• L’Europe : La crise et l’idéologie délétère

    L’Europe : La crise et l’idéologie délétère

     Mon ironie à l’encontre du rationalisme économique et social est le résultat des choix politiques qu’ils ont engendrés. Ces choix semblent être dispensés de démonstration, à supposer qu’une démonstration soit possible(1). Dans ce domaine hélas, la rationalité n’est que l’avatar de la rationalité mathématique. Nous sommes loin des sciences exactes ou de celles qui s’en rapprochent. La gestion de la complexité en mathématiques, se fait par des protocoles rigoureux, en réseaux (2), qui n’ont rien à voir avec les réseaux et les démonstrations des politiques. Il en est de même de l’universalisme(3) qui nous vient tout droit du siècle des lumières et dont la version actuelle, se résume à avoir l’esprit large, de façon unilatérale, au nom d’une raison supérieure et d’un objectif final qui nous dépasse très largement. Le rationalisme(4) et l’universalisme ne sont alors que des alibis au service de choix préétablis qui relèvent de l’idéologie(5). Contrairement à la politique qui est souvent manichéenne, la gestion de la complexité nécessite toujours la prise en considération d’un ensemble de solutions possibles. L’économie et le social, dans les grandes structures comme l’Europe, relèvent des mécanismes complexes.

    Nous allons voir comment l’élite a géré la complexité, et comment finalement, cette élite s’est servie de notre prétendue raison, pour nous faire accepter ses choix politiques et idéologiques. Le diktat(6) du choix européen est présenté, en dernière instance, comme celui de la rationalité. Il fait appel au rationalisme et à la raison du citoyen européen qui est toujours en devenir et en construction. Il faut souligner qu’à l’échelle européenne, les politiques utilisées pour atteindre l’objectif, ont été les mêmes qu’à l’éducation nationale. Tous les paramètres qui faisaient l’appartenance à la nation et l’identité, ont été révisés et corrigés, parfois carrément détruits, au profit d’un socioconstructivisme(7) européen et consumériste. Les grands choix, non négociables, étaient présentés comme scientifiques. Nous avons vu apparaître à l’école, les sciences de l’éducation(8), qui, de leur arrogante filiation pseudo-scientifique, écrasaient toute contestation.

    Selon les théories économiques, le dollar devrait se déprécier(9) à cause des déficits américains et le yuan lui, devrait s’apprécier(10) à cause des excédents chinois. Mais voila, la situation de change des deux plus grands de ce monde est globalement stable, l’une parce que le dollar est monnaie de réserve(11) et que les américains exportent des dollars, l’autre parce que les dirigeants chinois bidouillent le cours du yuan(12). Il s’agit pour eux de booster un décollage économique à la verticale. Si on peut s’accommoder du cours du dollar, le cours sous-évalué de la monnaie chinoise nous cause, par compte, le plus grand mal. Seule la banque centrale européenne, dans sa tour d’ivoire, est irréprochable. L’euro est nickel, son évaluation trop correcte, est à l’origine de la disparition(13) de pans entiers de l’économie européenne. Ce scénario catastrophe n’est pas terminé !

    On a pensé, car c’est bien là le problème, qu’avec des salaires dix fois supérieurs, pour une productivité à peine deux fois plus performante, l’Europe pourrait ouvrir ses frontières au monde entier ? L’idéologie est là(14). Une nouvelle division du travail au niveau international, était envisagée sans crainte (15). On a cru que le monde serait pacifié par le commerce, et on continue de croire que le libéralisme(16) et le capitalisme à l’Occidental, vont convertir à la démocratie, le monde entier. Qu’est-ce que ces utopies ont rapporté aux pays européens ? La dette(17) !

    Nous nous asséchons par un paradigme qui s’est retourné contre nous. On ne construit pas une société sur l’individualisme et l’égoïsme, même par rationalisme(18). Nous le savons bien, le judéo-christianisme n’est pas assez loin pour que nous l’ayons oublié(19) !

    Notre crise est-elle seulement une crise économique, ou ne serait-elle pas plutôt une crise culturelle pour ne pas dire morale ? Certains diront qu’il s’agit d’une crise politique, mais dans ce cas, que faut-il entendre par politique ?

