• FUKUSHIMA (suite30) La zone d'exclusion radioactive

    Dimanche 10 avril. Grâce aux images http://www.youtube.com/watch?v=yp9iJ3pPuL8 enregistrées le 3 avril par le journaliste Tetsuo Jimbo, qui s’est rendu dans la zone contaminée (jusqu’à 1,5 km de la centrale de Fukushima), la région d’abord frappée par le séisme puis le tsunami, ensuite par les retombées radioactives, commence à devenir une réalité visualisable par le reste du monde. Chiens abandonnés, vaches qui traversent les routes, jardins et maisons vides. La zone et ses routes parfois effondrées en évoqueraient presque certains récits de science-fiction - la voiture du reporter croise des camions, où les conducteurs sont habillés de vêtements anti-radiations et portent des masques. Mais en réalité, c’est le quotidien de la zone évacuée qui commence à prendre corps sous nos yeux.  

    Par ailleurs, des cartes des mesures de radioactivité faites par avion (262 heures de vol) et à partir de données au sol (100 000 mesures en tout) qui sont publiées par le ministère de l’énergie américain (DoE), précisent l’évolution de la situation http://www.slideshare.net/energy/radiation-monitoring-data-from-fukushima-area-04072011?from=ss_embed

     

    A observer en particulier, la quatrième image du Power Point posté le 7 avril (pour la période du 30 mars au 3 avril) qui montre la zone la plus radioactive allant de la centrale (en rouge) vers le nord-ouest (en orange sur la carte). Entre 5 et 10 km de large, elle correspond à une zone où la radioactivité atteint 2,7 à 12,5 millirems* par heure. Autrement dit entre 30 fois et 176 fois la dose « normale » américaine, qui est de 0,071 mrem/h (soit 620 rems par an).

    On peut noter qu’elle s’étend au-delà de la zone d’exclusion, jusqu’à une quarantaine de km de la centrale.

    On peut la comparer aux enregistrements du 25 mars, où cette zone était alors en rouge, autrement dit montrait une activité plus forte, au-delà de 12,5 mrem/h (au-delà de 176 fois la normale)

    Quant à la zone bien plus large indiquée en vert (0,25 à 1,19 mrem/h pendant la période du 30 mars au 3 avril), elle correspond à 3 à 16 fois la mesure « normale » américaine.

     

    Selon le commentaire de l’administration américaine en charge de la sécurité nucléaire (National nuclear security administration) et le ministère de l’énergie (DoE), la « décroissance rapide indique que l’iode est l’élément le plus significatif [en ce qui concerne la présence de radioactivité] ». Rappelons que cet élément volatil, rejeté lors des dépressurisations effectuées sur les réacteurs (en particulier dans la première semaine de la catastrophe)  a une demi-vie de 8 jours (au bout de huit jours, il y a deux fois moins d’élément radioactif, au bout de 16 jours, quatre fois moins et ainsi de suite…).

    Par ailleurs, « il n’y a pas eu de dépôt mesurable de plus d’éléments radioactifs depuis le 19 mars ».

    Le DoE et la NNSA font remarquer par ailleurs qu’il faudra « surveiller l’agriculture et possiblement intervenir sur plusieurs centaines de km2 autour de la centrale ». Autrement dit prendre des échantillons du sol et de l’air pour mettre au point les contremesures nécessaires en termes agricoles.

     

     

    *La mesure en rems (roentgen equivalent in man, du nom du physicien Wilhelm Roentgen, qui découvrit les rayons X) est une ancienne formulation, qui persiste malgré la mesure en Sieverts (unités du Système international de mesure), désormais plus courante. 1 Sv = 100 rems 


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  • Thierry Charles (directeur de l’IRSN) analyse la catastrophe de Fukushima

    <noembed> <h2>Fukushima vu par Thierry Charles</h2> <p><p>Thierry Charles est directeur de la sûreté à l'Institut de radioprotection et de sûreté <a href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html" _cke_saved_href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html">Nucléaire</a> (IRSN). 18 jours après l'accident <a href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html" _cke_saved_href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html">Nucléaire</a> de <a href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/fukushima.html" _cke_saved_href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/fukushima.html">Fukushima</a> , il analyse la situation en cours et nous livre son point de vue sur les questions de sûreté <a href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html" _cke_saved_href="http://www.universcience.tv//index.php/tag/nucleaire.html">Nucléaire</a> . Interview réalisée le 29 mars 2011.</p> <p> </p> <p>Réalisation : Didier Boucheron, Christian Buffet</p> <p> </p> <p>Production : Universcience 2011</p></p> </noembed>


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  • Japon: fuites d'eau dans une centrale à Onagawa

    Avec Reuters
    08/04/2011 | Mise à jour : 06:52 

    Des fuites d'eau ont été repérées à la centrale nucléaire d'Onagawa aprèsle tremblement de terre d'hier dans le nord-est du Japon, a annoncé l'exploitant de la centrale, Tohoku Electric Power. Cette société assure cependant que les niveaux de radioactivité aux abords du site n'ont pas changé.

    De l'eau s'échappe notamment des piscines de stockage de combustible usagé dans les réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale. Trois autres fuites ont été signalées dans le réacteur 3.

    La centrale d'Onagawa, dans la préfecture de Miyagi, est à l'arrêt depuis qu'elle a été touchée par une vague de 13 mètres après le séisme de magnitude 9 survenu le 11 mars dans le nord-est du Japon.  Deux des trois lignes électriques alimentant le site ont été coupées en raison du séisme d'hier.

    Les opérations de refroidissement des barres de combustible usagé ont repris après une interruption et le site dispose toujours d'un générateur de secours en cas de nécessité.

    Des fuites d'eau ont été repérées à la centrale nucléaire d'Onagawa après le nouveau séisme de magnitude 7,1 survenu jeudi dans le nord-est du Japon, a annoncé vendredi l'exploitant de la centrale, Tohoku Electric Power. Cette société assure cependant que les niveaux de radioactivité aux abords du site n'ont pas changé. De l'eau s'échappe notamment des piscines de stockage de combustible usagé dans les réacteurs n° 1 et 2 de la centrale. La baisse du niveau d'eau dans ces piscines de refroidissement est une source d'inquiétude, car, si elles ne sont pas suffisamment immergées, les barres de combustible usagé provoquent des rejets radioactifs dans l'atmosphère.


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  • Article de Jean Pierre Petit

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    Les Japonais ont commencé le lundi 4 avril à relâcher quelques 11.500 tonnes d'eau fortement contaminée, stockés dans une vaste cuve, pleine à raz bord, "en s'excusant auprès des riverains". A tout prendre, sachant qu'il faudrait tôt ou tard se débarrasser de cette eau, il aurait fallu prévoir de l'acheminer en pleine mer dans des barges, qu'il aurait été préférable de couler à grande distance, car elles seraient elles mêmes devenues radioactives. Inutile en fait d'envisager de remorquer des barges. 11.500 tonnes n'atteint même pas le tonnage du pétrole emporté par un petit pétrolier. Il aurait suffit de pomper cette eau dans un pétrolier hors d'âge, qui aurait été conduit au large par un équipage pilotant le bateau depuis une timonerie protégée par les plaques de plomb. Puis le bateau aurait été coulé, après de l'équipage ait été évacué par hélitreuillage. L'eau contaminée aurait dans un premier temps été ainsi retenue dans la coque du navire, pour être relâchée progressivement au fil de sa dégradation.

    Le fait que les ingénieurs Nippons qui gèrent cette crise n'aient pas songé à cela démontre leur imprévoyance, leur incompétence et leur incapacité à faire face à cette situation. On dirait que toutes leurs "actions" sont conditionnées par l'impact que celles-ci pourraient avoir sur le public, à la fois sur leur propre population et aux yeux du monde entier. C'est l'image du Japon, pays des Hautes Technologies, qui est en danger. Amener un tanker à proximité du site, pour pomper l'eau contaminée aurait fait très mauvais effet, surtout si on annonçait par la suite que le bateau serait coulé à fond et que son équipage devrait le mener vers son dernier voyage protégé par des plaques de plombs.

    La situation se présente très mal. Le service météorologique Nippon subit des pressions pour ne pas donner d'informations, si les vents s'orientent vers de grandes métropoles "pour ne pas déclencher de paniques dans la population".

    Si le gouvernement a annoncé "que les réacteurs seraient démantelés", un seul coup d'oeil sur les photos prises par le petit drone (voir plus bas) suffit pour se rendre compte qu'un tel "démantèlement" est un projet irréalisable.

    Il n'est pas non plus possible d'extraire les centaines d'assemblages des piscines de stockage. Pour pouvoir le faire, il faudrait dégager le dessus des épaves de ces réacteurs des assemblages de poutrelles qui les recouvrent. S'il n'y avait pas la radioactivité, des équipes pourraient procéder à leur découpage, sur place, au chalumeau. Mais c'est impossible. On n'a pas prévu de robot capable d'opérer cela à distance, et le temps manque pour concevoir de tels dispositifs.

    La seule solution est le sarcophage. En urgence il faut déverser des matériaux solides sur les trois réacteurs pour stopper les émanations radioactives. Celles-ci se signalent "par de légères fumées", comme c'était le cas pour le réacteur de Tchernobyl, après la spectaculaire explosion du coeur. Mais l'aspect de ces fumées ne doit pas tromper sur ce qu'elles contiennent.

     

    Dans plusieurs vidéos, on voit des parties de bâtiments éventrés qui émettent des lueurs.

