• Le président Karzaï qualifie de "meurtre" la mort de 14 civils afghans par l'Otan

    Le président afghan Hamid Karzaï a qualifié dimanche de "grave erreur" et de "meurtre" la mort samedi de 14 civils dans une frappe aérienne américaine et a lancé "un dernier avertissement aux troupes et responsables américains", sommés de cesser leurs opérations "unilatérales".

    14 civils afghans, dont une majorité d'enfants, ont été tués samedi lorsque des hélicoptères, venus aider une position de l'Otan attaquée par des insurgés, ont tiré des roquettes sur deux maisons dans le Helmand, selon les autorités de cette province méridionale, bastion des talibans où la coalition a enregistré ses plus lourdes pertes depuis le début du conflit fin 2001.

    "Il a été dit de façon répétée aux Etats-Unis et à l'Otan que leurs opérations unilatérales et inutiles causaient la mort d'Afghans innocents et (...) violaient les valeurs humaines et morales, mais il semble qu'ils n'écoutent pas", a déclaré M. Karzaï, cité dans ce communiqué officiel au ton inhabituellement virulent. M. Karzaï a mis en cause "les troupes américaines" dans la mort de ces civils, alors que les autorités provinciales du Helmand n'avaient évoqué que des hélicoptères de l'Otan sans plus de détails. Le chef de l'Etat afghan a précisé que dix enfants, deux femmes et deux hommes avaient été tués et que six civils avaient été blessés dans cette frappe. Des images télévisées ont montré des hommes portant des cadavres d'enfants couverts de poussière et les présentant aux journalistes.

    Selon le général américain John Toolan, les hélicoptères de l'Otan, appelés en renfort, ont ouvert le feu sur un complexe dans lequel cinq insurgés avaient pris position après avoir attaqué une patrouille de l'Isaf et d'où ils continuaient à tirer.

    Malheureusement, nous avons découvert plus tard que le complexe, occupé à dessein par les insurgés, hébergeait des civils innocents, a poursuivi le général Toolan.


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  • Afghanistan : un retrait de troupes britanniques inquiète Washington

    Un plan élaboré par le Premier ministre britannique, David Cameron, pour réduire, dès les semaines qui viennent, le nombre des troupes stationnées en Afghanistan suscite les préoccupations de l'administration américaine.

    Brit1.jpgDes officiers supérieurs américains ont averti les Britanniques qu'une telle mesure pourrait porter atteinte aux relations spéciales entre Londres et Washington.

    Le quotidien londonien The Daily Telegraph a rapporté la semaine dernière que Cameron a demandé aux commandants des forces britanniques de commencer, dans les prochaines semaines, à retirer des centaines de militaires d'Afghanistan.

    Le Royaume-Uni déploie près de 10.000 hommes en Afghanistan, dont environ 4.000 dans la province


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  • Les afghans pensent que les États-Unis financent les talibans

    voir aussi : Géopolitique de l'Afghanistan_2eme partie


    Les afghans croient que les États-Unis financent les talibans

    U.S. Army Conducts Operations In Kandahar Province

    C’est une croyance répandue parmi les afghans que l’Occident n’a aucunement l’intention de mettre fin au conflit en Afghanistan. Photographie: John Moore/Getty Images

    Les intellectuels et professionnels respectés afghans sont convaincus que l’ouest prolonge le conflit afin de maintenir son influence dans la région

    Daniella Peled

    Mardi 25 mai 2010 12.00 BST

    Il est quasiment impossible de trouver quelqu’un en Afghanistan qui ne croit pas que les États-Unis financent les talibans, et ce sont les professionnels afghans les plus instruits, ceux qui sont employés par l’ISAF, l’USAID, les médias internationaux – et même des conseillers diplomatiques américains – qui semblent les plus convaincus.

    Un ami afghan, qui parle un anglais impeccable et aime citer Charles Dickens, Bertolt Brecht et Tchekhov, dit que la raison en est claire. « Le États-Unis ont intérêt à prolonger le conflit de manière à rester en Afghanistan sur le long terme. »

    La poursuite des violences entre les forces de la coalition et les talibans en est la preuve la plus évidente.

    « Nous disons dans ce pays, qu’il faut deux mains pour applaudir », dit-il, claquant des mains en signe de démonstration. « Un côté ne peut pas le faire tout seul. »

    Ses arguments sont motivés, bien qu’il en ruine quelque peu l’effet en m’expliquant qu’aucun juif n’est mort dans les Twin Towers. Ce n’est pas seulement le patrimoine naturel de l’Afghanistan, mais sa position stratégique, si l’on suit ce raisonnement. Contrôler ce pays donnerait aux États-Unis un ascendant sur l’Inde, la Russie, Pakistan et la Chine, sans parler de tous les États d’Asie centrale.

     

    « Les Etats-Unis utilisent Israël afin de menacer les Etats arabes, et ils veulent faire la même chose avec l’Afghanistan », dit-il. « Celui qui contrôlera l’Asie dans l’avenir, contrôlera aussi le monde. »

    « Même un enfant de cinq ans sait cela, » me confie un journaliste radio Kabuli, tenant sa main quelques pieds au dessus du sol afin d’illustrer son propos. « Regardez Helmand », dit-il, « comment 15.000 soldats afghans combinés aux forces internationales n’arrivent-ils pas à écraser quelques milliers de talibans sous-équipés? »

    Et pour ce qui concerne les Britanniques, apparemment, ils veulent encore plus rester en Afghanistan que les Américains. La raison pour laquelle ils veulent parler aux talibans c’est pour les mettre au gouvernement, consolidant ainsi l’influence du Royaume-Uni.

    Il ne s’agit pas seulement de vagues préjugés, ni de théories conspirationnistes délirantes si répandues au Moyen-Orient. Il y a une analyse très structurée, si ce n’est alambiquée, derrière tout cela. Si les États-Unis voulaient vraiment défaire les talibans, me demandent toutes ces personnes, pourquoi ne pas s’en occuper au Pakistan? « La raison est simple », me dit un ami. « Tant que vous ne vous débarrasserez pas du nid, le problème va persister. S’ils éliminent les talibans, les États-Unis n’auront aucune raison de rester ici… »

    La preuve en est multiple, disent-ils (même si elle a tendance à inclure la fameuse expression qui exaspère tous les journalistes: « tout le monde sait que… »).

    Parmi les choses « que tout le monde sait », il y a le fait que les troupes de l’armée nationale afghane rapportent que lorsqu’elles prennent le contrôle des bases de talibans, elles découvrent des rations et des armes identiques à celles qui leur sont fournies par États-Unis. Les États-Unis financent tant les madrasas d’Afghanistan que celles du Pakistan, qui produisent les jeunes talibans (voir également ceci). Les hélicoptères de l’armée américaine livrent régulièrement des fournitures derrière les lignes talibanes. Les organisations d’aide humanitaire ne sont rien d’autre que des agences de collecte de renseignement, pénétrant dans les régions où l’armée ne peut se rendre afin d’obtenir des informations sur le terrain. Même le projet de formation de sage-femme le plus modeste est une opération d’espionnage.

    Un politologue, qui travaille comme conseiller auprès d’organismes américains dans le nord du pays, raconte comment les gens craignent l’influence continue des seigneurs de guerre, illustrant son propos par des descriptions de la violence et de la corruption qui s’étendent jusqu’aux domaines de la banque, du gouvernement et du commerce.

    « Les afghans haïssent ces seigneurs de guerre », dit-il, « mais les Etats-Unis veulent les maintenir en place (voir également ceci). S’ils disparaissent, et que des personnes compétentes et honnêtes les remplacent, nous pourrions subvenir à nos propres besoins. Nous pourrions avoir notre propre économie, et exiger la transparence dans les investissements étrangers. On aurait une véritable armée, pour nous protéger et servir l’Afghanistan. »

    Alors pourquoi ces professionnels afghans bien formés travaillent-ils pour des gouvernements dont ils sont convaincus qu’ils veulent planter leurs griffes dans leur pays?

    Il n’y a rien d’artificiel concernant leur patriotisme – avec leurs compétences ils pourraient facilement aller étudier ou travailler à l’étranger, mais ils choisissent de rester pour construire un meilleur avenir pour leur pays. Les afghans ont une méfiance historique envers toute puissance étrangère impliquée dans leur pays, et peut-être avec la résilience d’une nation qui a vu se succéder occupant après occupant, ils sont prêts à attendre, convaincus que la volonté des États-Unis s’usera avant la leur.

    Ils ne veulent pas que l’OTAN s’en aille avant 15, peut-être 20 ans, de toute façon. Le temps qui sera nécessaire afin que les institutions afghanes soient en mesure de survivre de façon indépendante. En attendant, comme mon ami épris de littérature – qui travaille pour un certain nombre d’agences américains – me dit, il n’y a pas de contradiction dans la survie. « J’aime avoir Benjamin Franklin dans ma poche », sourit-il. Autant pour les cœurs et les esprits.

    Source: guardian.co.uk


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  • Ce que ne dit pas Wikileaks

    Article placé le 07 août 2010, par Mecanopolis

    La retraite d’Afghanistan ressemblera à un sauve-qui-peut général où les militaires, après avoir dépensé des milliards de dollars pour massacrer hommes, femmes et enfants, apparaitront pour ce qui sont : d’absurdes criminels que seules l’ignorance et la bêtise de nos semblables sauvent de la prison.

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    «La guerre est faite de tout sauf de transparence»

    Fuite orchestrée, construite par des officiers du renseignement, les 105 000 documents livrés au public, par le site islandais WikiLeaks, offrent peu d’intérêt pour les amoureux de la vérité.

    Les amateurs de scoop, de scandale, de petites histoires, resteront sur leur faim.

    La fausseté du prétexte qui a motivé, en décembre 2001, l’invasion puis l’occupation de l’Afghanistan, est savamment dissimulée, dans les plis du drapeau.

    Pas un instant, les traitres « qui menacent la sécurité nationale », selon l’expression de Washington, ne dénoncent les marchands de canons, les multinationales du crime, la CIA ou les compagnies militaires privées.

    La coïncidence entre le boum de la production d’opium, dans la région du Helmand, au sud-est de l’Afghanistan, et l’occupation anglo-saxonne, n’est même pas évoquée.

    On ne retrouve pas, dans cette poubelle renversée sur la Toile, les ordres de mission relatifs aux crimes de guerre, perpétrés par l’US Air Force ou les Marines, à Nawabad, le 21 août 2008 et à Bala Batuk, le 5 mai 2009.

    Hormis les prisonniers et les transfuges, parlant sous la torture ou pour de l’argent, aucun rapport ne donne la parole à la Résistance ni aux milliers de villageois qui vivent dignement, sous les bombes, et qui auront contribué, à leurs manières, au départ de l’étranger.

    La représentation des choses ici demeure fermement aux mains de l’occupant.

    Seuls des « journalistes embarqués », des photographes de l’armée ou de soit-disant experts, le M16 en bandoulière, sont autorisés à dire la réalité.

    Et malheur au reporter qui essaierait de donner à voir autre chose que la propagande : il serait tué ou pris en otage par un groupe armé.

    Les journalistes français de Fr3, captifs depuis 218 jours, quelque part dans la vallée de la Kapisa, payent, aujourd’hui, le prix de ces paroles et images confisquées.

    L’Histoire de cette seconde guerre d’Afghanistan doit être écrite par l’Amérique – dans la victoire comme dans la débâcle.

    Tel est peut-être l’unique message qui émane de cette montagne de papiers, flottant dans l’arbre stérile d’Internet.

    LE GRAND MÉNAGE AVANT UNE RETRAITE PITOYABLE

    Comme dans les films évoquant la chute de Saïgon, en 1975, ou la prise d’assaut de l’ambassade des États-Unis, à Téhéran, les petits fonctionnaires américains brûlent tous les documents compromettants et ne sauvegardent que l’essentiel : leur propagande.

    Les informateurs de Julian ASSANGE, responsable de WikiLeaks, ambitionnent, avec une avalanche de détails, de conforter les fables qu’on nous sert depuis les attaques de New-York.

    Entre autres : la collusion de l’armée pakistanaise avec les talibans et l’aide militaire, apportée par l’Iran, au groupe chiite de Guldbudin HEKMATYAR, le Hezb-i-Islami.

    Mais le nombre de preuves assénées par des militaires dont la première mission n’est pas exactement l’information n’en font pas des certitudes recevables par un tribunal.

    Les accusations portées contre le général pakistanais à la retraite, Hamid GUL, présenté comme une sorte de roi des talibans, frisent le ridicule et ne résisteraient pas, cinq minutes, à l’analyse d’un juge d’instruction.

    Les charges contre ce vieillard de 74 ans, décoré à la chute du Mur de Berlin, par le gouvernement allemand, « pour services rendus », rappellent les injonctions de Condoleeza RICE qui demandait, en décembre 2008, l’arrestation immédiate de l’ancien directeur de l’Inter Service Intelligence (ISI).

    « Le vainqueur de l’armée Rouge », fort en gueule, qui connaît très bien les méthodes de la CIA – il a travaillé pour eux pendant vingt ans – avait eu l’outrecuidance de dénoncer les auteurs des attaques de Mumbay, le 26, 28 novembre 2008, comme de probables mercenaires à la solde de Langley, soutenus par l’Intelligence Bureau, le M16 et le MOSSAD.

    Le but des attaques de Mumbay, attribuées officiellement au groupe Cachemiri, le Laskar-e-Toyba, étant de créer un casus belli et de forcer le gouvernement indien à entrer en guerre comme ce fut le cas, après l’attaque du parlement indien, le 13 décembre 2001…

    Peu de nos concitoyens savent qu’il y a un lien intime entre l’évolution de la situation politique, militaire, en Afghanistan et la question disputée du Cachemire, occupé par l’armée indienne.

