• Que veut dire, pour l’Europe, la réélection de Barack Obama ? Outre la continuité, y aura-t-il plus d’intransigeance sur certains dossiers ou, au contraire, sera-t-il un peu plus attentif aux susceptibilités de ses alliés ?

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    Ce sont le genre de questions avec lesquelles les responsables européens ne cessent de harceler et leurs conseillers et tous ceux qui acceptent de se faire inviter par eux à Washington DC. Au-delà de quelques constantes que l’on évoquera ici allant du plus anecdotique au plus fondamental, la réponse que l’on propose, c’est que pour une fois oui : du changement, il y en aura. Mais cette mutation annoncée des relations transatlantiques n’a rien à voir avec la reconduction d’Obama à la présidence des Etats-Unis, ni avec la crise financière et économique, ni même avec les grandes recompositions géopolitiques en cours, auxquelles l’Europe reste si ostensiblement aveugle et sourde. Elle est le seul fait des Européens eux-mêmes, et vient de leur refus pathologique d’assumer leurs propres intérêts au lieu de faire de l’Amérique leur principal, sinon unique, point de repère.


    Vieilles habitudes

    Comme à chaque fois, depuis plus de vingt ans, dès la proclamation des résultats US, les dirigeants européens se livrent à leur sport favori : une sorte de concours de beauté, aussi grotesque qu’indigne, afin de savoir qui va devancer qui pour faire acte d’allégeance au nouveau Président des Etats-Unis. Ceci indépendamment de la personne du Président élu ou du fait qu’il s’agisse d’un premier ou second mandat.  Ainsi, en février 2005, c’est un George W. Bush fraîchement réélu, en visite en Europe, qu’ils se précipitaient à saluer avec tant d’empressement que le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, alors président en exercice du Conseil européen, ne pouvait pas s’empêcher d’ironiser au vu de la bousculade générale : "Si le ridicule tuait, Bruxelles serait jonchée de cadavres".

    Comme à chaque fois, depuis plus de vingt ans, les responsables européens reviendront de ces rencontres-audiences avec les mêmes éléments de langage. Selon lesquels ils auraient été surpris de découvrir à quel point l’Amérique serait beaucoup plus prête, et même de plus en plus impatiente de voir ses alliés devenir plus indépendants, plus "capables". Pour mieux souligner ce point, ils n’hésitent pas à admettre que, par le passé, il pouvait y avoir de la réticence, voire de l’hostilité dans ce domaine de leur part. Seul petit bémol : dans ce passé qu’ils citent en contrepoint, ils nous servaient exactement le même langage. Avec exactement les mêmes arguments traduisant exactement le même amalgame. En mettant en avant les limites du budget US (pour cause d’abord de "dividendes de la paix", puis de dépenses de guerre, ensuite de la crise financière), ainsi que leurs responsabilités globales pour faire entendre que l’Amérique aurait enfin besoin d’un partenaire et non plus d’un "vassal". Il est vrai que les Etats-Unis ne cessent d’appeler les Européens à mieux se prendre en main – mais dans leur vocabulaire, il s’agit d’améliorer les capacités (de préférence made in USA) de ceux qui ont vocation d’agir soit en tant que supplétifs, soit comme sous-traitants dans des situations de crise dont ils préfèrent rester à l'écart. Si l’Amérique ne se soucie plus tellement de savoir si c’est dans l’OTAN ou dans l’UE que les Européens deviennent plus "capables", c’est d’une part parce que la politique de défense de l’Union est en train de se diluer au point de ne constituer plus aucune concurrence à l’Alliance. De l’autre, parce que dans les domaines clés la mainmise américaine reste tout aussi entière qu’auparavant.

    Comme à chaque fois, depuis plus de vingt ans, l’encouragement US en faveur d’une plus grande "indépendance" des Européens reste solidement encadré par les deux domaines réservés auxquels les Américains attachent, non sans raison d’ailleurs, la plus grande importance. A savoir l’armement et la chaîne de commandement. Quant à cette dernière, dans l’Alliance, tout marche à merveille. Il y existe deux chaînes de commandement parallèles, l’une étiquetée OTAN, l’autre tout-Américain, avec à leur tête le commandant à double casquette SACEUR (chef suprême des forces alliées) et commandant d’EUCOM (patron des forces US sur notre continent). De toute façon, même dans la chaîne OTAN les hauts gradés non-US n’ont qu’un rôle de figurant. Comme l’avait fait remarquer l’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine : "la nationalité du général qui transmet les ordres américains importe peu". Attachée à ce contrôle sans partage, l’Amérique continue à s’opposer viscéralement à toute idée d’un "caucus" européen dans l’Alliance (dont, en l’état actuel des choses, elle n’aurait rien à craindre pour autant). En même temps, elle s’emploie traditionnellement à bloquer la mise en place d’un véritable quartier général à l’UE.  Là aussi, plus aucun souci à faire : les plans actuels prévoient une enceinte qui ressemblerait plus à un siège d’ONG qu’à un centre de commandement militaire. En matière d’armement, les Etats-Unis restent fermement hostiles à toute réglementation européenne similaire à ce qu’ils mettent en œuvre, eux, afin de préserver leur base technologique et industrielle. S’y ajoutent les projets (comme l’avion Joint Strike Fighter ou la défense anti-missile balistique) à double utilité : contrats juteux pour les industriels américains, et phagocytage des budgets européens – dont on aurait pu, en principe, financer des programmes plus conformes à nos propres intérêts. 