     

    lueurs

    Lueurs signalant la radioactivité émise par des éléments du réacteurs

     

    Il ne faut pas s'étonner que les matériaux émettant de la radio-activité créent des phénomènes lumineux, visibles à l'oeil nu. Jadis c'était en déposant sur les aiguilles des montres une substance radioactive qu'on permettait à leur possesseurs de lire l'heure la nuit. Si des clichés du site étaient pris, de nuit, par un drone ou depuis un hélicoptère, les images obtenues auraient dans doute de quoi susciter la panique dans la population. Elles rappeleraient les lueurs sinistres qui émergaient du cratère du réacteur éventré de Tchernobyl, en montant jusqu'aux nuages, visibles la nuit.

     

    Tchernobyl_lueur

    L'allure du réacteur N°4 de Tchernobyl, la nuit, avant que le cratère ne soit comblé

     

    Revenons à cette question de la mise sous sarcophage (qui ne résoudrait pas les problèmes liés à une éventuelle diffusion de corium sous le réacteur). A Tchernobyl, le graphite brûlait, et le trou par lequel s'échappaient des particules de poussières radioactives faisait une dizaine de mètres de diamètre. Les Russes envoyèrent donc de jeune pilotes d'hélicoptères lourds Hind, avec leurs équipages, déverser de milliers de mètres cubes de sable, de ciment, de plomb, de bore, dans ce gueuloir. Et ce ne fut que quand cette cheminée du diable fut obstruée que la pollution nucléaire cessa. Réaliser la même opération à Fukushima impliquerait de noyer les réacteurs sur des dizaines, ou centaines de milliers de mètres cubes de matériaux solides, avant que les émanations gazeuses et de particules solides ne cessent.


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  • Le Japon utilise de l'azote pour éviter une explosion à Fukushima

    LEMONDE.FR avec AFP | 07.04.11 | 07h05  •  Mis à jour le 07.04.11 | 07h24

     

    Les techniciens de la centrale nucléaire de Fukushima (nord-est du Japon) ont commencé, jeudi 7 avril, à injecter de l'azote pour prévenir une explosion dans un réacteur endommagé et empêcher une aggravation de l'accident nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl il y a 25 ans.

     

    Près de quatre semaines après le terrible séisme du 11 mars et surtout le tsunami géant qui a dévasté la côte Pacifique au nord-est de Tokyo, la crise à Fukushima Daiichi (N°1) est loin d'être réglée. Des volutes de fumée blanche, probablement de la vapeur d'eau radioactive, continuent de s'échapper de trois des quatre réacteurs endommagés. Les barres de combustible dans le cœur du réacteur et dans les piscines de refroidissement doivent être arrosées jour et nuit à l'aide de pompes de secours en attendant que l'alimentation électrique et les circuits de refroidissement soient rétablis.

    INJECTION D'AZOTE PENDANT SIX JOURS

    Afin d'empêcher toute nouvelle explosion sur le site, Tokyo Electric Power (Tepco), opérateur et propriétaire de la centrale, a décidé d'injecter préventivement de l'azote dans le réacteur 1, où de l'hydrogène s'est accumulé en quantité importante. Les deux premières explosions survenues les 12 et 14 mars au niveau des réacteurs 1 et 3 avaient en effet été provoquées par le contact de ce gaz avec l'oxygène. Gaz inerte, l'azote est régulièrement utilisé dans les zones de stockage sensibles pour faire chuter le taux d'oxygène dans l'air et remplacer ainsi une partie de l'atmosphère.

    Cette opération "d'inertage" devrait durer six jours pour un total de 6 000 m3 d'azote injecté, selon Tepco, qui envisage de l'appliquer également aux réacteurs 2 et 3 dans les prochains jours.


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  • Les portes de l'enfer

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    Pour travailler à Fukushima, il faut être prêt à mourir

    Entretien. Spécialiste du Japon, le sociologue Paul Jobin a travaillé sur les conditions de travail des ouvriers du nucléaire. Il livre son analyse alors que ceuxci tentent de reprendre en main la situation dans la centrale japonaise, fortement endommagée par le séisme.

    On lit ici qu’ils dorment à même le sol, là qu’ils ne font que deux repas par jour et ont été rationnés en eau… La Tokyo Electric Power Company (Tepco) et ses sous-traitants laissent filtrer peu d’informations sur les ouvriers en lutte sur le front de la centrale de Fukushima, en déroute depuis le séisme et le tsunami du 11 mars dernier. Sociologue et spécialiste du Japon, Paul Jobin connaît bien les lieux. En 2002, lors d’une recherche sur les sous-traitants de l’industrie nucléaire, il a enquêté auprès des cadres et des ouvriers intérimaires intervenants dans cette centrale. Il analyse la situation actuelle à l’aune de cette expérience.

    Que sait-on des ouvriers qui travaillent actuellement à la centrale de Fukushima ?

    Paul Jobin. C’est une situation paradoxale. On n’a jamais autant parlé du nucléaire au Japon, mais les informations restent rares sur ceux qui sont au coeur du volcan, dans la centrale de Fukushima. Jusqu’à il y a une dizaine de jours, on ne voyait d’ailleurs personne, excepté les pilotes d’hélicoptère, qui ont largué l’eau de mer, et maintenant les soldats des forces d’autodéfense et les pompiers qui utilisent les lampes à incendie. Il a fallu attendre le vendredi 25 pour voir les premières photos d’ouvriers en combinaison intégrale, et celles de l’intérieur de la centrale – où l’on pouvait constater l’état de délabrement général, jusqu’aux salles d’ordinateurs et de contrôle à peine éclairées… Ce jour-là, trois sous-traitants ont été conduits à l’hôpital parce qu’ils avaient été gravement irradiés. C’était la première fois qu’on entendait officiellement parler de sous-traitants. Mais quand on sait comment fonctionne une centrale en temps normal, on ne pouvait que supposer leur présence sur place : à 90 %, ce sont eux qui font le travail de maintenance et qui encaissent la dose collective de radioactivité – il s’agit là des chiffres officiels. Et puis, il y a différents types de sous-traitants : tout en bas de la pyramide, il y a par exemple les intérimaires, qui nettoient à la serpillière les réacteurs ou qui s’occupent des vêtements de protection usés, et qui prennent les plus fortes doses. Puis viennent les techniciens (plombiers, électriciens…) qui vérifient les installations, la tuyauterie et les pompes ; et tout en haut, il y a les techniciens, cadres et ingénieurs de Tepco, qui jouissent des meilleurs salaires et d’une meilleure protection sociale. Un certain nombre d’entre eux doivent se trouver sur place, mais pour l’heure, on ne sait pas vraiment qui fait quoi. Ce qui est sûr, c’est que tous ceux qui ont travaillé jusqu’à présent ont dû prendre des doses importantes de radioactivité.

    Aujourd’hui, combien y a-t-il d’employés sur le site ?

    Paul Jobin.. Il y a dix jours, on parlait de quatre équipes de cinquante, soit deux cents ouvriers. Aux dernières nouvelles, ils seraient six cents : pompiers et soldats sont peut-être compris, cela reste flou. Dans une semaine, combien seront-ils ? Tepco a dû mobiliser son réseau de sous-traitants pour recruter en urgence dans la région, voire plus loin. D’après les annonces qui circulent sur SMS et qui sont relayées sur Twitter, les salaires offerts tournent autour de 10 000 yens par jour (soit 84 euros), ce qui représente environ le double d’un salaire moyen pour un jeune intérimaire, mais ne présente pas une offre exceptionnelle non plus. Ce qui signifierait que, malgré le sacrifice consenti par ceux qui acceptent de s’y rendre, Tepco continue de ratiociner sur les salaires. La semaine dernière, le Tokyo Shimbun a publié des témoignages de gens qui ont refusé de venir travailler dans la centrale. Un homme de vingt-sept ans avait reçu un SMS avec un salaire intéressant, mais comme il a un petit garçon de trois ans et une femme de vingt-six ans, et il n’a pas eu envie de les laisser tomber, devinant qu’il s’exposerait à un risque élevé de mort prématurée. Témoignait également un homme de cinquantehuit ans qui vit à 40 kilomètres de la centrale et qu’on a appelé en disant : « On cherche des personnes de plus de cinquante ans qui pourraient intervenir dans le réacteur, la paie est beaucoup plus élevée que d’habitude. Tu ne veux pas venir ? » La formulation « plus de cinquante ans » laisse entendre que pour venir travailler sur le site, il faut être prêt à mourir… Ailleurs, j’ai pu lire qu’il s’agit de gens de la région qui sont prêts à faire le maximum parce qu’ils n’ont pas envie de la voir perdue pour les trente ou mille ans à venir – c’est déjà le cas en partie. Enfin, samedi 2 avril, le quotidien Mainichi a publié un entretien avec un employé de Tepco qui décrit l’extrême difficulté des conditions d’intervention et le bricolage auquel ils sont astreints pour se protéger eux-mêmes, enveloppés dans des sacs en plastique faute de combinaisons adéquates. Seulement les chefs sont munis de dosimètre : d’après un autre ou-vrier présent sur place, le vendredi 11, ce jour-là, dans la panique, beaucoup seraient carrément rentrés chez eux avec leur dosimètre. Tepco a confirmé qu’à cause du tsunami, un grand nombre de dosimètres ont été endommagés. Sur 5 000, il n’en resterait plus que 320. Le fabricant n’a presque plus de stock et Toshiba en a envoyé une cinquantaine.

    On parle d’un employé irradié alors qu’il intervenait sur place avec de petites bottes en caoutchouc. Comment se protègent les employés sur le site ?

