• Comment les spéculateurs flinguent l'Euro ?

    Auteur : Paul Jorion 

    On pouvait lire il y a quelques jours dans un article publié dans The Guardian :

    David Jane, responsable du placement en actions chez M & G – qui contrôle plus de 170 milliards de £ au nom de petits investisseurs – précisait qu’il en coûtait désormais seulement 1 £ par jour pour spéculer sur 1 million £ de devises.

    Les sommes en cause font frémir.

    Quotidiennement, le montant global échangé sur les marchés des changes (ndlr : Forex en anglais, contraction de Foreign Exchange) oscille autour de 4 « trillions » de dollars, 90% étant de la spéculation pure.

    Les taux d’intérêt historiquement bas permettent en effet aux spéculateurs de faire des paris valant plusieurs milliards d’euros à un coût proche de 0.

    « Vous pouvez actuellement vendre à découvert des euros pour un coût quasi nul puisque le cost of carry ou coût prélevé sur les positions maintenues ouvertes a chuté. C’est l’une des conséquences inattendues de l’assouplissement quantitatif (en anglais : quantitative easing) et de l’action des banques centrales à travers le monde visant à maintenir les taux d’intérêt bas », souligne David Jane.

    Cette situation est gravissime car elle permet de mettre en péril non seulement la Grèce mais derrière elle toute la zone euro, sans que ceux qui spéculent ne courent en réalité de véritables risques.

    Ainsi, grâce à l’endettement que les gouvernements leur ont fait consentir, les citoyens européens ont non seulement permis la spéculation qui se retourne aujourd’hui contre eux, mais les taux très bas de la banque centrale alimentent encore davantage la spéculation.

    Jusqu’où faudra-t-il aller pour qu’enfin des mesures coordonnées soient prises par le G20 ou a minima par l’Europe pour que les spéculateurs perdent et les États, c’est-à-dire les citoyens, gagnent ?

    Pourtant, les possibilités existent. D’abord, une solidarité européenne autour de la Grèce par un emprunt gagé par les Européens, qui ferait baisser les taux d’emprunt de la Grèce. Ensuite et surtout, réglementer très strictement les ventes à découvert, ce qui pourrait se faire dès lors que la volonté politique l’exigerait. Mais en est-il ainsi ? Les traders londoniens dominent le marché, les cinq premiers acteurs du marché des devises en 2009 ont été la Deutsche Bank, Union de Banques Suisses (UBS), Barclays Capital, Royal Bank of Scotland (RBS) et Citibank. On peut donc douter d’une quelconque volonté de s’opposer sérieusement à de tels intérêts.

    Et pourtant, dans une situation où la crise économique ne cesse de croître – malgré la méthode Coué ambiante –, il est plus qu’urgent d’intervenir pour sauver la zone euro et commencer à prendre de vraies mesures pour soumettre le système financier aux besoins de l’économie et à l’intérêt du plus grand nombre.


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  • les homo oeconomicus

    Auteur : Paul Jorion 


    On entend beaucoup dire ces jours-ci, à propos de la Grèce et des contournements du « pacte de stabilité et de croissance » de la zone euro que Goldman Sachs lui a permis d’opérer : « Comment est-ce possible qu’un établissement financier vende un produit et parie ensuite sur sa mauvaise performance ? » Et il faudrait ajouter : « Au risque de couler la Grèce – et dans son sillage, par un effet de dominos : le Portugal, l’Espagne… et l’ensemble de la zone euro ».

    Mon premier début de réponse, je le propose sous forme d’une autre question : « Comment est-ce possible que Mr. Alan Greenspan, président de la Federal Reserve de 1987 à 2006, gardienne des taux d’intérêt américains, puisse être dans un premier temps l’ange gardien du crédit immobilier américain, et devenir ensuite dans un second temps – quand il a échoué dans sa tâche – le conseiller d’un hedge fund, Paulson & Co, qui a gagné 23,5 milliards de dollars en pariant sur l’effondrement de la valeur des titres de ce même crédit immobilier ? »

    Et la réponse intégrale est celle-ci : parce qu’on peut gagner beaucoup d’argent en vendant cher de la camelote, et qu’on peut aussi gagner beaucoup d’argent en s’assurant ensuite contre les dégâts provoqués par cette camelote. Beaucoup d’argent dans un sens, beaucoup d’argent dans l’autre sens.

    « Ces gens n’ont vraiment aucune dignité ? », direz-vous. Non : ni dignité, ni honneur, ni morale. Ils sont les homo oeconomicus, que la « science » économique n’a pas arrêté de nous vendre comme le nec plus ultra depuis cent cinquante ans : ils sont « rationnels » et dans une seule dimension : celle du profit. Avez-vous jamais entendu dire que l’homo oeconomicus ait une dignité, un honneur, une morale ? Soyons sérieux : si c’était le cas, comment voudriez-vous décrire son comportement à l’aide d’équations et de courbes ?

    Pourquoi en reparler aujourd’hui ? Parce que l’on commence à comprendre ce qui s’est passé en Grèce. Parce qu’ un article paru sur le site de l’agence Bloomberg ce matin nous fait comprendre pourquoi la Société Générale a été la principale bénéficiaire du sauvetage de l’assureur américain AIG à l’automne 2008 : parce que Goldman Sachs lui avait vendu les CDO (Collateralized–Debt Obligations – voir le glossaire) les plus vérolés qui soient : Davis Square Funding Ltd.’s DVSQ 2006-6A capital ayant perdu 77,7 % de sa valeur. Si la France s’est fâchée à cette occasion, on ne peut que l’en féliciter, mais comme on ne l’a pas su, c’est qu’on n’a pas voulu nous le dire : on a une fois de plus lavé le linge sale en famille.

    Notre espèce a inventé la démocratie pour que nous apprivoisions notre comportement politique mais nous avons pendant ce temps-là laissé la loi de la jungle présider à nos comportements économiques. J’écrivais le 28 août dernier que « L’extraterritorialité morale de la finance n’a que trop duré ! », je n’ arrête pas de le répéter depuis.


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  • Vivre sans banque centrale - Quand le Panama donne l’exemple

    On prétend confier aux banques centrales une mission impossible comme l’a démontré l’échec de l’expérience socialiste : planifier l’évolution des moyens de paiement requis par l’économie, et indirectement le développement économique en essayant d’atteindre un niveau jugé souhaitable d’inflation ou de croissance.

    Une banque centrale est une institution étatique ou paraétatique qui se voit confier par l’État divers monopoles : émission de la monnaie, prêteur en dernier ressort des banques, banquier de l’État, gestion des réserves en devises et métaux précieux, régulation et supervision des services bancaires et financiers, fixation du taux d’intérêt directeur. Concrètement, la modification de ce taux directeur représente le principal moyen d’action d’une banque centrale sur l’économie. Selon la classique loi de l’offre et de la demande, lorsque les prix montent, la banque centrale augmente le taux d’intérêt, réduit le crédit, la demande et donc ralentit la hausse des prix. Et inversement, lorsque les prix ont tendance à baisser.
     

    Cependant se pose de sérieuses questions sur la légitimité et l’efficacité de si formidables monopoles. Pour commencer, et en paraphrasant, on pourrait dire que le pouvoir de « battre monnaie » est bien trop sérieux pour être laissé à la merci des politiciens – la collusion de ces derniers avec les banques centrales étant à l’origine de principales catastrophes monétaires, alors même qu’une des principales missions d’une banque centrale consisterait justement à maintenir la stabilité des prix et garantir la solidité de la monnaie. La réalité historique montre que les banques centrales – qui plus qu’à leur tour ont joué les pompiers pyromanes de l’inflation – ont surtout un rôle politique, bien éloigné de leur prétendue indépendance, en injectant des quantités gigantesques de monnaie dans le système économique afin d’éviter aux gouvernants de devoir augmenter les taxes ou de réduire les dépenses publiques et afin de leur faire bénéficier de cette taxe qui ne dit pas son nom, l’inflation. Par ailleurs, on notera aussi que les fluctuations des taux d’intérêt n’ont souvent rien à voir avec les réalités économiques fondamentales, perturbant ainsi les marchés et créant des bulles. Sans compter le fait que les autorités monétaires incitent à des comportements imprudents, en suscitant l’idée que leur rôle consisterait à évacuer les risques en venant à la rescousse des établissements au bord de la faillite en raison de leurs prises de risque excessives.

    En fait, on prétend confier aux banques centrales une mission impossible comme l’a démontré l’échec de l’expérience socialiste : planifier l’évolution des moyens de paiement requis par l’économie, et indirectement le développement économique en essayant d’atteindre un niveau jugé souhaitable d’inflation ou de croissance. Il est d’ailleurs révélateur que le 5e point du Manifeste du Parti communiste de Marx et Engels préconisait la « centralisation du crédit entre les mains de l’Etat, au moyen d’une banque nationale, dont le capital appartiendra à l’État et qui jouira d’un monopole exclusif ». Or vivre dans une économie sans banque centrale n’est pas une idée utopique. Il suffit de rappeler que non seulement la plupart des banques centrales furent tardivement créées au cours des 19e et 20e siècles, mais aussi qu’ont bien existé des systèmes concurrentiels de gestion de la monnaie (Écosse, Nouvelle Angleterre, Canada, etc.) ou encore que jusqu’en 1993 Hong Kong a parfaitement pu prospérer sans banque centrale.

    Mais un autre exemple est particulièrement intéressant : celui du Panama, qui depuis son indépendance n’a jamais eu de banque centrale. En effet, depuis 1904, la constitution de ce pays stipule qu’il ne peut avoir de monnaie de cours forcé et que tout citoyen peut rejeter une monnaie, même publique, qui ne lui inspire pas confiance. En d’autres termes, au Panama, on peut employer n’importe quelle monnaie dont le cours est déterminé par le marché. Le dollar s’y est imposé, mais librement, en réponse au désir des gens.

