• L'Espagne devient un cas d'école des dangers de l'extrême rigueur budgétaire

    L'Espagne devient un cas d'école des dangers de l'extrême rigueur budgétaire

    Alors que la récession s'installe dans la zone euro, le cas de l'Espagne, qui refuse d' accentuer son programme de rigueur alors qu'elle projette un PIB en recul de 1,7 % cette année, commence à faire débat en Europe.

    L\'Espagne devient un cas d\'école des dangers de l\'extrême rigueur budgétaire

    L' Espagne pourrait rapidement devenir « le »  pays test d'une nécessaire réévaluation du degré de rigueur soutenable pour un pays. Confronté à une récession annoncée de 1,7 % cette année, le gouvernement de Mariano Rajoy a fait savoir, en marge du dernier sommet européen de Bruxelles, qu'il ne tiendrait pas ses objectifs de réduction de déficit public. Après un dérapage à 8,5 % l'an dernier, il a annoncé qu'au lieu de le ramener comme prévu à 4,4 % cette année, il afficherait un déficit de 5,8 % . La gageure est déjà importante puisque, selon le ministre des l'Economie , Luis de Guindos, l'effort réel pour les comptes publics est de 3,5 % du PIB , soit un ajustement de quelque 37 milliards d'euros. En effet, à la correction nominale de 2,7 %, il faut ajouter une correction supplémentaire correspondant à la dégradation des finances liées aux pertes de recettes et aux dépenses supplémentaires générées par la forte hausse du chômage. Ce changement de calendrier impromptu -«  je fais ce que je pense raisonnable » a dit Mariano Rajoy -n'a pas plu à la Commission européenne. De passage à Paris, mardi, le commissaire européen en charge des Affaires économiques et monétaire, Olli Rehn, a répété que l'Espagne devait définir une stratégie de moyen terme pour ramener le déficit dans les clous des traités européens - soit 3 % du PIB -en 2013. L'Espagne est déjà sous le coup d'une procédure pour déficit excessif depuis 2009 et s'est engagée en 2010 à ramener son déficit sous les 3% en 2013. De nombreuses voix s'élèvent pour considérer qu'obliger l'Espagne à accentuer sa politique de rigueur serait absurde et dangereux. «  On ne peut pas laisser un pays où le chômage dépasse les 20 % s'enfoncer davantage dans la récession », a lancé avant-hier Daniel Cohn -Bendit à l'occasion d'un débat à Paris sur la crise de la dette.

    « Indésirable »

    De façon plus argumentée, l'économiste Jean Pisani Ferry a souligné que si la politique d'ajustement budgétaire était entièrement justifiée dans la zone euro , le rythme actuel de correction n'était pas opportun pour l'Espagne, qui traverse une récession. «  Il n'est pas souhaitable que l'Espagne le fasse », a-t-il insisté, ajoutant «  qu'autant que l'objectif, il est important de sélectionner les bonnes réformes budgétaires qui renforcent le potentiel de croissance ». Pour Jesus Fernandez-Villaverde, professeur d'économie à l'Université de Pennsylvanie, «  si l'Espagne fait un ajustement trop brutal, elle détériorera plus encore son économie ». Il a suggéré d'atteindre «  6 % du PIB cette année » puis de réduire le déficit de 1 % par an pendant cinq à six ans. Atteindre 3 % dès 2013 lui semble non seulement «  très difficile » mais aussi «  indésirable ». Quant à Eric Chaney, chef économiste du groupe Axa, il trouve cette «  hyper consolidation budgétaire absurde . L'idée du pacte budgétaire est précisément de tenir compte de la récession pour ne retenir que les déficits corrigés de la conjoncture. L'objectif doit être de réduire les dépenses mais pas le déficit. Si l'Europe lui met la tête sous l'eau, l'Espagne n'aura pas assez d'argent pour la soutenir et ira droit dans le mur. »

    BUREAU DE BRUXELLES
    Catherine chatignoux avec Jessica Berthereau correspondante à madrid et anne bauer

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