• Un Etat a-t-il le droit de renoncer unilatéralement à l’Euro ?

    Si l’on en croit les juristes et experts européens, aucune sortie de l’Euro n’est possible. Il faut dire que « l’exit clause » créée par le Traité de Lisbonne (TUE) ne vise que la sortie de l’Union européenne. Ils en tirent argument pour considérer qu’une dénonciation partielle du TUE est juridiquement impossible.Or, au contraire, l’absence de mention d’une telle dénonciation partielle dans le TUE, permet de revenir au droit international public classique, et particulièrement à la Convention de Vienne.

    Pour fonder leur refus d’une telle remise en cause partielle (essentiellement dirigée contre l’Euro), ils invoquent également les dispositions des différents traités européens. Pourtant, ces textes précisent seulement qu’à une date et selon des procédures spécifiques, il sera arrêté une « fixation irrévocable des taux de change », entre la monnaie unique (à l’époque l’écu) et les monnaies nationales. Il faut une sacré dose d’imagination pour transformer la fixation irrévocable de la valeur de la monnaie unique (c’est important, nous y reviendrons), en adoption irrévocable de cette monnaie unique par les pays concernés.

    Conscients de la faiblesse de cet argument, ils appuient enfin leur thèse sur le fait que les dispositions du TUE rendent à terme obligatoire l’adhésion à l’Euro, l’adoption de cette monnaie étant indissociable de la volonté d’adhérer à l’Union européenne, et ce pour tous les Etats membres, c’est-à-dire y compris le Royaume-Uni… Or, relevons que la réalité des dérogations négociées par certains Etats membres est une évidente démonstration du contraire, mais surtout l’Euro (et plus généralement les engagements liés à l’Union monétaire) paraît aisément divisible des autres engagements du TUE.

    Il est donc juridiquement possible qu’un Etat membre du TUE se retire de l’Eurozone SANS dénoncer la totalité du TUE.


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  • Une affiche islamiste qui fait l’effet d’une bombe

     Si, si, on est bien à Toulouse ! Comme l’assurait un ancien slogan du fromage « Port-salut », « c’est écrit dessus ». On pourrait, c’est vrai, en douter à voir cette publicité d’un « fast food » appelé « Boum Burger ». À l’évidence, elle s’adresse exclusivement à un groupe religieux étroitement circonscrit, la communauté islamiste, dont elle fait la promotion des mœurs singulières.

     

    Un violent paradoxe
     
    Ce paradoxe que constitue à lui seul cet affichage, ses auteurs le savent, suffit à capter l’attention. Sur la voie publique d’un pays laïque, sont, en effet, promus deux symboles majeurs du progressisme islamiste : un interdit alimentaire avec la nourriture halal et un interdit vestimentaire avec la femme voilée.
     
    Dans une mise hors-contexte totale sur fond blanc pour ne pas distraire le regard, un hamburger est exhibé à gauche entre sachet de frites et gobelet de jus de fruit. Rien, sinon qu’il est halal, ne le distingue des autres mixtures indigestes dans l’assortiment du menu habituel à ce type de « mal-bouffe ». Et, à droite, en gros plan, se tourne de trois-quarts vers le lecteur l’ovale d’un visage féminin sanglé dans les plis d’un voile qui encadre étroitement front, yeux, joues et menton. La jeune femme sourit : sans doute est-ce l’effet radieux d’une métonymie qui trouve sa cause dans le bonheur d’apprendre la bonne nouvelle d’une « mal-bouffe » enfin halal. Elle en fait part au lecteur, en le fixant du regard selon le procédé de l’image mise en abyme, pour lui faire croire qu’elle s’adresse à lui en particulier, ou plus exactement de « nous » à « vous » comme dit le slogan. Si allusifs que soient les pronoms personnels, « nous » et « vous », l’insinuation dans ce contexte symbolique n’en dessine pas moins clairement les contours de la communauté islamiste exclusive qui est concernée.
     