     

    Nouvelles déceptions

    A la différence de ces vingt dernières années, le roi est non seulement nu, mais il l’est désormais sans aucun paravent. Avec les budgets de défense en chute libre des pays européens, il est évident que les initiatives comme Pooling and Sharing  (UE) ou Smart Defense (OTAN) ne montrent qu’une seule chose : pour la majorité des gouvernements tout alibi est bon à prendre pour tailler un peu plus dans les budgets de défense. Le mantra absurde de "faire plus avec moins", quitte à y perdre de sa souveraineté, n’est pas seulement un cache-nez dérisoire pour ce qui est, dans l’esprit de la plupart des Européens, une mutualisation des incapacités. Il est aussi révélateur de la même vision de comptable à court terme, que celle qui pousse les dirigeants européens à vouloir croire – et faire croire – à un hypothétique parapluie américain. Peu importe que celui-ci n’a jamais été crédible (pour cela, il aurait fallu convaincre tous les adversaires potentiels que l’Amérique prendrait le risque  de son propre anéantissement juste pour courir à la rescousse de ses alliés). L’essentiel pour les gouvernements européens est de se débarrasser du fardeau financier, mais aussi politique et psychologique, que signifie la responsabilité de la défense de son propre pays. Tant que l’Europe fut au centre des préoccupations (du fait de la confrontation bipolaire) ou qu’il ne le fut plus mais cela ne se disait pas tout haut, on pouvait, à la limite, se bercer d’illusions sur l’importance de notre vieux continent sur la liste des priorités de la Maison Blanche/Pentagone. Tel n’est plus le cas. Le pivot vers l’Asie, annoncé en janvier dernier, y a porté le dernier coup de grâce. La subordination volontaire des Européens aux Etats-Unis apparaît comme elle est : au dire de l’ambassadeur de la Chine à Bruxelles, "une servilité pitoyable".

    A la différence de ces vingt dernières années, les Américains peuvent lâcher un peu du lest et afficher une sympathique attitude d’"ouverture". Car la soi-disant politique de sécurité et de défense commune de l’Union européenne (PSDC), conçue à l’origine pour libérer la défense européenne de la tutelle otanienne (au grand dam des milieux washingtoniens), est en train de tourner en sa propre caricature. Force est de constater que le projet qui, de par son potentiel, a provoqué un déferlement de panique, de pressions et de chantages à l’époque, tend aujourd’hui plutôt à confirmer les sceptiques qui le disaient utile « pour faire descendre des chats du haut des arbres » tout au plus. Le choix de l’otanisation de son personnel et de ses normes, de la civilianisation de ses institutions et du détricotage de ses ambitions reflète les réserves, voire blocages, parmi les 27 gouvernements de l’Union (26 en fait, puisque le Danemark se tient dès le départ à l’écart de la PSDC). Certes, l’ex-ministre de la défense de la Bulgarie frappe par sa franchise lorsque, en parlant de la crise financière, il dit y voir une opportunité pour arrêter de se raconter des histoires au sujet de la PSDC ("cut the crap on CSDP" pour le citer fidèlement) et mettre plutôt tous nos œufs dans le panier OTAN. Mais ce n’est pas dire que d’autres pensent autrement. En effet, même des experts-analystes connus comme "européistes" commencent à changer leur fusil d’épaule, et prônent une sorte de fusion PSDC-OTAN, croyant résoudre ainsi l’impasse de la situation.

    A la différence de ces vingt dernières années, l’ancienne-nouvelle administration américaine n’a donc plus exactement les mêmes motifs qu’auparavant pour maintenir sous contrôle ce que l’un des conseillers-stratèges US les plus emblématiques, Zbigniew Brezinski, appelait sans ambages leur "protectorat". Dans les années 1990 et au début des années 2000, il s’agissait, pour Washington, de préserver sa tutelle sur une puissance en devenir qui, une fois émancipée, risquerait de porter ombrage à sa suprématie mondiale. Comme l’écrivait Brzezinski : "une Europe militairement émergente pourrait devenir une formidable concurrente pour l’Amérique. Elle constituerait inévitablement un défi à l’hégémonie US. Une Europe politiquement forte, capable de rivaliser en matière économique, et qui ne serait plus militairement dépendante des Etats-Unis remettrait inévitablement en cause la suprématie américaine et confinerait la sphère de la prédominance des USA grosso modo à la région du Pacifique." Hélas, la question n'est plus d'actualité. Avec une Europe qui choisit de s’enfermer dans les matrices (institutionnelles, matérielles, psychologiques) de la dépendance et de l’impuissance, et au vu de l’activisme prévisible de nouveaux pôles de puissance, l’Amérique est aujourd’hui plutôt soucieuse d’empêcher que son protectorat ne devienne un jour celui d’un rival…

