• Le plafond de la dette pour les Nuls

    Le plafond de la dette pour les Nuls

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    Alors que les discussions entre démocrates et républicains sont toujours dans l'impasse, le magazine "Mother Jones" rappelle à ses lecteurs pourquoi il est vital pour les Etats-Unis de relever le plafond de leur dette.

    Revenons-en aux bases : le 2 août (à moins que ce ne soit quelques semaines plus tôt), l’Etat américain atteindra le seuil maximum légal de ce qu’il peut emprunter – ce que l’on appelle également le "plafond de la dette". Pour l’heure, il est fixé à 14 300 milliards de dollars [10 120 milliards d’euros]. L'argent obtenu grâce à ces emprunts, le gouvernement s'en sert pour tout payer, des restitutions de l'impôt aux guerres en passant par les pensions des anciens combattants. Sans oublier les remboursements des créanciers – dont la Chine, le Japon, le Royaume-Uni, les Etats et les municipalités américaines, les fonds de pension, des investisseurs en Amérique et dans le monde entier.
    Le principe du plafond de la dette existe depuis 1917. Auparavant, le Congrès devait donner son approbation à chaque fois que le département du Trésor souhaitait vendre la dette américaine pour récupérer des fonds. En instaurant une limite à l’emprunt, on donnait davantage de flexibilité au gouvernement fédéral, dès lors capable de remplir ses coffres sans passer systématiquement par le Congrès. Les législateurs ont bien souvent relevé le plafond de la dette (dont huit fois au cours des dix dernières années), et le secrétaire au Trésor Tim Geithner a prévenu que si, cette fois, on ne le faisait pas, les Etats-Unis se déclareraient en cessation de paiement et cela "ébranlerait les fondations de l’ensemble du système financier mondial”.

    Que se passera-t-il si le Congrès ne relève pas le plafond de la dette ? En un mot, ce sera une catastrophe. Du moins, c’est ce que Geithner a déclaré au Congrès en janvier. Dans une lettre lourde de menaces, il a écrit qu’un défaut de paiement des Etats-Unis sèmerait la dévastation dans l’économie nationale et aurait pour principale conséquence de lourdes taxes pour tous les Américains.

    C’est une des premières leçons d’économie. Si vous vous avérez incapable de rembourser votre crédit immobilier, par exemple, ou celui que vous avez contracté pour votre voiture, les créanciers estiment que vous représentez un risque plus aigu. Par conséquent, à l’avenir, vos nouveaux emprunts vous coûteront plus cher. Il en va de même dans l’affaire qui nous préoccupe, sauf que là, tout le monde – les consommateurs, les municipalités, les Etats, les entreprises et le gouvernement – va payer plus cher ses emprunts si l’Etat fédéral ne règle pas ses échéances, nous assure Geithner. Pour ne rien dire du fait que le gouvernement va se retrouver à cours de liquidités pour verser les salaires des fonctionnaires et des militaires, les pensions des anciens combattants, les prestations sociales et de santé, les allocations chômages aux Etats, les restitutions d’impôt aux personnes privées et aux entreprises, et ainsi de suite.

    Et maintenant, où en est-on ? Les parlementaires républicains refusent de relever le plafond de la dette sans une réduction significative des dépenses publiques. Le gouvernement fédéral n’est à leurs yeux qu’un panier percé laissant les déficits échapper à tout contrôle et mettant en péril l’intégrité du pays. "Nous vivons une crise de la dette, a déclaré Eric Cantor, représentant de l’Etat de Virginie et chef de la majorité républicaine à la Chambre des représentants. Les Américains attendent de nous que nous tenions nos promesses sur la crise des dépenses à Washington." Majoritaires à la Chambre des représentants, les républicains peuvent bloquer toute proposition de relèvement du plafond de la dette jusqu’à obtenir satisfaction sur leurs demandes de forte réduction des dépenses publiques.

    Les démocrates, eux, considèrent l’obstruction des républicains comme une bravade politique et un jeu dangereux qui pourrait pousser les Etats-Unis en situation de défaut de paiement. Pendant des mois, un groupe biparti, constitué de parlementaires et de représentants de l’administration Obama et dirigé par le vice-président Joe Biden, a bien essayé de trouver un accord sur la réduction du déficit fédéral (qui s’élève à près de 930 milliards de dollars) en échange du soutien des républicains sur le relèvement du plafond de la dette. Mais les négociations ont toutefois achoppé fin juin. En quête de nouveaux revenus, les démocrates ont proposé de réduire de manière draconienne les subventions accordées aux sociétés pétrolières (soit 21 milliards de dollars) sur dix ans. De leur côté, les républicains ont rejeté tout projet d'augmentation de l'impôt. Le 23 juin dernier, devant le refus des démocrates de renoncer à toute augmentation, Eric Cantor et Jon Kyl, sénateur républicain de l’Arizona et numéro deux du parti au Sénat, ont finalement mis un terme à ces discussions.

    Résultat, à quelques jours de l'échéance, la question du relèvement du plafond de la dette a atterri sur le bureau du président Obama.


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