• Les Etats européens livrent leurs populations aux spéculateurs

    On les croyait temporairement stigmatisés suite à leur responsabilité dans la crise financière. Loin de faire profil bas, les marchés financiers repartent à l’assaut de ce qui reste du « modèle social européen ». Objectif : faire payer les populations en menant une offensive sans précédent contre les salaires, les services publics et les droits sociaux, avec la complicité des gouvernements. Si la Grèce est aujourd’hui dans le collimateur, tous les pays européens sont concernés.

    Le 27 janvier 2010, l’état grec lève sans difficulté 8 milliards d’euro d’emprunt sur les marchés financiers. La demande pour ces obligations était cinq fois plus importante que l’offre proposée. Le 4 mars, la Grèce réussit à nouveau à emprunter 5 milliards d’euros. « Preuve qu’en dépit de la conjoncture extrêmement néfaste, l’économie grecque reste forte », déclare-t-on au ministère des Finances à Athènes. Ces deux épisodes laissent perplexes compte tenu de la kyrielle de déclarations alarmistes sur la possible faillite des finances publiques de la péninsule hellénique.

    Fonds spéculatifs, Hedge Funds et banques d’affaires joueraient-ils à la spéculation, tout en sachant qu’un État ne peut pas faire faillite et que les contribuables passeront tôt ou tard au guichet pour éponger les dettes ? Ne serait-ce pas là une opportunité politique pour donner un sérieux tour de vis à l’État « providence » en le démantelant encore plus ? Jean-Claude Trichet, président de la Banque centrale européenne et Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, ont complimenté Athènes pour les efforts de rigueur déployés par le gouvernement social-démocrate de Georges Papandréou. Selon Jean-Claude Trichet, le gel des salaires et celui des retraites sont des mesures « convaincantes » pour réduire un déficit estimé à 30 milliards d’euros. Avec une question : qui doit payer la crise ? Les populations ou les acteurs des marchés financiers ?

    Hausse des prix, baisse des salaires et chômage de 18%

    Beaucoup moins convaincue par ces mesures, la population grecque craint de payer le plan de rigueur par une longue récession. « Ces mesures sont cruelles, injustes et partiales », s’indigne Stathis Anestis, de la Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE). « Les travailleurs ne doivent pas payer seuls la crise par une baisse des salaires et la remise en cause d’acquis sociaux. Le pays subit une attaque sans précédent qui ne concerne pas seulement la Grèce, mais aussi d’autres pays visant à la suppression des droits sociaux. » Pourtant, les dirigeants syndicaux continuent à soutenir le gouvernement Papandréou tout en subissant une pression très forte de leur base pour qu’ils s’opposent aux mesures de rigueur. Les grèves de 24 heures proposées par les deux principales centrales syndicales (GSEE et Adedy) en laissent plus d’un dubitatifs. Le 3 mars, un rassemblement devant le Parlement a rapidement dégénéré. Yannis Panagopoulos, dirigeant de la GSEE, a été molesté par des jeunes manifestants et a dû être évacué alors qu’il entamait son discours.

    Le Parlement grec votait, en procédure d’urgence, un texte intitulé « Mesures d’urgence pour faire face à la crise financière ». Objectif : regagner la crédibilité des marchés en économisant 4,8 milliards d’euros en 2010. Outre le gel des pensions de retraite des fonctionnaires et des salaires du public comme du privé, les 13ème et 14ème mois versés aux fonctionnaires seront amputés de 30% et 60%. La TVA passe de 19 à 21%, les taxes sur l’alcool augmentent de 20%, le prix des cigarettes de 63%. Le prix de l’essence monte de 8 centimes au litre, et le diesel de 3 centimes, alors qu’un mois plus tôt le prix des carburants avait déjà augmenté de 25 centimes. Et ce n’est pas fini : « De nouvelles solutions devront être envisagées en 2011 et 2012 », prévient le Finlandais Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires. « Le renforcement des restrictions budgétaires va briser toute reprise de la consommation et de l’activité, commente Agnès Benassy-Quéré directrice du CEPII (Centre d’études prospectives et d’informations internationales), au moment où le taux de chômage pourrait atteindre 18% suite à l’expiration des programmes d’emplois publics financés par l’Union européenne. »

    Où est passée la solidarité européenne ?

    L’électrochoc subi par la population grecque ne comporte aucune contrepartie. Ni le FMI (Fonds monétaire international), ni les États européens n’ont prêté de l’argent. Ces derniers y sont contraints par le traité de Maastricht : celui-ci prévoit une clause qui interdit à un État membre de répondre des engagements financiers d’un autre. Le 15 mars à Bruxelles, les ministres des Finances de l’Eurogroupe (de la zone euro) sont tombés d’accord. Des prêts bilatéraux d’un montant de 20 à 25 milliards d’euros pourraient être consentis à la Grèce en cas de besoin. « Mais nous pensons que la question ne se posera pas » a d’ores et déjà annoncé Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe et Premier ministre du Luxembourg. Aucun calendrier, aucun montant, aucun taux d’intérêt n’est rendu public. Jean-Claude Juncker a évoqué des taux élevés afin d’ « inciter fortement » la Grèce à retourner au plus vite vers les marchés financiers pour trouver de l’argent. Les 11 millions de Grecs apprécieront cette grande solidarité. Cette solution « dont n’aurait pas besoin la Grèce » devra néanmoins être avalisée par les dirigeants européens lors d’un prochain sommet, sans doute les 25 et 26 mars.

