• Les derniers Cathares

    Les derniers Cathares

    par Lisa SION 2

    De par la frontière naturelle que forme cette chaine de montagne se jetant directement dans la mer, et bien qu’unies sur le papier, deux régions séparées répondent à deux autorités centrales distinctes et cependant lointaines. Malgré le formidable effort de les réunir dans une même confédération englobant vingt sept régions, l’autonomie préservée dans certains secteurs entraine des décisions allant à l’encontre de cette harmonisation au départ souhaitée par tout électeur naïf pour l’Europe.

     

    Parmi les prix des valeurs non encore privatisées, puisque monopoles d’États, comme l’alcool, l’essence et les cigarettes, et taxés autour de 75 %, toute différence ou fluctuation entraine immédiatement des mouvement inutiles et dangereux à travers la montagne, pour faire circuler au-delà de la frontière ouverte et empocher une différence proportionnelle à la quantité transportée. A bien y regarder, cela nourrit, certes, mais n’est nullement un métier. Pourtant, avec le temps, il devient très facile de déterminer laquelle des deux régions est favorable à ce système et profite à fond de cette inégalité de traitement. Il est facile de vérifier de quel coté de la frontière naturelle se trouvent les grands dépôts et centres de commerces florissants, et de constater comment de simples lois décidées à mille lieues de là peuvent à ce point transfigurer toute une économie locale.

    D’un coté, une économie de terroir tâchant de tirer parti d’une terre pauvre et montagneuse, et d’un soleil radieux pour en extraire une fois l’an un vin qu’il faudra sponsoriser en permanence, afin qu’il ne tombe pas en décrépitude. Le tout arrosé de lois tendant à subventionner les arrachages de vignes moyennant quelques subsides conséquentes, mais indexées aux courbes de la conjoncture. Les anciens attachés à leur terre, qui se battent encore pour maintenir cette viticulture n’ont plus le choix que de vendre cinquante centimes le kilo leur production à la cave locale où ça pue la pisse âcre. Celle-ci a encore le choix de le mettre en bouteille et essayer de le proposer sur un marché déjà saturé, ou la vendre dix de plus au camion immatriculé dans ce célèbre département où le vin sonne bien plus à la mode, le bordelais...Et par dessus ce marché vient se greffer le problème de la légalisation de certains produits interdits ici, mais autorisés de l’autre coté de la frontière comme le cannabis et l’absynthe, et malgré l’harmonisation naturelle qui devrait découler de l’union de toutes les régions confédérées, le maintien indéfini de cette interdiction, de cette prohibition, par une motivation incompréhensible et sans aucun argument plausible, entraine un peu plus l’inégalité entre ces deux régions et la multiplication des trafics en tous genres.

    Pour exemple, il suffit de la différence sur le prix de deux ou trois cartouches de cigarettes, vendues presque deux fois moins chères là-bas, pour se rembourser le prix du voyage de cinq cent kilomètres vers l’autre région où l’on peut, en plus, y faire le plein d’essence moins cher. En fait, la différence sur le tabac, paye le plein qui devient alors, gratuit. Ainsi, des quantités de familles entières partent passer le dimanche de l’autre coté de la frontière sans douane, et vident leur portefeuille d’allocation dans les poches d’une économie qui se régale au passage. A cinq kilomètres de la frontière, des parkings de mille poids lourds surgissent de terre ou des armées de prostituées de tous pays vendent leur chairs. Des dizaines d’entrepôts sont remplis tous les jours de la semaine du matin jusqu’au soir, regorgeant de babioles inutiles et de produits de contrebande clandestines, achetés dix centimes en chine et vendus trente fois plus chers. Le parkings sont bondés de voitures provenant de l’autre coté de la frontière, souvent venant de départements très lointains, et ceci, avec les bénédictions des autorités de toutes parts, fixant les règles du jeu pourtant sensé être dans l’intérêt commun. La place des produits traditionnels espagnols diminue et l’on trouve de moins en moins de tortillas, calamares, Izarra et Moscatel de qualité, et ce n’est malheureusement pas dans ce type d’endroit qu’il faut les acheter.

