• Ottawa a ignoré les allégations de torture de prisonniers afghans (diplomate)

    Ottawa a ignoré les allégations de torture de prisonniers afghans (diplomate)
    AFP 19.11.09 | 00h30




    Ottawa a fermé les yeux sur des rapports faisant état de probables cas de torture d'Afghans remis aux autorités de Kaboul par l'armée canadienne il y a encore deux ans, a affirmé mercredi devant une commission parlementaire un diplomate canadien qui a servi en Afghanistan.

    "Selon nos informations, il y a des chances que tous les Afghans que nous avons remis aient été torturés", a déclaré Richard Colvin devant une commission spéciale de la Chambre des Communes chargée de faire la lumière sur des allégations de torture en Afghanistan.

    "Pour ceux qui menaient les interrogatoires à Kandahar, (la torture) était la manière normale de procéder", a-t-il ajouté.

    M. Colvin a été dépêché en 2006 dans cette ville du sud-est de l'Afghanistan par le ministère canadien des Affaires étrangères, avant d'être promu numéro deux de l'ambassade canadienne à Kaboul, jusqu'à fin 2007.

    Le Canada, qui a perdu à ce jour 133 soldats en Afghanistan, a déployé un contingent de quelque 2.800 soldats dans la province de Kandahar.

    Au cours de ses deux postes, le diplomate a rencontré plusieurs prisonniers capturés par l'armée canadienne puis transférés dans des prisons afghanes, rapportant à Ottawa chacun de ses constats.

    La plupart des personnes emprisonnées ne constituaient pas des "cibles de haut niveau" ni des talibans, mais étaient des paysans détenus injustement, a-t-il souligné.

    "En d'autres termes nous avons détenu et transféré vers des tortures graves beaucoup de personnes innocentes", a dit M. Colvin.

    Cette pratique a nui à la lutte contre l'insurrection en Afghanistan menée par la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) de l'Otan, a-t-il poursuivi, estimant qu'elle était "probablement illégale" selon les conventions internationales.

    M. Colvin a également indiqué que ses premières alertes émises au printemps 2006 avaient été ignorées par le haut commandement militaire et le gouvernement. Ce n'est qu'un an plus tard, lorsque la presse canadienne a commencé à rapporter des cas de mauvais traitements de prisonniers afghans, qu'Ottawa a commencé à réagir.

    Et encore: les diplomates ont alors reçu la consigne stricte de ne pas conserver par écrit des récits portant sur des allégations de torture, a-t-il raconté.

    Lors de la période des questions au Parlement, un secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Peter Kent, a rejeté en bloc ces déclarations.

    "Le gouvernement du Canada n'a été informé d'aucune allégation avérée de torture ou de mauvais traitement depuis que nous avons renforcé notre accord sur les détenus en 2007", a-t-il déclaré.

    "Aucun allégation de mauvais traitement impliquant un taliban transféré par les Forces canadiennes n'a été prouvée", a insisté M. Kent. "Aucune erreur n'a été commise par les soldats qui travaillent dur pour protéger nos intérêts en Afghanistan", a-t-il affirmé.


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