• États-Unis, la chute finale ? source

    En décembre 2009, nous écrivions que l’annonce du Président Obama de renforcer les troupes américaines en Afghanistan, afin de remporter une victoire décisive contre les Talibans, puis de se retirer du pays équivalait à l’annonce d’un retrait pur et simple.

    Les faits confirment une fois de plus la justesse des analyses de Realpolitik.tv. Aucune victoire décisive n’a bien sur été remportée, en dehors du scenario rocambolesque de l’élimination de Ben Laden, qui à n’en pas douter, amusera beaucoup les historiens du déclin américain dans une vingtaine d’années. Point de victoire décisive donc, mais un retrait bien orchestré pour l’opinion internationale, démontrant une fois de plus que la communication du Pentagone est plus efficace que son infanterie. Cette défaite confirme également que la ruine de l’économie américaine est une meilleure garantie pour la stabilisation mondiale, que le prix Nobel décerné au Président Obama. C’est bien là, la motivation première du retrait. Les Talibans ont gagné sociologiquement cette guerre d’usure, car comme l’a fort bien souligné Emmanuel Todd, le temps joue en leur faveur. Chaque jour de conflit renforce les Talibans, tandis qu’il affaiblit l’armée américaine.

    Le grand bénéficiaire de cette guerre aux États-Unis reste le complexe militaro-industriel et les sociétés de services privées du secteur de la défense, que l’effort de guerre a enrichi considérablement. Le grand perdant est le peuple américain. Trompé, manipulé massivement par un discours de propagande peu évolué, il a démontré à l’ensemble du monde civilisé son immaturité politique fondamentale. Depuis 20 ans, en dehors d’une petite partie de la gauche américaine et de la faction minoritaire des conservateurs républicains que l’on retrouve aujourd’hui autour de Ron Paul, le peuple américain a été incapable du moindre éclair de lucidité, que ce soit sur la Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Irak et aujourd’hui l’Iran. Cette faute se paiera au prix fort et se traduira par ces centaines de milliers de vétérans dont il faudra s’occuper et ensuite réintégrer dans une économie exsangue. Incompétence et aveuglement des élites, guerres inutiles et perdues d’avance, pollution industrielle massive (liée a l’exploitation du gaz de schiste), hypertrophie du complexe militaro-industriel, crise économique, appauvrissement et endettement hors de contrôle, perte de légitimité morale, mensonge de masse, les États-Unis de 2011 rappellent de plus en plus l’Union Soviétique de 1991.

    Xavier Moreau

     


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  • Comment le Pentagone verse des milliards aux puissants du Moyen-Orient

    Selon une enquête de Newsweek, le Pentagone a trouvé un moyen sûr de s’assurer les bases militaires dont il a besoin au Moyen-Orient, particulièrement dans le cadre des guerres en Irak et en Afghanistan sans avoir à payer de droits.  Comment ? En accordant des contrats juteux aux dirigeants des monarchies du Golfe.

    Il a ainsi signé pour plusieurs dizaines de milliards de dollars de contrats exclusifs avec les compagnies contrôlées par les familles dirigeantes du Golfe arabo-persique, notamment à Abu Dhabi, au Koweït, à Bahreïn et au Qatar. Abu Dhabi, le plus riche des Émirats Arabes Unis (EAU), abrite, ainsi une base aérienne américaine à al Dhafra, centre vital pour le ravitaillement en essence dans la région. L’émirat est dirigé par une seule famille, les Nahyan dont l’émir, Sheik Khalifa bin Zayen al Nahyan, 63 ans, connu pour sa passion des courses de chameaux, "pèse" 15 milliards de dollars. Il contrôle, notamment, la compagnie pétrolière nationale, ADNOC. "Chaque goutte d’essence que les États-Unis achète pour leurs avions – plus de 800 millions de litres par an pour un montant de 5,2 milliards, depuis 2005, est payé à la famille al Nahyan via l’ADNOC." explique Newsweek. Aucun appel d’offre n’est lancé, comme est supposé le faire le Pentagone pour l’acquisition de tout ce qui touche au matériel militaire.

     

    Au Koweït, la base d’Arifjan, la plus importante base américaine, est la principale voie d’acheminement militaire vers l’Irak. La famille al-Sabah dirige le Koweït et la compagnie pétrolière nationale Kuwait Petroleum Co. qui a reçu 4 milliards au titre de contrats exclusifs avec le Pentagone depuis 2005. Au Barheïn, où les mouvements de protestation du printemps dernier ont été durement réprimés, avec le soutien  actif de l’Arabie saoudite, stationne le quartier général de la 5ème Flotte US et celui, régional, des opérations "énergie" de la Defense Logistics Agency (DLA), l’agence logistique de la Défense américaine. La DLA est chargée d’acheter la totalité de l’essence  dont a besoin l’armée américaine. Le roi Hamad bin Isa al-Khalifa dirige le pays et la Bahreïn Petroleum Co. Le royaume, avec son million d’habitants, est devenu le principal fournisseur d’essence aux Américains, avec des contrats qui se chiffrent en milliards également. Pour la DLA, "il faut faire de son mieux pour fournir de l’essence à bas prix aux forces américaines dans le monde."

    Le Qatar est dernier pays à avoir hébergé gratuitement une base américaine qui sert à la fois comme base arrière à la guerre contre l’Irak et l’Afghanistan et potentiellement contre l’Iran. C’est le gouvernement qatari lui-même qui assure une bonne partie des frais de cette base, située à quelques encablures de la chaîne al-Jazeera qui se mobilise pourtant pour les révolutions arabes en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie, en oubliant le Bahreïn voisin..

    Christine Abdelkrim-Delanne

    Source du texte : AFRIQUE-ASIE.FR / NEWSWEEK


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  • Pascal Roussel sur les enjeux économiques en cours et l’affaire DSK

    Afin de bien saisir les enjeux qui gravitent autour des DTS (Droits de Tirages Spéciaux) du FMI, nous avons interrogé Pascal Roussel, spécialiste de la question. Ce dernier nous explique le contexte de la naissance des DTS ainsi que les conséquences de l’affaire DSK vis à vis du maintien en vie du dollar dans un contexte de crise économique aggravée. Encore une fois nous ne cherchons pas ici à discuter les modalités de la mise en accusation de DSK, nous proposons simplement à nos lecteurs des éclairages quant aux enjeux soulevés par cette affaire.

    Julien Teil, pour Mecanopolis


    Pascal Roussel sur l'affaire DSK por Mecanopolis


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  • Obama, la guerre financière et l’élimination de DSK


    par Thierry Meyssan*

    On ne peut comprendre la chute de Dominique Strauss-Kahn sans la replacer dans le contexte du projet qu’il incarnait de création d’une nouvelle monnaie de réserve internationale prévue pour aujourd’hui 26 mai 2011. Un projet paradoxalement attendu par les États émergents tout autant que par la finance apatride, mais refusé par le complexe militaro industriel israélo-états-unien. Thierry Meyssan lève le voile sur le coup-fourré de l’administration Obama pour ne pas tenir ses engagements.

     

    Les Français ont assisté avec stupeur à l’arrestation aux États-Unis du leader politique le plus populaire chez eux, Dominique Strauss-Kahn. Ancien ministre de l’Économie, l’homme était devenu le haut fonctionnaire le mieux payé au monde (salaire de base annuel, hors primes et frais : 461 510 USD) et s’apprêtait, disait-on, à briguer la présidence de la République. Cette personnalité chaleureuse, connue pour son appétit à table et au lit, parfois accusé de faire de la politique avec dilettantisme tant il aime prendre le temps de jouir de la vie, est accusée d’avoir violé précipitamment une femme de chambre dans un hôtel de Manhattan.

