• Deepwater, la pression monte

    Deepwater, la pression monte

    Au-delà de la tentative d’obturation du forage, et dont le résultat n’est pas à ce jour définitivement probant, d’autres problèmes peu médiatisés surgissent.
    Après avoir posé un nouveau « dôme entonnoir » de 40 tonnes sur le puits défectueux, espérant pouvoir récupérer le pétrole contenu, BP a du rapidement déchanter. lien
    La société envisage maintenant de tenter de boucher définitivement le forage en question. lien
    Ainsi que l’ont montré les robots manœuvrant au fond de l’océan, le sol est fissuré un peu partout, et BP craint qu’en colmatant le trou, la pression gigantesque qui s’exerce sur les failles provoquées, ne provoquent de nouvelles fuites. lien
    Richard Hoagland, (connu pour son analyse controversée des attentats du 11 septembre) interviewé à ce sujet pense que les fissures qui se trouvent au fond de l’Océan, provoquées par la catastrophe, risquent de ne pas résister à la pression, et laissent échapper de nouveau pétrole et méthane. lien
    Une rumeur évoquant une nouvelle fuite circule, ce qui ne devrait pas surprendre, puisque la limite des jauges est de 10 000 PSI, alors que la pression effective est quinze fois plus importante. lien
    Sur cette vidéo, on peut constater l’étendue du désastre.
    Depuis le 20 avril 2010, 630 000 tonnes de pétrole se sont répandues dans le Golfe du Mexique, soit 7 millions de litres par jour lien dont BP affirme avoir récupéré 145 000 tonnes. lien
    A titre de comparaison, la catastrophe de l’Exxon Valdez n’avait perdu « que » 40 000 tonnes, et l’Amoco Cadiz avait atteint 223 000 tonnes. lien
    Chacun sait que le Golfe du Mexique est aussi le berceau du Gulf Stream, lequel se déplaçant à 9 km/h, soit 216 km par jour, devrait bientôt avoir emmené l’énorme masse de pétrole qui se trouve entre deux eaux, jusqu’aux côtes européennes, avant d’atteindre l’Afrique. lien
    Ainsi que l’a constaté Philippe Cousteau, le petit fils du célèbre commandant, une importante quantité de pétrole, et de divers polluants est présente à 100 mètres de profondeur. vidéo
    Une étude menée avant la catastrophe par une équipe de « l’impérial Collège de Londres », publiée dans la revue « Water Research », réalisée entre autres, par Wimolporn Wainipee, portait sur l’arsenic lequel est naturellement filtré par les sédiments qui le maintiennent sur le fond. (lien)
    La fuite du pétrole va non seulement augmenter la quantité d’arsenic, mais en recouvrant les sédiments, va bloquer le système de filtration actuel, ce qui aura des conséquences sur la faune marine.
    En perturbant la photosynthèse sur les algues marines, l’arsenic provoquera la mutation génétique de la faune marine, et pourrait empoisonner ceux qui s’en nourrissent. lien
    Comme le rappelle le Pr Mark Sephton, du département de la science et de l’ingénierie de la Terre à « l’Impérial Collège » : « notre étude arrive à temps pour rappeler que les marées noires pourraient créer une bombe à retardement, qui pourrait menacer la structure de l’écosystème marin dans l’avenir ».
    Question finance, la facture atteint aujourd’hui 4 milliards de dollars pour BP, lequel pour éviter la faillite envisage de se séparer de plusieurs activités au sein de la branche, jugées peu rentables (le raffinage et la distribution).
    BP bénéficie d’une protection venant du Oil Pollution Act qui fixe le maximum à 75 millions de dollars en responsabilité civile pour les dommages causés.
    Il faut mettre ce chiffre en parallèle avec les 93 millions de dollars de profit que fait BP chaque jour. lien
    Mais la facture définitive pourrait être autrement plus importante, puisque certains experts la place dans une fourchette de 1000 milliards à 3000 milliards de dollars. lien
    Devant l’agacement citoyen des populations, le département de l’intérieur américain à décidé un moratoire sur les forages pétroliers en mer jusqu’au 30 novembre, et l’Europe se tâte pour envisager de prendre une pareille décision. lien
