• Une République ploutocratique

    Alors que la France avait déjà la réputation d’un pays de grévistes à l’étranger, image qu’est venu parfaire le fiasco ultra médiatisé de notre équipe de foot en Afrique du Sud, il faudra désormais compter avec une étiquette supplémentaire : celui d’un pays corrompu, ou des hommes politiques peu recommandables prospèrent en toute impunité. 

    Il ne se passe pas un jour en effet, sans qu’un nouveau mensonge de la part de nos hommes politiques, ne soit débusqué dans l’affaire Bettencourt, et aussitôt relayé dans la presse internationale. <o:p></o:p>

    Si les membres de l’UMP ont été les premiers à stigmatiser le comportement des bleus pendant la coupe du monde, l’affaire Bettencourt, et les mensonges patents rabattus par nos hommes politiques au fil des jours, sous les yeux du monde entier, auront durablement fait gagner à la France ses galons de pays de menteurs. <o:p></o:p>

    La grande distribution des légions d’honneurs et autres médailles à ceux grâce à qui le mensonge est diffusé sur les ondes , venant compléter le tableau. <o:p></o:p>

    Sur les plages de Rio de Janeiro et partout à la surface du globe où vous irez, on ne vous serinera plus avec Zidane ou Jacques Chirac, un grand sourire en coin ; on évitera simplement de vous parler de Ribery et de Sarkozy pour ne pas remuer le couteau dans la plaie. <o:p></o:p>

    Et sous la terre, De Gaulle doit se retourner dans sa tombe en observant ses soi-disant fils spirituels, engagés avec tant de désinvolture et de mépris sur la voie du déshonneur. <o:p></o:p>

    Ses enfants prodigues et non pas prodiges, ont pris les rênes d’une « République » où le mensonge a été érigé en valeur suprême à la place de la vérité. Et ce, au vu et au su de tous, face à une Justice impuissante ou corrompue, elle aussi. Une « République » où le déshonneur a d’ailleurs remplacé l’honneur, et dans laquelle le mot « vertu » ne signifie plus rien. <o:p></o:p>

    Une « démocratie » qui est de fait réduite à l’état de ploutocratie. <o:p></o:p>

    Du grec ploutos, qui signifie richesse et kratos, qui signifie pouvoir. Il s’agit d’un système de gouvernement où l’argent constitue la base principale du pouvoir et par lequel une élite maintient un statut quo social pour conserver ses privilèges. <o:p></o:p>

    Cette ploutocratie est jugée par certains comme « un argument » dans le débat politique, plutôt qu’une réalité concrète. Mais ceci est encore un élément de langage de ceux qui ont le pouvoir, pour faire durer le plus longtemps possible l’illusion du leurre démocratique. <o:p></o:p>

    Ceux qui en doutaient encore en ont une confirmation avec l’affaire Bettencourt : il n’y a en France ni « démocratie », ni « république », ni « Etat de droit », mais bien un pouvoir oligarchique qui s’assume de mieux en mieux à mesure qu’il n’est jamais contesté sérieusement. <o:p></o:p>

    Nicolas Sarkozy est d’ailleurs très certainement le premier homme politique à avoir compris que l’on pouvait tout se permettre pourvu que l’on maîtrise les sacro-saints médias. <o:p></o:p>

    Dans ces conditions, le vote ne sert à rien d’autre qu’à donner aux citoyens l’illusion qu’ils participent. Tout comme les manifestations leur donnent l’illusion qu’ils contestent. D’ailleurs, dans son dernier discours télévisé, Nicolas Sarkozy n’a même pas pris la peine de feindre craindre un soulèvement populaire tellement il est assuré de son pouvoir. <o:p></o:p>

    Le pire, c’est qu’il a certainement raison. Il n’a rien à craindre, ni des juges, ni du peuple. Et le peuple Français justement, n’a peut-être que le gouvernement qu’il mérite. Il est certes dans la situation d’un cheval harnaché, mais jamais il ne rue au-delà de ce qui est autorisé. <o:p></o:p>

    Chacun est occupé à ses petits problèmes. Et si l’égoïsme et le mensonge règnent dans notre société, il n’y a pas de raisons que ces « anti-valeurs » ne siègent pas aussi à L’Elysée. <o:p></o:p>

    Aujourd’hui, force est de constater que ceux qui veulent changer les choses, ou parlent de politique avec trop de sérieux, sont moqués pour leur idéalisme, ou passent pour des hurluberlus… <o:p></o:p>

    Et les intellectuels en vue, Les BHL, Finkielkraut & co, se gardent bien de critiquer le pouvoir ou d’écrire des pamphlets à l’encontre de nos néo despotes. Eux aussi préfèrent s’asseoir avec les riches et se gaver au banquet de la « République » plutôt que de montrer qu’ils sont des hommes libres. <o:p></o:p>

    Suis-je réactionnaire pour écrire des choses pareilles ? J’aimerais bien avoir votre avis sur la question. <o:p></o:p><o:p></o:p>

    par emmanuelGiordano lundi 19 juillet 2010

    video liée : fusion libéral-libertaire


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  • Trois cents militaires déployés à Saint-Aignan

    AFP

    Trois cents militaires déployés à Saint-Aignan après l'attaque de 
la gendarmerie

    La commune de Saint-Aignan, 3.400 habitants, a été réveillée dimanche matin par un inhabituel face-à-face entre gendarmes et gens du voyage ©

    Près de 300 militaires sont déployés autour de Saint-Aignan (Loir-et-Cher) dont la gendarmerie a été attaquée dimanche matin par des membres de la communauté de gens du voyage pour protester contre la mort d'un des leurs tué par un gendarme, a indiqué la préfecture. En fin d'après-midi, la préfecture du Loir-et-Cher avait parlé d'une centaine de militaires déployés. Les forces de l'ordre assureront la sécurisation et le contrôle de la zone et "s'opposeront à toute reprise de violence", selon un communiqué de la préfecture.

    La commune de Saint-Aignan, 3.400 habitants, a été réveillée dimanche matin par un inhabituel face-à-face entre gendarmes et gens du voyage. "Une cinquantaine d'individus, dont certains cagoulés et armés de haches, de gourdins, etc. ont dégradé les locaux du peloton d'autoroute et des cabines de péage à Saint-Romain", a expliqué la préfecture. "Ils se sont ensuite rendus à Saint-Aignan où ils ont commis de nouvelles dégradations : bris de vitres, dégradation de trois commerces, de panneaux, de feux tricolores de signalisation, tronçonnage d'arbres, incendie de deux véhicules", a-t-elle poursuivi, confirmant un récit livré à l'AFP par le maire de la commune.

    Cette opération de commando, commencée en début de matinée, a duré près de quatre heures, mais n'a pas fait de blessé. C'est la mort d'un homme, tué par les tirs d'un gendarme à Thésée (Loir-et-Cher), dans la nuit de vendredi à samedi lors d'une course-poursuite, qui a provoqué la colère de certains membres de la communauté des gens du voyage.

    L'homme abattu aurait eu peur d'un contrôle

    "Luigi", 22 ans, père d'une fillette de deux ans, a été tué après une course-poursuite. Le parquet de Blois a livré dimanche soir quelques précisions sur l'enchaînement des faits qui ont abouti à ce drame. Lors d'un premier contrôle de gendarmerie, la voiture à bord de laquelle se trouvait "Luigi" ne s'était pas arrêtée, emportant sur son capot un gendarme pendant près de 500 mètres. Celui-ci en était retombé à la faveur d'un virage, légèrement blessé. Au deuxième barrage, la voiture, avec cette fois deux occupants à son bord, l'un étant monté entre le premier et le deuxième contrôle, a fait mine de s'arrêter. Puis elle a de nouveau accéléré et foncé sur deux gendarmes. L'un des deux a alors tiré deux balles en direction du véhicule, qui a continué sa course. Le corps sans vie de la victime a été retrouvé à Saint-Romain-sur-Cher, à une dizaine de kilomètres du lieu de la fusillade, où réside une importante communauté des gens du voyage. Le deuxième occupant de la voiture est en fuite et recherché.

    Deux gendarmes, dont le tireur, ont été placés en garde à vue après les faits, puis relâchés, a précisé la substitute du procureur de Blois, Bénédicte Laude dimanche soir. Un membre de la famille de l'homme tué a été reçu au palais de justice de Blois. Selon les premiers éléments de l'enquête, l'homme aurait eu peur d'un contrôle, car il n'avait pas de permis de conduire. Mais il aurait également craint d'être arrêté alors qu'un vol venait d'être signalé dans la commune voisine.

    La solution Webrunner : il faut envoyer de toute urgence une assistante sociale pour gérer la situation

    ici  CV assistante sociale


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  • Des gens du voyage saccagent le centre de Saint-Aignan

    video ici

    PARIS (Reuters) - Plusieurs dizaines de gens du voyage ont attaqué dimanche à coups de hache et de barre de fer la gendarmerie de Saint-Aignan, dans le Loir-et-Cher.

    Selon Bénédicte Laude, substitut du procureur de la République de Blois, les agresseurs, une quarantaine, dont certains au visage dissimulé, avaient d'abord pris d'assaut le peloton de gendarmerie d'autoroute de Saint-Romain-sur-Cher.

    Puis, ils ont attaqué la brigade de gendarmerie de Saint-Aignan avant de se déchaîner dans le centre-ville, où ils ont abattu des arbres, incendié des voitures, saccagé des feux de signalisation et le mobilier urbain et dévasté une boulangerie, a-t-elle précisé à France-Info.

    Cette opération de commando, commencée en début de matinée, a duré près de quatre heures mais n'a pas fait de blessé.

    "On a demandé des renforts au niveau des enquêteurs pour pouvoir traiter ça le plus rapidement possible parce que, bien évidemment, la population de Saint-Aignan est extrêmement effrayée de tout ça", a ajouté Bénédicte Laude.

    C'est la mort d'un jeune homme vendredi soir, dans une course poursuite, après avoir forcé un barrage de gendarmerie, qui serait à l'origine de ce déchaînement de violence.

    Le maire de Saint-Aignan, Jean-Michel Billon, craint un regain de violence dans les prochaines heures. "Ces individus sont partis, apparemment pas très loin, pour mettre leurs voitures en sécurité et revenir", a-t-il déclaré à LCI.

    Emmanuel Jarry


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  • Footballistiques (par Jean-Paul Brighelli)

     

    Ainsi donc, l’équipe de France a perdu, et rentre à la maison. Au-delà de la première humeur, qui consiste à trouver grotesque ce feuilleton de quinze jours tissé de prétention, d’irrespect et d’incompétence sportive, à bien y réfléchir, on n’a guère envie de rire. Parce que ce qui suinte de ces trente morveux empreints de morgue, c’est le constat accablant d’une faillite — la nôtre.