    Chose que Wikileaks et « nos balances du Pentagone » laissent volontairement dans l’ombre…

    LES MACHOIRES INDIENNES DU PIEGE AFGHAN

    Lors de l’invasion de l’Afghanistan par les soviétiques, en décembre 1979, Indira GANDHI fut l’une des rares dirigeantes des pays non-alignés à saluer l’arrivée des Soviets à Kaboul ; et le gouvernement de son successeur, le premier à déplorer leur retrait lorsque l’URSS décida de retirer leurs troupes en 1989.

    Car la chute du régime pro-soviétique de Najibullah et le triomphe des talibans, à Kaboul, provoquèrent et aidèrent une insurrection pro-pakistanaise, à Srinagar, dans la partie est du Cachemire, occupé, depuis 1947, par l’armée indienne.

    Une insurrection qui dure et retient l’attention de 400 000 militaires et para-militaires indiens.

    Dans la seconde guerre d’Afghanistan, une configuration, plus dramatique, se met en place et inquiète le commandement de l’ISAF.

    Le plan de « sortie honorable » qui mise sur la capacité de l’armée afghane à assurer seule la sécurité du pays ne tient pas.

    La nature profondément féodale et « anti-nation » des montagnards pachtouns interdit toute forme d’espérance aux occupants.

    Les structures étatiques et le voile de modernité qu’avaient laissé les soviétiques à leur départ, en février 1989, avaient tenu à peine deux ans…

    Mais ce qui rend plus périlleux la transition, c’est le grand jeu auquel se livrent la puissance indienne qui a repris, semble-t-il, les ambitions du Raj britannique, et le Pakistan au bord d’une révolution islamique.

    Le risque permanent de clash entre l’Inde et le Pakistan, deux puissances à couteaux tirés, qui possèdent l’arme nucléaire, obère toute sortie maîtrisée du corps expéditionnaire, le forçant à dépendre de l’une ou l’autre des nations rivales.

    La Russie, la Chine, la république iranienne, les républiques d’Asie centrale, pour différentes raisons, quant à elles, malgré leurs rivalités avec les États-Unis, ne souhaitent pas le départ du corps expéditionnaire et regardent perplexes le drame se jouer.

    Cette impossibilité des coalisés à fixer clairement les conditions de leur retrait et d’empêcher les conséquences ( l’entrée victorieuse de talibans à Kaboul, une guerre entre le Pakistan et l’Inde, suivie d’une révolution islamique en Afpak) pourrait conduire l’OTAN à l’implosion.

    Un soldat du contingent hollandais qui désertait récemment le piège afghan résumait ainsi le désastre : « Ce fut une erreur d’y mettre le pied et une plus grande encore de l'enlever. »

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    UN « CAPITALISME DU DÉSASTRE » QUI NE RÉUSSIT PAS A L’OTAN

    Le Pakistan, ex-membre de l’OTASE, est le plus grand dommage collatéral de l’aventure.

    Au lieu de stabiliser la région, la présence américaine, « dans la montagne rebelle », a provoqué une guerre civile, au Pakistan, qui a fait des millions de réfugiés et coûté la vie, selon Zaïd Hamid Zaman (journaliste pakistanais, consultant à Brasstrack) « au moins à vingt milles personnes ».

    Les bombardements des populations par les drones de la CIA, les attaques kamikazes dont beaucoup se demandent, eu égard aux cibles choisies (cinémas, marchés, mosquées), s’ils ne sont pas l’œuvre de groupes terroristes payés par l’étranger, ont créé les conditions propices à une révolution islamique anti-impérialiste, au sein même de l’armée.

    Si les documents militaires, divulgués par WikiLeaks, montrent bien le trou béant dans lequel s’abîme chaque jour davantage l’aventure coloniale, les sources militaires se refusent à montrer l’ampleur des dégâts que la CIA et leurs compagnies privées comme Black Water, ont commis au Pakistan.

    Pire, elles trahissent l’intérêt de leurs propre pays en épousant les vues de la puissance régionale dont le général MacChrystal, lui-même, dénonçait, avant d’être remercié, « la présence de plus en plus néfaste en Af-Pak».

    Cependant cette analyse considérant l’influence indienne comme néfaste n’est pas partagée par la majorité des officiers composant le commandement des forces d’occupation.

    Notamment des Français qui ont fait défiler, le 14 juillet 2009, un contingent de la marine indienne sur leur propres Champs-Elysées…

    Leurs analyses correspondent, en effet, à celles des diplomates de New Dehli, qui envisagent, dans la revue « Indian Foreign Affairs Journal », de janvier-février 2010, la périlleuse période de transition.

    A savoir : l’envoi d’un corps expéditionnaire indien, sous mandat onusien, d’abord dans la vallée du Panshir, puis déployé sur l’ensemble des zones pachtounes tenues par les coalisés.

    Une telle hypothèse déboucherait inévitablement sur une guerre avec le Pakistan et une intervention, peut-être, de la Chine qui a signé des accords de défense avec Islamabad.

    Pour les Pakistanais, « le pire reste toujours possible » car l’Inde, ex-pays non aligné, a signé, en 2005, un formidable accord stratégique avec les États-Unis.

    Pour appuyer ce dispositif, l’Indian Air Force (IAF) occupe déjà une base militaire louée précédemment aux Français, à Douchambé, au Tadjikistan.

    De plus, le Border Road Organization (BRO), protégé par quelques dix milles paramilitaires de l’Indian Tibetan Border Police Force (ITBPF), présents en Afghanistan, a construit une route stratégique de la frontière iranienne à Kandahar.

    Après négociation avec un Iran, soumis à un embargo sévère et dépendant pour son raffinage de la compagnie indienne, ONGC, l’Indian Navy qui disposera bientôt d’un nouveau porte-aéronefs, escortés de sous-marins de type Scorpène, pourrait débarquer un corps expéditionnaire de plusieurs centaines de milliers d’hommes à l’horizon 2014.

    Les marqueurs présageant un tel exercice, dans l’Océan indien, sont nombreux.

    De 2001 à 2009, les manœuvres avec les forces de l’OTAN se sont multipliées, les commandes de matériels militaires, notamment en navires de guerre, à l’étranger, ont quadruplé de volume.

    Signe que l’intention américaine n’est pas nouvelle : en décembre 2001, l’US Navy confiait à la flotte indienne l’escorte des pétroliers qui ravitaillent le corps expéditionnaire du détroit d’Ormuz aux eaux sombres du littoral (opération Sagittarius).

    Or depuis 1947, le Pakistan, ex-membre de l’OTASE, est historiquement le porte-avions de l’impérialisme US, dans la région.

    Encore, aujourd’hui, l’armée pakistanaise, sur ordre de Washington, se bat, avec acharnement et beaucoup de brutalité contre ses propres populations insurgées du FATA et du Waziristan, lesquelles sont bombardées régulièrement, depuis 2006, par les drones de la CIA.

    Cette guerre civile, provoquée, en grande partie, par l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan, a fait, depuis le début de l’opération Enduring Freedom, en deçà de la ligne Mortimer-Durand, plus de morts que les quatre conflits avec l’Union indienne.

    Une majorité de pakistanais pensent sérieusement que les États-Unis, malgré leurs aides financières, avec la complicité active de l’Inde et d’Israël, sont à l’origine de leurs malheurs.

    Des intellectuels américains comme Michel CHOSSUDOVSKI confirment leur point de vue, dans un article où le dissident explique la déstabilisation planifiée de la république islamique.

    Pas une note des 105 000 documents secrets, publiés par WikiLeaks, n’évoque cette dimension !

    L’armée pakistanaise fait pourtant partie du CENTCOM et nombre de bases importantes comme Jacobadad d’où partent les drones qui massacrent les Pachtouns, au Wasziristan, sont consacrées au déploiement de l’US Air Force.

    On estime à 25 000 hommes la présence américaine sur le sol pakistanais : soldats, pilotes, diplomates, agents de différents départements (FBI, DEA, etc.), mercenaires de compagnies privée comme Xe ou Vinel.

    L’ambassade US à Islamabad dirige quasiment le gouvernement ZARDARI-GILANI dont le soutien, dans la guerre contre le terrorisme, est crucial.

    Mais ce soutien à l’impérialisme est à double tranchant, s’il satisfait les étrangers, il éloigne de plus en plus les populations locales de leur propre gouvernement.

    A bien des égards, « le double jeu» évoqué par WikiLeaks serait plus le fait des américains que des officiers pakistanais.

    Le chef d’état-major, le général KAYANI comme le général MUSHARRAF, actuellement en exil à Londres, ont fait leurs classes dans les académies US et sont des amis intimes de l’amiral Mike MULLEN qui commande la flotte de la zone Asie-Pacifique.

    Pourquoi ces simples informations dont on pourrait vérifier l’exactitude, dans n’importe quelle encyclopédie en ligne, ne figurent-elles pas dans les papiers de WikiLeaks ?

    La guerre racontée par le site « pacifiste » témoigne, semble-t-il, de l’âpre combat que se livrent, par informations divulguées, des éléments proches de l’ancien gouvernement BUSH, pro-indiens, et une administration OBAMA, en plein désarroi, qui tient l’armée pakistanaise comme la clef de voûte pour sortir, dans l’honneur, du bourbier afghan.

    CONCLUSION PROVISOIRE

    La guerre en Afghanistan n’est pareille à nulle autre : une fois commencée, elle ne s’achève jamais avant la disparition complète de l’envahisseur et ceux et celles qui les ont aidés.

    Dans les massifs himalayens de l’Hindou Kouch, les âmes des hommes, tués par les armes, poursuivent les vivants d’une haine sans fin.

    Le complexe militaro-industriel va connaître, pour la première fois de son histoire, un échec retentissant face à une société archaïque, profondément religieuse, dont le moteur n’est pas l’argent mais la Vengeance.

    HIMALOVE

    Publié sur Mecanopolis le 7 août 2010


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  • Afghanistan : le retrait hollandais relance le débat sur la guerre

    Les autres pays pourraient être tentés de se désengager, alors que les fuites sur Wikileaks fragilisent encore la coalition.

    Des soldats néerlandais regardent la finale de la Coupe du monde dans une base militaire près de Kaboul (Ahmad Masood/Reuters)

    L'engagement des 1 950 soldats néerlandais dans la guerre d'Afghanistan a pris fin dimanche, ce qui fait des Pays-Bas le premier pays à retirer ses troupes d'un conflit aux allures de bourbier.

    La décision a été prise il y a plusieurs mois, après une crise politique à La Haye, mais elle tombe en plein débat sur la stratégie américaine et occidentale provoqué par la divulgation de milliers de documents confidentiels par le site Wikileaks.

    La demande de renforts adressée au début de l'année aux Etats membres de la coalition avait provoqué un vif débat aux Pays-Bas, et entraîné la chute de la coalition gouvernementale en février. La décision avait été alors prise de retirer le contingent néerlandais qui était stationné dans la région d'Uruzgan, une zone difficile du sud de l'Afghanistan.

    Au cours de leur intervention, les Néerlandais ont perdu 24 soldats, dont le propre fils du chef d'état-major de l'armée nationale, le général Peter van Uhm.


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  • Task Force 373

    Les documents fournis par Wikileaks fournissent de nombreuses informations sur les activités d'une unité secrète, la "Task Force 373". Si l'existence de cette force spéciale était déjà connue, ses activités et ses desseins ne l'étaient pas. Elle aurait été purement et simplement chargée de "capturer ou tuer", sans autre forme de procès, des chefs talibans figurant sur une liste d'environ soixante-dix personnes, connue sous le nom de "JPEL" (Joint prioritised effects list). Entre 2004 et 2009, 4 288 personnes auraient été arrêtées par la Task Force et détenues au sein d'une prison spéciale, la BTIF (Bagram Theatre Internment Facility).

    Selon les rapports, les activités de la Task Force se sont intensifiées depuis l'arrivée de Barack Obama à la Maison Blanche. Ils mentionnent par ailleurs de nombreuses bavures perpétrées au sein de cette unité : des civils, y compris des enfants, ainsi que des policiers afghans ont fait les frais des combats liés aux missions de la Task Force, et certains meurtres ont été couverts. Des documents portent la mention "à ne pas divulguer aux forces étrangères" ; de fait, la Task Force 373 prend ses ordres directement du Pentagone et agit en dehors du commandement de l'OTAN. Ces révélations pourraient embarrasser Berlin, note Der Spiegel, car une des unités de la Task Force est installée sur une base allemande. Une présence controversée, que la Bundeswehr s'est toujours gardée de commenter.


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  • La stratégie bien rodée de Wikileaks

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    Il y a eu la publication de la liste des adhérents du BNP, le parti d'extrême droite britannique. Puis celle des centaines de milliers de messages texte envoyés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, ou encore la mise en ligne d'une vidéo d'une bavure en Irak qui s'était soldée par la mort de plusieurs civils. Depuis sa création en 2007, le site Wikileaks, spécialisé dans la publication de documents confidentiels, a rendu publics des milliers de fichiers de toutes natures : documents militaires, compte-rendus de réunions secrètes, rapports d'écoutes et autres documents de services de renseignement ou militaires.

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    Wikileaks fonctionne sur un principe simple : le site offre un anonymat total à ses informateurs, qui peuvent envoyer des documents par connexion sécurisée sur Internet ou par la Poste. Ce qui n'empêche pas ses "taupes" de courir des risques : fin mai, Brad Manning, un soldat américain de 22 ans, a été arrêté par la police militaire. Il est soupçonné d'avoir transmis à Wikileaks la vidéo d'une bavure de l'équipage d'un hélicoptère Apache, qui avait ouvert le feu sur des civils dans les faubourgs de Bagdad en 2007. Il est également suspecté d'avoir transmis au site 150 000 télégrammes diplomatiques, copiés depuis son poste de travail... sur un faux CD de Lady Gaga !

    Il sera en revanche beaucoup plus difficile pour les services américains de remonter jusqu'à la source des "journaux de guerre afghans". Comme l'explique Mother Jones, les 90 000 documents militaires publiés ce week-end par le site proviennent du Secret Internet Protocol Router Network (SIPRNet), un réseau auquel peuvent avoir accès la quasi-totalité des militaires engagés en Afghanistan, et même des prestataires de l'armée.

