La chancelière allemande Angela Merkel veut que ses partenaires européens prennent modèle sur son pays en adoptant "une nouvelle culture de stabilité", mettant en garde contre "les conséquences incalculables" pour l'Europe et au-delà de l'indiscipline budgétaire.
"L'euro est en danger", a déclaré mercredi 19 mai la chancelière, qui défendait devant les députés du Bundestag, chambre basse du Parlement, le projet de loi sur la participation de l'Allemagne au vaste plan européen de plusieurs centaines de milliards d'euros de soutien à la zone euro.
Le niveau de la dette de plusieurs membres de la zone euro refroidit les marchés, et fragilise la monnaie unique.
"Si nous ne parons pas ce danger, les conséquences pour l'Europe sont incalculables et les conséquences au-delà de l'Europe sont incalculables", a ajouté Angela Merkel, "et les conséquences politiques ne sont même pas imaginables".

La décision unilatérale de l'Allemagne annoncée hier soir d'interdire les ventes à découvert à nu a provoqué un nouveau mouvement de défiance à l'égard de l'euro et des marchés actions. Les places européennes ont fini en nette baisse, l'indice CAC 40 a ainsi perdu 2,92% à 3511,67 points. Vers 17h30, l'euro cotait 1,2319 face au dollar après avoir touché à 1,2144 un plus bas de plus de 4 ans la nuit dernière.
L'interdiction des ventes à découvert à nu, qui consiste à vendre un titre sans même l'avoir emprunté, a pris effet aujourd'hui et s'appliquera jusqu'au 31 mars 2011. Cette mesure touche les actions de dix des plus importantes institutions financières de l'Allemagne, dont Allianz et Deutsche Bank, ainsi que les emprunts d'Etat de la zone euro et les CDS adossés à ces titres.
Les investisseurs mais également les autres pays européens ont été pris par surprise par cette décision. « Cela témoigne de l'absence de coordination en Europe étant donné qu'il s'agit d'une action unilat érale de l'Allemagne qui a été un problème majeur tout au long de cette crise », a déclaré RBS. Des propos qui ont trouvé écho en France où Pierre Jouyet, président de l'Autorité des marchés financiers, a regretté dans une interview à Reuters le manque de coordination européenne. Pour Barclays Capital, cette interdiction pourrait susciter des doutes parmi les investisseurs à propos de la volonté et/ou de la capacité à atteindre un consensus politique en zone euro en ces temps de crise grave.
La conséquence inattendue de cette décision est de faire encore plus ressortir l'euro « comme l'instrument le plus liquide pour exprimer son opinion négative sur la zone euro », a expliqué RBS. Avant de souligner qu'à tort ou à raison, la monnaie unique est désormais considérée comme un faiseur de tendance pour tous les marchés.