     

     

    J’écris : « l’équipe de France » et non « la France », comme dans un quelconque quotidien sportif. Pourtant, c’est bien de cela qu’il s’agit : un pays en faillite intellectuelle et morale a envoyé en Afrique du Sud une équipe à son image. Des autistes enfermés derrière des écouteurs, afin de se protéger de tout discours de bon sens. Des milliardaires qui considèrent que l’argent qu’ils gagnent leur confère une vraie valeur — et qui confondent, comme tant de gens qui prennent exemple au sommet du pouvoir, l’être et l’avoir. Des enfants gâtés, experts en bouderies. De petits caïds qui pensent que leur loi est la bonne, et réclament à grands cris l'élimination du "traître" qui a dénoncé leurs règlements de comptes sous la douche. Des analphabètes qui font lire leurs déclarations par leur entraîneur. Des mal élevés, pour qui l’insulte remplace le raisonnement — et, de temps en temps, le coup de boule. Dès 2006, nous étions au parfum.

    Cela ne vous rappelle rien ? En haut, ce sont ces élites politiques calfeutrées derrière leur Rolex (ou leur Patek Philippe, l’effet est le même dès qu’on se met en tête de montrer sa montre ou de la tripoter à tout bout de champ (1)). En bas, ce sont les petites frappes de banlieue, dont la réussite sociale se mesure au nombre de décibels de la sono embarquée à bord de leur BMW : faire du bruit permet peut-être de camoufler le grand silence intérieur.

    Ces joueurs ont entre 20 et 30 ans. Ils sortent d’un système scolaire qui a failli, lui aussi — failli à leur enseigner les rudiments d’une culture, les rudiments d’une langue, les rudiments d’une civilisation. Les Huns sont de retour.

    Nous le savions déjà. La triche élevée au rang d’un art, j’en avais parlé déjà, en novembre dernier, pour signaler tout ce qui, dans le foot, était emblématique d’un malaise (2). Mais c’est bien un défaut de civilisation qu’il faut évoquer désormais. Ce n’est pas une équipe qui a été envoyée en Afrique du Sud, ce sont trente barbares.

    Moins un, peut-être. Au milieu de ces va-de-la-gueule s’était apparemment infiltré un bon élève, qui a été traité comme tel par ses petits camarades. Un garçon issu d’un autre milieu, dont le père fut prof de maths avant d’être entraîneur. Qui sort avec la fille de Villepin, au lieu de se taper une radasse décolorée — Ribéry serait-il du genre à croire qu’une pipe est meilleure en diamants qu’en bruyère ? Bref, Yohann Gourcuff ne se contente pas d’avoir une belle gueule et de bien jouer : il parle français. Performance inexcusable, apprend-on de diverses sources (3). Déjà, il y a deux mois, Natacha Polony racontait sur son blog ce qui arrive aux bons élèves — pardon : je voulais dire : aux sales intellos (4). Le quotidien des collèges s'est étalé sur les satdes du Mondial. Le monde entier en rigole encore. Le pays des droits de l'homme est devenu celui du droit des voyous. À qui la faute ?

    Non, non, je ne vais pas inculper une énième fois le pédagogisme : il est juste cohérent avec notre culture de l’inculture, pour reprendre la belle expression de Catherine Kintzler (5), qui ajoute : « La culture de l'inculture, la célébration de l'incivilité commencent à l'école, elles commencent quand on punit un professeur pour avoir giflé un élève insolent ou brutal, quand on tolère que la mode soit aux fautes d'orthographe et que l'ignorance devienne une « manière d'être » qu'il ne faut surtout pas « stigmatiser », quand on tolère que les cancres martyrisent les bons élèves. Alors commence le règne des petits caïds. »

    Allons un tout petit peu plus loin. Le déni d’école, cette volonté de ne pas transmettre, depuis une bonne trentaine d’années, ce qui a construit notre civilisation, sont à l’unisson d’une époque qui a fait de l’argent le dieu suprême, et de la faillite bancaire une image de la damnation. Que des gens prétendument de gauche — c’est la cas de la quasi totalité des « pédagos » — ne le comprennent pas est, en soi, le symptôme d’un malaise bien plus profond qu’on ne l’imaginait. On pouvait tolérer encore qu’une horde de footballeurs professionnels se comporte comme une harde de jean-foutre. Mais que des enseignants aient pu trouver bon, au nom de la liberté d’expression (« Va te faire enculer, sale fils de pute » — ça, c’est de la spontanéité…), de lâcher les rênes, là, vraiment, nous avons touché le fond.

    Je ne sais pas qui se lancera finalement dans la bataille électorale de 2012. J’espère juste que ce seront des femmes ou des hommes qui ont à cœur d’opérer un vrai redressement intellectuel, et d’en finir avec la faillite des mots et des idées. Des femmes ou des hommes qui, pour paraphraser le cardinal de Retz, seront autre chose que des zéros qui ne multiplient que parce qu’ils sont des chefs de parti.

     

    Jean-Paul Brighelli


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  •  Violents incidents après la mort d'un braqueur tué par la police

     

    De violents incidents ont éclaté dans la nuit de vendredi à samedi à Grenoble après la mort d'un braqueur de casino tué la nuit précédente lors d'un échange de tirs avec la police.

    Vers 02H30, un homme manifestant au sein d'un groupe d'une quarantaine de personnes a sorti une arme de poing et tiré en direction des forces de l'ordre. Celle-ci ont été mobilisées en grand nombre toute la nuit, notamment des CRS, dans le quartier de la Villeneuve, d'où était originaire le braqueur tué.

    Les policiers ont alors ouvert le feu afin de disperser la foule et d'"assurer leur sécurité".

    Par ailleurs, une trentaine de voitures ont été brûlées et un jeune a été arrêté dans la nuit, selon un bilan provisoire samedi matin de la police.

    "Pour les incendies de véhicule, on en est à plus de 30. Un magasin d'automobiles a été pillé et incendié", a déclaré à l'AFP la directrice départementale de la sécurité publique de l'Isère, Brigitte Jullien.

    C'est après une prière au mort récitée dans la soirée par un imam, écoutée en silence par une cinquantaine de jeunes rassemblés dans un parc, que la situation a dégénéré.

    De petits groupes de casseurs s'en sont pris à coups de battes à des abribus et un tramway, et des gaz lacrymogènes ont été tirés, a constaté une journaliste de l'AFP, qui a vu plusieurs incendies, notamment dans un garage, un centre de contrôle technique et une salle de musculation.

    La victime, Karim Boudouda, 27 ans, déjà condamné trois fois aux assises pour vol à main armée, avait trouvé la mort dans une course-poursuite après sa fuite du casino d'Uriage-les-Bains, près de Grenoble. Avec son complice, toujours recherché, il s'était fait remettre, sous la menace d'armes lourdes, le contenu de la caisse.

    La course-poursuite avait pris fin dans le quartier de la Villeneuve. "Les malfaiteurs ont arrêté leur véhicule... Ils ont ouvert le feu à au moins trois reprises vers les policiers", avait déclaré dans l'après-midi le procureur de la République de Grenoble, Jean Philippe.

    "Les policiers de la BAC ont alors riposté", touchant Karim Boudada à la tête, a-t-il précisé, évoquant la "légitime défense", une version contestée par les jeunes de la Villeneuve, qui crient vengeance et haine de la police.

    Sur place, les policiers ont retrouvé "un partie", voire "la totalité du butin", entre 20 et 40.000 euros, dans un sac à l'arrière du véhicule des malfaiteurs.

    Il s'agissait du troisième braquage de casinos de groupes français dans la région Rhône-Alpes et en Suisse voisine depuis quelques mois.

    Le 28 mars, le casino de Bâle, appartenant au groupe Tranchant, avait été braqué par un commando qui avait dérobé plusieurs centaines de milliers de francs suisses avant de passer en France.

    Et le 4 avril, le casino "Le Pharaon", un établissement du groupe Partouche, avait été braqué à Lyon par un commando de cinq hommes armés qui s'étaient emparés de plusieurs dizaines de milliers d'euros.

    Face à une recrudescence de violences dans la région depuis plusieurs mois, le secrétaire départemental du syndicat SGP-FO, Daniel Chomette a réclamé des "effectifs supplémentaires" pour sécuriser l'agglomération grenobloise, touchée par une récente vague de violences, assurant que la police avait "atteint un seuil de rupture".

    Enfin le député-maire PS de la ville, Michel Destot, a de nouveau réclamé la tenue d'un "Grenelle de la Sécurité urbaine qui réunisse, aux côtés des ministres compétents, les principaux élus et les préfets afin qu'une stratégie commune soit élaborée, notamment en terme d'affectation de moyens".

    Articles liés : La guerre civile à venir

    Le quartier de la Villeneuve à Grenoble vient de connaître une terrible nuit d’émeutes.

    Selon la police, tout a commencé par le braquage du casino d’Uriage-les-Bains. Les malfaiteurs, qui ont fui jusque dans le quartier de la Villeneuve, ont ouvert le feu sur les forces de l’ordre avec des fusils d’assaut, blessant un policier à la tête. Les policiers ont alors riposté, en état de légitime défense. L’un des deux braqueurs, Karim Boudada, a alors été tué. Agé de 27 ans, Karim Boudouda avait déjà été condamné trois fois aux assises pour vol à main armée.

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  • Pourquoi les communes fonctionnent mieux en Suisse qu’ailleurs ?

    Article placé le 13 juil 2010, par Frédéric Courvoisier (Genève)

    La Confédération suisse est répartie en trois niveaux: fédéral, cantonal, communal. La commune est la cellule fondamentale de cette structure fédéraliste. Elle est protégée juridiquement par la Constitution, en tant que communauté de citoyennes et citoyens. Du fait que chaque commune décide souverainement des objets qui la concernent, elle exprime son autonomie et exige ainsi une partie du pouvoir public qui lui revient en liaison avec le canton et la Confédération.

    schweiz

    Ce caractère irremplaçable d’autonomie communale, qui ne se met pas en concur rence avec le canton, permet un échange constant de perspectives et d’actions politiques et doit son existence à la conception de la démocratie directe et de la souveraineté du peuple.

    Les éléments fondamentaux du modèle helvétique


    L’assemblée communale est, selon la loi, le rassemblement des citoyennes et citoyens détenteurs de droits politiques pour s’oc cuper des affaires de la commune. Elle est le législatif aux larges compétences: elle surveille, en particulier, l’administration commu nale. Elle est convoquée en tant que rassemblement public et élit le conseil communal qui est l’exécutif. Tout citoyen a le droit d’y participer et d’être élu. Cette forme d’organisation communale est toujours en vigueur, même dans des communes d’une certaine importance.

    Dans les villes et les communes d’une certaine importance, les compétences de l’Assemblée communale sont confiées à un Parlement composé de représentants de la population élus en fonction de l’impor tance des tendances et des partis politiques. Les charges politiques sont renouvelées périodiquement, l’Assemblée communale et le Parlement étant soumis à la démocratie directe, notamment au droit d’initiative et de référendum.