    UNE COMMUNICATION BIEN HUILÉE

    Les équipes de Wikileaks – représentées par le charismatique Julian Assange – ne sont pas seulement spécialisées dans la publication anonyme de documents. Elles sont également expertes en communication et en relations médias.

    La publication des "fichiers afghans" ne s'est pas faite au hasard. Wikileaks a tout d'abord édité les quelque 100 600 documents obtenus, et en a supprimé 15 000 pour "éviter de porter préjudice à des sources". Le site a ensuite contacté trois journaux – le Guardian, le New York Times et le Spiegel – pour leur proposer l'accès en avant-première aux documents, à condition qu'ils n'en dévoilent pas le contenu avant ce lundi 26 juillet. Une sélection qui ne doit rien au hasard : outre la légitimité de ces trois grands quotidiens internationaux, Wikileaks a ainsi ciblé deux titres aux sites Web expérimentés dans le traitement journalistique de vastes quantités de données, et un grand hebdomadaire d'un pays où la guerre en Afghanistan est particulièrement mal perçue dans l'opinion publique.

    PARTIES DE CACHE-CACHE

    Car si Wikileaks est une source de première importance, c'est aussi un média engagé. A plusieurs reprises, Julian Assange a pris la parole pour dénoncer les gâchis humains que représentent les guerrres en Irak et en Afghanistan. C'est d'ailleurs le message que tente de faire passer l'armée américaine, quelques heures après la publication des "journaux afghans" : dans un courriel envoyé aux rédactions américaines, la Maison Blanche estime qu'"il est important de noter que Wikileaks n'est pas un média objectif, mais une organisation opposée à la politique menée par les Etats-Unis en Afghanistan".

    Le site n'en est pas à son coup d'essai : lors de la publication de la vidéo de la bavure américaine en Irak, il avait savamment fait monter la pression plusieurs semaines avant la mise en ligne, annonçant coup sur coup qu'il détenait un "document exceptionnel", puis qu'il était espionné par la CIA. Recherché par le Pentagone depuis plusieurs semaines, qui souhaite le convaincre de ne pas publier des télégrammes diplomatiques qui seraient en sa possession, Julian Assange joue au chat et à la souris avec les enquêteurs, apparaissant ici ou là, à des conférences ou sur des plateaux de télévision. Faute d'un mandat, des agents du FBI lancés à sa poursuite avaient dû payer leur entrée à la conférence HOPE, à New York en juin... pour rien : Julian Assange n'y avait finalement pas assisté, ses avocats lui ayant déconseillé de rester sur le sol américain.

    FINANCEMENT ERRATIQUE

    Malgré son aura, et les nombreuses informations exclusives révélées par Wikileaks, Julian Assange ne fait pas l'unanimité, y compris chez les défenseurs de la liberté d'expression et les militants de l'accès aux données publiques. Géré par une fondation, Sunshine Press, et financé uniquement par des dons, Wikileaks fait face à de graves difficultés financières. En janvier, le site annonçait avoir reçu 130 000 dollars de dons en 2009 (100 000 euros), alors qu'il dit avoir besoin de 200 000 dollars pour assurer ses dépenses de fonctionnement et de 600 000 dollars pour payer ses employés.

    Conséquence de ces difficultés, le site tournait au ralenti ces derniers mois. "Malgré une flopée d'articles de presse plutôt flatteurs, décrivant Wikileaks comme une source inépuisable de documents embarrassants pour les multinationales et les gouvernements, le site n'a publié que douze documents depuis le début de l'année, et le dernier [date d']il y a quatre mois", notait Wired fin juin. Mi-juin, la page permettant d'envoyer des documents au site avait cessé de fonctionner : Wikileaks avait oublié de renouveler son certificat SSL, une mesure de sécurité ne coûtant que quelques dizaines de dollars.

    La gestion des dons et le budget de Wikileaks sont peu clairs. Au fil des mois, un ou plusieurs accusateurs anonymes se présentant comme des membres ou d'anciens membres de Wikileaks ont accusé Julian Assange d'avoir utilisé l'argent des dons à son propre profit ou de détourner le site de son but originel, en donnant la priorité à des informateurs sélectionnés. "De la désinformation" pure et simple, a rétorqué Wikileaks, sans donner davantage de précisions sur le budget de fonctionnement du site.

    Après avoir publié la vidéo de la bavure en Irak, le site avait engrangé 150 000 dollars de dons. Les "journaux de guerre afghans", dont le retentissement est bien plus important, devraient également susciter un important volume de dons.


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  • Wikileaks: la plus grosse fuite de l'histoire de l'armée américaine

    Par Flavien Hamon, publié le 26/07/2010 à 13:38

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    Ce dimanche 25 juillet, Wikileak, le New York Times, The Guardian et Der Spiegel ont révélés 6 ans de rapports secrets sur la guerre en Afghanistan.

    Wikileaks: la plus grosse fuite de l'histoire de l'armée américaine

    REUTERS

    "C'est sûrement la plus grosse fuite d'informations de toute l'histoire de l'armée." C'est en ces termes que David Leigh, le responsable du service investigation du Guardian, décrit la divulgation des 91 731 rapports confidentiels de l'armée américaine sur l'Afghanistan par le site Wikileaks, spécialise de la mise en ligne d'informations sensibles et de la protection des sources. Le site avait déjà publié la vidéo d'une bavure des forces américaines en Irak et milite pour un journalisme libre de toute censure.  

    L'Américain New York Times, l'Anglais The Guardian et l'hebdomadaire allemand Der Spiegel ont eu accès à ces énormes archives il y a quelques semaines, à condition de ne pas les publier avant ce dimanche 25 juillet. Wikileaks les a mis en ligne et les trois journaux internationaux viennent de publier leurs analyses et de développer des outils en ligne pour consulter ces rapports.  

    Selon le New York Times: "Six ans d'archives contenant des documents militaires confidentiels rendus public dimanche montrent une image sans fard de la guerre vue sur le terrain, beaucoup plus sombre que son portrait officiel".  

    Et effectivement, cette fuite n'est pas du goût de Washington. Le général James Jones, conseiller de Barack Obama, a déclaré que "les Etats-Unis condamnent fermement la publication d'informations confidentielles par des personnes et des organisations qui pourraient mettre en péril la vie d'Américains et de nos alliés, et menacer notre sécurité nationale", avant de conclure que "ces fuites irresponsables n'auront pas de conséquence sur notre engagement en cours". Le général Jones n'a ni confirmé, ni démenti la véracité des documents rendus public par Wikileaks.  

    Julian Assange, fondateur de Wikileak, explique, dans une vidéo réalisée par le Guardian, pourquoi il a mis en ligne ces informations sensibles. "Si le journalisme est bon, par nature, il est controversé", explique-t-il en introduction, avant de poursuivre: "Le rôle d'un bon journaliste est de s'attaquer aux abus des puissants". 


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  • L’Afghanistan assis sur un trésor de minerais

    Par fonzibrain

    D’après Washington, le sous-sol du pays recèle d’importantes réserves de métaux précieux, qui pourraient le propulser parmi les premiers exportateurs mondiaux.

    De l’or, du cuivre, du lithium … Des géologues américains ont découvert dans le sous-sol afghan de gigantesques réserves de minerais, dont ils ont évalué la valeur à mille milliards de dollars, a rapporté lundi le New York Times.

    La découverte a été faite par une petite équipe de géologues et responsables du Pentagone. Selon le quotidien américain, ils se sont appuyés sur des cartes et des données collectées par les experts miniers russes durant l’occupation soviétique des années 1980. Après le retrait de l’URSS, les géologues afghans avaient caché ces documents pour ne les ressortir qu’après la chute des talibans en 2001.

    A en croire des responsables de l’administration américaine cités par le journal, ces gisements, répartis dans tout le pays, seraient suffisants pour en faire un des premiers exportateurs mondiaux de minerais. Par exemple, ses seules réserves de lithium – un composant très recherché, utilisé pour les batteries des téléphones et des ordinateurs portables – placeraient l’Afghanistan au niveau de la Bolivie, pour l’instant détenteur des premières réserves mondiales. Une note interne du Pentagone évoque même une «Arabie saoudite du lithium». Kaboul pourrait également devenir un des leaders mondiaux de la production de fer et de cuivre. Parmi les autres découvertes, d’importants gisements de niobium – un métal utilisé pour produire de l’acier supraconducteur -, d’or et de cobalt.

    «Beaucoup de si»
    «Cela deviendra l’ossature de l’économie afghane», a estimé Jalil Jumriany, conseiller du ministère afghan des Mines. «Il y a là-bas un potentiel stupéfiant», s’est exclamé pour sa part le général américain David Petraeus, chef d’état-major général, précisant toutefois qu’«il y a bien sûr beaucoup de ‘si’». Le premier d’entre eux est la capacité à exploiter ces richesses. Ravagé par la guerre, l’Afghanistan ne dispose pour le moment pas des infrastructures minières et industrielles nécessaires. Selon les responsables américains, il faudra des décennies pour qu’elles se mettent pleinement en place.

    Deuxième hypothèque qui pèse sur ce potentiel minier : les convoitises qu’il suscite. A l’intérieur des frontières afghanes d’une part, où les résistances des groupes rebelles du sud et de l’est pourraient bien être exacerbées par la perspective d’exploitation de tels filons. Celle, d’autre part, des puissances régionales – la Chine et l’Inde, voire la Russie – qui pourraient bien s’impliquer davantage dans la géopolitique déjà complexe de l’Afghanistan. Deux entreprises chinoises se sont déjà engagées à investir quatre milliards de dollars dans la mine de cuivre d’Aynak, au sud de Kaboul, soit le plus important investissement étranger civil à ce jour dans le pays.

    Enfin, dans un pays déjà ravagé par la corruption, la découverte d‘un tel magot sonne comme un défi. L’Afghanistan devra faire de gros progrès en matière de gouvernance pour ne pas être victime, comme tant d’autres avant lui, de la «malédiction des matières premières» et pour que celles-ci soient réellement facteur de développement. Le président Hamid Karzaï, qui a été récemment informé de ces découvertes par un responsable américain, a donc du pain sur la planche.
    le figaro

    Je me souviens avoir appris cela il y a un an ou deux sur le site mondialisation.ca, mais bon cette fois c’est le new york times qui le dit, alors le Figaro le reprend.
    Les américains sont loin d’être stupides, en plus de l’opium, en plus de l’emplacement stratégique, voila que ce pays est gavé de minerais, ils vont réellement occuper le pays pour des dizaines d’années.


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  • Des talibans pakistanais revendiquent l'attentat raté à New York
    LEMONDE.FR avec AFP, Reuters et AP | 02.05.10 | 08h14  •  Mis à jour le 02.05.10 | 20h14


    n groupe de talibans pakistanais, le Tehrik-e-Taliban, a revendiqué l'attentat raté à New York, samedi soir, selon le centre de surveillance des sites islamistes SITE. La revendication a pris la forme d'une vidéo, diffusée sur Internet. Sur celle-ci, des membres du groupe islamiste affirment que l'attentat à la voiture piégée a été mené en guise de représailles après des attaques de drones qui ont tué Baitullah Mehsud au Pakistan et la mort de deux dirigeants d'Al-Qaida en Irak, rapporte SITE.

    ici la video explicative : la nouvelle cible


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  • Le Pentagone accusé de financer les talibans par Enrique Roman

     

    voir aussi : Comment les Etats-Unis financent les talibans

    Deux alliés des Etats-Unis dans leur principale zone de conflit, le Moyen Orient et l’Asie centrale, ont osé élever la voix contre l’administration actuelle en un bref laps de temps.

    En premier lieu, Israël, qui a boudé la visite du vice-président Joseph Biden en annonçant sans préavis la construction de nouveaux établissements dans l’est de Jérusalem.

    L’autre voix discordante est celle de l’Afghanistan, dont le président Hamid Karzaï, jusqu’ici l’homme de Washington dans cette guerre déboussolée, a réagi avec violence aux critiques formulées par Barack Obama lors de sa récente visite, contre la corruption gouvernementale.

    Dans ce qui a été interprété comme une tentative de prendre ses distances par rapport aux forces d’invasion, Karzaï a soutenu que s’il y avait eu fraude aux dernières élections, c’était les Occidentaux qui s’en étaient chargés, nommément les observateurs des Nations unies et de l’Union européenne.

    Ses réflexions sur la présence des troupes d’occupation ont laissé coi ses interlocuteurs : « Dans cette situation, c’est à peine s’il existe une différence entre invasion d’une part, assistance et coopération de l’autre. » Et d’ajouter que si les soldats étrangers sont perçus comme des envahisseurs et les soldats du gouvernement afghan comme leurs mercenaires, l’insurrection des talibans « pourrait devenir un mouvement de résistance nationale ».

    Le sens même de la guerre en Afghanistan, qui a déjà suscité pas mal de polémiques, revient donc à l’ordre du jour. Aux déclarations de Karzaï s’ajoutent l’invitation qu’il a faite au président iranien Mahmoud Ahmadinejad et ses menaces d’alliance avec les talibans. On ne s’en étonnera pas : nombreux sont ceux, du côté étasunien, à voir dans le président afghan non pas une perspective de solution mais au contraire une complication supplémentaire.

    On le sait : en matière de politique, ce qui fait surface n’est souvent que la pointe de l’iceberg dont le volume réel, dans le cas de l’Afghanistan, est incommensurable, puisque gonflé par des intérêts obscurs et inavouables. Les exemples ne manquent pas.

    On attend toujours les résultats d’une enquête ouverte à la demande du Congrès étasunien sur la dénonciation, il y a quelques mois, d’un fait insolite : 10% des dépenses du Pentagone en contrats logistiques au profit de cette guerre aboutiraient aux mains des talibans.