    Les avantages du système apparaissent immédiatement. Durant les 25 dernières années, l’inflation moyenne au Panama aura été légèrement inférieure à 2%, se maintenant généralement à plus d’un point sous l’inflation des États-Unis. La raison en est simple : contrairement aux États-Unis, les Panaméens ne peuvent imprimer des dollars ; ils doivent les gagner en échange de biens et services réels. En plus, sans banque centrale, il n’y a plus de prêteur de dernier recours ni sécurité des dépôts ; par conséquent, les banques sont obligées d’agir de manière responsable pour se maintenir à flot. Et l’absence de banque centrale rend impossible la manipulation des taux d’intérêts. Par ailleurs, grâce à l’ouverture du secteur bancaire en 1971, il n’existe pas de contrôle des capitaux à l’entrée ou la sortie de capitaux. Ce qui a permis l’installation dans ce pays de plus de 100 banques internationales, favorisé l’intégration financière internationale et évité les déséquilibres économiques et financiers habituels dans la région.

    Ce système empêche, de fait, toute politique keynésienne. En effet, chaque fois que le gouvernement panaméen a tenté d’injecter dans la masse monétaire de l’argent extérieur via la dette, le système a répondu en faisant sortir à l’étranger l’excès en circulation. Grâce à la concurrence bancaire (et sans banque centrale qui facilite la cartellisation), les banques ne peuvent gonfler de manière synchronisée ni manipuler les taux d’intérêts sous la « direction » de la banque centrale. Les banques se chargent de nettoyer les excès produits par l’expansion en diminuant le crédit, occasionnant ainsi la récession au moment précis. Alors que les banques centrales font exactement l’inverse en faisant gonfler la masse monétaire lors des récessions, ce qui empêche l’évacuation des mauvais investissements, aggravant ainsi les récessions. C’est ainsi que l’économie panaméenne a géré ses différentes récessions par la déflation (1986, 1989 et 2003), soulageant les consommateurs et les entreprises quand il le fallait. Tout cela a fait que l’économie panaméenne fut la seule d’Amérique latine à n’avoir pas souffert des chocs financiers ou des excès de ses voisins (tequilazozamba, effet tango, etc.)

    Après la dernière crise mondiale et l’éclatement des diverses bulles à travers le monde depuis deux décennies, il est temps que les pays qui s’entêtent à produire du papier monnaie sans répondant étudient d’un peu plus près l’expérience monétaire panaméenne et s’inspire d’un système qui en un siècle a produit une des plus basses inflations au monde et soutenu une économie stable et croissante (PIB quadruplé lors de ces 30 dernières années). Vivre sans banque centrale a très bien réussi au Panama. Pourquoi n’en serait-il pas de même dans le reste du monde ?


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  • Les « hedge Funds » et les spéculateurs en general sont-ils des assassins ?

    Avant de lire la totalité de l’Article je tiens a vous préciser que je ne suis qu’un citoyen lambda, pas ou peu intéressé par la finance. J’ai par contre subi un licenciement « boursier » à 55 ans qualifié de faute grave, donc sans indemnités, j’ai dû alors m’enfoncer avec un « credit revolving » en attendant la fin du procès (quatre ans) que j’ai bien sûr gagné contre mon employeur. En quatre ans j’ai appris beaucoup, j’ai bien gavé les banques, mais j’ai aussi pensé au suicide, voire plus !

     J’ai appris l’existence des sauterelles de la finance il y a quelques années, grâce au « Spiegel » qui avait fait un article assez complet sur TCI et son chef Christopher Hohn . Les Allemands les appelait alors « Die Heuschrecken » les « Sauterelles » , du nom de cet animal qui ne laisse rien sur son passage !

    Le « Spiegel » expliquait alors que TCI « The Children Investment » a été monté par les descendants des juifs spoliés par les Nazis qui ont entrepris de « venger » leurs ascendants.

    Leur compte , aux iles caïmans, composé, au départ essentiellement des indemnités versées par les sociétés allemandes condamnées à réparer les fautes du régime nazi a servi à mettre en route une véritable machine de guerre spéculative . Leur technique est simple : faire baisser une action , en racheter suffisamment puis la faire remonter , avec des complices, et revendre aussi vite au plus haut cours . Bien sûr, il ne font pas cela seuls, chez Deutsche Börse, il avait à ses côtés le fonds Atticus chez ABM amro TCI s’est allié à Toscafund. En juin 2009, il s’installe chez CSX , le chemin de fer US.

    Pour arriver a leurs fins, ils ont bien sûr besoin de la complicité des agences de cotations boursières qui « notent » leur proies en bien ou en mal selon l’étape de l’action.

    Bien qu’il procède de la même manière, le cas de la « dette » Grecque est légèrement diffèrent . Pour respecter les critère de l’Euro ( -de 3% du PIB en déficit public) la Grèce ouvre un crédit de 1 milliard de dollars à Goldman Sachs qui empoche au passage 300 millions de dollars de commission ( presque le tiers du crédit ) ! L’agence de cotation « Moody » délivre la note A, (la plus haute) sur cette opération malgré les doutes sur la fiabilités des comptes grecs ?

    Là encore il est relativement étrange de découvrir que les sociétés de cotations sont des organismes privés qui n’ont aucun compte à rendre à la démocratie ?

    Pour quand même se protéger et ne pas courir de risque « Goldman Sach » a bien sur contracté une assurance, probablement grâce à la note A, sur un éventuel défaut de paiement (un Credit Default Swap).

    En y regardant de plus prêt, on s’aperçoit que cette technique s’apparente au « crédit revolving » des particuliers qui permet à quiconque de s’endetter (pour rembourser ses dettes) - avec un taux généralement TRES élevé .

    Mais comme le dit si bien « Goldman Sachs » , il n’y a pas de loi contre la cupidité !

    Pourtant quand des des gens mis au chômage ou employés se suicident sous la pression de leur direction, quand d’autres volent pour se nourrir dans les magasins, QUI est responsable ? QUI est coupable ?

    Le coupable est bien sûr le voleur, sur ce point il n’y a pas de doute, mais pour ce qui concerne le responsable, le doute est permis. Peut-on presser les employés jusqu’à les rendre malades, à les pousser au crime ou au mieux au suicide ? Dans une meute de loups, la question ne se pose pas, mais chez les humains est-ce tolérable ?

    Mon esprit « Bonsensite » m’autorise à déclarer que l’on a franchi la frontière qui sépare l’humain de l’animal et qu’il est temps de remettre la finance au service de la politique et non pas l’inverse !


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  • Une nouvelle petite crise ? Certes, mais monétaire cette fois !

    Publié par André Serra dans Etats-Unis, Économie, tags: , , , , ,

    L’économie mondiale est atteinte de thrombose monétaire !

    En termes financiers, cela signifie que le monde croule sous les liquidités issues des plans de relance de tous les pays atteints par la crise des subprimes.

    Faisons une parabole de ce qui est en train de se passer : plantez une plante dans une plaque de béton, si vous pouvez. Ensuite arrosez la abondamment jusqu’à ce qu’elle se mette à pousser. Si elle pousse, vous avez de la chance, sinon votre plante va mourir. Manifestement, la méthode employée n’était pas la bonne.

    Pourtant, il ne se passe pas autre chose dans les économies occidentales atteintes par la crise et qui n’en sont pas encore sorties, malgré la propagande qui prétend que la crise est derrière elles. Or, on ne pourra dire que la crise est passée que :

    - lorsque le taux de croissance aura dépassé 1,5%, après que les aides directes, telles que primes à la casse et au logement auront été supprimées depuis au moins trois mois,

    - lorsqu’une hausse légère du taux d’intérêt pourra être supporté par l’économie sans que la crise reprenne.

    Avant cela, nous serons toujours en crise. Les États-Unis et l’Europe sont donc toujours en panne quelque soient les petits indices d’amélioration qui se manifestent ça et là, mais qui ne sont pas stables dans le temps. La Chine, ses amis du BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine] et quelques autres ont d’ores et déjà dépassé ce test. C’est ainsi que l’Australie a pu augmenter à deux reprises son taux d’intérêt en le portant à 3,75%. Mais il est vrai que c’était surtout pour calmer l’emballement de son économie, essentiellement basée sur le commerce des matières premières.

    Voyons comment ça se passe aux É-U par une autre parabole :

    Si vous versez du café à côté de la tasse destinée à le recevoir, celle-ci ne se remplira pas, mais la nappe qui la supporte en sera largement imbibée : le café, ce sont les dollars, la tasse est l’économie et la nappe, le secteur financier de l’économie. On en est là ! Après son sauvetage le secteur financier put emprunter à la Fed des sommes considérables à 0% ou presque, et les plaça dans des actifs extérieurs au pays, parce qu’ils y sont plus rentables qu’aux É-U. Mais surtout, ses opérateurs recommencèrent les activités de “carry trade” qu’ils avaient dû abandonner au début de la crise faute de capitaux. Pendant ce temps le reste de l’économie fut privé de crédit, à l’exception notable du secteur de l’automobile.

    D’un autre côté, les classes les plus riches du pays n’ont jamais été aussi riches et continuent de s’enrichir, en particulier parce que depuis l’époque Bush leurs impôts ont été considérablement réduits, et que de ce fait, leur épargne est devenue colossale. Elles disposent donc de liquidités démesurées. Qu’en faire ?

    Contrairement au secteur financier, ces classes n’ont pas besoin d’argent. Elles croulent sous leurs ors, mais ce n’est pas une raison pour les laisser dormir. Elles les utilisent pour acheter des actifs négociables. D’abord en bourse, actions et matières premières, mais aussi dans l’immobilier de luxe. Elles ont donc ainsi puissamment aidé à ce que la bourse se rétablisse, même si la plupart des valeurs y sont surévaluées. Mais elles ne peuvent guère aller plus loin. Compte tenu de la situation économique, cela commencerait à être dangereux. Par contre, l’immobilier de luxe est intéressant. Son marché est plus étroit et bien contrôlé. Il ne s’agit d’ailleurs pas pour eux de construire. C’est beaucoup trop long avant de rapporter. Elles préfèrent guetter les occasions, et les revendre rapidement. Il n’en manque pas et il suffit de bien choisir.

    En résumé, malgré les sollicitations pressantes du gouvernement, les banques ne prêtent pas aux entreprises, et encore moins aux particuliers, tellement elles ont peur de courir des risques. Et puis elles gagnent tellement plus en échangeant des dollars presque gratuits contre des devises étrangères qui rapportent. Tant pis si elles fossilisent leur pays !