    Le grand parking de tous les trafics

    L’importance de ce flux a entrainé d’abord la réfaction appliquée de la route nationale qui les relie entre elles, mais l’augmentation des trafics dus à cette inégalité croissante alimente les taxes sur les carburants au point de subvenir en partie aux investissements nécessaires aux infrastructure supérieures. Ainsi, en parallèle à la route côtière peu sûre, au train marchandises et ses gares autrefois mythiques, à la nationale qui mène droit sur ces commerces, viennent s’ajouter l’autoroute, le tgv, et maintenant la ligne à haute tension, la THT, et chacun sur son propre axe, comme s’il avait été techniquement impossible d’enterrer la ligne électrique sous les rails du train et de le coller contre l’autoroute ou l’inverse, ce qui aurait divisé de XX% la facture finale de ces trois chantiers gigantesques.

    Mais là-bas, on se contrefout de la technique économique efficace pour concentrer les divers chantiers en un seul, et ce gâchis monumental participe, par les taxes générées dans ces trafics multi-pluri-disciplinaires, à financer partie de cette gabegie. Néanmoins, si cela ne suffit pas, le reste proviendra de l’augmentation importante des factures d’électricité, d’essence et de péages autoroutiers, qui ne sont pas innocents dans ce concert d’erreurs de stratégies. Mais c’est pas tout, ajouté au creusement du fossé des inégalités légalisées par les différentes hausses chez nous, et consécutives à des baisses chez eux, ajoutées à une dépénalisation et semi-légalisation chez eux, et une prohibition renforcée chez nous, nos lois sont des tunnels aveugles par lesquels transitent des flux économiques importants générés par les fausses harmonies de cet accordéon désaccordé et cacophonique. Il devrait être interdit de voir perpétrer des lois, au nom de l’Europe, qui viendraient ainsi immanquablement favoriser les spéculations sur les inégalités qu’elles engendrent.

    Il va être temps de comprendre que c’est bien la prohibition maintenue sur une substance ma foi anodine, cette plante rustique, et la légalisation des inégalités de traitements économiques et sociaux unilatéraux, qui génère les finances aptes à construire ces infrastructures si chères, mais outils si pratiques pour les trafiquants passeurs les empruntant avec un plaisir non dissimulé. De même, l’accentuation de son dépistage routier détourne les usagers vers d’autres substances circulant sur les mêmes trafics, mais nettement moins naturelles et bien plus chères et dangereuses.

    Le nord de l’Espagne est devenu le poumon économique de tout le pays et il y règne une prospérité où se délectent tous les trafiquants en tous genre. Entre la première ville et la côte, à vingt kilomètres, le cortège des entrepôts de toutes marques inconnues, pourtant écrites en lettre d’or et le bétonnage indécent de toute la côte, est florissant de laideur. Dans le même temps, le sud de la France, et en particulier vers l’intérieur des terres, se morfond dans une misère croissante depuis bien avant la crise.

    Pourtant, cette région est le siège des plus formidables foyers de résistances Cathares...

    ...ces bâtisses fabuleuses, construites au sommets des pitons les plus pointus, sont les témoignages de ce que l’humain a été capable de construire de plus incroyable afin d’aller y préserver sa liberté et y défendre son autonomie et sa tranquillité. Malgré la peine qu’ils se sont donné, dans l’union parfaite qui fait la force efficace, et la présence statufiées de ces nobles témoignages d’assemblages de pierres taillées après huit cent ans de silence, n’apparaissent pas les traces des combats sanglants qui ont coûté la vie de ces hommes, jusqu’au dernier.

    Leur seul tort était de vouloir résister à la soumission à l’autorité et ses lois religieuses scélérates, et bien qu’un nouvel épisode tout aussi douloureux, vécu au nom d’une autre politique tout aussi irresponsable et inconsciente, une sorte d’inquisition qui ne dit pas son NOM, bien qu’il ne reste aucun descendant direct de ces vaillants résistants puisque tous ont été massacrés, et bien que la résistance semble avoir migré vers l’autre bout de la chaine des Pyrénées, le cœur de la si belle France se moque de la croissance, qui elle même se moque des inégalités.


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