    Nous n’avons plus le monopole de l’intelligence mais nous commençons à avoir le triste privilège de la connerie. On a cru effectivement que l’économie de marché à l’occidental(20) allait apporter, la démocratie, au monde entier. Tous les pays étaient susceptibles d’adopter le modèle européen, fruit de la rationalité économique et de la raison. La bonne parole serait libérale, et les nations en retard se succèderaient dans les gares(21) du progrès occidental, à la façon des wagons trainés par des locomotives nommées Occident, Europe, libéralisme, Démocratie et Droits de l’Homme. Les milieux autorisés misaient sur les revendications sociales en Chine pour ralentir les exportations chinoises. Les chinois nous rattraperaient en quelque sorte, par des augmentations de salaires, qui allaient, par le même coup, renchérir leurs coûts de revient(22). Les produits chinois seraient, ainsi, moins compétitifs. L’Europe de son côté resterait sur le podium de la raison libérale, enroulée dans sa superbe écharpe du rationalisme économique et social, resplendissante de lumière. Il ne lui resterait plus qu’à encourager les nations retardataires à se hisser jusqu’à elle. La socio-construction européenne, ouverte à tout vent, commençait dans la dés-appartenance nationale(23) et l’abolition progressive des frontières(24) au nom cette fois-ci de l’universalisme.

    On a subitement découvert que les chinois ne sont pas des occidentaux. La raison pure de Descartes et son cortège de pureté, font sourire le pays de Confucius(25). Nous sommes d’une logique trop exotique pour eux, et leur capitalisme est bien chinois ! L’Empire du Milieu n’est pas carré, mais tout en nuance. Nos grosses fortunes sont ridiculement maigres comparées aux nouvelles fortunes chinoises qui sont pourtant sorties du néant en quelques années. Nous sommes à peine capable de garder l’Oréal en France, mais d’autres pays sont capables d’acheter tout le quartier d’affaires de La Défense, avec la tour Eiffel en prime. L’inégalité, le grand sujet politique franco-français, n’est pas un problème pour les chinois, d’autant moins que l’inégalité n’est pas forcément injuste pour eux. L’inégalité est du coup plus supportable(26). La façon dont les chinois sont en train de passer du communisme au capitalisme le montre bien. Mais par compte, comment cet immense pays, travailleur et besogneux, perçoit-il notre désir de consommer, avec nos 35 h, notre palmarès de semaines de congé payé et nos revenus mensuels supérieurs à leurs salaires d’une année ? A l’heure de la dette de l’Occident, se sont leur sacrifice et leur travail qui financent le maintien de notre niveau de vie(27).

    L’argument choc de nos revendications est l’avantage acquis. Mais l’avantage est acquis sur le dos de qui ? Comment nos secousses sociales sont-elles perçues par les petits chinois qui vivent avec 50 euros par mois et travaillent cinquante heures, par semaine. Les informations sont, mondialement, diffusées dans l’instant.

    Depuis 30 ans, nous sommes en économie ouverte(28). L’ouverture est passée de la brèche à la faille. Les problèmes économico-sociaux de la France ne sont plus une affaire franco-française. Raisonner en économie fermée(29), comme beaucoup le font en politique, est une manipulation. Vu de l’extérieur c’est une indécence.

    Nous avons positionné l’Islam dans la dignité(30), et la dignité sera demain pour Islam, une valeur sure. Nous avons offert à l’Islam, dans notre décadence, la seule chose qu’il pouvait espérer de nous. Il va bien falloir que nous intégrions du haut de notre laïcité que l’Islam vomit toutes nos valeurs et que ce n’est pas près de changer. C’est vrai qu’à trop montrer notre cul et celui de nos femmes puisqu’il s’agit d’Islam, nous avons oublié toute dignité. De la pudeur à la dignité, il n’y a qu’un pas que les peuples en voie de développement connaissent et que nous avons oublié(31). Mais là aussi le rationalisme et l’universalisme misent de concert sur le temps et le consumérisme, pour dégrader ou plutôt convertir les musulmans, à l’individualisme hédoniste puis au rationalisme. Le pari est osé concernant les musulmans de France, car si nous perdons le pari, nous sommes effectivement perdus. Mais nos rationalistes ont une foi dans la raison qui déplace les montagnes. Espérons que ces montagnes ébranlées ne nous tombent pas dessus.