    C’est le célèbre journaliste Aram Roston, de The Nation, qui aurait levé le lièvre. Son article très documenté a ensuite été repris par d’autres Les révélations de Roston étaient pour le moins déconcertantes : « Des militaires des Etats-Unis à Kaboul estiment qu’au moins dix pour cent des contrats logistiques du Pentagone – des centaines de millions de dollars – consistent dans des paiements versés à l’insurrection. » A quoi des fonctionnaires afghans ajoutent : « C’est de là que provient la plus grosse part de leurs revenus. »

    La dénonciation pourrait viser plusieurs coupables. Comme en Irak, des entreprises privées complètent la logistique militaire étasunienne et font ainsi de bonnes affaires. Roston détaille la participation à ce négoce de figures importantes de la famille Karzaï, dont certaines ont été liées, à une période ou une autre, aux talibans. Il évoque aussi le soutien apporté par ces entreprises à la création d’institutions qui s’occupent de faire monter la pression politique sur Washington.

    Ainsi, fait aujourd’hui partie de la direction de la Campaign for a U.S.-Afghanistan Partnership, une institution de création récente qui fait du lobbying politique, un certain Ahmed Wardak, fils du ministre afghan de la Défense et président de NCL Holdings, une des principales sociétés privées associées à la guerre.

    Ou encore Ahmad Rateb Popal, le traducteur du ministre des Affaires étrangères des talibans avant l’invasion de 2001, un homme que l’on voyait sur les écrans de télévision avec un turban noir, une barbe fournie et les traces de la guerre contre l’Union soviétique : une main et un bras difformes et un pansement sur l’oeil. Popal, cousin du président Karzaï, contrôle aujourd’hui le Watan Group, un consortium spécialisé dans les télécommunications, la logistique et la sécurité.

    Ces entreprises florissantes ont pour mission de protéger les convois d’armes et d’autres livraisons destinés aux troupes occidentales depuis le Pakistan jusqu’au territoire afghan. Ces convois empruntent des passages creusés dans l’imposante cordillère dominée par des tribus armées, des seigneurs de la guerre et des groupes de talibans.

    « En fait, les sociétés en question ne protègent pas les convois destinés aux troupes des Etats-Unis. Pour la simple raison qu’elles n’en ont pas les moyens. Il leur faut la coopération des talibans », écrit le journaliste Bruce Wilson. Et Roston précise : « Le vrai secret du transport par camion est d’assurer le passage sur des routes dangereuses. Le cadre étasunien avec qui j’ai parlé a été clair et précis : ‘ L’Armée paye les talibans pour qu’ils ne tirent pas. Cet argent provient du département de la Défense’. Tout le monde confirme ses dires. »

    Jean McKenzie, du Global Post, raconte qu’un agent de ces firmes dans la province de Helmand négociait avec un fournisseur local un chargement de canalisations à faire venir du Pakistan. Le fournisseur a facturé 30% de plus que le prix réel : une somme à verser aux talibans pour garantir que le chargement arrive à bon port.

    La doctrine de la contre-insurrection de l’administration Obama a fait de l’argent une arme puissante, et ceci a servi à grossir le chiffre d’affaires des firmes sous contrat. Les transports routiers de NCL Hodings, assurent les journalistes, lui ont rapporté 2,2 milliards de dollars, soit 10% du produit intérieur brut de l’Afghanistan.

    Au moment où ces données scandaleuses ont été publiées, le représentant John Tierney, président du Sous-comité de sécurité nationale et des relations extérieures, a informé qu’une enquête préliminaire avait permis de réunir assez de preuves pour lancer une enquête exhaustive

    Mais l’enquête n’est toujours terminée, et on ignore si elle le sera un jour. NCL Holdings a intenté un procès à Aram Roston, indiquant que Wardak avait été informé des opportunités de contrats de transports routiers en Afghanistan par le site web consacré aux affaires fédérales du gouvernement des Etats-Unis.

    Même les partisans de l’administration de Barack Obama multiplient les critiques contre la guerre. Quant aux troupes d’occupation, elles parcourent les chemins qu’ont connus d’autres armées et distribuent de coquettes sommes à leurs ennemis dans une guerre criminelle, impopulaire et inutile. •

    Granma International


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  • Richard Colvin maintient son témoignage sur les tortures en Afghanistan



    La Commission canadienne d’examen des plaintes contre la police militaire (CEPPM) a en définitive auditionné Richard Colvin, six heures durant, le 13 avril 2010. Le Parti conservateur a vainement multiplié les embuches pour empêcher le diplomate de sortir de la réserve exigée par son statut.

    M. Colvin, qui fut 18 mois en poste à Kandahar en 2006-07, a confirmé le témoignage qu’il avait livré à la Commission parlementaire sur la mission en Afghanistan, le 5 octobre 2009. Selon lui, tous les prisonniers remis par les forces canadiennes aux autorités afghanes ont été torturées par ces dernières. Le transfert de prisonniers à des tiers en sachant qu’ils peuvent être torturés constitue un crime de guerre en vertu de la Convention de Genève.

    Durant son service en Afghanistan, Richard Colvin avait adressé 17 rapports circonstanciés à sa hiérarchie à Ottawa, n’hésitant pas à distribuer jusqu’à 75 copies à des responsables divers aussi bien au ministère des Affaires étrangères qu’à celui de la Défense.

    La Commission a également eu connaissance des rapports d’un autre diplomate canadien Chris Alexander, quant à lui détaché auprès de l’ONU. Selon ce haut responsable, l’ancien gouverneur de Kandahar, Asadullah Khalil, aurait commandité l’assassinat de cinq employés des Nations Unies et disposerait d’une prison cachée sous sa résidence privée. Toujours selon M. Alexander, la plupart des attentats commis contre des étrangers ne seraient pas le fait des insurgés, mais des narco-trafiquants liés au gouvernement afghan, qui ont intérêt à prolonger l’insécurité.


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  • Mille euros : le prix d’une vie afghane

     
    La photo est à la une du New-York Times : celle d’Hajji Sharaf Udin, de Gardez, qui tient dans ses mains un paquet de billets dérisoires. La seconde est aussi du New-York Times, celle de la tombe de cinq personnes, trois femmes et deux enfants massacrés le 12 février dernier lors d’un raid aérien meurtrier. On vous avait dit ce que l’on pensait du général McChrystal, le remplaçant de Petraueus : cet ancien des forces spéciales s’appuierait, avais-je dit, sur son savoir-faire d’assassinats ciblés pour reprendre la main en Afghanistan. C’est chose faite aujourd’hui, où l’on vient de découvrir un énième scandale, celui de la dissimulation au Congrès d’une équipe de mercenaires assassins travaillant à la frontière pakistanaise, dirigée par Michael Furlong. Logiquement, selon McChrystal, les actions ciblées auraient dû faire baisser le nombre de victimes civiles. C’est loin d’être le cas, les chiffres démontrent le contraire, la faute à un service de renseignements défaillant et à des rivalités entre généraux, l’Air Force notamment détestant que les fameuses forces spéciales aient pris le dessus sur leurs actions traditionnelles. Quand ce n’est pas l’Otan, avec le "succès" que l’on sait. Mais aujourd’hui, point de bombardement : non un simple raid, qui a tourné à la boucherie habituelle. Un Haditha de plus. Encore un.
     

     

    En Afghanistan, on continue en effet à tuer tort et à travers, femmes, vieillards et enfants. En sortant le chéquier après selon le tarif en cours : pour chaque victime, des dollars en compensation de la bavure. Mais pas toujours au même taux : le croque-mort américain n’a pas toujours le même guichetier de banque. Revenons en arrière en 1999. Le 7 mai de cette année là, un B-52 se trompe de cible lors de la guerre du Kosovo et balance une volée de JDAM sur l’embassade chinoise. Bilan : trois journalistes tués et 27 blessés. Quatre mois plus tard, les Etats-Unis se confondent en courbettes et lâchent 4,5 millions de dollars en compensation pour les victimes, soit 150 000 dollars par tête de pipe chinoise. C’est ça où le grave incident diplomatique et des répercussions commerciales évidentes. A Gardez, ce n’est pas tout à fait le même tarif : les américains ont proposé 1500 dollars par victime à Hajji Sharaf Udin, le propriétaire de la maison où à eu lieu le raid du 12 février. Il les a renvoyés à l’administration de Karzaï. Le taux de remboursement, dans l’économie de guerre US est excessivement variable. Et on a appris bien après comment les événement s’étaient produits chez lui. Il ne s’agissait pas d’un bombardement, mais bien d’un raid sauvage de ces fameuses forces spéciales qu’affectionne tant McChrystal !

    Ce jour-là, on fêtait la naissance d’un petit fils d’Hajji Sharaf Udin. Une fête avait été organisée. Sur renseignements, ou plutôt dirons-nous, sur dénonciation, les services secrets US soupçonnaient la présence de deux chefs talibans, parmi les invités. Et avaient décidé d’investir la place, alors que tout le monde dormait, une fois la fête finie. Réveillé en pleine nuit, Mohammed Daoud, le jeune fils d’Hajji Sharaf, sorti pour vérifier les bruits entendus est froidement abattu. Le second jeune fils, qui balbutie quelques mots d’américain, sort aussitôt pour tenter de parler et d’arrêter les tirs : il est abattu lui aussi. Les deux étaient effectivement non armés. La petite fille d’Hajji Sharaf, Gulalai ; âgée de 19 ans, sa fille de 37 ans, Saleha, mère de six enfants et sa belle-fille Shirin sont elles aussi abattues alors qu’elles portaient secours aux deux garçons tués. Les deux plus âgées sont enceintes. Tous ont remarqué que les gens qui ont tiré ne portaient aucun uniforme de l’armée américaine. Mais des habits de talibans. Des forces spéciales... ou des mercenaires, qui ne portent pas le béret vert ou rouge montré avec tant d’insistance par le pouvoir américain... parmi eux, ces fameux "contractants", à savoir les sbires de Blackwater recrutés pour effectuer les basses besognes. Ayant agi sans discernement, sans sommations et sans aucun scrupule. Sur place, il n’y avait effectivement aucun taliban de présent. Les renseignements étaient faux.

    Et dehors, derrière les sbires tueurs, les policiers afghans... alors en formation, en train d’apprendre comment se comporter avec les habitants ! Psychologiquement, c’est une évidence, ces actions délibérées et insensées fabriquent deux choses : de futurs talibans, c’est sûr qui n’auront de cesse de vouloir venger leurs familles, et des policiers afghans déserteurs écœurés par ce qu’il viennent de voir en "exemple". Le turn-over important des policiers afghans est en effet une des tares essentielles du retard pris par le gouvernement afghan de Karzaï pour redresser le pays. C’est le même problème en Irak. Or, dans ce pays, il faut savoir aussi que celui qui avait été envoyé par Georges Bush en personne pour superviser cette fameuse formation, un homme payé à un tarif exorbitant, n’était autre que Bernard Kerik, qui dort depuis quelques semaines en prison, aux USA, pour détournement de fonds publics. L’homme était l’ancien patron de la police de New York, fort présent lors des attentats du 11 septembre, et lui-même un ancien délinquant ! Ses formations ont été données bizarrement en Jordanie, entraînant des frais supplémentaires énormes ! Le 19 février dernier, il héritait de 4 années de prison. Le moins qu’on puisse dire, c’est que c’est bien un échec sur toute la ligne comme type d’action. La stratégie de McChystal est pire que celle de Petraeus. Elle était censée faire moins de victimes civiles. Ça n’est pas le cas : l’usage immodéré de "contractants" est une hérésie militaire. Il y en a trop de mêlés aux forces spéciales et leur comportement est douteux.

    L’équipe de sbires montée par Furlong a donc agi sans autorisation du Congrès, violant ainsi la loi établie en 1976 par la commission Church : mais à force de voir des gens tuer, en étant protégés, certains se sont enhardis. Et c’est là où ça coince aujourd’hui, en particulier sur l’usage de renseignements militaires en provenance de drones par une équipe de ce qu’il faut bien appeler des mercenaires. "Selon Robert Young Pelton, un sous-traitant de l’armée américaine, M. Furlong a outrepassé sa mission. "Nous fournissions des informations pour les aider à comprendre la situation en Afghanistan et cela a été utilisé pour tuer des gens", a-t-il expliqué" nous dit LeMonde. Pelton est plutôt fin connaisseur, laissons-lui la véracité de ses propos. Selon lui, donc, les mercenaires tueurs appuieraient leurs actions sur les renseignements purement militaires ? Pas exactement, quand on sait que les drones étaient armés par Blackwater. L’étaient, puisqu’Obama l’a interdit depuis. Mais il a de même multiplié les attaques ciblées de ces fameux drones !

    L’histoire nous apprend également que ces actions délibérées de ce type ont déjà eu lieu, et qu’elles ne sont pas l’apanage de McChrystal. En 2002, je vous l’ai déjà raconté, un AC-130 gunship et des A-10 avaient passé le village complet de Deh Rawud au canon : il y avait eu 60 morts et 120 blessés. Pour la totalité des victimes, les USA avaient versé 18 500 dollars seulement : 100 dollars en moyenne par individu touché. Il y a des vies qui ne valent rien dans ce bas monde. En février 2002, une autre bavure de la CIA à Hazar Qadam avait vu le versement de 1000 à 2000 dollars à chaque famille des 22 tués. On le voit ; il n’y aucune règle d’édictée aux compensations : seule semble jouer le degré de connaissance que le monde extérieur a eu de la bavure. Moins elle est connue, moins les familles touchent. L’auteur du texte relatant les faits faisant remarquer en prime que l’argent versé n’a certainement jamais atteint les familles : il l’avait été via les officiels de Karzaï, dont on connaît le degré de corruption !