    Grande absente du dispositif : la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a le droit de prêter de l’argent aux banques privées, mais ses statuts l’empêchent d’acheter directement des obligations d’État. « On a aujourd’hui cette chose absolument inouïe que, quand vous vous appelez la République française, vous devez payer 3,4% ou 3,5% d’intérêts alors que si vous vous appelez BNP-Paribas, vous allez payer 0,5% », s’insurge l’économiste Jacques Sapir, « le fait que la BCE n’ait pas aligné les taux auxquels les État peuvent emprunter sur les taux auxquels elle prête aux banques, c’est aujourd’hui scandaleux. »

    Cette situation illustre également les choix politiques qui ont présidé à la construction européenne : mettre à la disposition des banques privées un véritable marché européen de la dette publique. Car la BCE peut en revanche racheter à des banques les obligations d’Etat qu’elles détiennent, à condition qu’elles soient bien notées. « C’est l’acquisition directe de titres souverains par la BCE qui est interdite. Mais pas l’acquisition tout court. Celle-ci n’est pas seulement possible : elle est quotidienne », écrit Frédéric Lordon. « Les titres de la dette publique, abondamment détenus par les banques, sont l’un des instruments privilégiés de leur refinancement auprès de la banque centrale. Et pour cause : quoi qu’on daube à leur sujet, ils demeurent les plus sûrs ». Parmi les institutions financières qui ont spéculé sur la dette grecque, on trouve les américains Goldman Sachs ou JP Morgan, et en Europe, BNP-Paribas ou la Kommertzbank. Selon la banque des règlements internationaux, les banques françaises détiendraient 75,4 milliards de dollars d’obligations grecques.

    Les agences de notation contre-attaquent

    La crise grecque a été déclenchée après la décision de deux agences de notations (Fitch et Standard & Poor) de dégrader la note de la dette grecque en décembre 2009. « Attention, la Grèce ne pourra faire face à ses échéances de remboursement » : tel est le message envoyé aux marchés. Cette décision est amplifiée par l’annonce concomitante de la BCE de renforcer ses critères de rachat de titres, sous-entendant qu’elle refuserait les obligations helléniques. Parallèlement, la valeur des « CDS » - des titres financiers qui assurent un créancier en cas de défaillance de l’emprunteur (l’Etat grec en l’occurrence) - adossés à la dette grecque s’envole. Rappelons que ces mêmes agences de notation et CDS avaient été montrés du doigt pour leur rôle dans la crise lors des sommets du G20 à Washington en 2008 puis à Londres en 2009. Que s’est-il passé depuis pour les réglementer ? Absolument rien.

    La Grèce est par ailleurs loin d’être le seul État confronté à des déficits élevés. Vingt-trois des vingt-sept pays de l’UE sont sous le coup d’une procédure pour déficit excessif. Devant une telle déroute, on peut s’interroger sur les règles édictées par le traité de Maastricht. « Les objectifs de 3% du PIB pour le déficit et de 60% du PIB pour la dette n’ont aucun fondement économique », assènent François Denord et Antoine Schwartz, « ils expriment une conception libérale de l’action publique. Celle qui prône un État respectueux du principe d’équilibre budgétaire, solvable, pouvant se présenter auprès des investisseurs et des marchés. »

    Il faut dire que la crise des subprimes est passée par là. Les États ont assuré à travers l’argent des contribuables la survie de la finance mondiale. Après avoir injecté des centaines de milliards de dollars dans le système financier, les moyens publics se sont raréfiés à mesure que les marchés reprenaient du poil de la bête. Ceux-là même qui ont été sauvés par les États les menacent aujourd’hui en utilisant l’argent qu’États et banques centrales leur ont prêté à des taux historiquement bas. « Ils ont commencé par l’Islande, l’Ukraine et la Hongrie et montent en gamme avec la Grèce, explique l’économiste Julia Cagé dans une note publiée par la fondation Terra Nova, avec en perspective demain, l’Espagne, le Portugal, l’Italie et le Japon. »

    Mesures draconiennes en Irlande, résistance en Islande

    En Irlande, la situation n’est pas fameuse. Après avoir voté des économies budgétaires de 3 milliards d’euros en 2009, le gouvernement a mis en place un plan d’économie de 4 milliards pour 2010. La somme est colossale pour un pays de 4,5 millions d’habitants. L’État irlandais prévoit ainsi d’économiser 1 milliard en réduisant les salaires dans la fonction publique, 760 millions dans les dépenses sociales et 2 milliards dans les dépenses de fonctionnement et d’investissement. Ces mesures draconiennes seront inévitablement accompagnée d’une hausse du chômage, de la baisse des recettes fiscales et, par voie de conséquence, de l’aggravation des déficits publics.

    Les Islandais ne s’y sont pas trompés. Le 6 mars, ils ont massivement rejeté par voie de référendum une loi qui prévoyait que l’Islande rembourse 3,8 milliards d’euros au Royaume-Uni et aux Pays-bas pour indemniser les clients fortunés britanniques et néerlandais de la banque islandaise Icesave qui avaient perdu leurs avoirs lors de la crise financière. « Ce vote du peuple islandais prend une signification particulière alors que le peuple grec essaie de résister à la violente purge que le gouvernement grec et l’Union européenne veulent lui imposer pour, là aussi, lui faire payer le prix d’une crise dont il n’est nullement responsable. Une même politique d’austérité drastique touche, ou va toucher, tous les pays européens », prévient l’Union syndicale Solidaires le 8 mars.

    Budgets sociaux dans le collimateur

    Le lendemain, l’agence Fitch menace le Royaume-Uni, la France et l’Espagne de dégrader leur note si ces pays ne prennent pas des mesures de réduction de déficit « plus crédibles ». Le message est clair : ce ne sont pas les Etats qui régulent la finance mais celle-ci qui fixe les grandes orientations de leurs politiques budgétaires. Pour la France, qui a décidé de lever sur les marchés les 35 milliards du « grand emprunt », une telle mesure serait lourde de conséquences. Paris a déjà émis 8,1 milliards d’euros d’obligations. Il reste près de 27 milliards à récupérer. Une dégradation de la note augmenterait le taux d’intérêt et creuserait le montant de la dette à rembourser par les contribuables.

