• ARCHIVES (18) BLANRUE DANS HISTORIA : "Les francs-maçons, une filiation légendaire avec les Templiers" (01/01/2010 - 757)

     
    Se chercher des ancêtres chevaliers plutôt que tailleurs de pierre est tentant. Voilà pourquoi rites d'initiation et mots codés donnent du fil à retordre à Robert Langdon dans la Maison du Temple à Washington.
    Le vendredi 13 octobre 1307, dans le royaume de France , les Templiers sont arrêtés sans résistance et leurs biens confisqués. Après sept ans d'interrogatoires, ils avouent sous la torture les pires atrocités, de l'hérésie au cannibalisme. Jugés, beaucoup sont brûlés vifs. Le 23e et dernier maître de l'ordre du Temple, Jacques de Molay, meurt sur le bûcher, à Paris, le 18 mars 1314. Son exécution marque la fin officielle du Temple. Cette date est aussi le début des légendes - dorées ou noires, c'est selon - de l'Ordre. L'une d'elles raconte que les Templiers ont poursuivi leurs activités en secret pour créer la franc-maçonnerie.
    Cette croyance apparaît au XVIIIe siècle dans les milieux maçonniques eux-mêmes, qui voient dans les Templiers le maillon les reliant aux bâtisseurs mythiques du Temple de Salomon. Plus tard, la littérature ésotérique développe ce thème, en y ajoutant un mystérieux trésor, souvent lié à la légende du Graal, considéré comme source de la puissance templière et maçonnique. De tels récits connaissent un regain d'intérêt en raison de livres à succès comme le Da Vinci Code de Dan Brown, ou Des Templiers aux francs-maçons de Michaël Baigent et Richard Leigh (Le Rocher, 2007) - auteurs dont Brown s'est directement inspiré, à tel point que le litige a donné lieu à un procès pour plagiat.
    Les deux sociétés reposent sur des mythes bibliques
    Contrairement à celle de la franc-maçonnerie, l'histoire du Temple est assez claire. Tout commence en 1099 : après la prise de Jérusalem, Hugues de Payns et Geoffroy de Saint-Omer fondent un nouvel ordre chevaleresque, les Templiers. Son but est d'assurer la protection des pèlerins en Terre sainte. Reconnus par le pape Honorius II en 1129, ces moines soldats acquièrent un pouvoir extraordinaire. Grâce aux dons que l'aristocratie leur octroie, ils achètent des bâtiments et des terres, où ils édifient des places fortes et des commanderies (9 000 au total, dont 700 en France), vastes exploitations agricoles. À Jérusalem, ils possèdent deux couvents ; à Saint-Jean-d'Acre, ils ont leur propre port ; à la fin du XIIe siècle, un tiers des terres de Paris leur appartient.
    Leur puissance militaire est énorme : on compte 15 000 Templiers, dont un sur dix est chevalier. Les commanderies développent un système comparable à celui des grandes banques internationales, qui aident le Trésor royal à financer les croisades. Mais quand Saint-Jean-d'Acre est pris par les musulmans en 1291, les Templiers rentrent en France, où ils deviennent vite encombrants. Dès lors, le roi Philippe le Bel (1268-1314) prend ombrage de cette force qui échappe à son pouvoir et qui refuse, de surcroît, de financer ses guerres. Utilisant le témoignage d'un ancien Templier, qui évoque des rites obscènes pratiqués entre chevaliers, il convainc le pape Clément V d'excommunier l'Ordre. C'est le début de la fin des Templiers.