    Ce droit permet d’imposer des votations afin de modifier des lois ou des décisions de la commune. Le fait qu’il y ait des listes de citoyens indépendantes des partis poli tiques montre bien la richesse de la vie politique dans les communes. Un autre signe de l’excellente qualité de la démocratie helvétique vient du fait que dans certains cantons les étrangers ont le droit de participer à la vie politique communale. L’institution des rassemblements publics est si populaire dans certains cantons que même les votations cantonales se passent sur la place publique en présence de l’ensemble des citoyennes et citoyens (Landsgemeinde).

    La commune comme fondement de la participation


    Les 2700 communes suisses réunissent les citoyennes et citoyens détenant les droits ci viques. Comme dans une montre aux mul tiples mécanismes, ils font partie de la ri chesse variée et harmonieuse du pays.

    La commune offre à ses membres la possibilité de comprendre la culture politique et d’y participer activement. Cela a pour conséquence que les habitants du lieu comprennent mieux la culture politique et y participent plus facilement. De ce fait les populations sont en mesure d’agir de façon solidaire et avec une conscience aiguë de leur force et de leurs limites. Elles comprennent aussi mieux les événements lointains dans leurs changements et leurs risques. Alors qu’auparavant les populations ne pouvaient prendre con science que des événements proches, ils sont aujourd’hui en mesure d’en saisir ce qui se passe au niveau mondial. Mais du même coup, la vie quotidienne prend de l’ampleur et il apparaît important de participer au niveau local, en prenant des responsabilités, ce qui permet d’éviter de se sentir inutile et impuissant.

    L’exemple d’une commune vivante


    Cadro, une commune resplendissante au Tessin, avec une économie saine et bénéficiant d’une bonne gestion devait être absorbée par Lugano en passe de se centraliser et de s’étendre. Les conséquences n’étaient pas que de nature politique, mais touchaient aussi les affaires publiques et le domaine institutionnel qui souffre du fait de la mondialisation économique; il y a donc une certaine confusion politique et éthique. Le canton du Tessin a décidé une nouvelle loi qui lui donne le droit de modifier la structure des communes en les fusionnant et ainsi d’en diminuer le nombre. Un des aspects les plus controversés de cette loi est le droit d’obliger une commune à fusionner, même si elle s’y oppose (fusion obligatoire). La loi offre une grande liberté d’action aux autorités en imposant des procédures obligatoires sans possibilité de recours. La population ne peut plus que se prononcer de façon consulta tive et ne détient donc plus le pouvoir décisionnel.

    Cadro refusa dès l’abord cette procédure de fusion avec Lugano, ordonnée par le canton. La population remit au gouvernement cantonal une pétition, déposa un recours auprès du Tribunal administratif cantonal et finalement une plainte auprès du Tribunal fédéral. Le résultat en fut éclatant. Malgré la liberté d’action octroyée à la nouvelle loi, le résultat de la votation de la commune dut être respecté. Les citoyens et citoyennes avaient clairement dit non, malgré une propagande soigneusement orchestrée par les partisans de la fusion et malgré l’annonce d’avantages fiscaux. La défense de l’autonomie de Cadro fut remarquable et démontra clairement comment les habitants ont pu sauver leur commune grâce aux instruments de la démocratie directe.

    Fusionnement à tout prix – non merci!


    Eros Ratti, ancien inspecteur des com munes tessinoises, un spécialiste avéré en la matière, tire le bilan suivant: «Au contraire de ce qu’on pourrait penser, le nombre de com munes suisses ne se réduit que très lentement. Les fusions ne sont pas encore très fréquentes au nord des Alpes, on en discute beaucoup, mais la démocratie suisse ne permet heureusement pas de tout mettre sens dessus dessous facilement.»

    Bien au contraire, puisque dans le canton de Vaud, où l’on trouve comme au Tessin une grande quantité de petites communes, il existe une législation qui favorise particulièrement la coopération. On obtient ce résultat par le fédéralisme, sous forme d’associations et de regroupements entre les communes. L’autonomie et l’indépendance des com munes sont respectées. En 1999, la tentative du gouvernement argovien de faciliter par la loi les fusions échoua lors d’une votation populaire. Cela grâce aux activités d’un mouvement de citoyens. Une réforme du même type échoua aussi dans le canton de Schaffhouse. On ne parle guère de fusions dans d’autres cantons, notamment à Zurich; et il n’y a pas de lois y relatives.

    Eros Ratti déclare: «Préférer des fusions ne va pas de soi. Il y a actuellement presque 2700 communes en Suisse (beaucoup plus que dans d’autres Etats européens de même grandeur). En 1860, il y en avait 3211, chiffre stable dans les quatre-vingts années sui vantes. La structure des com munes en Suisse est finement répartie: quatre com munes sur dix ont moins de 500 habitants, plus de la moitié moins de mille habitants et seulement 4% en comptent plus de 10 000. La mo yenne suisse se situe à environ 2300 habitants par com mune; c’est la plus petite en Europe. On estime que le nombre relativement important d’habitants dans les cantons de Zurich ou de Suisse centrale explique le désintérêt pour les fusions. En revanche, il y a plus de fusions dans le canton de Fribourg du fait que les communes sont plus petites: la moitié d’entre elles compte moins de 500 habitants.» Dans le petit canton de Glaris, deux Landsgemeinde, dont une extraordinaire, ont ramené les 25 communes à trois.

    Eros Ratti énumère les avantages d’une petite commune: «Elle permet de présenter une grande diversité de projets et offre des prises de décisions très variées. Elle garantit l’engagement direct des citoyennes et citoyens dans l’administration des questions les touchant de près. Elle réduit considérablement la délégation des compétences de prises de décision dans les mains de quelques-uns. C’est important du fait de la tendance affirmée de l’administration à étendre la bureaucratie et à centraliser au détriment des citoyens.

    De plus, on sait pertinemment que l’efficacité d’une institution ne dépend pas de sa grandeur, mais de son accueil humain. Dans les petites communes les relations sont plus faciles avec les institutions, de même que l’application de décisions concernant les besoins des gens. A cette encontre, dans les grandes communes une grande partie des gens sont réduits à l’état de spectateurs auxquels tout pouvoir est enlevé. Savoir coopérer intelligemment offre le respect des li mites communales; dès lors qu’une idée ou un projet dépasse ces limites, cela devient un fait intercommunal.»

    L’ancien conseiller fédéral Georges-André Chevallaz a trouvé les mots pour caracté riser l’une des grandes vertus du peuple suisse: «un refus physique du pouvoir». En Suisse, le pouvoir se dilue dans les trois niveaux fédéraux et dans le système basé sur le référendum et l’initiative, le peuple se reportant toujours au bien général, gardé par la souveraineté du peuple.

    Cette œuvre politique et culturelle contient la semence précieuse qui permet le développement d’une culture européenne variée. Elle est l’opposé d’une tentative de centralisation et d’unification de cette grande variété de cultures. Elle soutient cette tendance certes exigeante, mais plus satisfaisante et offrant plus de perspective qui respecte les diver sités. Chevallaz estimait qu’une démocratie purement arithmétique pouvait mener au totalitarisme.

    La commune, c’est notre culture


    Une Suisse, porte-drapeau de la commune et de la coopération par son fédéralisme, vivant de façon conséquente la coopération jusque dans les moindres détails, peut stimuler cette jeune Europe, désunie et donc très fragile. Cette fragilité lui vient du fait qu’elle manque d’expérience pour résister aux tourmentes et qu’elle n’est pas établie assez solidement pour envisager une véri table union, cela étant le résultat du fait qu’elle a été fondée principalement sur une base écono mique.

    Il faudra développer de grands efforts pour réintroduire la primauté de l’éthique et du sens civique pour tous.

    Gian Marino, pour Horizons et Débats


    Gian Marino Martinaglia est entrepreneur dans la branche de l’énergie solaire. Il est l’âme de la résistance civile de la commune tessinoise de Cadro et fondateur de sociétés destinées à renforcer le sens civique tant du point de vue cantonal que national.


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  • Tu peux te foutre du Pape mais pas de Mahomet

    la preuve ici :

    Catholicisme vs Islam


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  • Comment on se rend service dans le gotha


     

    Une partie de chasse, une brasse… Décryptage des codes de l'entraide chez les élites avec les sociologues Pinçon-Charlot.

    Florence Woerth assiste au prix de l'Arc de triomphe, à 
l'hippodrome de Longchamp, le 4 octobre 2009 (Charles Platiau/Reuters).

    Depuis vingt ans, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot s'intéressent aux classes dominantes et aux fortunes de France. Alors que l'affaire Woerth-Bettencourt met en lumière les collusions entre oligarchie et classe politique, Rue89 a rencontré le couple de sociologues bourdieusiens pour un passage en revue des codes, des lieux et des techniques de transmission des élites. Décryptage à deux mois de la sortie du « Président des riches », leur prochain ouvrage à paraître le 9 septembre aux éditions La découverte.

    Une vidéo ponctue cet entretien : il s'agit d'extraits du documentaire passionnant que Jean-Christophe Rosé a consacré aux Pinçon-Charlot en 2008. Alors qu'ils poursuivent leur enquête au cœur de la grande bourgeoisie, le réalisateur les filme et, avec eux, leurs interlocuteurs, pour des images inédites.

    Rue89 : Les écoutes qui sont venues nourrir l'affaire Woerth-Bettencourt montrent que beaucoup de points ont été négociés par téléphone. Toutefois, depuis quinze ans, vous écrivez que cette société-là ne cesse de se croiser…

    Monique Pinçon-Charlot  : C'est un peu une représentation de dominés de croire que ces gens-là se disent : « Tiens, je vais aller à une partie de chasse pour rencontrer untel ou untel » alors que c'est tellement naturel. On se voit tout le temps et ça commence dès le petit déjeuner : « Tiens, je vais me faire une petite piscine » et là en nageant… voilà. Ensuite, on prend le café. Et puis les réceptions, les dîners, le golf, le polo… Ils se croisent en permanence.

    Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (DR).Michel Pinçon  : Il est intéressant de voir que ce n'est pas don contre don. Ce n'est pas A qui rend un service à B et B qui lui en rend un autre en échange. Mais c'est A qui rend un service à B, qui rend un service à C, et C à D, D à E… et E à A. Tout le monde se rend service mais sans attendre la contrepartie de celui qu'on a aidé. C'est un échange permanent qui intègre tout le milieu.

    La nouveauté, c'est que la classe politique appartient à ce milieu-là aujourd'hui ?

    Monique Pinçon-Charlot  : Non parce que la classe politique a toujours appartenu à la bourgeoisie mais, aujourd'hui, la classe politique est complètement coupée des masses populaires et modestes : aux dernières élections régionales, 69% des ouvriers n'ont pas voté.

    Poser les choses comme « Je vais à la chasse pour que untel me rende service », c'est projeter quelque chose qui a à voir avec l'individualisme de la classe moyenne et intellectuelle alors que la classe au pouvoir est la seule classe qui fonctionne véritablement de manière collective et solidaire. Ça se passe naturellement parce que la classe est mobilisée ainsi : pour elle-même et contre les autres.