    A l’origine de ce déclassement à marche forcée, on retrouve un bien curieux mélange que cultivent les Européens entre l’alignement sur les décisions prises à Washington et une démission coupable déguisée en bonnes intentions. D’un côté, avant de se positionner sur tel ou tel sujet, les pays européens regardent d’abord vers l’Amérique avec ce que l’ex-Commissaire européen, le britannique Chris Patten appelait leur "réflexe pavlovien". De l’autre côté, plongés dans leurs rêveries féeriques où le monde ne serait que charité, marché, multilatéral, angélisme pacifiste, refus de la puissance et soi-disant communauté internationale, ils font vertu de leurs abdications et professent leur vision suicidaire comme une religion. Au plus grand bonheur de tous leurs potentiels rivaux. Lesquels peuvent noter, certes avec étonnement, mais pas moins de joie, que l’Europe est affreusement en retard dans la recomposition en cours de l’échiquier mondial.

    Hajnalka VINCZE

    Analyste en politique de sécurité, spécialisée dans les affaires européennes et transatlantiques. Ses recherches portent sur les rapports de force intra-européens et euro-américains, avec un accent sur les perspectives stratégiques et leur base technologique et industrielle.


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    Voici le premier épisode d'un documentaire qui propose de découvrir ce qu'il se passe au coeur de la population grecque.

     

    Il était déjà disponible en version "audio", mais voici la nouvelle version avec un montage image.

     

    La page web du projet : http://hivereuropeen.wordpress.com/

     

    Et les deux épisodes suivants se trouvent ici :

     

    http://hivereuropeen.wordpress.com/listen/episode-2-athens-second-part/

    http://hivereuropeen.wordpress.com/listen/episode-3-athenes-troisieme-partie/


    Chroniques d'un hiver européen : épisode 1 por Eurowinter

    En Grèce, l’austérité est en train de ravager la société existante. Les premiers à pouvoir en parler sont les Grecs eux mêmes, qui ont ici le temps de nous livrer le témoignage de ce qu’ils vivent.

    Ça fait froid dans le dos, et ce n’est que le début (en tous cas d’après la Troïka qui en veut encore pendant huit ans...).

    Bonne écoute.

    Image : Stefania Mizara, tous droits réservés

    par Oggy vendredi 9 novembre 2012


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  • Pour ceux qui avaient encore quelques illusions sur la coopération, d'égal à égal, entre la France et l'Allemagne dans l'industrie, le « nein » d'Angela Merkel au projet de fusion entre EADS et BAE devrait résonner comme un avertissement.
    Si Berlin a dit non, c'est tout simplement parce qu'une telle fusion ne correspond pas à ses ambitions, avouées comme inavouées, dans le secteur aéronautique. Et les Français devraient comprendre, une bonne fois pour toutes, que l'Allemagne, sa classe politique et ses groupes industriels,ont, eux, une véritable stratégie. L'industrie c'est eux...
    Airbus et Eurocopter ont été les moyens pour l'Allemagne, il y a de cela quarante ans, de revenir dans un secteur que la défaite de 1945 l'avait contrainte d'abandonner. Pendant des décennies, elle s'est mise dans le sillage de la France, qui apportait ses technologies, son savoir-faire, sa recherche. L'Allemagne, elle, finançant largement le développement des nouveaux appareils. Peu à peu, elle a récupéré des usines, des heures de travail, un savoir-faire. Son modèle mercantiliste la poussant à localiser sur son territoire le maximum de valeur. [...]


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    Япония землетрясение Япония руины Япония вода
     
    Photo : EPA

    Un tremblement de terre de magnitude de 5,5 sur l'échelle de Richter a été enregistré aujourd’hui dans le Nord-est du Japon, près de la préfecture de Fukushima. Les secousses ont été également ressenties dans la préfecture voisine d’Ibaraki.

    L'épicentre a été localisé à une profondeur de 20 km dans l’océan Pacifique. Le Centre d'alerte aux tsunamis du Pacifique n'a pas diffusé de bulletin dans l'immédiat. Les médias japonais n'ont rapporté aucun dégât ni victime.
    La préfecture de Fukushima a été la plus touchée par le séisme du 11 mars 2011, lorsqu’un tremblement de terre de magnitude 9 a provoqué un gigantesque raz de marée dans le Nord-est du Japon.


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  • À l’heure où la déroute de l’Éducation Nationale est, à juste titre, sous risée soralienne, il semble utile de faire un point sur les raisons d’une telle débâcle. Nous proposons ici un rappel non exhaustif, mais essentiel, des causes de la décadence.

    Le pédagogisme destructeur de la transmission et de l’autorité

     [1]

    Origines

    Si on a coutume d’attribuer à l’utopisme soixante-huitard la responsabilité de la dérive idéologique pédago, il faut en situer la source en amont, à la mise en pratique d’un ensemble de disciplines réunies sous le nom de sciences de l’éducation. La première chaire en la matière est créée en 1887 à la Sorbonne sous l’impulsion de Jules Ferry ; Gaston Marialet en sera, quelques années plus tard, le théoricien essentiel. Cette nouvelle approche de l’enseignement se développe sous modèle étasunien et s’inspire en particulier des travaux du philosophe pragmatique John Dewey dont la mise en œuvre conduit, un demi-siècle plus tard, au constat d’un « illettrisme fonctionnel » qui touche 60 millions d’américains [2].

