• Pas drôle : confessions d'un junkie / N°67

    Pas drôle : confessions d'un junkie / N°67

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    C'est une confession difficile que je dois vous faire aujourd'hui. Je ne retoucherai plus jamais à cette saloperie. C’est en train de détruire ma vie. Ça corrompt, ça salit, ça pourrit tout ce que ça touche. Ça rend les gens mauvais. Ça rend les gens petits, mesquins, malades. Obsédés.

    La poudre.

    Le pire, c’est que je le savais. On m’avait averti. Ne touche jamais à ça. Ne te crois pas plus fort que les autres. Ne commence jamais. Tu sais bien comment ça finit. Et pourtant, je l’ai fait.

    junkie.jpgJ’ai été orgueilleux. Je pensais que j’étais invincible. Et puis j’y ai pris goût. A petites doses. C’était bon. Alors je les ai augmentées. Le dealer est devenu comme un ami, presque un frère. Je ne vivais plus que pour lui. Je l’attendais, je le guettais. Il était déjà trop tard.

    C’est de la bonne came, il faut dire. De première bourre. De la vraie, de la bonne, pas coupée. De la pure. De la dure. Avec elle, mon sang ne fait qu’un tour. Quand j’en prends, j’ai l’impression de rêver, d’être ailleurs, d’être un autre. Je voyage. Je plane. Et peu à peu, je me fane.

    Maintenant, je suis un camé, un sale junkie. Je ne sais pas comment je vais faire pour m’en sortir. J’ai besoin d’aide. Aidez-moi. Je me déteste.

    Mon dealer ne me lâche plus. Charognard ! Il sait que j’ai besoin de lui. Il sait que j’ai besoin de sa sale poudre. Que je peux replonger à tout moment. Que je vais replonger. Il me nargue. Il me hèle. Il me provoque. Partout où je vais, il me suit. Je ne peux quand même pas rester enfermé chez moi : il faut bien que je sorte.

    Enfermez-moi, je vous en supplie. Ne me soumettez pas à la tentation. Faites-le partir sinon je n’y arriverai pas.

    Cet aveu est public. Il n’a pas été facile à écrire, vous vous en doutez. Mais j’ai pensé qu’en avouant mon addiction au plus grand nombre, en me vautrant publiquement dans ma propre boue, je serais peut-être plus à même de m’en sortir. La honte comme thérapie. L’aveu comme rédemption.

    Aujourd’hui, je suis abîmé. J’ai perdu l’odorat. Je ne sens plus qu’une vague odeur de m… en permanence. Je suis devenu irritable, presque violent. Paranoïaque. Ma descente aux enfers a commencé il y a trois ans, peut-être quatre, je ne sais plus.sarko

    D’abord les racailles, puis le Kärcher, Jaurès, le Fouquet’s, le Yacht, les oligarques, la Rolex, les Ray-Ban, les talonnettes, l’île de la Jatte, le Cass’toi et après tout s’est accéléré : l’homme africain, Guy Moquet, l’omniprésident, Paris-Match, le Figaro, Carla Bruni, le Pape, les enfants juifs, la Princesse de Clèves, le Karachi-gate, les statistiques ethniques, France Télévision, la laïcité, l’identité nationale, Air Force 0.5, le bouclier fiscal et tant d’autres encore que tout se brouille dans mon cerveau malade d'humoriste.

    Et aujourd’hui me voici : chaque jour, j’attends en piaffant de savoir quelle poudre (aux yeux) il va bien pouvoir encore nous lancer et ce qu’il va bien pouvoir inventer pour nous faire rire… et trembler : comment décrocher ? Comment ne pas parler de lui ?

    J'étais chroniqueur, je suis devenu junkie.

    Papa, Maman, pardonnez-moi, je suis accro à Sarkozy.


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