    ***

    Quant aux particuliers, la plupart de ceux qui ne sont pas encore chômeurs sont endettés jusqu’à l’os. Alors ils ont revu leur budget, et remboursent leurs dettes autant qu’ils le peuvent. C’est pour cela que leur taux d’épargne, négatif à -3% en décembre 2007, est passé à près de +7% en octobre 2009. Donc, pas question pour ceux-là de s’endetter à nouveau. Bien sûr ce taux est un taux moyen, d’autres épargnent beaucoup plus, mais bien plus encore ne sont même pas capables de faire face à leurs propres échéances. Sans parler de ceux qui doivent abandonner leur maison aux mains de leur banquier, car le rythme des saisies ne dérougit toujours pas. Il y a encore beaucoup de contrats “subprimes” à venir, ceux que les propriétaires ont réussi à honorer jusqu’ici, mais qu’ils doivent à présent abandonner parce qu’ils sont arrivés aux limites de leurs moyens.

    Je ne parle évidemment pas des chômeurs. Leur taux dans la population est passé de 10,2 à 10,1% en un mois. Quelle victoire pour le gouvernement ! Mais celui-ci se garde bien de publier le nombre de ceux qui sont sortis de leur droit à être indemnisés, ni de ceux qui ont abandonné toute recherche d’emploi, ou qui travaillent seulement quelques heures par ci, par là. En les compilant, on arrive à un taux de sous emploi très proche de 20%.

    ***

    Pendant ce temps-là, les dollars généreusement imprimés par la Fed se répandent sur la planète grâce à l’astuce du “carry trade”. C’est autant de dollars qui sortent du circuit monétaire officiel. Ils vont gonfler les poches de tous ceux, États et particuliers, qui croient en la résurrection du dollar et de son économie. “Trop gros pour faillir“, dit la rumeur publique. Comme le WTC probablement.

    Les É-U ont donc ainsi marchandisé leur monnaie. Celle-ci perd peu à peu son rôle de vecteur d’échange pour devenir simple objet de commerce. Mais qu’à cela ne tienne, c’est facile à fabriquer.

    Cependant, à imprimer tant et tant de coupures du fameux dollar, celui-ci perdra nécessairement sa valeur à long terme. C’est une autre façon de créer de l’inflation sans que les prix augmentent. Malin n’est-ce pas ! On craignait que toutes ces vaines dépenses allaient créer de l’inflation ! Que nenni ! On file des dollars qui ne valent plus grand chose aux étrangers contre la meilleure monnaie de ceux-ci, lesquels viennent ensuite les échanger à leur tour sur les bourses de New York et de Chicago, faisant ainsi monter les cours des actions et de certaines matières premières. Vous voyez bien que les É-U sont sortis de la crise puisque le cours des actions monte, apportant ainsi un peu de gras au dollar. Malin, non, cette stratégie-là ?

    Pas exactement. Déjà la bourse retombe, mais le dollar grimpe contre l’euro, affecté par les difficultés financières de la Grèce, de l’Espagne et du Portugal. Nous en sommes cependant sans doute à la dernière étape, avant qu’une véritable crise monétaire n’éclate au détriment du dollar.


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  • Un effet domino menace le système financier allemand

    [ 22/02/10  ] <script language="Javascript" src="http://www.lesechos.fr/javascript/commentaires/onglet2.php?id=020378383474"></script>

    Expositions. Le risque principal pour le secteur financier allemand repose dans les « difficultés collectives traversées par les PIIGS », selon un rapport interne du régulateur financier allemand, la Bafin, révélé par l'hebdomadaire « Der Spiegel ». Les PIIGS sont le Portugal, l'Irlande, l'Italie, l'Espagne, enfin la Grèce, qui pourrait être l'« élément déclencheur » de telles difficultés, poursuit l'hebdomadaire. Les banques allemandes détiennent quelque 522,4 milliards d'euros d'actifs financiers sur ces pays, ce qui représente un cinquième de leurs engagements étrangers. La plus exposée au risque grec est la banque Hypo Real Estate avec 9,1 milliards d'euros de créances. Ses engagements ont augmenté de 50 % entre mai et septembre derniers, au moment même où elle passait sous contrôle de l'Etat. La Bafin n'a pas souhaité commenter ces informations.

    Les Echos

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  • Goldman Sachs, pieuvre et vampire de la finance mondialisée

    Article placé le 20 fév 2010, par Frédéric Courvoisier

    Cet article fera l’objet d’une mise à jour importante dans la soirée

    Pieuvre et vampire, Goldman Sachs a spéculé sur le dos de la Grèce tout en se faisant rémunérer par Athènes pour l’aider à gérer sa dette, jouant ainsi sur tous les tableaux. Cela n’a été possible que parce que le gouvernement des États-Unis et l’administration de l’Union Européenne ont placé aux postes clés des hommes de cette très influente banque d’affaire.

    Goldman Sachs, la banque la plus puissante du monde, a spéculé sur le dos de la Grèce tout en se faisant rémunérer par Athènes pour l’aider à gérer sa dette. Retour sur une manipulation.

    2001-2004

    Entre 2001 et 2004, Goldman Sachs se retrouve à la manœuvre pour aider les Grecs à camoufler leur dette.   Comment ? De deux façons distinctes. D’abord grâce à des swaps de change. Explication : Quand un pays vend sa dette au marché, il a la possibilité d’émettre des obligations en euros ou libellés dans une autre monnaie. Pour se couvrir contre le risque de change, le gouvernement en question a recours à des instruments financiers (swaps). Jusque là, rien d’anormal. Plusieurs pays, dont la France, ont utilisé ce type de technique. Là ou l’affaire se complique, c’est que le gouvernement et sa banque conseil peuvent décider en cours de route de changer la parité du taux de changes de leur couverture, dans l’opacité complète, de sorte à améliorer artificiellement la valeur de leur dette.

    2009

    Au début novembre 2009, le nouveau gouvernement grec se demande comment convaincre les marchés et Bruxelles qu’il pourra bien tenir son programme d’austérité pour réduire une dette abyssale (112% du PIB). Selon le NY Times, c’est à cette date qu’une délégation de banquiers de Goldman Sachs, emmenée par leur numéro 2, Gary Cohn, débarquent à Athènes. Ils ont prit rendez-vous pour présenter « un instrument permettant de remettre à un avenir très lointain le coût de système de santé du pays ». Le gouvernement socialiste de Papandéou pensait donc continuer, il y a quelques mois à peine, sur la même ligne que son prédécesseur.

    La fin de l’année 2009 vire au scénario catastrophe pour la Grèce. Les agences de notation, Fitch la première, dégradent la signature de sa dette à BBB+, ce qui équivaut à bonnet d’âne. Les marchés commencent à douter de la solidité et de la crédibilité du plan d’Athènes et l’euro décroche.

    Le mercredi 27 janvier Goldman Sachs fait courir une information bidon à travers ses réseaux médiatiques, dont le Financial Times, la bible des opérateurs de marché : La Chine aurait refusé d’acheter 25 milliards d’euros d’emprunt grecs. La nouvelle sème la panique. Pour les traders, Athènes est proche du gouffre puisqu’il est obligé de solliciter la Chine. Athènes dément immédiatement, mais les investisseurs exigent immédiatement une prime de risque encore plus élevée. Goldman Sachs avait un intérêt dans cette opération :faire du Cash. Pour cette banque, on ne se contente pas de toucher, de la main droite, des commissions pour son rôle de conseil auprès du gouvernement grec. Mais on spécule aussi avec la main gauche contre… la Grèce.

    Obama et le Gouvernement Sachs

    « La première chose que vous devez savoir sur la banque Goldman Sachs, c’est qu’elle est partout.» Voilà comment débute le journaliste de Rolling Stone, Marc Taibbi, dans un article sur le «pouvoir tentaculaire» de la plus puissante banque d’investissement au monde.

    La liste des « anciens de la GS » qui frayent dans les allées du pouvoir de l’administration Obama est à rallonge. A commencer par Henry Paulson, ex président de la banque, devenu secrétaire au Trésor sous Bush. Depuism Mark Patterson, lobbyste de Goldman Sachs, est devenu chef de cabinet de Timothy Geithner, le secrétaire au Trésor de Barack Obama.

    Les relais au gouvernement des agents de la Goldman Sachs semblent payer. La banque a multiplié par six son bénéfice net l’an dernier, soit 13,3 milliards de dollars.

    Avant d’être au cœur du scandale grec, la banque a contribué à la bulle spéculative des subprimes aux dépens des consommateurs. Le Congrès a ouvert une enquête sur la manière dont une partie des 183 milliards de dollars d’argent public dépensés pour sauver l’American International Group (AIG), a bénéficié à Goldman Sachs, principal client du plus gros assureur des États-Unis.

    Goldman Sachs a été la première bénéficiaire du renflouement, opéré vingt-quatre heures après que Thimothy Geithner et Henry Paulson eurent décidé de laisser couler la banque Lehman Brothers, qui était la principale concurrente de Goldman Sachs.

    Or, le sauvetage controversé d’AIG, on le doit à… Timothy Geithner, alors président de la Réserve fédérale de New-York. Goldman Sachs aurait empoché 12,9 milliards de dollars, sans que le Congrès en soit informé.

    Frédéric Courvoisier et Spencer Delane

    Avec les infos des quotidiens suisses Le Temps et La Tribune de Genève


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  • La crise qui vient ( analyse de Paul Jorion)

     


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  • La grosse combine de Goldman Sachs - Le futé M. Blankfein

     

    La semaine dernière, lorsque le Président Obama a été interrogé sur le bonus de 9 millions de dollars versé au PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, il a dit que ce dernier était un entrepreneur doté d’un grand savoir-faire, ajoutant que les Américains n’en veulent pas à ceux qui sont récompensés pour leur réussite. Quoique Obama ait par la suite nuancé ses propos au sujet de M. Blankfein et de ses copains banquiers, cela vaut la peine d’examiner de plus près à quel point le gang Blankfein/Goldman est « futé ».

    par Dean Baker
    CounterPunch, publié le 18 février 2010
    article original : "Goldman Sach's Great Trick"

    <text style="display: none;"></text>
    <text></text>

     

     
    Vendredi 19 Février 2010

     

    La grosse combine de Goldman Sachs -  Le futé M. Blankfein
     
    Le caractère futé du gang de Goldman se révèle peut-être le mieux par l’achat pour des centaines de milliards de dollars de crédits hypothécaires, qu’ils ont conditionnés en titres adossés à ces même prêts immobiliers et en instruments dérivés plus complexes, puis qu’ils ont vendu dans le monde entier. M. Blankfein et Goldman ont gagné des dizaines de milliards de dollars avec ces transactions.

