• Avis de tempête en Grèce


    Avis de tempête en Grèce

    par Dimitri Gianniodis

    Une nouvelle tempête souffle sur la Grèce. Cette tempête porte un nom, le peuple. Elle ne se limite plus aux anarchistes et jeunes universitaires de la « Génération 600 euros » qui ont fait couler beaucoup d’encre dans la presse alternative, en décembre 2008. Comme le témoignent les derniers événements survenus en ce mois de mars 2010, les honnêtes travailleurs grecs refusent de se plier au projet de loi intitulé « Mesures d’urgence pour faire face à la crise financière ». Dans ces conditions, qu’en sera-t-il dans les autres pays du PIIGS ? Est-ce que de nouvelles cellules tempétueuses vont s’y créer en provoquant le risque de recouvrir toute l’Union européenne ? Est-ce que pour sauver l’euro, le Portugal, l’Irlande, l’Italie, la Grèce et l’Espagne vont être contraints de « restaurer la souveraineté monétaire » ou l’humanité approche à grands pas d’un nouvel ordre économique mondial ? Nouvel épisode de la récession économique mondiale au berceau de la démocratie.

     
     

     

    Geórgios Papandréou, Premier ministre de la Grèce et président du Mouvement socialiste panhellénique (PASOK) et de l'Internationale socialiste (IS)

     

    Mesures de pillage du peuple grec

    Les mesures d’austérité du gouvernement socialiste grec, portent sur 4,8 milliards d’euros, dont la moitié proviennent d’une augmentation des recettes de l’Etat et l’autre moitié d’une réduction des dépenses.

    Dans le détail, les mesures concernant les recettes (hausse de 2,4 milliards d’euros) :

    1) Hausse de deux points du principal coefficient de la TVA de 19% à 21% (pour les autres coefficients de la TVA, de 4,5% à 5% et de 9% à 10%), ce qui doit rapporter 1,3 milliard d’euros, soit 0,55% du Produit intérieur brut (PIB).

    2) Hausse des taxes spéciales sur la consommation: alcool (+20%), tabac (+63% à 65%) et carburants (+8 centimes d’euro par litre d’essence et +3 centimes par litre de diesel), et nouvelles taxes sur des produits de luxe (i.e. voitures de plus de 35.000 euros, yacht, hélicoptères privés). La hausse des taxes spéciales sur la consommation doit rapporter 1,1 milliards d’euros, soit 0,45% du PIB.

    Celles concernant les dépenses (réduction de 2,4 milliards d’euros) :

    1) Réduction de 30% du 13e mois et de 60% du 14e mois de salaire touchés par les employés du secteur public.

    2) Réduction de 7% des revenus et des primes des entreprises publiques et organismes financés par l’Etat.

    3) Gel des retraites des salariés des secteurs public et privé.

    4) Réduction de 10% du financement par l’Etat des caisses de retraites de l’entreprise publique d’électricité (DEI) et de l’opérateur grec des télécoms (OTE).

    Ces quatre mesures représentent des économies de 1,7 milliard d’euros, soit 0,7% du PIB.

    5) Réduction de 5% du programme des investissements publics, soit 500 millions d’euros.

    6) Réduction de 200 millions d’euros du programme d’investissements et de nouveaux programmes prévus pour le ministère de l’Education.

    Rappel des faits pour ce deuxième jour de grève générale, jeudi 11 mars 2010

    Les mesures d’austérité imposées tacitement par l’Europe et proposées par le gouvernement socialiste du Pasok ont provoqué beaucoup de mouvements ces derniers jours.

    Manolis Glezos, membre de la résistance durant la Seconde Guerre Mondiale et activiste politique de la Coalition de la Gauche radicale (SYRIZA)

    La semaine dernière, lors d’une manifestation à Athènes, Manolis Glezos un activiste d’extrême gauche de 80 ans, celui-même qui avait décroché le drapeau nazi de l’Acropole en 41 a été gazé par les forces de police. Suite à un silence relativement long à ce sujet, un porte-parole de la police a maladroitement introduit l’intervention probable des forces de police européennes (qui jusqu’alors n’étaient jamais intervenues) si la situation venait à empirer…

    Hier, l’anarchiste Lampros Fountas a été abattu de deux balles dans le dos par ces mêmes forces de police dans la région de Dafni lors d’échanges de tirs. Cela ne facilite pas la communication, comme vous pouvez l’imaginez.

    Les groupes sur Facebook et les articles sur WordPress qui appellent à l’insurrection sont nombreux.

    On peut lire des slogans comme « Le sang coule, il réclame vengeance ! » ou « ça sent le Décembre ! » en référence aux premières émeutes qui ont eu lieu en décembre 2008, en plus des traditionnels : « Condés, cochons, assassins ! » (ΜΠΑΤΣΟΙ ΓΟΥΡΟΥΝΙΑ ΔΟΛΟΦΟΝΟΙ)…

    Ci-dessous les premiers faits chronologiquement rapportés :

    Les grèves se sont principalement déroulées à Athènes et Thessalonique, bien que l’on compte 2000 personnes en Crète, 1500 à Giannena et quelques actions de moindre envergure dans les îles. Selon BBC, on dénombre plus de 40 000 manifestants sur l’ensemble du territoire.

    Les transports féroviaires, maritimes et aériens sont bloqués, une seule ligne de métro est en fonction à Athènes. La quasi-totalité des médias sont en grève, le pays est donc privé d’information. Les hopitaux tournent en effectifs réduits.

    A Thessalonique, la manifestation a commencé au centre ouvrier avec un nombre approximatif de 3000 personnes. Une trentaine de camarades ont entamé l’expropriation de deux supermarchés. Les denrées ont été partagées. A l’Atlantik, les responsables du magasin essayèrent de fermer les devantures mais les camarades les en empêchèrent et l’expropriation put avoir lieu normalement. A Egnatia, les biens appartenant au Mont Athos ont été brisés, les bâtiments Vodafone, Atm, banques et Goody’s (fast food) ont été saccagés. Les policiers ont comme par habitude répondu par des gaz lacrymogènes. La manifestation ne s’est pourtant pas dispersée. Elle a pris de l’ampleur jusqu’à former une masse de 6000 hommes et femmes… D’autres chiffres rapportent un nombre de 14 000 manifestants.

    A Athènes, les MAT (équivalent des CRS) ont tenté de séparer les différentes délégations de la manifestation par des gaz lacrymogènes avant même qu’elle ne se forme complètement. La raison de tout cela serait selon certains de laisser le libre passage à la délégation du plus grand syndicat de travailleurs en Grèce (ΓΣΕΕ, 1 million d’adhérents), dont le président s’est fait entarter il y a trois jours. Des explosions ont été entendues un peu partout, des vitrines de banques et autres magasins multinationaux ont été brisées. On dénombre un certain nombre de blessés, les policiers en moto ont percuté plusieurs manifestants, et ont procédé à une vingtaine d’arrestations , dont neuf à charge (une loi récente interdit le port de la cagoule).

    cocktail molotov sur son casque. 

    Bonne soirée à tous, et rappelez-vous que nous sommes tous Islandais , Grecs, espagnols, portuguais, italiens, dans cette histoire.


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