• Israël s'alarme de l'instabilité croissante chez ses voisins

    Israël s'alarme de l'instabilité croissante chez ses voisins

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    par Crispian Balmer

    JERUSALEM (Reuters) - Israël observe avec inquiétude l'instabilité croissante chez ses voisins égyptien et libanais qui vient s'ajouter à la perte de crédibilité croissante de son interlocuteur palestinien.

    La crise politique au Liban a renforcé la position de son pire ennemi au nord, le Hezbollah, soutenu par la Syrie et, surtout, par l'Iran.

    Au sud, c'est la révolte populaire en Egypte contre le président Hosni Moubarak, partenaire fiable quoique incommode, qui vient déstabiliser un peu plus l'environnement d'Israël.

    Si le changement du centre de gravité politique au Liban est une cause de sérieuse préoccupation, la crainte d'un conflit civil durable en Egypte a déclenché en Israël tous les signaux d'alarme.

    Les stratèges israéliens "prient pour que l'agitation actuelle en Egypte s'apaise", confie l'analyste Gidi Grinstein, du Reut Institute. "L'environnement stratégique d'Israël est spectaculairement modifié par l'instabilité en Egypte."

    Israël mise de longue date sur une normalisation avec les pays voisins, mais l'Egypte a longtemps été son seul partenaire - précisément depuis le traité de paix signé il y a 32 ans.

    Le partenariat avec l'Organisation de libération de la Palestine ne date en effet que des accords d'Oslo de 1993, qui ont facilité l'année suivante la paix avec la Jordanie.

    LA CHUTE DE MOUBARAK ISOLERAIT ISRAËL

    L'Egypte, qui partage avec Israël une longue frontière, reste de loin le plus important partenaire de l'Etat juif au Moyen-Orient, où elle faisait figure d'îlot de stabilité.

    En privé, les dirigeants israéliens disent ne pas croire que Moubarak puisse être renversé par la rue, comme Zine ben Ali en Tunisie. Mais ils craignent que, en ce cas, son successeur, quel qu'il soit, ne soit moins bien disposé envers Israël.

    Les Egyptiens ordinaires n'ont jamais eu beaucoup de sympathie pour leur voisin israélien. Et les Frères musulmans, principale force d'opposition, ont annoncé qu'ils soumettraient à référendum l'accord de 1979 s'ils arrivaient au pouvoir.

    "Si Moubarak tombe, Israël sera totalement isolé dans la région", prédit Alon Liel, ancien directeur général du ministère israélien des Affaires étrangères et ex-ambassadeur à Ankara.

    "Cela ne représentera pas une menace du point de vue de la sécurité, mais ce sera un rude coup politique, venant s'ajouter à notre isolement international croissant."

    La poignée de ministres qui ont évoqué publiquement la situation en Egypte se sont refusé à spéculer sur le sort de Moubarak, préférant attirer l'attention sur le Liban.

    "Je pense que ce qui se passe au Liban est pire que ce qui arrive en Egypte", a affirmé le vice-Premier ministre Silvan Shalom, car "une organisation terroriste y a pris le pouvoir".

    Le Hezbollah "va s'emparer de l'appareil de sécurité et prendra ses ordres en Iran, qui préconise qu'Israël soit rayé de la carte", a expliqué ce "faucon" du gouvernement de Benjamin Netanyahu au micro de la radio de l'armée.

    LA CRISE LIBANAISE FAVORISERAIT ISRAËL

    Israël a déjà livré une guerre au Hezbollah à l'été 2006 sans parvenir à briser les reins du groupe armé chiite, qui lui a opposé une vive résistance, tuant 160 Israéliens, en majorité des soldats.

    Depuis ce conflit de 33 jours, qui a fait 1.200 morts du côté libanais, des civils pour la plupart, une trêve prévaut, mais Israël affirme que le Hezbollah en a profité pour se réarmer.

    Il posséderait, selon lui, des milliers de missiles capables de frapper plus profondément qu'en 2006 le territoire israélien, sur un simple claquement de doigts de l'état-major iranien.

    En désaccord avec Shalom, Grinstein juge que l'influence renforcée du Hezbollah au sein du gouvernement de Beyrouth fait paradoxalement le jeu d'Israël puisqu'il transformerait toute nouvelle confrontation avec la guérilla chiite en conflit conventionnel entre Israël et le Liban.

    Sous le gouvernement pro-occidental qui vient de tomber, Israël se sentait obligé de cibler soigneusement le Hezbollah. Ce ne sera plus le cas désormais, selon lui. "Donc la force de dissuasion d'Israël vient de se renforcer."

    Ce que les changements en cours autour d'Israël n'ont pas renforcé, en revanche, ce sont les espoirs, déjà minces, d'un règlement de paix rapide au Proche-Orient.

    Marc Delteil pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse


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