    Pendant six jours, les Français sont restés vissés devant leurs écrans de télévision à regarder hébétés l’acharnement judiciaire contre un homme qu’ils s’étaient habitués à considérer comme un recours possible après le catastrophique quinquennat de Nicolas Sarkozy. Sa chute était aussi la fin de leurs illusions.

    Le spectacle de ce destin brisé tient de la tragédie antique. Le dicton romain « Arx tarpeia Capitoli proxima » revient sur les lèvres : la roche tarpeïenne d’où les condamnés à mort étaient précipités dans le vide était si proche du Capitole, lieu symbolique du pouvoir et des honneurs.

    Indépendamment de toute considération sur son innocence ou sa culpabilité, le broyage d’une si haute personnalité ne peut que provoquer l’angoisse chez le simple citoyen : si celui-là ne parvient pas à se défendre, alors comment pourrions-nous espérer le faire si nous étions accusés comme lui ?

    L’ascension et la chute

    Cependant les Français étant un peuple politisé, nourri des leçons de Machiavel sans jamais l’avoir lu, n’ont pas tardé à s’interroger sur le bien-fondé de l’accusation portée contre leur concitoyen, DSK. À 57 %, selon des sondages d’opinion, ils n’ont pas cru cette histoire de rut que les médias états-uniens se délectent à raconter. Les uns se sont mis à imaginer les scenari possibles de manipulation, tandis que les autres se demandaient « Cui bono ? » (À qui profite le crime ?).

    À ce jeu là, le premier nom qui vient à l’esprit est celui de Nicolas Sarkozy. Comment ne pas y penser lorsque l’on se souvient qu’il est devenu président en portant plainte contre son principal rival, Dominique de Villepin, et en l’empêtrant dans une affaire toute aussi rocambolesque de faux documents. Alors, pourquoi pas un nouveau complot pour écarter un nouveau concurrent ?

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    Dessin de Plantu paru dans « Le Monde » du 25 mai 2011.

    Et peu importe que les deux hommes aient eu besoin l’un de l’autre pour préparer les prochains sommets internationaux, ni qu’ils aient été tous deux inféodés au suzerain états-unien. On sait bien que les pires crimes exigent le sang des amis ou mieux des parents.

    Au demeurant, les Français ignorent les attaches de DSK [1], comme ils ignoraient celles de Nicolas Sarkozy lorsqu’ils l’ont élu [2]. Jamais la presse ne les a informés que, dans les années 90, au cours de sa traversée politique du désert, il avait été engagé comme professeur à l’université de Stanford par une certaine… Condoleezza Rice. Ils ne savent pas non plus que lui et ses lieutenants Pierre Moscovici et Jean-Chrisophe Cambadélis furent chargé du financement du Parti socialiste et de la Fondation Jean-Jaurès par la National Endowment for Democracy —façade légale de la CIA [3]—. Ils n’ont pas suivi ses nombreux travaux et contrats avec les think tanks atlantistes, le German Marshall Fund of the United States [4] ou le Groupe de Bilderberg [5]. En définitive, ils ne savent rien de son engagement pour l’intégration de la France et de l’Europe au sein d’un grand marché transatlantique dominé par les États-Unis.

    Les Français n’en savent pas plus sur ses liens étroits avec Israël. Il pilote au sein du Parti socialiste le Cercle Léon Blum, du nom d’un ancien Premier ministre juif. Ce discret et puissant lobby veille à écarter de la scène politique tout individu qui contesterait le projet sioniste. Ainsi fait-il tomber des têtes, comme celle du politologue Pascal Boniface qui soulignait le caractère électoralement contre-productif d’un soutien à Tel-Aviv dans un pays où 10 % de la population est de culture arabe. DSK ne se cache pourtant pas. Il déclare sans ambage : « Je considère que tout juif de la diaspora et de France doit apporter son aide à Israël. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est important que les juifs prennent des responsabilités politiques. En somme, dans mes fonctions et dans ma vie de tous les jours, à travers l’ensemble de mes actions, j’essaie d’apporter ma modeste pierre à la construction d’Israël. » Bizarre pour quelqu’un qui brigue la présidence française. Peu importe, il est si jovial.

    Néanmoins, rien n’aura été épargné à Dominique Strauss-Khan et à ceux qui l’aiment : pendant qu’il était placé en garde à vue, puis en détention préventive, sans jamais avoir l’occasion de s’exprimer, le procureur de New York faisait distribuer aux médias un acte d’accusation détaillé.

    On peut y lire le descriptif froidement clinique du crime imputé : « L’accusé a tenté d’avoir, par la force, une relation sexuelle anale et orale avec un tiers ; l’accusé a tenté par la force d’avoir des rapports vaginaux avec un tiers ; l’accusé a forcé un tiers à un contact sexuel ; l’accusé a séquestré un tiers : l’accusé a obligé un tiers à un contact sexuel sans son consentement ; l’accusé a de façon intentionnelle et sans raison légitime touché les parties génitales et autres parties intimes d’un tiers dans le but d’avilir cette personne et d’abuser d’elle, et dans le but d’assouvir le désir sexuel de l’accusé.
    Ces délits ont été commis dans les circonstances suivantes : le soussigné déclare avoir été informé par une personne connue des services du procureur que l’accusé 1) a fermé la porte de la pièce et a empêché la plaignante de quitter cette pièce ; 2) s’est saisi de la poitrine de la plaignante sans son consentement ; 3) a tenté de retirer de force le collant de cette personne et de toucher ses parties génitales de force ; 4) a forcé la bouche de la plaignante à toucher son pénis à deux reprises ; 5) a pu commettre ces actes en utilisant sa force physique
    . »

    Tout cela étalé des jours durant au journal de 20h, avec moult détails, sous les yeux écarquillés de parents rentrant du travail, et devant des enfants effarés baissant leur nez sur leur assiette de potage.

    Le choc culturel

    On ne sait qui est le plus traumatisé : le brillant économiste qui devait sauver l’humanité de la crise financière et se trouve soudain ravalé au rang d’infâme criminel, ou le peuple qui aspirait au repos et envisageait de le choisir pour chef, et se voit contraint d’observer une fois de plus la violence des États-Unis.

    À ce sujet, les Français cherchent des excuses au système judiciaire anglo-saxon qu’ils découvrent. Certes, ils avaient déjà vu cette parodie de justice dans des séries télévisées, mais ils n’avaient jamais cru que cela exista pour de vrai. Et du système extra-judiciaire, de Guantanamo et des prisons secrètes, ils n’ont jamais rien voulu savoir. Quelques commentateurs ont tenté d’expliquer la dureté de la police et du premier juge comme une volonté de traiter à égalité les puissants et les faibles. Ils ont pourtant tous lu les travaux d’illustres sociologues montrant que dans ce système inique l’argent est roi, et la justice est de classe.

    Couverture de Time Magazine mis en diffusion le 19 mai 2011.Les Français ont aussi accepté sans broncher les reproches de la presse anglo-saxonne. Tout cela est la faute de la presse française, pouvait-on lire, qui n’a pas enquêté sur la vie sexuelle débridée de M. Strauss-Kahn au nom du respect de sa vie privée. Pourtant, poursuivent les puritains, celui qui séduit ostensiblement les femmes, voire les presse, parfois les bouscule, est un violeur potentiel. « Qui vole un œuf, vole un bœuf ! ». En couverture, Time Magazine représente DSK et ceux qui lui ressemblent sous la forme d’un cochon. Nul n’a relevé que l’accusé était directeur du FMI et vivait à Washington depuis 3 ans sans que la presse anglo-saxonne donneuse de leçon ait, elle, enquêté sur ses supposés vices cachés.