    Pourtant, depuis près d’une décennie, la France fait de gros efforts pour plaire à l’orthodoxie des marchés. La révision générale des politiques publiques (RGPP) prévoit d’ici 2012, le non remplacement de 160 000 fonctionnaires et l’économie de 7,7 milliards d’euros. Le 11 mars dernier, l’Insee a publié le résultat d’une étude démontrant que 360 000 emplois avaient été détruits en 2009 (600 000 depuis 2008). Dans le cadre de cette économie de pénurie, les dysfonctionnements des services publics se multiplient : de la protection sociale (notamment les Caisses d’allocation familiale) à l’éducation, en passant par les hôpitaux ou le Pôle emploi, la machine s’enraye au détriment des usagers, élèves ou patients. Quant aux chômeurs en fin de droit leur nombre est estimé par le Pôle emploi à un million d’ici la fin 2010, dont 400 000 se retrouveraient sans aucune ressource.

    Faudra-t-il tailler encore plus dans les budgets sociaux pour satisfaire les marchés ? « Des solutions existent pour sortir du piège de la dette. Mais elles supposent un affrontement avec le patronat et les marchés financiers. Tous les gouvernements européens sont aujourd’hui en train de préparer une politique d’austérité drastique pour faire payer la crise aux salariés et plus largement aux populations, le tout sous le contrôle étroit de la Commission européenne et de la BCE. Il est aujourd’hui grand temps que les salariés européens se mobilisent pour imposer d’autres orientations », souhaite l’Union syndicale Solidaires. La balle est dans le camp du mouvement social et syndical.


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  • La colonisation oppose Israël et les Occidentaux

    vendredi 19 mars 2010
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    Après les Américains, la représentante européenne, Catherine Ashton, a essuyé un refus du gouvernement Netanyahou : pas question de stopper le grignotage du territoire palestinien.

    Pour son baptême du feu au Proche-Orient, Catherine Ashton a été servie. Bombardée en novembre au poste de Haute représentante de l'Union européenne, la baronne britannique a entamé, mercredi, sa première tournée dans la région. Elle y essuie camouflet sur camouflet.

    Hier matin, son arrivée dans la bande de Gaza a été saluée par un tir de roquette. Le projectile a tué un ouvrier thaïlandais du kibboutz israélien de Netiv Ha'asara.

    « Pas raisonnable ! »

    Ce fait d'armes a été revendiqué par Ansar al-Sunna, un groupuscule proche d'Al-Qaida, qui défiait d'un coup l'État hébreu, les islamistes du Hamas, au pouvoir dans Gaza, et l'Union européenne, qui finance la reconstruction du territoire palestinien, écrasé il y a un an sous les bombes israéliennes.

    Mercredi soir, c'est d'Israël qu'était venue la gifle. De passage à Jérusalem, Catherine Ashton a tenté de convaincre Avigdor Lieberman de stopper la construction de quartiers juifs dans et autour de Jérusalem-est, la partie arabe de la ville. Réponse pleine de mépris de l'ultranationaliste ministre des Affaires étrangères : « Cette demande n'est pas raisonnable ! »


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  • L'Asie centrale au coeur de la stratégie américaine en Afghanistan

    Par Matt SIEGEL

    L'Asie centrale au coeur de la stratégie américaine en 
Afghanistan

    Engagés dans un effort de guerre titanesque en Afghanistan, les Etats-Unis ont plus que jamais besoin de soigner leurs alliés en Asie centrale, une entreprise troublée par l'influence traditionnelle de Moscou et celle toujours croissante de la Chine.

    Engagés dans un effort de guerre titanesque en Afghanistan, les Etats-Unis ont plus que jamais besoin de soigner leurs alliés en Asie centrale, une entreprise troublée par l'influence traditionnelle de Moscou et celle toujours croissante de la Chine dans la région.

    L'administration de Barack Obama a ainsi dû depuis un an déployer des trésors de diplomatie, sortir son chéquier et renoncer à critiquer les atteintes à la démocratie au Kirghizstan et en Ouzbékistan pour d'une part maintenir sa base aérienne de Manas, au Kirghizstan, et d'autre part permettre le ravitaillement par la terre des forces de la coalition engagées sur le sol afghan.

    "Le résultat est que les Etats-Unis se rangent derrière des régimes parmi les plus autoritaires et les plus corrompus au monde", relève Paul Quinn-Judge, représentant du centre d'analyse International Crisis Group à Bichkek, la capitale kirghize.

    Cette realpolitik s'impose d'autant plus à Washington que ses critiques du régime ouzbek en 2005, suite à une répression sanglante, avaient eu pour conséquence la fermeture d'une base militaire clé en Ouzbékistan, qui partage une longue frontière avec l'Afghanistan.

    D'autre part, la Russie n'hésite pas à peser de tout son poids sur les régimes de la région pour miner la pénétration américaine, Moscou considérant l'Asie centrale ex-soviétique comme sa zone d'influence naturelle.

    Les analystes voyaient ainsi l'ombre de Moscou derrière la menace du Kirghizstan il y a un an de fermer la base américaine sur son territoire, une décision annoncée au moment où le gouvernement russe accordait des crédits à Bichkek.

    Les autorités kirghizes avaient finalement accepté de maintenir la base en échange d'un triplement du loyer à 60 millions de dollars annuels, auxquels s'ajoutent plus de 110 millions de dollars d'aides.

    Mais cette concurrence traditionnelle entre les Etats-Unis et la Russie, qui concerne aussi les vastes réserves naturelles d'Asie centrale, doit désormais s'adapter à la puissance grandissante de la Chine, qui en 2009 a doublé Moscou en tant que partenaire commercial de l'Asie centrale.

