• Les faux choix d'Obama

    Les faux choix d'Obama

    Il parle de guerre quand on lui décerne le prix Nobel de la paix, annonce le retrait d’Afghanistan en même temps que des renforts, et promet la réduction des déficits en même temps qu’un nouveau plan de dépenses pour l’emploi… Barack Obama est bien le président de la synthèse par excellence… ce qui se trahit aussi par un tic de langage. Christopher Beam, analyste chez Slate, a relevé que Barack Obama parle sans cesse de “faux choix” (“false choice”, que les philosophes préfèreront peut-être traduire par “faux dilemme”). Dans son discours inaugural, il avait rejeté  “le faux choix entre notre sécurité et nos idéaux”. Cette semaine, il a dénoncé le “faux choix” entre “réduire nos déficits d’un côté et investir dans la création d’emploi et la croissance économique”. Quand on lui demande d’autoriser la recherche sur les cellules souches, il surmonte encore un “faux choix”, “entre la science et les valeurs morales”. Et au service de l’environnement, il met en garde: “Il y a eu des tensions entre ceux qui cherchent à conserver nos ressources naturelles au profit des générations futures et ceux qui ont cherché à tirer profit de ces ressources. Mais je suis ici pour vous dire que c’est un faux choix”.

    En répudiant tous ces faux choix, Barack Obama prend au moins clairement le contre-pied de George Bush et de son célèbre “Soit vous êtes avec nous, soit vous êtes contre nous, dans la guerre contre le terrorisme” (après le 11 septembre 2001), constate Christopher Beam. Pour Obama, “c’est une façon chic de dire: les choses sont plus compliquées que vous ne le pensez. Le monde n’est pas blanc ou noir. Ne soyez pas puérils!”. Sauf que souvent la formule peut aussi servir à masquer qu’il fait bel et bien un de ces choix, soupçonne Beam: “En disant sans cesse qu’il rejette les “faux choix”, Obama peut ainsi prendre en compte les deux côtés d’un argument, et masquer le fait qu’il choisit l’un des deux”. Sur l’Afghanistan, le choix est clairement celui de la force militaire, dans l’immédiat du moins. Sur le front économique, il y a bien en revanche “faux choix”: le chômage est au taux record de 10% de la population active tandis que le congrès se prépare ces jours-ci à relever encore de 1800 milliards de dollars le plafond de la dette publique (qui est actuellement de 12 000 milliards). Sans doute est-il là plus élégant de parler de “faux choix”, plutôt que de choix impossible.


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