• La séquence Borloo, une manipulation de l’Elysée pour 2012 ?

    La séquence Borloo, une manipulation de l’Elysée pour 2012 ?

    On a du mal à y croire. Comment Sarkozy pourrait du jour au lendemain se mettre à dos des centristes comme Morin et Borloo. Une seule explication, un plan de communication bien préparé. Pourquoi… la présidentielle de 2012 et ses enjeux.

    Dissimulations et manipulations. Ce sont les deux mamelles de la politique. Ils ne vivent que pour le pouvoir et par le pouvoir. Cela leur vient depuis le plus jeune âge et on devrait peut etre les détecter dès la maternelle pour éviter que nos démocraties paient le prix fort de leur désir de domination. Mais, pour revenir au sujet, on imagine mal qu’un Nicolas Sarkozy, l’homme des écoutes, l’homme de l’affaire Bettencourt et de Karachi, celui des Roms et du discours de Grenoble bien organisé, cet homme là aurait pu vexer un Borloo au point de s’en faire un Villepin Bis. Aussi je mets en doute la séquence des dernières semaines. Certes, la scène qu’on nous a joué était crédible mais ce sont les conséquences qui mettent en lumière une théâtralisation qui prépare les présidentielles de 2012.
     
    Mon hypothèse est qu’il fallait pour les média une histoire qui tienne la route avec une victime qui puisse se plaindre. Les tenants et aboutissants sont évidents. Par la plainte et la complainte, Borloo serait mandaté par l’Elysée pour rassembler un centre droit et plus pour réunir à quelques semaines de l’échéance de 2012 un parti dirigé et organisé par Borloo-Morin. Cela siphonnerait l’électorat de François Bayrou d’une part et permettrait de rafler des mécontents qui pourrait rejoindre le PS par dépit. Cette manipulation permettrait de s’assurer de soutien au centre tout en stabilisant l’UMP et en réjouissant l’électorat du Front National. Pour ce point, on voit dans l’actuel remaniement pas moins de quatre anciens dirigeants du RPR ou UMP. Difficile de faire plus à l’évidence.
     
    Dans cette politique fiction assez probable, il me semble que le deal pourrait être un poste de premier ministre pour Borloo pour le quinquennat de 2012 et un ministère d’Etat pour Morin. En effet, on sent plus cette configuration qu’une forme de mise en danger de la campagne qui se profile à grand pas. On a vu Monsieur Woerth être débarqué, dernier aveu tacite pour les journalistes de Médiapart. On a vu aussi une mise à l’écart des ministres d’ouverture qui aurait pu être dérangeant lors d’une campagne électorale difficile, hormis bien sur le cas Besson qui a un passif plus lourd que Monsieur Kouchner. Ensuite on a pu entendre Fadela Amara, vissée à une forme de révérence à l’égard du Président au point qu’on la sent déjà comme ambassadrice désignée de l’UMP dans les cités. Tout ce remaniement est bien consistant avec la mise en place d’un gouvernement dit de « combat », ou plutôt de propagande. En effet, tout l’enjeu est déjà de faire disparaître le « travailler plus pour gagner plus » à une France cristallisée dans la « génération sacrifiée », le chômage massif des jeunes (25%) et l’exécution sociale des quinquagénaires trop vieux pour l’entreprise… Tout le jeu sera de montrer des coupables acceptables comme les Roms… probablement les biffins ou les fraudeurs. Sur cette idée de fraude, la gauche a d’ailleurs un point à gagner en montrant les comportements d’entreprises « racailles » qui vivent au dépend de la santé des hommes (malbouffe, médicaments foireux comme le Médiator ou l’Acomplia), voire au dépend du social (abus des stages dans les banques).
     
    Pour conclure ce billet politique, il semble que la présidence soit déjà dans l’objectif de campagne prochaine. Borloo tient une aile d’une armée de reconquête, Fillon tient l’autre troupe. Borloo essaiera de faire taire la complainte de Bayrou pendant que les bourgeois de la Sarthe feront une alliance avec le FN que beaucoup de journaliste prévoit. Mais, il n’y a rien de révolutionnaire dans cette gouvernance, juste une adaptation française de stratégie de Berlusconi qui a toujours marché jusqu’à présent. Au bilan, si la gauche ne sort pas de ses divisions, « le monstre doux  » renaitra en France avec sa brutalité vis-à-vis des pauvres, des classes moyennes, des sans-droits. Tout le jeu aujourd’hui de 2012 semble se focaliser sur un « hyper-centre » à créer ou à reconquérir. 

    par Yannick Comenge (son site) mercredi 17 novembre 2010


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