    Investissant dans des gazoducs, des gisements d'hydrocarbures et d'uranium au Kazakhstan et au Turkménistan, construisant des routes pour le transport de ses produits au Tadjikistan et au Kirghizstan, Pékin s'est imposé comme un partenaire incontournable dans la région.

    Et les pays d'Asie centrale aiment la méthode chinoise: ouvrir son portefeuille sans pour autant chercher à dicter des positions diplomatiques ou à s'immiscer dans des politiques intérieures.

    "La Russie était traditionnellement la puissance dominante dans la région, mais la crise financière a miné son pouvoir économique, permettant une kyrielle d'accords commerciaux Chine-Asie centrale", souligne Alexander Cooley, politologue à l'université new-yorkaise Columbia.

    Et la Chine est d'autant plus encline à satisfaire et renforcer les régimes de la région, afin d'éviter de voir les violences islamistes se répandre jusqu'à ses frontières avec l'Asie centrale.

    En effet, le Kirghizstan comme le Kazakhstan et le Tadjikistan bordent le Xinjiang, région chinoise musulmane peuplée par les Ouïghours, une ethnie turcophone au sein de laquelle l'islamisme gagne du terrain, selon Pékin.

    "Pékin voit les Etats d'Asie centrale comme une région tampon clé pour stabiliser et développer sa province du Xinjiang", relève ainsi M. Cooley, l'universitaire de Columbia.


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  • sorcellerie capitaliste

    Pourquoi sommes-nous tétanisés face à la redéfinition capitaliste en cours ? Et comment sortir de cette domestication des esprits ? La philosophe et historienne des sciences Isabelle Stengers, lors d’un entretien qu’elle a accordé à la réalisatrice Béatrice Pignède dans le cadre de son prochain film « Chemins de guérison » , nous propose des modes opératoires (et jubilatoires) de sortir de notre « envoûtement », en questionnant notamment notre croyance au « progrès », notre allégeance aux vérités de laboratoire de la méthode scientifique et notre asservissement au tout économique, et en y opposant une restauration des puissances d’agir, de sentir, d’imaginer et de penser, un renouvellement des capacités de faire.
    www.clap36.net


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  • La "fin de l'Euro" est-elle inéluctable ?


    "La tortue européenne nage sans carapace dans la mer en prétendant que les requins sont des poissons rouges (...) L’Europe "est devenue une zone de non-croissance relative dans le monde au sein de laquelle l’Allemagne conduit une politique de désinflation salariale compétitive ". Christian Saint Etienne est un économiste libéral reconnu, partisan d’une Europe fédérale et de la mondialisation. Pourtant, dans son dernier ouvrage, il attaque l’euro d’une manière radicale. Une lecture de Laurent Pinsolle.

    I - Le bien-pensant qui critique l’euro

     

    Christian Saint Etienne est un économiste reconnu, partisan d’une Europe fédérale et de la mondialisation. Pourtant, dans son dernier ouvrage, il attaque l’euro d’une manière radicale.

    Un bilan désastreux

    Pour lui, l’euro accentue les divergences entre ses pays membres. Pire, l’Europe « est devenue une zone de non-croissance relative dans le monde au sein de laquelle l’Allemagne conduit une politique de désinflation salariale compétitive ». Elle fait de « ses prétendus citoyens (…) des gladiateurs dans le cirque de la concurrence fiscale et sociale alors que les bêtes fauves surgissent de toutes parts ».

    Plus mordant, pour lui, « la tortue européenne nage sans carapace dans la mer en prétendant que les requins sont des poissons rouges. Les poissons rouges n’hésiteront pas à porter l’euro à deux dollars pour sortir plus vite de la crise, même si cela doit dévaster des pans entiers de l’économie européenne, et à déverser leur surplus de production en Europe, dont le marché est ouvert à tout vent ».

    La zone euro n’est pas une Zone Monétaire Optimale

    Il démontre une à une toutes les carences de l’euro. Tout d’abord, il souligne que « la monnaie est l’une des trois manifestations de la souveraineté d’une nation libre » et que « les trois millénaires d’histoire économique montrent qu’il ne peut pas y avoir de divorce durable entre souveraineté monétaire et souveraineté politique ». L’euro sans fédéralisme n’est donc pas tenable.

    Deuxièmement, il souligne que la zone euro n’est pas une Zone Monétaire Optimale. Il s’appuie sur la théorie du prix Nobel d’économie Robert Mundell, soulignant le manque de mobilité des travailleurs au sein de la zone et de fédéralisme fiscal. Il note également que les politiques économiques suivies sont divergentes et que les préférences nationales restent également très différentes. Seul point en faveur de l’intégration monétaire : le niveau élevé des échanges commerciaux au sein de la zone.

    Les conséquences désastreuses de l’euro

    Mais il y a pire : l’euro introduit des mécanismes pervers. Pour lui, « l’introduction de l’euro a accentué les divergences entre les performances de quelques nations qui ont su en tirer le meilleur parti, et celles des nombreux pays qui n’ont pas été capables de s’adapter à la nouvelle donne ». L’euro pousse à une concurrence non solidaire entre les pays, renforcée par le biais ultralibéral des institutions européennes.

    L’Allemagne a ainsi construit son nouveau modèle sur une plus grande compétitivité salariale que ses partenaires en bloquant les hausses de salaires (+2% de 1999 à 2007, contre +17% en France, +23% en Italie et +26% en Espagne), quitte à déprimer sa demande intérieure et sa croissance (la plus faible d’Europe depuis 1999). L’Irlande a construit le sien sur une  plus grande compétitivité fiscale. Et la Grande-Bretagne, en dehors de l’euro, peut recourir à la dévaluation pour se relancer.