    Chez nous, l’influence de cette nouvelle idéologie se prolonge par étapes politiques successives. En 1947, le plan Langevin-Wallon, inspiré par un projet de la Fédération de l’éducation de la CGT, entend jeter les bases de l’école unique mais, de façon incohérente, préconise parallèlement l’adaptation de l’enseignement à la « structure sociale » de celui qui apprend. Ce prisme de resserrement sur le statut de l’élève et les exigences de ce dernier ne cesse alors d’étrangler les ambitions d’enseignement. En mars 1968, à Amiens, où un colloque réunit la crème de la sphère éducative et ouvre grand les portes aux ravages futurs, un intervenant déclare : « on tente de leur transmettre un patrimoine qui leur est indifférent, à travers des modèles qu’ils rejettent, à l’aide d’un système hiérarchique que leur bon sens et leur dignité ne peuvent tolérer ». Une bonne révolte là-dessus et c’est parti.

    Dérive post soixante-huitarde

    Dès lors, l’élève devient l’objet unique de toutes les obsessions masturbatoires de la pensée pédago. Alors qu’il ne demande que simplicité, clarté, enthousiasme, règles et autorité, les rénovateurs de tous poils vont s’employer à remuer les tréfonds de la psychologie pour imposer leur science d’universitaires à une réalité qu’ils ne fréquentent pas. C’est la fête au behaviorisme, pragmatisme et autre constructivisme, principaux laboratoires de la destruction de la transmission des savoirs et de la fonction autoritaire de l’enseignant. Il ne s’agit pas ici de développer la pensée des différentes écoles, la démarche serait trop longue et le lecteur en besoin de complément saura très bien s’y employer. Disons, simplement, que tout est désormais conditionné par la centration sur l’apprenant, nouveau terme pour désigner un élève en sucre qu’il ne faut surtout pas tétaniser de peur de le voir bouder l’institution.

    Le savoir et les matières sont devenus simples prétextes à la formation des comportements en vertu d’une intégration en société, les compétences s’acquièrent par le jeu et le laisser-faire, l’élève doit s’épanouir dans un cadre de liberté observée, la réflexion et la capacité d’analyse sont reléguées au second plan à l’avantage d’une pédagogie qui prône l’action et la découverte par tâtonnement. Le fond n’a plus d’importance, seule la forme compte. Bourdieu met la sienne en fustigeant l’enseignant considéré comme véritable suppôt de l’ordre établi au nom du concept de reproduction. En 1971, l’inspecteur général De Rouchette établit un plan de rénovation qui repose sur la valorisation des notions de « liberté, spontanéité, créativité » de l’apprenant alors que le prof lui « doit expliquer le moins possible, parler peu …, être un observateur privilégié ... à l’écoute du groupe-classe … ». C’est fini, la suite ne sera qu’entêtement et multiplication de réformes politiques inutiles pour essayer de colmater les brèches qui, au fil du temps, ne cessent de révéler le massacre entrepris. Malgré le constat d’échec, rien ne change, on s’embourbe définitivement, la loi Jospin du 10 juillet 1989 insiste : « c’est à l’école de s’adapter à l’élève et non l’inverse ». Pour le coup c’est réussi, des dizaines d’établissements de ZEP vont s’adapter au lascar inculte, et non l’inverse.

    Situation actuelle

    Conséquences aujourd’hui ? Un vrai bordel. Le prof, s’il n’est pas dissident et sévèrement burné, ne contrôle plus rien et se voit réduit au simple rôle d’animateur-surveillant d’un cours vidé de substance première. Les programmes sont amputés, certaines matières carrément menacées. Maintenir le calme de la classe semble une véritable prouesse et suffit à susciter l’admiration. Si le cours est silencieux, c’est un bon. On a connu plus noble ambition. Et si celle-là répond à la volonté archaïque de transmettre et faire penser, faut se débrouiller tout seul et tenir la porte fermée. De l’autre côté, une part importante d’élèves ne se rend absolument plus compte de ce que signifie la vie en établissement scolaire. Incivilités, grossièretés, bruits et bagarres - « mais M’sieur on s’amuse » - les faits divers se multiplient sans que la population ne soit au courant du quart de ce qui se passe entre les murs. Chez nombre d’entre eux, le niveau de culture générale est nul, la curiosité inexistante, le goût de l’effort et du mérite remplacé par l’appât du gain immédiat et la référence égocentrique. La sensiblerie gaucho-pédago non seulement ne fut d’aucun secours dans ce marasme éducatif mais alimenta, qui plus est, la certitude revendicatrice d’une jeunesse gâtée qui s’engouffra dans cette relation unilatérale créée au nom de la liberté de l’enfant. Au niveau scolaire, la suppression des notes, l’auto-évaluation et les corrections laxistes encouragées par les directives officielles sont, entre autres, les signes ultimes d’une déchéance annoncée.

