• Marée noire -

    Marée noire - "C’est un massacre"
     
    Olivier Brochenin, consul général de France à La Nouvelle-Orléans, revient sur la marée noire qui souille les cotes sud des Etats-Unis. 

    France-Soir. Vous vous êtes rendu à Grand Isle la semaine dernière à l’occasion de la visite du président Barack Obama, qu’avez-vous constaté ?
    Olivier Brochenin.
    J’ai vu des plages souillées par des boulettes de mazout, mais l’étendue totale des dégâts est encore difficile à appréhender car la marée noire va et vient en fonction des déplacements de la nappe de pétrole flottante. Les pêcheurs découvrent de nouvelles zones infectées tous les jours. La majorité de la côte de Louisiane est marécageuse : une fois que cette zone est souillée, il est quasiment impossible de la nettoyer. Chaque centimètre carré de végétation est imbibé de façon irréversible. Toute la vie microbienne et aquatique est touchée, le plancton qui alimente les poissons ne peut pas survivre. Pour empêcher la nappe de recouvrir les marécages de façon irréversible, les autorités vont construire des digues artificielles qui devraient protéger 70 km de côtes.

    F.-S. Peut-on s’attendre à des dégâts plus importants ?
    O. B.
    Oui, car la plus grande partie de la nappe est encore en mer. C’est une catastrophe qui se déroule au ralenti : il suffit d’une marée ou d’une tempête pour que le pétrole recouvre les marécages. En plus, la période n’est pas favorable car nous entrons en saison cyclonique.

    F.-S. Quel est l’impact de la marée noire sur la vie animale ?
    O. B.
    Des centaines d’oiseaux ont été souillés, en particulier des pélicans. Des dauphins, des marsouins et des tortues sont morts par dizaines. Et encore, il ne s’agit que de la partie la plus visible : on ne peut pas voir les milliers d’écrevisses, de crevettes et d’huîtres qui sont recouvertes par le pétrole sous la mer. C’est un massacre. Plus de 20 % des zones de pêche sont déjà interdites à la récolte dans le golfe américain. Les conséquences sont nationales, puisque la Louisiane produit 40 % des fruits de mer consommés aux Etats-Unis. Cette activité représente plusieurs centaines de millions de dollars de chiffre d’affaires. On estime que 3.500 emplois sont directement menacés dans la région.

    F.-S. Quel est l’état d’esprit des habitants ?
    O. B.
    Au début, ils ont surtout ressenti de la tristesse car 11 personnes sont décédées. Ensuite, il a fallu au moins une dizaine de jours pour prendre conscience de l’ampleur des dégâts. Aujourd’hui, les habitants ressentent beaucoup de frustration, de la colère et parfois du découragement, car cette catastrophe intervient seulement 5 ans après Katrina. Les Louisianais attendent de façon très forte que les autorités montrent qu’elles contrôlent la situation.


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