    Ce n'est qu'au XVIIIe siècle qu'apparaît la franc-maçonnerie telle que nous la connaissons, ses rapports avec l'ordre du Temple semblent donc bien lointains. À ceci près que plusieurs éléments sont mis en avant par divers auteurs pour accréditer une descendance cachée. D'abord, la franc-maçonnerie spéculative se réclame d'origines remontant aux supposées « loges opératives » des artisans maçons du Moyen Âge. Or, les Templiers furent de grands bâtisseurs. Les maçons étaient nombreux sur leurs chantiers, entretenant avec eux, durant au moins deux siècles, des liens étroits. Mais rien ne permet de dire que les maçons engagés par les chevaliers du Temple sont aux origines de la franc-maçonnerie.
    Autre point commun allégué : il s'agit, dans les deux cas, de sociétés secrètes, ou tout au moins discrètes, fortement hiérarchisées, développant une intronisation et un rituel spécifiques fondés sur les mythes bibliques. Leurs cérémonies, leurs symboles recèlent leur part d'ombre. Certains ont ainsi vu une ressemblance entre la ceinture en peau de mouton des Templiers et les « tabliers » des francs-maçons, sans que le rapport ne soit jamais établi. On trouve une analogie similaire dans le nom des grades : en 1750, le premier grade initiatique « templier » apparaît dans des loges de Poitiers et de Quimper, sous le nom de « Sublime Chevalier Élu ». Il est censé révéler au frère qu'Hiram, le constructeur du Temple de Salomon assassiné, a été vengé par les autres maîtres du chantier. Dans les cahiers de Quimper et de Poitiers, la mort de Jacques de Molay, jugée injuste, est associée à celle d'Hiram. C'est la première version connue d'une association entre Templiers et francs-maçons. Mais elle est bien tardive (quatre siècles après la mort du dernier maître templier) pour révéler quoi que ce soit.
    On a imputé aux Templiers comme aux francs-maçons la négation du Dieu des chrétiens. Les premiers sont supposés avoir adoré une curieuse idole nommée « Baphomet », qui ne serait autre que Mahomet. Les seconds ont été condamnés, dès 1738, par le pape Clément XII, ce qui a entraîné l'excommunication automatique des francs-maçons (en 2007, encore, l'Église a redit que les deux doctrines sont incompatibles). Mais à nouveau, il est impossible de faire descendre une société de l'autre, au motif qu'elles sont toutes deux condamnées par la même Église. Il faut donc chercher ailleurs les raisons de cette filiation supposée.
    Le premier à semer le doute sur une descendance possible est le Français d'origine écossaise Andrew Michael de Ramsay, dit le chevalier de Ramsay (1686-1743), écrivain, philosophe et grand orateur de l'ordre maçonnique. Initié à la Horn Lodge en mars 1730, il introduit en France la franc-maçonnerie de rite écossais. Dans un discours à la loge Saint-Thomas à Paris, en 1736, où il évoque « nos ancêtres, les croisés », il déclare que la franc-maçonnerie est « un ordre moral institué par nos ancêtres dans la Terre sainte pour rappeler le souvenir des vérités les plus sublimes [...] ». 
     
