakovic (UMRC) a fait un voyage d’études de 3 semaines en Irak. Il a recueilli environ 100 échantillons de sol, d’urine de civils et de tissus de cadavres de soldats irakiens dans 10 villes, y compris Bagdad, Bassora et Nadjaf. Selon le Dr Duracovic, les tests préliminaires ont montré que les échantillons d’air, de sol et d’eau contiennent des centaines, voire des milliers de fois les niveaux de radiation normaux


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  • Babylone : des dégâts considérables causés par les Américains

     

    Babylone est certainement le site archéologique le plus important au monde. Elle a été la capitale des deux plus célèbres rois de l’antiquité, Hammourabi (1792-1750 av. JC) qui introduisit le premier code de lois de l’histoire de l’humanité et Nabuchodonosor (604-562 av. JC) qui érigea les Jardins suspendus, l’une des sept Merveilles du monde.

    Alexandre voulut en faire sa capitale mais mourut avant. L’existence de Babylone est déjà mentionnée dans les textes cunéiformes de la période akkadienne (2371-2230 av. JC). Au cours de la période néo-babylonienne (626-539 av. JC), elle devint la ville la plus grande du monde.

    Mais, la valeur historique et archéologique de Babylone n’a pas freiné l’ardeur belliqueuse des Américains. Ils y ont installé, en avril 2003, un poste de la Coalition. En septembre 2003, ils ont renforcé leur présence en ouvrant le Camp Alpha, en activité jusqu’en décembre 2004, date où le site fut rendu aux Irakiens.

    Les Antiquités irakiennes et d’autres organisations internationales ont constaté, dès novembre 2004, que les dégâts causés par les Américains sont considérables. « L’utilisation de Babylone comme base militaire a été un grave empiètement sur ce site connu internationalement comme un site archéologique » dit le dernier rapport de l’UNESCO. Les troupes US et les entreprises privées liées au Pentagone, en particulier KBR, filiale d’Halliburton, ont creusé des tranchées de plusieurs centaines de mètres au milieu des ruines, utilisé des bulldozers pour raser des tells sous lesquels reposent des vestiges. Ils ont fait rouler des chars pesants sur les fragiles pavés du Chemin de Procession qui en porte les traces. Trois rangées de blocs de béton de deux tonnes avaient, de plus, été placés sur une portion de ce chemin, ainsi que des containers remplis de la terre d’un mur d’enceinte du temple Nabu-sha-Hare dans lequel étaient fichés des pieux et des barbelés. Les vibrations émises par le trafic incessant de l’héliport ont provoqué des dommages à un temple, notamment l’effondrement d’un toit. Des tranchées ont été creusées pour effectuer des exercices de tir sur 13 terrains dispersés dans la cité, sans se soucier du matériel archéologique enfoui, notamment près du Tell Babil sous lequel se trouve une partie du palais de Nabuchodonosor.

    L’UNESCO énumère les édifices endommagés par, appelons-le ainsi, ce vandalisme : le Mur intérieur, les temples de Ninmakh, d’Ishtar, Nabu-sha-Hare, les palais royaux et plusieurs maisons babyloniennes. Neuf des dragons sculptés dans la porte d’Ishtar, vieille de 2 600 ans ont été détruits, partiellement, par des pillards alors que le site était sous contrôle américain. Le pillage du Musée de Bagdad qui a suivi l’agression américaine n’a pas épargné les musées d’Hammourabi et de Nabuchodonosor qui ont été vidés de leur contenu, même si les objets exposés n’étaient que des répliques en plâtre… Tout a été détruit ou brûlé dans la Bibliothèque et les Archives de Babylone, y compris les documents, les rapports, les cartes et les études archéologiques.

