• Trois barbus, c'est des barbouzes

    Trois barbus, c'est des barbouzes

    vendredi 29.10.2010, 05:09 - OLIVIER BERGER

    | LE TEMPS FORT |

    À l'instar de la grippe saisonnière, un autre genre d'épidémie semble frapper brutalement des journalistes traitant l'affaire Woerth - Bettencourt, ses innombrables ramifications et l'indéfectible fraternité transgenres unissant la finance et la politique.

    Un journaliste du Monde, un du Point et deux du site Mediapart, enquêtant sur ce joli monde, se sont fait barboter en quelques jours, des ordinateurs (dont un cadenassé au bureau !), un GPS, des CD-Roms et un disque dur externe. Comme les gens sont mal intentionnés.

    Et là, depuis la profondeur des gorges, émergent les « officines », publiques ou privées, grises assurément. Dans cette histoire, comme le déclamait doctement dans Les Barbouzes Lino Ventura, alias Francis Lagneau : « Un barbu, c'est un barbu.

    Trois barbus, c'est des barbouzes ! » On pourrait en sourire. On devrait.

    Sans remonter à l'affaire des plombiers du Canard enchaîné en 1973 (des agents de la DST pris en flagrant délit de pose de micros), des écoutes sous Mitterrand, le pouvoir s'est toujours plu à surveiller le quatrième (pouvoir). C'est assez navrant, convenons-en, mais l'affaire Woerth - Bettencourt avec ses cadeaux fiscaux douteux, ses remises de Légion d'honneur bienveillantes, ses financements de campagne hasardeux, ses cessions d'hippodrome amicales, ses emplois de complaisance et ses retours d'ascenseur pourraient bien gêner aux entournures. Bref, ça pue.

    Déjà, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, s'est prévalu d'écoutes, d'études illégales de « fadettes » (factures détaillées) menées par la DCRI pour dénicher le mécréant qui renseignait deux journalistes du Monde et chercher des poux dans la tête de la juge d'instruction Isabelle Prévost-Desprez. Somme toute, la rutilante loi du 4 janvier 2010 relative à la protection des sources des journalistes, les articles 77-1 et 56-2 du code de procédure pénale sur la perquisition dans les entreprises de presse ne pèsent pas lourd dans la magnifique balance de la Justice des « officines ».

    Les journalistes ont porté plainte mais restent très prudents, se gardant d'accuser quiconque. À qui profite l'indiscrète opération ? « Le commanditaire cherche à intimider nos sources, explique François Bonnet de Mediapart. Il cherche à couper le robinet de l'affaire Woerth - Bettencourt en envoyant un signal. Pas de sources, pas d'infos. Pas de secret des sources, pas de sources. » Et la vie est plus belle.

    Pour cacher durablement leur interview du professeur de kayak UMP de Liliane Bettencourt ou la remise de Légion d'honneur au maréchal-ferrant des Woerth à Chantilly, on conseille le cryptage ou le mot de passe introuvable genre : « Si la pluie continue, les fraisiers seront en retard.

    - Mais les grenouilles seront en avance... » Ah, les barbouzes.

    Et là, depuis la profondeur des gorges, émergentles « officines », publiques ou privées, grises assurément.

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