     
     
     Les Templiers se seraient réfugiés en Écosse
    Or dans ce discours, Ramsay n'évoque pas les Templiers, mais l'ordre hospitalier Saint-Jean de Jérusalem, créé vers 1050 et reconnu en 1113 par le pape Pascal II : « Notre ordre, écrit-il en effet, s'unit intimement avec les Chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Dès lors et depuis nos Loges portèrent le nom de Loges de saint Jean dans tous les pays. » De plus, aucun document ne vient à l'appui de la thèse de Ramsay, qui n'est qu'un doux rêve destiné à faire la promotion d'une société « secrète » qui commence à être critiquée par l'Église. Il s'agit pour lui de convaincre les aristocrates et les bourgeois d'entrer en maçonnerie et leur faire croire qu'ils appartiennent à une institution vénérable.
    Tout ceci n'empêche pas Karl Gotthelf, baron von Hund und Altengrottkau (1722-1776), de reprendre ce mythe des croisades lors de la création en Allemagne, le 24 juin 1751, du système dit la « Stricte Observance » (composé de sept grades : apprenti, compagnon, maître, écossais, novice, chevalier du Temple et chevalier profès). Von Hund propose de manière formelle de réhabiliter la mémoire de Templiers et de recouvrer les biens dont ils ont été spoliés. Il parvient à réunir sous cet étendard une grande partie de la noblesse allemande, puis européenne. Mais évidemment, rien ne prouve, là non plus, que cet ordre soit réellement affilié, en ligne directe, aux Templiers.
    Il n'empêche, la légende est née et s'appuie sur l'épopée du Templier Pierre d'Aumont et de quelques chevaliers grimés en maçons qui auraient réussi à passer à travers les mailles du filet tendu par Philippe le Bel, et trouvé refuge en Écosse, sur l'île de Mull, en passant par La Rochelle, non sans oublier d'emporter avec eux le fabuleux trésor de l'Ordre. Avant leur départ, au soir du 13 mars 1314, ils auraient même récupéré les cendres de Jacques de Molay qu'ils auraient jeté en direction de l'île de la Cité, en criant, en signe de vengeance, « Mac Benach ! », qui n'est autre que le mot de passe du 3e degré du rite écossais.
    Puis, après avoir trouvé asile auprès des « chevaliers de Saint-André du Chardon » ils auraient participé à la bataille de Bannockburn en 1314 avec le roi Robert Ier d'Écosse (1274-1329), de la maison Bruce, contre les Anglais. Les Templiers, ayant trouvé une cache en Écosse, auraient alors commencé à « noyauter » les corporations de métiers pour créer les premières loges maçonniques, destinés à les venger de l'absolutisme royal français. Cette histoire, qui ne repose sur aucune source fiable (la formule « Mac Benach », par exemple, n'apparaît que bien plus tard dans les rituels maçonniques), a pour unique objet de relier les Templiers aux origines écossaises, bien réelles, de la franc-maçonnerie : la plus ancienne loge connue, celle de Mary's Chapel , est, en effet, fondée en 1599 par William de Saint Clair.
    Un certain von Hund influence le rite Écossais Rectifié
    Quant au « trésor », quel qu'il fût, on sait que les souverains d'Europe se le sont partagé lors de la dissolution de l'Ordre. Les biens immobiliers furent légués à l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Rien n'indique non plus qu'un certain Aumont ait émigré en Écosse. Quant à l'ordre du Chardon, il n'est créé qu'en 1687, ce qui est un peu tard pour coïncider avec l'abracadabrante histoire de l'évasion de Templiers par La Rochelle.
    Le « système » du baron von Hund va pourtant influencer le rite Écossais Rectifié, mis au point par le Français Jean-Baptiste Willermoz (1730-1824). Mais le caractère historique de la descendance templière est repoussé lors du convent maçonnique de Wilhelmsbad en 1782. Pour calmer les autorités qui s'inquiètent de l'affichage d'ambitions peu compatibles avec l'ordre royal, Willermoz s'emploie à faire disparaître ces traces mythiques pour n'en conserver que l'aspect symbolique.
    Toutes ces rumeurs vont permettre à d'autres sociétés secrètes de reprendre le flambeau. Ainsi, au début du XIXe siècle, à Paris, un médecin nommé Bernard Fabre-Palaprat (1773-1838), affirme avoir découvert la « Charte Larmenius », pseudo-liste secrète des « grands maîtres » ayant succédé à Jacques de Molay. En 1808, il organise même une messe en mémoire de ce dernier - avec l'appui de Napoléon, qui voit là une occasion de damer le pion au pape. Palaprat n'est que l'un des premiers d'une longue liste d'illuminés, dont le plus célèbre en date est Joseph di Mambro (1924-1994), gourou de la secte du Temple solaire, dont on connaît la fin tragique. Le rêve finit parfois en cauchemar.
    Au final, il ne reste rien de la séduisante hypothèse faisant des Templiers les ancêtres des francs-maçons. Tout au plus, cette filiation est-elle aujourd'hui considérée par certains comme étant de l'ordre du symbole.
    Par Paul-Eric Blanrue

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  • Dog day afternoon


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  • Une maison en kit à... 500 euros !

    AFP NEW DELHI
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    Quatre murs et un toit... pour quelques centaines d'euros ! C'est ce que propose Tata, qui espère vendre ses maisons Nano aux particuliers et aux gouvernements, pour 500 euros.

    Le groupe industriel indien Tata, qui avait lancé il y a deux ans la voiture la moins chère du monde, la Nano, va bientôt proposer une maison en kit à... 720 dollars, soit un peu moins de 500 euros !

    Le groupe Tata compte lancer sa maison Nano à monter en une semaine d'ici six à huit mois sur le marché national, a indiqué à des journalistes le chef du projet, Sumitesh Das.

    La maison Nano se construit en une semaine
    La maison Nano se construit en une semaine. Plus vite qu'un modèle en Lego ? © samuel.delabre.net

    La fin des problèmes de logement ?