    Je n'aime pas les américains; ils ne savent pas d'où ils viennent et ne savent pas où ils vont . (Léo Ferré)


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  • Mountazar al-Zeidi (le lanceur de chaussures sur  Bush) libre le 14 septembre

     

     



    Mountazar al-Zeidi (le lanceur de chaussures sur le criminel Bush) libre le 14 septembre

    Mountazar al-Zeidi, le journaliste irakien qui avait lancé sans l’atteindre en décembre dernier ses chaussures au visage de George W. Bush, va bénéficier d’une libération anticipée le 14 septembre pour bonne conduite, a annoncé samedi son avocat.
    Le journaliste avait été condamné le 12 mars à Bagdad à trois ans de prison pour agression contre un dirigeant étranger, peine ramenée par la suite à un an d’emprisonnement en raison de son absence d’antécédents judiciaires.
    Moutazar al-Zeidi, dont le geste est devenu un moyen de protestation populaire dans le monde entier, va être remis en liberté avec trois mois d’avance. "Nous avons été officiellement informés de la décision du tribunal", a déclaré à l’Associated Press l’avocat du journaliste, Karim al-Shujairi. "Sa libération sera une victoire pour la presse irakienne libre et honorable", a-t-il ajouté.
    Le 14 décembre 2008, lors d’une conférence de presse conjointe à Bagdad du Premier ministre irakien Nouri al-Maliki et de George W. Bush, alors président des Etats-Unis, Mountazar al-Zeidi avait eu le temps de lancer ses deux chaussures, l’une après l’autre vers le chef de la Maison Blanche, avant d’être violemment plaqué au sol par les services de sécurité.
    "Voilà ton baiser d’adieu, espèce de chien !", avait crié en arabe le journaliste à l’adresse du président américain qui avait dû esquiver les souliers. "C’est pour les veuves, les orphelins et ceux qui ont été tués en Irak".
    Al-Zeidi, en détention depuis lors, encourait une peine maximale de 15 ans de prison pour son geste qui lui a valu de devenir un héros en Irak et dans le monde arabe. Mais selon ses avocats, le président du tribunal a fait preuve de clémence en raison de l’âge du journaliste, 30 ans, et de son casier judiciaire jusque-là vierge.
    La défense a fait valoir que ce lancer de chaussures constituait un moyen légitime de protestation politique et ne méritait pas une peine si lourde.


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  • L'Irak Confrontée A Une Catastrophe Environnementale, Gaza Sous Blocus Sous Des Tonnes De Gravas


    Les environnementalistes de Cohn Bendit sont particulièrement silencieux sur la pollution environnementale provoquée par les guerres dévastatrices au Moyen Orient. Pourtant la guerre américaine en Irak est à l'origine d'une catastrophe environnementale sans précédent transformant ce pays considéré il y a encore quelques années comme le grenier du Moyen Orient en vastes étendues poussièreuses désertiques. Gaza croule sous les gravas, Israël interdit toute activité de déblaiement et de reconstruction

    En Irak, les tempêtes de poussière sont un phénomène habituel, mais récemment elles sont devenues beaucoup plus fréquentes.

    " Des tempêtes de poussière devenues fréquentes actuellement sont le signe des dommages causées par l'homme à un pays qui est passé du statut de grenier du Moyen Orient à celui de bol de poussière" selon ce qu'ont dit des experts. "On se réveille le matin avec les narines bouchées. Les maisons et les arbres ont disparu sous une couche marron choquante de pollution. Un vent chaud répand de fines particules à travers portes et fenêtres, recouvrant tout ce qui est en vue d'une étrange couche orange rougeoyante."

    Les populations déjà confrontées à de vastes problèmes car ni les infrastructures, ni les services de base dont elles bénéficiaient sous Saddam Hussein, n'ont été reconstruites ou rétablis, se trouvent fragilisées par les nouveaux problèmes de santé conséquences de cette catastrophe environnementale causée par l'homme.

    "Actuellement, il semble que nous avons des tempêtes de poussière tous les jours" selon Raed Hussein, 31 ans, un antiquaire qui a du conduire son fils de 5 ans à l'hôpital lors d'une récente bourrasque car son fils ne pouvait plus respirer. "Nous souffrons de manque d'électricité, nous souffrons des explosions, et maintenant nous souffrons encore plus à cause de cette terrible poussière."


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