    La grosse combine était que de nombreux crédits placés dans ces titres avaient été émis de manière frauduleuse, les banques remplissant des informations bidons pour que les emprunteurs puissent obtenir des prêts qu’ils ne seraient pas capables de rembourser. Mais ce n’était pas le problème de Goldman. Ils gagnaient de l’argent sur le conditionnement et la vente des titres. [Les dirigeants de] Goldman [Sachs] se fichaient pas mal que les prêts qui se trouvaient dans leur fatras pouvaient ne pas être casher.

    En fait, Goldman [Sachs] reconnaissait bien que ces prêts pouvaient souvent mal tourner. Ils sont donc allés voir le[s dirigeants du] géant de l’assurance, AIG, et ont obtenu d’eux qu’ils émettent des CDS [des titres permettant de parier sur le défaut de paiement] en échange d’un grand nombre de titres qu’ils avaient créés. Ils pariaient effectivement sur le fait que leurs propres titres ne valaient pas tripette. Là, c’est futé ! (Cela en dit aussi un peu plus sur les dirigeants très bien payés d’AIG…)

    Goldman [et, par conséquent, Blankfein] ne restreint pas son savoir-faire à l’économie US, il le partage également avec le reste du monde. Selon le New York Times, il a travaillé en étroite collaboration avec le gouvernement grec ces dix dernières années, pour l’aider à dissimuler son déficit budgétaire. La combine consistait à construire des accords financiers complexes qui apparaissaient dans les livres en tant que « swaps » [titres d’échange], même se ceux-ci étaient en fait des emprunts. La Grèce ajoutait des milliards de dollars à sa dette et, grâce à l’ingénuité de l’équipe de Goldman, personne n’en a jamais rien su jusqu’à maintenant.

    Mais le plus grand triomphe de Goldman [Sachs] a été d’obtenir du gouvernement [américain] qu’il vienne à sa rescousse lorsque le secteur financier s’est effondré en automne 2008 et que la bulle immobilière qu’ils avaient alimentée commençait à éclater. Le Secrétaire au Trésor [d’alors] et ancien PDG de Goldman [Sachs], Henry Paulson, s’est précipité au Congrès et a exigé 700 milliards de dollars pour les banques sans qu’on lui pose de questions. Il a amené avec lui en renfort le président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, flanqué de Tim Geithner, qui était alors le grand chef de la Banque de Réserve Fédérale de New York et aujourd’hui Secrétaire au Trésor d’Obama.

    Usant d’exagérations et de demi-vérités, ce trio a convaincu le Congrès que nous aurions une seconde Grande Dépression s’il ne crachait pas l’argent immédiatement et sans poser de conditions. A ce stade, Goldman Sachs, Morgan Stanley, Citigroup et la plupart des autres majors bancaires avaient les yeux rivés sur la banqueroute. Tandis que cette cascade de faillites bancaires aurait été une mauvaise nouvelle pour l’économie, aucun scénario plausible ne pouvait nous conduire à une seconde Grande Dépression.

    Il n’y avait pas non plus de raison que le Congrès ne puisse assortir de conditions toute cette sortie d’argent. Par exemple, le Congrès aurait pu imposer aux banquiers, pour qu’ils obtiennent l’argent, qu’ils se payent des salaires équivalents à ceux des autres travailleurs, qu’ils renoncent à toute activité hautement spéculative, que les plus grosses banques soient réduites en taille et que le principe soit écrit noir sur blanc sur les crédits hypothécaires pourris. Au point où ils en étaient, le Congrès aurait pu dire aux gros bonnets des banques qu’ils devaient courir dans Wall Street à poil avec leur slip sur la tête. Les banquiers n’avaient pas d’autre choix : sans le soutien du gouvernement, leurs banques allaient s’effondrer et partiraient en fumée.

    Mais le très futé M. Blankfein, en compagnie des autres banquiers, obtint l’argent sans qu’on lui pose de questions. En fait, Goldman a même obtenu du gouvernement qu’il reprenne les dettes d’AIG en faillite. Grâce à l’intervention du gouvernement, Goldman a récupéré jusqu’au dernier centime tout l’argent de ses paris passés avec AIG. Cela s’est monté à 13 milliards de dollars – assez d’argent pour financer pendant un an les soins médicaux de quatre millions d’enfants, selon le programme d’assurance santé infantile de l’Etat.

    Personne ne devrait douter que M. Blankfein soit un banquier très futé. Sans son ingénuité, Goldman Sachs aurait probablement mis la clé sous la porte et ses filiales auraient été vendues aux enchères au plus offrant. A la place, il encaisse des profits records et verse des bonis records.

    Mais contrairement aux joueurs de ballon à succès auxquels le Président Obama a comparé M. Blankfein, la réussite de Goldman est de nature parasitaire. Elle se produit aux dépens des contribuables et de l’économie productrice. Goldman et les autres banques de Wall Street réussissent, de la même manière que le futé Bernie Madoff a réussi. Il semble que le Président Obama doive encore décider s’il est du côté des banques de Wall Street ou s’il est du côté des travailleurs et des entrepreneurs qui produisent réellement la richesse.
    Dean Baker est co-directeur du Centre à la Recherche Economique et Politique (CEPR). Il a écrit de nombreux ouvrages sur la crise financière actuelle.
    Traduit par JFG-QuestionsCritiques

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  • GUERRE DE MOTS ENTRE L'ALLEMAGNE ET LA GRECE


    du 19 au 21 février 2010 : Je vous l'avais prédit il y a 2 mois, le diktat allemand passera mal en Grèce. A) Angela Merkel a piqué une colère apprenant que les Grecs ont bidouillé leurs comptes avec la Goldman Sachs, et les a sommés de donner vite une explication: "“It’s a scandal if it turned out that the same banks that brought us to the brink of the abyss helped fake the statistics,” Merkel said in a speech in northern Germany late yesterday, without naming Goldman Sachs directly". B) Ce à quoi les Grecs ont répondu aujourd'hui 19, "l'Allemagne n'a jamais payé ses réparations de guerre, elle n'a pas à nous donner des leçons". !!!! ??? Ca sent la révolte tout ça, si on en vient à exumer les souvenirs de guerre... Lire Bloomberg. Avec les intérêts et le retard sur 65 ans, cela doit faire, en effet pas loin des 250 milliards d'euro. Pile ce qui manque aux Grecs. La voilà la solution :-) Revue de Presse par Pierre Jovanovic


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  • Le sablier du chômeur en fin de droit

    François était gourmand.
    Il avait entendu que Pierre Gagnaire voulait que son restaurant « soit un lieu ouvert, c’est-à-dire dynamique, présent aujourd’hui, tourné vers demain mais soucieux d’hier, et qui ne perde jamais de vue son objectif : donner du plaisir par la cuisine, une cuisine généreuse, vivante, avec le risque de ces fausses notes que certains (lui) reprochent ».
    Le menu à la carte n’est pas excessif, de 100 à 400 euros, sans les vins. Le menu enfant y est abordable, à 30 euros. La cave à cigares est de belle qualité, paraît-il. François sentait d’ici le Septimo. A 50 euros, certes, mais la fumée est d’un bleu...
    C’est une maison sérieuse puisqu’une fois votre réservation enregistrée par internet, on vous demande votre "numéro de carte bancaire par fax pour confirmation".
    On est sûr de s’y trouver bien, dès lors qu’une « Tenue correcte » y est « exigée  », et qu’on nous assure qu’un «  voiturier s’occupera de (notre) véhicule si vous le désirez ». Si on le désire ? Mais oui, on le désire ! Parce que la sécurité, en ce moment, laisse à désirer.
    François rêvait souvent de bonnes et grandes tables, de « virtuoses des saveurs et des arômes » comme chez Gagnaire dont la « créativité et la versatilité ne connaissent pas de limites  » dans un décor "sobre et épuré » où «  tout se passe dans l’assiette ».
    Évidemment, "c’est une des tables les plus courues de Paris, prisée par les vedettes du show-biz et les hommes politiques"
     ++
    François était un grand rêveur.
    Il s’était promis de ne pas mourir sans avoir porté de montre Rolex. Mais c’était irrémédiablement raté. Il le sentait.

    Il s’était rabattu sur des rêves de voyages avec le Club Med. Il avait toujours été fasciné par le Club Med, qu’il connaissait pour avoir bien connu le beau-frère d’un cousin d’un chauffeur de Gianni Agnelli qui était le principal actionnaire à l’époque. François avait constaté et regretté la lente dégradation des services, pour qu’enfin, depuis 2005, ils se repositionnent sur le haut de gamme. L’arrivée de Bernard Tapie lui avait craindre le pire pour la pérennité du Club, mais avec le départ précipité de l’homme d’affaire artiste (après plus value, bien entendu) avait à nouveau permis au Club de proposer de bonnes affaires.
     

    Ainsi, le Club proposait ces jours-ci, justement, « le luxe de profiter de tout sans dépenser plus  ». "A partir de 1290€ TTC au lieu de 1570€ TTC(1) à Columbus Isle, 4 Tridents - Bahamas- Le luxe de profiter de tout sans dépenser plus. Vol, transfert(2) ; choix du confort(3), chambres ou Suites(4) spacieuses et raffinées ; cuisine de chefs ; Bar&Snacking inclus ; 10 à 15 activités par Village... Pour en savoir plus sur le Tout Compris by Club Med, cliquez ici. Réservez du 6 janvier au 21 février 2010 inclus. Partez entre le 14 janvier et le 31 mai 2010 inclus."
    ++

    François rêvait à ces luxes là, qui devaient être la vraie vie.
    François était tellement rêveur qu’il en était arrivé à oublier qu’il faisait partie des 600 000 chômeurs qui vont arriver en fin de droit et n’auront plus de ressources ni de protection sociale en 2010 ! Que serait 454 euros mensuels, ou rien.
     