    Bref, l’unification monétaire pousse à des comportements qui ont fait de la zone euro « une zone de faible croissance et d’iniquité croissante ». Pire, l’envolée de l’excédent allemand s’est fait principalement au sein de la zone euro et contre ses partenaires. Du coup, le commerce extérieur a eu une contribution négative annuelle de 0,45 point à la croissance de la France de 2002 à 2008 et de 0,9 point en Espagne.

    Une politique inadaptée

    Encore pire, il attaque la politique de la BCE en soulignant qu’elle a « la fâcheuse habitude de conduire sa politique de taux d’intérêt avec un retard systématique par rapport à l’évolution du cycle de l’activité réelle ». Il dénonce également « son absence de réaction à la forte appréciation de l’euro, notamment de 2005 au printemps 2008 », soulignant que « la croissance se casse dans la zone euro à partir du printemps 2007 et plonge au début de 2008, sans que cela ne (les) préoccupe en rien ».

    L’auteur propose également son analyse de la crise : excès de liquidités, déséquilibres monétaires, normes comptables « mark to market », normes prudentielles insuffisantes et marchés dérivés. Il faut noter également qu’il soutient que cette crise a également démontré les limites du marché, incapable de juger correctement la valeur de nombreux actifs, avant ou pendant la crise.

    Si le constat de Christian Saint Etienne rejoint en partie l’analyse des économistes alternatifs (au libre-échange près), les solutions divergent, ce que j’étudierai demain.

     

    II - Que faire après la fin de l’euro ?

     

    C’est bien tout l’intérêt de la démarche de Christian Saint Etienne que de démontrer qu’à terme, la monnaie unique telle qu’elle a été conçue, n’est pas tenable, et qu’il faut penser à un plan B. Il en propose même trois dans le livre, étant donnée l’incertitude que fait peser « la fin de l’euro ».

    Le pire et l’idéal

    L’auteur souligne malicieusement que tout a été fait pour permettre un retour aisé aux monnaies nationales. Les banques centrales nationales existent toujours. Les pièces ont une face nationale qui permettrait d’introduire instantanément un « euromark », un « eurofranc »… Et même les billets ont un code national ! Bref, le retour en arrière est possible et semble même avoir été étudié lors de la genèse de l’euro.

    Pour lui, le pire serait un retour aux monnaies nationales suivi de multiples dévaluations compétitives sans la moindre coordination. Il y voit un risque d’appauvrissement de la population et d’inflation. La solution qu’il semble préférer est une marche forcée vers le fédéralisme pour que la zone euro devienne (malgré elle) une Zone Monétaire Optimale. Il propose de fixer les frontières de l’Union ainsi que des règles minimales d’harmonisation des politiques fiscales et sociales.

    Il propose que la politique de change soit effectivement confiée à l’Eurogroup, qui imposerait ses décisions à la BCE. Il propose la mise en place de taux d’imposition minimums ainsi qu’une forte augmentation du budget de l’Union avec un renforcement du vote à la majorité qualifiée. Il suggère un Pacte de Stabilité encore plus strict, limitant les déficits à 1% en période de croissance et la dette publique à 45%.

    Un autre mondialiste idéaliste ?

    Pour lui, il est possible de construire un « modèle de croissance intensive » sur ces bases. Il faut s’appuyer sur trois ingrédients : « une politique monétaire favorisant la croissance dans la stabilité financière », « une main d’œuvre très qualifiée » et « des charges fixes nationales aussi faibles que possible sans rogner sur les équipements publics et notamment la formation de la main-d’œuvre ».

    Ainsi, l’Europe pourrait peser sur la réforme du système monétaire et financier international, en poussant à une réduction des déséquilibres commerciaux, une coordination des politiques de change, une augmentation des moyens des banques centrales, la fin des paradis fiscaux et enfin, une gestion globale des ressources naturelles.

    Pour la finance, il souhaite encadrer les innovations, bien différencier les statuts des banques, limiter à 70% (sic) la part des créances qui peuvent être titrisées, l’encadrement des échanges de produits dérivés, la mise en place de normes prudentielles contra-cycliques, la fin du « mark to market », un meilleur encadrement des agences de notation ainsi qu’une réforme des bonus (gelés pendant plusieurs années).

    La voie proposée

    Cependant, l’auteur reconnaît que la voie fédéraliste, si elle serait rendue possible par un véritable coup de force du couple franco-allemand menaçant de quitter l’Union, est hautement improbable. C’est pourquoi il plaide finalement pour la constitution d’un Système Monétaire Européen renforcé avec le retour des monnaies nationales. Il propose que les ajustements de taux de change soient proportionnels aux écarts d’inflation, mais « inférieurs (…) pour obliger les Etats membres à amplifier leurs réformes structurelles », obligation encore renforcé par un pacte de stabilité plus dur.

    Il propose également un « autre modèle de croissance » fondé sur l’innovation et la compétitivité. L’Etat doit s’appuyer selon lui sur une dizaine de métropoles motrices, des régions renforcées ainsi qu’une grande région Ile de France, qui peut concurrencer New York, Londres ou Shanghai. Il propose un partenariat avec les grandes entreprises Françaises, les multinationales que l’on veut attirer et d’autres pays.

    Le modèle proposé par l’auteur rappelle celui proposé par Dominique de Villepin dans son livre mais la chronologie de publication laisse entendre que l’ancien Premier Ministre a sans doute lu et été inspiré par ce livre pour le sien. Cependant, le modèle proposé par Christian Saint Etienne rappelle beaucoup le modèle allemand qu’il critique, fait de soumission à la mondialisation et au dogme de la compétitivité (couverture commode aux licenciements et à la stagnation salariale). Plutôt que de changer la mondialisation, il préfère essayer de construire un nouveau bateau pour surfer sur ses vagues instables.