    La stimulation d’une première chaîne de réflexes
     
    À en juger par l’onomatopée prise comme logotype de cette nouvelle marque, « Boum Burger » et donnée comme titre au menu, « BoumBoum », la nouvelle doit faire l’effet d’une bombe. C’en est une, en effet : elle a de quoi surprendre à la fois par sa nouveauté sur le sol laïque français et son caractère inattendu. Malgré sa forme elliptique, le slogan s’apparente à la prescription d’un prêche, voire d’un verset religieux : « Le Halal, une exigence pour vous et pour nous  ». Et pour celui qui ne lit pas le Français sans doute, un sous-titre est ajouté en arabe, comme sous le logotype.
     
    Dans une sorte de réaction en chaîne, provoquée par cette bombe, trois réflexes sont ainsi simultanément recherchés, l’un renforçant l’autre. À la vue des signes distinctifs de la communauté islamiste, un premier réflexe socioculturel de patriotisme religieux vise à clore le champ de perception du croyant pour le centrer sur sa seule croyance. Il doit aussitôt déclencher chez lui un réflexe d’identification à son groupe religieux, symbolisé par la réunion de « vous » et de « nous », et un réflexe inné d’attirance pour les seuls produits et manières d’être que ce groupe autorise. On est proche de la transe de la citadelle assiégée où les fidèles islamistes, soumis à « une exigence  » singulière font cause commune contre les infidèles qui ne le sont pas : les pronoms personnels « nous  » et « vous » postulent par opposition insinuée l’existence d’un troisième groupe qui n’est ni « nous » ni « vous » mais « eux ».
     
    La stimulation d’une autre chaîne de réflexes
     
    Seulement, les auteurs de cette publicité se sont-ils souciés des réflexes que cette affiche peut déclencher chez ces autres citoyens attachés à la laïcité ? Devant cette revendication communautariste ostentatoire, un réflexe symétrique socioculturel de patriotisme et/ou de nationalisme ne risque-t-il pas d’être stimulé jusqu’à provoquer une autre transe de citadelle assiégée par une culture perçue comme dangereuse pour les valeurs qui réunissent la communauté nationale. Et ne doit-on pas craindre en réponse la manifestation et le renforcement d’un réflexe d’islamophobie ?
     
    Pis, l’onomatopée « Boum » et « BoumBoum », explosant dans une sorte de bulle, est-elle si heureuse dans le contexte historique qui prévaut depuis les attentats du 11 septembre aux USA ? Ne faut-il pas avoir les oreilles bouchées pour ne pas entendre par intericonicité dans cette onomatopée le bruit de l’explosion d’une autre bombe qui n’est plus celle d’une simple nouvelle inattendue ? Le but est-il d’ancrer dans les esprits l’association entre islamisme et violence ? Si oui, c’est réussi.
     
    Cette affiche a tout l’air d’un test. On voit passer le missile, mais on ne sait pas qui l’a lancé et sur qui. S’agit-il d’une stratégie cherchant à souder la communauté islamiste contre les infidèles sur le sol français ? Ou cherche-t-on à nourrir en France un puissant mouvement islamophobe ? Ou encore en pratiquant la surenchère, des pêcheurs en eau trouble ont-ils partie liée pour troubler l’ordre public laïque en France ?
     

    Paul Villach


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  • Parcours santé

     

    (Du Touquet) L'ingénieur promène son compteur Geiger sur le parking du stade de Gueugnon. La machine pousse son cri strident, qui va crescendo : les tribunes et le parking sont situés sur des déchets radioactifs de l'ancienne usine de la Cogema. La moitié des régions françaises abritent ainsi 300 millions de tonnes de résidus nucléaires.

    Lauréat du prix spécial du jury au Figra, le film « Mines d'uranium : le scandale de la France contaminée » est de ceux qui font peur. Peur quand les journalistes qui l'ont réalisé, Emmanuel Amara et Romain Icard, marchent avec des citoyens engagés contre ce scandale qui leur disent ne pas vouloir rester trop longtemps dans un pré ou un bois par crainte d'être contaminés.

    Peur encore quand on voit que les supporters de Gueugnon, et une bonne partie des habitants de cette ville bourguignonne, ont pu être irradiés en assistant à des matchs de foot ou en faisant leur footing, puisqu'un parcours de santé avait aussi été créé sur les 30 000 tonnes de déchets nucléaires enfouis… (Voir la vidéo)


    Au total, l'usine de la Cogema (aujourd'hui Areva) de Gueugnon a planqué ainsi 220 000 tonnes de déchets avant sa fermeture, en 1980. A deux pas du centre-ville. Des dizaines de cas similaires existent en France, où 210 sites ont été exploités. La plupart du temps, ces résidus sont des « stériles » (déchets radioactifs, mais modérément).

    Mais dans le film d'Amara et Icard, un ingénieur de la Criirad, le seul laboratoire indépendant de mesure de la radioactivité, découvre du yellowcake (concentré d'uranium) sur le parking d'un club de ski de fond…

    Les journalistes nous emmènent aussi à Saint-Pierre (Cantal), village entièrement construit sur un site d'enfouissement. Et dans un coin de la Loire où la Cogema vendait à vil prix du remblai aux habitants, ravis de l'aubaine. Aujourd'hui, ils déchantent : on s'aperçoit que même des maisons sont radioactives.

    A Limoges, une partie des habitants boivent de l'eau contaminée. C'est la grande ville française la plus touchée, puisque le Limousin concentrait le plus grand nombre de mines.

    L'enquête édifiante d'Amara et Icard pose beaucoup de questions. Elle a suscité quelques réponses au moment de sa diffusion dans l'émission de France 3 « Pièces à conviction », en février 2009 : tentative de censure de la part d'Areva, procès de la ville de Limoges, et engagement solennel du ministre Borloo (non respecté). (Voir la vidéo)


    Tant que les ingénieurs de la Criirad et les citoyens engagés n'auront pas fini leur travail de fourmi, on aura du mal à connaître la réalité de la contamination en France : tel qu'il est actuellement organisé, le contrôle de la radioactivité n'est pas indépendant d'Areva. Notamment parce que les ingénieurs qui l'effectuent sont presque tous issus du corps des Mines, comme les dirigeants du groupe nucléaire.


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  • GRECE: JEAN-CLAUDE TRICHET AU BORD DE LA CRISE DE NERFS


    du 26 au 29 mars 2010 :
    "L'Europe n'a pas voulu assumer ses responsabilités pour la Grèce" A t-il dit, et le patron de l'ECB fulmine puisque cette décision historique a littéralement tiré le tapis sous les pieds de l'Europe, au point que Zero Hedge a titré "seule la chute du dollar pourra sauver l'euro". Quant à Nicolas Sarkozy s'est couché devant Angela Merkel. Du coup, il n'y a plus d'Europe puisque celui qui a le pouvoir est celui qui a le plus d'argent, l'Allemagne. Parlons d'un système démocratique !!! Ecoutez ses propos: "The International Monetary Fund or any other body must not assume the responsibilities of euro zone governments in dealing with economic problems, European Central Bank President Jean-Claude Trichet said on Thursday ... members of the 16-nation euro zone needed to remain faithful to responsibilities laid out in the Maastricht Treaty, which incorporates stability and growth goals. Everything going in the direction of euro zone members shying away from responsibilities is bad in our eyes. If the IMF or some other body exercises the responsibility in lieu of the Eurogroup or instead of governments, it is evidently very, very bad". La zizanie a été semée en Europe, et maintenant ce sera une foire d'empoigne. Et il a ajouté aussi, traduction, que les Grecs sont des gros tricheurs: "The Greeks provided wrong figures, something that is absolutely unforgivable and must never be repeated". Alors où est Athéna ? Eh bien, elle n'est toujours pas sortie de la tête de l'un où de l'autre. Sans doute qu'il faudra un violent coup de hache dans la fourmilière. En tout cas, les Grecs vont payer très cher pour les magouilles de leurs économistes et leur banque centrale, qui, ne l'oublions pas, a donné les faux chiffres... Bonne nouvelle, l'euro va baisser... Voyez ici le papier d'Ambrose Evans Pritchard, qui ne se fait pas plus d'illusions. Ceci est une mascarade, comme dans un tableau de Magritte. Mais le meilleur titre revient à Business Insider: "Trichet Slams IMF Agreement, As Europe Can't Decide Which Suicide Pill To Take"!! Revue de Presse par Pierre Jovanovic


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  • N'oublie pas ta Finkysérie sur ARTE

    Pizza à Auschwitz

    Pizza à
 Auschwitz

    • Genre : Documentaire - Culture Infos
    • Pays : Israël
    • Nationalité : israélien
    • Date de sortie : 2008
    • Durée : 1h05

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  • Rien à faire...

    Hervé de Charette, dont on verra l’échange avec Kouchner dans la vidéo ci-dessous, intervenait dans le cadre des questions au gouvernement, à l’Assemblée Nationale.

    Israël persécute depuis des décennies le peuple palestinien, et l’Union européenne pas plus que la France et son French Doctor de ministre ne font rien pour s’y opposer. « Rien, rien et encore rien », a martelé Charette, dont l’intervention avait le grand mérite d’être simple et claire.

    Décontenancé, le ministre des Affaires étrangères Kouchner s’est alors trouvé obligé de reconnaître que Charette disait bien la vérité sur tous les crimes israéliens dénoncés (colonisation, étranglement de Gaza, enfermement sans jugement de milliers de Palestiniens, judaïsation illégale de Jérusalem. Pour en conclure, et on retrouvait à cet instant le vrai Kouchner, … qu’il n’y avait rien à y faire. Mais si, comme Kouchner vient d’en apporter la preuve en public, nos gouvernants ont bien l’intention de laisser le massacre se poursuivre, nous, simples citoyens, avons l’obligation de porter assistance à peuple en danger.


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  • Le plan de sauvetage de la Grèce ne résout pas tout
     
     
     
     
    article lié : La Fondation Bertelsmann
     
     
     
    LE MONDE | 27.03.10 | 14h45  •  Mis à jour le 27.03.10 | 14h45


    es Cassandre le disaient quasiment en voie de disparition quand il était passé, jeudi 25 mars, sous le seuil de 1,33 dollar. Aujourd'hui, l'euro est-il sauvé ? L'accord obtenu à l'arraché entre les dirigeants de la zone euro pour mettre fin au psychodrame grec lui assure-t-il un avenir ?

    Oui. Et non. C'est selon. D'un côté, les marchés peuvent souffler. On ne laissera pas tomber la Grèce. Si le pays ne parvient plus à emprunter à des taux raisonnables pour financer ses déficits, il bénéficiera "en dernier recours" d'un filet de sécurité : des prêts accordés conjointement par les Etats de la zone euro... et le Fonds monétaire international (FMI).

     

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    Mais c'est là que le bât blesse. La Banque centrale européenne (BCE) a bien tenté de sonner l'alarme. Jeudi soir, son président, Jean-Claude Trichet, s'est départi de la traditionnelle prudence sémantique du banquier central en jugeant "très, très mauvais" que les pays de l'euro se défaussent de leurs responsabilités. Décryptage : l'intervention d'une institution pilotée de Washington dans les affaires internes de la zone est un camouflet qui porte un coup - fatal ? - à la crédibilité de la monnaie unique...

    M. Trichet a d'ailleurs adressé une sorte de complainte aux Allemands, principaux artisans de l'implication du FMI. "La BCE a tenu la promesse de stabilité des pères fondateurs de l'euro", a-t-il revendiqué dans une tribune au grand quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung. Et d'ajouter : "Pour ce qui est de la stabilité, l'euro tient sans difficulté la comparaison avec le deutsche mark."