    Le charme était rompu.
    Que fait l‘État ? Darcos regarde ailleurs, sifflote, lorgne sur les « partenaires sociaux ». Les « réformes » ont été faites contre les salariés, contre l’avis de la représentation sociale, mais Darcos leur renvoie le problème. L’UNEDIC coince et l’État fait la sourde oreille.
    Le 5 février dernier, le Medef et les syndicats ouvriers s’étaient penchés sur le sort de ceux là qui échapperont à la somptueuse allocation de solidarité (ASS) à 454 euros par mois.Il ne s’est rien passé, le MEDEF ayant eu la volonté de tout renvoyer sur le gouvernement, se prêtant à une stratégie concertée d’un prévisible effet d’annonce sarkozien. Un de plus.

    Le MEDEF ? J’entendais le 15 février au matin ma Laurence dire sur France 2 que la situation est « anormale ... nous préoccupe...  », qu’elle demande des « informations complémentaires », qu‘elle était étonnée que des personnes passent au « travers du filet de protection » de l’allocation et autres dispositifs. Elle dit « avoir besoin de comprendre ».

     Elle ne comprend pas vite, la (future ex) Présidente du Medef. Il faut qu’elle demande à son ami Roux de Bézieux.

    Le MEDEF des employeurs dit en substance que ce n’est pas aux patrons de payer mais à l’Etat... sur le sort qu’ils ont conjointement fait aux salariés. Une vieille chamaillerie de couple, en quelque sorte.

    L’État, lui, qui a vidé ses caisses pour les riches et consciencieusement détruit les solidarités, ne veut rien faire non plus. La fuite en avant en guise de plan com.
    Il n’était pas besoin d’être grand clerc pour montrer la finalité du petit raout du 15 février avec Sarkozy, qui ferait le gentillet avant les régionales.

    On verra à terme, accoucher , après ce sommet social bidon une petite souris des mains du praticien - sauveur de service : un cadeau de plus aux entreprises qui seront exemptées de charges sociales si elles embauchent un chômeur en fin de droit. Un jour ou l’autre.
     

    Résumons le tour de passe-passe : je licencierai un salarié, je le mettrai à la charge de la collectivité, et j’embaucherai un chômeur en fin de droits, exempté de charges sociales. Moi, mauvais esprit ? Oui, je sais.
    François va devoir attendre un peu, pour le resto et le Club Med, avec ses 454 euros mensuels...

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  • Les Chinois sont-ils en train de lâcher les Etats-Unis?

    Les Chinois, très critiques depuis un an à l’encontre de la politique d’endettement de Barack Obama, qui pèse sur la valeur de leurs actifs en dollars, ont mis leurs menaces à exécution. Les dernières données du département du Trésor montrent en effet que la Chine a nettement réduit, en décembre dernier, ses détentions d’obligations d’Etat américaines. La panique pourrait très vite gagner les marchés.

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    Selon les statistiques de Washington, les investisseurs chinois auraient réduit de 4,3 % la valeur de leur portefeuille sur le dernier mois de 2009 pour ne plus détenir que 755,4 milliards de dollars de bons du Trésor. Depuis juillet dernier, la Chine a même vendu au total 45,1 milliards de bons du Trésor et ainsi logiquement laissé le Japon retrouver le titre de premier créancier des Etats-Unis.

    Capacité de nuisance

    Commentant ces variations, plusieurs économistes ont cru déceler le début d’une tendance de fond qui risque de peser dangereusement sur la stratégie de reprise dessinée par le gouvernement américain. Pour les analystes les plus catastrophistes, les autorités chinoises auraient profité d’une dégradation de leurs relations politiques avec Washington pour confirmer leur méfiance à l’égard de la dette américaine et faire sentir leur capacité de nuisance à l’administration Obama, qui ose les défier sur les dossiers taïwanais et tibétain.

    En novembre dernier, à la veille de la première visite officielle de Barack Obama en Chine, beaucoup d’observateurs occidentaux avaient cru pouvoir louer l’émergence d’un « G2 » associant Pékin et Washington dans un dialogue apaisé portant sur les grands enjeux internationaux. Depuis, la relation entre la Chine et les Etats-Unis s’est considérablement tendue et la rencontre, aujourd’hui, entre le président américain et le dalaï-lama devrait attiser encore les frictions bilatérales entre la première et la troisième puissance économique mondiale.

    Risque de Faillite

    L’agence de notation Moody’s a prévenu hier qu’en cas de croissance trop faible aux États-Unis, la note « AAA » de la dette du pays pourrait être menacée. Même si elle n’a aujourd’hui pris aucune mesure concrète, c’est-à-dire pas de dégradation de note ni de mise sous perspective négative, il s’agit d’une première alerte qui pourrait en entraîner d’autres plus sérieuses.

    Le gouvernement américain prévoit un déficit public de 1.565 milliards de dollars soit 10,6% du PIB à la fin de septembre 2010, son plus haut niveau depuis la seconde guerre mondiale.


    Avec les information du quotidien Le Temps (Suisse)


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  • Dette américaine : le débit du tonneau des Danaïdes s’emballe

    Ligne de crédit illimitée : c’est en substance ce que les 2 gros poids lourds du financement immobilier américain Fanny Mae et Freddy mac, sous tutelle depuis Septembre 2008, ont trouvé dans la hotte du père Noël : de 200 milliards d’aide maximale octroyée par l’agence fédérale à chacune (1), ce plafond a été propulsé dans la plus pure pratique du Holden poker ; No Limit. La politique économique est donc clairement établie jusqu’en 2012 : « too big to fail » assorti de perfusion illimitée. Non seulement Obama n’entend pas stopper l’hémorragie, mais il amplifie l’alimentation du trou noir.

    Le contexte était pourtant particulièrement morose : les 2 groupes ont respectivement enregistré une perte respective de 120 et 70 milliards de perte après 9 trimestres dans le rouge : « Les deux sociétés ont déjà prévenu que 2010 serait une année très difficile. Le marché immobilier américain a connu une correction de ses prix sans précédent et rien ne laisse envisager qu’elle soit aujourd’hui totalement achevée. Les niveaux de transactions restent historiquement faibles, et les saisies se poursuivent à un rythme élevé tandis que la construction ne repart pas » (2) Oui, les saisies immobilières s’envolent : 1,7 millions en 2008, 2 millions en 2009, et la prévision pour 2010 est de 2,4 millions (3)
     
    Ce sauvetage de Noël s’explique par le fait que le département du trésor à admis que les pertes des deux géants pourraient largement excéder les 400 milliards de dollars (4). Mais la crainte ne s’arrête pas là, car, outre les ménages en difficulté, vient s’ajouter un nouveau sport national, pratiqué par des joueurs parfaitement solvables, venant rejoindre le rang des mauvais payeurs, volontairement.
     
    Les risques de défauts de remboursements de crédits prennent des proportions inédites, et ne concerneraient pas seulement les emprunteurs en difficulté, mais aussi les « défauts de paiements stratégiques ». Dans un article de Slate (5), « Si les grandes sociétés et les milliardaires n’hésitent plus à ne plus rembourser leurs crédits, pourquoi les simples particuliers devraient-ils le faire ? », il est fait l’analyse d’un phénomène nouveau qui consiste pour un emprunteur en capacité de rembourser à ne plus payer délibérément afin d’allouer ses liquidités à d’autres destinations, notamment pour délaisser un bien gagé dont la valeur s’est effondré (6)
     
    Selon l’agence S&P, le défaut de remboursements d’obligations vendues au public a doublé de 2008 à 2009. George Brenkert, Professeur à l’université de Georgetown, en appelle à la moralité ! C’est dire à quelle misérable argumentation il faut recourir, c’est dire qu’il n’existe aucune prise sur ce phénomène qui gagne la classe moyenne et la classe aisée.
     
    Dans une optique de prévisionnelle, le 24 décembre (encore !), le sénat américain a voté un relèvement du plafond de la dette américaine, qui approchait la limite légale : celui-ci est passé de 12.104 milliards de dollars, à 12.394, plus de 80% PIB américain, ou encore 6 ans de recettes annuelles sans les dépenses (en 2007 déjà, Ivachov disait que les Etats-Unis étaient hypothéqués à 10 fois leur valeur) (7) , pour un budget abyssalement déséquilibré, 2104 milliards de recettes par an, pour des dépenses de 3521 milliards, et une dette pondérée sur du court terme, devant être refinancée au 2/3 sur 4 ans (8).
     
    Cette irruption des défauts de paiement dans le milieu solvable, qui n’entend pas être le dindon de la farce de l’effondrement du marché, pourrait bien renforcer la spirale qui a plongé le pays dans une fuite en avant autodestructrice depuis le début de la crise.

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  • L’effondrement de l’Euro est inévitable selon un analyste de la SG

    C’est un analyste de la Société Générale, un des plus prestigieux de la banque, Albert Edwards, qui a jeté le pavé dans la marre. Cet oiseau de mauvais augure avait déjà annoncé en 2009 qu’il fallait s’attendre à « voir les marchés mondiaux plonger à un nouveau plus bas en 2010 » (1). Mais il y a quelques jours, il s’est montré d’un pessimisme qui aurait fait pâlir Cioran : « ma vision est qu’il n’y a que peu d’aide autre que temporaire qui puisse être offerte à la Grèce par les pays de l’eurozone […] N’importe quelle aide apportée à ce pays ne peut que reporter l’éclatement de la zone Euro » (2)

    L’effondrement de l’Euro est inévitable (3), martèle l’expert ! Il faut dire que les coulisses de ce qui pourrait devenir l’Eurogate commencent à laisser apparaître derrière la Grèce des sous-marins si complémentaires qu’on pourrait presque y déceler une harmonie de destruction programmée : des ministres des finances européens, les agences de notation et Eurostat qui auraient tamponné l’imprimatur à des montages dont le but était de maquiller la dette grecque en y coulant une chape de crédits à long terme présentés en CDS par Goldman Sachs, selon Jorion (4) et comme l’indique le NYT (7), voilà qui présagerait d’une nouvelle stratégie de la prédation financière, après la destruction de la concurrence à Wall street, Goverment Sachs s’attaque aux états.