    Alors oui, à l’instar d’Alain Soral, on peut se foutre de la gueule du prof socialo-trotskard qui, totalement inconscient de sa filiation, vient couiner contre une idéologie dont il est pourtant direct héritier. Piètre rejeton de la dérive pédago qui ruina une Éducation Nationale désormais sans défense, l’animateur bobo, totalement aveugle et incapable de la moindre remise en question, fut le petit pion de l’échiquier libéral.. En bon sparring partner, il laissa alors le champ libre à ses nouveaux maîtres, « c’est bien petit, tu peux y aller, tu prends ton club hip-hop sous le bras et tu te casses, on s’occupe du reste ». Vient alors le temps de …

    L’éducation considérée comme un service rendu au monde économique

    Cette évolution déliquescente est parallèle à l’émergence de la nouvelle oligarchie financière qui s’installe à travers monde au commandement de toutes les instances dirigeantes. Alors que les pédagomanes s’emploient à ruiner l’école, une hyperclasse sans frontières impose ses ambitions économiques en envahissant le terrain politique au détriment des souverainetés nationales. La jonction des deux tendances s’effectue sans heurt par l’aspiration facile de l’une par l’autre. Dès lors, l’ogre européiste et mondialiste n’a plus qu’à se baisser pour dévorer les miettes d’un système considéré naguère comme l’un des plus performants de la planète.

    L’expérience empirique au détriment du savoir et de la réflexion

    L’éducation est ainsi devenue le tube à essai d’expériences diverses dont l’unique prétention est de pré-formater les jeunes générations aux exigences du nouvel ordre. Dans le prolongement de la destruction précédente, l’enseignement ne consiste plus aujourd’hui en un tout homogène issu d’une progression cohérente qui tendrait à l’acquisition d’une formation culturelle solide ainsi qu’à l’épanouissement intellectuel, mais en la seule réalisation d’activités rendant le futur travailleur conforme aux lois du marché. Tout apprentissage est désormais conditionné par la sacrosainte compétence. Celle-ci est évaluée selon des tâches segmentées, d’inspiration empirique et dont le but est la projection en contexte professionnel. À titre d’exemple, citons quelques mises en situations recommandées par le CECRL [3] qui soulignent bien la visée fonctionnelle de ces exercices sans réflexion : « remerciements de l’employé », « se renseigner sur la durée du préavis », « comprendre et suivre les règles d’embauche », « communiquer de façon appropriée avec les supérieurs » « présider une réunion », « donner son accord sur l’achat ». On est ici en respect total du cadre des recommandations de la Commission des Communautés Européennes, principal organe exécutif de l’UE, qui entend conditionner les enseignements à « la compréhension des besoins des employeurs » et à l’accroissement « de l’employabilité de l’apprenant ».

    Conditionnement au nomadisme

    L’enjeu dépassant les frontières, tout cela s’organise évidemment sans consultation et au mépris des institutions nationales. Élèves et étudiants de tous âges sont désormais envisagés comme le réservoir d’une main d’œuvre variée et l’éducation considérée comme la première formation à l’idéal oligarchique du nomadisme des populations. Les compétences se standardisent, les programmes se vident de leur substance culturelle nationale, les certifications deviennent européennes et on découvre l’anglais dès la maternelle. Ce conditionnement est double puisqu’il consiste d’une part, comme le démontre Pascal Bernardin dans Machiavel pédagogue, en une réforme psychologique des jeunes esprits préparés désormais à la mobilité pour raisons de profit et, d’autre part, en l’obligation de s’adapter toujours et partout aux besoins du marché par le biais d’une formation sans fin : « l’éducation et la formation sont considérées comme des investissements stratégiques » (rapport de l’ERT de 1989). À la manière d’une entreprise, l’enseignement se met donc au service de l’économie mondialiste et se doit d’être rentable à terme en fournissant des exécutants nomades et redevables des apprentissages reçus.

    En application de cette perspective de travail sans frontière, l’UE a, d’ailleurs, déjà mis en circulation les premiers papiers d’identité pour travailleur apatride en devenir. Ainsi, le Curriculum vitae Europass, le Passeport de langues et l’Europass Mobilité, entre autres, sont-ils destinés à garantir l’identification du porteur en période de transhumance surveillée. La décision du 15 décembre 2004, n° 2241/2004/CE, du Parlement Européen et du Conseil est en ce sens très claire : « Une meilleure transparence des qualifications et des compétences facilitera la mobilité dans toute l’Europe à des fins d’éducation et de formation tout au long de la vie, contribuant ainsi au développement d ’un enseignement et d’une formation de qualité (NDLR : tu parles ...), et facilitera la mobilité à des fins professionnelles »

    Business et lobbyisme

    On l’aura compris, les structures nationales sont totalement exclues des nouvelles politiques d’éducation. Mais il serait résolument naïf de penser que ces dernières sont la seule œuvre de politiciens réunis en commissions indépendantes à Bruxelles ou Strasbourg. Les différents lieux décisionnaires sont désormais le terrain de chasse de lobbys puissants qui soumettent les dirigeants de la classe politique à leurs exigences et manipulations. De ce fait, le domaine éducatif n’est plus seulement aujourd’hui que l’antichambre du marché mais un marché en soi dont le libéralisme oligarchique fait ses choux gras. Il est, ainsi, très fréquent que derrière la directive d’une institution européenne se cache l’intérêt lucratif d’un groupe aux aguets du filon.