    Sur le marché des changes, la devise des Seize est restée hésitante après l'accord européen, adopté dans la cacophonie et les divisions. Vendredi, l'euro remontait face au billet vert, à 1,3410 dollar. "Pour l'instant, tout cela reste un colmatage de brèche plus qu'une véritable sortie de crise, juge Marc Touati, président de la société de Bourse Global Equities. Mais les incertitudes qui demeurent ont du bon, car elles permettent de limiter le rebond de l'euro et l'Europe en a bien besoin."

    Reprise "sans tonus"

    Bercy ne dira pas le contraire après les prévisions de croissance pour la France publiées, jeudi, par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). La reprise est prévue "sans tonus" avec des entreprises qui n'investissent pas et exportent peu. Bref, le bout du tunnel est encore loin pour le Vieux Continent. D'autant que le dispositif d'aide à la Grèce n'a pas franchement résolu la crise de dette qui menace d'autres Etats de la zone euro.

    L'Allemagne a accepté l'adoption d'un mécanisme de soutien à Athènes en échange d'un durcissement de la discipline budgétaire. Mais, dans l'immédiat, cela "risque de pénaliser la croissance européenne et de rendre plus difficile la réduction des déficits, s'inquiètent les analystes de Natixis, notamment pour des pays toujours en récession comme l'Espagne et le Portugal". La note de la dette portugaise à long terme a d'ailleurs été rabaissée d'un cran (de "AA" à "AA -") par l'agence Fitch, jeudi. L'avis de Natixis est peu ou prou partagé par la Banque centrale chinoise. Selon son vice-gouverneur, Zhu Min, "la principale préoccupation aujourd'hui, c'est évidemment l'Espagne et l'Italie".

    En attendant, M. Trichet a décidé de faire montre de pragmatisme pour résoudre les problèmes de la Grèce avant tout. A l'encontre de ses dernières affirmations, il a indiqué, jeudi, que la BCE prolongerait au-delà de 2010 l'assouplissement des critères imposés aux banques pour qu'elle leur prête des liquidités. Un soulagement pour les établissements hellènes. La décision a immédiatement provoqué une forte détente des taux des emprunts d'Etat grecs.

    Mais l'écart entre la Grèce et l'Allemagne pour les obligations à 10 ans s'établissait toujours, vendredi, à 3 %. Peut mieux faire...

     

    Marie de Vergès
    Article paru dans l'édition du 28.03.10

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  • L'accord de Bruxelles va t-il sauver l'euro de la crise ?

     

    Après plusieurs semaines de négociations laborieuses, l'Europe s'est entendue sur un accord pour aider la Grèce en graves difficultés budgétaires. Mais la mise en oeuvre du compromis pourrait s'avérer très complexe.

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    Jusqu'à la dernière minute, l'accord sur une aide à la Grèce, entériné jeudi par les pays membes de la zone euro, aura fait l'objet de tractations. Mais après plusieurs semaines de divisions qui ont mis la cohésion de la zone, un tel accord a de quoi éviter de rester dans une situation qui commençait à faire douter sérieusement de la monnaie unique. "La plupart des hommes politiques européens ont envie d'aider la Grèce pour étouffer dans l'oeuf une crise plus large, et pour continuer à construire l'Europe", estime Maurice de Boisséson, chez Octo Finances.

    Dissuader la spéculation

    L'objectif premier de ce mécanisme est en effet de dissuader les marchés financiers de spéculer contre un pays en difficulté en lui imposant des taux d'emprunt élevés. Il prévoit en cas d'"ultima ratio", autrement dit de quasi défaut d'un pays mais ce point reste peu clair, l'accord de prêts bilatéraux des pays de la zone euro à hauteur de deux tiers et d'un tiers pour le Fonds monétaire international (FMI). Sur ce point, Jean-Claude Trichet, le patron de la Banque centrale européenne (BCE) et Nicolas Sarkozy, le président français, qui y voient là une perte de crédibilité préjudiciable pour l'euro, ont dû céder aux Allemands.

    Plus concrètement, la décision d'aide du pays concerné devra être prise à l'unanimité, sur une base volontaire, et à hauteur de sa participation à la BCE. "On comprend que les Allemands aient insisté pour que les aides à la Grèce soient bilatérales et volontaires. Malgré les promesses, il est probable que peu de gens viendront aider les Grecs", pronostique Maurice de Boisséson.

    Zones d'ombres

    Si les marchés financiers ont accueilli favorablement l'accord (lire ci-dessous), les zones d'ombre qui entourent les modalités d'application du plan demeurent (lire l'entretien ci-dessous), notamment sur le montant de l'aide qu'il faudrait débloquer le cas échéant, et si cela sera suffisant. Le président de l'institut Ifo de Munich, Hans Werner Sinn, a jugé qu'il ne donnera à la Grèce qu'une bouffée d'oxygène « pour quelques mois ». De son côté, le Portugal, qui pourrait être le prochain maillon faible, a demandé à ce qu'on réfléchisse à la création d'un fonds permettant de régler à l'avenir ce genre de problème entre membres de la zone euro. Une proposition désagréable pour des oreilles allemandes, car outre-Rhin on espère que l'accord de ce jeudi restera une « exception » (lire ci-dessous).

    Concessions

    En outre, la mise au point du mécanisme est, comme l'a indiqué Nicolas Sarkozy dans sa conférence de presse, le résultat d'«un compromis ». Un compromis rendu nécessaire par la ligne dure adoptée par Angela Merkel, fêtée outre-Rhin comme la « chancelière de fer », et qui, mardi encore, avait affirmé devant les députés de son parti, la CDU, que « la situation n'avait pas changé depuis le dernier sommet du 11 février et qu'il n'y aurait donc aucune décision à Bruxelles sur la Grèce ». Durant les deux jours suivants, la menace d'un « nein » allemand à tout plan d'urgence continuait de planer sur les discussions. Quelques heures avant l'accord, devant les députés du Bundestag, Angela Merkel martelait que « le peuple allemand a placé dans l'euro la confiance qu'il avait dans le deutsche Mark. Le gouvernement fédéral ne peut trahir cette confiance à aucun prix ».

    Le FMI, concession majeure

    Il a donc fallu avoir recours à des tractations jusqu'à ce que Paris, Rome, la Commission et la BCE acceptent « l'inacceptable » : la participation du FMI. Une concession majeure qui a bien pu avoir été monnayée. Dès la sortie de la réunion, Nicolas Sarkozy a annoncé un projet de taxe carbone aux frontières européennes, après avoir annulé cette même taxe en France, qu'il avait tant défendue. Mercredi, il s'était montré plutôt offensif sur la défense de la Politique agricole commune (PAC), dont la France est la première bénéficiaire, menaçant d'aller jusqu'à une "crise européenne" s'il le fallait. En outre, en Allemagne, certains commençaient à se demander si la nomination du président de la Bundesbank, Axel Weber, à la tête de la BCE l'an prochain pour succéder à Jean-Claude Trichet allait encore être possible après cette « bataille de Grèce ». Angela Merkel a-t-elle sacrifiée sur l'autel de sa fermeté celui qui est aussi un de ses proches ? Rien n'est moins sûr, mais ce qui est certain, c'est que malgré sa faiblesse, cet accord sur la Grèce laissera sans doute des traces durables dans les relations intraeuropéennes.