    Cela est-il étonnant ? Toujours selon Albert Edwards (5), l’actuelle croissance mondiale n’a été obtenue que grâce au sacro-saint système pyramidal, et les dettes des états ne peuvent plus être monétisées ; en raison de bilans abyssaux (bilans à -470% pour l’Europe, -500% pour les Etats-Unis, -800% pour la Grèce), c’est la planète qui est devenue insolvable et le G7 est appelé à s’effondrer (6). Dès lors, pourquoi se priver de l’opportunité, bien organisée semble-t-il, de facturer à une nation, par l’intermédiaire bancaire, une bouée de sauvetage à 6%, quand les banques se font refinancer à moins de 1%, emprunts qui seront également plus chers aux canards boiteux que sont les PIGS (7) ?

    Les récentes gesticulations des chefs d’états autour du cadavre grec masquaient mal non seulement leurs craintes d’une éventuelle explosion de la zone euro, mais aussi leurs craintes sur les menaces d’une contagion sur la base d’imbrications financières importantes : « Les banques européennes ont prêté plus de 252 milliards de dollars à l’économie grecque, selon les chiffres de la Banque des règlements internationaux datant de septembre 2009. Les établissements français sont les plus exposés, avec 75 milliards de dollars (55 milliards d’euros) d’encours. Les établissements suisses ont investi 63 milliards de dollars (46 milliards d’euros), les Allemands 43 milliards (31 milliards d’euros) […] Les banques françaises et allemandes cumulent plus de 115 milliards de dollars (84 milliards d’euros) d’exposition en Grèce et six fois plus dans l’ensemble de l’Europe du Sud. L’Espagne, probable prochaine cible des marchés, inquiète beaucoup plus » (8).

    Les banques européennes auraient-elles prêté, en toute connaissance de cause, à un pays, dont la dette abyssale a été soigneusement maquillée par Government Sachs ? Vont-elles jouer la sainte innocence en jurant leur grand Dieu que le monde financier est vraiment pourri, qu’elles n’étaient au courant de rien, qu’elles ne pouvaient imaginer qu’une telle trahison de déontologie était possible, et qu’on ne les y reprendra plus ?

    Ce n’est donc pas la Grèce qui fait peur, pays dont l’Europe se contrefiche, disons les choses crument. Ce qui fait peur, c’est le spectre de la contagion. Selon Helga Zepp-Larouche, « les deux choix qui s’offrent à l’UE, tant qu’on s’enferme à l’intérieur du système actuel, sont celui d’une austérité draconienne à la Hjalmar Schacht et celui, en faisant tourner la planche a billets de la BCE, d’un renflouement bancaire provoquant une hyperinflation à la Weimar. Ces deux choix nous conduisent vers encore plus de crise et peut-être la guerre » (9).


    D’ores et déjà, la BCE se prépare à rompre avec l’Euro (10). L’Europe vient de poser un revolver sur la tempe grecque pendant 30 jours (11), mais le premier fils maudit de l’Euro en reste au bras d’honneur, un dialogue de sourd (12) augurant probablement une crise politique européenne majeure. Rendez-vous à l’ultimatum, le 16 mars, date à laquelle Jean-Claude Juncker a prévu d’éventuelles « mesures déterminées et coordonnées […] Nous ne pensons pas qu’il serait sage d’avoir une discussion publique sur de tels instruments »


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  • Wall Street a aidé la Grèce à dissimuler sa dette, alimentant ainsi la crise en Europe

     

    Les tactiques de Wall Street, semblables à celles qui ont encouragé les crédits hypothécaires à risque en Amérique, ont aggravé la crise financière, secouant la Grèce et ébranlant l’euro, en permettant à des gouvernements européens de dissimuler leurs dettes.
    Par Louise Story, Landon Thomas Jr. et Nelson D. Schwartz
    The New York Times, le 13 février 2010
    article original : "Wall St. Helped Greece to Mask Debt Fueling Europe’s Crisis"

    Mardi 16 Février 2010
    (Chris Ratcliffe/Bloomberg News) Gary D. Cohn, président de Goldman
 Sachs, s’est rendu à Athènes pour mettre au point des produits 
complexes afin de différer la dette. De tels accords ont permis à la 
Grèce de poursuivre son déficit budgétaire,
    (Chris Ratcliffe/Bloomberg News) Gary D. Cohn, président de Goldman Sachs, s’est rendu à Athènes pour mettre au point des produits complexes afin de différer la dette. De tels accords ont permis à la Grèce de poursuivre son déficit budgétaire,
     

    Alors que les inquiétudes sur la Grèce secouent les places financières mondiales, les données et les interviews montrent qu’avec l’aide de Wall Street, la nation [américaine] à pris part depuis dix ans à l’effort qui a permis d’esquiver les limites de la dette européenne. Un marché créé par Goldman Sachs a contribué à cacher des milliards [d’euros] de dette aux contrôleurs budgétaires de Bruxelles.



    Alors même que la crise approchait du point critique, les banques cherchaient des moyens pour aider la Grèce à empêcher l’arrivée de l’instant de vérité. Début novembre – trois mois avant qu’Athènes ne devienne l’épicentre des grandes inquiétudes financières mondiales – une équipe de Goldman Sachs, selon deux personnes auxquelles on a résumé cette réunion, est arrivée dans la ville antique avec une proposition très moderne pour un gouvernement se débattant afin d’honorer ses factures.

    Les banquiers, emmenés par le Président de Goldman, Gary D. Cohn, ont présenté un instrument financier qui aurait repoussé loin dans le futur la dette du système de protection médicale de la Grèce, un peu comme lorsque les propriétaires fauchés prennent des crédits hypothécaires secondaires pour rembourser leurs cartes de crédit. Cela a marché auparavant. En 2001, juste après que la Grèce fut admise dans l’union monétaire européenne, Goldman a aidé le gouvernement [grec] à emprunter discrètement des milliards. C’est ce qu’ont révélé des personnes proches de cette transaction. Ce marché, caché au public parce qu’il était traité comme un échange de devises plutôt qu’un prêt, a aidé Athènes à répondre aux règles de déficit imposées par l’Europe, tout en continuant de dépenser au-delà de ses moyens. Athènes n’a pas donné suite à la dernière proposition de Goldman Sachs, mais, avec la Grèce qui gémit sous le poids de ses dettes et avec ses voisins plus riches qui ont juré de lui venir en aide, les marchés qui ont été passés au cours de la décennie passée soulèvent des questions sur le rôle de Wall Street dans ce tout dernier drame financier mondial.

    Comme dans la crise américaine des subprime et l’implosion d’American International Group [AIG], les dérivés financiers ont joué un rôle dans l’accumulation de la dette grecque. Les instruments développés par Goldman Sachs, JP Morgan et un large éventail d’autres banques ont permis aux hommes politiques de dissimuler des emprunts supplémentaires, en Grèce, en Italie et peut-être ailleurs.

    Dans des douzaines d’accords conclu sur tout le continent [européen], les banques ont avancé des liquidités en échange de paiements futurs par ces gouvernements, avec ces passifs laissés en dehors des registres. La Grèce, par exemple, a vendu ses taxes aéroportuaires et les recettes de sa loterie pour les années à venir. Les critiques disent que de tels accords, parce qu’ils ne sont pas enregistrés comme des emprunts, induisent en erreur les investisseurs et les régulateurs quant à la profondeur des dettes d’un pays.

    Certains accords grecs prenaient le nom de personnages de la mythologie grecque. L’un d’eux, par exemple, s’appelait Aeolos, d’après le dieu du vent. La crise en Grèce pose le plus grand défi, jusqu’à présent, à la monnaie commune européenne, l’euro, et à l’objectif d’unité économique de ce continent. Ce pays est, en jargon bancaire, trop gros pour faire faillite. La Grèce doit 300 milliards de dollars au monde et des grandes banques sont engagées pour une grande partie de cette dette. Un défaut de paiement aurait des conséquences dans le monde entier.


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  • La BCE et l'Allemagne exigent plus d'efforts de rigueur de la part de la Grèce
    LE MONDE | 16.02.10 | 07h07  •  Mis à jour le 16.02.10
    Bruxelles, bureau européen


    e ministre grec des finances, Georges Papaconstantinou, a certes tenté de résister. Mais les grands argentiers de la zone euro ont donné, lundi 15 février à Bruxelles, un mois à la Grèce pour qu'elle décide de nouvelles mesures d'assainissement de ses comptes publics.

    "Elles devront être prises si les risques pesant sur le redressement des comptes se confirment", a précisé Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, à l'issue d'une réunion des ministres des finances de la zone euro.

     

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    Un rapport d'étape sera fait le 16 mars dans le cadre des procédures inédites mises en place par l'Union européenne (UE) pour superviser le redressement grec. Objectif : être certain que le gouvernement dirigé par George Papandréou prenne toutes les décisions pour ramener, dès l'année 2010, son déficit à 8,7 % du produit intérieur brut (PIB), soit 4 points de moins qu'en 2009.

    Les mesures additionnelles réclamées par les Européens pourraient prendre la forme d'une hausse de la TVA, et des taxes sur l'énergie. Des nouveaux prélèvements sur les produits de luxe, et les autos, pourraient de surcroît être mis en place, selon une recommandation que les Vingt-Sept devaient adopter mardi 16 février.

    Le délai de trente jours accordé à Athènes est un compromis entre ceux qui estiment, comme en France, que l'effort demandé aux Grecs est d'ores et déjà considérable pour un pays en récession, et ceux qui veulent, comme en Allemagne, forcer le gouvernement grec à durcir encore l'assainissement des comptes publics.

    La Banque centrale européenne (BCE) s'est rangée du côté de ces "faucons", partisans de cette ligne plus dure : elle exige, d'après nos informations, que le déficit soit réduit de 5,25 points de PIB dès 2010, alors que les Etats ne demandent, à ce stade, qu'un effort de 4 points.

    Un peu avant la réunion, M. Papaconstantinou, le ministre grec des finances, avait expliqué que les marchés n'attendent "pas de nouvelles mesures d'économie". Pour lui, il s'agit plutôt de préciser les modalités d'un éventuel plan d'aide à son pays : "Ce qui arrêtera les marchés d'attaquer la Grèce, c'est un message supplémentaire, plus explicite, qui rende opérationnel ce qui a été décidé le 11 février lors du Conseil européen".

