• L'Asie centrale au coeur de la stratégie américaine en Afghanistan

    L'Asie centrale au coeur de la stratégie américaine en Afghanistan

    Par Matt SIEGEL

    L'Asie centrale au coeur de la stratégie américaine en 
Afghanistan

    Engagés dans un effort de guerre titanesque en Afghanistan, les Etats-Unis ont plus que jamais besoin de soigner leurs alliés en Asie centrale, une entreprise troublée par l'influence traditionnelle de Moscou et celle toujours croissante de la Chine.

    Engagés dans un effort de guerre titanesque en Afghanistan, les Etats-Unis ont plus que jamais besoin de soigner leurs alliés en Asie centrale, une entreprise troublée par l'influence traditionnelle de Moscou et celle toujours croissante de la Chine dans la région.

    L'administration de Barack Obama a ainsi dû depuis un an déployer des trésors de diplomatie, sortir son chéquier et renoncer à critiquer les atteintes à la démocratie au Kirghizstan et en Ouzbékistan pour d'une part maintenir sa base aérienne de Manas, au Kirghizstan, et d'autre part permettre le ravitaillement par la terre des forces de la coalition engagées sur le sol afghan.

    "Le résultat est que les Etats-Unis se rangent derrière des régimes parmi les plus autoritaires et les plus corrompus au monde", relève Paul Quinn-Judge, représentant du centre d'analyse International Crisis Group à Bichkek, la capitale kirghize.

    Cette realpolitik s'impose d'autant plus à Washington que ses critiques du régime ouzbek en 2005, suite à une répression sanglante, avaient eu pour conséquence la fermeture d'une base militaire clé en Ouzbékistan, qui partage une longue frontière avec l'Afghanistan.

    D'autre part, la Russie n'hésite pas à peser de tout son poids sur les régimes de la région pour miner la pénétration américaine, Moscou considérant l'Asie centrale ex-soviétique comme sa zone d'influence naturelle.

    Les analystes voyaient ainsi l'ombre de Moscou derrière la menace du Kirghizstan il y a un an de fermer la base américaine sur son territoire, une décision annoncée au moment où le gouvernement russe accordait des crédits à Bichkek.

    Les autorités kirghizes avaient finalement accepté de maintenir la base en échange d'un triplement du loyer à 60 millions de dollars annuels, auxquels s'ajoutent plus de 110 millions de dollars d'aides.

    Mais cette concurrence traditionnelle entre les Etats-Unis et la Russie, qui concerne aussi les vastes réserves naturelles d'Asie centrale, doit désormais s'adapter à la puissance grandissante de la Chine, qui en 2009 a doublé Moscou en tant que partenaire commercial de l'Asie centrale.

    Investissant dans des gazoducs, des gisements d'hydrocarbures et d'uranium au Kazakhstan et au Turkménistan, construisant des routes pour le transport de ses produits au Tadjikistan et au Kirghizstan, Pékin s'est imposé comme un partenaire incontournable dans la région.

    Et les pays d'Asie centrale aiment la méthode chinoise: ouvrir son portefeuille sans pour autant chercher à dicter des positions diplomatiques ou à s'immiscer dans des politiques intérieures.

    "La Russie était traditionnellement la puissance dominante dans la région, mais la crise financière a miné son pouvoir économique, permettant une kyrielle d'accords commerciaux Chine-Asie centrale", souligne Alexander Cooley, politologue à l'université new-yorkaise Columbia.

    Et la Chine est d'autant plus encline à satisfaire et renforcer les régimes de la région, afin d'éviter de voir les violences islamistes se répandre jusqu'à ses frontières avec l'Asie centrale.

    En effet, le Kirghizstan comme le Kazakhstan et le Tadjikistan bordent le Xinjiang, région chinoise musulmane peuplée par les Ouïghours, une ethnie turcophone au sein de laquelle l'islamisme gagne du terrain, selon Pékin.

    "Pékin voit les Etats d'Asie centrale comme une région tampon clé pour stabiliser et développer sa province du Xinjiang", relève ainsi M. Cooley, l'universitaire de Columbia.


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