• Yes, we can !

    Yes, we can !

    par Jim Lobe

    Que reste-t-il des espoirs levés par Obama ? Escalade de la guerre en Afghanistan, absence de progrès au Proche-Orient, échec du sommet de Copenhague, impasse de la tentative d’ouverture avec l’Iran, regain de violence en Irak, déception dans le monde arabe mais aussi en Amérique du sud, tensions croissantes avec la Chine, remise en cause de l’alliance stratégique par Tokyo, le paysage diplomatique de la Maison Blanche s’est considérablement assombri en l’espace d’un an. Analyse de Jim Lobe.

    IPS News

    Au Moyen-Orient et en Asie du Sud, où ont été déployés l’essentiel des efforts en politique étrangère depuis son investiture il y a un an, Obama n’a réalisé que peu ou pas de progrès dans deux de ses principales priorités régionales : une action résolue vers une solution à deux Etats dans le conflit israélo-palestinien et une stabilisation de l’Afghanistan.

    Et tandis qu’il a respecté son calendrier pour un désengagement graduel des troupes américaines d’Irak, les récentes évolutions politiques sur place – y compris l’interdiction faite à quelque 500 hommes politiques principalement sunnites de se présenter aux élections de mars, ainsi que les attentats meurtriers de cette semaine au coeur de Bagdad – ont souligné la fragilité des progrès qui y ont été réalisés.

    De même, Obama a réussi à repousser les pressions exercées par Israël et ses puissants soutiens politiques aux Etats-Unis en faveur d’une politique de confrontation avec l’Iran. Toutefois, on ignore s’il pourra continuer dans cette voie, surtout en l’absence d’une réponse conciliante du régime combatif et divisé en place à Téhéran, tout comme d’un comportement plus unitaire des autres membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, notamment la Russie et la Chine.

    Bien que les défis dans le monde islamique – pour la plupart hérités de la politique désastreuse de son prédécesseur, George W. Bush – vont assurément rester sur le devant de la scène de la politique étrangère lors de la deuxième année à la présidence Obama, l’ Asie, en particulier les relations avec le Japon et la Chine, devient également une zone de préoccupations importantes – et potentiellement encore plus lourdes de conséquences.

    Tout comme le soutien populaire dont jouit Obama, bien que restant encore plus élevé que toute autre personnalité politique américaine, a diminué par rapport à ses premiers mois au pouvoir, l’énorme bienveillance suscitée à l’étranger par son élection semble se dissiper – quoique beaucoup plus progressivement.

    La conclusion décevante du Sommet de Copenhague sur le climat, où l’Europe a été littéralement exclue de la négociation finale – associée à l’escalade militaire d’Obama en Afghanistan et aux pressions incessantes sur les alliés membres de l’OTAN pour qu’ils y accroissent leurs engagements – ont souligné dans nombre de nations du « Vieux Monde » que la politique américaine était plus marquée par la continuité que par le changement, en dépit du passage de relais à la tête de l’Etat.

    L’étoile d’Obama semble même pâlir en Amérique latine, où sont déçues les grandes attentes d’ouverture d’une nouvelle ère dans les relations entre les deux hémisphères.

    Les vieux ressentiments ont ré émergé du fait de la timidité de ses mesures d’allègement de l’embargo contre Cuba que Washington impose depuis 50 ans, du manque de concertation dans les négociations ouvrant l’accès à des bases militaires en Colombie, et de son abandon brutal de sa demande initiale de rétablissement dans ses fonctions du président hondurien Manuel Zelaya après le coup d’Etat militaire de juin dernier.

    Le fait qu’Obama entre dans sa deuxième année au pouvoir dans une position politique affaiblie sur le plan intérieur – l’exemple le plus récent de cet affaiblissement ayant été spectaculairement apporté par la perte dans le Massachusetts la semaine dernière d’un siège Démocrate critique au Sénat – réduira presque certainement sa liberté d’action sur la scène internationale.