    Ceux qui envient notre avance technique, n’ont plus envie de notre culture !

    Dans nos sociétés occidentales, l’individu s’est hissé au niveau de l’individu souverain. Après l’aberration de l’enfant roi(32) nous sommes au stade du couronnement de l’individu roi(33). Nous avons cru avec candeur que l’individualisme pourrait être un projet de société ! Nous sommes passés de la logique du groupe, à la logique strictement individualiste. Dans notre monde qui s’effondre, on a oublié que l’individualisme et le consumérisme sont socialement et moralement délétères, ils consument le lien et le sens social(34). Notre dernière épidémie de fièvre collective n’a été qu’une crise générale de détresse personnelle, à la façon de celles qui se produisent dans les nurseries.

    On a surtout oublié, dans notre individualisme exacerbé(35), que ce n’est pas l’homme qui fait la société mais que ceux sont les hommes. Ce n’est pas non plus la liberté de l’individu qui fait société, et certainement pas la conception de la liberté à occidentale ! C’est probablement la seule chose dont on aura convaincu les peuples qui nous regardent.

    Toute notre intelligentsia, quelle soit politique, économique et sociale a confondu l’individu et l’agent consommateur du marché(36). On ne peut pas réduire l’homme à l’agent du marché des théories économiques. L’agent du marché est parfaitement rationnel, comme le déclare l’orthodoxie économique, il est donc une chimère ! Le capitalisme et son marché ne relèvent pas des Sciences Naturelles, ni de leur alias rebaptisé Sciences de la Vie et de la Terre, probablement dans l’attente des Sciences de la Vie sur Mars(37) !

    Alors, on nous propose pour l’avenir, la belle affaire, d’être citoyen européen, en attendant d’être citoyen du monde(38). Le citoyen de base déboulonné, déstabilisé et effrayé, se rattachant à ses dernières racines, demandent poliment d’être encore français ? Impossible il y a haro sur l’appartenance et les frontières. Les normes européennes l’interdisent(39) ! Toute identification est refusée, et dans le même coup on confond identité et identification(40). Mais que reste-t-il à celui qui ne peut plus consommer, qui n’a plus de culture et qui de surcroit est le fils de personne(41) ? Notre intelligentsia lui propose d’être le fils de la raison et de vivre sans frontière dans le rationalisme et l’universalisme(42).

    Quelque part, nos élites ont rêvé que le monde entier allait adopter leur paradigme. C’était la fin de l’histoire. Mais le français, comme d’autres en Europe, est malade de la construction européenne, malade de la rationalité dans laquelle on l’a enfermé. Il en a mare d’être « large d’esprit » à 360 degrés sur l’Europe et la terre entière, par un universalisme de lumière, désormais basse consommation. Nous n’avons plus le droit de rêver sur notre histoire et notre culture, les seules choses qui vont bientôt nous rester. L’angle d’ouverture de nos rêves, est soigneusement contrôlé, avec des angles morts qu’il est interdit de regarder. Vous avez le droit de pisser petit, mais pas de rêver simple et proximité, c’est-à-dire sans l’Europe et la terre entière ! Le ciel est désormais vide, mais comme nos portes monnaies, comme la tête de nos dirigeants, et comme la vacuité de l’idéologie marchande. La Déesse laïque du consumérisme que nous vénérons est mortelle et nous le savons ! La perspective du jeûne dans un avenir prochain, en l’absence de religion ou de fitness, est une perspective insupportable.

    De Jérusalem à Rome en passant par Athènes que reste-il du socle de notre civilisation occidentale ? Nous risquons un éclatement de l’Europe. A cette heure, beaucoup s’interrogent sur la pertinence d’être ensemble. Notre mariage était de raison parce que la dote était en euro. Cependant à l’heure de l’austérité, impossible de rêver, en dehors de l’adultère ou du divorce. Dur, dur pour l’Europe qui restait à construire et que certains de plus en plus nombreux, ne rêvent que de voir éclater ! D’autres se demandent perplexes si les anciens états nations, maîtres de leurs politiques économiques et de leurs taux de change, n’auraient pas fait mieux(43). Pour l’instant on est en train de tout perdre, nos racines et ce qui reste de notre culture, c’est-à-dire les fondations de notre moi collectif.

