• Démocraties : Le peuple a-t-il encore le pouvoir ?

    Démocraties : Le peuple a-t-il encore le pouvoir ?

    voir aussi la notion d'hérédité évoquée dans la 2eme video : ici

    Passionnant débat hier soir chez Taddeï autour de Hervé Kempf, auteur de L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, et Alain Cotta, auteur du Règne des oligarchies. Pour ces intellectuels, il est acquis que nous ne vivons pas en démocratie, et que nous nous dirigeons vers un régime oligarchique, où un petit nombre a le pouvoir (ceux-là mêmes que l’on retrouve à Davos, à la Trilatérale, dans le groupe Bilderberg ou Le Siècle...). Mais à qui la faute ? Aux oligarques ? Ce serait trop facile... Ces derniers s’emparent du pouvoir qu’on leur a laissé ! La faute au peuple plutôt, qui a abdiqué son pouvoir et sombre dans l’apathie télévisuelle et la passivité.

     


    CSOJ - Le peuple a-t-il encore du pouvoir? PART 1/2
    Cargado por MinuitMoinsUne. - Videos de noticias recién publicadas.
    CSOJ - Le peuple a-t-il encore du pouvoir? PART 2/2
    Cargado por MinuitMoinsUne. - Vídeos de noticias del mundo entero.

    Dans une interview, Kempf déclare : "Dans tous les textes qui réfléchissent à la démocratie, la notion d’égalité est fondamentale. Chacun a un droit égal à la parole. Pour autant cette sagesse du peuple n’est pas innée, elle se forme dans la délibération, dans la confrontation et dans l’écoute, et c’est par cette délibération que les folies ou les égoïsmes des uns et des autres sont canalisés vers le bien commun. Mais tout ceci suppose que chacun ait le désir de faire démocratie, de laisser un temps ses affaires et de rejoindre l’agora pour débattre de l’intérêt collectif – que chacun, autrement dit, ait le souci de l’autre et de la communauté. C’est en ce sens que j’entends le mot vertu."

     

    Laisser un temps ses affaires et rejoindre l’agora pour débattre... L’agora pouvant être "réelle" ou "virtuelle", sur AgoraVox notamment, qui est l’agora virtuelle par excellence, où tout le monde peut se retrouver, s’informer mutuellement, et débattre - et se réapproprier par là même son pouvoir de citoyen, dans un monde où la défiance règne, tant envers les politiques que les journalistes (ces derniers étant théoriquement là en démocratie pour permettre aux citoyens d’exercer leur pouvoir en toute connaissance de cause). Mais qui prend ce temps pour exercer son rôle de citoyen ? Si peu de monde...

     

    La masse reste prisonnière de la télévision, que Kempf rend largement responsable de l’apathie collective : "Je discute la situation des « classes moyennes » en observant que les membres de cette classe n’ont pas de conscience de classe. Leur seul élément unificateur est une certaine aisance matérielle acquise depuis les Trente glorieuses, et la conscience d’être privilégiés par rapport aux pays du Sud. Ils constatent la montée de la précarisation des statuts, mais choisissent souvent de conforter le dominant parce qu’il leur inspire un sentiment de sécurité face aux menaces extérieures. Mais cette analyse ne doit pas faire négliger le rôle des moyens de conditionnement de masse, qui entretiennent cette vision conservatrice chez les classes moyennes.

     

    Les gens regardent la télévision en moyenne plus de trois heures par jour. Les informations, soigneusement contrôlées par l’oligarchie, les valeurs culturelles et politiques projetées par les feuilletons, les jeux, le sport incessant et la publicité, tout ceci a une influence extrêmement forte sur la conscience collective, et je pense que la gauche critique n’y accorde pas assez d’importance."

     

    Une question se pose à nous, petite minorité active de citoyens qui se retrouve sur l’agora numérique : comment y mobiliser le peuple tout entier, comment lui permettre - et lui donner l’envie - de trouver ce temps indispensable pour s’informer et débattre - conditions sine qua non pour espérer vivre un jour vraiment en démocratie ? Car si l’apathie générale demeure, il faudra prendre acte du fait que la démocratie n’est qu’un doux rêve, un idéal, une incantation... sans réalité substantielle. Voter pour un président tous les cinq ans, si tant est qu’on le fasse..., ça ne s’appelle pas exercer sa citoyenneté et ce n’est pas vivre en démocratie. La démocratie suppose le pouvoir continu du citoyen.

    par Donatien mardi 25 janvier 2011


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :