• De Gaulle ? FN : le mariage du siècle

    charles-le-pen

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    Journaliste.

    Malgré l’étonnant silence des « spécialistes » et autres politologues de plateau télé, c’est un des événements politiques de ce début de siècle : le FN de Marine Le Pen se range peu à peu derrière la figure mythique du Général de Gaulle. Une métamorphose totalement inimaginable il y a quelques années encore.

    Depuis les années 60 en effet, De Gaulle, pour la droite « nationale », c’était l’Antéchrist, celui qui avait osé « brader » l’Empire, celui qui avait « trahi » l’Algérie. Plus que la gauche, il était l’ennemi juré des « vrais patriotes ».

    Quand le Front national fut créé en 1972, Le Pen était entouré d’anti-gaullistes radicaux, une véritable bande de tontons flingueurs !

    Pêle-mêle, des anciens résistants ayant rompu avec le Général à cause de l’Algérie, des fringants retraités de l’OAS, mais aussi un rugueux quarteron de nostalgiques de Pétain. Leur haine commune de l’homme du 18 juin cimentait le jeune mouvement.

    L’arrivée de Marine Le Pen au sommet du FN opéra un brusque changement de cap dès la présidentielle de 2007. Après le rejet définitif des blagues « gazeuses » de Jean Marie, les « éléments de langages » des nouveaux dirigeants du FN témoignèrent d’une transformation profonde.

    Ce fut une réforme grégorienne de « l’extrême droite » : sous l’influence d’idéologues dissidents tels que Alain Soral, la Résistance et son héritage social devinrent une référence et, progressivement, celle qui était devenue présidente osa se réclamer de De Gaulle lors d’émissions télévisées.

    La droite parlementaire ayant fait son deuil du gaullisme depuis Maastricht, le vide était à combler. Marine se mit donc à vanter la vision du monde du Général, sa politique de souveraineté, avec une sincérité visiblement non feinte. Son père lui-même finit par se ranger timidement à la nouvelle et surprenante ligne du parti, et lors de l’université d’été 2012 du FN, cita la fameuse phrase du Général sur l’identité « blanche et chrétienne » de la France !

    On en restait pourtant au stade du Verbe. Il fallait un acte fondateur, qui survint il y a quelques jours : en se rendant « à titre personnel » (car il faut ménager l’aile droite du FN) sur la tombe de Colombey, le vice-président du Front, Florian Philippot, rompait symboliquement le grand tabou.

    Philippot, lui qui aime dire qu’un portrait du Général est accroché dans son bureau… Copé-Collé avait beau s’en désoler comme un gamin vexé devant les micros, l’irrémédiable s’était produit : l’UMP perdait officiellement le statut — largement usurpé — d’unique mouvement héritier du gaullisme.

    Évidemment, le fantôme du Général fait grincer les dents de Bruno Gollnisch et de la vieille garde. On se met à leur place : eux qui, toute leur vie, ont détesté « La Grande Zohra » comme l’appelaient les ultras de l’OAS, le voient maintenant servir de modèle au FN nouvelle mode !

    Décidément, en politique, tout est vraiment possible…

    Joris Karl, le 18 novembre 2012

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