    L’accusation ayant ouvert le soupçon, chacun se souvient —mais un peu tard— qu’en 2002 DSK avait tenté de forcer une belle journaliste, Tristane Banon. Lorsqu’elle lui avait demandé un entretien, il l’avait invitée dans un appartement particulier, situé dans le quartier historique du Marais à Paris. Il avait accueilli la jeune femme dans un grand loft, dénué de tout meuble, excepté un grand lit. Et comme la belle ne cédait pas au libertin, il l’avait frappée.
    Peut-être à New York, cette violence avait-elle submergé le galant homme et l’avait-elle transformé en criminel ?

    Rien ne permet de l’imaginer, d’autant que DSK n’est pas un célibataire frustré. Il est marié à une star de la télévision, Anne Sinclair, qui fut la journaliste préférée des Français avant d’abandonner son métier pour l’accompagner, lui, dans sa carrière. Les Français l’ont retrouvée au Tribunal lorsque Dominique Strauss-Kahn comparaissait, toujours aussi belle et volontaire, malgré les années de plus. Petite fille d’un grand marchand d’art, elle dispose d’une confortable fortune familiale. Sans hésiter, elle était venue de Paris pour payer un million de dollars de caution et offrir cinq millions de dollars de garanties bancaires supplémentaires. En cet instant, cette femme d’argent était prête à tout céder pour arracher son époux des mâchoires écrasantes de la justice états-unienne. Elle n’en était que plus admirable. C’est qu’elle ne lui faisait pas grief de ses incartades, elle qui aimait à l’accompagner à la Chandelle, un club échangiste parisien.

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    DSK, le dindon de la farce.

    Dans toute nation digne de ce nom, on n’aurait pas supporté de voir une personnalité qui était pressentie pour être élue président et incarner le pays apparaître menottée entre des sbires du FBI, jeté à l’arrière d’une voiture comme un malfrat, exhibé devant un tribunal sans avoir la possibilité de se raser. On aurait probablement fait le siège de l’ambassade US en chantant des hymnes patriotiques. Pas en France. On y admire trop les « Américains ». On les contemple comme le lapin hypnotisé par le serpent cobra. Et l’on a du mal à admettre que l’on n’est pas le centre du monde, que si complot il y a, il ne s’est pas tramé aux bords de la Seine, mais sur les rives du Potomac.

    La séquestration

    DSK est-il coupable de viol ou victime d’une machination ? Il suffit de réfléchir pour répondre à la question.

    L’accusé aurait passé la nuit en compagnie d’une call-girl. Il aurait violé la femme de chambre au brunch matinal, puis se serait rendu paisiblement déjeuner avec sa fille, étudiante à Columbia University. Enfin, il aurait été prendre son avion réservé plusieurs jours à l’avance pour aller rencontrer la chancelière Angela Merkel à Berlin. C’est confortablement assis dans un avion d’Air France qu’il a été appréhendé, dix minutes avant le décollage.

    Selon le personnel naviguant, les policiers de l’Unité spéciale pour les victimes (celle du feuilleton Law and Order SVU [6]) n’ont pas demandé à leurs homologues de l’aéroport de procéder à l’interpellation, mais ont tenu à la réaliser eux-mêmes malgré le risque d’arriver trop tard. Pour éviter que DSK ne soit prévenu, ils ont par contre demandé que l’on brouille les téléphones portables dans cette zone de l’aéroport le temps nécessaire à leur venue [7]. Or, un tel brouillage n’est pas de la compétence d’une brigade mondaine. Ceci est bien une affaire de sécurité nationale.

    Lorsque le suspect a été placé en garde à vue, il a été coupé de tout contact extérieur, hormis avec ses avocats, ainsi que le prévoit le droit états-unien. Mais lorsque la juge Melissa Jackson l’a mis en détention provisoire, il a encore été coupé de l’extérieur. Sans raison. La détention avait-on expliqué est nécessaire car le prévenu pourrait fuir en France, Etat avec lequel Washington n’a pas conclu de traité d’extradition et qui a protégé un autre prévenu accusé de viol, le cinéaste Roman Polanski. Cette décision n’avait pas été prise pour isoler l’accusé et l’empêcher d’influencer des témoins. Cependant la juge avait décidé de le faire enfermer à Rikers Island, une des plus importantes prisons du monde avec 14 000 détenus, et l’une des plus sombres. Un enfer sur Terre. « Pour sa protection », on l’avait alors gratifié d’une chambre individuelle et mis au secret.

    Au total, durant 10 jours, le directeur général du FMI a été séquestré. Pendant 10 jours, le fonctionnement de l’institution internationale a été bloqué faute de signature. Pendant 10 jours, les problèmes de l’euro et du dollar, la faillite de la Grèce, et bien d’autres enjeux ont été suspendus au bon vouloir de policiers, de juges et de matons.

    Selon la jurisprudence états-unienne, DSK qui n’a pas d’antécédents judiciaires et qui est domicilié à Washington, n’aurait pas dû être placé en détention préventive, mais aurait dû bénéficier d’une liberté sous caution. Il a probablement vite analysé la situation. Par l’intermédiaire d’un de ses avocats, il a réussi à faire parvenir au FMI une lettre de démission. Le lendemain même, contre toute attente, un nouveau juge accédait à sa demande de remise en liberté surveillée. Il n’était en effet plus utile de le maintenir sous écrou puisque le FMI avait recouvré sa capacité à agir.

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    Christine Lagarde salue tous ceux qui ont cru aux promesses faites par Washington à M. Zhou.

    Christine Lagarde, ministre française de l’Économie qui a fait carrière aux États-Unis en défendant les intérêts du complexe militaro-industriel [8], est pressentie pour succéder au prévenu à la direction du FMI, malgré les cris d’orfraie de la Russie et de la Chine.

    Au fait, son second avocat, Benjamin Brafman, n’est pas venu le voir en prison et ne s’est pas présenté à la seconde audience. La star du barreau de New York était partie précipitamment en Israël. Officiellement pour y célébrer une fête religieuse en famille [9]. Mais pour exiger ses honoraires, Me Brafman n’a pas dû se contenter d’allumer les feux de Lag Ba’omer, mais il a dû négocier de l’aide pour son client.

    Le projet Zhou

    Pourquoi donc déployer des moyens hollywoodiens et bloquer le FMI durant 10 jours ? Deux réponses sont possibles, et elles sont peut-être liées.

    En premier lieu, le 29 mars 2009, le gouverneur de la Banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan a remis en cause la prédominance du dollar comme monnaie de réserve. Déplorant que le projet de l’économiste John Maynard Keynes de créer une monnaie internationale (le Bancor) n’ait pas été concrétisée à l’issue de la Seconde Guerre mondiale, il proposa d’utiliser les Droits de tirage spéciaux du FMI pour jouer ce rôle [10].

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    Zhou Xiaochuan n’a pas dit son dernier mot.

    Cédant à la pression, les États-Unis acceptent un triplement des ressources du FMI et l’émission par le FMI de Droits de tirages spéciaux (DTS) d’une valeur de 250 milliards de dollars, lors du sommet du G20 à Londres, le 2 avril 2009. Ils acceptent également le principe d’un Conseil de stabilité financière auxquels seront associés les grands États émergents.

    Cette idée est discutée au sommet du G8 à L’Aquila (Italie), le 8 juillet 2009. Poussant le pion plus loin encore, la Russie proposa de ne pas se contenter d’une monnaie virtuelle, mais de l’éditer. Dmitry Medevedev, qui avait fait frapper symboliquement des prototypes de cette monnaie, posa quelques pièces sur la table. D’un côté y figuraient les visages des huit chefs d’État et de l’autre la devise en anglais « Unity in Diversity » [11].