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  • Coup de froid entre les Etats-Unis et Israël

    par Serge Halimi pour Le Monde diplomatique

    « C’est merveilleux de revenir parmi vous et de retrouver tant d’amis. » Ainsi s’exprima la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton lors de son discours devant le congrès de l’American Israel Public Affairs Committee (Aipac), le 22 mars. Même si Mme Clinton compte au nombre des amis les plus fidèles du gouvernement israélien au sein de l’administration de Barack Obama, les rapports se tendent néanmoins entre Tel-Aviv et Washington. Il n’est en effet pas courant que les Etats-Unis utilisent les termes « condamner », « affront », « insulte », pour qualifier une décision de leur allié (en l’occurrence l’annonce, lors de la visite en Israël du vice-président Joseph Biden, de la construction de 1 600 habitations dans la partie arabe de Jérusalem). Et le caractère glacial de la rencontre à la Maison Blanche entre M. Benyamin Nétanyahou et le président Obama conforte l’idée que les deux dirigeants s’insupportent, le premier ministre israélien étant l’enfant chéri de la droite républicaine et de Fox News (alors que la très grande majorité des juifs américains a voté pour M. Obama en 2008). Entre les dirigeants français et israéliens, tout va très bien en revanche (lire l’article d’Alain Gresh dans Le Monde diplomatique d’avril, en kiosques le 31 mars).

    Les Etats-Unis n’entendent assurément pas remettre en cause l’aide militaire annuelle qu’ils versent à Israël – Mme Clinton a même indiqué que son montant (3 milliards de dollars), qui avait augmenté en 2010, augmenterait à nouveau en 2011. Mais quand ils évoquent le « partenariat stratégique global entre Israël et les Etats-Unis » (Mme Clinton vient encore de le faire devant l’Aipac), il arrive désormais aux dirigeants américains de suggérer, voire de dire carrément, que les provocations répétées du gouvernement de M. Nétanyahou nuisent à cette stratégie globale. Et fragilisent par conséquent le partenariat. La secrétaire d’Etat américaine ne peut pas ignorer qu’elle aura du mal à être prise au sérieux par nombre de pays quand, ovationnée par une association, l’Aipac, qui a appuyé la répression souvent meurtrière des manifestants palestiniens, elle fustige le fait qu’en juin dernier « des Iraniens qui protestaient en silence ont été matraqués ». « Dans le monde entier, ajoute-t-elle, les gens ont été horrifiés par la vidéo d’une jeune femme tuée en pleine rue. »

    Plus fondamentalement, l’analyse régionale des Etats-Unis ne coïncide pas avec la politique actuelle de la droite et de l’extrême droite israéliennes. « Il est vrai, a indiqué Mme Clinton, que les mesures de sécurité [israéliennes] ont réduit le nombre d’attentats suicide. […] Au point que certains imaginent que le statu quo peut être perpétué. Mais les dynamiques de la démographie, de l’idéologie et de la technologie rendent cela impossible. D’abord, nul ne peut ignorer les tendances à long terme de la démographie, nées de l’occupation israélienne. Ainsi que le ministre de la défense Barak et d’autres l’ont signalé, l’heure se rapproche où les Israéliens devront choisir entre la préservation de leur démocratie et leur fidélité au rêve initial d’un foyer juif. Compte tenu de cette réalité, la solution impliquant deux Etats constitue le seul chemin viable permettant à Israël de demeurer à la fois une démocratie et un Etat juif. […] Enfin, nous devons admettre que l’évolution des technologies militaires va compliquer la sécurité d’Israël. Pendant six décennies, les Israéliens ont défendu leurs frontières avec vigilance. Mais les progrès technologiques accomplis en matière de roquettes signifient que les familles israéliennes sont dorénavant menacées à l’intérieur même de ces frontières. »

