• Le cauchemar sans fin des Grecs

    Le Point.fr - Publié le 30/01/2012 à 10:12 - Modifié le 30/01/2012 à 10:20

     

    Des Grecs manifestant leur opposition aux plans de rigueur, fin décembre, à Athènes.

    Des Grecs manifestant leur opposition aux plans de rigueur, fin décembre, à Athènes. © Petros Giannakouris / AP, Sipa

     

    "Tous les jours, on se réveille avec le mot faillite et crise, chaque réunion et sommet européen est crucial pour la Grèce. Puis chaque soir, on nous annonce que le pire a été évité de justesse. On n'y comprend rien et on angoisse", lance Dimitri, graphiste dans une compagnie de marketing. Depuis plusieurs jours, le feuilleton grec recommence à inquiéter la zone euro et les échéances courent. Les négociations entre le gouvernement et ses créanciers privés pour la réduction de la dette patinent, l'Union européenne et le Fonds monétaire international pressent pour plus de contrôles dans l'application des réformes et plus de mesures d'austérité.

    "Au final, on nous coupe nos salaires, les prix augmentent sans arrêt et nous ne pouvons plus vivre dignement. Je ne suis pas payé depuis trois mois ! Ils nous poussent au suicide ou au départ", reprend Dimitri. À 42 ans, il considère qu'il n'est pas responsable de la dette grecque de 350 milliards d'euros, et qu'il n'a pas à la rembourser. Il préfère migrer. Pour lui, la Grèce est dans l'impasse politique, économique et budgétaire. Quitter son pays est donc la seule solution pour le moment. "J'ai déjà expliqué à ma femme et à mon fils que si je devais partir seul, je reviendrais souvent et nous parlerions par Skype tous les soirs. C'est pour le bien de ma famille", précise-t-il.

    "Tout est désorganisé"

    Pour Takis Bratsos, l'austérité telle qu'elle est appliquée depuis dix-huit mois est suicidaire. "Un Grec sur trois n'est pas assuré, tout est désorganisé et cela ne mène nulle part. Ce n'était pas la bonne recette et le gouvernement n'a pas pris la cure au sérieux." Après cinq plans de rigueur, les résultats sont chaotiques : la dette est toujours aussi importante, le déficit ne baisse pas, le taux de chômage explose à 18,2 %, la récession bat des records et tous les Grecs ne pensent qu'à retirer leur argent des banques. Sous la pression de ses créanciers publics, le gouvernement a annoncé une baisse des salaires dans le secteur privé. "Le pouvoir d'achat va s'écrouler et on pointera encore la dette du doigt pour son manque d'efforts. Et tout cela, pour obtenir un second prêt de 130 milliards d'euros, qui va de pair avec une nouvelle cure de rigueur. C'est une spirale sans fin", ajoute-t-il.

    La gestion de la rigueur est largement pointée du doigt. Les coupes des dépenses sociales ont d'abord touché la prévention et le fonctionnement des services publics. "Les circonstances du décès du réalisateur Théodore Angélopoulos résument toute la situation", souligne Takis Théodoropoulos, écrivain. "Il a été renversé par une moto et l'ambulance qui devait le secourir est tombée en panne. Puis une seconde a été dépêchée et, 45 minutes plus tard, il a reçu les premiers secours. Il était certainement trop tard pour cet homme de 76 ans. Cela prouve le dysfonctionnement dangereux du système", explique-t-il. Pour cet écrivain comme pour de nombreux Grecs, le pays est déjà en faillite.


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