    Parfois j’ai la ferme conviction, en contemplant l’antiquité et 2000 ans de judéo-christianisme, que l’histoire n’est que l’avatar de la pensée religieuse. En tout cas cela semble vrai pour Athènes, Rome et l’Occident. On pourra remercier la laïcité récente(44) et tous ses promoteurs zélés, plus rationalistes les uns que les autres, de nous avoir brouillé les cartes. On nous a fait croire que les choix de notre destin ont été scellés dans la rationalité. Les choix, dont il est question ici, ne relèvent que de l’idéologie marchande. L’essentiel se résume à l’individualisme et à la consommation. On ne construit pas une société sur ces bases. Tout est en règle pour que la destruction de la France se poursuive en même temps que la destruction de tout l’Occident. Dans l’art de la guerre de Sun Tzu, il est dit que la meilleure façon d’anéantir un ennemi est de faire en sorte qu’il pourrisse sur lui-même. C’est sûr, nous pourrissons déjà par la tête, le ventre et le cul.

    Eric de Trévarez



    (1) Les phénomènes chaotiques qui mobilisent un grand nombre d’équation et de paramètres sont imprévisibles, ceux sont des phénomènes complexes qui dépassent la gestion de la complexité.

    (2) les réseaux sont pluridisciplinaires, la recherche en matière de complexité peut mobiliser plusieurs centaines de chercheurs.

    (3) L’universalisme philosophique est l’idée qu’il existerait un système universel qui régirait les relations entre les humains, système universel façonné, bien sûr par la raison humaine.

    (4) Le rationalisme est la doctrine qui pose la raison discursive comme seule source possible de toute connaissance réelle.

    (5) Une idéologie est au sens large, la science d’un système d’idées imaginées. L’idéologie s’accompagne de croyances, de notions, d’opinions, de convictions et est parfois constituée en doctrine. Dans le contexte, le terme véhicule une connotation péjorative et désigne couramment un ensemble de spéculations, d’idées vagues et mystérieuses qui prônent un idéal irréaliste et justifie des actions radicales. C’est ainsi que l’on peut parler de doctrine de l’Europe.

    (6) Diktat est un terme allemand signifiant « chose dictée ». Le terme peut avoir un sens péjoratif, pour désigner une volonté dictée par un tiers. « Imposer ses valeurs », « donner des ordres » est synonyme de lancer un diktat.

    (7) Le socioconstructivisme souligne l’impact de la collaboration et du contexte social. Cette collaboration peut être d’ailleurs entièrement tournée vers la construction d’un contexte social. Voilà pourquoi le mot formation est en vogue. Il peut s’agir effectivement d’un véritable formatage.

    (8) Les sciences de l’éducation concernent l’étude des différents aspects de l’éducation dans ses approches méthodologiques et pédagogiques et font appel à diverses disciplines : histoire de l’éducation, sociologie de l’éducation, didactique, psychologie des apprentissages, l’éducation comparée, l’administration scolaire, organisation et fonctionnement des systèmes éducatifs, politique de l’éducation, formation professionnelle et continue, formation du personnel de l’enseignement, éducation spécialisée, etc. Le problème commence lorsque les sciences de l’éducation se mêlent de pédagogie. Un fleuron particulièrement remarqué des sciences de l’éducation a été la méthode d’apprentissage globale de lecture. Le problème c’est qu’il y a collusion entre les sciences de l’éducation et le socioconstructivisme à l’européenne. Depuis la haute antiquité, certains dans leur grande sagesse ont prétendu que la pédagogie était un art…

    (9) Un pays qui a sa balance extérieure déficitaire est un pays dont la monnaie perd de la valeur par rapport aux autres devises. On dit alors que la monnaie se déprécie.

    (10) Un pays qui connaît des excédents, a une monnaie qui prend de la valeur par rapport aux devises. On dit alors que la monnaie s’apprécie.

    (11) Les banques centrales de nombreux pays ont des réserves en dollars. La balance des USA peut donc être déficitaire sans qu’aucune pression ne s’exerce sur elle.