    La chasse fait toujours partie des codes de ce milieu-là  ?

    Michel Pinçon  : La chasse reste un marqueur social important. Il y a la chasse à tir et aussi la chasse à courre, la vénerie, qui est très vivante. Que ce soit en Sologne ou à d'autres endroits, ce sont des chasses de rites sociaux entre des personnes qui appartiennent aux élites politiques, économiques, voire médiatiques. C'est un des lieux, comme les cercles ou le golf, qui sont assez fermés : il n'y a pas n'importe qui, mais des grands patrons, des hommes politiques.

    Monique Pinçon-Charlot  : Les hommes politiques qui chassent sont des hommes politiques nés dans des milieux de chasseurs, que ce soit des milieux populaires -mais c'est très rare : il y a 0% d'ouvriers à l'Assemblée nationale et 1% d'employés- ou dans la haute société. La chasse reste une activité mondaine.

    L'affaire Bettencourt n'a dès lors rien de surprenant, mais comment la décryptez-vous ?

    Michel Pinçon  : Ce qui se passe ici, c'est qu'ils sont pris au piège de l'impunité ressentie, c'est-à-dire que depuis vingt à trente ans, la pensée unique, la concurrence, le marché, le capital financier se sont établis. Ils se sentent à l'abri des mouvement sociaux qui emporteraient, disons, leurs intérêts.

    Je pense qu'il y a eu un sentiment de sécurité qui disparaît de temps à autres, par exemple pendant les grèves de 1995 : là, ils étaient sur le qui-vive. On l'a bien senti dans notre travail, dans nos rapports avec eux.

    Mais, depuis 1995, ça va. Ils sont donc moins prudents dans leurs activités et le franchissement de la ligne.

    Ça s'est accentué ou accéléré depuis une vingtaine d'années ?

    Monique Pinçon-Charlot  : Oui, ça a beaucoup changé par le système économique lui-même a changé. On est passé d'un système du libéralisme, dans lequel l'Etat a une relative autonomie par rapport au monde des affaires et de l'économie, au néolibéralisme.

    Avec l'arrivée du néolibéralisme, symbolisée par l'arrivée à l'Elysée de Nicolas Sarkozy, l'Etat perd beaucoup de son autonomie au bénéfice des affaires qui rentrent au cœur de l'Etat. Au point qu'on peut dire que Nicolas Sarkozy est véritablement le porte-parole, au sommet de l'Etat, d'une oligarchie financière.

    Michel Pinçon  : Quand on regarde le conseil d'administration des grandes sociétés, on se rend compte que beaucoup sont de hauts fonctionnaires, qui ont fait l'ENA, qui pantouflent et se retrouvent dans les conseils d'administration.

    Mais aujourd'hui, il y a de plus en plus de porosité entre les affaires et le politique : ces gens-là se retrouvent ensuite très bien au cœur même de l'appareil d'Etat, dans les cabinets ministériels, voire ministres.

    Cette évolution viendrait donc du pantouflage et pas du ratio d'avocats au sein du gouvernement ?

    Michel Pinçon  : C'est un des facteurs. Mais il y a en effet les avocats d'affaire dont Nicolas Sarkozy est un bel exemple. Ils sont bien entendu très présents. Les avocats ont toujours été très présents dans le monde politique, mais ce n'étaient pas des avocats d'affaires, c'est ce qui a changé.

    Nicolas Sarkozy à la sortie du Fouquet's, à Paris, le 7 mai 2007 
(Eric Gaillard/Reuters).

    Le casting de cette oligarchie a-t-il évolué depuis « Grandes fortunes, dynasties familiales et formes de richesse en France », que vous aviez publié en 1996 ?

    Monique Pinçon-Charlot  : Pour se reproduire, la classe dominante a besoin de se renouveler. Et c'est vrai que les médias, ou les amis de Nicolas Sarkozy, appartiennent plutôt à des dynasties nouvelles.

    Quand on regarde la soirée du Fouquet's [le soir du deuxième tour de l'élection présidentielle, le 6 mai 2007, ndlr], il n'y avait pas de représentants des famille Rothschild ou Wendel : les vieilles familles étaient absentes. Mais ça ne veut pas dire qu'elles ne soutiennent pas la politique de Nicolas Sarkozy qui a été élu à Neuilly à 87% et 85% dans le XVIe… un score de république bananière !

    La classe dominante doit donc s'ouvrir, s'aérer, faire de nouvelles entrées, mais ces nouvelles entrées obéissent toujours à la même règle : ceux qui vont intégrer le gotha sont ceux qui ont su intégrer leur richesse dans la promesse d'une dynastie familiale.

    Prenez le mariage de Delphine Arnault : c'était au fond l'anoblissement de la famille. C'est pareil pour les Dassault, Pinault, Lagardère et autres Decaux. La dynastie est importante parce que ce qui importe c'est que les privilèges restent dans la classe. Il faut donc réussir la transmission.

    Les grandes familles, en France du moins, sont arrivées à imposer comme seul critère de l'excellence sociale le temps long. Après la Révolution, la bourgeoisie a finalement reproduit ce que faisait la noblesse. Le principe de reproduction de la classe dominante n'a pas beaucoup changé. (Voir l'extrait du documentaire de Jean-Christophe Rosé dans lequel Olivier de Rohan-Chabot explique qu'il se sent « propriétaire de la France », vers la cinquième minute)


    Michel Pinçon  : Nous parlons d'aristocratie de l'argent. On ne peut plus anoblir en France, alors qu'en Belgique, le baron Frère, d'origine très modeste, a été anobli par le roi des Belges après avoir fait une très belle fortune.

    En France, le processus de la cooptation est systématique : les familles Lagardère, Bouygues, etc… sont aspirées par la très haute société installée et les vieilles familles moins connues. Etre noble ou pas a maintenant très peu d'importance parce que ces grands noms des affaires font partie de l'aristocratie. Il y a d'ailleurs beaucoup plus de mariages entre bourgeois et nobles aujourd'hui.

    Les vieilles familles restent très peu médiatiques par rapport à cette nouvelle aristocratie de l'argent…

    Monique Pinçon-Charlot  : Elles appliquent toujours l'adage « Pour vivre heureux vivons cachés » et l'hypothèse sociologique qui est la nôtre, c'est-à-dire que pour que le pouvoir fonctionne, il faut surtout ne pas en donner à voir les rouages.

    On peut dire qu'en ce moment les nouvelles dynasties ont pris le dessus avec la financiarisation et le néolibéralisme, mais il y a un côté un peu « nouveau riche » qui donne à voir les rouages du pouvoir. Nicolas Sarkozy a toujours revendiqué de donner à voir ce qui, jusqu'à présent, était massivement caché. C'est ça, la rupture.

    L'affaire Bettencourt est très intéressante parce qu'elle permet de bien voir comment ça fonctionne. C'est très positif parce que ça facilite le boulot des sociologues et des journalistes, et ça cultive les Français sur le fonctionnement de l'oligarchie.

    Mais l'aspect très négatif, c'est la violence symbolique que ça exerce. Parce qu'ils semblent avoir tous les droits, les gens du peuple ont tendance à ne pas vouloir savoir. Les gens qu'on côtoie ne comprennent pas pourquoi nous travaillons sur la haute société.

    Michel Pinçon  : Il y a un désenchantement mais qui est aussi lié au fait que l'opposition n'est pas à la hauteur pour faire naître l'espérance.

    Pour vos travaux, est-il plus facile de faire parler cette nouvelle oligarchie qui s'affiche davantage ? On a su assez vite le casting de la soirée du Fouquet's, par exemple…

    Michel Pinçon  : Il n'était pas mécontent que ça se sache…

    Monique Pinçon-Charlot  : C'est ambivalent : à la fois il donne à voir les rouages du pouvoir et notamment toutes les collusions entre le monde politique et le monde des affaires, pour bien marquer la rupture et montrer qu'on change de système économique et politique. Que désormais la politique est au service de l'économie.

    Par contre, on ne peut pas parler de transparence parce qu'en même temps qu'on vous donne à voir certains rouages du pouvoir, on brouille votre compréhension dans des oxymores et des phrases pour dire tout et son contraire. C'est extrêmement nouveau : jamais les hommes politiques n'avaient à ce point brouillé les messages. On vous dit « Les paradis fiscaux, c'est fini » dans une stratégie de communication diabolique.

    Cette nouvelle oligarchie vous parle autant que les grandes familles il y a quinze ans ?

    Michel Pinçon  : Oui. Ils lisent plus ou moins mais savent quand même ce qu'on écrit alors, petit à petit, ils commencent à se méfier. On est très correct sur un plan stylistique, ce n'est pas notre travail. Mais le fait qu'on mette en avant la ségrégation urbaine et leur refus total des logements sociaux près de chez eux est quelque chose qui les inquiète.

    Monique Pinçon-Charlot  : Notre dernière enquête « Les Ghettos du gotha », dans la très haute société, a été publiée en 2007 mais c'est vrai que nous n'avons jamais sollicité Lagardère, Bouygues ou Dassault… Une fois, Vincent Bolloré, qui avait refusé.

    Michel Pinçon : Nous avons fait un travail sur les nouveaux patrons, et interrogé des patrons (Promodès, la Sodexo, etc.) qui arrivaient à l'âge de la retraite. Ils nous ont parlé volontiers mais parce qu'ils avaient beaucoup de plaisir à raconter comment ils avaient réussi, comment ils se débrouillaient pour transmettre à leurs enfants…

    C'était plus difficile pour « Les Ghettos du gotha » car ils voyaient bien que c'était de leurs privilèges qu'on voulait leur faire parler, du fait d'avoir des lieux particuliers…

    Justement, quels sont ces lieux ?

    Monique Pinçon-Charlot  : Ce sont les beaux quartiers : la résidence principale où l'on vit rassemblé. S'il existe des ghettos en France, c'est bien des ghettos dorés.

    Dans la villa Montmorency, dans le XVIe arrondissement, là où vit Carla Bruni-Sarkozy, c'est un véritable ghetto avec 150 maisons et des murs tout autour. C'est un entre-soi où vivent Lagardère, Vincent Bolloré, Dominique Desseigne, et beaucoup d'invités du Fouquet's. Cet entre-soi se reproduit à la mer, à la montagne.

    Ce sont les mêmes lieux que ceux des grandes familles ?

    Monique Pinçon-Charlot  : Oui, tout à fait. On retrouve dans les lotissements chics l'ensemble des fractions de la classe dominante, anciennes ou nouvelles dynasties.

    Pourquoi cet entre-soi ? Parce que ça permet à la fortune de se transmettre dans le même milieu. Pour que la dynastie soit vraiment efficace, les enfants doivent grandir ensemble, fréquenter les mêmes écoles, les mêmes rallyes, tomber en amour et en amitié de leurs semblables. Les richesses resteront ainsi dans ces milieux.