    Le projet est soumis aux experts de la Division des Affaires économiques et sociales de l’ONU. Leur rapport, auquel participe le professeur Vladimir Popov de la New Economic School de Moscou, est étudié le 25 avril 2010 lors d’une réunion jointe du FMI et de la Banque mondiale [12].

    Le processus devait aboutir, aujourd’hui 26 mai 2011, au sommet du G8 à Deauville (France). Le dollar aurait cessé d’être la monnaie de référence sur fond d’imminente cessation de paiement du gouvernement fédéral des États-Unis. Washington aurait renoncé au financement de son hyper-puissance militaire par la dette pour se consacrer à sa restructuration interne.

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    Le dinar libyen, première (et dernière ?) monnaie au monde garantie en or et en Droits de tirages spéciaux du FMI. En 2000, le colonel Kadhafi avait imaginé de créer une monnaie panafricaine basée sur l’or, mais il n’était pas parvenu à faire avancer son idée. Aussi, en 2009, s’était-il spontanément emparé du projet Zhou et l’avait unilatéralement adopté pour son pays.

    Le grain de sable

    Malheureusement, durant les derniers mois de ce processus, des initiatives militaires et politiques ont bouleversé ce plan. Certains États —dont la Russie et la Chine— ont été floués. L’arrestation de DSK montre que Washington était de mauvaise foi et que ses concessions ne visaient qu’à gagner du temps.

    Bien que le détail exact du montage imaginé par Dominique Strauss-Kahn pour créer cette nouvelle monnaie de réserve adossée aux Droits de tirages spéciaux du FMI soit secret, il apparaît que le Libye y jouait un rôle clé : à titre expérimental, c’est la Banque centrale libyenne qui la première avait décidé de fonder sa monnaie, le dinar, sur l’or et au delà sur les DTS. La chose est d’autant plus importante que la Libye dispose d’un fond souverain parmi les mieux dotés du monde (il est même un peu plus riche que celui de la Russie).

    Or, en entrant en guerre contre la Libye, la France et le Royaume-Uni ont provoqué un gel théorique des avoirs non seulement de la famille Kadhafi, mais de l’État libyen. Pis, Paris et Londres ont dépêché des cadres de la banque HSBC à Benghazi pour créer une Banque centrale libyenne rebelle et tenter de s’emparer des avoirs nationaux [13]. Sans que l’on sache si Nicolas Sarkozy et David Cameron se sont laissés emporter par l’ivresse de leur force ou ont agi sur instruction de leurs mandants à Washington, le fragile édifice élaboré par Dominique Strauss-Kahn s’est effondré.

    Selon nos contacts à Tripoli, au moment de son arrestation, DSK partait à Berlin pour trouver une solution avec la chancelière Angela Merkel. Il devait ensuite partir avec un émissaire de Mme Merkel négocier avec des représentants du colonel Kadhafi —voire avec lui directement—. La signature du Guide libyen étant indispensable au déblocage de la situation.

    On assiste désormais à une guerre financière d’une ampleur jamais égalée : alors que la situation économique des États-Unis vacille et que le dollar pourrait devenir rapidement une monnaie de singe, l’accord conclu au G8 et avalisé au G20, mis en œuvre par le FMI en coordination avec la Banque mondiale et les milieux bancaires internationaux dont DSK était le champion, est suspendu. La domination du dollar est intacte quoique plus que jamais artificielle ; ce dollar que les États émergents voulaient relativiser, mais sur lequel le complexe militaro-industriel israélo-états-unien assoit sa puissance.

    Dans ce contexte que vaut l’honneur d’un homme ?

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  • Thierry Meyssan à propos de l’affaire Strauss-Kahn (vidéo)

    Article placé le 28 mai 2011, par Julien Teil (Toulouse)

    La récente mise en accusation de l’allié de la puissance financière apatride, Dominique Strauss-Kahn, l’a poussé à démissionner de la tête du FMI. Désormais c’est Christine Lagarde, l’alliée inconditionnelle du complexe militaire étasunien, qui est préssentie pour remplacer DSK à la tête du FMI.


    Notre but n’est aucunement de discuter des accusations portées à l’encontre de DSK mais simplement d’éclairer ces évènements au regard du contexte économique international et des guerres en cours. Thierry Meyssan nous donne son avis sur la question.

    Entretien réalisé par Julien Teil, pour Mecanopolis


    Thierry Meyssan à propos de l'affaire DSK por Mecanopolis


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  • Etats-Unis : Malgré le déficit budgétaire abyssal, l'armée américaine doit conserver sa "portée mondiale...pour protéger les routes commerciales et l'approvisionnement en énergie" selon Robert GATES

    Le secrétaire américain à la Défense Robert Gates s'est prononcé dimanche pour que les réductions budgétaires envisagées par les élus du Congrès épargnent le Pentagone et ne remettent pas en cause son bon fonctionnement.

    US Navy.jpg"A l'heure où nous devons faire des choix pour remettre les finances de notre pays en ordre et assurer notre prospérité future, certains vont sans aucun doute appeler l'Amérique à réduire son rôle dans le monde et à ce que nous revoyons nos engagements internationaux et les capacités de notre armée à la baisse", a expliqué Robert Gates lors d'un discours à l'université Notre-Dame dans l'Indiana (nord).

    "Mais ne vous y trompez pas. Le rempart ultime contre les agresseurs, les dictateurs et les terroristes au 21e siècle, c'est la puissance coercitive qui trouve son expression dans la taille, la puissance et la portée mondiale de l'armée américaine", a ajouté M. Gates, qui doit laisser son poste à Leon Panetta, actuel directeur de la CIA, à la fin du mois de juin.

    Le chef du Pentagone a par ailleurs expliqué qu'une armée robuste n'était pas uniquement nécessaire dans le cadre du conflit en Afghanistan, mais aussi pour "protéger les routes commerciales et l'approvisionnement en énergie".

    "Mais pour que tout cela soit réalité, l'armée américaine doit être correctement armée, entraînée et financée, et nous ne pouvons prendre cela pour acquis", a souligné M. Gates.

    En 2010, le budget du Pentagone s'est élevé à quelque 663 milliards de dollars, de loin le budget de la défense le plus élevé au monde.

    Mais les Etats-Unis font face à un déficit budgétaire faramineux et le président Barack Obama compte le réduire de 4.000 milliards de dollars cumulés sur 12 ans. Dans cette optique, le président américain a prévenu que la lutte contre les déficits ne devrait négliger aucun secteur, même les programmes d'assurance-maladie publics ou les dépenses militaires.

    Source du texte : LES ECHOS


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  • La deuxième couche : la suite des "révolutions" arabes

    Le président américain Barack Obama a déclaré jeudi que l'avenir de son pays est lié à la région du Moyen-Orient à travers les forces de "l'économie et la sécurité, l'histoire et la foi", appelant à un changement de la politique américaine vis-à-vis de la région.

    Dans son important discours consacré à la politique sur le Moyen-Orient, M. Obama a déclaré que pendant des décennies les États-Unis ont fixé des intérêts clés dans la région, tels que la lutte contre le terrorisme et l'arrêt de la proliférationdes armes nucléaires, la garantie de la libre circulation des marchandises, et la sauvegarde de la sécurité dans la région, en se portant garant de la sécurité d'Israël tout en recherchant la paix israélo- arabe.

    Il a, toutefois, admis qu' une stratégie "basée uniquement sur l'étroite poursuite de ces intérêts" et l'incapacité à changer l'approche des États-Unis courrait le risque d' "approfondir la spirale de la division" entre les Etats-Unis et les communautés musulmanes.