    Si les lobbys sont nombreux à vouloir s’engraisser aux frais du contribuable, l’un d’entre eux, La Table Ronde Européenne (ERT), est très représentatif de cette soumission du politique au financier. Ce think tank de très grande influence ne représente pas les intérêts d’un seul clan mais rassemble les dirigeants des 47 entreprises européennes les plus puissantes dont celles consacrées à la fabrication informatique, à l’exploitation des nouvelles technologies ou à la diffusion des didacticiels. Ce total lobby agit par le biais de diverses commissions organisées en domaines de réflexion dont les propositions sont autant de pressions destinées à déterminer l’inflexion des choix politiques. Ce glissement de pouvoir décisionnel conduit à des situations invraisemblables et c’est sous la présidence de Stéphane Carolis, alors PDG de Petrofina, que le groupe Éducation de l ’ERT entreprend sa prise de pouvoir de la sphère éducative. Ainsi, lorsque la Table Ronde prétend que « le marché des logiciels éducatifs offre un potentiel significatif de croissance économique » et que « tous les individus qui apprennent doivent s’équiper d’outils pédagogiques de base, tout comme ils ont acquis une télévision », la Commission Européenne obtempère et affirme que l’industrie nouvelle « doit vendre ses produits sur le marché de l’enseignement que régissent les lois de l’offre et de la demande ». Ouvrant les voies de la privatisation, l’OCDE, complice permanente des attaques lobbyistes, va plus loin et prétend que l’utilisation des nouvelles technologies conduit à une remise en cause de l’utilité même de l’enseignant : « L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants, mais doit être assuré par des prestataires de services éducatifs ... il semble que les enseignants encourent le risque d’être les laissés-pour-compte dans le développement du marché des technologies de l’information. ". Quant à l’enseignement traditionnel, l’OCDE ne cache pas ses intentions et suggère qu’à terme, il ne soit destiné qu’à « assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer de progresser » Suprématie des compétences empiriques et fonctionnelles au détriment de la réflexion, de la transmission du savoir et de la culture, préparation au nomadisme au nom d’un investissement stratégique, emprise des lobbys sous bénédiction européenne, l’Éducation Nationale ne signifie aujourd’hui plus rien. Vidée de sa vocation première, elle n’est plus désormais qu’un service rendu à la brutalité oligarchique mondialiste par le biais des normes européennes. Tout cela, évidemment, s’est mis en place sous les yeux du prof bobo-collabo dont la capacité de recul se calcule en centimètres. Bien loin d’une quelconque réaction résistante à ce nouveau système éducatif, il l’entretient, en bon idiot utile, et court tête baissée aux rassemblements du Réseau d’Éducation Sans Frontière où on le voit, larbin ridicule, défendre l’intérêt qu’il prétend combattre. Gentil toutou. Après la ruine la tapine, manque plus que la laisse et le nez rouge, alors oui et encore oui, de se foutre de la gueule il est permis.

    La corruption

    Le thème n’est jamais abordé. Il correspond pourtant à une réalité. La magouille existe, le privilège et le copinage aussi. La sphère éducative étant devenue vulnérable et poreuse, elle n’a pas résisté au développement de comportements qui parasitent son bon fonctionnement. Ces derniers sont de diverses natures que nous répertorions en trois catégories [4].

    La corruption par dégradation.

    Elle correspond au non-respect des obligations morales liées à la fonction exercée. Le postulat est simple : être membre de l’Éducation Nationale suppose une responsabilité soumise à une éthique et située au carrefour de nombreux enjeux fondamentaux qui vont du développement personnel de l’élève à la formation d’une jeunesse qui fera la France de demain. S’il y a manquement à cette responsabilité déontologique à laquelle est tenu le fonctionnaire du système en question, la référence morale est dégradée, l’activité corrompue. Que ce soit par négligence volontaire ou convenance personnelle on assiste alors à des situations intolérables qui ne font l’objet d’aucune sanction. Cela n’a rien de surprenant puisque que le point essentiel du respect déontologique intrinsèque à la fonction n’est jamais abordé dans la formation des personnels de l’EN, on ne voit donc pas comment, a posteriori, il pourrait être reproché. Là où le système échoue, on tolère, contourne ou falsifie.