    Du fait de cette endogamie-là, les codes du bling-bling des nouvelles dynasties ont-ils infusé dans les vieilles familles ?

    Michel Pinçon  : Je dirais que ce qui infuse, c'est plutôt les signes de l'excellence sociale dans la culture bling-bling si l'on veut parler ainsi. C'est plutôt dans ce sens-là que ça irait, même si les nouveaux patrons, aujourd'hui plus riches que les vieilles familles, se moulent dans les comportements de la haute société traditionnelle.

    Ce ne sont pas les ducs et les vieilles familles qui vont se mettre à faire les quatre cents coups et à se faire voir, mais plutôt le contraire.

    Monique Pinçon-Charlot  : La vieille bourgeoisie et la noblesse ont toujours eu leur côté bling-bling, par exemple au casino de Deauville, où l'on va avec les grandes robes et les bijoux, ou le prix de Diane à Chantilly dont Eric Woerth est le maire : ces lieux-là fleurissent de moments où l'on se donne à voir.

    Simplement, par ailleurs, ils vivaient cachés… Mais s'ils arrivent à contrôler, ils se mettent en scène tout en contrôlant la mise en scène. C'est le palmarès des grandes fortunes mondiales qui a encouragé le bling-bling, en introduisant des concurrences à l'échelle du monde.

    Le rôle des femmes a-t-il évolué dans cette société ? On parle aujourd'hui de la femme d'Eric Woerth, qui gérait la fortune Bettencourt, mais aussi de l'épouse de Patrice de Maistre, qui était la première femme de Bernard Arnault… alors que dans le documentaire qui vous est consacré, Philippe Denis prononce cette phrase : « Les femmes sont sorties de la société lorsqu'elles sont entrées dans les bureaux » (Voir la vidéo à partir de la douzième minute)


    Monique Pinçon-Charlot : On a travaillé sur la place des femmes dans les familles anciennes, où la femme a un statut tout à fait particulier par rapport aux autres classes sociales. On est d'abord représentant d'une lignée, d'abord le maillon d'une dynastie avant d'être femme, homme, catholique, juif, protestant… L'appartenance au patronyme que l'on porte, à ce capital symbolique, fait que le reste n'est que distinctions secondaires.

    La femme a un statut beaucoup plus enviable dans ces milieux-là parce qu'il y a du personnel domestique, mais aussi parce qu'elle a la responsabilité de la richesse sociale : on ne peut pas rester longtemps riche tout seul, il faut vraiment faire partie de la caste et du groupe.

    Elle joue aussi un rôle important dans la richesse symbolique, que véhiculent le patronyme familial, le château, ou encore le corps : il y a de véritables corps de classes. Les gens riches ont des corps qui sont toujours fins, redressés. Ce n'est pas du tout anecdotique : les privilèges les plus arbitraires deviennent corps et du coup apparaissent naturels. Les dominés disent : « S'ils sont au pouvoir, c'est normal, on le voit qu'ils nous sont supérieurs, ils sont élégants. » Quand on dit d'une femme qu'elle a de la classe, ça veut dire qu'elle appartient à la classe supérieure.

    Eric Woerth communiquait sur une image un peu janséniste et austère tout en étant trésorier de l'UMP et maire de Chantilly, un haut lieu de ces dynasties de l'argent…

    Michel Pinçon  : On a l'impression de voir chaque jour un peu plus confirmé tout ce qu'on a pu écrire. L'apparence janséniste et respectable est quand même quelque chose d'assez courant. De ce point de vue-là, Sarkozy pose quelques problèmes au milieu. Dans sa façon de parler, la manière pseudo-populaire de parler qu'il affecte et qui est étonnante, dans ses mimiques. Il n'est pas cohérent avec le milieu en cela, mais il est le personnage politique le plus efficace qui s'en soit dégagé.

    Dans l'affaire Woerth, ce qui est important c'est que ça passe au premier plan de l'actualité, y compris dans le Journal de Dimanche. C'est peut-être un facteur de désolidarisation d'une certaine bourgeoisie avec celle qui a abouti à ces scandales. Leur capital d'efficacité politique est en train de se dissoudre.

    Photos : Florence Woerth assiste au prix de l'Arc de triomphe, à l'hippodrome de Longchamp, le 4 octobre 2009 (Charles Platiau/Reuters) ; Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot (DR) ; Nicolas Sarkozy à la sortie du Fouquet's, à Paris, le 7 mai 2007 (Eric Gaillard/Reuters).


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  • Dieudonné est un génie

    Un citoyen quelconque donne son point de vue sur un artiste controversé, avec pour seul critère de jugement, la valeur intrinsèque de l’œuvre dont il est question. Dieudonné est un grand monsieur qu’il serait dommage de "rater" en ces temps de nullité absolue des productions humoristiques courantes. Essayez de penser par vous-mêmes, regardez ses spectacles !

    video liée :

    Grand François donne son avis sur Dieudo

     


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  • Enfants humiliés, cuisinier humilié ?

    Elle en fait couler de l’encre, l’affaire des enfants de Venansault "humiliés" par un personnel de la cantine de la commune. Beaucoup d’encre, mais toujours dans le même sens : l’indignation générale envers ce cuisinier auquel des parents menacent de faire un procès et dont ils réclament la démission.

    Sauf qu’entre les lignes, on comprend d’autres choses : ici et là, on évoque un permis à points mis en place pendant l’année, des élèves de plus en plus "turbulents"..."turbulents" ? Au point même que le personnel de restauration se soit senti humilié tout au long de l’année.

    Il faudrait pouvoir les claquer ces parents qui veulent coller un procès à ce cuisinier mais qui ont béni de leurs remontrances sans doute affectueuses (et encore : si remontrances il y a eu !) l’attitude infecte de leurs chéris.

    Quand tout le monde braie dans le même sens, mon sentiment naturel est de penser qu’il y a anguille sous roche. Je pressens que l’année scolaire n’a pas été de tout repos pour ce cuisinier. Bien sûr, sa réaction est sans doute excessive, mais...combien d’humiliations répétées a-t-il subi pour en arriver là, avec l’imprimatur des familles de ces élèves ?

    Et puis on comprend aussi, toujours entre les lignes, que les faits tels qu’ils ont été rapportés ont été grossis. Les journaux se sont empressés de titrer sur l’humiliation des enfants, laissant entendre qu’ils devaient ramper , et cetera. Bref, à les entendre, on aurait cru à un bizutage dans l’armée de conscription d’il y a 40 ans. Excessif aussi, sans doute, cette manière toute orientée de répliquer jusqu’à l’écœurement une histoire dont on n’a pas contrôlé la véracité...

    Bon, heureusement, on peut avoir une idée de la vérité grâce au témoignage d’une mère d’un des enfants scolarisés dans cette école et fréquentant cette cantine, Florence Bonnamy. Elle l’a publié en commentaire chez le Figaro, je la copie ici :

    On ne parle pas du personnel qui durant toute l’année scolaire a subi des humiliations par certains élèves qui malgré des exclusions, des avertissements n’ont pratiquement pas changé de comportement. La punition n’est peut-être pas appropriée mais le personnel est à bout et tout çà ne serait pas arrivé si les parents prenaient leurs responsabilités et apprenaient à leurs enfants ce que veut dire le mot RESPECT. Mes enfants sont dans cette cantine et s’ils avaient fait subir le quart de ce qu’à subi le personnel cette année, j’aurais honte de porter plainte contre le personnel qui rappelons-le, est là pour gérer une cantine et non pas pour éduquer des enfants. Chacun son rôle. Nous avons une cantine géniale avec des repas que beaucoup nous envient et tout çà va porter préjudice aux autres enfants. Merci à tout le personnel de vous occuper de nos enfants chaque jour afin de leur apporter une alimentation saine et équilibrée.

    Merci à elle et chapeau pour son courage, celui d’avoir brisé la loi du silence, de la bonne conscience et du bêlement général !

    par L’Hérétique (son site) jeudi 8 juillet 2010


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  • La guerre civile à venir

    Invité du Grain à moudre sur France Culture le 28 juin, Jean-Paul Brighelli, enseignant et essayiste, considère que le désamour des Français pour leur équipe de football en dit long sur l’état moribond de notre république...
     
    Sur son blog, Brighelli écrit à ce sujet, le 23 juin :
     
    "un pays en faillite intellectuelle et morale a envoyé en Afrique du Sud une équipe à son image. Des autistes enfermés derrière des écouteurs, afin de se protéger de tout discours de bon sens. Des milliardaires qui considèrent que l’argent qu’ils gagnent leur confère une vraie valeur — et qui confondent, comme tant de gens qui prennent exemple au sommet du pouvoir, l’être et l’avoir. Des enfants gâtés, experts en bouderies. De petits caïds qui pensent que leur loi est la bonne, et réclament à grands cris l’élimination du "traître" qui a dénoncé leurs règlements de comptes sous la douche. Des analphabètes qui font lire leurs déclarations par leur entraîneur. Des mal élevés, pour qui l’insulte remplace le raisonnement — et, de temps en temps, le coup de boule. Dès 2006, nous étions au parfum.
     
    Cela ne vous rappelle rien ? En haut, ce sont ces élites politiques calfeutrées derrière leur Rolex (ou leur Patek Philippe, l’effet est le même dès qu’on se met en tête de montrer sa montre ou de la tripoter à tout bout de champ). En bas, ce sont les petites frappes de banlieue, dont la réussite sociale se mesure au nombre de décibels de la sono embarquée à bord de leur BMW : faire du bruit permet peut-être de camoufler le grand silence intérieur."

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  • le business de la mort


    Interview de Stéphane Malterre, réalisateur du documentaire « Papa vend des armes : les surprenants VRP de la guerre », un film de TAC Presse pour l’émission Enquête exclusive sur M6.
    Ce reportage inédit a été diffusé dimanche 17 janvier à 22H50.

    Vendre des armes est une activité délirante, engendrant une altération de la perception de la réalité, des dysfonctionnements sociaux et comportementaux, une dissociation mentale, une discordance affective, l’exacte définition de la schizophrénie.

    Voici donc la définition de ce mot (Wikipédia), qui s’applique à merveille à notre système économique et donc à nous-mêmes, car notre système économique n’est que le reflet fractal de ce que nous sommes.

    « Le terme de schizophrénie regroupe de manière générique un ensemble d’affections psychiatriques. ‘Schizophrénie’ provient de « schizo » du grec « σχίζειν » (schizein) signifiant fractionnement et « φρήν » (phrèn) désignant l’esprit. C’est donc une « coupure de l’esprit », pas au sens d’une ‘double personnalité’ comme on l’entend parfois, mais au sens d’une perte de contact avec la réalité ou, d’un point de vue psychanalytique, d’un conflit entre le Moi et la réalité.

    C’est une pathologie psychiatrique généralement chronique, qui survient plutôt à l’adolescence ou au début de l’âge adulte.