    Paul Jobin.. C’est vrai. Cela paraît dérisoire, mais comment faire autrement ? Même en temps normal, dans cette partie du réacteur, il faut pouvoir se déplacer très vite, pour encaisser le moins de dose possible, ce qui ne serait pas le cas avec des semelles en plomb. Il y a des combinaisons et des masques intégraux, mais ces équipements semblent assez mal conçus et primitifs par rapport à l’enjeu de la tâche. Alors, à défaut de protection efficace, on a recours à ce qu’on appelle la radioprotection. En japonais, on parle de « gestion de la radioactivité ». C’est exactement de cela qu’il s’agit : gérer la dose collective infligée aux travailleurs. La question de la radioprotection entre directement en conflit avec celle de la sûreté des centrales, parce que plus une centrale vieillit, plus « ça douche », comme disent les ouvriers japonais, plus il faut la nettoyer, et plus il faut faire intervenir du personnel pour les réparations et l’entretien. D’où ce recours massif aux sous-traitants. Ce qui fait la spécificité du Japon, c’est que le nucléaire s’est industrialisé à partir des années 1970, et le recours à la sous-traitance pour les arrêts de tranche s’y est systématisé depuis cette époque. Cette organisation du travail a des conséquences dramatiques pour la santé des ouvriers et la sécurité des centrales, d’où la répétition d’anomalies et autres incidents, avant même qu’il soit question du risque sismique.

    Pourquoi le ministère japonais de la Santé a-t-il décidé d’augmenter les doses légales reçues par les travailleurs ?

    Paul Jobin. Depuis 2002, la Commission internationale de protection radiologique (Cipr) recommande de ne pas faire dépasser aux travailleurs du nucléaire une dose annuelle de 20 millisieverts (mSv) par an. Mais, même en temps normal, les ouvriers encaissent des doses importantes avec des conséquences qui sont systématiquement niées ou minimisées. Au Japon, la législation s’est accommodée de la norme des 20 mSv par an pour les travailleurs, en stipulant que celleci peut être calculée sur une moyenne de cinq ans, avec un maximum de 100 mSv sur deux ans. Mais dès le 19 mars, sans doute faute de pouvoir recruter suffisamment d’intervenants, Tepco a demandé à placer la dose maximum à 150 mSv, et le ministère de la Santé a renchéri en la portant à 250 mSv. Peut-être aussi pour limiter le nombre d’éventuelles demandes de reconnaissance en maladie professionnelle. Jeudi 31 mars, l’Agence de sûreté nucléaire (Nisa) annonçait que 21 ouvriers avaient reçu des doses supérieures à 100 mSv, mais qu’aucun n’avait dépassé les 250, comme s’ils pourraient finalement s’en sortir sans trop de dégâts, alors que même l’Agence internationale pour l’énergie atomique estime que la situation demeure « très sérieuse » à Fukushima. Et, en effet, les débits de dose sont maintenant tels (jusqu’à 1 000 mSv par heure samedi 2 avril) qu’une intervention près du réacteur semble impossible.

    Y a-t-il eu des victimes reconnues comme ayant contracté des maladies professionnelles suite à leur travail en centrale ?

    Paul Jobin. En 2002, j’avais dénombré 8 cas reconnus depuis 1991. Depuis, il y en a eu quelques autres, du moins qui soient connus, car il y a une certaine opacité dans ce système. Je pense par exemple au cas de M. Nagao. Il avait travaillé à Fukushima 1 et 2 entre 1977 et 1982 et cumulé une dose de 70 mSv. Dès 1986, il a commencé à ressentir toutes sortes de symptômes, à perdre ses dents, et en 1998, les médecins ont diagnostiqué un myélome multiple. En 2002, il a déposé une demande de reconnaissance en maladie professionnelle, qu’il a obtenue, non sans peine, avec le soutien de tout un réseau associatif. Puis il a intenté un procès contre Tepco, pour l’exemple. Sa plainte a été déboutée en 2009 de façon expéditive : le juge n’a même pas pris la peine d’examiner les avis médicaux présentés par l’accusation.

    Vous avez mené un travail sur les conséquences de la pollution au mercure dans la mer au large de la ville côtière de Minamata par l’usine pétrochimique Chisso. Comment avaient été traitées les victimes de cette catastrophe ?

    Paul Jobin. Il y a une différence importante entre ces deux catastrophes. À Minamata, il n’y a pas eu d’explosion, les habitants n’ont pas eu tout de suite conscience du danger, la frayeur est venue après. Pourtant, dès les années 1920, il y avait eu un impact sur les pêches, le nombre de poissons diminuait (pas encore à cause du mercure mais d’autres rejets polluants). À partir des années 1940, ils ont vu des chats et des oiseaux morts, puis sont apparues les premières victimes humaines, au milieu des années 1950. La prise de conscience de la menace a donc été longue. Le premier procès s’est tenu entre 1969 et 1973, et s’est conclu par une condamnation de Chisso à une somme conséquente d’indemnisation pour les plaignants. Il y a eu ensuite beaucoup d’autres procès, et on estime à au moins 40 000 le nombre total de victimes. Enfin, en juillet 2009, une loi d’indemnisation a été votée, assez bien accueillie par un grand nombre de victimes. Entre les premières démarches des victimes auprès de Chisso, en 1956, et 2010, il aura donc fallu plus de cinquante ans de bataille avec l’industriel et l’État pour voir une réparation relativement complète. Ce qui laisse augurer le pire pour la catastrophe actuelle, d’autant que l’histoire des réparations des victimes de Minamata s’est déroulée à une époque relativement faste pour le Japon. Or, qui sait ce que va devenir le Japon après une catastrophe pareille ? C’était la troisième puissance économique au monde, mais le restera-t-elle ? Comme l’a déclaré le premier ministre, Naoto Kan, il s’agit vraiment d’une catastrophe nationale, d’une ampleur que le Japon n’a pas connue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est une catastrophe pour tout le pays. Cela va rendre encore plus difficile pour les gens d’obtenir une réparation.

    Pour visionner le film en intégralité, cliquez ici.


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  • (Japon), le 17 mars 2011 KYODO / REUTERS

    Japon: Nouveau risque d'explosion à Fukushima

    NUCLÉAIRE - L'hydrogène s'accumulerait dans le réacteur 1...

    Une mauvaise nouvelle chasse une bonne nouvelle à la centrale de Fukushima. Alors que Tepco a réussi à colmater une fuite d’eau radioactive provenant du réacteur 2, l’inquiétude se concentre sur le réacteur 1, où les risques d’explosions sont grands.

    De l'azote pour éviter le pire

    L’accumulation d’hydrogène dans l’enceinte de ce réacteur pourrait provoquer une explosion par le contact avec l’oxygène.  De telles explosions se sont déjà produites depuis le séisme et le tsunami du 11 mars et elles ont provoqué d’importants dégâts sur le bâtiment extérieur et l’enceinte de confinement.

    Tepco envisage donc de verser, dès ce mercredi et pour plusieurs jours, de l’azote pour annihiler le risque d’explosion. C’est ce qu’on appelle une opération «d’inertage». Le déversement d’azote permet de faire chuter le taux d’oxygène dans l’air et de remplacer une partie de l’atmosphère. Ce gaz inerte est souvent utilisé dans les zones de stockages de matières sensibles.


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  • ATTENTION AUX POSSIBLES IRRADIATIONS GRAVES

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    Mercredi 6 avril. 01H. Il va falloir s’habituer à au moins deux choses : à une catastrophe qui dure et à l’accumulation de chiffres gigantesques – et des plus variés.

    Dernier en date, près de 700 millions d’euros (80 milliards de Yen (1)) seraient nécessaires pour  la construction de structures autour des réacteurs 1 à 4 de la centrale dévastée, l’ensemble étant recouvert de plaques isolantes, dotées de matériaux capables d’absorber les divers rayonnements et empêcher toute radioactivité de sortir de la centrale en ruines. Sans oublier les systèmes d’aération nécessaires pour laisser sortir l’hydrogène qui pourrait éventuellement s’accumuler… et éviter de provoquer les explosions que l’on sait.  Evidemment, on peut considérer que ce n’est pas grand chose comparé à ce que pourrait coûter la catastrophe due au séisme puis au tsunami, évaluée (aujourd’hui), à environ 300 fois plus (25000 milliards de yen) et certainement plus demain. De toute façon, pas question d’envisager pareille construction tout de suite. Le mois de… septembre aurait été évoqué au niveau gouvernemental, ce qui semble assez irréaliste. Car, dans le même temps, il y a tellement à résoudre !

    Ces deux derniers jours, ce sont les 10 000 tonnes d’eau « faiblement » radioactives rejetées directement dans la mer qui ont été le chiffre du moment. De quoi insupporter les Coréens et les Russes, qui ont fait savoir ne pas apprécier ces rejets pollueurs d’océan Pacifique. Mais il y en aurait de toute façon 6 fois plus dans toute la centrale. Qu’il faudra entreposer soit dans le « mega-float », soit dans des conteneurs à terre, soit dans des barges apportées par les Etats-Unis…. Soit faire passer par des systèmes de retraitement une partie de cette eau qui est, elle, hautement contaminée. Le Japon s’est ainsi résolu à faire appel à la Russie pour qu’elle lui apporte une plate-forme flottante prévue pour assurer ce genre de retraitement. Les effluents liquides, eux aussi, doivent être manipulés avec précaution – non seulement à cause de la radioactivité générale qu’ils rejettent, mais parce que leur manipulation (s’il y a filtrage, par exemple) peut conduire à des accumulations encore plus radioactives. Nul doute que les travailleurs ayant à la fois à se débarrasser de toute cette eau radioactive, sans oublier la nécessité de « contenir » les cœurs de réacteur toujours très chauds et les barres de combustible usagé à maintenir également aussi refroidies que possible, demeurent dans une situation extrême. Le mot de « stabilisé », utilisé ces jours-ci, doit être manié avec précaution, quand on pense à ces hommes impliqués dans ces diverses opérations. D'autant qu'ils doivent absolument se méfier de possibles "reprises du feu qui couve".