    L’auteur a le mérite de remettre en question les dogmes de l’euro qui font partie intégrante de la « pensée unique ». Malheureusement, quand il en vient aux solutions, il ne propose qu’une soumission intégrale au modèle du marché roi qui vient pourtant de s’effondrer. Dommage…


    Source : Christian Saint Etienne, « La fin de l’euro », Bourin éditeur


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  • Maastricht vu de l’Acropole


    Maastricht article 104

    Losque nous avons voté contre le traité de Maastricht, bien peu d’entre nous avait remarqué l’article 104 qui interdisait aux états adhérents d’emprunter directement à la banque centrale prévue par le traité (BCE), alors qu’ils le faisaient, jusque là, couramment avec leur banque nationale (Banque de France pour la France). Ils leur faudrait donc, désormais, passer par les banques normales ,c’est à dire privées.

    Qu’est-ce que cela change? Eh bien prenons l’exemple d’un état, comme la Grèce, qui voudrait construire de bons logements pour son peuple (100 000€ par logement F3). Avant, l’état grec pouvait emprunter à sa banque centrale qui aujourd’hui est la BCE (taux actuel=1%), maintenant il doit (art 104) passer par la DBC (Dalton Brothers Compagny) une des banques multinationales privées, (taux= 6%).

    A 1% il aurait remboursé 120 000€ sur 20 ans soit l’équivalent d’un F4 (F3 plus une pièce virtuelle) payé cash. A 6% il va rembourser 220 000€, soit l’équivalent d’un F3+ un F4, virtuel, payés cash ! Le F4 étant « cooccupé » par la BCE (une pièce) et les 3 autres pièces par la DBC.

    Conséquences : 1-le programme de construction de logements du gouvernement grec rentre dans un tiroir, les grecs continuent de se bousculer pour occuper les logements existants dont les loyers (encaissés pour une bonne partie par la DBC) s’envolent. Les bâtisseurs grecs entament une cure de chômage.

    2-Les grecs, endettés jusqu’aux cheveux par la DBC, sont traités de fainéants, voire de voleurs, par la presse bourgeoise à grand tirage (propriété de la DBC) des pays dits « sérieux » de la zone € (France, Allemagne, GB,..etc). L’humour anglais en faisant même des PIGS (cochons) ; les Portugais, Irlandais, Grecs et Spanishs (espagnols) apprécient hautement cette amicale « générosité ».

    3-Sarko, Merkel, Brown, et les autres le répètent ; il est hors de question que la force publique qui, en 2008, a sauvé la DBC mette son nez dans ses affaires. Pas question même de faire intervenir Luky Luke pour assagir les Dalton ! Ou aidez les grecs à se désembourber !

    4-Et encore moins de faire sauter l’article 104 du traité de Maastricht.

    Sauf que, dans la notation de la DBC, derrière les PIGS apparaissent les IFs, Italiens et.... Français. Rappelez-vous 1990, les libéraux, écolos ou non, de droite, de gauche, du centre, du plafond, ils le disaient tous : l’euro, pour voyager, ce sera tellement super !... Mais la DBC, savait, elle, que, désormais, quand la France, comme les autres, construirait des LGV ou des logements, le jackpot serait au rendez-vous, et la DBC se taisait.....

    Maintenant Sarko parle, écoutez-le : Le TGV, les logements sociaux (il en manque 900 000 en France), c’est bien mais c’est cher, alors, démerdez-vous...... avec le PRIVE.

    Extrapolation de Etienne Chouard


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  • 40.000 euros dans le cul

    On se demande qui l’a dans le derrière ? Les pauvres qui tire la langue ou les riches dont l’obscénité ne semble connaître aucune limite.
     
    Jugez-en plutôt : un grand joaillier de la place Vendôme, Victor Joaillerie, pour ne pas le nommer, commercialise un godemiché (je sais, aujourd’hui on dit sextoy) d’une valeur de 40 000 euros.
     
    Son nom : Victor phantasm, le « sextoy le plus luxueux au monde ».

    Demande-t-on à un sextoy d’être luxueux ou de donner du plaisir ? Certes cela est toujours agréable de recevoir un bijou.
     
    Mais imaginez le galant au restaurant glisser l’écrin sur l’assiette de son aimée. La voilà qui ouvre la boîte et là, surprise, le fuselage de l’objet oblong et froid se dresse sous ses yeux.
     
    Bien sûr l’amoureux aura pris le soin de faire graver les initiales de sa belle ou quelques mots-clés sur l’objet (la gravure, effectuée au laser, n’est pas perceptible au toucher et elle est offerte par le joaillier).
     
    Cerise sur le gâteau : il est également possible d’insérer un diamant de 0,50 à 2 carats sur la pointe du sextoy.

    Mais tout de même : 40 000 euros, faites le calcul, c’est plus de 29 fois 1343,77 euros, soit la valeur du smic.
     
    N’est-ce pas indécent  ? Il y a quand même moins cher pour s’envoyer en l’air ! Quel intérêt de s’enfoncer un objet en or massif de 18 carats serti de 117 diamants (pour 4,23 carats) dans le fondement, je vous le demande ?
     
    Certes, l’objet est de fabrication française et la société Victor s’honore de ne travailler qu’avec les matières les plus nobles (à ce prix-là, on s’en doutait un peu), mais après tout ce n’est qu’un vulgaire gode.
     
    Il est certain qu’on doit pouvoir se procurer dans les magasins spécialisés ou sur internet des produits beaucoup moins onéreux et bien plus performants.

    Seulement, voilà, les riches ont toujours besoin de se distinguer. De ramener les pauvres à leur triste condition de travailleurs manuels. Avec 40 000 euros un ouvrier peut vivre plus de deux ans. Il peut emmener sa famille en vacances.