    Chefs d'Etat et de gouvernement s'étaient contentés, ce jour-là, d'un soutien politique, en s'engageant à prendre "des mesures déterminées et coordonnées, si nécessaire, pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble".

    AVIS DIVERGENTS SUR LES MODALITÉS DU PLAN DE SOUTIEN

    Dans la soirée, les ministres des finances se sont bien gardés de préciser quels seraient les outils à leur disposition pour tenir cet engagement de principe.

    Car les avis divergent toujours au sujet des modalités d'un éventuel plan de soutien à la Grèce. "Nous sommes confrontés à un gros problème allemand", dit une source européenne. D'après elle, "aucune réponse ne sera formulée, tant que le problème ne se pose pas".

    "Il ne serait pas sage d'avoir une discussion publique sur de tels instruments, mais si ces instruments sont nécessaires, vous pouvez être sûrs que nous en disposerons", a assuré M. Juncker, lundi.

    Les dirigeants européens espèrent avoir gagné quelques semaines. La prochaine période critique est attendue, d'après les experts, fin mars-début avril, au moment où la Grèce devra se refinancer sur les marchés.

    D'ici là, la Commission européenne a donné quinze jours à la Grèce pour qu'Athènes s'explique sur les instruments financiers utilisés, sur le conseil de la banque américaine Goldman Sachs au début des années 2000, pour enjoliver les comptes du pays.

    "Les instruments utilisés étaient autorisés à l'époque", a indiqué M.Papaconstantinou : "Ce type de contrats n'est plus légal aujourd'hui, et la Grèce ne les utilise plus."

    Eurostat, l'Office européen des statistiques dont la Commission suggère de renforcer les pouvoirs d'audit, n'avait jamais été mis au courant de ces pratiques.


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  • Les connaissez-vous?

    Herman Van Rompuy:

    La presse belge le cite comme l’un des favoris sollicités par les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne pour devenir le premier président permanent du Conseil européen, et évoque les problèmes de gouvernement que son départ poserait à la Belgique.

    Herman Van Rompuy

    Le 11 novembre 2009, Mario Borghezio, membre italien (MEP Ligue du Nord) du parlement européen évoque la possibilité que les candidats aux postes de président et ministre des Affaires étrangères, comme Jan Peter Balkenende, David Miliband, Herman Van Rompuy parmi d’autres, pourraient être ceux des « groupes occultes » Bilderberg et Commission Trilatérale et non simplement ceux des forces politiques des pays. Le lendemain, Herman Van Rompuy se rend au Château de Val Duchesse pour une réunion du Groupe Bilderberg où il donne, dans un discours, sa vision quant à la gouvernance de l’Europe. Il y exprime l’idée selon laquelle l’Europe devrait être fédéraliste à l’image des États-Unis, et devrait pouvoir prélever un impôt au niveau européen.

    L’exercice de cette fonction commence théoriquement le 1er décembre 2009, date d’entrée en vigueur du traité de Lisbonne. Selon ce traité, le président permanent ne peut assumer de mandat national le temps de sa présidence. Herman Van Rompuy doit donc quitter son poste de Premier ministre le 30 novembre au plus tard. Exceptionnellement, de manière à permettre au Premier ministre suédois (président tournant du Conseil européen jusqu’au 31 décembre 2009) de terminer son mandat, il est décidé qu’Herman Van Rompuy débutera son mandat au 1er janvier 2010.

    « L’horloger des compromis impossibles » est nommé le 19 novembre 2009 au poste de premier président permanent, en même temps que les deux autres titulaires des nouveaux postes créés par l’Union : le Haut représentant (Catherine Ashton) et le secrétaire général du Conseil de l’Union européenne (Pierre de Boissieu).

    « Il n’est encore jamais arrivé que des négociations n’aboutissent pas à l’adhésion de l’État en question à l’Union européenne et cela n’arrivera pas non plus cette fois-ci. » ; intégrer la Turquie, « pays important pour l’Europe », pose la question de l’attitude à adopter pour d’autres pays comme l’Ukraine par exemple ; « L’élargissement à la Turquie n’est en rien comparable aux précédentes vagues d’élargissement. La Turquie n’est pas l’Europe et ne le sera jamais. Dire que l’Europe chrétienne est opposée à cet élargissement, c’est travestir la vérité. L’on peut en effet dire la même chose d’autres familles et groupes politiques dans d’autres pays. Le fait est que l’adhésion d’un grand pays islamique comme la Turquie entraînera une dilution des valeurs universelles sur lesquelles l’Europe repose et qui jouent par ailleurs un rôle fondamental dans la doctrine chrétienne. »

    « L’Europe est une Union de valeurs. C’est pourquoi nous avons la responsabilité de jouer un rôle important dans le monde. [...] D’ailleurs, j’espère que notre Union s’élargira encore pendant les prochains 2 ans et demi à des pays qui, bien sûr, rempliront les conditions. »

    Catherine Ashton:

    Née le 20 mars 1956, elle est une personnalité politique britannique, économiste de formation.

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    Elle est nommée pair à vie en tant que baronne Ashton of Upholland en 1999. Membre du Parti travailliste, elle devient en juin 2001 secrétaire d’État au ministère de l’Éducation, puis en septembre 2004, au département des Affaires constitutionelles, et enfin au ministère de la Justice en 2007. Elle devient leader de la Chambre des Lords, pour le Parti travailliste. Politicienne de l’année 2006, elle est désignée par Gordon Brown le 27 juin 2007 comme leader de la Chambre des Lords et Lord-présidente du Conseil. Agée de 53 ans, cette travailliste est moins connue dans son pays qu’à Bruxelles, où elle a succédé avec succès, l’an dernier, à son compatriote Peter Mandelson, comme commissaire européenne au commerce. Elle est réputée appréciée par le président de la Commission, José Manuel Barroso.

    Pierre de Boissieu:

    Pour le quotidien d’information spécialisé Europolitique, « Bien plus qu’un acteur clé de la construction européenne, Pierre de Boissieu est quasiment une légende pour toute une génération de diplomates, d’eurocrates et de journalistes qui ont arpenté les couloirs de l’Europe entre le milieu des années 1970 et la fin de la dernière décennie. »

    Pierre de Boissieu

    Pierre de Boissieu, diplomate de formation, a été membre du cabinet du français François-Xavier Ortoli, vice président de la Commission européenne. A cette fonction, « il ne sera pas étranger au succès de deux initiatives qui ont pavé le chemin de l’euro : la fondation du Système monétaire européen et la création de l’unité de compte européenne : l’écu », selon le quotidien spécialisé Europolitique.

    Il a alors été l’un des principaux négociateurs et rédacteur du traité de Maastricht conclu en décembre 1991. Il est l’inventeur de l’organisation en trois piliers (JAI, PESC, UEM), qui a fini par s’imposer. « Poids très lourd dans les enceintes du conseil », il devint « le conseiller très écouté tant de François Mitterrand que de Jacques Chirac ».

    Pierre de Boissieu a été ambassadeur de France auprès de l’Union européenne (ou « Représentant permanent », ou « RP ») de 1993 à 1999, battant le record de longévité dans ce poste.

    Il devint secrétaire adjoint du Conseil de l’Union européenne le 18 octobre 1999. Selon Europolitique, alors que le secrétaire générale Javier Solana se consacrait aux affaires internationales, Pierre de Boissieu « est devenu le patron absolu de l’institution. Sa connaissance des dossiers, des mécanismes institutionnels, du personnel politique des Etats membres de l’UE l’ont rendu incontournable ». Pour Le Figaro en 2001, « dans les faits, Pierre de Boissieu est seul maître à bord de ce qui est devenu, depuis l’affaiblissement de la Commission, le navire-amiral de l’Union. »

    Le 19 novembre 2009, Pierre de Boissieu a été choisi comme Secrétaire général du Conseil de l’Union européenne. Le Secrétaire général joue un rôle crucial pour l’organisation des travaux européens dans il assure la coordination. « De Boissieu a été nommé pour deux ans jusqu’à l’été 2011 », a déclaré le président français.


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  • Les PIGS tiennent tête à l’oligofinance de Bruxelles

     

    La Grèce ploie mais ne cède pas. Soutenu par ses collègues méditerranéens (Portugal, Italie et Espagne) lors de la réunion de l’Eurogroupe qui se tenait aujourd’hui à Bruxelles, le ministre grec des finances Georges Papaconstantinou a refusé d’allonger encore le catalogue des réformes que son pays s’est engagé à mettre en place.

    manifs

    De retour à Athènes ce soir (15.02) Papaconstantinou a indiqué qu’il jugeait l’action de l’UE très timorée. « La solidarité verbale, c’est bien. La solidarité financière, c’est mieux » a-t-il indiqué à peine débarqué de l’avion qui le ramenait de Bruxelles.

    Cette solidarité entre les pays du sud de l’UE n’est pas surprenante. Ils savent très bien que le rouleau compresseur européen va également leur passer dessus, tant la pression de l’euro risque de s’accentuer ces prochaines semaines. Conformément aux prévisions de nos articles de la fin de la semaine dernière, la monnaie européenne à poursuivi sa chute ce lundi (l’euro valait 1,3607 dollar ce soir à 18h00, contre 1,3629 dollar vendredi vers 22h00).

    A qui le tour ?

    Le PIB de la Grèce ne représente que 2,8% du PIB de la zone euro. Mais après la Grèce, viendra le tour du Portugal (1,8% du PIB de la zone euro), puis de l’Espagne. Et là on ne parlera plus de 2,8% mais de 12% du PIB de la zone euro, ou même de 17,3% si l’Italie avait la mauvaise idée de se joindre à la cohorte des pays blessés.

    Il ne faut pas oublier non plus que la France et l’Allemagne sont dans une situation budgétaire à peine meilleure que la Grèce. Ni l’une ni l’autre n’ont les moyens de leurs ambitions.