    A preuve, les échanges pointus, mais cruciaux, entre spécialistes, ces tous derniers jours. La question de la contamination de l’eau de mer est d’ailleurs au cœur du débat. Ainsi, ils s'interrogent sur la découverte de certains éléments retrouvés dans cette eau contaminée et se demandent : y a-t-il eu, ou non, des « reprises de criticité » - autrement dit des reprises de réaction en chaîne – soit dans un réacteur, soit dans les combustibles usagés ? Question loin d’être innocente, car, lors de telles « reprises de criticité » (que nous avons évoquées dans ce blog à plusieurs reprises (2)) ce sont des bouffées de neutrons (une radioactivité très dangereuse car très pénétrante et difficile à détecter « sur le terrain ») qui sont émises !

    Ainsi, selon les travaux de MM. F. Dalnoki-Veress et Arjun Makhijani (2), tel aurait pu être déjà le cas. Ils en veulent pour preuve la détection dans l’eau de mer contaminée, annoncée le 25 mars par TEPCO, d’un certain isotope du chlore, le chlore-38. Comme on ne rencontre pas cet élément radioactif dans la nature, il ne peut avoir été produit qu’artificiellement. Il se désintègre en effet en très peu de temps (sa demi-vie est de l’ordre de 37 mn = au bout de 37 mn, il y en a deux fois moins, 37 mn plus tard, encore deux fois moins etc.). Autrement dit, s’il a pu être détecté, c’est qu’il venait d’être produit très récemment. Selon l’analyse faite par les deux spécialistes, l’un ingénieur (président de l’Institut de l’énergie et de recherche environnementale ; PhD en engineering à Berkeley), l’autre physicien, spécialiste de sécurité nucléaire et non-prolifération à l’Institut Monterey d’études internationales (Californie), ce chlore-38 a été produit à partir du chlore-37, très présent dans l’eau (quand le chlore 37 capture un neutron, il devient du chlore 38).

    La question est alors, et c’est là le point crucial : d’où est venu ce neutron capturé ? Il aurait pu, tout simplement, être l’un de ceux émis « spontanément » par le combustible dans le cœur du réacteur à l’arrêt. Mais, selon les calculs des deux spécialistes, ce combustible n’aurait pas produit assez de neutrons capables de créer, à leur tour, assez de chlore-38 pour qu’il soit détectable. Selon eux, il a fallu qu’il y ait une « bouffée de neutrons » pour que cette réaction de capture (de neutrons) se produise en quantité, et que le chlore-38 devienne détectable. Or, pareille bouffée de neutrons, si des hommes travaillaient à proximité, a été extrêmement irradiante.  

    Se disant « mal à l’aise » (uncomfortable), les deux spécialistes interpellent alors l’opérateur de la centrale TEPCO à la fin de leur article (nous traduisons) : « Etant donné les incertitudes, il est néanmoins important que TEPCO soit conscient de la possibilité de criticité temporaire pendant que des travailleurs accomplissent leur travail ; ces derniers seraient alors en bien plus grand danger qu’ils ne le sont déjà quand ils essayent de contenir la situation. Cette reprise temporaire de criticité pourrait expliquer les 13 « rayonnements neutroniques » rapportés par Kyodo news (2). Cette analyse n’est pas une preuve définitive, mais elle signifie que nous ne pouvons pas éliminer la possibilité d’une criticité localisée et TEPCO devrait s’assurer que les travailleurs prennent les précautions nécessaires ». Malheureusement, comme dit plus haut, la détection « immédiate » des neutrons, contrairement à la détection gamma, par exemple, est difficile à effectuer.

     

    1)    Kyodo news http://english.kyodonews.jp/news/2011/04/83374.html

    2)    Lire notamment le blog du 24 mars : http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2...

    3)    http://japanfocus.org/-Arjun-Makhijani/3509


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  • FUKUSHIMA (suite 27) Le SOS du maire de MINAMI SOMA

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    Dimanche 3 avril. 17H30. Ceci est « un appel au monde », appel à l’aide du maire de Minamisoma (ville de 70 000 habitants en période normale) dans la préfecture de Fukushima, M. Katsunobu Sakurai, SOS qu’il a lancé le 24 mars (voir adresse Web ci-dessous). On ne peut, dix jours plus tard, que se poser une question : où en est-on dans cette ville de Minamisoma ? Après le désastre dû au séisme et au tsunami, on se rend compte qu'une évacuation due a des rejets radioactifs pose des problèmes bien spécifiques (qui se rajoutent ici à toutes les autres difficultés), dont nous ne citerons que deux : peur de se rendre dans la zone par ceux venus de l’extérieur, pour le ravitaillement, notamment (nourriture, mais aussi fuel pour les transports etc.). Difficulté pour les individus sur place de prendre des décisions (partir ou rester ?), et tout particulièrement si le gouvernement et ses relais ne donnent pas d’informations claires, voire pas d'information du tout. Difficulté aussi, sauf à employer les nouveaux moyens de communication, à faire savoir ce qui se passe - surtout si les médias "classiques" ne viennent pas (ou plus) sur les lieux.

    Cette ville de Minamisoma fait partie de « l’anneau » (entre 20 et 30 km) où les évacués de la « zone d’exclusion » (d’un rayon de 20 km) autour de la centrale ont dû se rendre, et pour laquelle le gouvernement a fini par suggérer la semaine dernière une « évacuation volontaire ». Dans cet « anneau », il a été demandé aux résidents de demeurer calfeutrés, et le ravitaillement est devenu problématique ces derniers jours. Dès le 17 mars, Monsieur le maire s’était déjà déclaré “furieux” contre le gouvernement et l’opérateur TEPCO dans les colonnes du grand journal japonais “The Mainichi daily news”, rappelant qu’à ce moment-là «  la seule source d’information [dont il disposait] au sujet de l’accident dans la centrale nucléaire était les médias ».  


    Pour tous ceux qui ne comprennent ni le japonais, ni les sous-titres anglais, nous indiquerons ici les principaux messages, que nous avons retenus avec un confrère japonais, M. Kawakita Kiyomasa, qui a bien voulu visionner cette vidéo de 11 minutes pour nous (et que nous remercions pour cela).


    ADRESSE de la vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=a78lgT6qavY


    « L’infrastructure de notre ville est complètement détruite […] Les banques, les boutiques sont fermées. […] La nourriture, l’essence, tout nous manque. […]  Les informations provenant du gouvernement et de TEPCO (l’opérateur de la centrale) sont insuffisantes. […] Même les gens qui veulent nous aider et les médias ont peur de venir dans notre ville qui se trouve à 25km de la centrale nucléaire de Fukushima. […] Nous sommes en train de survivre et de reconstruire nos vies tout en luttant contre l’angoisse de la radioactivité. […] Nous ne pouvons pas faire le suivi de ceux qui sont partis et nous ne savons pas où ils sont allés. Peut-être dans plus de cent endroits différents. […] Je voudrais que vous sachiez l’état actuel de notre ville. […] Je voudrais vous demander votre soutien. Merci beaucoup. »

    Le décompte cité dans la vidéo, il y a une dizaine de jours,  était de 253 morts, 1260 disparus, et 50 000 personnes parties de la ville. Le réalisateur de la vidéo Kenichiro Nakata, cité par l’agence Kyodo news dans une dépêche du 1er avril, a expliqué que « les résidents victimes du désastre ne savent même pas s’ils doivent rester ou évacuer ».


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  • Le Japon déverse des milliers de tonnes d'eau radioactive dans l'océan

    La centrale Fukushima-Daiichi

    Photo: AFP/Forces navales japonaises

    La centrale Fukushima-Daiichi

    L'exploitant de la centrale nucléaire Fukushima-Daiichi a commencé lundi à déverser plus de 11 000 tonnes d'eau qu'il dit faiblement radioactive dans l'océan Pacifique.

    L'objectif est de libérer de l'espace dans les réservoirs servant au traitement des déchets pour y accueillir l'eau hautement radioactive qui s'est accumulée dans les salles des machines, en particulier dans celle du réacteur 2.

    Après le raz-de-marée du 11 mars, des milliers de tonnes d'eau ont été déversés sur les réacteurs endommagés pour les refroidir, ce qui a inondé les salles des machines. Selon les responsables de la centrale, l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power), il est nécessaire de transvider cette eau dans les réservoirs pour permettre aux ouvriers de faire les réparations requises.

    Surtout qu'une brèche de 20 centimètres a été découverte dans une fosse surplombant la mer. Deux tentatives de colmatage à l'aide de ciment, puis d'un mélange de polymères, de papier journal et de sciure, ont déjà échoué. Le gouvernement a appelé Tepco, lundi, à agir rapidement pour stopper la fuite radioactive.

    L'eau qui sera déversée dans l'océan est faiblement radioactive, selon Tepco, mais elle l'est tout de même environ 100 fois plus que les seuils autorisés.

    L'exploitant de la centrale assure que ces rejets n'auront aucune conséquence sur la santé des Nippons. « Un adulte peut être exposé à une radioactivité d'environ 0,6 millisievert pendant un an s'il consomme chaque jour des algues et des produits de la mer de cette région. Dans l'environnement naturel, les gens sont exposés à des radiations de 2,4 millisieverts par an », a affirmé un responsable de Tepco.