    Une prof se fout éperdument de son métier et se contente de faire de la garderie, on accepte pendant trente ans qu’elle fasse recopier le livre pendant des heures. Une autre se fait bordellée depuis toujours et par toutes ses classes, elle est incompétente et refuse de se remettre en question, on lui suggère alors un poste annuel sur une île du pacifique où, inutile, elle accompagnera une mission à vocation scientifique. Un autre qui ne tient pas ses élèves va être inspecté, qu’à cela ne tienne ! on cache les perturbateurs, on les dispense du fameux cours et l’image du collège est sauvée. Ces quelques exemples ne sont que l’illustration de nombreux cas privilégiés rendus possibles par la tolérance des responsabilités morales corrompues.

    La corruption par cooptation

    La traditionnelle quoi. Je t’aime bien, le poste se libère, tu n’as ni le niveau, ni le titre qui correspond, c’est pas grave, passe moi le dossier, on va se débrouiller, merci je m’en souviendrai et je te fais les pompes en repartant. Le phénomène est très fréquent et rendu possible, entre autres, par la mention, très utilisée, de faisant fonction de. Oulahup Barbatruc, cette magouille de Polichinelle a ainsi permis à une ancienne professeur de langue, devenue très vite formatrice, de s’installer au poste d’inspectrice sans en avoir le diplôme officiel. Elle effectuera à ce titre des visites en collège où elle n’a, d’ailleurs, jamais enseigné, son avis comptera et elle ne manquera pas en retour d’ascenseur de faire appliquer des consignes drastiques et souvent insensées qui viennent de plus haut. Même cas de figure pour cette CPE aux dents longues qui s’improvise du jour au lendemain principale adjointe d’un établissement spécialisé pour handicapés. Certains carriéristes de la tangente ne perdent pas de temps et malgré une expérience de professorat inférieure à cinq ans se retrouvent avant la trentaine à la tête d’un établissement scolaire sans avoir à justifier de qualification. D’autre voies de privilèges existent et reposent sur l’unique copinage. Tu veux arrondir les fins de mois, pas de problème mon pote, à partir de lundi tu seras formateur. La formation inutile se répètera à longueur d’années sans jamais reposer sur un travail sérieux et ne durera que quatre heures au lieu des sept grassement rétribuées. Pas de problème, le type ne sera jamais inquiété. Certains avantages s’obtiennent dans l’ombre, allez donc savoir quelles en sont les compensations. Ce qui est sûr, c’est qu’en ce domaine les règles ne sont pas les mêmes pour tout le monde.

    La corruption institutionnelle

    Elle est la plus grave car, en plus de renvoyer aux deux cas précédents, elle consiste en l’utilisation lucrative et volontaire d’une structure d’État sans y apporter aucune contribution professionnelle en échange. Il s’agit là purement et simplement de truanderies qui ne peuvent voir le jour sans l’intervention d’une figure politique trahissant ses propres institutions à la faveur de l’enrichissement. C’est le cas de corruption le plus coûteux puisqu’évidemment, il concerne des postes de la partie pyramidale supérieure qui donnent droit à de fortes rémunérations. Rien de cela n’est jamais révélé au grand jour et fait seulement l’objet d’enquêtes discrètes réalisées en interne avec indication d’en limiter la divulgation. Le hic c’est qu’il y a toujours des fuites permises par des gens consciencieux dont le rôle fonctionnaire a encore un sens. Petit clin d’œil anonyme, merci encore.

    L’affaire des inspecteurs de l’académie de Paris ne remonte pas à hier et se trouve sous perpétuel étouffement. Ces derniers sont directement nommés par décret présidentiel sans que diplôme ne soit requis et sans l’approbation d’une quelconque commission qui accréditerait la validité de la nomination. Aucun critère de choix n’est établi et l’affectation sur poste n’est même pas déterminée par un besoin professionnel réel et précis. En 2009, la Cour des Comptes précise quant à cet incroyable procédé : « Ces nominations ne sont assujetties à aucune condition : n’importe quelle personne peut être nommée dans ces fonctions, qu’elle ait ou non obtenu un diplôme, qu’elle ait ou non déjà exercé dans la fonction publique, qu’elle ait ou non acquis une expérience professionnelle dans le domaine de l’éducation, et quels que soient son âge ou la nature des fonctions précédemment exercées. Ces nominations dépendent uniquement de la volonté politique : elles ne sont en rien justifiées par un quelconque besoin de recrutement »

    Aucun texte réglementaire n’existe donc pour déterminer les conditions de nomination, d’avancement ou de rémunération de ces inspecteurs. À titre indicatif, leur salaire net moyen, est de 4500 euros mensuels. Ces postes se sont multipliés alors que les personnes nommées ne remplissent aucune fonction. Certains ne disposent même pas de bureau et de lignes téléphoniques. L’intérêt à occuper un tel poste ne réside donc que dans le seul profit financier injustifié qui s’ajoute à des rémunérations conséquentes relatives à la véritable activité que les inspecteurs occupent par ailleurs. Parmi eux, on compte, entre autres, des conseillers à la présidence de la République, des chefs de secrétariats ministériels, des conseillers régionaux ou des élus syndicaux de l’EN ! La Cour des Comptes stipule qu’au terme d’une année : « Les périodes d’inactivité correspondent à la perception de rémunérations qui peuvent être globalement estimées à environ 775.000 € ». Il est bon de rappeler qu’il s’agit là d’argent public. Tout cela est connu et prouvé mais ne conduit à aucune sanction. Étrangement notre prof trosko-bobo, pourtant empreint de justice sociale, ne s’insurge jamais contre de telles pratiques. Bizarre non pour une personne si encline à l’abolition des privilèges, au lyrisme révolutionnaire et à la défense de l’opprimé ? Là encore, y’a de quoi se gausser. Obnubilé par la préservation de ses droits, il préfère vociférer en cortèges de mascarades que Sarko est foutu puisque lui et ses potes sont dans la rue. Il résume à l’argent et aux déboires de sa condition les seules raisons de la débâcle ignorant par incapacité à réfléchir que les principaux motifs de la faillite sont ceux développés dans cet article. Il est vrai qu’il est toujours plus facile de dire que c’est la faute des autres que de s’élever au mea culpa. Totalement inapte à remonter en amont de la débâcle, il se montre incapable d’envisager une remise en question des comportements qui passerait en interne par l’organisation d’une résistance aux véritables fossoyeurs de l’éducation.

    Conclusion

    À bien y regarder, les trois points développés dans cet écrit, ne relèvent pas des classiques revendications financières ou sociales. Celles-ci réduisent le débat à des luttes qui ne concernent en rien le cœur du problème. Ainsi que nous l’avons démontré, les vraies causes de la débâcle renvoient fondamentalement à la raison, à la morale et au courage politique. Le contre-point aux arguments présentés repose, en effet, sur le retour à la transmission du savoir, de la culture et de la réflexion par un enseignant disposant d’une véritable autorité, sur l’éradication du parasitisme financier orchestré par l’oligarchie dirigeante et sur la liquidation des copinages en tous genres. C’est en s’attaquant honnêtement à cette triple gangrène que l’Éducation Nationale pourra réellement prétendre retrouver la dignité que le pédago, le collabo et le corrompu n’ont eu cesse de bafouer à leur profit.

    Ruben Azahar E&R Rhône-Alpes

    Notes

    [1] La trame chronologique utilisée ici est celle présentée par Henri Nivesse dans son article Les fondements idéologiques du pédagogisme paru dans le numéro 11 des Cahiers de l’éducation.

    [2] Ce phénomène a été souligné par Liliane Lurçat dans La destruction de l’enseignement élémentaire fait partie de la "destruction du monde", présenté en conférence le 19 mai 2001 à la Sorbonne.

    [3] Le CECRL est le programme de réforme générale de l’enseignement des langues en Europe.

    [4] Tous les exemples cités dans cette partie de l’article sont vérifiables et correspondent à des cas réels


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  • Bachar al-Assad veut "vivre et mourir en Syrie"

    Dans une interview diffusée jeudi à la télévision russe Russia Today, Bachar al-Assad affirme vouloir "vivre et mourir en Syrie". Le chef de l'Etat ajoute qu'en cas d'invasion étrangère, le monde entier serait affecté.

     

    "Je ne suis pas une marionnette, je suis syrien et je dois donc vivre et mourir en Syrie". C'est ce que le président syrien, Bachar al-Assad, a affirmé lors d'une interview sur une télévision russe Russia Today, dont des extraits ont été diffusés jeudi. Alors que le conflit syrien dure depuis vingt mois et a fait au moins 37 000 morts, Bachar al-Assad a exclu tout départ du pouvoir.

    Le président syrien a également mis en garde : "le coût d'une invasion étrangère en Syrie, si elle avait lieu, sera tel que le monde entier ne sera pas en mesure de l'assumer". Bachar al-Assad assure que son pays demeure le "dernier bastion de la laïcité, de la stabilité et de la coexistence dans la région". Même si une intervention étrangère n'est pas envisagée, malgré les appels de l'opposition en ce sens, Bachar al-Assad a averti qu'elle entraînerait "un effet domino" qui affecterait "le monde de l'océan Atlantique à l'océan Pacifique".


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  • -Pitié pour la nation où il existe mille croyances mais aucune religion.

     

    -Pitié pour la nation dont les habitants portent un vêtement qu’ils n’ont pas tissé eux-mêmes, mangent un pain dont ils n’ont pas récolté le grain et boivent le vin qui n’a pas coulé de leur pressoir.

     

    -Pitié pour la nation qui acclame un bravache comme un héros et où l’on estime bienfaisant un conquérant glorieux.

     

    -Pitié pour la nation où l’on méprise une passion dans les rêves pour s’y soumettre au réveil.

     

    -Pitié pour la nation où l’on n’élève la voix que dans les processions de funérailles,où l’on ne se glorifie qu’au milieu des ruines et où l’on ne se révolte que lorsqu’on a la nuque entre le glaive et le billot.

     

    -Pitié pour la nation où l’on accueille un nouveau souverain au son de la trompette pour le renvoyer sous les huées et en acclamer un autre aux mêmes accents de trompettes que le précédent.

     

    -Pitié pour la nation divisée dont chaque partie revendique pour elle-même le nom de nation.

     

    KHALIL GIBRAN « le jardin du prophète » 1923


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