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  • La Roumanie participera à la mise en place du glacis US en Europe

    Dans le cadre du projet de bouclier antimissile censé protéger l'Europe, Bucarest et Washington ont franchi une nouvelle étape mardi en choisissant le site qui doit accueillir les missiles intercepteurs terrestres, a annoncé le président roumain, Traian Basescu.

    "Nous avons approuvé l'installation du dispositif sur l'ancienne base aérienne de Deveselu, dans le comté d'Olt", a-t-il déclaré, cité par l'Agence France-Presse.

    Le choix de Deveselu s'est fait sur la base de 120 paramètres de sécurité. Près de 200 militaires américains doivent être affectés sur cette base, située à 230 kilomètres à l'ouest de Bucarest, à une centaine de kilomètres de la Bulgarie. Le site accueillera 24 missiles intercepteurs SM3 de nouvelle génération et sera en fonction dès 2015.

    Un investissement de 400 millions de dollars sera nécessaire pour rendre opérationnelle cette base de 700 hectares, fermée en 2002.

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  • Le projet Rivkin : Comment assujettir des nations souveraines.

    Christian Pierret, Président du Cercle Jefferson et Charles Rivkin, Ambassadeur américain à Paris, se sont rencontrés dans les salons de l’ambassade américaine. Lors de cet entretien amical, ils ont largement évoqué les problèmes internationaux, notamment la crise financière et économique, et les relations franco-américaines. A la fin de leur rencontre, les deux hommes se sont donné rendez-vous très prochainement pour approfondir leur relation.

    Du 19 au 22 Octobre 2010, Charles Rivkin, ambassadeur américain en France, a invité une délégation de 29 membres du Pacific Council on International Policy (PCIP) à une conférence en France, dont le but déclaré était de discuter des présences arabes et islamiques dans le pays. [1] La réunion faisait partie d’un vaste programme subversif ayant pour objectif de transformer l’ensemble du caractère de la France, et en particulier la conscience de la jeunesse française, programme comprenant l’utilisation des jeunes musulmans de France dans une stratégie mondialiste typiquement manipulatrice et se cachant derrière l’habituel paravent des « droits de l’homme » et de l’« égalité ». »

    Le meilleur moyen de résoudre les conflits ethniques en France et de s’assurer que la France ne relèvera pas la tête pour s’opposer aux intérêts mondialistes US, c’est de créer une nouvelle synthèse culturelle dans laquelle il n’y aurait plus de culture française ou islamique, mais, sous l’étiquette des « droits de l’homme » et de l’ « égalité », une culture d’adolescents alimentée par Hollywood, MTV, le cyberespace, McDonald’s et Pepsi.

    Il faut donc inclure ici une redéfinition de l’Histoire de France, et y mettre l’accent sur le rôle des minorités non-françaises dans l’ensemble de cette histoire redéfinie. Cela sous-entend que la génération de jeunes américains Pepsi/MTV, ainsi que leurs guides/mentors issus des universités, serviront de repéres (de phares) en vue d’une transformation (formattage) de la culture française, et une ré-écriture de l’Histoire de France selon un schéma mondialiste. Pour y parvenir, il faut : « poursuivre et intensifier nos efforts visant les musées français, ainsi que les éducateurs français, afin qu’ils se plient à une réforme des programmes d’histoire enseignés dans les établissements scolaires français ». (NDLR, revoir : septembre 2010, réforme des cours d’histoire des collèges français).

    "Le programme globaliste visant la France est déclaré suffisamment clairement : c’est la ré-éducation de la jeunesse française"

    La doctrine Rivkin pour la France –qui, selon le document divulgué, doit être conduite de manière subtile– est un vaste programme subversif pour transformer en particulier les jeunes en clones mondiaux dépourvus d’identité culturelle, tout en procédant, à la manière de la « double pensée » orwellienne, au nom du « multiculturalisme ».

    J'ai trouvé ce projet et j'ai trouvé interessant de le faire connaitre la suite de l'article se trouve sur les sources citees plus bas en anglais et traduit...à vous de voir, ce que la mondialisation dans les mains de quelques personnages de toute evidence tres fort dans les thèmes manipulations...

     

    source :

    http://www.medialibre.eu/france/le-...

    the-rivkin-project-how-globalism-uses-multiculturalism-to-subvert-sovereign-nations

    http://www.christianpierret.net/201...

    http://notre-avenir.info/?p=202

    par Lorelei mardi 26 avril 2011


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  • SOFT POWER US et soulèvements arabes

    Les Etats-Unis utilisent des procédés expérimentés durant la guerre froide en Europe

    Plusieurs organisations financées par l'Etat américain ont joué un rôle en amont dans les soulèvements du monde arabe, révèle le New York Times.

    Parmi celles-ci : l'ONG Freedom House, basée à Washington, ainsi que l'International Republican Institute et le National Democratic Institute,  organisations affiliées aux deux grands partis américains. Si ces organisations n'ont pas déclenché les hostilités contre les autocrates locaux, cela fait plusieurs années qu'elles contribuent au financement et à la formation des militants prodémocratie dans la région, souligne le quotidien américain.

    Elles ont notamment apporté leur soutien aux dirigeants du mouvement de la jeunesse du 6 avril en Egypte, du Centre pour les droits de l'homme de Bahreïn, ainsi qu'au jeune leader yéménite Entsar Qadhi.

    Télécharger l'article du New York Times : U.S. Financed Groups Had Supporting Role in Arab Uprisings

    Source du texte : COURIER INTERNATIONAL


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  • Dollar et Empire Americain

     Cette vidéo explique :

    - Pourquoi le Dollar est aujourd’hui utilisé dans les échanges commerciaux internationaux et l’implication sur le Dollar de cette utilisation

    - La relation entre le Dollar et l’Empire américain

    - Pourquoi l’utilisation du Dollar permet le tranfert de richesse du reste du monde vers les États-Unis

    - À quoi s’attendre quand la projection militaire de l’Empire disparaît

    par EconomieNet 


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  • L'ami-ricain Sarkosy dans ses oeuvres

    Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 10/03/2011 à 13:58, mis à jour à 14:44

    video liée : Vergès sur la mise à sac de l’ambassade à Paris à visionner jusqu'au bout pour comprendre la relation
     
    Sarkozy pourrait proposer des "frappes ciblées" sur la Libye

    Nicolas Sarkozy et Mouammar Kadhafi le 25 juillet 2007 à Tripoli.  

    REUTERS/Pascal Rossignol

    Alors que la France vient de reconnaître l'opposition libyenne, le régime de Kadhafi assure détenir "un grave secret" de nature à faire chuter le président de la République.

    Les relations se tendent un peu plus entre la France et la Libye. La France a reconnu ce jeudi matin la résistance libyenne comme "seul représentant légitime du peuple". C'est le premier pays à franchir cette étape. Selon une source proche du dossier, Nicolas Sarkozy va également proposer à l'Union européenne des "frappes aériennes ciblées" en Libye. 

    Quelques heures plus tard, le régime de Kadhafi a affirmé, via l'agence officielle du pays, que la révélation d'un "grave secret" allait entraîner la chute du président français Nicolas Sarkozy. L'agence officielle libyenne Jana a annoncé avoir "appris qu'un grave secret va entraîner la chute de Sarkozy, voire son jugement en lien avec le financement de sa campagne électorale". 

    Cette annonce, reprise par la télévision officielle, est survenue peu après la reconnaissance par Paris du Conseil national de transition libyen et sa décision d'envoyer prochainement un ambassadeur à Benghazi. Le régime de Kadhafi menace par ailleurs de rompre tout lien diplomatique avec la France.

    note Webrunner : on a pas fini d'en payer le prix de cette politique étrangère à la c..

