• Afghanistan : une guerre contre la population


    Afghanistan : une guerre contre la population

    Durant le week-end des 2 et 3 août, neuf soldats des troupes de l’Otan, dont un soldat français, sont morts en Afghanistan dans des combats les opposant à des groupes de talibans.
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    Ces morts rappellent que le pays subit une véritable guerre depuis huit ans, à laquelle participent plus de 90 000 soldats, essentiellement américains, britanniques et allemands et près de 3 000 français.

    Cette guerre, qui a déjà fait plus de 1 200 morts parmi les troupes internationales, s’est intensifiée à l’approche des élections prévues pour le 20 août. Car les talibans, qui dirigeaient le pays de 1996 jusqu’à l’intervention militaire de l’Otan en 2001, veulent perturber les élections et surtout montrer qu’ils représentent une force de plus en plus active.

    Mais c’est d’abord la population afghane qui est victime de cette guerre. D’après les chiffres de l’ONU, le nombre de victimes civiles a augmenté de 24 % au premier semestre de 2009 par rapport au même semestre de 2008. Depuis le mois de janvier 2009, il y a eu plus de mille morts afghans, essentiellement tués par les armées étrangères, notamment lors des bombardements aériens. En plus des morts et des blessés, toutes les destructions dues à la guerre accentuent la misère et les souffrances de la population.

    Les grandes puissances justifient leur intervention par leur volonté de combattre « l’obscurantisme et le terrorisme », comme vient de le répéter Sarkozy. Mais ce ne sont que des mots. Une commission du Parlement britannique l’a reconnu elle-même en avouant que « l’effort international, en Afghanistan, a donné beaucoup moins de résultats que promis » !

    En réalité, le peuple afghan se retrouve pris en tenailles entre les troupes des différents seigneurs de guerre, alliés aux intégristes talibans qui veulent lui imposer leur dictature religieuse, et un gouvernement, mis en place par les grandes puissances, qui se révèle tout aussi dictatorial et particulièrement corrompu.

    Dans une interview parue le 3 août, le ministre des Affaires étrangères, Kouchner, expliquait lui-même à propos de l’aide internationale versée au pays : « Pour le moment on sait où ne passe pas l’argent, c’est-à-dire qu’il en arrive encore trop peu à la population ». Une façon bien timide de reconnaître l’importance de la corruption. Et dans la même interview, il ajoutait : « Bien entendu, il faut négocier avec les talibans ». Il faisait ainsi écho aux paroles de son homologue britannique qui, lui, se disait prêt à discuter avec ceux qui voulaient seulement « imposer la loi islamique localement ».

    C’est dire que l’intervention militaire internationale, qui vise seulement à assurer la stabilité d’une région où des intérêts des grandes puissances sont en jeu, n’apporte en fait à la population afghane que des morts et des destructions, et en prime continue encore à renforcer les forces réactionnaires qu’elle prétend combattre.


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