    La maison-kit de 20 mètres carrés sera proposée au prix de 32.000 roupies (720 USD, 509 euros) et fournie avec portes, fenêtres et toit. Les murs intérieurs seront recouverts soit de jute soit de fibre de coco.

    La maison Nano a été testée dans l'État du Bengale occidental et sera disponible également dans une version de 30 mètres carrés avec des options supplémentaires : panneaux solaires, véranda.

    Tata espère vendre ses maisons à des particuliers mais aussi à des gouvernements d'États qui tentent de résoudre les problèmes de logement de millions d'Indiens sans toit ou dans la misère.

    En 2009, Tata avait lancé sa voiture Nano, à 2.500 USD, mais les ventes n'avaient pas été au rendez-vous en raison de délais de fabrication et de problèmes de sécurité.


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  • Dieudo VS Sionistes : le Jeu

     


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  • Retour au protectionisme


    Hervé Juvin : l'heure est-elle au retour du... por realpolitiktv

    voir aussi  Notion de dette odieuse


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  • La dépollution des eaux radioactives par les algues

    http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67410.htm

    Un nouveau produit de décontamination des eaux radioactives a été présenté par l'entreprise Kaneka et l'institut Kitasato lors d'une conférence de presse, le 15 juillet 2011. Très efficace et peu coûteux, ce dépolluant à base d'algues marines pourrait, d'après les chercheurs, être employé dans le cadre de la décontamination de l'eau radioactive présente sur le site de la central nucléaire de Fukushima.

    Découverte par l'université de Tsukuba et l'entreprise Japan Biomass, Parachlorella sp. binos est une microalgue appartenant au genre parachlorella. Riche en nutriments, Binos est d'ores et déjà utilisée comme catalyseur de l'activité des micro-organismes dépolluant des déchets animaux et des boues.

    Des études très récentes réalisées par l'université Toho à Tokyo et par l'université Yamanashi à Kofu, ont démontré la grande capacité de cette micro-algue à absorber et à piéger plus de 20 types d'éléments radioactifs. Une fois capturés, les radioéléments peuvent être aisément séparés de la phase aqueuse. D'après les résultats des expériences réalisées sur 1 litre d'eau radioactive comparable à celle contenue dans les réacteurs de Fukushima, 5 grammes de Binos déshydraté ont permis de décontaminer environ 40% du césium et de l'iode ainsi que 80% du strontium en moins de 10 minutes. Selon les estimations, Binos serait 5 à 20 fois plus efficace que les zéolites (minéraux) actuellement utilisés à Fukushima. La structure des zéolites extrêmement dure et microporeuse permet en effet la capture de gaz, de métaux lourds et d'éléments radioactifs par liaison ionique. Dès le mois d'avril 2011, TEPCO a immergé dans l'océan 10 sacs de 100 kg de ce minéral afin notamment d'absorber la pollution radioactive du césium 137. L'opérateur continue à réaliser des prélèvements pour vérifier les valeurs surfaciques de captation des éléments radioactifs. Le procédé exploitant l'algue Binos serait moins coûteux et plus efficace que celui utilisant ce minéral. Afin de faciliter son utilisation, l'algue en poudre peut être compressée en billes de 3 mm de diamètre.

    TEPCO ainsi qu'une entreprise spécialisée dans la dépollution aurait d'ores et déjà débuté des tests sur les eaux radioctives contenues dans les réacteurs accidentés de Fukushima.

    http://www.j-biomass.com/index.htm


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  • Notion de dette odieuse +++ (video majeure)

    notion de dette odieuse


    2/2 La gouvernance par la dette !!!!!!! por talalclosson2


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  • Dette  :fédération ou éclatement

    Point de vue | LEMONDE

    par Christian Saint-Etienne, professeur au Conservatoire national des arts et métiers, membre du Conseil d'analyse économique

     

    La crise de la zone euro n'en finit pas de distiller son parfum de fin de monde. A chaque jour sa mauvaise nouvelle : girations des marchés, divagations des politiques, souffrances des peuples abandonnés - et les sommets n'y changeront rien.