    Le Pentagone donne à son tour des signes d’exaspération

    Autant dire que, selon Washington, la politique des faits accomplis de Tel-Aviv radicalise une opposition arabe qui demain disposera des moyens militaires de ses ambitions. Par conséquent, cette « politique de sécurité » nuit … à la sécurité d’Israël. Et, autre paradoxe, les Etats-Unis doivent, pour conserver dans la région un crédit dont profite ensuite l’Etat hébreu, prendre leurs distances avec lui. « Les nouvelles constructions à Jérusalem ou en Cisjordanie, a répété Mme Clinton dans son discours devant l’Aipac, portent atteinte au climat de confiance nécessaire et à la perspective de négociations auxquelles les deux parties [Israël et Palestine] se proclament attachées. Et ces constructions ont pour conséquence de rendre visible le désaccord entre les Etats-Unis et Israël, que d’autres parties dans la région espèrent exploiter. Cela entame la capacité unique dont disposent les Etats-Unis, celle de jouer un rôle essentiel dans le processus de paix. Notre crédit dépend en effet dans une certaine mesure de notre capacité à pouvoir saluer les deux parties lorsqu’elles font montre de courage. Et, quand nous ne sommes pas d’accord, à le faire savoir sans hésiter. »

    Le compliment – empoisonné… – à M. Nétanyahou suit : « Nous félicitons le premier ministre Nétanyahou d’avoir repris à son compte la vision d’une solution comportant deux Etats, d’avoir décidé la levée de barrages et de faciliter les déplacements en Cisjordanie. Et nous continuons d’attendre qu’Israël prenne des mesures concrètes pour transformer cette vision en réalité, afin de créer une dynamique qui ira dans le sens d’une paix globale en respectant les aspirations légitimes des Palestiniens, en arrêtant toute colonisation et en se souciant de la crise humanitaire à Gaza. »

    On comprend qu’une phrase de Mme Clinton ait été diversement accueillie par les militants de l’Aipac : « Si vous doutez de la détermination du président Obama, regardez ce que nous venons de réaliser en faisant passer un texte offrant à chacun une couverture médicale financièrement accessible et de qualité. » La « détermination » du président américain ne peut en effet que le conduire à prendre davantage de distances avec les projets de la droite israélienne et du lobby américain qui la soutient.

    Pour eux, la situation devient d’autant plus sérieuse que le Pentagone donne à son tour des signes d’exaspération. Le 16 mars, témoignant (PDF) devant la commission des affaires armées du Sénat, le général David Petraeus, commandant des forces américaines dans une région qui va de l’Egypte au Pakistan (et qui couvre donc à la fois l’Irak et l’Afghanistan), a eu ce propos qui n’est pas passé inaperçu : « La poursuite des hostilités entre Israël et quelques-uns de ses voisins met en cause notre capacité à défendre nos intérêts. […] Le conflit [au Proche-Orient] alimente un sentiment antiaméricain lié à une perception de favoritisme des Etats-Unis envers Israël. La colère arabe née de la question palestinienne limite la puissance et la profondeur du partenariat américain avec les gouvernements et les peuples de la région, en même temps qu’elle affaiblit la légitimité des régimes arabes modérés. Al-Qaida et les groupes militants tirent parti de cette colère afin de mobiliser de nouveaux appuis. Le conflit au Proche-Orient favorise l’influence de l’Iran dans le monde arabe à travers ses clients le Hezbollah libanais et le Hamas. »

    Au moment où M. Nétanyahou voudrait que Washington durcisse le ton contre Téhéran, la déclaration de M. Petraeus est redoutable pour Tel-Aviv. Elle suggère en effet que l’allié stratégique des Etats-Unis, Israël, complique dorénavant la tâche des militaires américains. Il sera d’autant plus difficile au parti républicain, inconditionnel de M. Nétanyahou, de négliger un tel avertissement qu’il y a quelques mois il pressait M. Obama de suivre sans hésiter les recommandations afghanes du général Petraeus. Ce que fit le président des Etats-Unis en déployant des milliers de nouveaux soldats dans ce pays. Le général Petraeus vient de suggérer que leur mission était mise en péril par les politiques du gouvernement israélien. Ce n’est pas rien…

    Source : Le Monde diplomatique


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  • Cocu à vingt ans

     

     

    article lié : Histoire d’une marionnette


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