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    Liban: "Un tournant crucial s'est produit"

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    Par Basile Lemaire,

    publié le 25/01/2011 à 18:20

    Liban: "Un tournant crucial s'est produit" Mardi 25 janvier 2011, Najib Mikati a été désigné premier ministre du Liban. REUTERS/ Omar Ibrahim Après deux semaines d'incertitude, le sunnite Najib Mikati a été désigné Premier ministre du Liban grâce au soutien du Hezbollah. Si l'avenir du pays est encore incertain, celui du TSL semble tout tracé. Nicolas Dot-Pouillard analyse la situation. Nicolas Dot-Pouillard, chercheur associé à l'Institut français du Proche-orient (IFPO), et professeur de sciences politiques à l'Université Saint-Esprit de Kaslik (USEK, Liban). Quelles conséquences la désignation de Najib Mikati va-t-elle avoir sur la politique libanaise ? La nouvelle coalition au pouvoir va avoir tendance à s'ouvrir vers la Syrie, alors que depuis 2005, c'était plutôt la direction occidentale et saoudienne qui était privilégiée. Mais la véritable conséquence de ce changement politique, concerne le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL). Le Hezbollah a toujours dénoncé le TSL. Or jamais Najib Mikati ne serait arrivé au poste de Premier ministre sans le soutien du Hezbollah. Le nouveau gouvernement - qui devrait être désigné très prochainement par Najib Mikati - reniera donc les conclusions du TSL, au nom de l'Etat libanais. Quels facteurs ont permis au Hezbollah de retourner une partie du Parlement libanais en faveur du candidat sunnite Najib Mikati ? Le tournant crucial s'est produit mardi dans la matinée, lorsque le leader druze Walid Joumblatt a changé de camp et s'est rangé aux côté du Hezbollah. La coalition de Saad Hariri a alors perdu de facto la majorité parlementaire. Pourquoi Walid Joumblatt a-t-il fait volte-face ? Il a toujours cherché à protéger les intérêts de la communauté druze avant tout. La population druze n'est pas très importante au Liban, ce qui l'oblige à être sans cesse dans des rapports d'alliance, et ceci depuis toujours. Walid Joumblatt a senti le vent tourner et s'est déplacé 'du bon côté du manche'. A une époque, il dénonçait violemment la présence syrienne au Liban ainsi que le Hezbollah. Mais après les événements du 8 mai 2008 [quand des combats entre sunnites et chiites avaient mené le pays au bord de la guerre civile], Walid Joumblatt a très bien compris comment se situer dans le rapport de force politique. Depuis cette date il a repris contact avec le Hezbollah. Mardi matin, le leader Druze a officialisé son retournement et dissout son bloc parlementaire. Il l'a renommé le bloc 'Front de lutte nationale', une appellation historique rappelant les années de la guerre civile. Le sunnite Najib Mikati a été désigné premier ministre contre Saad Hariri, sunnite lui aussi. Et depuis, la communauté sunnite manifeste - parfois violemment - dans les rues de Beyrouth, Tripoli et Saïda. Que doit-on comprendre ? Saad Hariri, l'ancien premier ministre libanais, est largement majoritaire chez les musulmans sunnites, mais pas hégémonique. Najib Mikati, est une figure montante de la communauté. Notamment à Tripoli. Il est perçu comme un centriste, et cela rend la situation d'autant plus complexe. Pour ce qui est des manifestations, elles ne devraient pas s'aggraver. Maintenant que Najib Mikati a été désigné premier ministre, c'est trop tard. Les sunnites ne peuvent pas se permettre d'affronter la communauté chiite dans la rue. Ils se souviennent trop bien du 8 mai 2008, quand le Hezbollah et les forces de l'opposition avaient pris le contrôle d'une partie de Beyrouth. La vraie question qui demeure aujourd'hui, est celle de la reconfiguration politique de la communauté sunnite. Saad Hariri va-t-il rester majoritairement soutenu ? Ou Najib Mikati va-t-il réussir à consolider une base populaire et convaincre la communauté sunnite de le suivre ?


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