    Le 21 févier, dans la province d’ Oruzgan, (ou est le e 21e RIMa, français !) encore une erreur manifeste des renseignements US : avertis d’une possible action talibane, il vont prendre pour objectifs des mini-bus emmenant des civils désarmés pour de possibles attaquants. Les Apaches diligentés sur place feront un vrai carnage. On relèvera 33 morts dans les trois véhicules massacrés à la mitrailleuse lourde, celle de 30 mm équipant l’avant de l’hélicoptère. C’est au même endroit que 5 enfants avaient été tués le 13 février 2009 lors d’un affrontement entre talibans et troupes australiennes. Le 16, 5 autres civils étaient morts bombardés, confondus avec des poseurs d’IEDs. Là encore, très certainement, à l’origine du problème une mauvaise interprétation d’images en provenance de drones. C’est au même endroit encore que le 5 décembre 2002, 21 soldats pro-Karzai et et leur commandant Qasim Jan avaient péri par erreur tués par des bombes d’une tonne. Le 22 février dernier, McChrystal s’était quand même fendu d’un communiqué, énonçant son "extrême tristesse pour la perte de vies innocentes". Sans prendre pour autant de sanctions au sein de ses troupes. Résultat, chez l’UNAMA Human Right on dénombre en 2009 près de 2400 victimes civiles en Afghanistan (contre 2118 en 2008). Au total, en moins de deux ans, les américains ont tué plus de civils qu’il n’y en avait eu au WTC ! Mais il ne pèsent pas pareil dans l’opinion mondiale, bien évidemment !

    Des forces spéciales, et des talibans "retournés". Avec un autre scandale à la clé : celui des "rubans jaunes". Là, la découverte est beaucoup plus récente : par un parfait hasard, en épluchant les directives données au soldats US, un journaliste curieux a soulevé un autre lièvre intéressant. Ces fameuses forces spéciales qui ressemblent comme deux gouttes d’eau aux talibans, ou les ex-talibans retournés à coup de dollars, comment donc les distinguer pour ne pas leur tirer dessus ? Ils n’ont pas d’uniforme et sont habillés comme des talibans ! Avec deux choses en fait : de nuit, avec le fameux petit émetteur décrit ici, qu’ils portent sur eux, et de jour, si leur pile est usée par un signe distinctif : un ruban jaune. Or le choix de ce colifichet, rappelle les journalistes tombés sur l’affaire, n’est pas anodin : c’est le même que les citoyens US accrochent aux arbres ou aux poteaux autour de leur maison en souvenir des soldats qui combattent ou ont été faits prisonniers, et ça a une origine historique évidente : c’est au mort de ce ruban que se reconnaissaient ceux qui luttaient contre l’occupation anglaise au XVII et au XVIII ème siècle ! On a bien affaire à une croisade : quand elle n’est pas religieuse, elle est nationaliste ! On pourra préciser que le ruban est également une réminiscence directe du foulard de la cavalerie US : du John Wayne  !

    Au moment même où je rédige ce texte, on apprend qu’un drône a fait dix morts "parmi les activistes" dans la région de Datta Kheil, au Nord-Waziristan. Ce n’est pas la première fois : le 21 août 2009 un missile censé viser Sirajuddin Haqqani avait tué 21 personnes, toutes civiles. Celui qui avait capturé le journaliste David S. Rohde, dont notre célèbre envoyé sur place Michael Yon avait bien soutenu qu’il avait été libéré après versement de millions de dollars à ...Sirajuddin Haqqani ! Le 2 févier dernier encore, on avait lancé une offensive contre lui après avoir déversé.... 12 millions de dollars aux tribus locales en échange de leur participation à la traque d’Haqqani ou de leur silence.... !!! On verse d’un côté, aux talibans, de véritables fortunes, et on peine à filer 100 dollars pour la mort d’un gamin innocent ? Mais c’est tout simplement répugnant !
     
    Ces massacres, je les ai déjà évoqués ici : "En 2006, déjà, à Azizi, dans la province de Kandahar, c’étaient les "Phacochères" (des A-10 "Warthogs") qui avaient attaqué avec leur canon à barillet délivrant des obus à l’uranium capables de percer des blindages de chars. Il en crache 4200 à la minute, et son réservoir à munitions est dit-on "de la taille d’une Wolkswagen Coccinelle". Il n’y avait que des civils parmi les victimes, et 80 avaient été hachés menu par ces engins de mort. Les obus avaient traversé comme fétus de paille les murs en pisé. Ce qui avait frappé les esprits, outre l’extrême sauvagerie de l’attaque, et la disproportion du matériel utilisé, c’était le vocabulaire de dénégation utilisé par l’armée US : "L’armée américaine soutient maintenant que les troupes américaines et afghanes dans la région ont été attaquées par des combattants de la résistance dans le village ou dans ses environs. Dans la version des militaires, les gens ordinaires, hommes, femmes et enfants démembrés lors des frappes aériennes, s’appellent « bouclier humain », une bordée de mitrailles d’un A-10 s’appelle « autodéfense » et l’opération elle-même est une « victoire » contre « des combattants talibans endurcis »." Horrible détournement des faits. Et aucune image de disponible du massacre. A peine les murs de terre traversés par les obus de visible.
     
    Le 16 mars encore, nouvelle frappe de drone au Nord-Waziristan, à Miran Shah, cette fois. "Moins d’une heure plus tard, trois autres missiles ont été tirés contre un véhicule à Madakhel, à une quarantaine de km de Miran Shah, faisant trois morts," nous apprend Associated Press."Dans la première attaque, les drones ont tiré quatre missiles contre un véhicule et se sont écrasés sur une maison près de Miran Shah, la ville principale du Nord-Waziristan, tuant six militants." On notera l’usage appuyé du mot "militant". Selon la BBC, ce sont 8 victimes qui sont à déplorer. Chez les civils massacrés, l’étiquettage va toujours bon train. Personne pour aller le vérifier. Seul compte l’effet d’annonce. Et surtout pas de photos des corps déchiquetés : cette guerre est bien aussi une guerre de l’information et des communiqués.
     
    Au bout, deux billets pour la famille. Sa signification : contentez-vous donc de ça, misérables afghans. Nous sommes là pour votre bonheur, vous le savez pourtant bien.
     
    PS : pendant ce temps, en France, dans le Figaro, on glose sur le tarif de remboursement des victimes du Concorde (1,18 millions d’euros par personne en moyenne) ou le million d’euros annoncé à la famille d’une victime du vol AF447. Sur cette basse terre, il y a bien des gens qui valent 1000 fois d’autres... tout simplement révoltant !

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  • Sexe, drogue, et... roule la guerre

    par Lisa Sion2

    Comme en Colombie où l’armée d’invasion avait proposé cent millions de dollars aux soldats du Farc, s’ils acceptaient de quitter leurs positions pour rejoindre l’ennemi et vendre leur positions, la même armée vient de proposer cent quarante millions aux Talibans afghans. Curieux quand même, il n’y a pas d’otages cachés dans les contreforts montagneux à trahir, serait-ce encore un grotesque effet d’annonce. Il est par contre un point primordial commun entre ces deux pays, c’est la matière première qui est extraite de ces sols où apparemment rien d’autre ne pousse aussi bien. Déjà le haschich, dont son nom proviendrait d’« assassins, ( donné par les Templiers, qui auraient mal compris le nom arabe. ) » , démontre que la désinformation ne date pas d’hier...mais aujourd’hui c’est pire encore.

    Comment faire avaler à la plus grande part des humains raccordés à l’information audiovisuelle occidentale, une guerre dont les motivations de par le passé, se sont avérées de funestes mensonges. Et surtout, quelle serait donc la vraie raison de ces trafics militaires en pays intrusés. La drogue... ...le sexe... ...les deux mon général ! En effet, lors d’un reportage retransmis dans un jt de la une, l’on a pu observer comment l’armée étasunienne invitait les prisonniers irakiens à dispenser leur propagande sous toiles de tentes transformées en cinéma. Et que croyez vous qu’ils leur proposèrent en vidéo... ? « Exhibition », ni plus ni moins ! ( façon de parler évidemment, puisque plus dans ce domaine, cela devient de l’imagerie gynéco-chirurgicale ).

    Un autre reportage issu d’un autre jt fit apparaître furtivement le visage d’une jeune afghane farouche, aux yeux d’amande d’une beauté digne des plus belles princesses mythiques. Déjà les hommes afghans sont d’une beauté rare et d’une dignité à toute épreuve, ils sont aussi doués de capacités de survie sans égal, et étaient réputés pour savoir fabriquer deux Kalachnikov fonctionnelles à partir d’une seule épave de mobylette. Mais le plus précieux trésor de ces contrées inhospitalières sont, sans aucun doute, leurs femmes, qu’ils cachent sous ce voile pudique, le même qui fait tant débat chez nous, et il est très simple de comprendre pourquoi. La seule vision de la plus belle d’entre elles peut damner à jamais celui qui s’en éloigne avec ce souvenir à jamais imprimé qui le poursuivra jusqu’au plus profond de ses nuits sans sommeil. Le but de la désinformation officielle est de cacher ce type de vérités inavouables, ainsi que tant d’autre encore pires.

    Alors, comment ce pouvoir, après avoir été pris en flagrant délit la main dans le sac, peut-il continuer dans sa voie délirante et même programmer des suites sans fins à l’horizon ? Parce qu’à ce haut degré d’addiction, le sexe, le viol, la cocaïne, l’opium sont autant de drogues insatiables et génératrices de n’importe-quoi-pourvu-qu’on-ait-sa-dose. Toujours plus loin, toujours plus profond dans les vallées, jusqu’au dernier recoin...exactement les mêmes propos peuvent être tenus dans l’addiction sexuelle. Mais surtout, parce qu’il trouve de plus en plus de victimes de ces campagnes de désinformation prêts à nouveau à donner leurs voix électorales couvrant ainsi ces politiques à leur image. Ces politiques monstrueuses peuvent poursuivre leurs funestes dégâts parce qu’elles sont légitimement cautionnées par des votes citoyens.

    Les premiers à s’être fourvoyés dans ces vallées inextricables afghanes sont les Russes. Ce qui motiva leur acte a pu filtrer dans l’information, mais juste une image dans le flot d’un seul jt. L’objectif est directement issus du visionnage des images satellites extraites de leur première campagne dans l’espace. Sur un haut plateau sans âmes, des quantités de petits monticules biens rangés, que l’ombre du soleil levant trahissait, se sont avérées être des tombes ancestrales qui regorgeaient de bijoux en or massif datant des premières grandes civilisations humaines. Inutile de vous dire ce que la valeur déchiffrable de tout ceci doit représenter. Pendant les évènements, l’armée russe couvrait des étudiants en archéologie qui ont nettoyé le terrain sans le crier sur les toits. L’armée étasunienne en fit autant à l’ouest de Bagdad, pillant l’un des plus célèbres musée du monde, regorgeant les plus célèbres collections de bijoux et de pièces, sculptures et statues d’or massif.

    Les traces de tous ces méfaits en répétitions se retrouvent bien dans les pages les plus sombres du web, mais elles sont peu recommandables tellement il peut être traumatisant d’en visionner certaines. Et même celles qui affichent une certaine image du paradis sur terre ne relatent pas des harcèlements, disgrâces, compromissions et viols nécessaire à son établissement. Point n’est besoin de ces preuves pour comprendre les horreurs qui motivent les marchands de chair humaine à travers le monde, et leur quête incessante jusqu’aux plus profondes vallées tranquilles de pays entiers. Point n’est besoin de décrire dans le détail les objectifs visés par ces monstres aux commandes, et d’avoir les preuves de leurs butins soigneusement enchainés dans leurs propriétés privées ultra protégées. La motivation de ceux ci est bien l’or et les femmes, et ce mariage détonnant n’est pas très catholique, même s’il prétend être mené au nom de Dieu.

     

    " Si le Peuple avait la moindre idée de ce que nous avons fait, il nous traînerait dans la rue et nous lyncherait." - George H.W. Bush, Président des Etats-Unis d’Amérique, 1992


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  • Comment les Etats-Unis financent les talibans

    vendredi, 13 novembre 2009 | par Cyril Da
    Le journal américain "The Nation" a enquêté sur le lucratif marché du transport militaire en Afghanistan. Et constaté que des millions de dollars atterrissent dans les poches de l’ennemi taliban, sous couvert de sécurité des camions.

    "Tell the French military people how we fuck them ". En langage diplomatique, le message de cette source étasunienne reçu à Bakchich jeudi 12 novembre signifie : "Dites aux soldats français comment ils se font avoir en Afghanistan". Avoir par qui ? Par les Américains eux-mêmes.

    Les explications se trouvent dans un récent article du très fiable journal américain The Nation. Dans sa dernière édition, il révèle pourquoi et comment les Etats-Unis financent indirectement les talibans.

    "Bienvenue dans le bazar des contrats en temps de guerre en Afghanistan !" écrit l’enquêteur vedette Aram Roston. "Un carnaval de personnages improbables et de connexions floues, où l’on voit d’anciens cadres de la CIA et d’ex-officiers militaires serrer la main à d’anciens talibans et moudjahidines pour récupérer des fonds du gouvernement américain au nom de l’effort de guerre".

    "Les fournisseurs de l’armée américaine sont contraints de payer des insurgés présumés pour protéger les voies logistiques américaines. C’est un fait acquis (…) que le gouvernement américain finance les forces mêmes que les troupes américaines combattent."

    Des millions comme s’il en pleuvait

    "Ironie mortelle, ces fonds représentent d’énormes sommes pour les Talibans", ajoute The Nation. "Les officiers américains à Kaboul estiment qu’au moins 10% des contrats logistiques du Pentagone –des centaines de millions de dollars- sont des versements aux insurgés".

    Et Aram Roston de citer deux gros bénéficiaires de cette manne insoupçonnée. Le groupe Watan, contrôlé par les frères Popal, dont l’un est un cousin d’Hamid Karzaï. Une des entreprises du groupe protège les convois de camions afghans qui trimballent du matériel américain de Kaboul à Kandahar.

