• Cure d'austérité en Espagne

    Cure d'austérité en Espagne

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    Après l'Allemagne et la Grande-Bretagne, le troisième volet de notre série est consacré à l'Espagne. Champion des droits sociaux jusqu'à la crise, le Premier ministre enchaîne les décisions impopulaires pour tenter de relever l'économie de son pays.

    Même le roi Juan Carlos va devoir se serrer la ceinture. Le Palais vient d'annoncer qu'il serait sans doute forcé de réduire son budget d'environ 8% en 2011. Ce serait une première pour la famille royale. Mais son exercice de rigueur pâlit à côté des réductions des dépenses publiques qui devraient être incluses dans la loi de Finances 2011. Le gouvernement socialiste présentera son projet de Budget fin octobre au Congrès des députés, où il est minoritaire. Cette nouvelle cure d'austérité couronnera une année marquée par des mesures drastiques que le Premier ministre, José Luis Rodriguez Zapatero, avait jusque-là toujours rejetées et qui lui ont déjà coûté le soutien des syndicats. Sommé par la Commission européenne de ramener un déficit, qui s'élevait fin 2009 à 11,2%, aux 3% réglementaires, le ministère de l'Économie avait annoncé, en janvier dernier, une première vague de coupes profondes dans les dépenses publiques censées dégager 50milliards d'euros d'économies d'ici à 2013. Un peu plus tôt, il avait déjà introduit une hausse de la TVA, finalement passée de 16% à 18% en juillet dernier.

    Un plan à l'effet d'une bombe

    Pendant plusieurs mois, le gouvernement a voulu croire que ce plan suffirait. Mais au printemps, les marchés internationaux, affolés par la dette grecque, ont tourné leurs regards inquiets vers l'Espagne. Sous la pression conjuguée des marchés, des ministres des Finances européens et même de Barack Obama, qui s'était alors fendu d'un appel personnel, le Premier ministre, jusque-là champion des «droits sociaux», a finalement annoncé en mai un plan qui a eu l'effet d'une bombe politique en Espagne: première baisse du traitement des fonctionnaires de la démocratie, gel des retraites, retrait du «chèque-bébé» versé à tous les parents à la naissance...

    «Par sens des responsabilités»

    Des mesures-chocs «qui ne figuraient pas dans mon projet politique», a récemment reconnu Zapatero lors d'une interview fleuve à la radio Cadena Ser, avant d'assurer qu'il n'avait pas «trahi» ses principes. «Je l'ai fait par sens de la responsabilité». Depuis, les flots se sont calmés autour de l'Espagne, mais l'économie reste dans le rouge. La Commission européenne augure que la croissance de son PIB se situera à moins 0,3% en 2010. Connu pour son éternel optimisme, le visage de Zapatero, que certains surnommaient «Bambi», apparaît désormais le plus souvent sombre, sauf peut-être lors des victoires sportives de ses concitoyens. Mais il assure vouloir «persévérer dans les réformes». Les syndicats préparent pour le 29septembre la première grève générale depuis l'arrivée de José Luis Rodriguez Zapatero au pouvoir, en 2004. Pour autant, l'agitation sociale est encore faible en Espagne malgré l'ouverture de plusieurs batailles sensibles sur le front social. Les députés viennent d'adopter une réforme du marché du travail visant à faciliter l'embauche qui fait bondir la gauche de la gauche et ne satisfait pas les conservateurs. José Luis Rodriguez Zapatero s'engage à présent sur un nouveau terrain miné: la réforme des retraites. Il compte présenter son plan, qui pourrait impliquer le report de l'âge de la retraite de 65 à 67 ans avant la fin de l'année.

    • Élodie Cuzin

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