    Trois des six réacteurs de la centrale, qui menaçait d'entrer en fusion, sont maintenant stables, a indiqué, de son côté, l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle.


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  • Tepco invitée à colmater au plus vite la fuite radioactive

    TOKYO (Reuters) - Le gouvernement japonais a invité lundi l'opérateur de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, endommagée par le séisme et tsunami du 11 mars, à colmater au plus vite la fuite radioactive découverte récemment.

    "Nous devons stopper le plus vite possible la dispersion d'eau contaminée dans l'océan. Avec une ferme détermination, nous demandons à Tokyo Electric Power Co (Tepco) d'agir rapidement", a déclaré Yukio Edano, secrétaire général du gouvernement.

    Un mélange de sciure, de journaux, de polymères et de ciment a été injecté dans la fissure découverte dans un puits de béton du réacteur n°2.

    "Nous espérions que les polymères fonctionneraient comme des absorbants, mais ils n'ont encore produit aucun effet visible", a déploré Hidehiko Nishiyama, directeur général adjoint de l'Agence japonaise de sûreté nucléaire et industrielle.

    Trois des six réacteurs de la centrale endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars, dont le combustible menaçait d'entrer en fusion, sont désormais dans un état stable, a-t-il toutefois ajouté.

    Tepco a fait savoir qu'au moins quatre des six tranches de la centrale seraient mises hors service une fois le problème réglé, ce qui pourrait prendre plusieurs années, voire plusieurs décennies.

    Trois semaines après la catastrophe qui a plongé le Japon dans une crise sans précédent depuis la Seconde Guerre mondiale, les deux tiers des Japonais se disent favorables à la formation d'un gouvernement d'union nationale.


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  • Des riverains d'une autre centrale endommagée, à Onagawa, ont commencé à fuir la zone sans attendre des consignes d'évacuation.


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  • Un potentiel pire que Tchernobyl

    Quelle menace représente aujourd'hui Fukushima Daiichi ?

    La menace est très grave car elle est plus importante que Tchernobyl en potentiel et avec ces cinq réacteurs touchés, nous sommes confrontés à un processus dont personne ne peut dire aujourd'hui comment il se finira. Pour l'heure, il y a déjà eu des rejets importants puisque certains scientifiques estiment que Fukushima Daiichi a déjà rejeté au moins 10 % de ce que Tchernobyl avait émis. La « chance » du Japon, c'est que ces rejets sont pour l'essentiel partis vers l'océan, sinon, le Japon serait déjà rayé de la carte.

    Face à une telle catastrophe, les mesures prises vis-à-vis des populations sont-elles suffisantes ?

    Les mesures sont clairement insuffisantes. Si les Américains ont évacué leurs ressortissants à 80 km de la centrale, c'est qu'ils ont une raison. Les Japonais, eux, ont choisi de ne pas évacuer au-delà de 20 kilomètres. Des millions de personnes sont donc à la merci de la radioactivité et d'autant plus que le Japon ne contrôle plus rien, il ne fait que constater des événements sur lesquels il n'a plus aucune maîtrise et plus le temps passe, moins il maîtrise.

    Fukushima Daiichi sonne-t-il la fin de l'énergie nucléaire ?

    Il est encore trop tôt pour le dire mais lorsque tout cela sera fini, il faudra tout mettre sur la table. Certains pays comme l'Allemagne ou la Suisse ont déjà tiré la leçon en décrétant un moratoire. Il est intéressant de noter, aussi, que les États-Unis ont arrêté de construire des centrales nucléaires dès 1979. Aujourd'hui, du côté des pays émergents, où le nucléaire était en expansion, ce sont l'Inde et la Chine qui se posent des questions. La France, elle, reste droite dans ses bottes et ne veut pas de référendum. Ce n'est pas correct. Mais au-delà, il est indispensable d'évoluer désormais vers une gestion planétaire du nucléaire. Est-ce que cette industrie complexe et fragile peut cohabiter avec les risques naturels et le terrorisme ? C'est d'abord cette question que les citoyens devront trancher et non pas des décideurs anonymes.


    Nouveau sarcophage à Tchernobyl

    Alors que le monde a les yeux rivés sur la centrale de Fukushima, Tchernobyl continue de souffrir, 25 ans après l'explosion de son réacteur. Au printemps 1986, au péril de leur vie, quelque 200 000 liquidateurs - dont 25 000 seraient morts aujourd'hui - ont déposé un sarcophage géant sur le réacteur endommagé afin de stopper les importantes fuites radioactives. Aujourd'hui, ce sarcophage présente des fissures et de faibles rejets radioactifs ont été constatés aux alentours. Tchernobyl a donc plus que jamais besoin du nouveau sarcophage prévu depuis 2007. Celui-ci sera construit par le consortium français Novarka (composé de Bouygues Travaux Publics et de Vinci Construction Grands Projets), qui avait remporté l'appel d'offre il y a quatre ans. Problème, l'enceinte géante - une arche de 108 mètres de hauteur, pesant 20 000 tonnes - est en mal de financements : les autorités ukrainiennes viennent d'annoncer qu'il leur manque 600 millions d'euros pour financer les travaux d'un montant total de 1,54 milliard d'euros (dont 990 M€pour le sarcophage)… La crise au Japon va peut-être faire accélérer les choses. En tout cas, la date de la fin du chantier, commencé en août dernier, a été repoussée de 2012 à 2015.


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  • Les liquidateurs japonais pensent qu'ils vont mourir dans quelques semaines

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    «Ils sont arrivés à la conclusion qu'il est inévitable que certains d'entre eux meurent d'ici quelques semaines, ou quelques mois. Ils savent que c'est impossible qu'ils n'aient pas été exposés à des doses létales de radiation.» C'est ainsi que la mère d'un des liquidateurs de la Fukushima 50, cette équipe d'ouvriers qui tente d'empêcher la fonte des quatre réacteurs endommagés lors du tremblement de terre et du tsunami du 11 mars, rapporte les propos de son fils.

    Au téléphone avec un interprète, c'est en larmes que cette femme révèle ces informations à Foxnews.

    «Il m'a dit qu'ils ont tous accepté le fait qu'ils vont probablement mourir des suites des radiations, soit dans le court terme, soit d'un cancer sur le long terme.»

    La mère du liquidateur s'est exprimée sous anonymat: d'après elle, on aurait demandé aux liquidateurs de ne pas communiquer avec les médias et avec leurs familles, afin de ne pas déclencher la panique. Elle n'a pas pu indiquer si les liquidateurs souffrent déjà de malaises en raison des radiations auxquelles ils sont exposés.

    La Tokyo Electric Power Company (Tepco) affirme qu'une équipe médicale conduit des examens réguliers sur ses ouvriers pour détecter les éventuels signes de malaise liés à la contamination radioactive. Depuis le début des opérations, plusieurs ouvriers se sont blessés sur le site: trois d'entre eux ont été hospitalisés après avoir marché dans une flaque d'eau fortement radioactive, explique BBC News.

    Ces liquidateurs qui sacrifient leur vie pour leur patrie attirent l'attention des médias depuis qu'ils s'activent dans la centrale de Fukushima Dai-ichi. Gizmodo a ainsi publié des photographies et une vidéo prises par les ouvriers de l'intérieur du réacteur 3. Ces photographies, d'une qualité assez basse (probablement prises à l'aide d'un téléphone portable) montrent les ouvriers, toujours affairés autour des réacteurs, ainsi que l'intérieur du réacteur 3 en partie dévasté.


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  • FUKUSHIMA (suite 26) LA SITUATION RESTE TRES GRAVE

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    Samedi 2 avril. 12H. Dans cette crise majeure de Fukushima, chaque mot compte. Surtout quand l’attention du public risque de se relâcher, car cela fait exactement 3 semaines que tout a commencé ! Ainsi, hier,  le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Yukiya Amano, peu suspect d’être un anti-nucléaire notoire, estimait que la situation dans la centrale « reste très grave ». De son côté, en France, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) jugeait que « l’état des réacteurs 1 à 3 reste très préoccupant ».

    Ce n’est effectivement pas parce qu’on ne voit plus d’explosions sur les écrans de télévision ni de rotation d’hélicoptères des Forces d’auto-défense japonaises (l’armée japonaise) jeter de l’eau sur les piscines de combustible usagé que tout est réglé, loin de là.

    Dimanche, nous avions révélé dans ce blog (1) un document d’Areva incriminant de façon ciblée le réacteur n°2, montrant comment, par le bas de l’enceinte de confinement endommagée, pouvaient s’échapper divers produits de fission radioactif, entraînés notamment par l’eau employée pour refroidir le cœur du réacteur. Et c’est justement autour du réacteur n°2 qu’une grande attention s’est à nouveau concentrée ces dernières heures. A été annoncée, en effet, la découverte par des travailleurs d’une fissure d’environ 20cm affectant une tranchée bétonnée par laquelle passent des câbles reliés aux pompes puisant l’eau (quand elles marchent) dans la mer. Au-dessus de cette fissure, le dégagement de radioactivité est puissant, 1000 millisieverts/h (propos de Hidehiko Nishiyama, vice directeur général de l’agence de sûreté nucléaire japonaise NISA). Mais à l’heure qu’il est, on en est réduit à se demander si cette découverte (première fissure annoncée officiellement) peut expliquer à elle seule l’incessante montée de radioactivité relevée dans la mer.  