    Sans une majorité absolue dans la chambre haute, il sera sensiblement plus difficile d’obtenir une loi ambitieuse de réduction des émissions américaines de gaz à effet de serre – que la plupart des observateurs internationaux considèrent comme une pré-condition pour qu’un nouveau traité contraignant puisse prendre la place du Protocole de Kyoto.

    Il en va de même pour les espoirs d’Obama d’obtenir la ratification par le Sénat du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires (CTBT), depuis longtemps attendu, que les experts considèrent comme essentiel pour la crédibilité de l’ambitieux agenda de non-prolifération nucléaire qu’il avait détaillé pour la première fois dans un discours en avril dernier.

    Pour l’emporter, dans l’un ou les deux cas, Obama devra dépenser un précieux capital politique, ne serait-ce que pour obtenir le soutien des démocrates conservateurs, qui sont les plus vulnérables dans les prochaines élections de mi-terme en Novembre – sans même évoquer le cas des républicains.

    Un échec ou un retard de ces initiatives seraient susceptibles de porter un coup majeur à la fois à sa crédibilité internationale, en particulier parmi les alliés européens de Washington, et à ses efforts pour promouvoir la coopération multilatérale.

    De même, la faiblesse supposée d’Obama et les préoccupations électorales des démocrates au Congrès le rendront probablement moins enclin à faire pression sur Israël pour obtenir des compromis essentiels sur le projet de la solution à deux Etats, en dépit des affirmations récentes de son envoyé spécial, George Mitchell, sur le fait que Washington s’attend à un accord dans les deux ans.

    Une paralysie persistante sur ce front, cependant, est très préoccupante pour de nombreux fonctionnaires de l’administration et des experts indépendants qui pensent qu’elle affaiblira davantage les forces modérées dans le monde arabe et au-delà au profit de l’Iran, de Al-Qaïda et de ses affiliés.

    Certains, y compris les plus proches alliés arabes de Washington, avertissent de la possibilité d’une nouvelle intifada palestinienne qui pourrait raviver, selon la façon dont Israël et Washington réagiraient, le sentiment anti-américain dans la région aux niveaux sans précédent atteints sous Bush, surtout après l’invasion de 2003 et de nouveau pendant l’offensive militaire israélienne de l’an dernier à Gaza.

    Pendant ce temps, la fragilité de la situation politique en Irak – notamment la disqualification des candidats sunnites prétendument liés au parti Baas – est à l’origine de difficultés considérables, un certain nombre d’experts avertissant que, si cette situation devait se prolonger, elle pourrait déstabiliser le pays et forcer Washington à réviser complètement sa stratégie de sortie.

    Dans le même temps, de hauts responsables militaires américains prédisent une année sanglante en Afghanistan alors qu’ils tentent, avec les alliés de l’OTAN, de faire basculer la perception d’une guerre gagnée par l’insurrection talibane. Leur récent échec à persuader l’armée pakistanaise de s’en prendre aux sanctuaires talibans dans le Waziristan du Nord rendra probablement leur tâche beaucoup plus difficile.

    Mais c’est cependant l’Asie qui pourrait poser pour l’administration ses plus épineux défis à long terme.

    Après une quinzaine d’années de calme relatif, les relations sino-américaines pourraient entrer dans une période de tensions graves au milieu d’accusations et contre-accusations de censure sur Internet et d’espionnage, les énergiques protestations contre les ventes prévues d’armes américaines à Taiwan, et le renforcement des capacités militaires chinoises qui, combinés au statut de Pékin de plus gros créancier de Washington, ont donné naissance aux Etats-Unis à un malaise grandissant face à l’émergence de la Chine comme puissance mondiale.

    Dans le même temps, la victoire électorale du Parti démocrate du Japon (PDJ), dont le programme de politique étrangère appelait à un rééquilibrage des accords de sécurité entre Tokyo et Washington et le resserrement des liens avec Pékin et le reste de l’Asie, semble avoir paralysé les décideurs des Etats-Unis.

    A moins d’être gérés avec soin, les contretemps actuels sur la relocalisation des forces américaines du sud de l’île d’Okinawa pourraient bien marquer le début inopportun d’une réévaluation fondamentale de la plus importante et conséquente alliance stratégique de Washington dans le Pacifique.


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