    La schizophrénie est une psychose, qui se manifeste par des signes de dissociation mentale, de discordance affective et d’activité délirante, ce qui a pour conséquences une altération de la perception de la réalité (délires, hallucinations), des troubles cognitifs, et des dysfonctionnements sociaux et comportementaux allant jusqu’au repli autistique. Le terme est par ailleurs fréquemment utilisé au sens figuré, notamment dans la presse, pour évoquer des attitudes ou des propos simplement contradictoires. »

    bonus : le parcours d’une balle

    Source : Le blog de Gilles Bonafi


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  • Hirsch : "L’intégration, c’est quand des catholiques appelleront leur enfant Mohamed"


    Martin Hirsch, ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, au sein du Gouvernement Fillon, a fait une déclaration surprenante le 1er juillet dans le News Show de Canal Plus, animé par Bruce Toussaint. Interrogé sur le dernier livre "bien français" d’Eric Zemmour, Mélancolie française, condamné unanimement sur le plateau, Hirsch a déclaré : “La vraie intégration, c’est quand des catholiques appelleront leur enfant Mohamed.”
     
    Note Webrunner : Mr Hirsh n'étant pas catholique, il ne se sent pas concerné...

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  • Fillon inaugure la mosquée d’Argenteuil : j’ai mal à ma laïcité

    La nouvelle est annoncée partout comme un évènement banal, voire heureux : le Premier Ministre du pays qui se prétend le plus laïque du monde a inauguré ce lundi 28 juin la mosquée d’Argenteuil. Il a en outre fait l’éloge de l’Islam de France, « un Islam de paix et de dialogue", une religion du "juste milieu" où l’on vit sa foi dans le respect "des principes de la République". J’ai beau fouiller dans ma mémoire et dans l’Histoire depuis le début de la troisième république, je ne vois pas un seul exemple d’un représentant de l’Etat inaugurant une Eglise et faisant l’éloge du Christianisme français. Normal : depuis 1905 et la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat, une présence officielle dans un lieu de culte (entendez « culte chrétien ») est impensable.<o:p></o:p>

    Depuis quelques années, à chaque période de Ramadan, les hommes politiques de droite comme de gauche se bousculent pour répondre aux invitations qui leur sont faites de participer le soir au repas de rupture du jeûne. Au dernier Ramadan, s’y sont notamment fait remarquer Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon, et … Brice Hortefeux, Ministre de l’Intérieur de droite. J’ai beau chercher, je ne me souviens pas avoir vu un seul homme politique participer es qualité à un déjeuner pascal, ou un repas de Noël, avec des fidèles chrétiens. Normal : nous sommes un pays laïque.<o:p></o:p>

    Chaque année le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) tient un dîner solennel devenu un rite politique. De nombreuses personnalités politiques, de droite comme de gauche y sont invitées, et il est d’usage que le chef du gouvernement laïque Français y fasse un discours. Cette année (3 février 2010) l’Etat laïque français a comblé l’assistance, puisque outre le discours de François Fillon, elle eut droit à une brève visite du Président de la République laïque Française. Peut-être ma mémoire me trahit-elle, mais je ne vois aucun équivalent dans la moindre réunion chrétienne. En 1997 s’est tenue en France la Journée Mondiale de la Jeunesse, fête annuelle de la jeunesse catholique du monde, qui a lieu chaque fois dans un pays différent. Ce fut un succès sans précédent : 1 200 000 jeunes rassemblés, et la présence du Pape Jean Paul II. Si ce dernier fut reçu par le Président Chirac sur le terrain diplomatique (le Vatican est un Etat) on ne vit nulle autorité politique se manifester en tant que telle dans les festivités, encore moins y prononcer un discours. Normal : la France n’est-elle pas un pays laïque ? <o:p></o:p>

    Il est temps que les Politiques tombent enfin le masque. La laïcité française, c’est du vent. Un vent anti chrétien. Et ce depuis le début, c’est-à-dire depuis 1789. Le christianisme (et en France essentiellement le catholicisme) était la croyance de l’aristocratie. La bourgeoisie qui fit la Révolution ne se contenta donc pas de proclamer le triomphe de la Raison sur l’obscurantisme religieux (c’est-à-dire catholique), elle persécuta les prêtres en tant que soutiens de la classe dominante. Au siècle suivant, c’est le prolétariat qui combattit le catholicisme devenu entretemps la religion de la bourgeoisie exploiteuse. De même que la petite noblesse libérale avait rallié la Révolution, une fraction de la petite bourgeoisie rejoignit le prolétariat sur ce terrain. Sa représentation politique fut le Parti Radical-socialiste, pilier de la troisième république, qui vota en 1905 la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat. <o:p></o:p>

    Jamais on ne vit plus anticlérical que le Parti Radical, avec une violence verbale et une intolérance difficilement imaginables de nos jours. Les francs-maçons y étaient nombreux, et le Grand Orient inspira nombre de leurs positions, à commencer par la laïcité. <o:p></o:p>

    Et pourtant… Voilà que le 16 juillet 1926, la Grande Mosquée de Paris, première mosquée ouverte en France est inaugurée. Par qui ? Je vous le donne en mille : Gaston Doumergue, Président de la République Radical-socialiste et membre du Grand Orient de France. Ce bouffeur de curés, qui se serait étranglé d’indignation si on lui avait demandé d’inaugurer une église, ne voyait aucun inconvénient à ce que la République laïque fût représentée par sa personne à l’ouverture du premier lieu de culte musulman, où il prononça un discours sans complexe.<o:p></o:p>

    La gauche montrait pour la première fois sa vraie conception de la laïcité : l’ennemi, ce n’est pas la religion, mais la religion du monde dominant, arrogant, exploiteur : le catholicisme. L’Islam, religion des colonisés (à l’époque), des pays pauvres (à l’époque), des immigrés (aujourd’hui) ne mérite pas le même traitement.<o:p></o:p>

    Dans les années 80-90, la droite devant l’importance de l’immigration musulmane, prit conscience de l’enjeu politique qu’elle représentait, et de son retard sur la gauche. Un immigré, cela devient français un jour, cela fait des enfants français, et tout ce monde vote… tout en restant musulman. Pouvait-elle camper sur sa laïcité, ou pire, sur sa supposée proximité avec le christianisme ? Non, répondit-elle. Alors la surenchère commença. Gauche et droite se disputent les faveurs électorales musulmanes, tout en jurant la main sur le cœur qu’ils sont laïques. Et pendant que l’Eglise de France se meurt, que les églises ne sont plus entretenues faute de moyens, que le clergé disparaît (moyenne d’âge : 70 ans), l’Islam de France conquérant, nourri par une immigration continue, soutenu par la classe politique, construit des mosquées et introduit progressivement ses rites dans la vie quotidienne française. Qu’on s’en félicite ou qu’on le regrette, ce n’est pas le problème ici. Mais qu’on ne me parle plus de laïcité.

    par J. SCIPILLITI mardi 29 juin 2010


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  • Les corrigés du bac de philosophie à la manière du bistrot philo

    L’art peut-il se passer de règles ? <o:p></o:p><o:p>
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    L’art véhiculant un message, et toute communication supposant une ou des règles, l’art ne peut pas se passer de règles. Supposons que l’art puisse se passer de règles. Cela suppose alors que le chaos, le néant, le bruit puisse être qualifié d’art et plus généralement, tout est art ce qui signifie aussi que rien n’est art. La question n’a donc aucun sens puisque la règle fait partie du concept de l’art. C’est comme si on se demandait si la bouillabaisse peut se passer de poisson ! <o:p></o:p><o:p>
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    Dépend-il de nous d’être heureux ?<o:p></o:p><o:p>
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    Les stoïciens avaient compris qu’il existe deux types de choses, celles sur lesquelles on a une action et celle sur lesquelles on ne peut rien. D’où le célèbre fatum stoïcien que les sages inclinaient à accepter. A première vue, le bonheur n’est pas uniquement de notre ressort et si on est l’auteur de quelque chose, c’est bien de capter le bonheur plutôt que d’en être l’auteur. Par contre, il dépend de nous d’être malheureux. Voilà pourquoi un vrai philosophe, dont le propre est d’aller vers la vérité, a écrit un livre dont le titre est « faites vous-même votre malheur ». D’autres ont édité des livres livrant les secrets pour être heureux. Ils ne cherchent pas la vérité mais plutôt l’argent. Qui fera ou ne fera pas leur bonheur.<o:p></o:p><o:p>
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    Une vérité scientifique peut-elle être dangereuse ? <o:p></o:p><o:p>
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    Celui qui a formulé le sujet ne connaît apparemment rien à la science. Il n’y a pas de vérité scientifique mais seulement des faits et des théories. La question aurait dû être, une découverte scientifique peut-elle être dangereuse ? Le problème étant que formulé ainsi, la question n’a plus rien de philosophique et donc ne justifie pas les heures d’enseignement dispensés par les professeurs et payées par le contribuable. Néanmoins, on peut y répondre et forcément, la question étant simple, aussi réfutable que n’importe quel énoncé théorique de portée générale, on convoquera les faits et on fera valoir qu’avec le feu, des gens ont été à l’origine des incendies, d’autres sont morts. La découverte de la poudre à permis d’émerveiller les gosses avec les feux d’artifice et a tué d’autres gosses, morts sous le feu des canons et ainsi de suite… inutile de gâcher de l’encre supplémentaire. <o:p></o:p><o:p>
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    Le rôle de l’historien est-il de juger ? <o:p></o:p><o:p>
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    L’historien établit des faits. Ensuite il cherche la cause des faits. Un historien qui juge n’est plus vraiment un historien mais il outrepasse ses strictes fonctions et devient un moraliste. Et donc, un historien qui juge, c’est un historien qui fait un peu plus que l’histoire, à l’image d’un maître queux cuisinant des bons petits plats puis venant à la table des convives pour exécuter un tour de magie ou bien entonnant une chanson de Mike Brandt. Si ces petits numéros durent trop long temps, les clients risquent de fuir. Et donc, la conclusion, un historien qui passe son temps à juger finira pas n’avoir que quelques auditeurs dans son amphithéâtre prévu pour cinq cent. Racine a d’ailleurs écrit cette tirade : « nous partiment cinq cents mais en arrivant au cours, nous n’étions plus que cinq ». Bon, n’allez pas chipoter, ni en faire tout un plat, c’est une épreuve de philo, pas de littérature. <o:p></o:p><o:p>
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    La recherche de la vérité peut-elle être désintéressée ? <o:p></o:p><o:p>
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    Et si on commençait pas inverser la proposition. La recherche de la vérité peut-elle être intéressée ? Si l’on convient que la vérité est le plus souvent source d’angoisses, de doutes, de désespoir, alors, seuls les masochistes peut affirmer que la vérité est intéressante à chercher. Ou alors c’est pour se divertir de son ennui en sachant qu’on ne la trouvera jamais. Un célèbre diction dit ceci : « quand tu en as marre de voir midi à ta porte, il est temps d’aller chercher midi à quatorze heures ! ». En règle générale, la vérité n’est pas bonne à entendre et dans notre époque actuelle, osons l’avouer, la vérité ne se vend pas. Pour se faire de l’argent, le moyen le plus direct est de passer par l’arnaque, c’est-à-dire par le contraire de la vérité. <o:p></o:p><o:p>
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    Faut-il oublier le passé pour se donner un avenir ? <o:p></o:p><o:p>
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    L’esprit paresseux commencera par dire que le passé n’est plus et que l’avenir n’est pas encore là, alors, seul le présent existe. Et donc, on peut seulement se donner au présent. Et même recevoir un présent, si c’est le jour de Noël ou de son anniversaire. Ne pas oublier de signaler à ses proches que le jour de l’anniversaire approche et préciser sa date. Conclusion : « il faut rappeler le passé à ses proches pour recevoir un présent »<o:p></o:p>

    par Bernard Dugué (son site) jeudi 17 juin 2010


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  • Kassovitz révolté

     


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  • Saucisson-pinard : en route vers l’interdiction généralisée !