    Quant à NCL Holdings, elle est dirigée par Hamed Wardak, le jeune fils –américain- de l’actuel ministre afghan de la Défense. Début 2009, une société du groupe, Host Nation Trucking, aux maigres références, fut choisie parmi les six transporteurs de l’armée américaine. Un petit contrat de prime abord, mais qui a été multiplié par sept au cours de l’été !

    Au total, le contrat avec les six transporteurs a atteint 2,2 milliards de dollars. Pour situer, le budget ainsi consenti pendant deux ans pour faire rouler des camions et des camionneurs afghans représente 10% du produit national brut annuel, explique Roston.

    "Avec l’argent du Département de la Défense"

    Et ensuite ? Le vrai secret du transport en Afghanistan est d’assurer la sécurité sur des routes dangereuses, contrôlées par des seigneurs de guerre, des insurgés, et les commandants des Talibans. Des responsables américains interrogés par Aram Roston sont explicites : "Fondamentalement, l’armée paye les Talibans pour qu’ils ne lui tirent pas dessus. Avec l’argent du Département de la Défense".


    Transport de fonds
    Illustration Ray Clid

    Dans un communiqué reçu par The Nation, le colonel Wayne Shanks, le communicant des forces internationales en Afghanistan, se dit "au courant" des accusations, mais conteste tout soutien direct. Toutefois, admet-il, "les relations entre les entrepreneurs sous contrat et leurs sous-traitants, ainsi qu’entre les sous-traitants et les autres dans leurs communautés opérationnelles, ne sont pas tout à fait transparentes. "

    Le problème, conclut Aram Roston, c’est que les Etats-Unis ne semblent pas savoir comment y remédier.

    Message transmis aux 3750 soldats français sur place.


    Note Webrunner : de la même manière, pendant la guerre d'Algérie, le gouvernement français a arrosé le FLN afin qu'il ne commette pas d'attentat sur le gazoduc. Donc, rien de nouveau sous le soleil....


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  • La résistance afghane dément l’arrestation de son chef Abdul Kabir (communiqué)


    Le commandant des forces américaines en Irak et en Afghanistan, le général David Petraeus, semblait très fier mardi des dernières opérations contre les talibans, qui, selon lui, auraient permis la capture du mollah Abdul Kabir, un important dirigeant taliban et haut responsable militaire combattant les forces d’occupation dans l’est de Afghanistan. Cette information vient d’être démentie par un communiqué de la résistance.

    taliban6

    Résultats minables

    Petraeus voulait sans doute, par cette déclaration pour le moins prématurée (sinon même mensongère), masquer l’échec total de l’opération Mushtarak qui, en mobilisant 15′000 soldats des forces d’occupation, a surtout permis l’assassinat de 27 civils dimanche et 8 enfants aujourd’hui (23.02), pour 33 talibans tués.

    Une débacle qui survient moment où le site icasualties.org indique que 1000 soldats américains ont maintenant perdu la vie depuis le début du conflit.

    Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, admettait hier que « cette importante offensive » progressait plus lentement que prévu. « Cette situation, a-t-il indiqué, est attribuable à la résistance des talibans et en particulier aux bombes qu’ils dissimulent au bord des routes. »

    Communiqué de la résistance

    Comme les mauvaises nouvelles n’arrivent jamais seules, le porte parole de la résistance afghane de la région est (Zabihuallah Mujahid) , a démenti ce soir, dans un communiqué, l’arrestation du mollah Abdul Kabir :  « Nous disons en termes clairs que la prétendue arrestation du mollah Abdul Kabir est un mensonge grotesque. Le Conseil national de la résistance estime qu’il existe des stratagèmes et ruses de l’ennemi derrière cette rumeur stupide et la publication de ces rapports afin d’en tirer profit dans les domaines politique et militaire. En faisant ainsi, ils tentent de détourner l’attention de la population du monde sur leur défaite honteuse à Marjah. »


    Source : Hanein.info


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  • Pourquoi Sarkozy a fait censurer la vidéo des otages français en Afghanistan (vidéo)

    Article placé le 20 fév 2010, par Frédéric Courvoisier

    Nicolas Sarkozy aimerait pouvoir tabler sur une libération des deux otages français en Afghanistan quelques jours avant les élections régionales de mars, de sorte à redorer son image et celle de l’UMP. De fait, la diffusion du témoignage des deux journalistes de France 3, retenus prisonniers depuis janvier par les talibans en Afghanistan, ne pouvait qu’affaiblir encore la « cote de popularité » du président français, en chute libre dans les sondages (56% de mauvaise opinion selon BVA).

     

     

    herve

    Dimanche dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, avait appelé à la «discrétion» à la suite d’informations relatives «au contenu d’une cassette vidéo dans laquelle apparaissent» les deux journalistes français de la télévision publique France 3 enlevés en décembre en Afghanistan. «Dans ce type de situation, par égard vis-à-vis des familles de nos deux compatriotes et dans l’intérêt même de leur sécurité, la discrétion s’impose», avait indiqué le ministre.

    Nicolas Sarkozy était manifestement moins inquiet pour la sécurité des otages et soucieux pour le « respect des familles », lorsqu’il avait dénoncé « l’imprudence vraiment coupable » des deux journalistes « Ils font courir des risques aussi à beaucoup de nos forces armées, qui, du reste, sont détournées de leurs missions principales. Je crois que, quand même, le scoop ne doit pas être recherché à tout prix

    Exiger la discrétion absolue des médias et se permettre de stigmatiser deux journalistes aguerris qui ne font que leur travail sur le terrain relève d’une bonne dose de cynisme et d’une drôle de conception de l’information. A moins que Nicolas Sarkozy tente également d’utiliser cette prise d’otages pour dissuader les journalistes de se rendre en Afghanistan.

    Instrumentalisation


    En voyant ces images, où les deux otages ne semblent pas spécialement contraints de remettre en cause l’inefficacité de Nicolas Sarkozy, on comprend mieux les raisons de cette censure gouvernementale. Pour les conseillers de l’Élysée, il est sans doute plus opportun de retarder leur libération jusqu’au début du mois de mars, afin que le gouvernement puisse s’en attribuer le mérite juste avant les élections régionales.

    Déclaration malheureuse de Kouchner

    Le ministre français des affaires étrangères ne semblait pas, hier matin, avoir besoin de manifester la même prudence  sur le dossier des deux otages suisses retenus en Libye depuis plus d’un an (lire Kadhafi voudrait détruire la Suisse). Interrogé par des journalistes de la Télévision suisse romande, Bernard Kouchner a jugé que « La France n’avait pas à faire preuve de solidarité avec la Suisse », se refusant ainsi de trancher le différend qui oppose « nos amis suisses et nos amis libyens » (le message a été bien reçu).

    Kouchner a en effet toujours démontré qu’il était l’ami de Kadhafi et qu’il soutenait tous les autres dictateurs d’Afrique du Nord (et d’ailleurs), comme Ben Ali ou Hosni Moubarak, pour ne citer que ces deux exemples, en plus de s’enorgueillir d’une solidarité parfaite avec Israël en général et Netanyahou en particulier. La Suisse devrait pouvoir se passer sans trop de difficulté de ce genre d’amitié.

    Frédéric Courvoisier, 

     

    Avertissement : Alors que les médias nous parlent tous les jours de « terrorisme », les communiqués de ces groupes et organisations qui, souvent, luttent légitimement contre une occupation illégale, ou, dans d’autres cas, sont directement manipulés par des intérêts étrangers, ne sont jamais portés au public.  Bien évidemment, il n’est pas question pour nous d’adhérer où de relayer une idéologie de violence, mais de permettre à chacun de se faire une opinon.


     

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  • Daisy Cutter

    par Michel Pinton

    Créées pendant la guerre du Vietnam pour faire des trous dans la jungle, les « faucheuses de marguerites » ont aussi été utilisées contre les troupes irakiennes pendant la Guerre du Golfe. Ces bombes ont servi contre les positions des talibans sur les lignes de front, selon des informations en provenance d’Afghanistan. Ces engins coûtent environ 27.000 dollars pièce.

    Archives du 31 janvier 2002

    Elles sont larguées depuis un avion-cargo C-130 qui vole à au moins 1.800 mètres d’altitude, pour éviter de subir l’onde de choc au moment de la déflagration. Chacune fait plus de cinq mètres de long pour 1,50 mètre de diamètre, environ la taille de la Coccinelle de Volkswagen en beaucoup plus lourd et moins sympathique.

    C’est une arme mystérieuse que celle-là : seuls quelques spécialistes en parlent à mi-voix. Ils lui ont donné le nom fleuri de « faucheuse de marguerites » (daisy cutter en américain). Cet aimable qualificatif désigne une des bombes les plus meurtrières qui soient.

    Sous sa forme habituelle, elle apparaît comme un monstre de six tonnes, qu’aucun bombardier n’est capable de transporter. On l’installe dans un avion de transport géant. Celui-ci la largue à deux mille mètres au-dessus de sa cible. Descendue à bonne distance du sol, elle disperse dans l’air un immense aérosol, mélange de polystyrène, de poudre d’aluminium et de nitrate d’ammonium. Dès que l’aérosol a atteint un volume suffisant, un détonateur y met le feu. L’air, l’eau et le sol, pénétrés de millions de particules incandescentes, brûlent dans un rayon de plusieurs centaines de mètres. Rien n’y échappe.

    Mais les effets dévastateurs de la faucheuse de marguerites ne s’arrêtent pas à cette boule infernale. Son explosion provoque aussi une gigantesque surpression à laquelle aucun mur, aucune barrière, aucun obstacle ne résistent. Son souffle est aussi puissant que celui d’une bombe atomique de petit calibre. Même les mines les mieux enterrées dans le sol, lui cèdent : elles sautent toutes à la fois.

    Plus fort encore : pour entretenir sa combustion, Daisy Cutter aspire en son centre tout l’oxygène de l’air. Elle n’en laisse pas aux êtres vivants qui ont la mauvaise fortune de se trouver à sa portée. Les bunkers, les souterrains mêmes, ne protègent personne contre cet effet là. Ceux qui se croient à l’abri dans de profonds refuges, sont proprement asphyxiés. Selon les descriptions les plus précises, leurs poumons sont arrachés de leurs corps.

    Il serait justifié qu’une bombe aussi terrible entrât dans la catégorie des armes chimiques interdites par les conventions internationales. De fait, aucun Etat au monde n’en revendique la possession. Elle n’est décrite dans aucune encyclopédie d’armements. Elle ne figure dans les inventaires d’aucune armée. Officiellement, elle n’existe pas.

    Ce n’est pas qu’elle fasse appel à des techniques compliquées ou à des préparations coûteuses. Elle est à la portée de n’importe lequel des Etats d’aujourd’hui. Les mêmes spécialistes qui lui ont donné son nom pastoral, l’appellent aussi la bombe atomique du pauvre.

    Il y a dix ans déjà, on soupçonnait l’Irak de l’avoir construite en secret. Au moment de lancer l’offensive qui allait libérer le Koweit, les généraux américains redoutaient que leurs troupes fussent décimées par un barrage de faucheuses de marguerites. Pour en éliminer le risque, ils pourchassèrent dans les airs, détruisirent au sol et harcelèrent au fond des abris tout avion ennemi susceptible de la transporter. Le président Bush, alerté, lança à Saddam Hussein des mises en garde solennelles : qu’il ne s’aventure pas à utiliser cette arme horrible ! L’opinion mondiale prise à témoin, eût certainement été soulevée par une houle d’indignation et des représailles eussent paru justifiées. Saddam Hussein n’a pas voulu ou pas pu lancer la bombe atomique du pauvre.

    C’est l’Etat le plus riche de la planète, et lui seul, qui l’a fait.

    Il l’a expérimentée au Vietnam il y a trente ans. La faucheuse de marguerites était encore artisanale. L’Etat major américain ne lui demandait rien de plus que de nettoyer la jungle là où il voulait installer une plate-forme pour ses hélicoptères. Nettoyer voulait dire brûler à la fois la végétation hors sol et les Vietcongs cachés dans leurs trous.

    Vingt ans plus tard, Daisy Cutter atteignait son âge adulte. Elle était devenue plus maniable, plus efficace et sa doctrine d’emploi mûrissait. La guerre du Golfe éclate. L’armée irakienne a la naïveté de s’abriter derrière des lignes de front bien repérables ; elle se croit protégée par des champs de mines, des tranchées, des postes de tirs enfouis. Les faucheuses de marguerites américaines écrasent ces défenses en un clin d’œil et ouvrent des voies triomphales aux chars lancés vers Bassorah. Le Pentagone n’a pas eu les scrupules moraux du Président des Etats-Unis. Et il a eu raison puisque l’opinion publique mondiale n’a pas bougé. Il faut dire que Daisy Cutter était employée discrètement. Elle n’avait pas l’honneur d’un rôle principal. Et puis, critique-t-on une armée qui, en moins d’une semaine, met en déroute, sans pertes ou presque, un adversaire qu’on avait décrit comme formidable et décidé à une lutte acharnée ? On l’admire en silence, voilà tout.

    Encore dix ans d’inactivité. Daisy Cutter arrive à sa pleine maturité. Viennent les attentats terroristes du 11 septembre dernier puis la riposte américaine en Afghanistan. Après un mois de tâtonnements et l’essai peu convaincant d’armes précises, le Pentagone en vient à la conclusion qu’une autre tactique est nécessaire. Les tribus tadjiks et ouzbeks du nord du pays proposent d’abattre le régime du mollah Omar . Leur offre est séduisante ; mais, depuis des années, leurs guerriers en guenilles se sont avérés incapables de percer la ligne de front, si sommaire qu’elle soit, que leur opposent les talibans. L’Amérique décide de les aider. Son action est simple, rapide et d’une efficacité dans parade. Quelques faucheuses de marguerites judicieusement larguées, écrasent les abris de brique et de parpaings, nettoient les tranchées et font sauter les champs de mines. Epouvantés, les rescapés talibans s’enfuient. Les chars de l’alliance du nord s’engouffrent dans les passages ouverts par leur puissant protecteur. La suite de leur campagne est une promenade militaire de ville en ville. Quelques semaines plus tard, la faucheuse de marguerites est à nouveau mise à contribution pour débusquer Ben Laden des grottes bétonnées où, dit-on, il se cache.