    Pour quelle issue ? On sait que les pays faibles ne peuvent pas sortir de la zone euro car leur dette extérieure serait réévaluée du montant de la dévaluation de leur nouvelle devise, tandis que les taux d'intérêt sur leur dette augmenteraient. Seuls les pays forts peuvent sortir car leur nouvelle devise se réévaluerait. Mais ces derniers n'ont pas intérêt à sortir tant que les dettes publiques de la France, de l'Italie et de l'Espagne ne sont pas attaquées. En attendant cette attaque, qui semble inéluctable, deux thèses s'affrontent sur l'euro.

    Certains pensent que la mise en place d'un mécanisme européen de stabilité au 1er janvier 2013, pour remplacer l'actuel Fonds européen de stabilité financière de 440 milliards d'euros, et la réforme du pacte de stabilité et de croissance pour le rendre plus contraignant, avec un "pacte pour l'euro plus" comprenant des réformes de compétitivité, vont suffire à pérenniser la zone euro telle qu'elle est. D'autres pensent que la stagnation imposée aux pays du Sud rend impossible un retour à la croissance qui permettrait, seul, de rembourser les dettes. Or, malheureusement, les niveaux d'excédents budgétaires primaires (avant paiement des intérêts) nécessaires pour que la Grèce ou le Portugal puissent se rétablir sont inatteignables. L'Espagne est proche de cette situation d'impossibilité.

    Quel est le problème de la zone euro ? C'est une zone cassée en deux. Non seulement la zone euro n'est pas une zone monétaire optimale, mais elle n'est pas dotée d'un gouvernement économique avec un budget fédéral opérant des transferts automatiques entre les pays en bonne santé et les autres, ainsi que ce mécanisme fonctionne aux Etats-Unis grâce au puissant budget fédéral américain. De plus, et surtout, la zone a divergé avec deux groupes de pays : le premier groupe centré autour de l'Allemagne a choisi, il y a dix ans, un modèle de développement économique fondé sur l'industrie et l'exportation, qui produit des excédents extérieurs de 4 % du PIB, tandis que le second groupe, centré sur la France, l'Italie et l'Espagne, a choisi un modèle fondé sur la consommation et les loisirs qui donne des déficits extérieurs compris entre 2 % et 4 % du PIB. En France, qui plus est, la consommation est tirée par une dépense publique financée par le déficit, c'est-à-dire l'emprunt. Le point-clé est que la moitié des excédents de la zone nord se fait au détriment de la zone sud. Or, l'approche officielle pour traiter les déséquilibres de la zone euro consiste à demander à la zone sud d'adopter le modèle exportateur de la zone nord.

    C'est un projet dément alors même que l'euro s'établit autour de 1,4 dollar et que la zone sud n'est plus compétitive au-delà de 1,2 dollar. Supposons néanmoins que la zone sud parvienne à se réindustrialiser. Non seulement se fermeraient les marchés actuels de la zone nord, mais l'ensemble de la zone serait exportatrice, ce qui exigerait, avec l'Asie également excédentaire, des déficits extérieurs croissants des Etats-Unis qui accentueraient la chute du dollar. Il y a donc une impossibilité technique à réussir la mise en oeuvre de l'approche des autorités officielles de la zone euro.

    Que faire ? Soit on rétablit une flexibilité du change entre la zone nord et la zone sud, par la sortie de la zone des pays du Nord, soit on prolonge l'agonie des pays du Sud car la crise de l'euro a provoqué le retour de la contrainte extérieure : les pays déficitaires vont s'écraser sur le mur de la dette. On se doute que les pays du Nord ne sortiront pas avant une crise grave des pays du Sud se tournant vers le Nord pour demander 2 000 à 2 500 milliards d'euros d'aides, ce qui va arriver à bref délai.

    Pour éviter l'agonie du Sud, il faudrait se résoudre à une fédéralisation partielle de la zone. Celle-ci pourrait inclure l'Allemagne, le Benelux et l'Autriche, la France, l'Italie, l'Espagne et le Portugal. Naîtrait la deuxième puissance économique du monde. L'Europe reviendrait sur l'échiquier politique mondial et pourrait aborder sereinement les crises géopolitiques en préparation. Mais l'on sait que la probabilité de cette occurrence, pourtant souhaitable, est quasi nulle.