     

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    (La dangereuse dérive de l’antiracisme).

    Il y a quelques mois on pouvait se demander si l’islam était compatible avec la malbouffe (1) : c’était la polémique du « Quick-halal ». Aujourd’hui c’est au tour du « saucisson-pinard » de tester sa compatibilité avec certaines rues parisiennes.

    Une polémique en remplace avantageusement une autre, au menu cette fois ci : des rues parisiennes occupées à des fins de prières, des apéros saucissons-pinards, et une nouvelle guerre médiatique entre les chiens de gardes de l’antiracisme (SOS Racisme, MRAP, LICRA etc. ) et les organisateurs de l’apéro (Riposte Laïque, Bloc Identitaire etc.).

    L’apéro saucisson-pinard ce sont donc différents groupes et associations qui en réaction à l’occupation de certaines rues parisiennes à des fins de prières (occupation qui avait été mis en évidence sur la toile depuis quelques mois déjà) décident d’organiser – via facebook - un apéro dit « saucisson-pinard » à la Goutte d’Or. En somme une « provocation » qui répond à une autre sur fond d’immobilisme politique ; mais à partir du moment où l’on autorise – ne serait-ce que tacitement, puisque tout ceci reste flou, l’embarras des autorités compétentes étant évident – de fermer des rues pour que s’y déroulent des prières on voit mal ce que l’on pourrait reprocher à un quelconque apéro… Et pour cause : soit on interdit l’un, et le second n’a plus lieu d’être, soit on en interdit aucun et chacun faisant comme bon lui semble passe de l’apéro à la prière ou de la prière à l’apéro. Il n’en est cependant pas ainsi puisqu’après avoir fait son chemin dans les médias, la polémique du saucisson-pinard abouti finalement à une interdiction qui fait suite aux pressions des groupuscules antiracistes précités.

    La pression des groupuscules en question, c’est une guerre des mots qui se double d’une omniprésence médiatique pour aboutir à une surenchère permanente. On peut véritablement parler de « terrorisme intellectuel ».

    Une guerre des mots, LA bataille idéologique que mènent ces associations comme SOS Racisme, mais en fait on peut parler d’unanimité puisque que ce soit les médias (Libération, les Guignols de l’info…), ou les politiques (Bertrand Delanoë, Mélenchon, Fadela Amara…), il n’y a guère de variation sur ce thème, comme c’était parfaitement prévisible. Voici donc l’argumentation en question : « provocation » ! « déclaration de guerre » !! « nauséabond » !!! « islamophobe » !!!! « extrême droite » !!!!! « incitation à la haine » !!!!!! « nazi » !!!!!!! « apéritif de la haine » !!!!!!!! Et à mesure que les apéros saucissons-pinards se multiplient (Toulouse, Lyon, Lille, Nantes …), les ligues de vertus crient un peu plus fort au racisme et demandent l’interdiction. Logique ! Si bien qu’il ne fait plus guère de doute qu’à présent le saucisson-pinard équivaut à une présomption de racisme – le terrorisme intellectuel étant par essence manichéen, pour SOS Racisme saucisson-pinard = racisme antimusulman, comme pour BHL, France = shoah, plus c’est court, mieux c’est ! – avec au bout de cette logique, l’interdiction pure et simple du saucisson-pinard. Généralisée !

    Un article publié le 2 avril 2010 dans Le Parisien donnait un exemple d’harcèlement anti-saucisson-pinard tout à fait discriminatoire et dont est victime un boucher-charcutier de Sarcelles (2) : « un individu a craché sur l’étalage à plusieurs reprises et m’a insulté », « la même personne nous avait également agressés il y a plusieurs mois ». Le tort du boucher-charcutier ? « C’est parce qu’il vend du porc », et comme avec les fameux apéros, on retrouve une odieuse provocation : « certains m’on dit que la tête de porc que je mets sur la vitrine est perçue comme une provocation. Si ça continue, je vais arrêter d’en vendre pour ne plus être ennuyé ».

    Bien évidemment ce genre d’harcèlements n’a pas la faveur des associations antiracistes qui montrent bien toute leur malhonnêteté ! Au fond, ce qui pose problème dans cette histoire, c’est bien le traitement médiatique malhonnête qui est donné de tout ceci, car la provoc’ du saucisson-pinard répond à l’immobilisme tous azimuts des autorités.

    C’est bien la faillite des politiques face à la banalisation du communautarisme et aux tensions qui l’accompagnent. Pour Matthieu Bock-Coté, sociologue québécois, le multiculturalisme est une « une machine à désintégrer la société » (3). D’après lui : « Auparavant, la vocation du nouvel arrivant, c’était de prendre le pli de la société qu’il rejoignait. Plus il s’intégrait culturellement, plus il pouvait bénéficier des avantages de la société. Là, on renverse le devoir d’intégration. Désormais, pour mieux intégrer, la société d’accueil doit s’effacer. La société d’accueil s’efface, cherche à disparaitre de ses propres institutions et chaque communauté voit l’état comme un buffet et peut aller se servir, et mettre ses propres traditions, et ne pas s’intégrer à travers l’état buffet, à travers cet espèce d’état qui renonce à assumer quoi que ce soit. Au nom des droits, ce sont de formidables machines à désintégrer la société. Chacun, désormais, peut transformer en droit fondamental sa volonté de ne pas faire d’efforts pour s’intégrer. Ne pas s’intégrer est devenu un droit fondamental (…) C’est la sacralisation des origines diverses, des origines multiples, à une condition : qu’on oblitère, qu’on occulte, qu’on neutralise celle de la majorité. »

    Un communautarisme et une désintégration qui ne peuvent aller que grandissants vu la constance et l’importance des flux migratoires doublés de l’idéologie du multiculturalisme au détriment d’une quelconque identité et cohésion nationale. Si bien que pour Malika Sorel, face à cette situation il est urgent de réformer le code de la nationalité : «  Nous sommes désormais assis sur une véritable poudrière. La volonté d’en découdre se répand en effet comme une traînée de poudre à travers le pays, et ce n’est pas l’interdiction de l’apéro de la Goutte d’Or qui calmera les esprits, bien au contraire. Cette interdiction contribue à mettre en exergue le fait que le comportement de notre classe politique est bel et bien dicté par la peur de ceux qui lui font… peur. Aussi cette interdiction constitue-t-elle, à bien des égards, une erreur politique.

    Dans des conditions de tension de plus en plus palpable dans l’espace public, je qualifie de profondément irresponsable, et donc inacceptable, le fait de continuer d’« accueillir » 200 000 immigrés chaque année et d’accorder la nationalité française à près de 100 000 étrangers par an. (…) Monsieur le Président de la République, je vous en conjure, réformez le code de la nationalité tant que subsiste encore un mince espoir de garder le contrôle de la situation. Ayez le courage de le faire maintenant, et de ne pas repousser à demain le service de l’intérêt général. »

    (1) : pour certains oui, pour d’autres non, comme on peut le constater dans cette vidéo.

    (2) : l’article du Parisien

    (3) : vidéo du sociologue québécois

    par Maldoror vendredi 18 juin 2010


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  • Inch allah

    video liée : L'islamisme radical en France : stratégie

    C’était écrit d’avance. Qui pouvait sérieusement penser que "l’apéro saucisson et pinard" se tiendrait ? A t-on déjà vu dans ce pays une initiative dénoncée par la gauche aller jusqu’au bout ? Quel gouvernement, quel fonctionnaire, quel décideur à quelque niveau que ce soit, a jamais eu le courage de tenir tête à la pression de ceux qui depuis des générations s’arrogent la légitimité morale : les pseudos progressistes ? Pendant des siècles, l’Eglise Catholique en France a tracé la frontière entre le bien et le mal. Pour le meilleur parfois, pour le pire souvent. Aujourd’hui l’Eglise, c’est la gauche. Elle seule a le pouvoir de définir les vraies valeurs, de permettre, d’interdire, de communier, d’excommunier. Face à elle, il n’y a que des pécheurs repentants rasant les murs sous ses invectives, ou des fascistes. "Fasciste", ce n’est que l’un des termes par lesquels l’Eglise de gauche désigne aujourd’hui le Démon. Hier, c’était : le Malin, Belzébuth, Lucifer, entre autres. Aujourd’hui c’est : fasciste, raciste, néo-colonialiste, réactionnaire, entre autres.

    Illustration. Dans certains quartiers du Nord de Paris, la présence immigrée, notamment musulmane est tellement dense qu’on peut s’y croire ailleurs. Contrairement aux vagues précédentes d’immigration qui adoptaient les codes et valeurs de la France, les immigrés arabo-africains ne veulent pas entendre parler d’intégration. Les autoproclamés "Indigènes de la République" vont même jusqu’à prétendre qu’il est insultant envers un immigré de lui demander de s’intégrer. Donc dans ces quartiers, ils vivent comme au pays. Depuis un certain temps, ils vont jusqu’à se réunir dans la rue pour prier ensemble le vendredi, paralysant ainsi la circulation. Pour éviter l’inévitable confusion qui en résulterait, les pouvoirs publics bloquent les rues concernées avec des barrières métalliques. Une présence policière assure la sécurité des fidèles. Sécurité musclée : toute photo est interdite, tout photographe ou vidéaste est expulsé sans ménagement.

    Est-ce bien ou mal ? L’innocent se tourne pour le savoir vers l’Eglise d’aujourd’hui, sa Sainteté la Gauche. Il s’attend (car il est innocent) à ce qu’elle lui réponde : c’est mal bien sûr. Car nous sommes un pays laïque, l’espace public est donc neutre, et d’ailleurs sur un plan strictement juridique, il s’agit d’une occupation illégale du domaine public. N’importe quel masochiste qui saisirait les tribunaux administratifs de ce fait obtiendrait gain de cause. Pourtant son Eminence répond : c’est bien. Pourquoi ? Elle n’a pas à le dire. Les décrets du Très Haut ont-ils besoin de justification ?

