• Editorial de Bernard Lugan

    Editorial de Bernard Lugan 07/2011

    Le référendum du 1° juillet fut pour le roi Mohammed VI un sondage de popularité grandeur nature. Avec 73,4% de participants et plus de 98% de votes « oui », les très médiatisés manifestants du « mouvement du 20 février » ont été réduits à leur juste importance, c'est à dire pas grand-chose…
     
    En comparaison de la réussite politique du Maroc, l’échec tunisien est encore plus apparent. Le politiquement correct parle de « transition » quand il convient de parler d’anarchie. Des foyers d’agitation s’allument en effet à travers tout le pays avec leur cortège de pillages, d’exactions diverses et de victimes ; le tout sur fond de montée des revendications islamistes.
     
    L’échéance électorale du mois d’octobre 2011 qui verra 7 millions d’électeurs appelés aux urnes et pour laquelle plus de cent partis se sont déjà fait inscrire n’est pas là pour calmer la situation.
    Selon les chiffres de l’ONTT (Office national du tourisme tunisien) entre janvier et fin juin 2011, la fréquentation touristique a baissé de 40% et les recettes de plus de 50%. Ce secteur qui représente 6,5% du PIB a déjà perdu plusieurs milliers d’emplois directs, sans parler des conséquences indirectes pour de très nombreuses professions. Pour ne rien arranger, la guerre que l’Otan mène contre la Libye a tari le flot des riches libyens qui avaient pour habitude de venir passer leurs vacances en Tunisie.
     
    L’impression de gâchis est donc chaque jour plus forte avec les conséquences désastreuses de cette « révolution du jasmin » qui embauma tant les narines délicates des niais médiatiques de la rive nord de la Méditerranée.
     
    Nous commençons en effet à peine à mesurer l’ampleur des dégâts : un pays divisé dont les contradictions font craindre une guerre civile, des islamistes qui tentent de miner les institutions laïques, un chômage amplifié, une économie sinistrée, des grèves continuelles, des IDE (Investissements directs étrangers) déjà amputés de plus de 25% par rapport à 2010 etc. Les immenses progrès accomplis sous Ben Ali, et je renvoie aux chiffres déjà publiés par l’Afrique Réelle à ce sujet, sont bien oubliés. Songeons simplement que de 1990 à 2010, la Tunisie avait augmenté de 3,4% par an sa valeur ajoutée manufacturière par habitant et qu’en 2010 la croissance avait atteint 3,7% alors qu’au mieux, elle sera proche de 0% en 2011.
     
    Aujourd'hui il apparaît de plus en plus clairement que le président Ben Ali a été victime d’une habile opération de déstabilisation. Par qui fut-elle orchestrée ? Là est toute la question. Les dernières révélations de Yassine Ayarin, blogueur emblématique des journées révolutionnaires laissent songeur : jamais l’armée n’a reçu l’ordre de tirer sur la foule et ce bruit a été lancé pour discréditer le régime.
     
    Adieu donc l’image d’un dictateur sanglant et d’une armée « républicaine » ayant désobéi à ses ordres insensés…

    Bernard Lugan

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