• Libye : quel est "l'état final recherché" ?

    Libye : quel est "l'état final recherché" ?

    L'histoire l'a montré : lorsqu'on se lance dans des opérations militaires, il faut avoir clairement à l'esprit les "buts de guerre" que les stratèges d'aujourd'hui appellent "l'état final recherché". Que cherche-t-on en Libye à la veille de probables actions de guerre ?

    En clair, s'agit-il de renverser Kadhafi pour installer à sa place un gouvernement issu du Conseil national de transition de Benghazi ? C'est manifestement la position de la France (qui a déjà reconnu les nouvelles autorités grâce à l'action de Bernard-Henri Lévy), mais la communauté internationale semble, à des degrés divers, plus réservée. Beaucoup de pays se contenterait d'un cessez-le-feu ouvrant la porte à des discussions.

    Si c'est l'objectif recherché est d'en finir Kadhafi, comment faire ? En 2001, les Américains sont parvenus à faire tomber les talibans en Afghanistan, en conjuguant frappes aériennes et soutiens à des forces locales d'opposition (Alliance du nord, "seigneurs de la guerre" retournés, etc...) C'est donc une partie jouable, même si elle nécessite sans doute quelques discrètes présences au sol avec les forces de Benghazi. Est-ce la partie qui va se jouer, par exemple, avec l'appui de certains services secrets arabes et la bénédiction des Américains ? C'est fort possible.

    Dans ce cas, les frappes aériennes doivent "décapiter" le régime Kadhafi, c'est-à-dire le priver de ses moyens d'agir, de commander et de transmettre. Cela s'appelle une campagne aérienne - les manuels, comme celui de John Warden, expliquent très bien la chose.

    Mais sommes-nous alors pleinement dans le cadre de la résolution 1973 ? Pas vraiment, mais l'histoire récente a montré que l'on savait parfois passer outre. Les opérations de la guerre du Kosovo ont eu lieu sans résolution (à cause du veto russe) et cela n'a pas empêché la France d'y participer au premier rang, dans un joli consensus de cohabitation Chirac/Jospin...

    L'objectif est-il, au travers de Kadhafi, de sauver les révolutions arabes ? Beaucoup de commentateurs le pensent. On les entend moins sur deux répressions en cours, au Yemen et à Bahrein. Là aussi, des pouvoirs en place tirent contre leur peuple, ou une partie de leur peuple entré en révolution. A Bahrein, cela se fait même avec l'appui militaire du grand voisin saoudien, un pays allié de l'Occident. Ici, beaucoup semblent prêts à mourir pour Benghazi. Et pour Bahrein ?

     

    Samedi 19 Mars 2011
    Jean-Dominique Merchet
     

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