    Par voie de conséquence ceux qui contestent ce décret encourent l’excommunication. C’est le destin funeste que viennent de connaître les organisateurs de feu "l’apéro saucisson et pinard". Ces suppôts de Lucifer (pardon, nous sommes au 21è siècle, donc ces néo-nazis) ont l’impudence d’être heurtés par ce spectacle hebdomadaire, contraire tant à la loi qu’à un principe fondateur de la République : la laïcité. Et ils avaient décidé de réagir d’une manière festive, symbolique, bon enfant. Puisque les musulmans peuvent bloquer les rues pour y prier, les laïques doivent pouvoir en faire autant pour célébrer le terroir originaire du quartier, marquant ainsi pacifiquement leur désapprobation devant son évolution.

    Aussitôt l’information connue, l’inquisition progressiste se mit en branle. Sonnez trompettes, battez tambours : la peste brune est de retour. Dans toute la capitale, dans tout le pays, les soutanes rouges frémissant d’indignation en appellent au pouvoir temporel : il faut IN-TER-DIRE ce rassemblement diabolique. Le Grand Prêtre MELENCHON va jusqu’à s’apercevoir que sur les affiches démoniaques, les deux "s" de "saucisson" ressemblent à s’y méprendre au sigle "SS" nazi. Voilà la preuve ! Et de demander des poursuites pénales pour apologie du nazisme.

    Ne riez pas, cette histoire est authentique. La suite aussi. La fête impie fut interdite. La cérémonie religieuse demeura. Inch allah.

    par J. SCIPILLITI mercredi 16 juin 2010


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  • Le 21ème siècle sera-t-il nihiliste ?

    La rencontre de quelques textes suscite parfois quelques résonances déclinées en associations d’idées. Le nihilisme est une notion très moderne, employée par Nietzsche pour signaler ce qu’il a perçu comme une pathologie chez ses contemporains. Nihilisme signifie crise des valeurs. En fait, le nihilisme caractérise une configuration existentielle par laquelle la puissance d’exister (l’énergie vitale) se déconnecte des valeurs, des buts, et réciproquement aussi. En prenant l’allégorie du cheval et du cavalier, le nihilisme décrit un cheval qui aurait perdu son cavalier. Il n’a le choix qu’entre deux options, soit il s’agite, devenant fou, il se lance dans une course effrénée, sans suivre une quelconque direction, piétinant les obstacles au lieu de les contourner, écrasant les bêtes de passage sur son chemin. Ou bien il s’assoie, restant prostré, puis se relève, errant sans but, portant quelque attention à un herbage qu’il dévore pour ensuite revenir dans son état léthargique. N’ayant plus le cavalier pour le pousser au trot ou au galop, il se déplace sans vigueur, indifférent à la course habituelle lorsqu’il est chevauché par un cavalier qui sait le guider, l’orienter, le pousser au galop ou l’arrêter en plein chemin pour quelque repos et ensuite repartir dans le chemin avec un pas mesuré menant jusqu’à l’étable. <o:p></o:p><o:p>
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    Cette histoire de cheval traduit exactement la pensée de Nietzsche qui, dans son œuvre posthume sur la volonté vers la puissance, expose les deux variantes du nihilisme, l’un destructeur et l’autre fatigué. Pour en arriver à ce stade, l’homme doit être gagné par le doute sur les valeurs. Que signifie le nihilisme ? : que les valeurs supérieures se déprécient nous dit Nietzsche ; qui de plus précise le ressort du nihilisme. La puissance n’a plus la force de s’ériger en but ou se mettre au service d’un but, d’une raison d’être, d’une foi. La puissance peut alors s’étioler ou bien se renforcer et se dépenser dans une attaque violente et destructrice. Trois catégories de nihilisme se présentent. L’un lié à la perte du but subjectif. (I) Le sujet perd de vue ce qu’il vise ou bien réalise que ce qu’il a voulu jusqu’à présent n’était qu’un fantôme moral si bien qu’il ne se perçoit ni ne se conçoit comme le ressort du devenir ou son compagnon. (II) L’individu doute de l’unité supérieure du but face auquel il était jusqu’alors le fidèle exécutant ou du moins, le serviteur. Il est question du ressort social. Cette mécanique invisible saisie et définie comme asabiya par Ibn Khaldûn. Traduction, esprit de corps. Plus tard, Montesquieu évoque un ressort particulier, la vertu, au service d’un idéal, la république. Le nihiliste doute autant de la vertu que de la république comme un tout dont il devrait être un des éléments le réalisant ; il doute aussi du socialisme. (III) Il reste la tactique du retrait, le subterfuge de condamner le monde du devenir en inventant un arrière-monde qui sera celui de la vérité. <o:p></o:p><o:p>
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    Trois propos nietzschéens. (1) Le philosophe nihiliste est convaincu que tout ce qui arrive est dépourvu de sens et se fait en vain. (2) Le nihilisme n’est pas seulement une méditation sur cet « en vain » érigé en jugement général et définitif du monde. Ce n’est pas uniquement l’habitude de croire que tout mérite de périr. On y met soi-même la main, on détruit. (3) C’est l’impuissance de l’homme, non pas en face de la nature, mais en face des hommes, qui engendre l’amer désespoir de vivre. <o:p></o:p><o:p>
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    Transposition du nihilisme au monde de la marchandise. Les valeurs dites supérieures peuvent être mises en concurrence avec d’autres valeurs. Actuellement, on se demande si la seule valeur prisée par les individus ne serait pas l’argent. En vertu de cette hypothèse, je suggère ces trois formulations pour désigner un nihilisme qui ne mettrait en exergue qu’une seule valeur. (1) L’acteur économique nihiliste est convaincu que tout ce qui se fait est dépourvu de sens et arrive en vain, sauf s’il peut être échangé sur le marché. (2) L’économie nihiliste n’est pas seulement un sentiment envers la valeur des choses, fondé sur la croyance que tout mérite d’être délaissé sauf s’il y a participation au profit. Le monde de la finance (entre autres) y met la main, et détruit ou du moins laisse périr ce qui n’agit pas dans le sens du marché et du profit. (3) C’est l’impuissance de l’homme, non pas en face de la nature, mais en face de la technique et du marché, qui engendre l’amer désespoir de survivre, parfois dans la précarité. <o:p></o:p><o:p>
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    La propagation de l’intérêt et la marchandisation de l’existence humaine ont placé l’homme et le politique dans une situation descriptible comme celle du nihilisme économiste, dont le propre est d’écarter, de contourner, de nier les valeurs non marchandes, de les mettre au rancart. André Comte-Sponville ne se trompe pas quand il juge le capitalisme comme non moral. Hélas, il s’égare quand il ne voit pas que c’est le signe d’une époque marquée par le nihilisme et ne s’en inquiète pas. Mais qui sont au juste les nihilistes de l’intérêt ? Un peu trop facile de désigner la finance et ses banquiers. En vérité, tous les lobbys défendant des intérêts marchands participent à ce nihilisme économique dont l’équation se situe au niveau des instances qui organisent le système et dont les Etats sont au centre. <o:p></o:p><o:p>
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    L’Etat est le lieu des arbitrages entre deux intérêts, deux buts, deux ordres de valeurs. D’un côté les valeurs économiques et de l’autre les valeurs républicaines non marchandes. On assiste récemment aux arbitrages, souvent en faveur de ces lobbies. <o:p></o:p><o:p>
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    Le nihilisme économique, nous le retrouvons dans un parti politique au pays qui inventa le fascisme. La ligue du Nord, forte de ses industries et sa proximité avec l’Europe conquérante, ne veut plus partager avec l’Italie du Sud. Les Flamands ne veulent plus partager un peu de richesse avec les Wallons caricaturés comme fainéants et la Belgique risque d’éclater. Partout en Europe, on assiste à des replis nationalistes, sur fond d’histoires de sous, alors que dans le monde, les inégalités économiques forgent les tensions entre communautés. Au Pays-Bas, en Thaïlande, en Roumanie, en Hongrie et sans doute ailleurs, l’Etat est attaqué en tant que courroie de transmission des richesses (M. Koutouzis, Agoravox). J’aurais ajouté, courroie de répartition solidaire des richesses. Le nihilisme des nantis s’attaque aux valeurs républicaines et notamment la solidarité. Et en France ? Eh bien, cela se passe un peu pareil, un peu comme ailleurs dans le monde, avec cette pression incessante des nantis et des lotis, pour conserver leurs avantages ou les accroître, et ce, au mépris d’autres valeurs. <o:p></o:p><o:p>
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    Les célébrités ont obtenu la peau des internautes qui téléchargent, grâce à la loi Hadopi promulguée contre les libertés et pour satisfaire la cupidité de gens déjà nantis. Les promoteurs immobiliers spéculent, les classes supérieures investissent en défiscalisant ; au final, les locataires sont asphyxiés par des loyers prohibitifs. Les ghettos économiques se renforcent. Les banquiers ont obtenus des aides de l’Etat pour continuer leurs affaires en dépit d’une crise dont ils sont les auteurs. Les syndicalistes se préparent à signer pour une réforme des retraites qui préservera les mieux lotis en accentuant la pauvreté parmi les plus démunis, souvent écartés du marché du travail par la dureté du système. Les « artistes officiels » pompent les fonds public pendant que l’art se meurt. La télévision de service public n’hésite pas à offrir son antenne pour la publicité des produits culturels déguisée en show pour grand public. La cupidité est sans limites. La vénalité est son bras droit. <o:p></o:p><o:p>
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    L’Etat est au service de la caste des riches, des opportunistes, des parvenus et aussi un peu soucieuse des classes moyennes qu’elle soigne parce qu’elles sont indispensables pour créer des richesses, organiser la société, et des pauvres qu’il faut bien secourir pour qu’ils n’envahissent pas les rues et se révoltent quand il n’y a plus rien dans l’assiette de l’espérance. Le monde de l’argent et de la technique détruit peu à peu la république et ses valeurs, la civilisation et ses plus hautes réalisations. Ainsi court le monde vers le nihilisme accompli dans l’économisme. Mais peut-on vraiment parler de nihilisme quand une valeur est vénérée par tous, l’argent ?
     

    par Bernard Dugué (son site) mercredi 16 juin 2010


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  • Les religions sont un problème

    Michel Onfray très offensif ce jeudi 10 juin dans les "Grandes Gueules" sur RMC. Dans la droite ligne de son Traité d’athéologie, le philosophe attaque frontalement les religions et notamment l’islam qui, selon lui, "n’est pas une religion de paix, de tolérance et d’amour". "Si vous lisez le Coran, on n’est pas dans une logique républicaine mais plutôt inégalitaire, misogyne et antisémite", ajoute-t-il. Selon lui, le débat sur la burqa cacherait donc le vrai problème, qui serait celui de l’islam.

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