    Le joaillier annonce que les moins fortunés peuvent bénéficier d’une remise conséquente par l’intermédiaire d’une vente sur Internet : la gamme complète des « Victor » (de 24 000 à 40 000 €) sera en vente exceptionnelle dans quelques jours, annonce-t-il, et jusqu’au 30 Juin avec une remise allant jusqu’à 50%.

    Ce qui met le sextoy à 20 000 euros. Ça reste cher. Et cela soulève encore une fois cette question cruciale : dans quelle société voulons-nous vivre ?
     
    Quel monde souhaitons-nous demain pour nos enfants ?

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  • L’armée de l’air israélienne prévoit les pires scénarios


    Pour la première fois depuis la création de l’entité sioniste, son armée de l’air se trouve contrainte de prévoir les pires scénarios en cas de l’éclatement d’une nouvelle guerre.

    Longtemps perçue comme étant sa principale source de supériorité, --- intouchable grâce au soutien américain et occidental inconditionnel, les nouvelles données aux mains des services de renseignement israélien assurent que le Hezbollah et les Syriens se sont déjà procuré des dizaines de milliers de missiles de longue portée et de roquettes, pouvant frapper avec plus de précision le centre et le nord de la Palestine occupée. Dès lors, conclut la dernière étude effectuée par l’armée de l’air, toutes ses installations et bases situées dans cette région, ainsi que leur entourage, risquent fort de faire l’objet de tirs précis, à un rythme de plusieurs douzaines de missiles d’un seul coup.

    Les prévisions israéliennes s’attendent également à ce que les tirs proviennent aussi bien de l’armée syrienne et du Hezbollah, voire même du Hamas et de l’Iran peut-être. Les colonies centrales seraient également visées, en plus des zones de déploiement de la force aérienne. Sous-estimant leurs dommages, les auteurs de l’étude s’attendent toutefois à ce que les frappes portent surtout atteinte au fonctionnement des bases aériennes. Ils recommandent un entrainement plus intensif du personnel de l’armée de l’air afin de perfectionner sa capacité à agir dans les états d’urgence. Ce qui nécessite une « véritable révolution psychologique » vu qu’il a dans le passé travaillé dans des conditions relativement confortables, sans se soucier pour ses bases arrière.

    Directement après l’avant dernier discours du secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah, lequel s’est engagé à bombarder Tel Aviv au cas où la banlieue-sud était bombardée, la construction de nouveaux aéroports militaires au sud de la Palestine occupée a été envisagée. Dernièrement, le chef du département de recherches de l’armée israélienne, le général brigadier Youssi Biden a affirmé que Damas a fourni au Hezbollah des armes stratégiques, dont des missiles anti-aériens russes modernes, du modèle GLA 9K338, capable de descendre les drones, les hélicoptères et les F-16. Ces derniers effectuent leurs vols sans être nullement inquiétés.

    Durant la guerre de 2006 contre le Liban, seule la force aérienne israélienne avait été hors de la portée de la résistance libanaise. A la grande surprise de tous. Depuis, la résistance s’est engagée à en préparer de nouvelles. Israël tente tant bien que mal de les deviner !


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  • Peuple ou euro : le gouvernement grec a tranché...

    "Nous ne voulons pas vivre dans la misère pour l’euro" : le slogan scandé par les Grecs dans les manifestations contre le plan d’austérité drastique de leur gouvernement démontre qu’ils ont parfaitement compris l’enjeu de la crise que traverse leur pays.

    Le choix est en effet précisément celui-ci : le peuple ou l’euro.

    Comme l’expliquent nombre d’économistes (les derniers en date étant Jean-Jacques Rosa et Philippe Villin, dans une tribune publiée par Le Figaro), la Grèce pourrait sortir par le haut de la crise qu’elle traverse, qui est une crise de spéculation contre sa dette, en dévaluant sa monnaie. Cette décision permettrait de remettre de l’huile dans les rouages pour faire repartir le cercle vertueux de la croissance et de l’emploi.

    Mais il y a une difficulté de taille, qui ne vous aura pas échappé : la Grèce n’est plus capable de dévaluer sa monnaie, parce qu’elle fait partie de la zone euro...Dès lors, la seule question qui se pose est de savoir s’il faut abandonner l’euro, retrouver sa liberté monétaire, et dévaluer, ou garder l’euro à tout prix, quitte à trouver d’autres variables d’ajustement, en l’occurence le chômage et les salaires...

    Inutile de vous préciser que, pour l’heure, les "élites" grecques, largement sous pression bruxelloise, ont fait le choix de l’euro, contre le peuple. Par idéologie, parce que rien d’autre ne permet de comprendre cet entêtement suicidaire, il a été décidé que les Grecs auraient à subir la pire cure d’austérité de leur histoire, afin que leur pays puisse conserver la monnaie unique.

    Il faut donc se méfier des analyses trop rapides qui consisteraient à penser que l’euro est déjà mort, et que la Grèce en sortira forcément bientôt, uniquement parce que cette décision relève de la plus pure logique et du meilleur bon sens.

    C’est oublier que parfois l’idéologie est plus forte que tout, et que l’acharnement d’un Système chancelant à se maintenir pousse ses promoteurs, et ceux qui en profitent en haut lieu, à se crisper et à foncer tête baissée vers la catastrophe. Si la réalité ne dépendait que des évidences économiques, l’euro depuis longtemps aurait disparu, ou même n’aurait jamais vu le jour, parce que dès que l’idée d’une monnaie unique pour des pays aussi divers a été émise, de brillants économistes (on pense à Maurice Allais, notre seul prix Nobel d’économie français) écrivaient que cette monnaie ne serait pas viable.