    Une chose semble sûre, l’information sur ce qui se passe réellement actuellement dans la centrale risque d’être de plus en plus difficile à obtenir car le dispositif international a changé ces derniers jours. Non seulement des experts d’Areva se sont rendus au Japon, ce qui a frappé les esprits en France, mais de très nombreux experts américains sont également sur place. Comme le rappelle l’IRSN, l’opérateur de la centrale TEPCO « est maintenant assisté à la fois du concepteur des réacteurs (General Electric) et de la NRC, l’autorité de sûreté américaine. » Sans oublier l’arrivée de 140 « Marines », d’un corps spécialisé en cette occurrence dans la lutte anti radiations, le Chemical Biological Incident Response Force (lutte contre les incidents chimiques et biologiques et aussi nucléaires bien que son nom ne le précise pas).

    Où interviendront-ils exactement ? Dans les zones de bord de mer très contaminées ? Dans la zone d’exclusion où des cadavres n’ont pas pu être dégagés, ce qui choque profondément la population japonaise.

     

    Jusqu’où aideront-ils TEPCO dans ses efforts pour éliminer l’eau radioactive (en particulier dans les bâtiments des turbines) qui empêche toute remise en marche de circuits « habituels » de refroidissement ? Ou pour mettre en place cette « île flottante artificielle » annoncée par TEPCO (rapporté par Kyodo news) déjà rebaptisée « megafloat » afin d’y injecter et conserver l’eau polluée par la radioactivité. On se demande bien à quoi cela pourra ressembler (plusieurs séries de barges ?)

    La gestion actuelle de la catastrophe – et le manque d’informations claires qui pourrait bien en résulter – est absolument cruciale pour tous les pays (et leurs opérateurs) possédant des centrales nucléaires. L’onde de choc de cette catastrophe s’est déjà fait sentir… en Allemagne. Et on ne peut que s’interroger : comment vont réagir les autorités américaines ? On sait que le ministère de l'éenregie, le physicien et prix Nobel Steven Chu, auprès d’Obama, l’avait poussé à reprendre une stratégie pro-nucléaire. On sait les affirmations immédiates du président français Nicolas Sarkozy dès les débuts de la catastrophe de poursuivre la voie nucléaire française – le gouvernement promettant néanmoins quelques jours plus tard un audit sur les centrales.

    Rappelons, pour mémoire, que les Américains, dans les premiers jours de la catastrophe, se sont montrés extrêmement inquiets à propos des piscines contenant le combustible usagé (2), et d’une certaine façon un peu moins sur l’évolution des cœurs de réacteur (influencés par leur vision rétrospective de Three Mile Island [ ?] où les rejets radioactifs dans l’environnement étaient demeurés limités]. Cette inquiétude demeure outre-Atlantique (même si les piscines de Fukushima semblent correctement refroidies pour l’instant) et elle provoque des échanges assez rudes chez les spécialistes (notamment envers l'actuel président de la NRC). L’  « Union of concerned scientists » fait remarquer qu’aux Etats-Unis, les piscines de combustible usagé sont encore plus pleines qu’elles ne le sont au Japon ! Un audit de trois mois a été lancé pour réexaminer à la fois l’état des réacteurs et celle des piscines afférentes. Avec une interrogation majeure à la clé, qui fait le débat : faut-il continuer à garder ces barres de combustible (si dangereuses si elles ne sont plus refroidies et étaient mises à l’air) dans des piscines proches des réacteurs, ou faut-il les entreposer dans des lieux prévus à cet effet, des entreposages à sec – jugés par certains plus fiable. Pour mémoire, il y aurait 65 000 tonnes de combustible usagé à gérer aux Etats-Unis… Il est clair qu’une « bonne » gestion de ce grave problème des piscines (3) mis en exergue par la catastrophe de Fukushima, est cruciale, notamment pour les Américains. « L’acceptabilité » du nucléaire outre-Atlantique peut reposer en grande partie sur cette question.

    Non, nous n’avons pas fini d’entendre parler de Fukushima, même s’il est à craindre qu’il sera de plus en plus difficile d’obtenir des informations précises – quid des mesures de la radioactivité en mer en particulier ? En attendant, n’oublions pas que les opérations continuent dans les réacteurs même où les cœurs ont fondu (là aussi, les appréciations sur les niveaux de fonte varient, entre 70% pour le réacteur 1 par Steven Chu, cité par le New York Times, et 30% pour le réacteur 2…). Vu la chaleur qui continue d’être dégagée par le combustible, vu les réactions chimiques qui continuent de s’y produire (avec dégagement d’hydrogène), il est prévu l’injection d’azote dans les enceintes afin de prévenir toute nouvelle explosion (l’azote est un gaz inerte, contrairement à l’oxygène qui favorise les explosions). Et il faut continuer à refroidir, refroidir, refroidir. Une catastrophe qui dure, notre société de l'éphémère et de l'info en continu est-elle capable de l'envisager ? De la suivre et de la comprendre ? C'est aussi une des questions fondamentales qui se pose aujourd'hui à nous. Aux politiques, aux entreprises, aux médias, à l'opinion... Fukushima sera un révélateur.

     

    1) http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2...

    http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2...

     

    2) http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2...)

     

    3) Citons à nouveau, comme nous l’avions fait dans le blog du 17 mars, ce rapport éloquent de la NRC, Safety and security of commercial spent nuclear fuel storage  http://www.nap.edu/catalog.php?record_id=11263


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  • ESTIMATION PRELIMINAIRE DES NIVEAUX DE RISQUE PAR LA CRIIRAD

    Sur la base des éléments qu’elle a pu collecter, la CRIIRAD considère que :

    · le risque d’irradiation[1][1] par les masses d’air contaminé sera négligeable (les personnes qui disposent d’un radiamètre ne devraient pas mesurer d’augmentation du bruit de fond ambiant mais nous invitons les personnes qui sont équipées à le vérifier : une mesure vaut mieux qu’une prévision) ;

    · le risque associé à l’inhalation des aérosols et halogènes radioactifs présents dans l’air devrait être très faible (voir note)[2][2] . Les calculs de dose précisés ci-dessous indiquent que la mise en œuvre de contre-mesures, notamment la prise de comprimés d’iode stable[3][3], n’est pas justifiée.

    Nous avons essayé d’estimer les niveaux de dose résultant de l’inhalation des radionucléides dont la présence est documentée : césium 137, césium 134, iode 131, iode 132, iode 133 et tellure 132.

    Le premier calcul a été conduit pour une activité de 1 mBq/m3 pour le césium 137 (estimation donnée par l’IRSN) et de 125 mBq/m3 pour l’iode 131 (sur la base du rapport isotopique mesuré par TEPCO devant la centrale de Fukushima Daiichi le 19 mars 2011 à 12h - heure locale). Le calcul a été effectué en supposant que les panaches radioactifs restent présents sur la France pendant 1 semaine et sans que leur activité diminue.

    Conclusion : une personne (adulte ou enfant) qui respirerait l’air contaminé 7 jours durant, recevrait une dose de rayonnement inférieure à 1 µSv, soit un niveau de dose négligeable ;

    En prenant une marge de sécurité par rapport à l’évaluation de l’IRSN (soit 10 mBq/m3 en césium 137 au lieu de 1 mBq/m3), les doses s’élèvent à 2 µSv pour l’adulte et à 8 µSv pour l’enfant.

    · le risque d’irradiation des personnes par les produits radioactifs déposés sur les sols sera négligeable, n’induisant aucune augmentation mesurable du bruit de fond ambiant (là encore ceci pourra être facilement vérifié par des mesures radiamétriques) ;

    · le risque lié à l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par les retombées radioactives devrait rester limité.

    Le laboratoire de la CRIIRAD évaluera le plus rapidement possible les quantités de radioactivité déposées au sol (dépôts sec et dépôts liés aux précipitations) afin de vérifier les ordres de grandeurs attendus dans les aliments et de donner, si nécessaire, des conseils adaptés.

    En conclusion, le passage des masses d’air contaminé sur la France ne doit pas générer trop d’inquiétude. Cependant, compte tenu du manque crucial de données, la CRIIRAD est contrainte de laisser certaines affirmations au conditionnel. Ceci devrait pouvoir être corrigé très rapidement.

    Son laboratoire a procédé, dès aujourd’hui, sur plusieurs de ses balises à des prélèvements de filtres à poussières et de filtres à charbon actif afin de vérifier que l’air que l’air que nous respirons n’est pas encore contaminé.

    Les premiers résultats, qui concernent la balise implantée à Romans-sur-Isère, dans la Drôme, confirment l’absence de contamination mesurable dans l’air jusqu’à la date du prélèvement, le lundi 22 mars 2011 à 10 heures : pas de césium 137 dans le filtre aérosols, ni d’iode 131 dans la cartouche à charbon actif.

    Ces contrôles seront intensifiés dans les jours à venir de façon à confirmer aussi rapidement que possible (et le cas échéant à corriger) les informations rassurantes données ci-dessus.

    Si les conditions météorologiques le permettent, seront également effectuées des analyses d’eau de pluie qui renseigneront sur l’ordre de grandeur des dépôts au sol. Dans tous les cas, il sera procédé à des mesures des dépôts secs afin de vérifier le niveau de risque pour la chaîne alimentaire.

    Rappelons que la contamination des aliments type lait, fromage, viande ne s’effectue qu’avec un certain délai : la CRIIRAD disposera d’ici là de données chiffrées et tous les résultats seront rendus publics.