    Aujourd’hui, ce sont plus de 44 000 personnes qui sont sur le terrain, avec 6563 navires, 113 avions, 1 bateau filtreur, 2 stations censées pomper au niveau de la fuite. lien
    Les manœuvres de BP pour empêcher les poursuites sont diverses.
    Ainsi on a appris que la compagnie avait proposé jusqu’à 5000 $ à chaque habitant touché par la catastrophe pour qu’ils abandonnent leurs poursuites judiciaires. lien
    Les fonctionnaires de la FEMA (Federal Emergency Management Agency) envisagent la création d’une « zone morte » dans un rayon de plus de 300 km autour du site, nécessitant l’évacuation des populations. lien
    En effet, le Corexit 9500, produit dispersant utilisé par BP, se mélange à l’eau, s’évapore, et produit des précipitations toxiques, lesquelles mettent en danger la vie des animaux, des plantes, des êtres humains.
    Il faut rappeler que ce produit est interdit en Mer du Nord par la Grande Bretagne à cause de sa toxicité. lien
    La femme d’un pécheur, Kindra Arnesen, témoigne des problèmes de santé qu’elle subit, elle et sa famille. Le visage de sa fille se couvrait d’éruptions cutanées, qui disparaissaient des qu’elle s’éloignait de la zone contaminée.
    Elle a pu assister aux réunions internes de ceux qui tentent de gérer la situation, et à été scandalisée en apprenant qu’en douce, ils essayaient de « réduire les couts ».
    C’est ainsi qu’elle a appris qu’un code avait été mis au point afin de dissimuler aux officiels en visite la réalité de la situation.
    Elle ne comprend pas que ceux là même qui sont à l’origine de la catastrophe sont chargés des opérations, sans réel contrôle gouvernemental.
    Elle raconte comment des personnes touchées manifestement par les gaz toxiques présents en quantité sur les lieux, ont été déclarés des cas « d’intoxication alimentaire ».
    Elle pense qu’il faut faire évacuer le secteur, car les personnes sont sans protection contre les agressions chimiques de ces gaz.
    Il faut absolument regarder ce témoignage poignant en allant sur ce lien
    L’association PETA (people for the ethical treatment of animals) met tout en œuvre pour que BP soit accusé de cruauté envers les animaux, et lance une pétition, que l’on peut soutenir sur ce lien.
    Depuis quelques jours, certains suspectent même que la catastrophe était prévue, voire qu’elle a été provoquée !. lien
    Sans aller aussi loin, on peut quand même s’étonner de l’intuition de l’entreprise Halliburton (qui fournit ses services aux groupes pétroliers,) d’avoir acheté quelques temps avant la catastrophe l’entreprise Boots & Coots spécialisée dans le traitement des fuites de pétrole.
    Un investissement de 240,4 millions de $ qui devient très rentable aujourd’hui.
    Cette même entreprise qui a obtenu justement en 2005 le contrat de reconstruction de la Nouvelle Orléans, après le passage du cyclone Katrina.
    Elle a aussi bénéficié de contrats juteux, dans des conditions douteuses, lors de la guerre d’Irak.
    Et que penser de Tony Hayward, directeur général de BP, qui un mois avant la catastrophe à vendu ses parts de BP pour 1,4 millions de £ ?
    Une coïncidence ?
    Robert Kennedy Junior, dans un article paru le 10 mai dernier, dans « Huffington Post » évoque avec beaucoup de détails, les responsabilités des uns et des autres, impliquant l’administration Bush. lien
    Comme le dit François Marginean, dans son blog « les nouvelles internationales », il est temps d’en finir avec l’ère du pétrole, et de se tourner enfin vers les énergies propres et renouvelables.
    Sur ce lien, on peut lire l’analyse très complète et documentée qu’il fait de cette catastrophe.
    Alors, le « bouchon » va-il-tenir, et stopper enfin la fuite, ou les fissures déjà présentes vont-elles s’élargir sous la pression laissant échapper de nouveau le pétrole et les gaz toxiques ?
    Seul l’avenir nous le dira.
    Car comme disait mon vieil ami africain :
    « Tant qu’on n’est pas sauvé, il ne faut pas demander pourquoi on est tombé dans le puits ».

    par olivier cabanel (son site) lundi 26 juillet 2010 -


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