Espagne: le président de la loterie évoque des pressions des banques

Le président de la loterie espagnole a évoqué vendredi de possibles pressions des banques pour expliquer la suspension in extremis de la privatisation partielle de la société, en "concurrence directe" pour lever des fonds sur le marché "dans une période difficile".
Le gouvernement a annoncé mercredi le report de l'introduction en Bourse initialement prévue le 19 octobre de la société publique Loterias y apuestas del Estado (LAE), qui gère les loteries nationales.
"Le facteur fondamental a été le prix. Nous n'étions pas prêts à vendre en-dessous du prix comptable", a expliqué Aurelio Martinez, président de LAE, lors d'une conférence de presse.
Toutefois, a-t-il ajouté, "c'est un produit qui serait entré en concurrence directe avec les passifs bancaires au moment où il y a des difficultés" pour se financer sur le marché, a affirmé M. Martinez sans autre précision.
"N'oublions pas que nous sommes à un mois et demi des élections et que le Parti populaire a donné son avis", a-t-il ajouté, interrogé pour savoir si l'opposition du PP (droite), favori aux élections législatives du 20 novembre, avait joué.
L'opération, qui aurait été la plus importante introduction en Bourse de l'histoire du pays, promettait d'être juteuse: avec 30% de la société des loteries, l'Etat voulait engranger quelque 7 milliards d'euros, de quoi alléger la dette publique (65,2% du PIB).
Mais au dernier moment, "les banques coordinatrices ont présenté mercredi une valorisation de l'entreprise de 17 à 20 milliards d'euros", en-dessous des 20,5 à 33 milliards évalués par les analystes, a-t-il expliqué.
"Cette valorisation était inacceptable pour une compagnie comme la nôtre, avec un endettement zéro et beaucoup plus forte que d'autres compagnies qui sont entrées en Bourse", a affirmé M. Martinez, ajoutant ne pas pouvoir dire si l'opération aurait lieu à l'avenir.
Chaque fin d'année, les Espagnols sont nombreux à faire la queue pour participer au Gordo, réputé comme le tirage le mieux doté au monde, tandis que toute l'année, les billets sont vendus à la criée dans la rue.
En 2009, la LAE a dégagé un bénéfice net de 2,594 milliards d'euros pour un chiffre d'affaires de 9,6 milliards.