    22 03 2011
    CRIIRAD
    471 avenue Victor Hugo
    26000 Valence


    E-mail :

    communication@criirad.org



    [1][1] Il s’agit de l’exposition des personnes aux rayonnements émis par les produits radioactifs présents dans les panaches et qui se désintègrent. Un peu comme on peut être exposé aux rayonnements ultra-violets émis par le soleil. Il n’y a pas d’incorporation de produits radioactifs ;
    [2][2] Sous réserve cependant que les radionucléides significatifs sur le plan dosimétrique, mais qui n’ont pas fait l’objet de mesures, restent dans les rapports attendus. Il s’agit notamment des isotopes du strontium et du plutonium.
    [3][3] En revanche, le contexte actuel peut amener chacun à réfléchir à l’équilibre de son régime alimentaire et à vérifier s’il n’est pas carencé en iode (la thyroïde a besoin d’iode stable pour fabriquer les hormones nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme). Rappelons également que lorsque la thyroïde est carencée en iode, elle fixe d’autant plus l’iode radioactif.


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  • FUKUSHIMA (suite 25) INQUIETUDES DE PHYSICIENS ASIATIQUES2

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    Vendredi 1er avril. 18h40. Voici la traduction, comme promis dans le blog du mardi 29 mars (FUKUSHIMA (suite22) INQUIETUDES DE PHYSICIENS ASIATIQUES (1)) de la tribune récemment écrite par trois physiciens spécialistes du nucléaire (notamment en matière de sécurité et d’armement) et titrées « Leçons de Fukushima », parue à l'origine sur le site http://www.dawn.com/2011/03/27/fukushima-lessons.html.

    Les leçons de Fukushima

    par A.H. Nayyar, M.V. Ramana & Zia Mian

     

     Le séisme et le tsunami survenus en mars au Japon ont déjà fait plus de  10 000 morts, et quelque 17 500 personnes sont toujours portées disparues.

    Cette catastrophe a été aggravée par la menace persistante de contamination radioactive étendue due aux  accidents survenus dans les quatre réacteurs nucléaires sur le site de Fukushima-Daiichi et les piscines contenant  leur combustible nucléaire usagé encore chaud et intensément radioactif. Quand bien même cet accident nucléaire arriverait à être jugulé, il est porteur de nombreuses leçons pour l’Asie du Sud.

    L’Asie du Sud dépend de plus en plus du nucléaire pour son énergie. L’Inde possède 20 réacteurs nucléaires en activité, plusieurs autres sont en cours de construction et il est prévu que leur nombre augmente largement dans les décennies à venir. Le Pakistan possède deux centrales nucléaires en activité, la construction d’une autre est quasiment terminée et de nombreuses autres sont prévues dans  les 20 prochaines années. Les deux pays ont également des réacteurs dans le cadre de leur programme d’armement nucléaire. Le Bangladesh et le Sri Lanka ont pour projet de construire leurs premiers réacteurs nucléaires.

    La première leçon, formulée à l’intention du public et des décideurs d’Asie du Sud, est que   les autorités nucléaires sous-estiment   la probabilité et la gravité des accidents possibles. Les réacteurs de Fukushima n’étaient pas prêts à faire face à  un séisme et un tsunami d’une telle ampleur. Un mois avant l’accident, la centrale de Fukushima avait reçu l’autorisation  de fonctionner 10 années de plus. La compagnie Tokyo Electric Power (TEPCO), l’entreprise propriétaire et opérateur des réacteurs, l’agence japonaise de sûreté nucléaire et le gouvernement japonais s’étaient tous persuadés que  les réacteurs ne présentaient aucun danger.

    Les autorités nucléaires d’Asie du Sud manifestent visiblement la même confiance. Après l’accident survenu au Japon, S.K. Jain, président de la Nuclear Power Corporation indienne a déclaré : “En Inde, nous possédons une connaissance totale des activités sismiques. Nous avons pris en compte dans nos conceptions les pires événements sismiques et tsunamis.” Les autorités nucléaires japonaises ont sans aucun doute pensé la même chose avant Fukushima.

    De même, la  Commission pakistanaise de l’énergie atomique a déclaré que la sûreté de ses réacteurs était contrôlée par des experts étrangers, notamment ceux de la  World Association of  Nuclear Operators (WANO), ce qui n’est pas fait pour rassurer : la Tokyo Electric Power Company (TEPCO) est membre de la World Association of Nuclear Operators.

    La deuxième leçon est que les catastrophes naturelles extrêmes ne font qu’augmenter la probabilité  d’accidents nucléaires. Les accidents de Tchernobyl en Union soviétique en 1986, de Three Mile Island aux Etats-Unis en 1979, de Windscale au Royaume-Uni en 1957 et de Chalk River au Canada en 1952 n’ont pas été déclenchés par des catastrophes naturelles.

    Les séismes augmentent la probabilité d’accidents de réacteurs parce qu’ils perturbent simultanément le fonctionnement d’une bonne partie des éléments de la centrale. Ils paralysent de nombreux systèmes de sûreté ou engendrent de multiples défaillances. Inondations et incendies présentent une menace. C’est un incendie qui provoqua en 1993 la panne générale d’électricité de Narora, quand l’Inde frôla de très près un accident nucléaire majeur.

    La troisième leçon est que les  accidents nucléaires sont le résultat de la nature même de la technologie nucléaire. Ils ne résultent pas nécessairement de faiblesses technologiques ni de l’absence d’opérateurs compétents. Le Japon est un pays qui dispose d’une immense expertise en matière de technologie nucléaire. La catastrophe de Tchernobyl, les accidents de Three Mile Island, Windscale et Chalk River se sont tous produits dans des pays regorgeant d’expertise nucléaire.

    Quatrième leçon, nulle conception de réacteur  ne peut prétendre assurer une sûreté totale. L’accident de Fukushima a eu lieu dans un réacteur à eau bouillante. Les cinq accidents les plus graves, antérieurs à celui de  Fukushima, se sont produits dans des réacteurs tous de conception différente. Des accidents se sont également produits dans des réacteurs expérimentaux, comme les surgénérateurs dans lesquels les autorités nucléaires indiennes sont en train d’investir.

    Cinquième leçon, augmenter les dépenses en matière de sûreté ne peut empêcher la combinaison de petites défaillances capables de  déclencher une catastrophe, et peut entraîner de nouveaux problèmes. Dans les réacteurs de Fukushima, de nombreuses défaillances des systèmes de sûreté se sont produites, certaines pour des raisons encore inexpliquées. Anticiper toute défaillance éventuelle et multiplier les systèmes auxiliaires de sécurité rendrait les réacteurs encore plus compliqués, en augmentant le nombre de leurs éléments susceptibles de tomber en panne, et encore plus coûteux à construire.

    Sixième leçon, les réacteurs nucléaires et les gens ne font pas bon ménage. Les gens peuvent être à l’origine d’accidents et les accidents ont une incidence sur les gens. L’erreur humaine chez les opérateurs a joué un rôle dans les accidents de Tchernobyl et Three Mile Island. Les ouvriers de Fukushima n’ont cessé d’être exposés à des niveaux de radiation élevés durant leur combat pour reprendre le contrôle des  réacteurs et des piscines de combustible usagé. Près de 200 000 personnes vivant dans un rayon de  20 km autour des réacteurs de Fukushima ont été évacuées ; les personnes habitant à une distance  de 20 à 30 km ont eu pour consigne de rester calfeutrées chez elles pour éviter la radioactivité. Les Etats-Unis ont dit à leurs ressortissants  se trouvant dans la  zone de s’éloigner de 80 km au moins du réacteur. On a découvert des aliments et de l’eau contaminés à 250 km du site. De faibles traces de radioactivité ont été détectées sur la côte ouest des Etats-Unis, à 8 000 km de là, après avoir traversé l’océan Pacifique.

    En Asie du Sud, certains réacteurs sont proches des grands centres urbains ou de fleuves dont les eaux sont utilisées pour l’alimentation en eau potable et pour l’agriculture irriguée. La centrale nucléaire de Karachi au Pakistan, par exemple, est implantée sur le littoral et elle est  vulnérable aux séismes et aux  tsunamis. Construit il y a plus de 40 ans, le réacteur était au départ éloigné de la ville. Actuellement, on trouve de grands ensembles à tout juste 20 km du site de la centrale. Le nord de Karachi reçoit la brise marine qui survole la centrale nucléaire. En cas d’accident, il est inconcevable que l’on puisse évacuer rapidement et en toute sécurité tous les habitants dans un rayon de 80 km autour du réacteur de Karachi.

    Dans le monde entier, les gens repensent l’énergie nucléaire. Après Fukushima, la chancelière allemande Angela Merkel, a fait remarquer que « lorsque… ce qui est apparemment  impossible devient possible et ce qui est absolument improbable, une  réalité, alors la situation change ». Elle a annoncé une « sortie mesurée » de la dépendance énergétique au nucléaire, ce qui implique la fermeture des 17 réacteurs que compte l’Allemagne. Plus l’Asie du Sud attendra, plus la construction de réacteurs augmentera  et plus il sera difficile de changer de cap.

    A.H. Nayyar est professeur de physique associé à l’université LUMS de Lahore. M.V. Ramana et Zia Mian sont physiciens ;  ils collaborent  au Programme science et sécurité mondiale, à l’université de Princeton, Princeton, E.-U.


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  • Il en va de la survie de l'espèce humaine.

    article de JP Petit source

    A Tchernobyl, les Russes ont très vite pris des mesures énergiques, et dramatiques, pour maîtriser la situation. Après quelques heures de léthargie et d'incrédulité à Moscou, les ingénieurs délégués sur les lieux ont pris la mesure de la situation et agi en conséquence. Trente heures après le déclenchement de la catastrophe les 45.000 habitants de la ville de Pripyat, située à 3 km de la centrale, ont été évacués en bon ordre en 3 h 30 dans mille autobus.