    Des images médiatiques soigneusement distillées nous font croire que les victoires éclatantes remportées en Afghanistan sont dues aux techniques militaires de pointe dont les Etats-Unis ont le secret. L’opinion mondiale, muette de surprise et d’admiration, a conclu à la force irrésistible de la modernité américaine. On imagine des porte-avions inaccessibles, aidés par des satellites invisibles, envoyant des nuées d’avions furtifs lancer des missiles précis sur des cibles militaires soigneusement repérées. On imagine aussi des hélicoptères invulnérables, surgissant comme l’éclair et débarquant des commandos à la puissance de feu irrésistible, qui achèvent l’écrasement d’un ennemi désorganisé. La réalité est moins flatteuse. C’est la vieille « daisy cutter » qui a été la vedette cachée de cette guerre. Pour la première fois, le rôle principal lui a été accordé. Les bombardiers du dernier modèle, les missiles sophistiqués, les arsenaux futuristes de satellites d’observation, drônes espions et explosifs à effet dirigé, ont tous dû s’incliner devant la faucheuse et la laisser porter les coups décisifs.

    Pour autant, est-elle devenue une arme légitime ? Les services qu’elle rend aux Etats-Unis justifient-ils l’horreur de son emploi ? Le crime commis à New-York appelle-t-il un châtiment aussi barbare sur l’Afghanistan ? L’Amérique ne se pose pas de telles questions. Il est vrai que ses chefs politiques et militaires n’ont jamais reconnu utiliser « daisy cutter ». Tout se passe comme s’ils voulaient, de décennie en décennie, de conflit en conflit, préparer leur opinion publique à la considérer comme une arme parmi les autres, dont l’emploi est si routinier qu’il n’appelle aucune interrogation.

    Reste à voir si l’accoutumance espérée servira l’hégémonie américaine ou si elle ne dépassera pas rapidement les limites dans lesquelles les stratèges de Washington pensent la tenir. Si l’utilisation de la faucheuse finit par paraître banale au peuple américain, elle paraîtra banale à d’autres aussi. Ils voudront posséder cette bombe. Ils n’auront guère de difficulté tant elle est facile à fabriquer. Le Pentagone se suscitera des émules et l’arme se retournera contre le gouvernement qui croit pouvoir la lancer impunément sur ses ennemis. Qui ose mettre en garde les Etats-Unis triomphants ? Qui leur dit que la puissance est une tentation redoutable parce qu’elle grise et illusionne ? Comme il serait utile que la conscience européenne s’arrache à son sommeil complaisant ! En parlant haut et clair, elle rendrait un inestimable service à l’Amérique et à toute l’humanité.

    Car, pour l’heure, seuls les ennemis des Etats-Unis méditent les leçons de la faucheuse de marguerites. Ils le font à leur manière et dans leur intérêt. Tout bien pesé, les a-t-elle tellement vaincus ? L’horreur que son utilisation suscite chez leurs partisans accroît leur haine de l’Amérique, sert à justifier leurs actes et leur attire des recrues. Et puis, ils ont maintenant appris à esquiver ses coups. Ben Laden, le mollah Omar et les autres se sont volatilisés dans le désert afghan, à moins qu’ils se soient fondus sans la foule des grandes villes pakistanaises. Contre cette tactique-là, Daisy Cutter est impuissante.

    Ainsi va cette guerre impitoyable. L’engrenage de la violence est bien lancé. Rien ne permet de croire qu’il va s’arrêter.

    Source : Geopolintel


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  • Afghanistan : les Etats-Unis sont sur le point de lancer une opération

    par Bill Van Auken

    Au moment où les troupes américaines et britanniques se préparent à attaquer la ville de Marjah dans la province du Helmand en Afghanistan, les commandants militaires et les médias comparent ouvertement cette opération au siège de la ville irakienne de Fallujah en novembre 2004. Ce fut l’un des crimes de guerre les plus sanglants de la guerre en Irak.

    L’opération qui doit se dérouler dans la province de Helmand, pendant longtemps une région de forte résistance à l’occupation menée par les Etats-Unis, constituera la plus vaste offensive militaire depuis que Washington a envahi l’Afghanistan en octobre 2001. Au moins 15.000 soldats doivent faire le siège de cette ville située dans la vallée de la rivière Helmand. Elle compte 80.000 habitants et l’armée américaine la qualifie de bastion des talibans.

    125.000 personnes en tout vivent dans le district autour de Marjah, un centre agricole à 350 miles à l’Ouest de Kaboul. La population y a été grossie par les Afghans qui ont fui des villages occupés par les Marines américains l’été dernier, une conséquence de l’annonce, faite peu de temps après sa prise de fonction, par le président Obama du déploiement de 21.000 soldats supplémentaires.

    Les Marines américains, frustrés et en colère en raison du nombre de victimes que leur a infligé un ennemi invisible capable d’attaquer et de se dissoudre dans la population locale, seront lancés contre la ville dans un assaut militaire féroce et aux conséquences prévisibles.

    Le général de brigade Larry Nicholson, commandant les US Marines dans le Sud de l’Afghanistan, a révélé le caractère de la prochaine offensive. Ceux qui se trouveront à Marjah auront trois possibilités : « L’une est de rester, de combattre et sans doute de mourir, » a-t-il dit. « La seconde est de faire la paix avec son gouvernement en réintégrant sa place. » La troisième serait d’essayer de s’échapper, « En quel cas, nous aurons vraisemblablement des gens là dehors pour les attendre aussi. »

    « Nous n’allons pas lésiner, » a dit Nicholson, le commandant de la 2ème brigade expéditionnaire des Marines. « Je ne m’attends pas à un combat équitable, » a-t-il ajouté.

    Dans une démarche hautement inhabituelle, le commandement américain a annoncé publiquement les projets pour l’offensive. « C’est une manière quelque peu inhabituelle de procéder, mais cela permet à tout le monde d’avoir la possibilité de réfléchir à ce qu’ils vont faire avant d’être subitement touché par une offensive en pleine nuit » a dit le général Stanley McChrystal, le commandant américain en chef en Afghanistan.

    L’intention déclarée de révéler l’objectif de l’offensive à venir est de permettre aux civils de fuir avant l’arrivée des Marines. Elle fournit également un alibi à usage préemptif pour l’offensive américaine en dépeignant ceux qui ne tiennent pas compte de l’avertissement de talibans jusqu’au-boutistes qui méritent d’être tués.

    Stratfor, un site Internet d’analyse du renseignement militaire qui a des liens étroits avec l’appareil d’Etat américain, a rapporté jeudi que « l’assaut pourrait inclure le bouclage de la région, de nombreux combattants voués à sa défense seront probablement obligés de se battre jusqu’à mort s’en suive ou de se rendre. »

    L’article poursuit en disant : « Avec les assauts contre Fallujah et Ramadi en Irak à leur actif, les Marines ont acquis de l’expérience avec ce genre d’assaut en milieu urbain. »

    Quel est le bilan des assauts urbains « de ce genre » ?

    L’assaut des Marines contre Fallujah en novembre 2004 avait réduit en ruines la plus grande partie de cette ville de 300.000 habitants; l’aviation y avait largué des milliers de tonnes d’explosifs, les hélicoptères et les chars de combat avaient tiré sur les bâtiments et les maisons à coup de missiles et leurs canons avaient mitraillé la ville.

    Le commandement militaire américain avait affirmé avoir tué 2.000 « insurgés, » mais le véritable bilan des victimes reste inconnu. Les civils qui étaient restés dans la ville furent assujettis au même bombardement. Certains furent fusillés durant les combats de maison en maison qui s’ensuivirent et d’autres furent tués en cherchant à fuir. Les combattants blessés furent exécutés sommairement et les installations médicales furent la cible d’attaques militaires. Tous ceux présents dans la ville furent privés de nourriture, d’eau et d’électricité pendant plus de dix jours.

    L’opération avait été un exercice brutal de punition collective de la population de Fallujah pour le meurtre dans cette ville de quatre mercenaires de Blackwater et eut lieu aussi en raison de la résistance prolongée de la ville contre l’occupation étrangère. Caractérisée qu’elle fut par des violations multiples et graves des lois de la guerre, elle a exprimé le caractère criminel de toute cette guerre

    A en croire les commandants militaires américains, une opération identique est mise au point en Afghanistan et pour des raisons identiques, la ville de Marjah devant être transformée en champ de la mort.

    Comme à Fallujah, la vengeance joue un rôle. L’armée américaine a connu au cours de l’année passée une augmentation continue du nombre de victimes tandis que la CIA a enduré une attaque humiliante fin décembre qui a entraîné la mort de sept de ses agents près de la frontière afghane.

    En Afghanistan, tout comme en Irak, le commandement militaire américain estime important de faire un exemple en punissant une ville à population importante connue pour être un centre de résistance à l’occupation et en faisant parvenir le message à tout le pays qu’une telle résistance est futile et qu’on y répondra par le massacre et la destruction.

    La tuerie est officiellement justifiée au nom de la lutte sans fin contre le terrorisme. Au-delà de la propagande, la force motrice de la guerre en Afghanistan, comme la guerre en Irak, se trouve la tentative de l’élite dirigeante américaine de contrer la crise du capitalisme américain par le recours à la force et par la saisie de positions stratégiques dans le Golfe persique et en Asie centrale, deux régions renfermant de vastes réserves énergétiques.

    Il y a un an, lorsque Barack Obama est entré à la Maison Blanche, il y avait l’espoir parmi de vastes couches de la population américaine que son mandat reléguerait des mots comme Fallujah, Abou Ghraib, Guantánamo, Blackwater, torture et « restitution » à une époque sombre et honteuse mais révolue de l’histoire des Etats-Unis.

    La préparation de l’offensive de Marjah ne fait que souligner que, loin d’être achevés, les crimes du gouvernement Bush se poursuivent et s’intensifient sous le président démocrate.

    Aujourd’hui, il y a davantage de troupes américaines déployées dans des guerres et des occupations de type colonial que sous Bush et les massacres se sont propagés de l’Irak et de l’Afghanistan au Pakistan et au Yémen. Le gouvernement Obama cherche actuellement à obtenir 322 milliards de dollars pour les deux guerres et occupations en cours, une somme à laquelle s’ajouteront sûrement d’autres requêtes de financement « complémentaires. »

    Le soi-disant candidat de « l’espoir » et « du changement » s’est de plus en plus clairement avéré être l’agent sélectionné par les parties de l’establishment politique et du renseignement militaire qui voulaient apporter certains changements tactiques à la politique tout en continuant à recourir à l’armée à l’étranger et à mener un assaut implacable contre la classe ouvrière à l’intérieur.

    La population laborieuse américaine ne peut accepter une nouvelle série de crimes de guerre commis en son nom. La revendication pour un retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes américaines et étrangères d’Afghanistan doit être liée à une offensive politique contre le gouvernement Obama et l’oligarchie financière qu’il défend.

    Source : WSWS


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  • Afghanistan : chronique d’une défaite organisée

    par Charles Bwele

    À l’échelle d’un parcours personnel, d’un projet immobilier ou d’un conflit, neuf années représentent plus que du long terme. Que s’est-il donc passé durant cette décennie pour que l’OTAN devienne autant obsédé par ce théâtre afghan ?

    Électrosphère

    Douleurs, colères et révision

    Malgré ses motivations ou ses prétextes, malgré nos filtres médiatiques et nos prismes analytiques (télévision, presse, internet, littérature), la guerre est la plus sale, la plus brutale et la plus funeste des activités humaines.

    Officier, expert en stratégie, homme politique, blogueur ou lecteur d’AGS, que ressentiriez-vous en apprenant que votre fils a été démembré par un obus ou en reconnaissant le corps carbonisé de votre fille ? Sa vocation militaire a certes fait votre fierté mais oseriez-vous expliquer et justifier sa mort en regardant sa mère droit dans les yeux ? Ce genre d’expérience – la mort d’un fils/d’une fille au combat – est de celle qu’on ne peut comprendre qu’en l’ayant soi-même vécue.

    Malheureusement, l’analyse stratégique – y compris dans ce webzine – élude grandement ces charges émotionnelles. Pourtant, celles-ci dicteront des comportements bien réels au sein de l’opinion qui, tôt ou tard, questionnera sévèrement voire furieusement la légitimité de la guerre et reverra de facto (à la baisse ?) sa relation avec les corps politique et militaire. Nous comprendrons pourquoi.

    Guerre, arnaques et trahisons

    Par bien des aspects, la guerre d’Afghanistan ressemble énormément à un jeu de poker menteur dans lequel tout est faussé, vicié et piégé d’avance.

    L’impossible alternative politique

    Entre un narco-état féodal et une délirante tyrannie islamiste – la cohabitation entre ces deux frères ennemis n’étant point envisageable, l’OTAN avait choisi la première option en espérant polisser celle-ci. Aujourd’hui, tout le monde s’accorde sur un point fort : sous ses airs de grand-oncle bienveillant et avisé, le président Hamid Karzaï est devenu un problème aussi sérieux que les Talibans, les élections afghanes grossièrement truquées ne font qu’aggraver son cas.

    Parallèlement, ses adversaires talibans ont vite (re)découvert les vertus économiques du pavot. Cette lucrative agriculture est-elle conforme aux préceptes de l’Islam ? Dans tous les cas, les marchés transnationaux de la drogue et les milieux « branchés » plus à l’ouest ne s’en plaindront pas.

