• Approche distanciée (oxymore)

    Approche distanciée (oxymore)

    par Jackie Berroyer (la Mèche 9)

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    J’ai donc fini par me faire implanter des molaires… Mais nous parlerons de ça une autre fois...

    J'ai donc fini par me faire implanter des molaires… Mais nous parlerons de ça une autre fois. Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Descartes le dit en ajoutant que s’il écrit « partagé » c’est parce que chacun croit en avoir. Pour être plus prosaïque que dans la grande aventure du doute hyperbolique, et sans parler de l’au-delà des sens, je dirais – attention il va parler – que ce qu’il est convenu d’appeler le bon sens est bien sûr ce qui est le moins partagé. On peut même dire qu’en dépit de leur bonne disposition à entendre, bien des gens très brillants en sont étonnamment dépourvus.
     

    Si, par exemple, au cours des siècles, seuls les penseurs avaient vu juste à propos des esclaves ou des Noirs… Mais ils étaient de leur temps, et pensaient les mêmes conneries que le pékin moyen. Luc Ferry, ex-ministre devenu heureux cabot du P.A.F. et qui fait la tournée des popotes pour son dernier livre, a évoqué la gaffe du vieux Guerlain qui a dit sa petite phrase sur les Noirs lors d’une interview. Sans vraiment prendre sa défense, avec toutes les précautions, il nous a dit qu’il fallait comprendre ce vieil homme qui était d’une génération où l’on pensait comme ça. Et d’évoquer Tocqueville et d’autres grands hommes qui sur ce chapitre (le racisme) se sont montrés bien de leur temps.

     

    C’est bien vrai. Aujourd’hui, rien de plus facile que de ne pas être raciste. D’ailleurs dès que j’ai appris l’affaire Guerlain, tel un antitrust qui apprend que ses carottes bios sont distribuées par une multinationale, je me suis débarrassé de mon parfum. J’ai décidé de plus porter « Le mur » de Guerlain.

     

    Pourtant, je pense qu’il y a des hommes qui échappent à leur temps sur certains aspects. Il y a une sorte d’internationale des gens de bon sens, des gens qui sentent bien ce qu’il y a de stupide dans leur culture mais qui sont d’autant plus minoritaires que des autorités intellectuelles de leur temps disent le contraire. Depuis que j’ai compris ça, tout en étant mal à l’aise devant tout le monde, je ne suis impressionné par personne. Je ne suis pas devenu anti-intellectuel pour autant. Il faut s’habituer à vivre avec la bêtise des cons et la part de connerie des gens intelligents. Et à ce propos j’en profite pour vous signaler la sortie, chez Höebeke, de l’album Le pire d’Hara-Kiri dans lequel j’interviens à la question « Peut-on rire de tout ? » Peut-on rire d’un enfant qui meurt ? Bien sûr ! Mais c’est mieux s’il y en a plusieurs.

     

    Jackie Berroyer


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