• L'Espagne fait un retour inquiétant dans le collimateur des marchés financiers

    Après les tergiversations sur son objectif de déficit pour 2012, l'Espagne est de nouveau l'objet des doutes des investisseurs. Les taux espagnols à 10 ans ont repassé le seuil de 5,5 %, au-dessus de leurs équivalents italiens. La présentation du budget vendredi pourrait calmer les inquiétudes.

    Ecrit par
    Jessica BERTHEREAU
    Jessica BERTHEREAU
    Madrid
     

    Ces dernières semaines, l'Espagne a observé avec inquiétude le regain de tension sur les marchés. Depuis mi-mars, les taux espagnols remontent dangereusement. Vendredi, les rendements sur les obligations à dix ans ont repassé en séance la barre des 5,50 % et sont désormais supérieurs aux italiens. Les tergiversations autour de la cible de déficit public pour cette année ont suscité malaise et incompréhension parmi les investisseurs, qui s'inquiètent de l'état des finances publiques du pays.

    « L'Espagne est en bonne voie pour redresser ses comptes », a estimé ce week-end le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn. Mais « il y a eu le sentiment que le pays avait assoupli ses objectifs budgétaires, et on a assisté ces deux dernières semaines à une réaction des marchés avec plusieurs dixièmes de points de base (de hausse) sur les taux obligataires espagnols, qui pour la première fois depuis longtemps ont dépassé ceux des taux italiens », a ajouté le commissaire. « Cela illustre à quel point la situation reste fragile », a-t-il dit, exhortant Madrid à tenir son objectif d'un retour du déficit public dans les clous de l'Union européenne fin 2013, sous peine d'une sanction des marchés financiers.

    1,7 % de récession en 2012

    Début mars, l'Espagne a défié Bruxelles en assouplissant son objectif de réduction du déficit pour 2012, à 5,8 % du PIB au lieu de 4,4 %. Finalement, l'Eurogroupe et l'Espagne ont coupé la poire en deux pour fixer cette cible à 5,3 %. Même si le fond de la décision n'est pas contestée - Madrid va connaître une récession de 1,7 % cette année et le déficit est ressorti à 8,51 % en 2011 -, la forme a semé le doute sur l'engagement du pays envers la rigueur budgétaire.

    L'agence de notation Moody's a ainsi exprimé ses inquiétudes la semaine dernière, indiquant que la situation budgétaire restait délicate. Ont suivi les déclarations de l'économiste en chef de Citigroup, qui a dit que « l'Espagne n'avait jamais été aussi proche de faire défaut ». Depuis Singapour, où il était en déplacement en fin de semaine dernière, le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, s'est empressé de reconfirmer l'engagement du gouvernement envers les objectifs de déficit, tout en taxant toute comparaison avec la Grèce de « totalement infondée ».

    Economies supplémentaires

    A la clôture des marchés vendredi, les taux de l'Espagne s'étaient un peu repliés. « L'approfondissement des réformes structurelles, la confirmation de l'objectif de déficit en 2013 (3 %) et, surtout, les mesures qui seront annoncées dans le budget le 30 mars favoriseront la baisse des rendements », jugent les analystes d'Ahorro Corporacion.

    Le gouvernement espagnol, qui a déjà fait 15 milliards d'euros d'économies à son arrivée au pouvoir fin décembre, va devoir économiser 35 milliards d'euros supplémentaires en 2012 et 2013. Une grande partie de cet effort devra provenir des régions, dont les difficultés à se financer sur les marchés font envisager à l'exécutif la possibilité d'émettre de la dette garantie par l'Etat.

    JESSICA BERTHEREAU, CORRESPONDANTE À MADRID

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201969887529-l-espagne-fait-un-retour-inquietant-dans-le-collimateur-des-marches-financiers-305453.php


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