• L'Espagne n'est pas encore tirée d'affaire, malgré le sommet

    par Julien Toyer

    MADRID (Reuters) - Il sera difficile pour l'Espagne d'éviter de demander une aide internationale en bonne et due forme, malgré les mesures décidées lors du dernier sommet européen pour aider ses banques et faire baisser ses coûts de financement.

    Vendredi, les dirigeants de la zone euro se sont mis d'accord pour que les fonds de sauvetage de la région, le Fonds européen de stabilité financière (FESF) puis le Mécanisme européen de stabilité (MES), puissent injecter directement de l'argent dans les banques espagnoles à partir de l'année prochaine.

    Ces fonds pourront aussi acheter des obligations souveraines des pays en difficulté afin d'endiguer la crise de la dette qui menace l'existence même de l'euro.

    Mais l'accord européen, s'il présente des avancées réelles, manque de détails et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy va devoir faire face à de longues et difficiles négociations pour finaliser le plan de sauvetage des banques, alors que la récession en Espagne s'aggrave, que le déficit public se creuse et que le taux de chômage s'envole.

    Un actif sur quatre en Espagne est sans emploi.

    "L'Espagne reste menacée. Son endettement total, public et privé, est toujours écrasant (...) Il sera crucial de voir si la recapitalisation (des banques) peut être faite suffisamment rapidement", a dit un haut responsable de l'Union européenne (UE) qui a participé au sommet.

    Selon des sources au sein du gouvernement espagnol, au moins 40 milliards d'euros seront nécessaires dans les prochaines semaines pour éviter la faillite des banques Bankia, CatalunyaCaixa, NovaGalicia et Banco de Valencia. Il reste encore à déterminer d'où proviendra cet argent.

    Le Trésor espagnol détient environ 40 milliards d'euros de trésorerie grâce à des conditions de marché devenues plus favorables en début d'année. Mais il va devoir faire face à des échéances de dette de l'ordre de 27,5 milliards d'euros à la fin du mois d'octobre et doit encore émettre environ 100 milliards d'euros de dette cette année.

    Le tout alors que les coûts d'emprunt de l'Espagne restent sous pression. Le rendement des obligations espagnoles à 10 ans baissait de quatre points de base ce mardi, mais à 6,36%, il reste proche de la barre des 7% qui s'est révélée insoutenable pour d'autres pays de la zone euro comme l'Irlande et le Portugal.

    LE TEMPS PRESSE, LES OBSTACLES SONT NOMBREUX

    Les 40 milliards d'euros nécessaires pour secourir les banques espagnoles vont porter la dette publique de l'Espagne à 84% du produit intérieur brut (PIB) à la fin de l'année. Mais si les rendements obligataires espagnols continuent de progresser, ce ratio d'endettement pourrait être encore plus élevé.

    Dans ce contexte, le gouvernement espagnol envisage des réformes fiscales, telles que la hausse de la TVA, une nouvelle taxe sur l'énergie et la fin de certains allègements sur la taxe foncière.

    Le déficit du gouvernement central a atteint 3,41% du PIB entre janvier et mars, non loin de l'objectif de 3,5% fixé pour l'ensemble de l'année.

    Les investisseurs redoutaient de voir l'aide européenne de 100 milliards d'euros promise aux banques espagnoles reléguer au second plan les créanciers privés en cas de défaut de l'Espagne. Ils ont donc accueilli avec soulagement l'accord européen, qui écarte le statut de créancier privilégié du MES dans le cas de l'aide au secteur bancaire espagnol.

    Les investisseurs saluent également la possibilité que le coût de la recapitalisation des banques ne soit pas supporté par les finances publiques espagnoles mais soit transféré au MES dès 2013.

    Madrid doit signer le 9 juillet un protocole d'accord sur les contours de l'aide européenne de 100 milliards d'euros à ses banques. Mais le gouvernement a déjà prévenu qu'il procéderait d'ici au mois d'octobre à de nouveaux tests de résistance sur ses banques, en particulier sur sept établissements.

    La facture finale de l'aide au secteur bancaire espagnol pourrait donc ne pas être connue avant la fin de l'année.

    Certains pays européens pourraient par ailleurs se poser en obstacles aux projets de l'UE. Le gouvernement finlandais a ainsi prévenu lundi qu'avec les Pays-Bas, il empêcherait le MES d'acheter des obligations d'Etat sur le marché secondaire.

    Certains parlements nationaux, y compris le Bundestag en Allemagne, devraient aussi approuver au cas par cas tout rachat d'obligations souveraines par le MES, ce qui rendrait ce dispositif d'aide moins flexible qu'escompté.

    L'Espagne elle-même pourrait avoir du mal à demander au MES de racheter ses obligations souveraines sur les marchés primaire et secondaire étant donné les conditions strictes qui seront attachées à cette aide.

    Blandine Hénault pour le service français, édité par Natalie Huet


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