    Comme d'hab, ce sont les ricains qui vont rafler la mise et les français qui vont casquer !!!


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  • Les USA réservent à Kadhafi le sort de Saddam Hussein (expert)

    Les Etats-Unis tenteront sans doute d'éliminer Mouammar Kadhafi ou de le capturer, a supposé mardi le colonel Igor Korotchenko, rédacteur en chef de la revue Défense Nationale.

    "Les Etats-Unis réservent de toute évidence à Mouammar Kadhafi le sort de Saddam Hussein. Le guide de la révolution libyenne serait soit liquidé par une frappe aérienne soit capturé pour être condamné à mort par les nouvelles autorités libyennes avec l'accord tacite de Washington", a déclaré l'expert dans une interview à RIA Novosti.

    Selon M.Korotchenko, les Américains peuvent aussi imposer un blocus total de la côte libyenne et utiliser des missiles de croisière Tomahawk pour frapper la résidence de Kadhafi, les postes de commandement et l'état-major des forces armées de Libye, paralysant la direction militaire et l'administration de l'Etat.

    "C'est justement pour cela que les Etats-Unis regroupent à présent leurs forces et moyens dans la région et que deux porte-avions américains ont mis le cap sur les côtes libyennes", a-t-il fait remarquer.

    Dans le même temps, l'expert a exclu une opération terrestre du Pentagone contre la Libye.

    "Au stade actuel, cela est très peu probable", conclut M.Korotchenko.

    http://fr.rian.ru/world/20110301/188747262.html http://fr.rian.ru/world/20110301/188747262.html


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  • Effondrement généralisé du protectorat américain sur le monde arabe


    Fondamentalement, on peut considérer que les évènements en Tunisie et en Egypte ont joué un rôle de double déclencheur arrachant brutalement tout le monde arabe (et donc la région du Moyen-Orient) au monde d'avant la crise, un monde caractérisé par l'omniprésence d'une puissance tutélaire, les Etats-Unis, gérant les déséquilibres de cette région avec deux seules préoccupations : maîtriser le prix du pétrole et assurer la sécurité d'Israël…

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  • Le veto américain à l'ONU

    Le veto américain à l'ONU sur la politique de colonisation israélienne entame la crédibilité des Etats-Unis

    L'Egypte a dénoncé samedi le 83e veto américain au Conseil de sécurité de l'ONU, bloquant un projet de résolution arabe condamnant la politique de colonisation israélienne, et estimé que la "crédibilité" de Washington comme médiateur avait été entamée.

    Susan Rice.jpg

     

    Le veto de vendredi "a déçu les espoirs du peuple non seulement palestinien et arabe, mais aussi au niveau international", a indiqué le ministère égyptien des Affaires étrangères dans un communiqué.

    Ce veto "qui contredit les déclarations américaines rejetant la politique de colonisation, entamera encore plus la crédibilité des Etats-Unis comme médiateur des efforts de paix", selon le communiqué.

    Le projet de résolution, parrainé par quelque 130 pays, réaffirmait que "les colonies israéliennes établies dans les territoires palestiniens occupés depuis 1967, y compris Jérusalem-Est, sont illégales et constituent un obstacle majeur à la réussite d'une paix juste, durable et globale".

    Les 14 autres membres du Conseil ont voté en faveur de la résolution.

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  • Belgique : Pieter de Crem, pion des Etats-Unis ?

    WikiLeaks révélait la semaine dernière les actions du ministre de la Défense Pieter De Crem pour encourager l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan. Il s'expliquait ce matin devant la commission Défense de la Chambre.

    Selon les révélations de Wikileaks relayées par le Standaard, Pieter De Crem aurait soufflé certaines questions à l'ambassadeur des Etats-Unis, quelques questions qu'Hillary Clinton devrait poser pour faire pression sur le gouvernement belge afin de renforcer l'engagement militaire en Afghanistan.

    Pour le Député sp.a, Dirck Vandermaelen, ces révélations attestent du manque de fiabilité du ministre de la Défense : "Je me pose la question, si c'est un ministre belge de la Défense ou est-ce qu'on a un sous-sous-ministre des Etats-Unis qui gère notre Défense en Belgique ?". 

    Existe t-il d'autres Pieter de Crem en Europe ?

    Source : RTBF.BE


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    le X47B

    Pour son premier vol, le drone X47B, de Norththrop Grumman, a démontré qu’il savait piloter. L’appareil, à réaction et de la taille d’un avion de chasse, peut assurer une mission entière sans assistance. Il sait même se poser sur un porte-avion et se faire ravitailler en vol. Pour l’instant, ces prouesses sont réservées aux militaires. Mais demain ?

    De la base militaire d’Edwards a décollé vendredi dernier un avion assez curieux. Un réacteur est installé sur sa voilure delta et il n’a pas de dérive (l’habituel plan vertical de l’empennage arrière). Au sol, il n’est pas discret, avec sa longueur d’environ 11 mètres et son envergure de 18 mètres. Il l’est cependant en vol, avec une signature radar faible (c’est d’ailleurs la raison de la position haute du réacteur). Il n'y a pas de pilote : c'est un drone.

    Ce n’est pas un inconnu : le X47B est le frère du X47A, un démonstrateur réalisé par Norththrop Gumann pour l’armée des États-Unis dans le cadre du programme UCAS-D (Unmanned Combat Air System Demonstration). Le X47A a effectué son premier vol en 2003. Le projet est celui d’un drone complètement autonome capable d’assurer sa mission du décollage à l’atterrissage sans aucune assistance humaine.

    Cette deuxième génération est destinée à entrer en service réel dans quelques années. Il volera jusqu’à 12.000 mètres à 800 km/h et emportera une charge utile de plus de 2 tonnes.

    De nombreuses améliorations ont été apportées et notamment parce que l’engin est destiné à la Marine. Le X47B doit donc savoir se poser sur un porte-avion, un exercice qui n’a rien de simple pour un pilote humain. L’engin est prévu pour des missions longues et doit donc également savoir effectuer seul un ravitaillement en vol. Ces deux démonstrations-là n’ont pas encore été faites. Cinquante vols sont programmés cette année sur la base d’Edwards (avec deux appareils) et c’est en 2013 que commenceront les tests en milieu marin et les atterrissages sur porte-avion.

     


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  • L’espionnage US géné en Tunisie




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  • Lockheed Martin : "Big Brother" militaro-industriel américain

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    Avez-vous remarqué que Lockheed Martin, le géant de l’armement, vous suit partout ? Non ? Alors, c’est que vous n’avez pas fait trop attention. En d’autres termes, si vous avez une vie, il y a des chances que Lockheed Martin en fasse partie. 

    Lockheed Martin.pngIl est vrai que Lockheed Martin ne gouverne pas vraiment les Etats-Unis mais parfois c’est tout comme. Après tout, la société a reçu 36 milliards de dollars de contrats du gouvernement [américain] pour la seule année 2008, soit plus que n’importe quelle autre société dans toute l’histoire des Etats-Unis. Elle travaille à présent pour plus d’une vingtaine d’organismes gouvernementaux, depuis le ministère de la Défense et le ministère de l’Energie jusqu’au ministère de l’Agriculture et l’Agence de Protection de l’Environnement. Elle participe à la collecte et à l’analyse de renseignements pour le compte de la CIA, du FBI, du fisc (Internal Revenue Service, IRS), de l’Agence de sécurité nationale (NSA), du Pentagone, du Bureau du recensement, de la Poste.