    (12) La Chine n’est pas une démocratie, et reste dans sa majorité un pays communiste. Le taux de change du yuan est donc fixé par les autorités chinoises. Ceci constitue un véritable scandale. En raison de la taille de la Chine et de sa masse totale monétaire qui est une inconnue, ce problème n’est pas prêt d’avoir une solution. Ceci est un problème majeur, il y va de notre survie.

    (13) Les ajustement de l’euro, au sein de l’UE se sont traduits par la perte de compétitivité de secteurs complets. Il s’est agi parfois de différentiels d’un pays à l’autre. Les structures de coûts n’étaient pas les mêmes entre les pays membres. Le plus pénalisé a souvent disparu. L’élite européenne a considéré que s’étaient des sacrifices incontournables. Toujours est-il que les secteurs à disparaître étaient connus à l’avance !

    (14) Il s’agit bien d’une idéologie et d’un pari sur l’avenir.

    (15) Probablement un résidu de l’avantage absolu ou comparatif d’Adam Smith et Ricardo. L’approche de E. Heckscher et B. Ohlin, me parait plus intéressante car elle prend en considération le facteur prédominant, dans l’avantage, que se soit le travail ou le capital. Cette approche est plus intéressante pour comprendre la montée de la Chine. Par compte il y a un effet taille qui doit être souligné. Donc si nous résumons, la Chine qui fixe son taux de change possède en plus un avantage comparatif sur le travail, qui rend et qui rendra surtout, dans l’avenir, toute concurrence impossible. Il est étonnant de constater qu’aucune puissance ne bouge. La raison du plus fort est toujours la meilleure, dirait Monsieur de la Fontaine.

    (16) Le libéralisme économique est une école de pensée, née au siècle des Lumières, qui estime que les libertés économiques (libre-échange, liberté d’entreprendre, libre choix de consommation, de travail, etc.) sont nécessaires en matière économique et que l’intervention de l’État doit y être aussi limitée que possible. Une main invisible établit alors un équilibre général. Pour l’instant la seule chose remarquable est le bras d’honneur de la Chine.

    (17) La dette est le résultat d’une balance extérieure déficitaire ou d’un budget de l’état ou les recettes ne couvrent pas les dépenses.

    (18) La théorie économique émet comme hypothèse de base, que se sont les égoïsmes individuels qui créent un optimum de satisfaction économique. Il s’agit bien sûr de la somme des égoïsmes. Partir de cette hypothèse est donc parfaitement rationnel. Il faut souligner à ce propos que les théologiens chrétiens ont souvent avancé que la foi servait à purifier la science.

    (19) Le judéo-christianisme part de l’hypothèse que seul l’altérité et l’altruisme permettent de construire une société viable. Le but est la Jérusalem Céleste, modèle mythique de la cité idéale. Depuis plus d’un siècle on assiste à un divorce complet entre la pensée religieuse chrétienne et les élites européennes. Cependant la construction de l’Europe, dans son idéalisation, présente quelque analogie avec la Jérusalem Céleste. L’intégration européenne est toujours présentée comme le modèle le plus élaboré au monde. Il devait en résulter un optimum de bonheur pour ses ressortissants. L’intégration européenne est aussi gratifiée de la fin des guerres en Europe, elle est donc bonne par excellence.

    (20) Il s’agit donc d’une économie où tout se fixe par la loi de l’offre et de la demande. Dans un tel marché la main invisible est censée réduire à la longue tous les déséquilibres. Là encore on remarque que la Chine ne joue pas le jeu car le taux de change d’une monnaie est fixé par l’offre et la demande de la monnaie sur le marché des devises. La Chine étant un pays capitaliste et communiste à la fois, il n’y a pas un réel marché des changes du yuan.

    (21) La théorie des pays qui se succèdent comme des trains dans une gare est d’Alexis de Tocqueville (1805-1859).

    (22) Il suffirait effectivement que le coût du travail en Chine augmente pour que la Chine devienne moins compétitive. Mais combien de temps cela peut-il prendre ? La variable temps est parfois complètement sous estimé en économie.

    (23) Des-appartenance. Ce mot commence à apparaître dans le discours du moment. La des-appartenance est le fait de refuser d’appartenir à une culture ou à une nationalité, par souci de laïcité ou d’universalisme.

    (24) Abolition des frontières et libre circulation des biens, des personnes et des capitaux. C’est le libéralisme qui fonde cette position. Le risque est bien sûr la perte identitaire.

