• On vous enc... / N°51

    Il y a quelques mois, j’ai écrit un papier (enfin, un écran, plutôt) sur la campagne de publicité lancée par la marque XXX (hors de question de la citer).

    Untitled-1.jpg  


    J’y constatais que cette marque avait atteint l’ultime frontière de la communicatio... heu, de la réclame, pardon, en ordonnant simplement à ses clients d'être ce qu’elle souhaitait qu’ils fussent : des imbéciles. Tout simplement parce qu’une société d’imbéciles, ça fait tourner le commerce. Ça consomme, ça s’éclate, ça s’endette, ça jette, ça ne réfléchir pas mais ça soutient la croissance. C’est tout ce qui compte.

    Après, quand c'est la crise, ça perd sa maison et ça voudrait bien gueuler un peu mais ça ne sait pas trop sur qui gueuler (sinon, ça serait moins imbécile) alors un conseiller en communication politique intervient et explique à une moitié des imbéciles qu'elle doit taper sur l'autre et ça marche très bien comme ça.

     D’où le slogan de la marque : be stupid (sois stupide)


    Untitled-2.jpg Dans la même ligne, cette société vient d’enfoncer un autre clou dans le cercueil de nos illusions, à savoir que la publicité s’adresse à la liberté, donc à l’intelligence. Et là encore, ils sont allés au bout – si j’ose dire.

     

    Dans cette publicité-là, pas de message subliminal : flacon de parfum dans la culotte, braguette ouverte, normal : nous, chez XXX, on te vend pas du parfum, mec, on te vend de la bite. Ho ho. Tu achètes notre parfum et après, hop : grosse bite ! Et si grosse bite, alors plein de meufs - parce qu’il est bien connu que les meufs ê choisissent les gôrs en fonction de la taille de leur bite (même si je sais pas encore comment ê font pour voir à travers les jeans).
    Donc bref, si on résume le message à son plus strict appareil, ça donne : achète mon parfum et tu seras aimé. C’est pas vrai mais c’est bô.

    Le publicitairement correct, c’est fini. Tel un ministre décomplexé, la publicité affiche désormais tout haut ce que tous s’interdisaient de penser tout bas parce que c’était malsain : on vous prend pour des cons mais maintenant, on vous le dit... et vous trouvez ça "cool" (applaudissements).

    En novlangue, cela s’appelle, au choix, mettre fin à l’hypocrisie, dénoncer la bien pensance, voire être réaliste ou vivre avec son temps. C’est presque comme quand ma grand mère me disait « faute avouée est à moitié pardonnée », à ceci près qu’elle me punissait quand même pour la moitié qui restait.

     

    En y réfléchissant bien, je me suis carrément demandé si la marque XXX n’était pas tombée dans un piège, si elle n’hébergeait pas en son sein, quelque part, un dangereux contre-désinformateur. Un accoucheur de conscience. Un éveilleur. Une taupe tellement cool et branchée qu'elle serait capable de balancer la vérité nue à la face du peuple, au nez et à la barbe de ceux qui la payent pour mentir. Un type qui pousserait volontairement le second degré trop loin pour prendre la publicité à son propre piège, protégé par le sceau d'une la modernité marchande "délire". Un message tout aussi grossier et brutal que les autres mais cette fois pour nous indigner (tiens tiens !) au lieu de nous endormir, un mensonge qui dit la vérité, reproduit à des centaines de milliers d’exemplaires et qu'on pourrait résumer ainsi :


    « Hé, les gens, regardez : on vous encule. »

     

    *

    "Si vous désirez la sympathie des masses, il faut leur dire les choses les plus stupides et les plues crues" (A. Hitler)


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :