• Guillaume Sarkozy, futur bénéficiaire de la réforme des retraites ?

    Selon Médiapart, le frère du président vise le pactole du marché de la retraite complémentaire privée. Et prépare pour cela une alliance avec des acteurs semi-publics.

    Guillaume Sarkozy  (AFP) Guillaume Sarkozy (AFP)

    Le site d'information Médiapart affirme jeudi 14 octobre que la réforme des retraites pourrait favoriser les intérêts du groupe Malakoff Médéric, dont le délégué général n'est autre que Guillaume Sarkozy, le frère du chef de l'Etat.

    Selon Médiapart, la réforme "va conduire à l'asphyxie financière des grands régimes par répartition" et sera donc "propice à l'éclosion de ces grands fonds de pension qui n'étaient pas encore parvenus à s'acclimater en France, à quelques rares exceptions près". Parmi les opérateurs privés d'ores et déjà sur les rangs, figure le groupe Malakoff Médéric.

    Des alliés puissants

    "Il ne s'agit pas que d'une coïncidence. Mais bien plutôt d'une stratégie concertée en famille", écrit Médiapart, "l'un assèche les régimes par répartition tandis que l'autre pose les fondements du système par capitalisation". Le site ajoute : "Guillaume Sarkozy a engagé son entreprise dans une politique visant à en faire un acteur majeur de la retraite complémentaire privée. Et il a trouvé des alliés autrement plus puissants que lui, en l'occurrence la Caisse des dépôts et consignations (CDC), le bras armé financier de l'Etat, et sa filiale la Caisse nationale de prévoyance (CNP). Ensemble, tous ces partenaires vont créer, le 1er janvier prochain, une société commune qui rêve de rafler une bonne part du marché qui se profile."

    "Cette société n'aurait jamais vu le jour sans l'appui de l'Elysée", écrit Médiapart. En effet, la Caisse des dépôts et consignations est une institution publique présidée par un parlementaire. Pour sa part, la Caisse nationale de prévoyance (CNP) est une filiale de la Caisse des dépôts et consignations, de la Banque postale et du groupe Caisses d'Epargne, lui-même présidé par François Pérol, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée.

    En outre, la Caisse des dépôts gère le Fonds de réserve des retraites. "Pourquoi la CDC se lance-t-elle dans pareille aventure pour faire le jeu du système adverse, celui par capitalisation?", demande Médiapart. "Et pourquoi, de surcroît, le faire avec une entreprise dont le patron est le frère du chef de l'Etat?"

    L'enjeu n'est pas mince. Le marché pourrait représenter "40 à 100 milliards d'euros" : en fonction de l'aspect final de la réforme, les Français connaîtront une baisse plus ou moins considérable du taux de remplacement, c'est-à-dire du montant de la pension rapporté au salaire, et donc se précipiteront sur les systèmes de retraite complémentaire. Médiapart publie notamment un "business plan" confidentiel, qui fixe pour objectif une part de marche de "17%" d'ici dix ans. 

    (Nouvelobs.com)


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  • 2012: Opération DSK

     

     
    En effet, les médias complices montent la sauce DSK, le magnifique DSK, président du FMI et sauveur de la planète.
     
    Que le système est prévoyant !
     
    Il est vrai que Sarkozy, avec sa politique ultralibérale et ses mensonges, risque fort de ne pas être réélu en 2012. Il faut donc un autre agent du système pour le remplacer. Qui mieux que DSK ?
     
    Le président du FMI, qui participe ainsi à la paupérisation de l'Afrique, est exactement sur la même ligne que Sarkozy. Libéral, atlantiste, et bien sûr radicalement sioniste .
     
    Comment un tel personnage peut-il agir pour la France alors qu'il pense d'abord à ce qu'il peut faire pour un autre Etat ?
     
    Malheureusement, la gauche bobo votera Strauss-Kahn - estampillé socialiste - pour faire barrage à Sarko, et il n'est plus à prouver que la droite libérale l'apprécie. Sans parler du travail dans les médias et au PS de son valet Moscovici (futur premier ministre du gouvernement DSK ?). Je prends même le pari que son ministre des affaires étrangères sera un certain Kouchner...
     
    Nous voici donc devant le prochain président de la république sioniste française !
     
    Bon courage !

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  • Le gouvernement recule devant les marins corses !

     
    Un bateau de la SNCM dans le port de Marseille, photo d'illustration

    Un bateau de la SNCM dans le port de Marseille, photo d'illustration | MAXPPP


    J'ai entendu ce soir à la radio une  information qui m'a fait sursauter après avoir  été saoulé toute la journée, comme nous tous, par les  rodomontades et les fanfaronnades de nos ministres.


    Les marins corses auraient obtenu l'assurance du gouvernement que leur régime spécial des retraites ne serait pas remis en cause dans la réforme actuelle, ni dans les réformes à venir !!!

    L'info me paraissait tellement énorme et en contradiction avec tout ce que dit le gouvernement que je suis allé à la pêche aux précisions et voici ce que j'ai trouvé :

    Les dernières nouvelles d'Alsace indique que "Les marins de la Société nationale Corse Méditerranée (SNCM) et de la Compagnie méridionale de navigation (CMN), en grève depuis mercredi, ont voté ce matin [dimanche] la reprise du travail après avoir obtenu des garanties sur le maintien de leur statut dans le projet de réforme des retraites".

    Et voici la petite phrase relayée par les ondes qui m'a fait sauter au plafond :
    le secrétaire général de la CGT marins, Frédéric Alpozzo, a indiqué sur France Info avoir reçu une lettre co-signée des ministres Jean-Louis Borloo et Eric Woerth garantissant que «le régime des marins (serait) écarté de la réforme en cours et de toute autre réforme des régimes spéciaux".

    Et vous pensez vraiment faire cesser ainsi les manifestations de la majorité des Français M Fillon ?

    Vous pensez vraiment que nos jeunes méritent l'envoi de la force armée quand les marins de la SNCM obtiennent gain de cause, et même des gages sur l'avenir, après 4 jours de grêve ?

    Vous pensez vraiment que vous allez pouvoir négocier secteur d'activité par secteur d'activité, faire des promesses aux uns et aux autres pour amadouer les plus forts et laisser les plus faibles, les muets, les plus pauvres payer votre réforme indigne ?

    Pensez vous vraiment qu'après la manipulation, le mensonge, l'autisme, l'incompétence, il vous faille encore ajouter la lâcheté de négociations en catimini alors que plus de 3 millions de Français vous demandent de négocier honnêtement et ouvertement depuis plus de 4 mois?

    La retraite des parlementaires est déjà une anomalie, les multiples scandales, injustices, inégalités, mépris font déjà que la colère gronde dans le pays, mais alors là, parlant des marins corses, je peux dire, c'est la cerise sur le gâteau...

    Et se confirme chaque jour ce sentiment que j'ai, incrédule et pleine d'inquiétude, que ce gouvernement VEUT mettre notre pays à feu et à sang !!!

    source  : lepost.fr


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  • Killshot

     


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  • La Chose, le symbolisme et la destruction du sens

    article lié : Misère du désir

    Le Féminin comme état transitoire vers le neutre : l’hystérocratie 
     
    Nous avons abandonné un rapport orphique, pour un rapport prométhéen "féministe" qui ne manque pas de nous interroger dans le contexte consumériste globalisé et généralisé dans lequel nous baignons... Certains qui comparent le vivant à une équation paramétrique, oublient qu’il est impossible de manier de pareilles équations lorsque les paramètres sont trop nombreux et qu’il en est de même des variables. Sommes-nous sûrs que les mathématiques suffisent pour aborder le vivant ? Le monde du vivant est le domaine du fractal plus connu sous le nom de chao. Comme le climat, il est imprévisible dans le temps. Le bon sens qui pourrait nous sauver, est mis, trop souvent en déroute, même où il est nécessaire et vital. Le discussionisme, comme un bavardage incessant, se généralise et se déploie à l’infini à la façon des équations chaotiques, tandis que les rapports individuels, de plus en plus terre à terre, manquent cruellement de loyauté et d’éthique. La société manque totalement d’altérité, et la liberté de la volonté a eu raison de son autonomie. Le contrat social est une coquille vide, il lui manque une parole solide. Les normes européennes ont remplacé les normes culturelles nationales qui avaient au moins le mérite de s’être construites dans une dialectique symbolique, avec du sens et du signifiant. Globalement on a jeté le bébé avec l’eau du bain. Tout doit être cartésien, du moins dans l’apparence, et répondre aux lois des économies d’échelle, à celles des marchés et en particulier aux lois redoutables de la finance. L’idéal nous fait défaut, et tout se doit d’être politiquement correct, même si la politique n’est pas correcte, comme nous le découvrons parfois avec effarement. On ne nous dit pas tout ! 
     
    Avons-nous complètement changé de société ? Si oui, quelles sont les caractéristiques de la société dans laquelle nous baignons ? Certaines formes de pensées traditionnelles répugnent, et quelques penseurs plus théoriciens et politiques que philosophes ou psychanalystes, ont entrepris de déboulonner Freud, pour mieux verrouiller le tout, et empêcher des analyses qui auraient au moins le mérite d’ouvrir des voies de recherche. 
    Je vais braver les répugnances… 
     
    Nous sommes passés au post humanisme ou au trans humanisme, avec le quasi monopole qui est accordé à la technique et aux machines. L’homme, lui-même, est traité comme une machine et se doit d’être amélioré et perfectionné. Le corps est devenu l’unique centre d’intérêt. Et l’on peut ironiser en disant que tout se résume trop souvent à de la « cosmétique ». Nous ne sommes plus dans le bonheur de l’Etre mais dans le « bonheurisme » de l’avoir. Le genre est obsolète, c’est vrai que la sexualité et le genre sont liés à la mort, que tout le monde essaie d’oublier. Eros se balade tout seul, en ayant étouffé Thanatos, du moins le croit-il ! Le sexe est devenu un point d’acuponcture. Les maîtres mots sont « être bien dans sa peau » et la philosophie se résume à « profiter », mot terrible étymologiquement puisqu’il est aussi la source de toutes les injustices. Profiter, est dans toutes les bouches, et il dégouline des comportements de masses où tout le monde profite, sauf quand l’envie devient plus forte que le pouvoir d’achat et qu’il grippe la machine. Les affamés de toutes les famines présentes, passées et à venir, se régaleraient dans nos poubelles. Le but est « l’épanouissement », dont la meilleure représentation symbolique est celui de la fleur et singulièrement de la maturité, étape généralement finale. Nous avons quitté une société régie par des valeurs rigides et exigeantes, basées principalement sur la vertu, pour une société dont les valeurs plus commerciales sont molles et floues, et servent toujours le marché ou vont du moins toujours dans son sens. Nous avons glissé doucement vers une société transitoire, dont la tendance est au neutre de la chose. A ce stade un bref brossage ironique de la phallocratie est nécessaire. 
     
    La phallocratie, dans sa logique unique et non contradictoire, a proposé plus qu’imposé aux femmes d’être dominées sur le modèle sexuel, dans une comédie qui n’a jamais trompé que les plus sots et qui avait au moins le mérite d’exister. La parade amoureuse du Dindon est à classer de la sorte, bien qu’elle cache des lois, toutes nécessaires à cette espèce. Comme le théâtre classique et la parade du dindon, la phallocratie avait ses règles d’action, d’unité et de temps.
     
    Cette domination apparente du genre masculin, calquée d’ailleurs sur l’éthologie, fut adoucie dans l’espèce humaine par la galanterie, qui donna à la femme une supériorité de fait, garantie par la symbolique de la galanterie. Cette supériorité féminine de fait, bien réelle, se vérifie dans l’histoire et dans les vieux couples où la femme finit toujours par dominer à l’heure du bilan.
     
    L’Hystérocratie, car c’est bien là mon hypothèse (…), comme organisation sociale transitoire vers le neutre de l’objet, porte en elle une contradiction, dans la mesure où les hommes, sexuellement dominants en tant que pénétrants, sont en réalité dominés et discrédités, sans ménagement, ni échappatoire possible. Ils sont à leur tour pénétrés de la marchandise jusqu’à devenir, en caricaturant un peu, impuissants. Aucun passage à l’état d’adulte n’est possible, encore moins à l’état de père. C’est le règne de l’Avoir dans une tragédie, sans règle du jeu, dont l’avenir se dessine à l’infini comme un point de fuite au raz de l’horizon. En effet l’homme, en l’absence de repères symboliques, ne peut plus s’affirmer sur le modèle sexuel et reste l’enfant de sa mère, puis de sa femme ; il en résulte une infantilisation de la société, avec un consommateur infantilisé toujours en quête de nouveautés. Cette situation est optimale pour la consommation, qui se structure effectivement sur la gestion et la rentabilité, c’est à dire dans la fonction "nourricière". La femme, depuis la nuit des temps, comme beaucoup de femelles des autres espèces, nourrit avec le lait et gère l’enfant et le foyer. Elle a une aptitude naturelle à produire, à nourrir et à gérer. Derrière le mot « épanouissement »se cache la satisfaction des besoins, la satiété et l’absence de frustration, apparente ou savamment entretenue. Le masculin devient alors synonyme d’antisocial, de violent, de négatif, de brouillon, de rêveur et parfois même de couillon (le couillon de service, thème qui revient maintenant souvent dans la publicité). La critique de la violence se limite à la violence physique et on ignore la violence verbale qui est tout aussi redoutable et plus typée dans le genre. Les résultats scolaires des garçons, de plus en plus mauvais par rapport aux filles, sont en train de confirmer le diagnostic ! Une mécanique d’engrenages aux dents d’acier est en train de broyer le masculin et cela commence dès le plus jeune âge à l’école... Aucun questionnement digne de ce nom ne se met en place. Aucune critique n’est possible. Il semble qu’il n’y ait aucune alternative.
     
    Alors on peut penser pour se consoler qu’il n’y a plus de problème. Les options féminines ont toujours fini par avoir le dessus : maintenant c’est officiel !
    L’absence supposée de problème n’est pas si simple.
     
    Pour passer au neutre et à la victoire définitive de la chose, il faut dans un premier temps, rejeter le genre. L’absence de genre débouche effectivement sur le neutre de l’objet et du Robot. Ce dernier qui est appelé à avoir une place centrale, ne se reproduit pas de façon sexuée et peut donc ignorer le genre…Cependant première objection, en ce qui concerne l’espèce humaine, le mâle et la femelle, même si égaux en tant que personne, ne se mesurent pas à l’aune de la similitude, mais à celle de la complémentarité. C’est une subtilité profonde du genre. Il s’est produit un glissement de l’égalité, idéal de justice, vers une pseudo similitude à la façon du neutre qui sera difficilement symbolisable, en dehors des caractéristiques du neutre, porteuses de significations dangereuses parce qu’elles abandonnent l’Etre pour l’Avoir et se résume finalement à posséder. Comment posséder la chose ? Cette question ramènerait à l’Etre mais ce n’est pas la préoccupation du marché, puisque la réponse est simple : elle se résume à l’argent ! De cette absence de fondement, résulte une "culture" de gestion, de finance et de consommation uniquement, basée effectivement sur l’Avoir et qui manque complètement d’idéal et d’altérité, c’est-à-dire d’Etre. Ce manque d’idéal et d’Etre, est plus préjudiciable à la gent masculine, à qui ils sont singulièrement plus nécessaires. Alors on pourrait penser que l’on puisse avoir, en retour, des philosophes, des poètes, des écrivains et des musiciens. Ce n’est pas le cas, car le "fil de l’Etre" est cassé. L’altérité se situe dans le développement de l’Etre, au stade de la sublimation qui marque le passage à l’altérité. La question est de savoir pourquoi, nous nous enfonçons dans l’Avoir, comme un aller sans retour dans la Matrice (cocoon) dans un contexte d’infantilisation généralisée.
     
    On pourrait penser qu’il n’y a plus besoin d’idéal... Produire et gérer suffisent ! Les gens veulent consommer, un point c’est tout !
    Une vision se limitant à la Chose, ne peut plus solutionner les problèmes que la suprématie de la Chose provoque dans l’Etre. Un déficit de l’Etre ne se compense pas véritablement par l’Avoir…à moins effectivement d’élever en totem le marché au centre de la société, comme médicament avec addiction, pour tous les handicapés de l’Etre.
     
    La contingence du vivant, qui prend d’ailleurs dans l’immense majorité des cas, la forme du Mâle et de la Femelle, ne relève pas de la logique cartésienne des choses. C’est probablement là que les mouvements rationalistes les plus durs font erreur. Que vaut une raison nue, au sens et au signifiant lisse, trop ancrée dans l’actuel et la contingence, face au besoin de sens et de signifiants comme la richesse de l’histoire de l’humanité nous en a donné à travers ses mythes et ses récits fondateurs ? Pour beaucoup, peu importe, il faut jeter le bébé avec l’eau du bain et la bassine. Peut-on encore parler de rationalisme, lorsque l’on fait table rase et que l’on coupe les racines du sens ? Un égalitarisme trop rationnel et cartésien, appliqué au genre aboutit sur un androgyne, comme machine ou chose qui pourrait se repiquer ou se répliquer. Comment se fait-il que la nature ait choisi cette forme de voie pour les escargots et les limaces, et pas pour les êtres humains ? Peut-on bousculer ces ancrages pour des libertés consuméristes, dans une suprématie absolue de l’égo et du corps, totalement investis par le marché ? Le fond du problème est là. Le social qui reste un souci apparent de notre société sera tôt ou tard mis à mal !
     
    Peut-on s’éloigner indéfiniment des lois choisies par la nature qui sont naturellement porteuses de sens et de symbole, au nom d’une raison plus cartésienne que la nature elle-même. Raisonner dans l’abstrait et l’universalisme suppose un bon niveau intellectuel. Quid de ceux qui ne l’ont pas, c’est-à-dire la grande majorité ?
     
    C’est pourtant la voie choisie par la société post moderne. Mais ce qui est grave, c’est que ces choix nous sont imposés par le marché, comme lieu privilégié de la rationalité humaine. La société de consommation a débarrassé la table jetant nappe, couverts et gastronomie pour son menu fast food du Marché qui gère la marchandise et le consommateur. Les modes de vie, produits eux-mêmes par la consommation, sont ainsi imposés par l’économie, les marchés et la rentabilité ; son modèle de consommateur optimal est effectivement un androgyne chosifié. Les équilibres entre l’Animus" et "l’Anima" sont rompus par nécessité marchande, et les re-pères symboliques « mâle femelle », " Homme Femme" " Père Mère", qui s’étaient construits difficilement durant la longue histoire de l’humanité, ont disparu. Les hommes et les femmes sont amputés de leurs appendices spécifiques, devenus un handicap à la consommation. On nous prépare une prothèse valable pour tous, en vente dans tous les hyper- marchés. Ce qui par le sens pourrait éloigner de la consommation est amputé. Le marché ne tolère que ce qui lui sert. Le déterminisme social engendré par le marché, semble échapper à certains, qui veulent ignorer que le marché sonde sans arrêt nos désirs pour mieux les canaliser et les exploiter. Sur le moyen terme, le marché nous entraine toujours là où il veut aller, c’est-à-dire son profit maximum !
     
    On oublie que l’hominisation est né du symbole et que le langage est né de la capacité spécifiquement humaine à symboliser et à donner du sens et de l’Etre à la vie. C’est le symbole qui crée le signe, la signification, le sens et l’Etre. La dualité du Mâle et de la Femelle, est à la base comme socle de l’édifice symbolique du sens. Ceci n’est pas très cartésien, ni rationnel, c’est pourtant bien réel. Aucune civilisation n’a pu s’en dispenser.
     
    Le passage du Mâle et de la Femelle, au Père et à la Mère, repose sur une dialectique symbolique délicate. C’est de cette valeur symbolique et de son équilibre fragile dans le rapport des sexes que nait le sens Social. Quelle peut- être la portée du passage à la « chose » et au neutre, dans l’abstrait d’un idéologisme marchand et sans symbolisation possible autre que celles offertes et triées par le marché…On constate effectivement que le sens social de l’Etre s’érode pour un sens économique totalitaire des choses. C’est une défaite et une déroute pour les rationalistes et les cartésiens dont le pouvoir réel et vrai règne surtout sur les équations et les calculs de l’économie et de la production. On est loin de la mystification qu’ils représentent généralement !
     
    Il n’y a pas de civilisation sans Père, c’est du moins ce que nous a révélé l’histoire. Il n’y a pas de Père sans homme ni femme. Cette constatation, peu originale, a le mérite d’être stable et d’avoir été un choix universel ou un sens universellement admis. Le nier revient à renverser toute la symbolique sociale, pour s’aventurer dans des chemins nouveaux dont la destination est inconnue des promoteurs eux-mêmes. 
     
    L’appareil productif, Chose par excellence, est devenu la Mère nourricière et la Femme pourvoyeuse de tous les désirs. Il y a donc la perspective d’une nouvelle fusion avec le monde des choses comme la fusion originelle avec la mère. Le marché est créateur de tous les fantasmes à condition que ces fantasmes soient marchands. Le marché se pare et se maquille comme une péripatéticienne dans son offre. Il adore par-dessus tout le discussionisme qui lui assure la promotion en lui épargnant toute réflexion approfondie. Il n’y a plus rien pour contrebalancer la domination absolue du marché. Cette nouvelle domination va-telle remplacer le Père ? Quel progrès et quelle avancée ! Quelle perte aussi au niveau du sens ! La publicité et sa symbolique de pacotille vont-telles devenir le langage sociale et le support des représentations symboliques, imposant les comportements de masse utiles au marché et l’abandon des conduites individuelles ? 
    Cette construction est probablement illusoire et instable. L’éco système dont on sait ce qu’il advient lorsque le subtil équilibre est rompu, n’est pas seulement physique et matériel... Au niveau de l’écologie le bateau prend l’eau déjà de toute part.
     
    On peut craindre le pire à court terme. Ce qui se passe, actuellement, en Occident, a été redouté de tous les temps. Peut-on ignorer tous les récits et tous les mythes fondateurs de l’humanité ? Agir de la sorte ne révèle-t-il pas une prétention inquiétante de la pensée économique dominante, érigée en pouvoir absolu, et pernicieusement normative de tous les comportements, et qui impose le cartésianisme et le rationalisme de la chose, même au vivant qui lui échappe ! Certains pourfendeurs impitoyables de Dieu, après l’avoir tué, se comportent maintenant comme des Dieux, mais contrairement à son silence légendaire, on entend qu’eux, portes parole inconscients du marché qui commence à révéler toutes ses bassesses. La globalisation économique, financière et culturelle commence à montrer ses dents sales. Nous sommes enfermés dans un économisme qui balance entre le mercantilisme et l’utopie. Les envolées utopiques ont souvent, comme péché originel, une logique cartésienne qui les fait voler trop haut. C’est ainsi que la science alimente un imaginaire de science fiction. Bien des choix modernes flirtent avec ces utopies. Elles sont secrétées par le marché et sont entièrement à son service. Leurs pouvoirs destructeur est complètement sous estimé !
     
    La publicité imposera-t-elle un symbolisme marchand de pacotille, dans la sécularisation et la spectacularisation générale d’une société, ravalée aux pulsions compulsives de l’envie et de l’émotion de l’instant ?
     Il faudrait, maintenant, conceptualiser notre société, dans des analyses plus fines. Le concept transitoire et significatif d’Hystérocratie, même s’il n’est pas complètement exact, pas plus que ne l’était d’ailleurs celui de Phallocratie, est une hypothèse intéressante, dont on peut, au moins dire sans se tromper, qu’elle va embarrasser plus d’un, en dehors de ceux qui hurleront avec les loups. Les éléments de l’analyse se trouvent, effectivement, chez Freud et Lacan ! Les libertés dont nous « profitons » ne sont pas imputables à la pensée cartésienne et rationaliste, ce qui leurs donnerait une légitimité valorisante dont certains se gaussent. Les libertés dont nous profitons sont étroitement liées à une certaine prospérité économique, mais aussi aux lois cartésiennes du marché, par ailleurs impitoyables, et dont tout le monde s’accorde à reconnaître les dysfonctionnements et le caractère délétère. Le paradis peut très vite se transformer en enfer. Voilà qui commence à effrayer les plus avertis tandis que d’autres tentent, subitement et précipitamment dans la hâte, de déboulonner Freud et de jeter, à leur tour, le bébé avec l’eau du bain... Pourquoi selon vous ? Qu’est ce qui lave plus blanc que l’homo sapiens ? L’homo économicus… Attention que tous ces lavages ne fassent disparaître les couleurs ! 
     
    Eric de Trévarez 
     

    par Eric de Trévarez lundi 19 juillet 2010


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  • Miles Davis " Autumn Leaves"


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  • L'Union européenne se meurt

    parce qu'après plus de 50 ans le patriotisme national submerge cette Union qui s'est faite sans les peuples.

    L'Amérique s'en inquiète, les européistes sont abasourdis, l'Union européenne est plongée dans une lente agonie, c'est ce que vient d'écrire un Professeur américain, ancien directeur des affaires européennes du National Security Council les Américains s'aperçoivent avec horreur que le projet d'intégration, dessiné par eux, imposé par des Français formés par la CIA et destiné à faire d'Etats trop souvent rebelles aux injonctions américaines, des esclaves acclamant "leur bon maître l'Amérique" , ce projet était non seulement entrain de s'effondrer, mais qu'il avait déjà cessé d'être, dans la réalité.

    L'étude américaine, se base sur la crise économique que supporte l'UE, l'endettement des Etats (elle est orfèvre en la matière) et la santé précaire des banques de l'UE. L'Amérique à raison en ce qui concerne la majorité des 27 et elle est même en dessous de la vérité, car elle ne parle pas, certainement par pudeur, de la faillite des 4 Etats situés  en 'Europe occidentale, et surtout de l'extrême misère dans laquelle se débattent, les pays situés en Europe centrale et Europe de l'Est. L'Amérique se trompe, car la France, n'est pas dans une crise économique majeure, elle est endettée oui, mais la santé de ses banques n'a pas été atteinte par l'escroquerie des subprimes, qui nous vient, rappelons le, d'Amérique.
     
    L'Amérique pleure la perte de cette Union, tellement à sa botte. Elle pense que les 27 vont se perdre dans une inexistence géopolitique qui sera leur perte en même temps que la sienne. L'Amérique a tellement raison de s'inquiéter, car ses zélateurs sont battus dans tous les pays de l'Ue. Mais l'Amérique se trompe car elle oublie que la France possède, malgré les coups de boutoirs, qu'elle  lui a  assénés, le deuxième réseau diplomatique au monde, que sa voix, lorsqu'elle n'est pas brouillée par telle ou telle puissance économique ou financière, ou par telle tentative d'intégration, est toujours écoutée et attendue par tous les Etats du monde. Qu'elle seule peut apaiser les tensions et faire prendre à tout un chacun, le chemin du raisonnable.
     
    L'Amérique a peur d'être dans l'obligation de mener désormais seule les guerres qu'elle déclare aux autres, l'Amérique cède à la panique devant ce rouleau compresseur qu'est devenue la Chine, puissance qu'elle a cru dominer, puissance qui peut la dominer et qu'elle devra peut-être affronter seule, ou énorme changement, en partenariat avec d'autres Etats libres, indépendants et souverains.
    L'Amérique qui a effacé l'histoire du territoire américain, s'est trompée en pensant qu'elle pouvait aussi effacer l'histoire des  nations. Il n'est pas si facile de parquer les  habitants d'une nation, que des peuplades désorganisées, dans des endroits ou les touristes en mal d'exotisme, viennent leur acheter des productions artisanales et locales, mais quand même  (made in China) l'Amérique  a l'urgent besoin d'apprendre l'histoire des nations, et surtout celle du Mexique, Etat nation, aux ordres des narcos,  qui pourraient un jour revendiquer quelques Etats des USA, afin d'agrandir leur funeste marché aux herbes et aux drogues dures. l'Amérique a raison de s'inquiéter, une Union européenne qui se dégage de tous ses serments d'allégeance va la laisser démunie face à ces nouveaux dangers qui menacent le monde et qu'elle a, bêtement suscités.
     
    Le Patriotisme ne vit pas qu'aux Etats Unis, la preuve : la renationalisation de la vie politique, comme l'écrit son expert,  a lieu dans TOUTE l'U.e,  la France avait dit NON au projet de constitution européenne pourtant élaboré par des experts es dénationalisation,  les peuples de Hollande et d'Irlande avaient aussi dit NON. L'Amérique et ses thuriféraires auraient du prévoir que le fait de faire passer des traités en catimini, ne pouvait, à terme, que susciter un désamour profond entre le rève européiste et la réalité issue du fond des âges. L'Union se désagrège, lentement mais sûrement  parce  ce qui intéresse les Français, les Anglais, les Polonais et les autres peuples de l'U.e, c'est l'avenir de la France, de l'Angleterre, de la Pologne et de chacun des Etats,
     
    Vouloir créer une force de défense européenne est d'une bêtise incommensurable : L'Espagne a quelques problèmes avec le Maroc pour quelques îles, les 26  autres Etats doivent-ils déclarer la guerre, ensemble au Maroc? là cela serait inique, mais possible , mais l'Espagne rencontre aussi quelques problèmes avec l'Angleterre, au sujet de Gibraltar, contre qui luttons nous alors, Angleterre ou Espagne,  l'Ecosse réclame son indépendance, ainsi que l'Irlande du Nord que fait-on? la Belgique qui veut se scinder en menus morceaux, il serait surprenant que les 26 attaquent ensemble, soit les Flamands, soit les Wallons, soient les autres. Dans les pays Baltes, certains regardent à nouveau vers la Russie d'autres veulent s'en éloigner, la défense européenne attaque la Russie? nous pourrions citer ainsi tous les pays, ceux de l'ancien empire Hongrois etc, mais nous n'en sommes qu'au début, l'entrée des pays des Balkans nous promet quelques belles étripailleries.
     
    Arrêtons ces rêves, et redescendons sur terre. D'autres parlaient d'une diplomatie unique : Mais que chacun comprenne qu'elle a démontré son impossible destin, lors de la guerre d'Irak.   Aujourd'hui, l'Allemagne flirte avec la Chine cocufiant ainsi les nations occidentales, la France reste digne et droite dans ses bottes, que ferait une diplomatie européenne si le problème de la Corée du Nord s'aggravait? N'allons pas si loin, il suffit de se rendre au Proche Orient, pour comprendre que les positions des uns et des autres pays de l'U.e, sont inconciliables. Les passionnés par le démantèlement des nations, voulaient donner davantage de poids politique à l'U.e n'ont pas réussi leur coup, ce davantage de poids, regardons bien, personne n'en veut, même pas les Chefs des Etats pro européens. Obama exprime son insatisfaction vis à vis de cette Europe géopoliquement absente. Obama a raison, il défend l'Amérique, il pensait et son expert le dit, que l'Ue allait assumer en partie les charges des armées américaines. Que nenni, les européistes pensent que c'est à l'Amérique de défendre à ses frais les territoires de l'Europe.
     
    iL Y A 60 ans, Monnet, Schumann, Adenauer, un Italien et un Belge, entraînèrent les dirigeants des Etats vers cette Union européenne impossible. Depuis de longues années à quelques-uns nous dénonçons cette union improbable.
     
    L'Histoire ne pouvait être vaincue, et elle nous donne aujourd'hui raison, mais que de temps perdu et que de ruines l'Ue laisse derrière elle, car tout, dont le patriotisme, est à reconstruire, et dans le même temps nous avons à combattre le populisme que cette Union a suscité, car il pourrait à terme déboucher sur de nouveaux conflits entre pays de l'Ue.
     
    Il est temps, grand temps de tout arrêter et de construire une coopération entre les Etats, dans le respect mutuel de chacun et avec, toujours présente cette subsidirité sans laquelle rien n'est possible
    L'Ue se meurt, Vive la France
     

    Henri Fouquereau

    Secrétaire général du Forum Pour la France


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  • Comment la Fondation Bertelsmann endoctrine et manipule les citoyens d’Europe

    video liée : Le 3eme pilier

    par Mecanopolis

    Des « ateliers du futur », des « forums prévisionnels » ou des « ateliers de démographie » en vue du soi-disant « développement de la commune » – cela n’existe pas en Suisse seulement. C’est à travers l’Europe entière que les communes ont affaire à de telles organisations douteuses et anti-démocratiques. Et partout elles se déroulent selon le même schéma, guidées par des animateurs externes.

    manipulation3

    En Allemagne, c’est la Fondation Bertelsmann qui en fournit le modèle. Sur ses sites internet on trouve des directives stratégiques, des conseils, des manuels en vue de créer des «ateliers dans les communes» ainsi que des «visions sur le développement communal».1

    Quant aux «visions» de la Fondation Bertelsmann, elles sont évidentes. Il s’agit du détournement vers le privé des institutions communales («out-sourcing»), de l’usurpation de tâches réservées à la souveraineté de la commune, de privatisation de piscines commu­nales et des régies communales de l’eau, des maisons de retraite, des associations et unions d’intérêt public etc.; les communes et leurs institutions devront, selon ces plans, devenir des entreprises fonctionnant selon le principe de gain et profit, quitte à participer à la course aux avantages locaux. Il est évident que cela n’a plus rien à voir avec la démocratie.

    En Angleterre, l’entreprise Arvato, filiale à 100% de la Fondation Bertelsmann, a ainsi pris possession de la commune de East Riding, Yorkshire, gérant maintenant des tâches auparavant réservées à la souveraineté communale dans une circonscription qui compte pas moins que 325 000 habitants (cf. en­cadré) – s’étendant du prélèvement des impôts communaux, en passant par la distribution des allocations d’aide sociale, jusqu’à la gestion des finances.2

    En Allemagne, c’est la ville de Wurzburg (Basse-Franconie) où Arvato gère «la totalité des prestations administratives».3 D’autres communes devraient suivre ce modèle.

    Or, en Allemagne, il s’agit de 105 milliards d’euros, provenant des fonds fiscaux qui, selon estimation, circulent dans les communes et leurs institutions par an. Ce sont ces milliards-là qui provoquent l’avidité de la multinationale Bertelsmann. Pour le moment, Arvato «se contente» d’un cinquième de cette somme, comme dit son chef, Rolf Buch: «Il s’agit d’un marché de plus de 20 milliards d’euros, soit autant que le chiffre d’affaires actuel de Bertelsmann.»4

    Non, décidément, avec Bertelsmann, on n’a plus affaire à un cercle à connivence chrétienne distribuant des livres et des périodiques dont les magazines illustrés peuplaient, du temps de l’après-guerre, les mé­nages, les cabinets médicaux et les pharmacies allemands. Aujourd’hui, il s’agit d’un empire des médias connecté dans le monde entier, disposant d’un chiffre d’affaires en milliards et qui, dans de nombreux pays, entretient des relations les plus privilégiées avec des hommes politiques de haut rang, des présidents de partis et des chefs d’Etat, ainsi qu’avec des fonctionnaires de syndicats etc. Les gens de Bertelsmann siègent dans des institutions et commissions de l’UE et influencent tous les domaines de la politique – qu’il s’agisse de la Constitution europé­enne, de la formation d’une armée européenne ou de la privatisation des domaines de la formation et de la santé et, dernièrement aussi des communes.5

    La «vision» de la Fondation Bertelsmann est une «Europe des régions» dans laquelle les nations souveraines ont disparu6 et dont les unités administratives sont des «espaces métropolitains» ou des communes fusionnées, unités sous l’administration centrale de Bruxelles7 et exploitées sur le marché par Bertelsmann. C’est dans cette direction-là qu’est dirigé ce «changement», changement où les décisions démocratiques des citoyens ne font que déranger.

    Pour démarrer le «changement» on convoque – après concertation avec les conseillers externes – un groupe, complètement arbi­traire, mais pourtant soigneusement choisi – de membres d’exécutifs, d’associations, d’Eglises, de corps de métier et corporations, d’entreprises etc. dans les «ateliers du futur» susnommés qui n’ont aucune légitimation ni représentation démocratiques. Ainsi, avec le recours à des méthodes de manipulation psychologique employées dans des groupes d’envergure (mise en place, «open space» etc.) qui n’ont rien à faire dans un processus de décision libre et démocratique, on se met à dis­soudre «les forces récalcitrantes» de la société.8 Il s’agit de créer une «ambiance positive de renouveau» qui vise «l’enthousiasme des acteurs locaux».9 Ceux qui mettent en doute les «visions» sont traités de «passéistes» et de «traditionalistes arriérés». De telles images nuisibles ne font que semer la discorde dans les communes et déranger la paix politique.

    Nous n’avons pas besoin d’«ateliers du futur» qui, comme des «cabinets de l’ombre», se mettent à saper l’autonomie communale. Il ne nous faut pas du «strip-tease» psycholo­gique dans des salles polyvalentes pour procréer des «visions communales», qui ne créent, en fait, que des coûts. Le vrai débat sur les thèmes d’avenir se situe dans les conseils municipaux et les réunions communales où chaque citoyen est censé contribuer, proposer des motions et solliciter un vote, dénué de tout endoctrinement et de toute manipulation.

    Mais détrompons-nous: en Suisse aussi, une 5e colonne de traîtres au pays se bâtit sous forme d’«acteurs» en vue du développement européen régional misant sur les méthodes Bertelsmann. Ainsi «régiosuisse», un réseau central national en faveur du développement régional suisse, recommande-t-il chaudement «la fondation allemande de Bertelsmann». «Sur son site internet», poursuit-il, «elle fournit toute une gamme d’idées à l’usage des gestionnaires régionaux et instances constructrices de réseaux» (sic!); on y trouve, ajoute-t-il, «diverses publications et une banque de données intitulée ‹Best Practices des communes pour les com­munes› etc. qui offrent, également aux instances ac­trices suisses pour le développement communal d’intéressants intrants.»10

    Voilà pourquoi, dans nos communes, les «ateliers du futur» surgissent du sol comme des champignons. Il ne faut pourtant pas oublier que ce sont toujours les citoyennes et citoyens qui décideront, en dernière in­stance, s’ils veulent effectivement l’«Anschluss» à une «Europe des régions», gérée de manière centraliste par Bruxelles, où il n’y aurait plus de nations souveraines, ni par conséquent, de citoyens jouissant de leurs pleins droits de démocratie directe.

    Horizons et Débats


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  • A Nicolas Sarkozy

    Monsieur,
     
    Vous êtes président de la France.
     Certains disent que la France n’est plus rien. Qu’elle n’a aucun poids dans le concert des grandes puissances.
    Dire qu’elle n’a aucun poids face au chaos du banditisme mercantile et financier serait plus exact.
    Employons les mots justes.
    Mais ne pas paraître à la table des voleurs n’est pas un déshonneur.
    Ne pas leur demander des comptes en est un.
     
    Vous avez souhaité interroger les Français sur leur identité nationale.
    Pâle expression, « identité nationale », trop liée à ces cartes sur lesquelles, désormais, il est interdit de sourire.
    Je préfère parler de l’esprit de la France.
    Notre pays est celui de la Raison, de la clarté de la pensée, de la volonté de justice.
    Les plus grands noms, les plus grands esprits ont illustré son destin.
    Quiconque le dirige est l’héritier d’une histoire qu’il ne peut aborder qu’humblement, le cœur battant, tant la charge est lourde d’être digne des hommes et des combats de son histoire.
    Vous pensiez souvent à cette charge disiez-vous. En vous rasant.
    Je crois qu’un homme sensé qui pense à diriger la France en se rasant doit finir le visage en sang tant sa main tremble.
    Désir du pouvoir.
     Vous avez sans doute oublié, ou vous ignorez, dans « Les Lettres Persanes » de Montesquieu, l’histoire de vieux Troglodyte.
    Quand ses concitoyens vinrent le chercher pour lui demander d’être leur premier chef, il pleura.
    -J’ai donc vécu trop vieux, leur dit-il, puisque je vois ce jour où mes amis souhaitent un autre maître que leur propre vertu !
     
    Montesquieu …La justesse d’une pensée dont l’élégance est le style.
     
    La culture, dit-on, est ce qui reste quand on a tout oublié. Pourquoi voulez-vous que nous pensions, en ce qui vous concerne, que la culture est ce qui reste quand on n’a rien appris ?
     
    Vous êtes Français.
    Vous n’êtes pas Américain.
    Je ne sais qui vous a conseillé, à l’aube de votre mandat, de prendre le peuple Français pour ces Américains si sensibles à la réussite.
    Je ne sais qui vous glissé à l’oreille que le Peuple Français serait fier d’un chef, ami des puissants, se rendant à pied leur faire allégeance, affichant les signes d’une réussite ostentatoire, épousant une femme au visage public, rêvant la réussite d’un Kennedy, cet homme mis au pouvoir par la Mafia, tué par la Mafia.
    Les mauvaises pensées ne donnent pas de bons conseils.
    Ce qui est de bon aloi dans ce pays est chez nous de mauvais goût.
    Vous souhaitez que les immigrants adoptent les mœurs du pays qui les reçoit.
    Faites-le vous-même.
    Je suis moins choquée par une femme qui cache son visage que par un homme qui masque le visage de ses concitoyens par la peur et le désarroi.
     
    Vous portez la réforme des retraites.
    Dans le chaos de notre monde, il vous paraît impératif de régler ce problème.
    Les arguments que répètent vos medias pour expliquer la situation sont les suivants :
    « La génération de 68 a joui des richesses du pays et l’a appauvri. Elle laisse une dette colossale à ses enfants qui devront la payer. »
     C’est une politique de dire aux fils : « Vos pères vous ont trahi. » De dire aux pères « Vos fils sont des fainéants qui traînent dans les rues ! ». Quand on tire les ficelles de ce désordre.
    Pauvres hommes de 68 qui ont trop joui ! En achetant, quelle orgie !, une voiture, un écran, une machine à laver ! En devenant ce que souhaitait ce mondialisme mortel non pas de la chair à canon mais de la chair à caddie !
    Leurs enfants descendent dans la rue.
    Ils rejoignent les manifestants.
     Ils sont manipulés.
    Toute religion, toute éducation, toute science, toute Nature est une manipulation.
     Il y a simplement les bonnes et les mauvaises.
     
    Qu’ils restent à étudier !
    Etudier quoi ?
    Les différentes formes d’esclavagisme de l’Histoire ? Les peuples sacrifiés sur les autels du pouvoir ? Les indiens massacrés pour de l’or ? Les Africains noyés dans des océans de sang ? Les Chinois drogués à l’opium ? Les Vietnamiens pulvérisés de napalm ? 
    Et s’ils souhaitaient ne pas faire partie de la liste, les jeunes manipulés par leur connaissance de l’Histoire ?
     S’ils souhaitaient, dans un monde maquillé, magouillé, exsangue, pétrifié et vitrifié, se présenter à visage nu pour tenter les voies du respect. De l’harmonie. De la charité.
     
    Il leur faut rembourser la dette !
    Bel avenir. Excitant. Qui stimule.
    La dette, la fameuse dette dont les banques, il faut qu’elles se fassent à cette idée, ne verront jamais l’ombre d’un sou.
    Jamais idée n’a été aussi absurde, aberrante, insultant la justice et la raison !
    Tout le monde sait que les Etats, depuis qu’ils ne battent plus monnaie, sont la proie de banques auxquels ils sont obligés d’emprunter.
    Tout le monde sait que les gouvernements laissent d’autant plus facilement glisser leur patrie dans les dettes que ces dettes enrichissent les banques et leurs casinos.
    Et nous serions volés deux fois !
     Imaginez que quelqu’un vous dérobe tout et qu’ensuite, sur le prix du butin, il vous réclame légalement des intérêts !
    Mais quel fou souscrirait !
     
     
    La réforme des retraites…
    Croyez-vous qu’un seul Français dise « non » à cette réforme s’il était évident qu’elle permette un meilleur avenir ?  
    Mais travailler deux ans de plus va-t-il empêcher que le loyer d’un studio soit celui d’un château , que les fruits valent des bijoux, que le banditisme soit loi, qu’aucune morale ne prime, que les peuples soient volés par leurs dirigeants même , que la loi du marché soit celle, non pas de la jungle, car la jungle est un monde doux où l’on meurt vite, mais la loi des puissances tacites, des dominations cruelles, des amoralismes assassins ?
    L’indignation qui envahit les cœurs, vous avez tenté de l’annihiler par la honte.
    La honte. Comme les puissants connaissent ce mécanisme. Comme ils aiment maintenir les peuples dans la peur. Le désarroi. Le chômage. La culpabilité.
    Un homme toute sa vie a été au chômage.
    Personne ne voulait l’employer.
     Cet homme s’appelle Confucius.
     Que ce nom soit à présent le premier nom de Chine, qu’il ait balayé tous les généraux, tous les empereurs, tous les conquérants et que ce pauvre baladin qui a passé sa vie sur les routes en grattant sa guitare, parce que personne n’en voulait, lui qui parlait le langage de la vertu et de l’honneur, soit à présent au sommet de tous les panthéons, voilà qui doit donner de la fierté à ceux qui , comme lui, débordant de talent, ne font pas partie des hommes qui travaillent pour le bien commun. Inutiles. Comme Confucius.
    Il disait :
    « Ne te soucie pas d’être remarqué. Ne te soucie que d’être remarquable. »
    Il est vrai qu’avec une morale pareille on ne risque pas de plaire à nos amis américains et traders.
     
    La réforme des retraites, sans intérêt, est désespérante.
    Ne désespérez pas. N’atteignez pas les limites du désespoir.
    Les conditions d’une révolution sont dressées sur votre route. 
    Le pouvoir est celui d’une caste. Les privilèges sont exorbitants. La justice n’est pas la même pour tous. L’avenir n’appartient qu’à des milliers qui veulent museler des milliards.
    Réfléchissez à ces chiffres, messieurs, qui savez si bien compter…
     
    Quant à vous, Monsieur, si vous voulez être Français, digne de l’esprit Français et de l’Histoire de France, vous n’avez que ceci à dire :
     
    « Je renonce à la réforme des retraites.
    Je prie mes amis des assurances de m’excuser mais je ne leur ouvrirai par ce marché.
    Je ne veux pas vendre les hommes qui m’ont élu.
     Je ne peux leur rendre la trahison pour la confiance.
    D’autres mesures me paraissent plus urgentes. Redonner aux Etats leur puissance. Rendre aux monnaies nationales leur indépendance. Recréer les commerces locaux. Arracher l’Europe aux impérialismes. Interdire les jeux boursiers. Respecter la nature et l’équité.
     Le sens de l’histoire, qui est propre à la Nation que je représente, me donne le courage de donner aux autres pays d’Europe et du monde, le premier exemple d’un combat qui sera rude.
    Mais d’autres combats, bien plus rudes, notre pays, la France, les a gagnés, entraînant d’autres hommes et d’autres pays dans la voie de plus de liberté, d’égalité, de fraternité, d’espoir. »
     
    Dites-le, Monsieur.
    Nous l’attendons.
    Nous vous écoutons.
    Maintenant.
     
    Le présent est notre avenir.
     

    par Ariane Walter vendredi 15 octobre 2010


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  • Néolibéralisme et euthanasie des classes moyennes

    Article placé le 13 oct 2010, par Mecanopolis

    Par Bernard Conte

    Pendant que le néolibéralisme fait son travail de sape, nos élites complices, grassement rémunérées, tentent de détourner l’attention des populations. À l’instar des prestidigitateurs, elles pointent des faits, des « évidences », des idées, des théories… pour mieux dissimuler la réalité et manipuler les opinions.

    Après avoir longtemps nié le phénomène du laminage des classes moyennes en Occident, les néolibéraux – de « gauche », comme de « droite »2 – l’admettent, au moins implicitement, aujourd’hui. Mais pour eux, ce phénomène serait tout à fait « naturel », car il se doublerait de l’apparition et de l’essor de classes moyennes au Sud et plus particulièrement dans les pays émergents.

    Quoi de plus équitable ? Les pays du Sud n’ont-ils pas un « droit » inaliénable au développement et leurs populations ne peuvent-elles prétendre à « s’embourgeoiser » à leur tour ? La mondialisation néolibérale, tant décriée, aurait des effets positifs sur les classes moyennes au Sud. Face à la dynamique inéluctable de délocalisation des classes moyennes au Sud, les réactions égoïstes des « petits » bourgeois du Nord visant à protéger leur niveau de vie – en s’attachant à leurs privilèges, en revendiquant, en manifestant dans les rues, par exemple – seraient aussi vaines qu’inutiles, voire, à la limite, racistes.

    Ce discours est totalement biaisé car la dynamique des classes moyennes suit un cycle au cours duquel elle passe par une phase de croissance, suivie d’une période de décroissement. Ces périodes sont déterminées par la nature des liens entre les classes moyennes et le capital. Pendant la phase ascendante, la classe moyenne prospère parce qu’elle est « l’alliée » du capital. Lorsqu’elle devient son « ennemie », la classe moyenne périclite. Dans les deux cas, c’est l’État, entre les mains de la classe politique, qui gère la production ou la destruction de la classe moyenne.

    La dynamique cyclique des classes moyennes : entre densification et éclaircissement

    Au cours des Trente glorieuses au Nord et pendant la période du développement introverti3 au Sud, la classe moyenne s’est densifiée, avec plus ou moins d’intensité, dans de nombreuses zones de la planète. L’adoption de politiques néolibérales, de désinflation compétitive au Nord et d’ajustement structurel au Sud, a inversé la tendance en éclaircissant les rangs des classes moyennes. Cette évolution donne à penser que la dynamique des classes moyennes suit une trajectoire cyclique.

    L’évolution de la classe moyenne en Afrique : l’exemple de la Côte d’Ivoire

    L’expérience de la Côte d’Ivoire, pendant et après le « miracle » économique, illustre bien cette dynamique. Sous l’égide de son Président, Félix Houphouët-Boigny, la Côte d’Ivoire a mis en œuvre un modèle de développement « au caractère libéral et ouvert officiellement affirmé, devait présenter trois étapes successives : le capitalisme privé étranger, le capitalisme d’État, avant la relève par le capitalisme privé national, encouragé par un processus de rétrocession. La stratégie industrielle retenue était la substitution des importations. La politique industrielle s’est appuyée sur l’État et les intérêts français dont les profits étaient garantis par le code des investissements promulgué en 1959 et par la protection du marché interne4 ».

    Il s’agissait, pour l’État, de susciter l’apparition d’une classe « motrice », moyenne et supérieure, qui puisse prendre en main le développement national. À cette fin, l’État a mis en œuvre une stratégie multiforme notamment fondée sur :

    1. l’éducation – formation : « en 1960, l’État consacrait 22% de son budget à la formation ; cette proportion passait à 33% en 1973, pour atteindre 54,9% en 19835 ».
    2. l’ivoirisation du capital et de l’emploi (et particulièrement des cadres) par la relève des étrangers dans la fonction publique, dans le secteur de l’immobilier et des PME et dans les grandes entreprises (le plus souvent filiales de sociétés transnationales) ainsi que par l’extension de l’appareil d’État et du secteur public6.

    « L’appareil d’État sert de précurseur, de trait d’union et de tremplin à l’intégration des nationaux aux postes économiques. L’État joue le rôle d’agent moteur, créant les conditions de l’accès aux participations économiques, ne se substituant jamais à l’initiative privée là où elle existe, et toujours de manière à ce que ces initiatives soient compatibles avec les orientations du passé. La promotion des nouvelles initiatives tend à se faire dans des secteurs réservés7 ».

    Ainsi, grâce à l’action publique, les classes moyennes émergent. Par exemple, « avec un effectif de 78 000 emplois en janvier 1978, l’Administration est le premier employeur du pays. Comme le secteur parapublic représente pour sa part 61 000 emplois (y compris les sociétés d’économie mixte) c’est près de 40 % de l’emploi moderne qui est, directement ou indirectement, contrôlé par l’État8 ». De même, dans son étude sur l’emploi en Côte d’Ivoire, Françoise Binet dénombre, en 1978, 4 832 patrons d’entreprises à Abidjan dont 41,2 % sont ivoiriens9. Ces chiffres traduisent l’émergence et la densification progressive de classes moyennes salariées et entrepreneuriales au cours des Vingt glorieuses (ou du miracle ivoirien), aussi marquées par un taux de croissance du PIB réel d’environ 7 % par an en moyenne, une performance qui a engendré l’entrée de la Côte d’Ivoire dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la classification de la Banque mondiale. Dans les années 1970, la Côte d’Ivoire bénéficie du niveau de vie le plus élevé d’Afrique de l’Ouest.

    Le tournant se situe au début des années 1980 avec la chute des cours internationaux du cacao et du café, principales exportations de la Côte d’Ivoire. A partir de 1981, s’ouvre la période de l’ajustement. En raison de l’intangibilité revendiquée de la parité du franc CFA vis-à-vis du franc français, l’ajustement sera tout d’abord désinflationniste (en termes réels ), puis en 1994, il comportera la dévaluation de 50 % du CFA. Les mesures d’abaissement de la dépense publique, de réduction des effectifs de la fonction publique, la privatisation, la disparition pure et simple d’entreprises publiques ou d’entreprises liées à l’industrialisation par substitution des importations… vont se traduire par un appauvrissement de la majorité de la population avec un creusement des inégalités. En considérant l’indice du PIB réel par habitant égal à 100 en 1980, sa valeur n’était plus que de 79,7 en 198810. La réduction des emplois publics grossit les rangs du secteur informel et inverse le flux de l’exode rural: « en ce début des années 1990, nombre d’autochtones, montés dans les villes car ayant bénéficié du programme gouvernemental de 1978, dit d’ivoirisation de la fonction publique, sont forcés de revenir dans leurs villages d’origine suite à la suppression de nombreux emplois administratifs11 ». Ces populations, appartenant à la classe moyenne « ajustée », « compressée », sont victimes d’un déclassement. On assiste à « l’extension de la pauvreté et à l’accroissement des inégalités12 ». L’augmentation de la pauvreté, qui en « 2008 a atteint un seuil critique de 48,9 % contre seulement 10 % en 198513 », traduit le fait que la classe moyenne se paupérise.

    En Côte d’Ivoire, de l’indépendance à la fin des années 1970, la classe moyenne s’est constituée dans le cadre du modèle de développement mis en œuvre par Félix Houhpouët-Boigny. Cette classe a vu ses rangs s’éclaircir progressivement avec les programmes d’ajustement structurel néolibéraux. On observe cette même dynamique sous d’autres cieux.

    Argentine : « la classe moyenne est détruite14 »

    En Amérique Latine, l’exemple de l’Argentine révèle que la période des ajustements a délité la classe moyenne nombreuse qui s’était constituée auparavant. En effet, jusqu’à la fin des années 1970, « l’Argentine était une société relativement bien intégrée – tout au moins si on la compare aux autres pays d’Amérique Latine – caractérisée par une vaste classe moyenne, résultat d’un processus de mobilité sociale ascendante dont la continuité n’avait jamais été remise en cause15 ». A partir des années 1980, la classe moyenne se délite. «  On observe notamment l’entrée dans le monde de la pauvreté d’individus issus de la classe moyenne : il s’agit des « nouveaux pauvres » dont le nombre a cru de 338 % entre 1980 et 199016 ». Cette tendance s’est poursuivie, si bien qu’en janvier 2002, le Président argentin nouvellement élu, Eduardo Duhalde, révélait « qu’en 2001, la classe moyenne [avait] perdu 730 000 argentins, venus grossir les rangs des 15 millions de pauvres, soit 40 % de la population du pays17 ». A cette occasion, le Chef de l’État déclarait : « la classe moyenne est détruite18 ».

    La fin du « miracle » asiatique et le laminage des classes moyennes

    En Asie du Sud-Est, de 1970 à 1995, les pays émergents ont enregistré une forte croissance économique, si bien que l’on a parlé de « miracle ». Au cours de cette période, une classe moyenne essentiellement urbaine a progressivement émergé. La grave dépression de 1997-1998 a fortement impacté « la classe moyenne des pays du Sud-Est asiatique [qui] a payé le prix fort de cette crise : de nombreuses personnes ont perdu simultanément leur emploi et les économies de plusieurs années19 ». Le phénomène tend à se poursuivre avec la crise actuelle. En Corée du Sud par exemple, la crise actuelle (2008) « évoque celle de 1998. Du coup, les jeunes se ruent vers les sociétés d’État, où les emplois sont plus stables. En une décennie, la classe moyenne coréenne a diminué de 10 %. Beaucoup forment aujourd’hui une nouvelle classe de pauvres20 ».

    Au Nord : l’euthanasie progressive des classes moyennes

    Au Nord, depuis le début des années 1980, on assiste à « l’euthanasie » de la classe moyenne constituée pendant les Trente glorieuses21. Aux États-Unis, « s’il existe un point sur lequel les années 1980 ont réussi à créer un accord (de toute façon a posteriori) entre des économistes de différentes tendances, c’est précisément sur la diminution quantitative de la classe moyenne : « the big squeeze » de l’économie domestique située au niveau des revenus intermédiaires, la mobilité vers le bas des « cols blancs », les dumpies (downwardly mobile professionals selon la définition de Business Week) ont remplacé les yuppies plus connus du début des années 198022 ». La tendance au délitement a été masquée, jusqu’à la crise des « sous-primes », grâce à « un accès au crédit excessivement laxiste » qui « a permis à une grande partie des ménages moins nantis de maintenir un niveau de vie aisé » et qui « a généré ce qu’on pourrait appeler une ‘fausse classe moyenne’ aux États-Unis23 ». En Allemagne, selon une étude scientifique récente de l’institut DIW, au cours des dix dernières années, « les classes moyennes se sont « rétrécies24 » car elles sont « les perdantes des transformations qu’a subi la répartition des revenus au cours de la dernière décennie25 ». En France, la dynamique d’atrophie des classes moyennes est moins perceptible, en raison de l’existence initiale d’un État-providence renforcé et de sa plus lente destruction. Louis Chauvel montre que, pendant les Trente glorieuses, l’ascenseur social a permis à un grand nombre de jeunes, issus du milieu agricole ou ouvrier, d’accéder à la classe moyenne qui s’est développée rapidement au cours de cette période26. C’était l’âge d’or de la classe moyenne en France. Mais, à partir du début des années 1980, la situation se détériore progressivement. « Sans nier l’importance des difficultés des classes populaires et de ceux qui font face à la marginalisation sociale, c’est au tour des catégories centrales de la société d’expérimenter une forme de précarité civilisationnelle27 ».

    Il apparaît que les classes moyennes se sont développées dans des lieux et à des moments différents, pendant des périodes de durée variable, mais caractérisées par une croissance économique relativement élevée. Lorsque l’environnement s’est révélé moins favorable, ces classes moyennes sont entrées en crise. La dynamique des classes moyennes semble suivre une chronologie caractérisée par une période de croissance, prolongée par une phase de décroissement.

    Dans cette hypothèse, il est utile de s’interroger sur les facteurs explicatifs de la dynamique cyclique des classes moyennes.

    Quelques pistes de réflexion sur les déterminants de la dynamique cyclique des classes moyennes

    Notre hypothèse suggère que l’on assiste, dans le temps, à une montée des classes moyennes suivie de leur décrue. Une raison de cette trajectoire pourrait se situer dans le rôle ambigu des classes moyennes dans le processus de développement. En effet, les classes moyennes apparaissent à la fois comme un facteur de développement économique et comme un frein à la croissance des profits. Le cheminement cyclique pourrait s’expliquer par un échelonnement différencié dans le temps des effets précités. Dans tous les cas, il apparaît que l’évolution de la classe moyenne est intimement liée à l’intervention de l’État. C’est l’État (ou plutôt les élites politiques au pouvoir) qui décide de (dé)règlementer et de légiférer pour promouvoir ou enrayer le développement de la classe moyenne. La loi est (presque) toujours instrumentalisée pour servir les intérêts du capital qui peuvent coïncider avec ceux de la classe moyenne à un moment donné et en diverger à une autre période. En cas de convergence d’intérêts, la loi favorise la densification de la classe moyenne, en cas de divergence, la loi organise l’euthanasie de la classe moyenne jugée inutile, hostile et coûteuse pour le capital.

    La classe moyenne « alliée » du capitalisme industriel

    Dans certaines circonstances, la classe moyenne apparaît comme un facteur de développement de par son impact sur l’offre et sur la demande. Par exemple, au cours de la période des Trente glorieuses, la classe moyenne (intégrant une bonne partie de la classe ouvrière) a largement participé au bon fonctionnement du système fordiste, caractérisé par la production de masse et la consommation de masse. Pour son développement, le capitalisme industriel avait besoin d’un grand marché ainsi que de capacités productives résidentes pour l’approvisionner.

    La classe moyenne a tenu un rôle important dans la création et le soutien de la demande tant sur le plan quantitatif que qualitatif. Grâce à un pouvoir d’achat en progression régulière, elle a consommé des quantités croissantes de biens et de services standardisés, mais elle a aussi accepté de payer un prix plus élevé pour la « qualité », ce qui a stimulé l’investissement pour l’innovation, la différenciation et la commercialisation de nouveaux biens et services28.

    Du côté de l’offre, certains considèrent la classe moyenne comme un vecteur important de l’entrepreneuriat et de l’innovation des petites entreprises. La classe moyenne s’est aussi constituée à partir de la main-d’œuvre qualifiée dont les entreprises et l’État (l’État providence) avaient besoin pour leur développement. Grâce à l’effort d’éducation – formation, ladite classe a fourni le capital humain nécessaire tout en permettant à une masse d’individus issus de milieux modestes de rejoindre ses rangs. Au total, « la classe moyenne apparaît comme la source de tous les intrants requis pour assurer la croissance en termes d’économie néoclassique – idées nouvelles, accumulation du capital physique et accumulation du capital humain29 ».

    Ainsi, les Trente glorieuses ont scellé un compromis (une « alliance ») temporaire entre la classe moyenne, essentiellement salariée, et le capital industriel. La superposition géographique des aires de production et de consommation était un élément décisif du compromis. Grosso modo, ce qui était essentiellement produit au Nord était consommé au Nord. Ce faisant, la fraction de la valeur ajoutée à laquelle les capitalistes renonçaient dans le processus productif, pour la verser sous forme de salaire direct et indirect, revenait dans leur escarcelle lors de l’achat des biens et services par les salariés. En d’autres termes, le salaire était à la fois un coût et un vecteur de profit pour l’entreprise. La coïncidence géographique de la production et de la consommation engendrait un cercle vertueux conduisant au développement autocentré.

    Dans une certaine mesure, on a constaté la mise en place de compromis similaires dans les pays du Sud, au cours de la période du nationalisme – clientéliste, notamment caractérisé par l’industrialisation par substitution des importations. En Côte d’Ivoire, par exemple, le compromis initiateur de la classe moyenne était fondé sur la redistribution de la rente agricole issue des filières cacao-café, sur le développement du secteur industriel ainsi que sur les apports d’aide extérieure30. Le capital international récupérait la rente par le biais des importations et de la production nationale qu’il assurait majoritairement.

    Lorsque le contexte évolue, les intérêts des protagonistes peuvent se mettre à diverger et le compromis peut être remis en cause. Dans ce cas, la classe moyenne et le capital deviennent ennemis.

    La classe moyenne « ennemie » du capitalisme financier

    La survenance d’une série d’évènements va graduellement modifier le contexte de l’économie mondiale : la fin du système de taux de change fixes en 1971, les chocs pétrolier de 1973 et de 1979, la stagflation, la crise de la dette des pays du Sud en 1982, la chute du mur de Berlin et l’implosion du bloc soviétique. L’évolution va permettre l’accélération et l’approfondissement de la mondialisation néolibérale, financière et économique.

    Le capitalisme se financiarise et la production industrielle est relocalisée principalement sur le continent asiatique qui dispose d’une main d’œuvre à très bas salaires. La désindustrialisation frappe les pays du Nord31, mais également les pays du Sud32 qui avaient, dans le cadre du nationalisme – clientéliste, adopté des stratégies d’industrialisation par substitution des importations.

    Le libre-échange permet d’inonder les marchés de produits à bas prix qui concurrencent (de façon déloyale ?) les productions nationales, révélant leur défaut de « compétitivité ». (Re)devenir compétitif33 implique l’abaissement des coûts de production directs et indirects. Cette démarche passe par la réduction des salaires réels, des avantages sociaux… et, plus généralement, des dépenses « clientélistes » (assimilées à de la corruption) et des dépenses liées à l’État providence (présentées comme inéquitables, car essentiellement corporatistes).

    Sous prétexte de concurrence, il s’agit de rehausser les profits. Pour ce faire, il convient d’ajuster les structures économiques et sociales nationales aux règles du « laisser-faire » – « laisser-passer », étendu à l’ensemble de la planète. « Parmi la population, comme les pauvres le sont trop et que les riches sont exemptés34, c’est sur la classe moyenne que reposera l’essentiel de la charge de l’ajustement35 ».

    Ainsi, la classe moyenne devient « l’ennemie » du capitalisme financiarisé car son existence injustifiée – puisque sous d’autres cieux, des populations assurent les mêmes tâches productives à moindre coût – réduit les profits. Le capitalisme dénonce le compromis conclu précédemment et fait procéder à l’euthanasie de la classe moyenne parasite. Pour ce faire, l’intervention de l’État, guidée par les élites politiques complices, apparaît indispensable.

    La classe moyenne produite ou détruite par l’État

    L’intervention de l’État est impérative pour assurer le développement de la classe moyenne ou son euthanasie, car c’est lui qui légifère, règlemente, incite, réprime… contrôlant ainsi, plus ou moins directement, une large part de la production et de la redistribution des richesses. L’État prend et donne, fait et défait, tricote et détricote… Par le biais de la loi, du secteur public, de la fiscalité – redistribution…, l’État façonne, corrige et adapte la structure sociale nationale. Les élites politiques (issues du suffrage universel en démocratie) assurent la direction de l’État, proposent et votent les lois. Ce sont donc lesdites élites politiques nationales qui portent la responsabilité de la densification ou de l’éclaircissement de la classe moyenne.

    Durant la phase ascendante du cycle, le compromis entre le capital et la classe moyenne autorise les élites politiques à œuvrer en sa faveur. L’État intervient pour assurer un bien-être accru par la loi et la réglementation, pour créer des emplois, pour mettre en place des services publics de qualité…, ce qui a pour effet de densifier la classe moyenne36 tout en permettant au capital de se valoriser pleinement. On assiste à la construction de l’État providence et de l’État nationaliste – clientéliste. Au cours de cette phase, dans les pays du Sud, une bonne partie du surplus dégagé sur le territoire national, principalement sous forme de rente (agricole, minière, énergétique…), est mobilisé par l’État et distribué sur place. C’est la période des « Pères de la nation » (Houphouet-Boigny, N’Krumah, Nyerere…). Au Nord, le fordisme permet la croissance autocentrée, génératrice de surplus largement redistribué. Sur le plan politique, le climat est assez serein. En effet, en démocratie, les élites politiques émanent, pour une large part, de la classe moyenne. Elles fondent leur discours sur les concessions, obtenues ou à négocier avec les capitalistes37, au profit de la classe moyenne essentiellement. De ce fait, la classe politique se trouve relativement en phase avec l’électorat38.

    Au cours de la période descendante du cycle, qui coïncide avec la divergence des intérêts du capital et de la classe moyenne, l’État œuvre à la destruction de cette dernière. Cela signifie la défaisance39 des dispositifs mis en place au cours de la période précédente : l’État providence au Nord et l’État nationaliste – clientéliste au Sud. En régime démocratique, cette démarche présente un risque majeur pour les élites dirigeantes qui doivent mettre en œuvre des politiques contraires aux intérêts de leur électorat traditionnel40. Le contournement de cet obstacle politique implique l’atomisation du pouvoir de l’Etat central41, l’organisation de la démocratie virtuelle42, la promotion de l’idéologie du marché, la manipulation de l’opinion publique, le changement des élites par leur internationalisation43… Les élites, au pouvoir ou susceptible d’y accéder, réunies autour du projet néolibéral (monétariste ou ordolibéral) qu’elles déclinent avec le vocabulaire propre à leur position « officielle » sur l’échiquier politique, produisent un discours étriqué et peu différencié, qui tente de cacher la réalité de la dynamique de paupérisation du plus grand nombre, imposée par le capitalisme financiarisé. Le fossé se creuse entre la classe politique et les électeurs qui expriment leur désintérêt par une abstention massive aux scrutins électoraux. Malgré cela, les élites s’impliquent de plus en plus au service du capital contre les populations et particulièrement contre la classe moyenne. Pour elles, les règles du marché qui sont censées récompenser les prudents44 et sanctionner les téméraires ne s’appliquent pas aux capitalistes financiers. La crise de 2008, montre que les élites ont fait en sorte que « les téméraires semblent être les bénéficiaires de la crise qu’ils ont provoquée, tandis que le reste de la société [et particulièrement la classe moyenne] porte le fardeau de leur insouciance45 ». L’instrumentalisation de l’État et des institutions supranationales au service du capitalisme financiarisé engendre une crise globale de légitimité des élites, qu’elles soient nationales ou internationales.

    Au total, selon que la classe moyenne sert ou dessert le capital, les élites utilisent l’État pour en densifier ou pour en éclaircir les rangs.

    Conclusion

    De nombreux scientifiques et commentateurs ont souligné l’importance des classes moyennes dans le processus de développement. Les performances des pays du G7 qui, de 1965 à 2004 ont représenté une part quasi stable de 65 % du PIB mondial peuvent être, en grande partie, attribuées à une classe moyenne nombreuse46. « Ce sont les classes moyennes qui ont bâti l’économie française du XXème siècle ; elles en ont été les plus grandes bénéficiaires47 ». Plus généralement, « sur le long terme (200 ans), l’économie de marché occidentale a resserré les inégalités entre les classes sociales [et] ce sont les classes moyennes qui ont le plus bénéficié de ce resserrement des inégalités48 ». La tendance s’inverse à partir de la fin des années 1970 avec la mondialisation néolibérale qui lamine progressivement les classes moyennes. Face à ce constat, d’aucuns49 avancent que la « réduction » des classes moyennes dans certaines zones géographiques serait surcompensée par la densification de ces mêmes classes dans d’autres zones du globe.

    On s’interroge sur l’apparition et la densification des classes moyennes dans les pays émergents (Chine, Inde…). Selon notre analyse, dans un contexte de mondialisation néolibérale, de libre-échange, de déréglementation, de libre mouvement des capitaux… et de non-intervention incitatrice et protectrice de l’État, les classes moyennes ne seront qu’un phénomène éphémère. En effet, le marché mondial mettant en concurrence tous les peuples, les revenus sont forcément plafonnés par la nécessité de rester compétitifs par rapport aux nouveaux entrants sur ledit marché (par exemple : la Chine par rapport au VietNam…, etc). Dans ces conditions, une classe moyenne ne peut se développer durablement. Dès que, dans un pays, les revenus atteignent un certain seuil, les coûts de production deviennent trop élevés pour affronter la concurrence tant sur le marché national que mondial. Les productions concernées sont alors délocalisées vers des pays ou des régions plus compétitives, où se créent des embryons de classe moyenne au « détriment » de celle du pays d’origine. Il s’agit d’une sorte de jeu à somme nulle où l’un gagne ce que l’autre perd50.

    Pour se densifier durablement, la classe moyenne a besoin de l’intervention incitatrice et protectrice de l’État qui ne peut intervenir dans un contexte de mondialisation néolibérale. Il faut donc réhabiliter l’État. De plus, les élites politiques à la tête de l’État (ou susceptibles de l’être) doivent privilégier les intérêts de la classe moyenne par rapport à ceux du capital.

    Depuis de nombreuses années, l’expérience nous montre qu’au niveau mondial – à quelques rares exceptions près51 – les élites au pouvoir, au capital social internationalisé, semblent plutôt être à la solde du capital financier. Cela signifie que l’avenir radieux des classes moyennes implique le changement des élites qui ne se fera certainement pas sans violence52.

    Benard Conte, pour Mecanopolis

    Bernard Conte est économiste politique et maître de conférences à l’Université Montesquieu-Bordeaux IV

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