     

    Ah oui, et puis Lockheed Martin a aussi participé à la formation des gentils agents de sécurité qui vous palpent à l’aéroport. Naturellement, l’entreprise produit des bombes à fragmentation, conçoit des armes nucléaires, et fabrique le F-35 Lightning (un avion de combat cher et peu performant, dont la production connaît des retards importants et qui doit pourtant être acheté dans plus d’une dizaine de pays) – la liste est longue en matière d’armement. Mais depuis quelque temps, l’entreprise ne se contente plus d’être un marchand d’armes classique : elle mène sa propre politique étrangère ; cela passe par le recrutement d’interrogateurs pour les prisons américaines à l’étranger (dont Guantanamo à Cuba et Abou Ghraib en Irak), l’organisation d’un réseau de renseignement privé au Pakistan, ou encore une participation à la rédaction de la constitution afghane.


    Un futur gouvernement à but lucratif ?

    Si cela ne vous suffit pas, pensez simplement à la taille de Lockheed Martin. L’entreprise reçoit un dollar sur 14 distribués par le Pentagone. Ses contrats avec le gouvernement, si l’on y pense, reviennent à un "impôt Lockheed Martin" de 260 dollars par foyer fiscal américain, aucun autre marchand d’armes ne dispose d’autant d’argent pour défendre ses intérêts. Pour la seule année 2009, l’entreprise a dépensé 12 millions de dollars en opérations de lobbying à destination du Congrès et en donations à des partis politiques. Il ne faut pas s’étonner si Lockheed Martin est le principal contributeur de la campagne du nouveau président de la commission de la défense de la Chambre des Représentants, le Républicain californien Howard P. McKeon (surnommé Buck), à qui elle a donné plus de 50.000 dollars lors de la dernière élection. Elle figure aussi parmi les principaux donateurs en faveur du sénateur démocrate de Hawai, Daniel Inouye, puissant président de la commission d’affectation des finances du Sénat, qui se qualifie lui-même de "gars le plus sympa du Congrès américain".

    Si l’on ajoute à cela que Lockheed Martin a 140.000 employés et se dit implanté dans 46 Etats des Etats-Unis, la puissance de cette entreprise commence à apparaître plus clairement. Même si ses activités de lobbying restent le plus souvent cantonnées dans les bornes de la légalité la plus stricte, l’entreprise a tout de même un beau palmarès en matière d’infractions à la loi : elle est en tête de la base de données des "entreprises fautives" constituée par la "Project on Government Oversight", association de surveillance basée à Washington [qui suit de près les dérives des entreprises ayant des marchés avec l’Etat].


    Si vous avez une vie, il y a des chances que Lockheed Martin en fasse partie

    Comment se fait-il que Lockheed Martin soit devenu davantage qu’un simple fournisseur de l’Armée ? La société a commencé à se diversifier hors du secteur de l’armement au début des années 1990. A cette époque, le bon vieux Lockheed (qui n’avait pas encore fusionné avec Martin Marietta) a acheté Datacom Inc., un prestataire de services aux collectivités gouvernementales et locales, et en a fait le noyau d’une nouvelle entité, Lockheed Information Management Services (IMS). A son tour, l’IMS a réussi à obtenir des contrats dans 44 Etats et dans plusieurs pays étrangers, pour des tâches allant du recouvrement des amendes de stationnement et des péages à la gestion de stages destinés à remettre les bénéficiaires d’aides sociales au travail, en passant par la chasse aux "papas mauvais payeurs" [ne payant pas la pension alimentaire de leur enfant]. Il en a résulté un certain nombre d’échecs qui ont fait du bruit, mais bon, on peut se tromper, non ?

    Sous la pression de Wall Street qui l’enjoignait de se recentrer sur son métier fondamental – les instruments de destruction – Lockheed Martin a revendu IMS en 2001. Cependant, le goût pour les activités non liées à l’armement – surtout le recueil et l’analyse de données – lui était resté et l’entreprise se tourna donc vers le gouvernement fédéral, qui lui accorda rapidement des marchés avec, entre autres, le fisc, le Bureau du recensement et la Poste.

    Bilan : Lockheed Martin a quelque chose à voir avec presque tous les contacts que vous pouvez avoir avec l’Etat. Vous payez vos impôts ? Lockheed Martin est là. La société est même en train de mettre au point un système qui centralise les données relatives à tous les contacts que le contribuable peut avoir avec le fisc, depuis les coups de fil jusqu’aux rendez-vous.

    Voulez-vous être compté dans le cadre du recensement ? Lockheed Martin s’en occupe. L’entreprise est responsable de trois centres – Baltimore, Phoenix et Jeffersonville – qui recevaient jusqu’à 18 semi-remorques par jour remplis de courriers au plus fort du recensement de 2010. Pour la somme de 500 millions de dollars, Lockheed Martin est en train de mettre en place le DRIS (Decennial Response Information Service) qui sera chargé de la collecte et de l’analyse de données, d’où qu’elles viennent, depuis les appels téléphoniques ou l’Internet jusqu’aux visites personnelles [porte-à-porte effectué par les agents du recensement]. Le DRIS constituera "un gigantesque filet destiné à ne laisser passer aucune donnée, d’où qu’elle vienne", explique Preston Waite, directeur associé du Bureau du recensement.

    Vous devez expédier un colis à l’autre bout du pays ? Les caméras de Lockhhed Martin scanneront les codes barres et reconnaîtront les adresses, de telle sorte que votre colis sera trié "sans intervention humaine", comme le dit le site de l’entreprise.

    Vous avez l’intention de commettre un crime ? Réfléchissez-y à deux fois. Lockheed Martin s’occupe du Système intégré d’identification automatique des empreintes digitales (IAFIS) du FBI, une base de données contenant 55 millions de paires d’empreintes digitales. L’entreprise fabrique aussi des appareils d’identification biométrique, qui sauront qui vous êtes en scannant votre iris, en reconnaissant votre visage ou en inventant de nouvelles méthodes de recueil de vos empreintes digitales ou de votre ADN. Comme l’entreprise aime à le dire, son but est de faire de la vie (et des données personnelles) de tout un chacun un "livre ouvert", ce qui, bien sûr, est d’une grande utilité pour nous tous. "Grâce à la technologie biométrique, les gens n’ont plus besoin de se préoccuper de retenir un mot de passe ou d’amener des pièces d’identité multiples. La vie est devenue un peu plus facile", proclame Lockheed Martin.

    Etes-vous un New-Yorkais inquiet devant un "colis suspect" sur un quai de métro ? Lockheed Martin s’en est occupé aussi, grâce à un contrat avec l’autorité en charge des transports new-yorkais (la MTA), qui prévoyait l’installation de trois mille caméras de sécurité et senseurs de mouvement visant à repérer les colis suspects, ainsi que les gens qui les transportent, et à alerter les autorités. Le bémol : les caméras n’ont pas fonctionné comme annoncé et la MTA a congédié Lockheed Martin et annulé le contrat, d’une valeur de 212 millions de dollars.

     

    Recueil d’informations vous concernant

    Si vous trouvez un tout petit peu inquiétant que la même entreprise qui fabrique des missiles balistiques traite également vos impôts, classe vos empreintes digitales, scanne vos colis, fasse en sorte que ce soit plus facile que jamais de recueillir votre ADN, et vous compte pour le recensement, soyez tranquille : Au XXIe siècle, Lockheed Martin a plus que jamais envie de s’immiscer dans votre vie privée par le biais du recueil de renseignements et la surveillance.