    L’impossible situation tactique

    Frappes aériennes, moyens militaires supplémentaires, redéploiements stratégiques tous les six mois ou presque, victoires tactiques. Rien n’y fait : l’insurrection talibane semble chaque jour plus résiliente, plus  active et plus insaisissable. Paradoxalement, d’autres sources militaires – européennes, en particulier – décrivent une situation tactique ayant évolué depuis peu en légère faveur de la FIAS. Ces discours contradictoires étaient déjà légion depuis 2003. Leur récurrence traduit peut-être des divergences assez marquées dans l’appréhension de la situation tactique globale, tant au sein d’une même coalition que d’une même armée. Au final, qui croire dans cette cacophonie ?

    Les statistiques sont moins équivoques : de 2005 à 2009, le nombre de soldats OTAN tués et de véhicules détruits, de surcroît par des EEI (engins explosifs improvisés) ne cesse d’augmenter. Espérons qu’il en soit autrement en 2010. Autre faiblesse de l’OTAN et non la moindre : ses modes opératoires sont peu ou prou prévisibles ou transparents à ses adversaires.

    L’impossible continuum entre le politique et le militaire

    Maints rapports font état de la prégnance de gouvernements-fantômes talibans dans plus de trois quarts des provinces afghanes. Vrai ou faux, il n’est rien d’étonnant à ce que les bavures militaires de l’OTAN, l’illégitimité du gouvernement afghan, la corruption flambante de son administration et les images d’un président entouré de contractors occidentaux offrent une écrasante victoire psychologique et politique aux Talibans et à leurs alliés d’Al-Qaïda qui n’en demandaient pas tant. Dès lors, la fameuse « conquête des coeurs et des esprits » tant prônée par les théoriciens de la contre-insurrection est tuée dans l’oeuf.

    Question à 9 mm : que vaut une supériorité militaire ou une succesion de victoires tactiques – pour peu qu’elle soit solide et durable – sans ses pendants psychologique et politique ? N’est-ce pas précisément sur ces terrains que les alliés essuient jour après jour une défaite proprement cuisante ?

    La situation est d’autant plus difficile pour l’OTAN face à des Talibans qui, à l’inverse, peuvent se passer de victoires tactiques. Il leur suffit de faire de temps à autre très mal aux troupes de l’OTAN pour consolider leur avantage psychologique. D’une certaine façon, leur stratégie s’accomode autant de l’ombre que de la lumière.

    L’impossible société afghane

    Malgré tous les efforts déployées par la FIAS pour cerner autant que possible « le terrain humain », les subtilités et les frontières invisibles de la société afghane sont encore un langage extraterrestre pour des armées versant dans une culture très technique et très tactique.

    Comme dans beaucoup de régions pauvres du monde (Afrique, Moyen-Orient, Asie), les attitudes des individus et des communautés sont très fluctuantes ou multiples car nécéssaires à la survie – physique comme sociale – dans un environnement où les rivalités ethniques, l’économie parallèle, la corruption et la misère économique sont les seules lois. Cette « schizophrénie contrôlée » est aussi le propre des sociétés gangrénées par la violence à tout crin et l’extrême pauvreté. Pour l’observateur extérieur notamment occidental, ces attitudes changeantes ou multiples sont très souvent interprétées comme de l’hypocrisie, de l’imprévisibilité ou toute autre forme de déloyauté. La projection interculturelle n’est pas encore au programme des formations militaires : il y a trop de nations et de peuples à étudier !

    En outre, comment reprocher à un chef de village de revoir ses accointances ou ses alliances alors qu’il doit enterrer les cadavres encore fumants de ses cinquante voisins ? Apparemment, un F-16 ou un Predator est passé par là.

    L’impossible action des sociétés militaires privées

    Les condotierre en lunettes solaires sont devenus les armées bis des États-Unis et du Royaume-Uni. Toutefois, leur rôle en Afghanistan suscite de plus en plus d’interrogations et de suspicions. Ces sous-traitants de guerre n’auraient-ils pas tendance à préférer des solutions peu optimales (opérations, sécurité, logistique, etc) précisément pour raisons d’économie et/ou à entretenir quelques facteurs locaux de conflits ou d’insécurité afin que leurs clients reconduisent leurs contrats commerciaux ?

    L’impossible coordination inter-organisations

    Comment établir une cohérence stratégique et opérationnelle entre FIAS, Enduring Freedom, Union Européenne, Nations-Unies et agences liées, SMP, ONG et seigneurs locaux de guerre ? Comment concilier stabilisation, sécurisation, reconstruction, contre-insurrection et contre-terrorisme ?

    Cette concentration inédite d’acteurs aux visées plus ou moins divergentes, de surcroît dans ce seul et même théâtre afghan, nuira longtemps et gravement à toute tentative de « coordinaction » globale, peu importe les silences auto-censeurs des uns et les déclarations d’intention des autres.

    L’impossible allié pakistanais

    Entre la main visible de ses services secrets, le soutien financier américain, l’instrumentalisation des Talibans et/ou d’Al-Qaïda, un contexte social et politique proprement explosif et la nécéssité de préserver des équilibres ethniques – notamment en faveur des Pachtounes – sur la zone Af-Pak, le Pakistan navigue entre d’incendiaires dilemnes cornéliens. L’OTAN n’a plus qu’à espérer que cette grenade dégoupillée ne fasse tout exploser dans la région.

    L’impossible et probable guerre des perceptions

    Celle qui se déroule dans les filigranes freudiens, jungiens et passablement « huntingtoniens » des consciences ou des inconsciences collectives. L’idée que quelques gaillards enturbannés simplement armés de mitraillettes, de RPG et d’EEI puissent l’emporter à l’usure sur une coalition d’armées hi-tech relève pour ces dernières d’une véritable humiliation. De quoi leur infliger un traumatisme aux séquelles durables, de quoi galvaniser tous les « petits djihadistes » en sommeil. Et si les graines de guerres hybrides ou irrégulières de par le monde n’attendaient que cette poignée d’engrais afghans pour éclore ?

    Tels sont les plus grands numéros de la roulette afghane. Les jeux sont défaits, rien ne va plus !

    Surtout, ne le dites pas trop fort. Protégez jalousement votre carrière et votre crédibilité en faisant clairement savoir à votre supérieur hiérarchique, à votre rédacteur-en-chef ou à votre directrice de recherches que « ça vaut la peine de persévérer en Afghanistan, les choses ne sont pas totalement hors de contrôle, des victoires tactiques ont régulièrement cours et d’immenses opportunités sont encore ouvertes ».

    Dans le brouillard grisâtre de l’information de guerre, cet argumentaire réconfortant comporte probablement une part de vérité. Cependant, je crains également l’automatisme censeur tacitement consenti par tous.

    La complexité, ennemi intime de l’OTAN

    Lors de la première guerre du Golfe, les armées américaines et européennes affrontaient une autre armée conventionnelle configurée selon un modèle russe. La doctrine Powell et la stratégie Schwarzkopf firent le reste en deux temps trois mouvements. Dans les Balkans, l’OTAN eut rapidement le dessus face à une armée serbe qui, malgré ses tentatives d’hybridation ou de paramilitarisation à sa périphérie, demeurait une force conventionnelle typiquement centre/est-européenne. Dans un cas comme dans l’autre, quelques réadaptations et mises à jour des doctrines et des stratégies sédimentées durant la guerre froide suffirent pour assurer une incontestable victoire contre les appareils politiques/militaires irakien et serbe.

    En Afghanistan, l’OTAN affronte ce qui est à la fois une guerre irrégulière et une crise complexe permanente à tous les niveaux : géopolitique, stratégique, socioculturel, narcotique, psychologique et religieux.

    L’échec du sommet de Copenhague a amplement démontré l’incapacité des états modernes à gérer des crises complexes. Ceci est d’autant plus vrai pour ces mêmes états et leurs armées lorsqu’il s’agit d’un conflit irrégulier doublé d’une crise complexe permanente qui, dans le cas afghan, trouve ses racines contemporaines dans les années 60-70.

    Forgé dans les certitudes bipolaires de la guerre froide, l’OTAN a développé une extraordinaire science de la guerre dans laquelle priment l’approche linéaire, les lignes d’opération, l’analyse séquentielle et les résultats quantifiables. Sur le théâtre afghan, les multiples dimensions du pays réel sont étroitement imbriquées ou fusionnées, et revêtent autant d’importance que la seule dimension militaire. Sans pour autant négliger ses capacités conventionnelles, l’OTAN doit donc se forger un art croisé de la conduite de guerre et de la gestion de crises.  Dès lors, pourquoi ne pas muter en forces hybrides « à la schizophrénie contrôlée, capables à la fois d’analyser, de ressentir et de pressentir le terrain ? »

    Cette transformation cognitive des armées est, à mes yeux, plus à portée d’une Europe riche de diverses cultures, langues et histoires. Ainsi, ses armées seraient mieux adaptées ou mieux adaptables aux exigences non-militaires des futures contre-insurrections (ou assimilables) dans quasiment n’importe quel coin du globe. Vivement que le Vieux Continent pousse les feux dans cette direction…

    Si la COIN est un début positif en ce sens, elle n’est encore qu’au stade cosmétique ou exosquelettique dans les doctrines de l’OTAN et de ses armées respectives. Je doute qu’il en soit autrement avec les générations actuelles de hauts gradés certes expérimentés mais dont les compétences désormais cristallisées entravent ou anihilent quelque « esprit révolutionnaire ». Explications.

    En effet, malgré leurs incontournables trésors des savoirs accumulés, les professionnels expérimentés de tout poil sont rarement ceux qui produisent des concepts férocement novateurs. Ceci vaut également pour les capitaines d’industrie et pour les scientifiques chevronnés. Einstein n’avait pas été nobellisé pour sa théorie de la relativité, par trop choquante pour ses pairs, mais pour ses hypothèses un peu plus coulantes sur la nature corpusculaire de la lumière. Par la suite, il éprouva d’énormes difficultés à pleinement appréhender la physique quantique de Bohr, de Feynman, de Heisenberg et consorts.

    Ne blâmons point les hauts gradés, les capitaines d’industrie ou les scientifiques chevronnés pour cette incapacité : s’éloigner ou rompre de son noyau de compétences pour forger un paradigme révolutionnaire et/ou les sous-ensembles inhérents exige à la fois du travail acharné, une constante remise en question de sa carrière et de soi-même, une bonne dose de chance et, peut-être, un don auparavant inexploité. D’où l’immense difficulté à esquisser des solutions claires et percutantes au problème afghan, et ce, malgré la profusion d’excellentes analyses stratégiques qui se boivent plus qu’elles se lisent.

    Pour ceux qui ne le savent pas, la fameuse contre-insurrection (COIN) telle qu’on l’entend actuellement n’a rien d’une innovation majeure, c’est un corpus théorique d’inspiration essentiellement française, savamment réactualisé et mis en oeuvre sur les théâtres irakien et afghan par d’affables et perspicaces officiers anglo-saxons. Même le Général Petraeus (né en 1956) reconnaît que sa génération « a été formée pour détruire des chars soviétiques avec nos hélicoptères. Une formation inutile dans la lutte moderne contre le terrorisme. »

    Cette COIN suffira-t-elle à braver les entreprises virtuelles agiles que sont les Talibans Af-Pak et leurs alliés d’Al-Qaïda ? Une part de moi en doute sérieusement, l’autre l’espère vivement.

    Comme je l’avais déjà évoqué dans le guide du terroriste urbain, l’état moderne et son armée conventionnelle sont tout le contraire d’une entreprise virtuelle agile : des machines bureaucratiques et hiérarchiques intrèsèquement tâtillonnes, mues par des enchaînements d’inerties et consubstantiellement rétentrices d’informations. De telles mécaniques éprouvent inéluctablement des difficultés herculéennes voire sisyphiennes à combattre des entités à la fois nomades, sédentaires, redondantes et remarquablement coordonnées.

    De l’illusion à la cécité

    Quand les barbares germaniques aperçurent les légions romaines construire un pont fluvial de bois en moins d’une semaine, ils se réfugièrent dans les montagnes. Plus tard, Rome fit preuve d’inertie et d’inaptitude face aux mêmes barbares qui écrasèrent sa meilleure légion et sabotèrent patiemment son réseau impérial d’aqueducs. L’Europe fut littéralement hypnotisée et assommée par la puissance et la rapidité du Blitzkrieg. Quelques années plus tard, l’Allemagne nazie délaissa sa défense territoriale et ne put rien faire contre les vagues incessantes de bombardiers B-17 dans son ciel. Pire : malgré les avertissements répétés de ses espions, elle fut complètement insensible aux statistiques astronomiques de la production militaro-industrielle américaine. Que dire de la  vaine supériorité tactique et technique de l’US Air Force, de l’US Navy et de l’US Army face à une guérilla vietnamienne nettement plus rusée sur les plans psychologique et politique ?

    Autres temps, autres guerres, autres circonstances. Gardons-nous de tout déterminisme mais n’oublions jamais les leçons de l’histoire.

    Car vient toujours un moment où un appareil politique et militaire d’abord trop confiant sur ses capacités, s’enferme d’autant plus dans son canevas stratégique sous la pression combinée d’événements complexes et d’un ennemi lui infligeant une innovation ou une révolution stratégique. Peu à peu, « les logiciels politiques et militaires » se cloîtrent dans leur confort intellectuel puis tournent en boucle sans s’en rendre compte. Dans leur entêtement à poursuivre la guerre, ils deviennent sourds et aveugles aux signaux avertisseurs, se persuadent de la justesse de leurs décisions et actions et s’embourbent en toute splendeur.

    Questions à un billet aller/retour Bruxelles-Kaboul : l’OTAN est-elle exempte de tels « bogues » ? Et si les énièmes grandes offensives contre les Talibans n’avaient que très peu ou aucun effet, jusqu’où peut-elle ou doit-elle s’obstiner ?

    Au risque très élevé de m’attirer quelques foudres, les guerres me semblent finalement bien plus faciles à décrypter ou à mener avec un glaive Intel et un bouclier Windows. Ce qui, en toute sincérité, n’est pas nécéssairement une bonne chose.


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