    Les Russes ont sacrifié de 600 à mille pilotes d'hélicoptères pour larguer des sacs de sable et de bore dans la gueule du monstre (un trou de dix mètres de diamètre, qui imposait une approche à basse altitude, à 100 mètres au dessus). Les occupants de l'hélicoptère devaient alors lâcher leur charge. Ils ont tous été mortellement irradiés.

    Ca n'est que quand une masse énorme de sable, de béton, de bore et de plomb a pu être déversée que les émanations ont cessé. Mais pas la radioactivité émise par les très nombreux débris. Les vapeurs de plomb ont aussi causé de nombreuses affections dans la population (simple remarque : nos polytechniciens, pour remplacer le dangereux sodium fondu (5000 tonnes), fluide caloporteur des surgénérateurs à neutrons rapides, ces "réacteurs de IV° génération" suggèrent de refroidir le coeur, une tonne de plutonium, par une quantité équivalente de ... plomb fondu).

    Où en sont les Japonais ? Il est exclu qu'ils puissent récupérer les unités de leur centrale. Que va-t-il se passer ? Si les cuves fuient, les éléments radioactifs vont diffuser dans les bâtiments, très dégradés. La chaleur entraînera une émission peu spectaculaire, mais transportant à distance des quantités croissantes de radioéléments.

    Ces radio-nucléides divers et variés ont déjà fait le tour de la Terre. A terme il semble que la seule solution sera la mise sous sarcophage, étant donné que les réacteurs sont déjà inapprochables à cause de la forte radioactivité. Prendre cette décision serait un aveu d'échec pour les Japonais. Non pas d'échec devant cette situation, mais d'échec de leur technologie, de leur politique de l'énergie, de leur mode de vie. Le pays entier cohabite avec 54 réacteurs nucléaires, dont l'entretien et la conception ont déjà fait l'objet de nombreuses critiques. Condamner les réacteurs de Fukushima entraînerait une crise de confiance du peuple japonais, qui ne dispose d'aucune ressource énergétique de remplacement. Les enjeux économiques, sociaux, humains sont considérables.

    Il est possible que les autorités japonaises, qui ont souvent fait montre d'incompétence et de manque de détermination, laissent courir au point où :

    - La situation risque de devenir cauchemardesque au plan local.

    - La pollution nucléaire prenne une ampleur dommageable à l'échelle de l'ensemble de la planète.

    Quoiqu'il en soit, pour moi, la conclusion s'impose comme une évidence. Il faut abandonner le nucléaire et développer, sans attendre et dans l'urgence des énergies de remplacement. C'est faisable

    Il en va de la survie de l'espèce humaine.

    Je sortirai sur ce sujet un article de 10 pages dans le prochain numéro de Nexus, qui est déjà en route (il sera dans les kiosques en mai prochain). Je finis d'écrire une suite, qui sera publiée dans le même numéro et qui désigne de véritables solutions. C'est à dire la mise en place de sources d'énergie de remplacement à une échelle réellement planétaire. Il ne s'agit pas, par exemple, de placer des capteurs solaires et des éoliennes sur le toit des maisons et d'utiliser des ampoules de basse consommation, mais d'aller par exemple chercher l'énergie solaire là où elle se trouve et de l'acheminer à grande distance, sous haute tension, en .. courant continu. Il ne s'agit nullement d'une spéculation, mais de l'application de techniques déjà en place de longue date, dans différents pays. Au Canada l'acheminement du courant produit par des barrages situés dans le nord se fait sur 1400 km. La société Siemens finit de construire pour le compte de la Chine une liaison qui reliera le barrage des Trois Gorges aux régions côtières, via une connexion par courant continu. Puissance : 5000 MW. Une liaison par câble sous-marin permet déjà d'envoyer 1000 mégawatts de la France vers l'Angleterre. Mais le record se réfère à une liaison Danemark Norvège, avec 450 km de câble sous marin. Vous lirez tout cela dans mon article. Il s'agit d'aller puiser au plus vite dans la masse des énergies de remplacement que la Nature met à notre disposition en abondance. L'abandon du nucléaire s'impose. Le plus tôt sera le mieux.

    Il n'est pas trop tard, mais il est temps.

    La CRIIRAD a détecté de l'iode 131 en Drôme-Ardèche, dans de l'eau de pluie. Voici l'adresse de la vidéo montrant l'animation de Météo-France, concernant le dispersion de la masse d'air porteuse de radioactivité.

     

     http://www.irsn.fr/FR/popup/Pages/irsn-meteo-france_19mars.aspx

     

    Cette séquence est éloquente et montre que celle-ci a diffusé dans tout l'hémisphère nord.

     

    météo france 1

     

    La masse d'air charriant des poussières radioactives a déjà recouvert tout l'hémisphère nord

     

    Le rapport d'analyse et les commentaire de la CRIIRAD en date du 29 mars 2011

    Les gens reçoivent des paroles rassurantes, concernant la pollution par des éléments radioactifs. On leur brandit des chiffres, que l'on qualifie de très modérés, voire insignifiants. Mais le risque principal réside dans l'inhalation d'une poussière, ou son ingestion, suivis de sa fixation dans le corps de la personne. Là est le risque majeur : porter cet élément radioactif en soi, dans son corps.

    On peut mourir en vivant dans une région où la radioactivité ambiante semble faible, simplement parce qu'on a absorbé un débris poussiéreux microscopique, au mauvais moment.


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  • Fukushima : de l'iode radioactif dans le lait jusqu'aux Etats-Unis

    Par TF1 News (d'après agence), le 31 mars 2011 à 07h22, mis à jour le 31 mars 2011 à 07:28

    Dossier : Le Japon après le séisme

    Des traces d'iode radioactif, qualifiées "d'infimes", ont été décelées dans un échantillon de lait dans l'Etat de Washington. En Chine, des traces de radioactivité dues à la crise de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima sont désormais mesurables sur tout le territoire.

     

     

    Depuis le début de la crise de la centrale nucléaire de Fukushima, de nombreux produits radioactifs, principalement de l'iode et du césium, ont été "lessivés" par les milliers de tonnes d'eau qui ont été déversées par les secours pour refroidir les installations, et emportés jusqu'au Pacifique tout proche. Un phénomène aggravé par les "fuites" probables de matériaux hautement irradiés hors de l'enceinte de confinement, qu'a reconnues l'Agence de sûreté nucléaire japonaise. Selon l'opérateur Tepco et les experts de la sécurité nucléaire, cette radioactivité relâchée dans la mer se dilue avec les marées et le risque sur les algues et les animaux marins n'est pas important. Mais d'autres spécialistes estiment que si ces rejets radioactifs dans l'océan Pacifique seront sans conséquence majeure à l'échelle planétaire, ils pourraient avoir un impact notable, voire durable, sur la vie marine au large de la centrale japonaise. D'autant plus que ces fuites se poursuivent, sans que les techniciens parviennent à les maîtriser. En témoignent les taux de radioactivité sans cesse en hausse dans l'océan au large de la centrale.

    L'agence de sûreté nucléaire japonaise a indiqué jeudi que cette radioactivité en mer était désormais 4385 fois supérieure à la limite admise. Mercredi, ce taux de radioactivité était supérieur de 3355 fois à cette limite. Dimanche, de 1850 fois. Les zones entourant la centrale ne semblent pas épargnées : l'agence japonaise a suggéré au gouvernement d'envisager d'étendre la zone d'évacuation décrétée autour de la centrale accidentée. Pour l'heure, les habitants ont été évacués dans un rayon de 20 km autour de l'installation. Mais l'Agence internationale de l'énergie atomique a fait savoir mercredi que la radioactivité enregistrée à Iitate, un village situé à 40 km de la centrale, dépassait l'un des critères retenus pour l'évacuation des habitants. Le Premier ministre Naoto Kan, auquel est reprochée une gestion médiocre de la crise la plus grave qu'ait affrontée le pays depuis 1945, a dit d'ores et déjà envisager d'élargir la zone d'évacuation pour contraindre 130.000 habitants à partir, en plus des 70.000 qui ont déjà été déplacés.

    Tout le territoire chinois concerné

    Et les effets de cette crise sont mesurables à l'étranger. Presque tout le vaste territoire chinois enregistre désormais des niveaux de radioactivité provenant de la centrale nucléaire accidentée au Japon, mais "extrêmement faibles" et ne présentant pas de risques sanitaires, selon le gouvernement chinois. Des traces qualifiées "d'infimes" d'iode radioactif ont aussi été décelées dans un échantillon de lait dans l'Etat de Washington, situé sur la côte ouest des Etats-Unis. Les agences sanitaires américaines soulignent que l'iode 131 a une période (ou demi-vie) très courte, d'une huitaine de jours, et que le niveau décelé dans le lait devrait de ce fait diminuer relativement vite. L'iode 131 peut être dangereux pour la santé parce qu'il est absorbé aussitôt par la glande thyroïde, où il peut provoquer un cancer.

    Appelée à la rescousse, la France a envoyé des experts nucléaires. De son côté, Anne Lauvergeon, président du directoire d'Areva, qui est arrivée mercredi au Japon, tient ce jeudi une conférence de presse à Tokyo. Elle s'est rendue au Japon afin d'évaluer l'aide que le groupe français pourrait apporter à Tepco, l'exploitant de la centrale. Le président français Nicolas Sarkozy, qui était en visite en Chine mercredi et jeudi, est attendu dans la journée au Japon.


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