    Tim Shorrock, auteur d’un livre qui a fait date, Spies for Hire (Espions à louer), a dépeint Lockheed Martin comme "le fournisseur militaire et le réseau privé de renseignement le plus important du monde". En 2002 déjà, la société s’est lancée dans le programme "Total Information Awareness" (TIA), cher au cœur de l’Amiral John Poindexter, ancien conseiller à la Sécurité nationale [du président Reagan]. Cette base de données géante, destinée à recueillir, au nom de la lutte contre le terrorisme, les numéros de téléphone, de cartes de crédit et un tas d’autres données personnelles des citoyens américains, s’est finalement vue retirer son financement par le Congrès l’année suivante, mais le doute subsiste selon lequel l’Agence de sécurité nationale conduirait secrètement un programme du même type.

    En attendant, depuis 2004 au moins, Lockheed Martin travaille avec le Pentagone dans le cadre du CIFA (Counterintelligence Field Activity) qui collecte et stocke des données personnelles de citoyens américains dans une base de données connue sous l’appellation de "Threat and Local Observation Notice" [Menaces et observations locales] (et surtout sous son acronyme plus spectaculaire TALON). Même si le Congrès a mis fin en 2007 à l’aspect renseignement intérieur de ce programme (et à supposer que le Pentagone ait obéi aux ordres du Congrès), le CIFA continue de fonctionner. En 2005, le spécialiste des affaires militaires et du renseignement au Washington Post, William Arkin, a révélé que, même si la base de données n’était destinée qu’à surveiller les suspects de terrorisme, de trafic de drogue ou d’espionnage, il suffisait en fait que « n’importe quel détective militaire ou commandant zélé décide qu’une personne présente une “menace pour l’Armée” pour pouvoir l’inclure dans la base de données. Parmi ces citoyens représentant une "menace" espionnées par le CIFA, on trouvait des militants anti-guerre. Dans le cadre du CIFA, Lockheed Martin ne se contentait pas de surveiller les renseignements: l’entreprise était amenée à "estimer les menaces de demain" (pas vraiment gênant pour un géant de l’armement pour qui l’opposition à la guerre est une menace !).

    Lockheed Martin est aussi intimement lié au fonctionnement de l’Agence de sécurité nationale (NSA), qui est le premier réseau d’espionnage américain. En plus de fabriquer des satellites espions pour la NSA, la société est en charge du "Project Groundbreaker" [Projet Pionnier], une modernisation du réseau informatique et téléphonique interne de l’Agence, programmée sur 10 ans, pour un montant de 5 milliards de dollars.

    Quand le président Eisenhower a mis en garde les Américains contre les dangers de "l’influence illégitime … exercée par le complexe militaro-industriel", il ne pouvait pas se douter qu’un marchand d’armes s’immiscerait un jour à ce point dans tant d’aspects de la vie américaine.

    Pendant que Lockheed Martin est peut-être en train de vous surveiller chez vous – c’est mon candidat personnel au titre de "Big Brother" du XXIe siècle – à l’étranger la société est impliquée dans des activités douteuses qui vont bien au-delà du simple fait de fournir des armes à des régions en conflit. Outre les interrogateurs recrutés, on le sait, pour les prisons américaines à l’étranger, de Guantanamo à l’Afghanistan (et les accusations d’abus qui allaient avec), le vrai scandale qui entoure l’entreprise est qu’elle a supervisé un programme d’assassinats au Pakistan. A l’origine, cela ne devait être qu’une opération de recueil d’informations à l’aide d’entreprises privées chargées de générer des données que la CIA et les autres services de l’intelligence US ne pouvaient censément pas obtenir seuls. En fait, il s’avéra que les informations fournies par ces entreprises servaient aux Forces spéciales de l’Armée US pour leurs opérations de chasse et de liquidation des chefs talibans ou présumés tels.

    Les entreprises privées impliquées étaient sous la responsabilité de Lockheed Martin, suite à un contrat de 22 millions de dollars avec l’Armée US. Deux petits problèmes, soulignés par le journaliste du New York Times, Mark Mazetti : "L’armée américaine n’est pas autorisée à opérer au Pakistan. Et les règles du Pentagone interdisent à l’armée de sous-traiter des missions d’espionnage à des entreprises". Comme dans le scandale Iran/Contras au cours des années 1980, qui a vu Oliver North établir un réseau de sociétés-écrans afin de contourner la loi interdisant la livraison d’armes à des groupes paramilitaires au Nicaragua, l’armée a utilisé Lockheed Martin pour échapper aux règles limitant les activités militaires et de renseignement américaines au Pakistan. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que l’un des responsables de réseau chapeauté par Lockheed Martin soit Duane "Dewey" Claridge, un ancien de la CIA mouillé jusqu’au cou dans l’affaire des Contras.

     

    Un Big Brother du XXIe siècle

    Les interventions de Lockheed Martin en politique étrangère ont aussi un côté plus avenant : recrutement d’observateurs pour les élections en Bosnie et en Ukraine, tentative de réforme du système judiciaire au Libéria, participation à l’élaboration de la constitution afghane. Ces projets ont pour l’essentiel été réalisés sous l’égide de la division PAE de l’entreprise [Pacific Architects and Engineers], une société qui, avant qu’elle ne soit absorbée par Lockheed Martin, s’est enrichie grâce à la construction et à l’entretien de bases militaires pendant la guerre du Vietnam.

    Toutefois, le côté "soft power" des activités de Lockheed Martin (tel que décrit sur son site web) risque de perdre beaucoup d’importance, l’entreprise ayant mis PAE en vente. N’ayons aucune crainte : la perte des revenus générés par ces activités sera plus que compensée par un nouveau marché pluriannuel de 5 milliards de dollars passé avec l’armée US pour fournir un soutien logistique aux Forces spéciales américaines dans des dizaines de pays.

    Tout ce qui précède n’est qu’un petit résumé des activités de Lockheed Martin. Il faudrait plusieurs volumes pour rendre compte de toute l’étendue de ce "gouvernement de l’ombre". Lockheed Martin n’est-il pas le premier fournisseur non seulement du Pentagone, mais aussi du ministère de l’Energie ? le deuxième du Département d’Etat, le troisième de la NASA, le quatrième du ministère de la Justice et de celui du Logement et Développement urbain ? Rien que de dresser la liste des organismes gouvernementaux et quasi-gouvernementaux avec lesquels la société a passé des marchés relève de la gageure mais voici néanmoins une liste partielle :

    • ministère de l’Agriculture,
    • Bureau de l’Aménagement du territoire,
    • Bureau du Recensement,
    • Garde-côtes, ministère de la Défense (comprenant l’Armée de terre, la Marine, les Marines, l’Armée de l’air, l’Agence de défense antimissile),
    • ministère de l’Education,
    • ministère de l’Energie,
    • Agence de protection de l’environnement,
    • Administration fédérale de l’aviation,
    • FBI,
    • Département fédéral de technologie,
    • Food and Drug Administration,
    • Administration des services généraux,
    • Service géologique, ministère de la Sécurité intérieure,
    • Bureau des Affaires indiennes,
    • Fisc,
    • NASA,
    • Institut national de la santé,
    • Département d’Etat,
    • Administration de la sécurité sociale,
    • Douanes,
    • Poste,
    • ministère des Transports,
    • Agence de sécurité des transports,
    • ministère des Anciens Combattants.

    Quand le président Eisenhower, il y a cinquante ans ce mois-ci, a mis en garde contre les dangers de "l’influence illégitime, voulue ou non, exercée par le complexe militaro-industriel", il était loin de se douter qu’un seul marchand d’armes s’immiscerait à ce point dans tant d’aspects de la vie américaine. Lockheed Martin a fait de l’inquiétante prophétie d’Eisenhower lancée au milieu du siècle dernier une réalité du XXIe siècle : rien de ce que fait le gouvernement n’échappe plus au Big Brother militaro-industriel.

    Je me sens déjà plus rassuré.

    William D. Hartung 
      

    Source du texte : TomDispatch.Com (Traduction : POLEMIA)


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