• Même en Chine, la croissance est "artificielle"


    Même en Chine, la croissance est "artificielle"
    Isabelle Mouilleseaux

    Ah ! La Chine...
    Elle rassure tout le monde ! Avec ses 13,9% de hausse de sa production industrielle et ses 18,4% de hausse de ses ventes au détail.


    Le consommateur chinois consomme ! A la bonne heure. Tout va bien au pays du lotus bleu, lit-on dans la presse économique et financière.

    Vraiment ?

    Je n'en suis pas si sûre...

    Je tire mon chapeau au Bureau des statistiques de la Banque centrale chinoise !
    Sortir les chiffres des ventes de détail d'août 15 jours après la fin du mois, quelle performance !


    Plus sérieusement, l'excès de zèle de nos "camarades chinois" nuit à leur crédibilité. D'une façon générale, prenez toujours du recul quant aux chiffres officiels chinois, et retenez surtout les tendances.

    Qui dit croissance "artificielle", dit croissance "non durable"
    La Chine "carbure à tout va" ! Et affiche un taux de croissance à faire pâlir d'envie nos économies, bien au-delà des 10%.


    Ne vous méprenez pas. Car cette croissance n'est pas "naturelle" mais "artificielle".

    Le rebond économique 2009/2010 est le fruit :

    - du méga-plan de relance chinois (qui explique à lui seul 90% de la croissance 2009) ;

    - des très nombreuses mesures de soutien DIRECT à la consommation intérieure ;

    - de l'effet restockage des entreprises ;

    - d'une politique monétaire bien trop laxiste avec des taux d'intérêt trop faibles.

    Une croissance artificielle, soutenue à bout de bras par les pouvoirs publics, n'est pas durable. Aussi riche soit l'Etat.

    Voilà pourquoi je m'attends à un ralentissement progressif de la croissance chinoise.

    Des effets collatéraux dévastateurs
    Certes, toutes ces mesures soutiennent l'économie. Mais le problème :


    - c'est qu'elles dopent aussi l'inflation (qui caracole au rythme de 3,5% l'an) ;

    - et font gonfler le risque de bulle sur l'immobilier dans les grandes villes chinoises ;

    Or l'inflation est dangereuse... surtout quand l'essentiel de la population est encore très pauvre. Car elle sera la principale victime.

    Les déséquilibres se creusent
    Seuls 350 millions de Chinois ont un lifestyle proche du nôtre.


    Le milliard restant, plus ou moins "banni", reste à l'écart de l'enrichissement. Et continue de vivre dans la pauvreté.

    Alors les paysans viennent s'entasser dans les villes et servent de main-d'oeuvre bon marché dans des conditions dignes de Zola.

    Déjà la révolte gronde. Grèves et manifestations se multiplient
    La Chine le sait : elle doit rapidement réussir à "intégrer" ce flux incessant de Chinois qui arrivent dans les villes, pour éviter la révolte sociale. La croissance est donc une absolue nécessité.


    Et ce n'est pas un hasard si Pékin a concédé il y a quelques semaines une hausse de... 20% (!) des salaires aux ouvriers. Il était urgent de "calmer le jeu".

    Si ce n'est pas inflationniste ça ?!

    L'inflation... tout le problème est là.

    A tel point que Pékin desserre l'étau
    - Pourquoi croyez-vous que la Chine autorise ses exportateurs à garder à l'extérieur une partie de leurs revenus en devises alors qu'ils étaient jusqu'ici obligés de tout rapatrier ?


    - Pourquoi croyez-vous que la Chine accepte l'idée de relâcher le lien entre le dollar et le yuan ?

    Parce qu'elle est assise sur 2 454 milliards de dollars de réserves de change ; et qu'il faut faire fondre cette montagne de dollars qui alimente les tensions inflationnistes déstabilisantes.

    Qu'il est difficile d'être "riche" !


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