    L’euro n’est donc pas encore mort, et la Grèce n’a pas encore retrouvé sa liberté monétaire, car l’idéologie pour le moment demeure plus forte que tout. Ne croyons pas que du jour au lendemain ceux qui ont mis en place depuis des décennies l’édifice européiste lâcheront prise. Certainement pas ; ils se battront jusqu’au bout, même au prix de très lourds sacrifices.

    L’euro tombera si nous nous battons pour qu’il tombe. Les choses ne se feront pas automatiquement. Déjà les Espagnols et les Portugais, touchés par une crise similaire à l’exemple grec, doivent se préparer à des décisions gouvernementales du même type. Le premier ministre espagnol, José Luis Zapatero, a déjà prévenu : il est prêt à tailler à la hâche dans les dépenses sociales, même de santé, afin que son pays reste dans l’euro. Là-bas aussi le choix se résumera à cette question : le peuple ou l’euro ? Et là-bas aussi, le réflexe de la caste dirigeante sera de répondre l’euro, sans hésitation. L’Italie suivra, et la France probablement.

    Chez nous, d’après, d’après un récent sondage de l’Ifop, une nette majorité de Français déclarent regretter le franc (69%, contre 61% en 2006 et 48% en 2002), signe que la population est prête à retrouver sa liberté monétaire et défier ses élites. Il faudra nous battre le moment venu pour que les bons choix soient faits, enfin !


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  • par Xavier Moreau

    Le 5 février 2010, le Président Medvedev a validé la nouvelle doctrine de défense russe. Après le terrorisme international, les Etats-Unis et l’OTAN sont désignés comme des ennemis principaux et immédiats. Nous pouvons, comme le secrétaire général de l’OTAN, Anders Fogh Rasmussen, jouer la naïveté, et regretter l’inadéquation de la doctrine russe. Nous pouvons aussi essayer de comprendre ce qui a amené la Russie à adopter cette nouvelle stratégie.

    Cette doctrine marque, en fait, la fin du rêve occidental russe. Il est difficile, aujourd’hui, de se représenter la naïveté avec laquelle la Russie a ouvert les bras à l’Occident, au début des années 90. Ce fut le cas dans les domaines économique, culturel, militaire et même dans celui de l’espionnage. Evgueni Primakov raconte dans ses mémoires* comment le nouveau chef des services secrets russes, pour faire preuve de bonne volonté, avait transmis les emplacements des micros-espions de l’ambassade américaine à Moscou. Les Etats-Unis avaient, de leur côté, offert des garanties sur la non extension de l’OTAN, et sur leurs intentions pacifiques. La suite est connue. Les vingt années qui suivent voient l’OTAN arriver aux frontières de la Russie, son allié serbe bombardé, et la population serbe de Krajina subir un nettoyage ethnique sans précédent depuis la deuxième guerre mondiale. Les minorités russes sont persécutées dans les pays baltes, tandis que dans le berceau même du premier état russe, à Kiev, le département d’état américain met en place un gouvernement hostile. La rupture définitive survient lorsque la Russie observe avec effarement les démocraties occidentales restées indifférentes aux bombardements à l’artillerie lourde de la capitale ossète et, notamment, à la destruction complète du quartier juif. Pour l’administration russe, il est désormais clair que la posture morale de l’Occident est une hypocrisie et un mensonge.

    La mise en garde du Président Poutine à Munich, le 11 octobre 2006, résume la nouvelle doctrine militaire. Elle est le résultat d’un double constat aboutissant à un virage géopolitique sans précédent.

    • Le droit international n’existe plus. Les bombardements successifs des forces de l’OTAN et des Etats-Unis sur la Serbie ou l’Irak, sans déclaration de guerre, ni mandat de l’ONU, visant délibérément des cibles civiles, normalement protégées par les conventions internationales, ont convaincu la Russie de l’obsolescence des règlements internationaux. La reconnaissance unilatérale du Kosovo, contre la résolution 1244 de l’ONU, démontre que seule compte la force. C’est désormais l’armée russe qui est garante de cette indépendance – qui oserait l’affronter dans le Caucase ?
    • La menace la plus immédiate pour la Russie est celle constituée par les Etats-Unis qui, malgré leurs promesses, ont amené l’OTAN aux portes de la Russie. Le prétexte du système anti-missile ne visent qu’à militariser les pays d’Europe de l’Est. Les anti-missiles en question seront d’ailleurs bien incapables d’arrêter un vecteur iranien. En revanche, ils scellent de manière agressive les anciens satellites de l’URSS dans l’alliance atlantique.

    Ce n’est pas l’utilisation de l’arme nucléaire qui constitue un virage important. En sanctuarisant le territoire national russe, elle correspond à une doctrine tout à fait classique. La véritable nouveauté c’est qu’aucune menace n’est définie à l’Est de la Russie. Il semble que le virage vers l’Asie, effectué par la Russie dans ses orientations économiques, ait son équivalent militaire. Face à l’OTAN, vu comme une alliance agressive, désuète et inadaptée, la Russie et la Chine opposent désormais l’Organisation de coopération de Shangaï. Cette structure en devenir, à la fois politique et militaire, sera un levier incontournable dans les relations internationales, alors que le continent asiatique remplace peu à peu l’Occident dans son leadership mondial.

    La Russie est la pénétrante naturelle de l’Europe vers l’Asie. Elle est aussi le cauchemar géopolitique anglo-saxon, car elle est la jonction entre ces deux continents. En laissant les Etats-Unis construire un nouveau rideau de fer sur le continent européen, et en acceptant de diluer leur puissance au sein de l’Union Européenne, la France et l’Allemagne se privent d’une ouverture vers l’avenir. La réaction positive du ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, au sujet du projet russe de sécurité collective, ainsi que l’achat d’une frégate française par la Russie, laissent cependant entrevoir la possibilité d’un retournement politico-stratégique.

    Notes

    * Evgueni Primakov, Au coeur du pouvoir, Syrtes (2002)


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