    Dans ce contexte, la seule solution raisonnable est une sortie de l'Allemagne, des Pays-Bas et de l'Autriche de la zone euro, qui n'interviendra toutefois que lorsque les dettes publiques de la France et de l'Italie seront attaquées, car aucun gouvernement ne peut prendre cette décision à froid. La France, qui a subi la plus forte désindustrialisation en Europe depuis 1998, devra rester dans la zone euro tout en opérant enfin une réduction de son déficit public. Le rétablissement du commerce extérieur nous redonnera les bases d'une croissance saine. Etant devenu le pays fort, nous pourrons sortir de la zone euro, avec l'Italie, si la situation des pays les plus en difficulté ne se rétablit pas. Un nouvel axe politique franco-allemand relancera la construction européenne. La crise libératrice est proche.


    Ouvrage : "La Fin de l'euro" (Bourin Editeur, 2009).


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  • L'Espagne et l'Italie s'enfoncent dangereusement dans la crise

     
     
    L'Espagne et l'Italie s'enfoncent dangereusement dans la crise

    Les résultats des stress-test n'ont pas eu l'effet escompté. Plutôt que de calmer les marchés, ils ont attisé les craintes, car les scénarios retenus par l'ABE n'ont pas étudié l'effet d'un défaut d'un état européen. Cette hypothèse semble pourtant de plus en plus probable. Résultats immédiats sur les marchés financiers : Les taux espagnol et italien ont repris leur envolée hier.

    La divulgation de données précises et nombreuses dans le cadre des stress tests bancaires a un effet pervers. Cette « sur-transparence » permet aux analystes de tester de nombreuses hypothèses, certaines étant très pessimistes. Or les banques résistent beaucoup moins bien aux stress-tests officieux faits par les analystes, qu'à ceux de l'ABE. Pourtant, on peut difficilement blâmer l’ABE, qui ne pouvait pas pour des raisons politiques, tester des hypothèses ultra-contraignantes. Du coup, cet exercice de transparence a l’effet inverse de celui escompté : il ne rassure pas.

    Les marchés actions ont donc été lourdement pénalisés depuis deux semaines, l'indice sectoriel des banques européennes a perdu près de 14% depuis le 7 juillet. Mais sur les marchés de taux, les rendements des obligations espagnoles et italiennes atteignent également des niveaux inquiétants. Le taux à 10 ans espagnol dépasse les 6,30% alors que le 10 ans italien flirte de nouveau avec les 6%

    Ces taux sont supérieurs à ceux que paient la Grèce et l'Irlande au FMI. Surtout ils sont de plus en plus proches du fameux niveau fatidique des 7% que l'on considère comme le seuil à partir duquel le poids de la dette devient trop important pour un pays européen. En d'autres termes, si les taux italiens ou espagnols atteignaient ce seuil, le pays ne pourrait plus se financer sur les marchés en émettant des obligations et devrait donc faire appel à l'Union Européenne et au FMI... 

    C'est que la réaction de certaines autorités de tutelle a laissé les marchés perplexes. La Banque d'Espagne par exemple a déclaré que les banques n'ayant pas passé les stress tests n'auraient pas besoin de renforcer leur fonds propres. Les provisions déjà passées et les obligations convertibles suffiraient... pas de quoi rassurer. 

    Les gouvernements semblent également incapables de s'entendre sur les modalités d'un plan d'aide à la Grèce. Dans l'urgence on semble se diriger vers une refonte du FESF dont les fonds permettrait de financer une partie des obligations grecques. En d'autres termes, le FESF épongerait une partie des dettes. 

    Mais avec la contagion à l'Espage et l'Italie, on ne peut plus se contenter de rafistolages. C'est que s'il devait venir en aide à ces 2 pays, on changerait complètement d'échelle. Le FESF devrait alors disposer de 2000Mds € (contre 450Mds € aujourd'hui) et de 3500Mds € de garanties (700Mds € aujourd'hui) ! Des montants pharaoniques qui pourraient faire perdre le statut de AAA à tous les pays européens... 

    Bref, même si l’Europe a prévu de se réunir jeudi sur la question grecque, la contagion semble désormais trop avancée dans les 2 grands pays méditerranéens pour envisager raisonnablement qu’une issue à la question grecque, ce qui n’est pas encore acquis, soit suffisante pour calmer les marchés à cour terme. C'est une solution globale, durable et claire qu'attendent les marchés financiers...


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  • CUBATON - Cola Loca - El Calentico

     


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