    (25) Opposer Descartes à Confucius permettrait de comprendre des différences fondamentales entre l’Occident et la Chine. Le progrès n’est pas forcément le résultat de la raison pure. Pour l’occidental, le progrès est un agrégat qui va des mathématiques aux Droits de l’Homme, il est le fruit du rationalisme.

    (26) Le combat pour l’égalité est une priorité en France. Ce combat ne peut en aucun cas devenir prioritaire en Chine. Leurs racines culturelles s’opposent à une égalité à la Françaises ou à l’Européenne. Il ne faut pas confondre les Chinois et les Musulmans. Les 3 religions du Livre portent en elles le germe de l’égalité, ce qui n’est pas le cas du Bouddhisme ou des religions asiatiques.

    (27) Le niveau de prix des produits chinois augmente, considérablement et momentanément, le pouvoir d’achat des occidentaux.

    (28) Une économie ouverte est une économie pour laquelle les commerces internationaux avec les autres pays se font librement et prennent une part importante dans le produit intérieur brut du pays. Avec la mondialisation économique, le taux d’ouverture des principales économies est de plus en plus grand. L’ouverture d’une économie est, selon la théorie, empiriquement favorable à sa croissance économique. Avec l’ouverture, un certain nombre de variables économiques et sociales échappe à la souveraineté du pays. Cependant quelles sont les conséquences dans le temps et à long terme d’une trop grande ouverture ?

    (29) Comme si le taux d’ouverture était égal à 0, c’est-à-dire aucun échange extérieur.

    (30) Le rationalisme occidental est à lui seul une provocation aux valeurs de l’Islam.

    (31) Il est sûr que la pauvreté ne développe pas la même échelle de valeurs. Dans le judéo-christianisme, la pauvreté a aussi la part belle. Il faudrait analyser ce que la richesse a de délétère.

    (32) L’enfant roi est le résultat de la mise en pratique des nouvelles théories de l’éducation. L’enfant roi fait ce qu’il veut, quand il veut et comme il veut. Il n’admet aucune limite à son comportement et il est potentiellement dangereux.

    (33) L’individu roi est le corollaire de l’enfant roi. C’est l’enfant roi qui a vieilli, car il n’y a pas vraiment de passage à l’adulte. L’individu roi par son individualisme outrancier ne forme pas avec ses congénères une société.

    (34) L’enfant roi et l’individu roi sont de parfaits consommateurs car ils ne savent pas se restreindre. Le niveau de la volonté a été abaissé au minimum. Ils sont impulsifs devant l’achat. Ils sont donc de purs produits de la société de consommation.

    (35) Les excès actuels laissent perplexes et c’est folie de croire que cela va pouvoir perdurer éternellement. Cette société porte en elle de plus en plus de germes de son autodestruction. Il est intéressant de constater que le discours, lui, ne change pas et que l’objectif est toujours plus de libertés et d’égalité face à la consommation. C’est le consumérisme qui engendre ce besoin, de façon à avoir un consommateur entièrement à sa merci.

    (36) L’agent économique est à la base de la théorie économique classique. Il est parfaitement rationnel et ne fait que des choix qui sont des optimums de consommation et donc de satisfaction.

    (37) La manipulation fait appel souvent à un langage innovant, nunuche et cucu, qui généralement associe affectif, proximité et sciences.

    (38) L’objectif, certes est placé très haut, ce qui l’a protégé des critiques qui du coup sont forcément petites. La critique ne serait alors que le résultat de la petitesse et de l’étroitesse d’esprit. Il faut raisonner grand et universel.

    (39) Nous sommes du coup normés comme des vecteurs, dans une relation d’équivalence, qui forme l’espace vectoriel orienté, entendez l’espace normé et orienté européen.

    (40) Prenez votre mal en patience, la réception des travaux n’est pas pour demain.

    (41) J’exagère, fils de Marianne dans sa version la plus universelle.

    (42) On peut penser comme dans « l’Odyssée de l’espace » que nous sommes en train de contourner complètement le problème, pour le prendre à revers par surprise.

    (43) Cette hypothèse est politiquement incorrecte.

    (44) Vieille de 2 siècles.

    par Eric de Trévarez mardi 14 décembre 2010


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