    Grande Dépression

    On peut faire confiance aux marchés financiers pour renforcer l’engrenage. Pour les marchés, la solidarité européenne est une promesse de profits garantis par les généreux soutiens annoncés. Si les soutiens européens ne se matérialisent pas, leur réaction sera encore plus violente. Si l’Europe retombe dans la récession, avec un euro en chute libre, les États-Unis ne manqueront pas de suivre. Avec cette fois un problème supplémentaire : les marges d’action sont inexistantes. Les taux d’intérêt sont proches de 0% et personne n’osera prendre le risque d’alourdir les déficits budgétaires. Le spectre de la Grande Dépression, que l’on croyait écarté, se profilerait alors à l’horizon.

    Comment mettre tous les budgets sous surveillance ?

    Pour l’Union européenne, il n’existe pour l’instant aucun moyen légal de contraindre un pays à abandonner sa souveraineté en matière budgétaire. Le seul accord existant est le Pacte de stabilité, or le Pacte a été ignoré par l’Allemagne et la France en 2003, puis par tous les pays en 2008-2009. Tout au plus peut-il conduire à une sanction financière à l’encontre de la Grèce, au maximum de 0,5% de son PIB.

    L’Union monétaire est pour l’instant fondée sur l’abandon de la souveraineté nationale en matière de politique monétaire, et non budgétaire. Ce sont les Grecs qui sont responsables de la dette de leur gouvernement. Les traités sont très clairs: ni la BCE, ni la Commission, ni les pays membres ne sont liés par la situation budgétaire d’un pays membre.

    Bien sûr, comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises la semaine dernière, le plan du Président du Conseil européen Herman van Rompuy, avec le soutien des gouvernements de la France et de l’Allemagne, entre autres complices, est d’inaugurer une gouvernance économique européenne, qui aura comme objectif de mettre tous les budgets européens sous surveillance. Mais elle ne pourra être mise en place sans la capitulation des pays membres (et plus particulièrement ceux qui sont directement concernés par un défaut de paiement à brève échéance).

    Le fiasco est annoncé

    Les dirigeants de l’Union européenne pensaient pouvoir utiliser les marchés financiers (lire les déclarations du patron de l’Eurogroupe dans notre article du 14 février) pour contraindre la Grèce à engager les réformes dont elle ne veut pas. C’est un fiasco complet. Le premier ministre Papandréou s’est ce soir publiquement dit déçu du caractère vague de l’aide européenne. Autrement dit, il se prépare déjà à ne pas céder aux pressions de l’oligarchie financière de Bruxelles. Le peuple grec, qui gronde déjà de colère, lui donnera très vite son soutien. Nous n’allons plus tarder à voir des manifestants brûler en effigie Angela Merkel et Nicolas Sarkozy dans les rue d’Athènes.


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  • L'Espagne rattrapée par les excès de la bulle immobilière
    LE MONDE | 15.02.10 | 13h45  •  Mis à jour le 15.02.10 | 13h45
    Madrid Correspondant


    eux ans après les autres, le gouvernement espagnol devra-t-il se porter au chevet des banques, sorties indemnes de la crise des subprimes mais plombées aujourd'hui par la dette du secteur immobilier ? Celle-ci s'élèverait à 325 milliards d'euros. Et les "mauvais crédits" des promoteurs et constructeurs sont estimés à 70 milliards d'euros, soit un taux d'impayés record de 21,5 %.

     

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    "Le système ne peut pas assumer la dette immobilière", affirme Santos Gonzalez, président de l'Asociacion hypotecaria espanola (AHE), un organisme contrôlé par les banques et les caisses d'épargne. D'ailleurs, la diminution des bénéfices des banques en 2009 s'explique en grande partie par l'augmentation des provisions pour faire face aux impayés, notamment ceux des promoteurs immobiliers.

    Les plus gros groupes immobiliers - Metrovesca, Colonial, Reyal Urbis - sont en train de renégocier leurs colossales dettes, mais beaucoup de banquiers craignent que certains promoteurs ne résistent pas à une troisième année de crise du marché immobilier. Depuis 2008, les grandes banques ont déjà accordé des bouffées d'oxygène à leurs débiteurs en reprenant des programmes immobiliers ou des installations solaires pour plus de 12 milliards d'euros. Elles sont pénalisées par ce stock, qu'elles vendent au compte-gouttes et qui se déprécie.

    Au-delà de l'immobilier, le secteur bancaire s'attend à voir le taux global d'impayés doubler d'ici au mois de juin, passant de 5 % à plus de 9 %. A cause de la crise, mais aussi, reconnaissait récemment l'ancien président de BBVA, Emilio Ybarra y Churruca, "à cause de clairs excès dans l'offre de crédits et d'insuffisances dans la prudence la plus élémentaire". Les grands groupes, tels Santander, BBVA, Banco Popular ou La Caixa, ne devraient pas connaître de difficultés, mais pour de nombreux experts, comme Inigo Vega, de Iberian Equities, "il est inévitable" que certaines entités enregistrent des pertes en 2010.

    Crise à retardement

    Le secteur des caisses d'épargne, qui représente environ la moitié du système financier espagnol, est le plus vulnérable. A elles seules, ces petites institutions ont accordé 166 milliards d'euros de prêts aux promoteurs immobiliers, contre 134 milliards pour les banques traditionnelles et 24 milliards pour les coopératives. Fin mars 2009, le gouvernement et la Banque d'Espagne avaient évité la faillite de la Caja Castilla-La Mancha (CCM), en garantissant ses activités à hauteur de 9 milliards d'euros.

    Cet incident a relancé le projet d'une restructuration du secteur. Pour l'instant, 23 caisses sur 45 sont impliquées dans un processus de fusion. Il s'agit des plus petites, représentant 30 % des actifs de l'ensemble, et les négociations traînent en raison des enjeux politiques locaux. Mais si les caisses veulent bénéficier des aides du Plan de restructuration bancaire, dont Bruxelles vient d'approuver les modalités, les entités financières espagnoles devront avoir bouclé leurs opérations de fusion-restructuration au plus tard en juin.

    Cette échéance avait été fixée par Bruxelles, qui estimait inutile de prolonger le régime spécial d'aides au secteur financier, la crise étant finie. Pour le système bancaire espagnol et sa crise à retardement, elle pourrait être repoussée de six mois, sous conditions.


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  • L'american dream  vire au cauchemar !

    Les marchés connaissent donc une nouvelle fois une période instable, et il est vraiment étonnant de voir à quel point les médias ne sont pas à la page.

    Les marchés connaissent donc une nouvelle fois une période instable, et il est vraiment étonnant de voir à quel point les médias ne sont pas à la page. Aucun sujet n’apparaît sur ce possible retour de la crise, et l’on préfère traiter de sujets beaucoup plus légers.

    Ne nous écartons pas du chemin, nous n’en avons pas encore fini avec ces problèmes liés à la crise des subprimes aux Etats-Unis. La baguette magique d’Obama n’a servi qu’à endormir les grands enfants que nous sommes.

    Chronique : Un nouveau Krach sur le CAC 40 ?Mais il arrive un moment où nous nous retrouvons face à la réalité, et elle est très loin d’être rose. Les problèmes de la Grèce ne sont qu’une résultante de la très mauvaise gestion européenne de la crise financière qui sévit.

    En grondant uniquement par la parole nos « amis » les banquiers, les chefs d’Etats ne se sont pas trop mouillés : « Ouh les vilains banquiers, ils ne sont pas gentils »… On va aller loin avec ça !

    Au lieu de réellement réformer le système capitaliste, le moraliser, le rendre plus humain sans pour autant nuire à sa liberté, nous avons eu droit à un formidable jeu de dupes.

    Et que dire de Copenhague ? Même réussir un incroyable pari sur l’avenir n’a pas été possible… Vraiment il y a de quoi être pessimiste sur la période que nous traversons.

    Nous sommes entrés dans l’ère de l’Immoralité où les actes les plus débiles sont récompensés, et où l’absurde prend toute sa place.

    Savez-vous quel est le revenu total des patrons banquiers aux Etats-Unis en 2009 ? Alors ? Et bien tenez-vous bien, pour les remercier pour cette catastrophe humaine (des familles sont dans la rue à cause de la crise), ils ont reçu 100 milliards de dollars.

    Vous allez me dire et alors, ils ne sont pas responsables de la misère du monde ? Et bien si, à partir de maintenant les banques possèdent une grande partie du parc immobilier américain suite aux impayés.

    Et par conséquent, de nombreuses familles se retrouvent sous des ponts, après avoir souscrit à un crédit à partir de 2002, suite à l’effondrement des Twin Towers, et par la même occasion du taux d’intérêt pour les emprunts.

    Ce qui a entraîné un harcèlement quotidien chez les particuliers pour devenir propriétaire et se retrouver avec un crédit hallucinant sur les bras.

    Quelle mentalité ! Consommer pour consommer, consommer ce qui n’est pas à notre portée, voila le monde de demain ?

    Alors oui, face à cette pression du crédit, de la joie d’acheter ce que l’on ne possède pas, oui, les banques sont responsables pour une grande part de cette crise.

    Et encore, je ne vous ai pas parlé des fonds de pension et de l’argent des petits vieux retraités parti en fumé suite à des placements honteux, faits justement sur la dette de ces familles américaines dans la rue.

    Chronique : Un nouveau Krach sur le CAC 40 ?Vous comprenez maintenant le principe de la société américaine ? Vous saisissez l’American Dream ? Alors Obama peut faire autant de pirouette médiatique, faire autant le guignol qu’il le souhaite, il n’est qu’un pantin qui tente de faire oublier à quel point nous sommes tous enfouis dans un fossé.

    Et ce qui est drôle, c’est que nous continuons de creuser, en laissant une dette incroyable à nos petits enfants… Vive l’argent qui n’existe pas, et continuons d’endetter les pays, il arrivera bien un moment où l’on trouvera le bouton redémarrage ???

    La semaine qui arrive est sous haute tension, et les membres de l’Union européenne vont devoir être persuasif pour tenter d’éteindre un des nombreux feux visibles, en instaurant une unité entre pays, avec un soutient massif envers la Grèce.

    Mais qu’on se le dise, la Grèce n’est pas le seul pays au monde en difficulté, et voir autant de dollars fabriqués sur des planches à billets sans connaître de réels bouleversements est absurde. Il faudra bien passer un jour à la caisse…

    www.michaeldupuy.fr


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